Observation & réflexions
002
Vendredi 25 Mai 2007
Crise au Monde, ambiguité du Figaro publiant deux points de vue
constitutionnels, chacun hostile à « l’hyperprésidentialisation » et
faisant écho à l’affaire du compte japonais de l’ancien président. La presse
magazine aussi précipitée que les éditeurs, le « système Sarkozy » (Le
Point) déjà sous enquête en pas dix jours
d’existence, « une famille d’aujourd’hui à l’Elysée » selon Match, vrai si aujourd’hui elles sont toutes
« recomposées ».
65% des Français satisfaits de Nicolas
Sarkozy, président de la République, et 62% de François Fillon, Premier
ministre. Sans que ni l’un ni l’autre n’ait fait quoi que ce soit que de
s’installer et se faire photographier (le chef de l’Etat sur fond de
bibliothèque ancienne comme trois de ses prédécesseutrs mais avec, à hauteur de
sa tête, l’exceptionnalité d’un plat de reliure, la seule présentée
ainsi : les armes de France !). Signification ? les Français
n’ont pas peur d’eux-mêmes et sont contents du choix, fait par une moindre
majorité d’entre eux.
Le nouveau
pouvoir vient de l’élection. Celle-ci n’a pas été forcée ni par les
circonstances ni par le passé exceptionnel ou la position acquise d’un des
candidats. Elle place un homme qui reconnaît avoir souhaité la fonction toute
sa vie, l’opinion approuve cette pétition : Nicolas Sarkozy justifie tous
ceux (et celles) qui sont ambitieux, et veulent parvenir. La démocratie et
l’ « ascenseur social » ont bien fonctionné.
Ce pouvoir est
nouveau, sans doute le plus nouveau
depuis 1958, puisque le nouveau président de la République est élu pour sa
liberté de jugement et ses expressions sans précaution : rupture de
manière, alors que celle de 1981, fruit de l’habileté d’un homme, certes, était
de programme. Les relations internationales
de la France, la politique intérieure appelée à devenir un exercice de
gouvernement et non plus un jeu de rôles et d’affiches, sont du coup
dépendantes d’orientations personnelles, dont on ne connaît que des aspects ou
des points ayant fait la fortune électorale de Nicolas Sarkozy, mais pas la
cohérence ni l’ensemble. Il est probable que cohérence et mise en perspective
seront à déduire, et ne seront pas exposés comme tels. L’élu du 6 mai et ancien
ministre de l’Intérieur ou des Finances n’a que le charisme du terrain, surtout
miné (parfois par lui-même), il n’est homme ni du verbe ni de la plume.
Caractère sans prestance, mais impressionnante réputation de volonté et de
liberté.
Inconnu d’une
personnalité ainsi mûe par le désir du pouvoir suprême, inconnu surtout de la réaction que va produire la rencontre de cette
personnalité avec les faits, et sur la durée avec l’opinion publique
française, et avec des partenaires internationaux dont beaucoup changent d’ici
peu. Le plus stable est la Chancelère allemande ; heureusement.
1° Quelques « grilles de
lecture »
De l’enfance
de la Troisième République – incertaine dans la forme – à la chute de la
Quatrième, les Français ont voté selon des idées, leurs idées, le vote était
idéologique. Sous la Cinquième, même sous de Gaulle – « normalisé »
par son élection de Décembre 1965, après ballottage – le vote a commencé d’être
intéressé, d’abord à droite (les agriculteurs contre ceux-là même qui leur
apportaient la politique agricole commune), tandis que vote idéologique a
subsisté à gauche jusqu’il y a peu, peut-être jusqu’au 21 Avril 2007. le
lendemain, on a voté utile, pas seulement par discrimination des candidats
ayant une chance de s’imposer ou pas, mais selon la gestion et les produits
matériels qu’allait déterminer, produire une arrivée au pouvoir. Ce type de
vote est nouveau, il n’est pas certain qu’il soit pérenne. Sans doute, les
Français – comme tout le genre humain – sont intéressés et ont des intérêts,
mais leurs idées ne sont pas uniquement fonction des résultats attendus d’une
gestion.
