Lundi
24 Mars 2014
Hier
Déposé Marguerite par une pluie soudaine, grêlante, chez
Jean-le-bon que nous prenons sur sa route de retour, tentant de s’abriter sous
un arbre. Puis avec ma chère femme, tous deux : Ida, à l’Iris de Questembert [1]. La
bande-annonce, l’affiche disaient déjà l’exceptionnalité du film par sa
plastique. C’est vrai. Le choix du noir et blanc, les photos et plans, chacun
sont des chefs d’œuvre de cadrage, de composition et même de durée, de tempo,
les uns par rapport aux autres, d’une justesse extrême, les intérieurs, les
paysages, les rues, les lieux avec une dominante plus de sobriété encore que de
pauvreté. Les images sont nettes mais jamais ni insistantes ni agressives. Le
scenario particulièrement poignant est si posément traité par la camera, la
photographie, avec un tel respect de ce qui est raconté et de ce que doivent
vivre les héros, qu’il est presque secondaire. On peut jouir de ce film comme
d’une cure de prière, de contemplation, de fidélité à ce que le destin impose à
chacun comme figure de lui-même, on peut lui trouver de multiples entrées et
lieux de séjour, la musique n’est pas artificielle quoiqu’en grande partie
empruntée, les deux actrices interprètes sont en contraste absolu l’une de
l’autre quoique leur sincérité à chacune les rendent étrangement sœurs, ce que
concède le scenario en donnant quelques minutes de substitution de la morte par
la survivante…., mais le visage de la jeune cloîtrée, autorisée de vadrouille
au moment de décider, si impassible, sans une ride d’expression, totalement
masque, aux yeux dissymétriques, et celui de l’aînée, violemment et constamment
expressif produisent les deux rythmes que le film suggère et ne confond
pas : une vie accidentée, de ruptures tragiques, intense, et une vie
linéaire, apparemment douce et monotone mais au vrai d’une grande sagesse parce
que choisie, résolue.
L’héroïne non présentée, non titrée, mais envoûtante est la
Pologne, bien plus que des années 60. Le film qui ne peut que connaître un
immense et durable succès d’anthologie et d’œuvre d’art, coincide avec la
canonisation de Karol WOJTYLA. Il apparaît comme une terrible accusation pour
l’Ouest européen et pour l’Amérique : nous n’avons pas compris l’Est
européen. Sans doute avons-nous tous souffert de la guerre hitlérienne, mais un
pays comme la Pologne est la souffrance-même. Nous n’avons manifestement pas
su accueillir « les pays de l’Est », nous ne les avons pas compris et
nous ne les comprenons toujours pas. D’ailleurs que comprenons-nous des
autres ? Par contraste, nous sommes implicitement montrés comme laids et
sans consistance, les superproductions américaines, les fleurettes et bluettes
intimistes françaises : il y a eu de ssplendides années du cinéma de part
et d’autre de l’Atlantique. En ce moment ? Ici, le chemin de
l’intelligence est frayé par la brauté extrême, elle-même donnée par la
sobriété et une sorte de silence paar l’image. L’histoire et ses chronologies
peuvent dire abstraitement les ruptures successives dont aucune n’ont encore
depuis la résurrection d’un Etat pour les Polonais en 1919, été des accès au
bonheur. La continuité est dans les perssonnes et le film offre deux suites
possibles, chacune enfermante : le suicide de la femme aussi libre que
désespérée, la claustration pour une priante en deuil perpétuel. Le détail, si
l’on se remémoire le film à la façon de l’école des Cahiers du cinéma,
des années 60, est constamment instructif, les substitutions de personnes, la
scène d’amour, les addictions, le visage en conduite automobile, en subitation.
La durée de chaque image : constante sensation de justesse, y compris dans
cette respiration. Quoique dramatique et poignant, le film n’est jamais
précipité. – Il me semble de
plus en plus que le grand clivage, de notre époque, entre les
gens, entre les générations, entre les cultures, entre les pays tient à la
mémoire : les uns la refusent et vivent dans l’oubli croyant ainsi se
mouvoir dans le commencement (perpétuel ?), d’autres dont je suis gardent
mémoire. L’équilibre doit être explicite et voulue, car la mémoire peut tueer
et empêcher, nous sommes alors, à proportion de notre mémoire, appelés au
travail, à l’espérance, à l’attente en quoi la mémoire est la meilleure
disponibilité au futur, à l’avenir et même le meilleur outil pour faire
l’avenir, tandis que l’oubli devenant involontaire, inconscient, constitutif
finalement (la constitution et l’établissement du vide) établit la passivité. Nous y
sommes, je le ressens et en souffre.