Si l’on croit
à la fin du vote idéologique et que
l’on profite d’un vote pratique pour initier une méthode de gouvernement, que
je crois être une délégation totale pour cinq ans – ce qui ne s’est jamais vu chez
nous – on s’inscrit dans une logique autoritaire. La consultation n’est utile
qu’en termes d’ordre public, elle ne l’est pas pour éclairer une décision
encore moins pour décider. Ce qui compte c’est le contenu objectif de la
décision, et ce qui emporte l’adhésion, c’est le résultat obtenu. Thème de
Nicolas Sarkozy : la culture de résultats qui signifie autant la
rétribution du travail, là même où les résultats ne peuvent être mesurés (par
exemple, l’activité conceptuelle d’un haut fonctionnaire proposant au
gouvernement informations et éléments alternatifs de décision, ou celle d’un
ambassadeur dont les télégrammes ou les démarches, quantifiables, ne reflètent
évidemment pas la qualité de sa représentation de notre pays et de nos intérêts),
que la suspension de tout jugement sur le gouvernement tant qu’il n’a pas été
vu à l’œuvre. Dans l’immédiat, les Français adhèrent à ce système : on
attend de voir. Ce qui est tout
différent de la confiance. Evidemment, ce n’est pas un régime de
participation. Dans la réalité, on est dans une idéologie qui ne fut à l’époque
moderne avouée qu’une fois : un régime d’autorité. Les élections, dont on
ne peut se passer originellement, se cumulent ; on se gardera de provoquer
d’autres scrutins pendant toute la durée du mandat qui a commencé ; on
veut absolument une majorité écrasante dans la prochaine Assemblée Nationale.
Accessoirement, ce régime est personnel : Premier ministre, gouvernement,
Parlement s’effacent, et s’il y a précision de la relation entre le président
et le Parlement – contrairement à la Constitution qui n’en organise aucune
(seul le gouvernement est responsable devant la représentation nationale et le
président de la République n’a pas droit d’entrée dans les hémicycles) – elle
sera octroyée par le nouveau chef de l’Etat.
L’image que
donne la gauche est – en regard de l’idéologie autoritaire acceptée, sous
réserve des résultats à venir – évidemment détestable. C’est la culture du
débat et du débat d’idées, même s’il y a rivalités des personnes, entre partis
et mouvements, entre courants et individualités, au Parti socialiste et entre
tous les cercles, mouvances et mouvements. Cela paraît actuellement
inutile : la République sous l’Empire. Ségolène Royal a poussé cette
culture très loin, puisqu’elle a voulu en campagne la proposer à l’ensemble des
électeurs bien au-delà des militants : « les débats
participatifs », davantage daubés d’ailleurs par ses compétiteurs à
l’intérieur du parti socialiste, qui y ont vu amateurisme, spontanéité, démagogie
et incompétence [1]. C’est l’échec de la démocratie participative.
La candidate allait loin puisqu’elle s’exposait dans les six premiers mois du
mandat qu’elle aurait reçu, à un referendum. C’est le contraire qui a
gagné. Il n’y avait pas eu de délibération à l’U.M.P. ni pour choisir le
candidat ni pour définir une stratégie électorale, que l’aval donné au
président du parti, comme sous Jacques Chirac au R.P.R. Il va continuer d’y en
avoir au P.S. : débat de programme, débat de stratégie, débat pour le
contrôle de l’appareil. Et autour du P.S., débat au sein des autres mouvements
et entre eux. Pour former une majorité autre que celle de Nicolas Sarkozy, il
faudra apparemment concilier l’impossible union du centre et de
l’extrême-gauche autour du parti socialiste. Débat et parcours politique qui –
s’il est gagné par Ségolène Royal après qu’elle ait réalisé un score inespéré
puisqu’il suivait deux défaites à l’élection présidentielle et une défaite aux
élections législatives – la placera dans la situation de François Mitterrand,
chef de l’opposition. Pour quelque temps, ce débat et ce parcours seront la
seule animation politique de la scène française, puisque par nature l’action du
nouveau président de la République ne sera que factuelle : résultats ou
échecs de l’exercice d’un pouvoir totalement consenti par les Français à son
origine. Les élections législatives tournant davantage au plébiscite qu’à
l’alternative soit de donner les moyens de légiférer au gouvernement, soit de
le contrôler plus étroitement que par le passé.
2° Le pouvoir personnel ou
« l’homme d’une nation » ?
C’est un choix de vie, un don de soi, je
me suis préparé à ce rendez-vous. Nicolas
Sarkozy face à Ségolène Royal, le mercredi 2 Mai 2007
Depuis qu’a commencé à se créer entre les
Français et moi ce lien profond qui s’établit dans une campagne présidentielle
entre le peuple et celui qui aspire à devenir l’homme d’une nation, la France a
cessé pour moi de n’être qu’une idée pour devenir presqu’une personne qui
souffre, qui espère, qui a des valeurs, qui a une identité. Nicolas Sarkozy, à Montpellier, le 4 Mai
2007, en sa dernière réunion publique de campagne
Le Parti
communiste ressassa sous de Gaulle l’accusation de « pouvoir
personnel », Valéry Giscard d’Estaing stigmatisa dès son éviction du gouvernement
(qui n’était pourtant que le fait du Premier ministre reconduit, Georges
Pompidou) « l’exercice solitaire du pouvoir ». Rien n’est dit du
nouveau pouvoir.
Sans doute, la
pétition affichée électoralement est de « construire ensemble »…
«ensemble tout devient possible ». « D’aussi loin que je me
souvienne, j’ai toujours voulu agir » [2], « je
me suis engagé dès mon plus jeune âge dans l’exercice des responsabilités et
dans la conquête de ce que l’on appelle de façon vague le pouvoir »,
« je veux juste raconter une vie où l’ambition de faire joue un grand
rôle » [3]. Action, politique,
ambition sont synonimes pour le candidat à la première place de la République,
« la dernière marche ». Elle fait la part des
« gens » : « la politique a sur toute autre forme d’action
et d’engagement cet avantge immense, cet intérêt unique et tellement exigeant,
de se faire avec le peuple, pas contre lui, ni sans lui », « la
politique n’a pour moi aucun sens si elle ne se fixe pas pour but de donner un
espoir à des millions de gens » », « tant de gens ont
renoncé ». S’il n’y avait l’ambition et si l’époque avait été autre,
encore celle des idéologies, le communisme ou le fascisme, le dévouement
auraient été l’exutoire pour le prétendant ? Personne, à l’époque
contemporaine en France, n‘a, avant Nicolas Sarkozy, exprimé ainsi son
ambition ; une ambition politique, certes, mais non écrite, seulement
sous-jacente et explicative d’un comportement – celle du général de Gaulle
devant être considérée très à part, puisque jusqu’à l’expérience de Juin 1940
et d’une forme de prise du pouvoir par défaut, cette ambition ne vise pas de
point d’application. Nicolas Sarkozy entend marquer son accession au pouvoir
suprême en France comme un résultat : une légitime ambition personnelle, comme
il est recommandé d’en avoir. Dans son cas, sans référence de quelque
initiateur, parain ou maître [4] –
alors que la parenté avec Jacques Chirac, moins la précocité et l’intensité,
sont évidentes dans l’appétit du pouvoir et la phraséologie de l’action. Ambition
de naissance et non d’occasion ou de prise de conscience de soi selon des
circonstances précises : « ma vérité » [5]. D’autres
avant lui ont saisi l’occasion du pouvoir, Nicolas Sarkozy l’a créée en
analysant les faiblesses de conception et d’action du président régnant. Avec
un autre – Edouard Balladur, qu’il accompagnait en 1995 – comment s’y serait-il
pris ?