Passé au retour de chez Jean-le-bon et avec Marguerite à la
salle-des-fêtes de notre village. Les résultats. Je ne voyais pas Michèle
NADAUD en seconde position. J’en tire aussitôt une analyse et une
stratégie : tenter de faire s’entendre les adversaires. Conféré avec
Simone LE NEVE et couriellé à Marcel LE NEVE. Edith me donne la nouvelle de la
journée qui peut devenir celle de l’année : NKM devance HIDALGO à Paris.
Blog. politique [2].
Ce matin
Prier… Naaman et sa guérison miraculeuse mais si simplement
opérée [3],
Nazareth bloquée, les défis si fréquents du Christ, l’étranger sera préféré et
est préféré à ses compatriotes et aux héritiers « légaux » (et
rituels) de la Promesse, le centurion, les centurions, la Cananéenne et les
miettes pour les petits chiens, la Samaritaine au puits de Jacob. Comment ne le
prenons-nous pas pour nous, clergé et fidèles laïcs, Eglise même en temps que
telle ? A ces mots, dans la
synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, pussèrent Jésus hirs de la
ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où la ville est
construite, pour le précipiter en bas. Nos
mises à mort de Dieu, l’évangile de la Passion les confirment et leur donnent
sens. Mais le paradoxe chrétien est la Résurrection. S’il
est Dieu, la mort ? s’Il est homme, la Résurrection ? Film d’hier
après-midi, ce que nous vivons depuis des semaines ou sinon des mois, à moitié
pendus par nos astreintes, la mort et comment s’en tirer ? la mort dans la
vie, car la mort toute crue ? il me semble que ce qui est vie courante et
enseigne mort et limites constamment, discours des faits et circonstances
auquel nous n’échappons qu’en n’y donnant pas attention, n’est guère dit ni
montré en littérature contemporaine, dans ce que je lis ou ai lu. Ou bien
est-ce moi qui cherche ? et quoi ? Mais lui, passant au milieu
d’eux, allait son chemin. Parmi nous, en
nous, intimement, un Souverain.
Demi-lune, encore haute. Chant des oiseaux au jour levant,
à l’annonce du jour… dehors, c’est l’odeur fleurie du printemps, en tout cas
d’une végétation accueillaant et vivant le printemps, son printemps… aux
pare-brises de nos voitures, la glace et il faut l’eau chaude pour ouvrir les
portières. Ma chère femme vers le petit train, puis le lycée. La vie, ce que je
dois rédiger et les contre-conclusions dont il faut que je convainque notre
avocat. On ne convainc pas son avocat surtout s’il joue perdant et recommande
la conciliation amiable dans la pire des situations, avouer qu’on a perdu. Etre
mal défendu, après n’avoir pas été défendu dans une position que je jugeais la
meilleure, l’attaque. La vie, l’existence humaine, si elle est vraiment
« faite » de vie ? un jeu de cartes, et les cartes, les donnes
manquées…. Il y avait beaucoup de veuves
en Israël. Pourtant Elie n’a été envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien à
une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. Les Samaritains, des étrangers, tellement
pour les contemporains du Christ à Jérusalem ? or, Elisée est à Samarie, selon
une fillette qui fut mise au servic de la femme de Namaan… Celui-ci, qui sera guéri, est autant à côté… que les Nazaréens, qui ne
le seront pas : il arrive avec une profusion de cadeaux et une
recommandation royal, et l’accueil d’Elisée le rend furieux, il ne s’attendait
qu’à l’extraordinaire. D’expérience, je sais et dis que Dieu agit et parle dans
le plus ordinaire et banal. C’est pourtant dans le banal que se produit la merveille. Envoie ta lumière et ta vérité : qu’elles guident mes
pas et me conduisent à ta montagne sainte, jusqu’en ta demeure… ainsi mon âme
te cherche, toi, mon Dieu. Complexité de la profession de foi de
Naaman, complexité aussi des conclusions volontaires de leur vie respective par
les héroïnes du récit d'hier : je le sais désormais, il n'y a pas
d'autre Dieu, sur toute la terre, que celui d'Israël. Sur terre ? Il est
vrai que nous y sommes. Que votre volonté soit faite sur la terre comme au
ciel. La foi consiste à croire que cette volonté nous est bienfaisante,
l'Ecriture et la Révélation nous assurent de l'amour divin. Quoi donc empêche
cette volonté (divine) de s'accomplir ? Réponse, elle s'accomplit, sachons le
percevoir, et le demander n'est aider à cette accomplissement mais l'attendre
et l'accueillir. Quand pourrai-je m'avancer, paraître face à Dieu ? ce
qui est cependant terrible.