Le quinquennat
qui a commencé sera-t-il celui de l’ambition assouvie ou de l’action ? sa
clé psychologique est là. L’action et ses résultats feront supporter une
ambition – partagée seulement en équipe très restreinte – et pourront, s’ils
sont éclatants (par exemple le plein emploi avant 2012, dont les signes ne
pourront tarder) faire oublier le manque de participation des
« gens ». Le rapport avec ceux-ci sera probablement moindre que celui
du pouvoir avec le temps. Une sorte de course à livrer entre l’obtention de
résultats et l’impatience qui naîtra forcément d’être consulté si les résultats
n’arrivent pas ou si les remèdes sont trop contraignants et pas assez liés aux
résultats. Rigidité de cette confrontation dans l’esprit des Français, puisque
le Parlement ne devrait pas compter, sauf permission.
La pente peut devenir
une simple défense de la position tant désirée et enfin acquise.
La Quatrième
République, après la Troisième, avait fait du gouvernement une commission
parlementaire. Nicolas Sarkozy fait-il du gouvernement un organe
hiérarchiquement intégré à la présidence de la République ? étant posé que
l’Assemblée Nationale n’a de poids que putativement : au moment de la
campagne pour en élire les membres ?
3° La sécurité (du pouvoir)
Il est bien
trop tôt pour enquêter ou réfléchir sur une manière de gouverner, sur un
« système » comme titre déjà Le
Point, sur une « méthode » (ainsi celle qu’on prêtait à Lionel
Jospin, Premier ministre, ce qu’il refusait), mais en dix jours d’installation
au pouvoir, quelques traits apparaissent – qui ajoutent à ceux du candidat en
campagne depuis la place Beauvau (le mot provocant à dessein pour, peut-on
admettre, faire réfléchir et casser les « tabous », l’œcuménisme des références de préférence
pour signifier à l’adversaire qu’il n’en a pas la propriété, le cap fixé sans
débat ainsi la candidature avalisée par l’U.M.P. ou la stratégie électorale de
s’assurer par avance les voix de Jean-Marie Le Pen).
Les faits de
ces dix jours :
1° la
constitution d’un gouvernement et son ambiance. L’ouverture à gauche peut être présentée – plus positivement qu’une
tentative de débauchage (le fait qu’Hubert Vaédrine ait été d’abord pressenti
pour la Justice avant le Quai d’Orsay…) – comme la recherche des expertises,
sans souci d’appartenance partisane : Bernard Kouchner, Claude Allègre,
Jacques Attali. Elle n’est pas la recherche du consensus que proposait François
Bayrou ; celui-ci supposerait un autre mode de scrutin ou à défaut la
possibilité donnée aux oppositions d’exister à l’Assemblée nationale.
L’ambition du nouveau président et du Premier ministre qu’il a nommé est
d’obtenir une majorité écrasante – probablement sans précédent depuis Juin
1968. La pratique de ne présenter aucun U.M.P. contre des candidats se
présentant en indépendants aurait pu faire siéger des personnalités libres
pendant cinq ans au palais-Bourbon. Les ministres « de gauche » sont
révocables ad nutum. Le projet de revenir sur l’une des réformes les plus
fondamentales de la Cinquième République en permettant aux ministres de
réoccuper – sans revenir devant les électeurs – leur siège de parlementaire
quand ils quittent le gouvernement, est confirmé par l’affirmation du Premier
ministre, que les membres du gouvernement doivent être des parlementaires, donc
des personnalités principalement intéressées à la suite de leur carrière
politique. Rupture du langage politique d’un côté, professionnalisation
accentuée du métier, de l’autre.
2° la
nomination en réseau a été faite par deux hommes seulement, Nicolas Sarkozy
et Claude Guéant. Sous François Mitterrand et Jacques Chirac, les directeurs de
cabinet étaient parfois conseillés aux ministres (Jean-Pierre Raffarin dut même
se séparer assez vite de son premier collaborateur), ils le sont tous à l’orée
du nouveau mandat. La police a été pourvue de la même façon, avant que Michèle
Alliot-Marie ait la connaissance de son nouveau domaine et de ses professionnels.
Aucune de ces nominations, très pratiques, n’est
d’ « ouverture ». Elles sont toutes de sécurité (Pierre Mutz,
préfet de police supposé chiraquien, remplacé Michel Gaudin, directeur général
de la police nationale au moment des émeutes de l’automne de 2005). Quand va
s’appliquer la pratique promise par le candidat de nominations soumises à une
procédure d’aval parlementaire ? et à quels postes ou emplois ?
3° la France – pour son malheur – a toujours été
un pays où l’esprit de cour est pratiqué
sans honte. Ce n’est pas la déviance psychologique des servilités
extatiques exigées par les régimes totalitaires du premier tiers du siècle
passé, c’est pire parce que c’est cynique et conscient : il s’agit
d’arriver et de se maintenir. Et cela marche. Il s’exerçait jusqu’il y a peu
seulement dans l’Etat et dans l’entreprise, de préférence à dans l’entourage de
leurs sommets respectifs. Il est devenu patent dans la presse, l’audiovisuel
serait plus rétif que l’écrit. TF1 et
Match ont rejoint Le Figaro : mais le quotidien de
Pierre Brisson et de Raymond Aron, qui avait tenu tête à de Gaulle, de façon
souvent habile, est plus attaché à un mode d’exercice du pouvoir qu’à son
titulaire [6],
tandis que les deux premiers servent carrément le nouvel arrivant. Les exemples
d’auto-censure ou de punition des audaces continuent de se produire. Il est
significatif que des essais très offensifs aient été produits contre Ségolène
Royal, mais jusqu’à présent aucun contre Nicolas Sarkozy. La candidate de
gauche fait l’objet de « révélations factuelles » alors qu’au pis le
successeur de Jacques Chirac a droit à une étude de sa psychologie :
procédé qui n’avait pas nui, précisément, à Jacques Chirac tant qu’il ne fut
pas président de la République.
4°
hors le président, deux hommes paraissent décisifs, sans qu’il
s’agisse pour eux d’avenir, mais seulement d’un présent quotidien appelé à
durer, peut-être, aussi longtemps que Nicolas Sarkozy sera au pouvoir :
Claude Guéant et Jean-Pierre Jouyet. Ils ont été personnellement remarqués par
le candidat, jaugés, évalués, essayés. Au premier, tout le spectre de la
politique intérieure et en fait les questions de personnes. Secrétaire général
de l’Elysée, Dominique de Villepin écartait mais ne recrutait pas. Celui qui a
maintenant sa place ne sera ni un inspirateur, ni une plume, ni – mais je ne
l’écris que d’intuition – l’homme d’un dessein pour le président, il est
l’homme à tout faire (c’est lui qui refusait ou donnait physiquement l’entrée
aux réunions de stratégie électorale à ceux des ministres soutenant le
candidat) et il partage la conception du pouvoir de son maître : l’action,
ou plutôt son préalable, s’assurer absolument du monopole de l’action et de sa
publicité. Jean-Pierre Jouyet, qui a été conseiller de Lionel Jospin et aurait
été intime de François Hollande [7] , est
en charge des affaires européennes, en fait des relations extérieures dans ce
qu’elles ont de pratique et de contraignant : Bruxelles et sa mécanique,
le reste étant à l’incantation du ministre et pour l’image du président de la
République, ce qui n’est pas nouveau pour le reste, mais ce qui promet d’être
sérieux pour ce qui doit l’être. Claude Guéant et les personnes, Jean-Pierre
Jouyet et la technique. Les autres ne dureront pas, agaceront ou ne pourront tenir,
renvoyés ou démissionnaires : les ministres à commencer par Alain Juppé.