matin
Le
Front national : 330 villes environ où il peut se maintenir au second tour
et espérer au moins un millier d’élu. A Hénin-Beaumont, élection de son candidat
au premier tour. Il y a vingt ans, scrutin record pour lui, ce n’était que 150
villes. Chose étonnante : au lieu du récrit général des années 1990 puis
de 2002, aucun affolement des autres partis, et aucun triomphalisme du côté Le
Pen. La réalité est qu’aucun parti, maintenant, n’a une claire vision de son
propre avenir dans un pays où plus personne ne discerne quelque avcenir que ce
soit, collectif ou personne. L’U.M.P. et le P.S. sont en crise de
leadership : trop de prétendants d’un côté, échec total de l’autre,
Hollande ne tient plus que par les institutions. Quant au Front national, il
sait bien qu’il ne sera jamais à l’Elysée et que sans la représentation
proportionnelle, il n’aura jamais que quelques députés au Palais-Bourbon.
Chacun est dans l’impasse et le sait. Juppé sent le vieux et Kosciusko-Morizet
a un regard de surmeneée ou d’anormale. A Forbach où Valls était venu porter la
contradiction au Front national, en même temps qu’il détournait de Hollande
l’attention des médias, c’est l’échec personnel de la manière du minitre actuel
de l’Intérieur.
Hollande
pour mieux souligner l’échec de son camp fait savoir qu’il va hâter son retour
à Paris…
Régression
de cinquante ans. Obama venant en Europe (sommet de La Haye) rassurer les
Européens. Cela ne changera rien pour la Crimée. Un ensemble si important soit-il
économiquement et même militairement, qui se gouverne et s’exprime à 28, n’existe
pas politiquement. Le mériterait-il ? qu’apporte l’Europe au monde
actuel ? plus que les Etats-Unis, elle est habitée par la peur et préfère
alentour les dictatures pour sa sécurité que les droits de l’homme. Poutine et
la Crimée… la sanction suprême serait d l’exclure du « groupe des pays les
plus riches du monde »… comme c’est mal dit, ce classement est indépendant
de toute réunion et e toite volonté des partenaires. Il s’agit des G… etc… Cinq
cent condamnations à mort en Egypte : les Frères musulmans qu’il s’agit de
détruire complètement. retour de bâton prévisible : haine décuplée des « terroristes »
contre l’Occident, inspirateur et soutien des militaires avec retour à la configuration Moubarak.
Ce qui est historiquement inexact, surtout pour les Etats-Unis
qui ont cherché à modérer l’armée vis-à-vis de Morsi.
soir
Quelle
balourdise ! Hollande écourte son séjour à La Haye comme pour mieux
souligner le désastre de son camp aux municipales.
Arrivée
du nouveau président chinois en visite européenne commencée par la France. Il passe trois
jours chez nous. Evocation de Peugeot. Avec complaisance, la commentatrice de Europe
1, explique que la Chine arriérée ouhaite
acquérir des technologies et savoir-faire qu’elle n’a pas, donc les accords Peugeot, après l’acquisition de Saab. C’est avouer crûment un plan de conquête du
monde par l’économie qui peut tout vassaliser.
[1] - de Pawel Pawlikowski avec Agata Trzebuchowska
(la jeune religieuse) et Agata Kulesza
(la magistrate)
Dans la Pologne des
années 60, avant de prononcer ses voeux, Anna, jeune orpheline élevée au
couvent, part à la rencontre de sa tante, seul membre de sa famille encore en
vie. Elle découvre alors un sombre secret de famille datant de l'occupation
nazie.
critiques
4.5 -
Excellent
Pour un bon connaisseur de la
Pologne (j'y suis déjà allé quatre fois la première fois en 1973, y avait le
"rideau de fer", j'y ai des amis polonais), je trouve ce film
polonissime... J'ai particulièrement apprécié le format carré, qui correspond à
celui des films de l'époque, le jeu des actrices, le beau noir et blanc, le
cadrage, souvent un détail à observer dans un angle), l'utilisation de la
musique, le discrète critique du stalinisme et de l'antisémitisme polonais, et
aussi le beau choix final de l'héroïne, aux antipodes de ce qu'on attendait.