Si la psychologie du nouveau président a été souvent analysée, celle de ses
deux proches n’est pas publiquement connue. Elle orientera certainement le
cours du mandat.
4° Le concret, le terrain,
les urgences : qu’est-ce à dire et à faire ?
Je veux passionnément agir. Faire en
France les changements que d’autres ont fait chez eux. La crise morale
française est celle du travail. Tous ont le droit de travailler, je ne crois
pas au nivellement, je crois à la récompense, et au travail. Tout ce que j’ai
dit, je le ferai. Nicolas Sarkozy face à
Ségolène Royal, le mercredi 2 Mai 2007
Le chômage
avait eu son traitement économique, comme il est le plus naturel :
relancer la croissance selon divers moyens et selon les moyens dont dispose
l’Etat en France (en contradiction forcément avec les pétititions de diminuer
l’Etat et avec des problèmes d’articulation de la politique nationale avec la
politique de nos partenaires européens et avec les compétences déléguées à
l’Union européenne). Il a eu son traitement social (les aides à l’embauche, les
aides à la réinsertion, les susbsides aux chômeurs). Le gouvernement précédent
avait inauguré du nouveau : le traitement juridique, en changeant les
textes on change tout, à comlmencer par l’ambiance et la supputation de
l’avenir. Plus on est libre de licencier à terme non défini, plus on
embauchera… Il semblerait que la méthode soit étendue à l’ensemble de ce que le
nouveau gouvernement se donne à traiter. « Réformer au pas de
charge », déclare le Premier ministre, censé « vouloir tout
changer » (le Parisien daté
du jeudi 24 mai 2007).
Sans doute, le
premier souci marqué – l’avenir d’Airbus – et en concertation apparente avec le
gouvernement allemand est-il de bon augure. Mais l’axe Berlin-Paris est-il encore efficace face aux actionnaires:
la bourse de New-York a pu racheter, malgré lui et malgré le vœu naturel de la
bourse de Francfort, la gestion de l’ensemble constitué par celles de Paris,
Amsterdam, Bruxelles et Madrid ; elle vient de s’emparer des bourses
nordiques.
Continuer de
s’exprimer sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne n’a pas de sens,
puisque d’une part les négociations sont commencées selon les orientations du
Conseil européen en Décembre 2005, et que d’autre part leur éventuel dénouement
n’aura lieu qu’après 2012. En revanche, la
question constitutionnelle ne se dénouera pas par la proposition
unilatérale d’un mini-traité [8] (et
si cela était, il sera difficile au président d’éviter la mise au referendum) et
la suite de la politique agricole
commune – qui peut déterminer l’élection présidentielle de 2012 puisque le
moratoire obtenu par Jacques Chirac et Hervé Gaymard (tous deux victimes du
nouveau tenant du pouvoir) expire en 2013 – doit être imaginée dès maintenant.
Voter le
« bouclier fiscal » dès cet été est d’une part anticiper le
renouvellement de l’Assemblée Nationale –
cyniquement – et d’autre part ne considérer
que les plus fortunés des Français : est-ce de bonne inauguration ? refaire
l’impôt sur les successions en sorte que le veuvage ou l’orphelinat n’entraîne
pas systématiquement la liquidation des biens immeubles de la plupart des
Français, ou soutenir les naissances dès la première manifesteraient une priorité à la famille qui a été un des
points de consensus de la campagne présidentielle et qu’est censée incarner
au gouvernement Christine Boutin./.