Bien sûr, ce n'est pas un film d'aventure qui explose à chaque seconde
("est-ce d'ailleurs encore du cinéma que ce futurisme répétitif qui
s'adresse à l'adolescence ?" écrivait prémonitoirement Marguerite
Duras en 1985) ! Mais très intériorisé, avec une héroïne à la Bresson. A recommander
aux amateurs de silence et de vie intérieure.
Ajoutée
le vendredi 14 février 2014 17:44
3 - Pas
mal
Attention, cet avis contient
des spoilers tels que : Spoiler : On
connaissait le théâtre filmé, Pawel Powlikowsky invente l'expo photo filmée.
Comme à l'expo, chaque prise de vue est savamment travaillée et composée selon
les canons de l'esthétisme pictural. Comme à l'expo, il y a une thématique, en
l'espèce, l'initiation d'une novice à la vie, dans une époque de re-reconstruction
du pays. Comme à l'expo, ça manque d'explications et ce sera à vous,
spectateurs subjugués d'interpréter les vagues d'émotion derrière les visages.
Comme à l'expo, on finit par un peu s'ennuyer : à tirer de chaque plan
(tous fixes sauf le dernier) une puissante image, le cinéaste ne crée aucun
décalage, aucune rupture et donc aplatit le rythme. Le trivial, le festif, le
romantique et le tragique sont traités au même niveau, celui de l'excellence
photographique, ce qui est déjà une prouesse artistique. Bonus : Mieux
qu'à l'expo, on n'est pas à 50 personnes devant un tirage 20x20.
Dandure
Quelle que soit l’élection, son niveau, je souhaite la
disparition de l’U.M.P. qui combine –
désastreusement pour le pays – une respectabilité de « parti de
gouvernement » avec une idéologie exactement celle du Front national et
avec Nicolas Sarkozy un exemple de sans-gêne, de corruption et de recel d’abus
de position institutionnelle comme l’on n’en a jamais connu en France de la
part d’un parti ou d’un personnalité exerçant le pouvoir. Les abus de Jacques
Chirac étaient si mineurs à côté de ce que nous avons subi explicitement
pendant cinq ans, et plus encore depuis qu’on déc
ouvre un tel ensemble, et ce n’est sans doute pas fini. Je
souhaite une telle mise en cause du postionnement du Parti socialiste s’il faut
l’assimiler à l’exercice du pouvoir par François Hollande : absence totale
de réflexes et d’idélogie de gauche, erreurs patentes de politique économique
sans qu’il soit là question d’étiquette, mise en cause telle que ce devienne un
parti du centre ou de gouvernement sans étiquette et cela se jugera coup par
coup et sur pièces, ou bien un véritable parti de gauche en se remusclant
mentalement avec le PC et avec le Front de gauche.
Bien entendu, je ne prise pas le Front national (dont le
fondateur, pas seulement pour des raisons Algérie française, détestait
passionnément de Gaulle) et il n’est en rien le parti de l’avenir et du
mouvement pour la France.
Son socle d’idées est le contraire d’un pays tel que le
nôtre. Mais le Front est représentatif de ces Français qu’il faut absolument
convertir. Jusqu’à maintenant, c’est au contraire lui qui convertit tous les
partis. Et il manque à travers l’ensemble des partis ou selon des personnalités
ou un mouvement ad hoc une résolution française fortement exprimée et défendue
pour l’intégration européenne, intégration politique d’abord et surtout.
soir
L’abstention au scrutin de ce jour ne m’étonne pas. Il y a
de forts précédents depuis vingt ans, notamment pour les reefrendums. Le score
de Kosciuszko-Morizet à Paris m‘étonne. Hidalgo sans coefficient personnel ne
m’est pas antipathique. Bertrand Delanoë, figure d’une grande pureté et qui me
semble avoir fait beaucoup était le mieux placé pour conserver à gauche la capitale. De même que
s’il fallait absolument remplacer Jean-Marc Ayrault, ce que je ne crois pas, il
serait le plus adéquat. Le score de NKM donc… éclipse la réélection d’Alain
Juppé à Bordeaux dès ce soir. Si elle gagne, elle est bien placée pour l’Elysée
en 2017, ce qui change beaucoup la donne, périme Alain Juppé une nouvelle fois,
mais est-elle femme à céder la place, « à première demande », à
Nicolas Sarkozy ? il me semble que oui. Ce score est donc l’événement du
jour et en cas de victoire, celui de l’année.
[3] - 2ème livre des Rois V 1 à 15 ; psaume XLI ;
évangile selon saint Luc IV 24 à 30
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