BFF – 25
V 07
disponibles par courriel sur demande :
15 notes sur la campagne et l’élection présidentielles,
rédigées du 12Novembre 2006 au 8 Mai 2007
journal réfléchi
14.20 Mai 2007
Le point de départ
Les commencements
Les contradictions inévitables
Les lacunes institutionnelles
[1] - Eric Besson, Qui connaît Madame Royal ? (Grasset . Mars 2007 2ème
tirage . 165 pages) & Claude Allègre, in Libération, 26 Mai 2007
[2] - Nicolas Sarkozy, Témoignage (XO Editions . Juillet 2006 . 281 pages) –
première phrase à rapprocher de la première des Mémoires de guerre du général de Gaulle : Toute ma vie, je me suis fait une certaine
idée de la France.
[3] -
ibid. pp. 7 & 11
[4] -
pour passer d’un extrême à l’autre ou d’une période révolue à l’actuelle, de
Gaulle avoue le maréchal Pétain et Paul Reynaud d’emblée, Jean-Pierre
Raffarin René Monory et Valéry Giscard
d’Estaing
[5] - Nicolas Sarkozy, Ensemble (XO Editions . Avril 2007 . 159 pages) - titre du premier chapitre, à rapprocher de François Mitterrand, Ma part de vérité
(Fayard . Juin 1969 . 203 pages),
premier livre publié à la suite de l’élection présidentielle de Décembre 1965
et des événements de Mai 1968, donc comme un nouveau départ (l’auteur pousse la
modestie d’expression à indiquer qu’il entend seulement « expliquer
l’évolution, parfois les contradictions et d’une façon générale la continuité
de mon engagement politique »), et de Georges
Pompidou, Pour rétablir une vérité (Flammarion
. Juin 1982 . 296 pages), celle de ses relations avec de Gaulle, à qui
il avait sans doute voulu succéder avec trop de hâte et Le nœud gordien (Plon . Mai
1974 . 205 pages) « petit ouvrage consacré à mon pays » qui
devait préfacer l’entrée à l’Elysée : « pour ou contre le régime en
place, je m’étais forgé une certaine conception du pouvoir, de son exercice et
de son objet, en même temps que du présent et de l’avenir français. Premier
ministre du général de Gaulle durant plus de six années, je me suis trouvé
plongé dans l’action directe et quotidienne, chargé d’appliquer, au travers des
difficultésincessamment renouvelées qui sont le lot des gouvernements, une
politique définie dans ses modalités essentielles comme dans ses objectifs
fondamentaux par le Président de la République. J’ai cherché à bien le faire en
y mettant toute la foi dont je suis capable et en tâchant d’éviter les
maladresses dans l’exécution, qui si facilement font douter de la valeur de la
conception. Durant ces années, j’ai agi plus que médité, sans oublier pourtant
la phrase de Valéry : Tout ce qui
est de la politique pratique est nécessairement superficiel. Mais au contact du général de Gaulle, au long des
mois, au travers et parfois à la faveur des crises, un certain nombre de
principes généraux se sont progressivement affirmés ou réaffirmés en moi. Tout
succès remporté, tout échec subi, comporte des leçons. La crise de Mai 1968, en
me jetant dans le combat, en m’imposant de prendre davantage de responsabilités
et de plus graves que dans la vie gouvernementale habituelle, a achevé de me
marquer. Personne n’est le même avant et après l’épreuve. Mais il y a plus.
L’aspect absurde, parfois enfantin, de cette tragédie manquée ne m’en a pas
dissimulé les ressorts profonds. Bien au contraire, j’ai eu l’intuition
immédiate et comme aveuglante que nul le pouvait désormais imaginer de
gouverner la France sans procéder à une sorte d’examen de conscience politique
ni sans se redéfinir clairement à soi-même, non pas un programme – tout le
monde a des programmes et l’on sait ce qu’il en advient – non pâs une tactique
en vue de parvenir ou de se maintenir au pouvoir, mais une conception et je
dirai une morale de l’action. C’est encore Valéry qui écrit : Toute politique implique quelque idée de
l’homme.
[6] -
encore en ce moment, ainsi la publication – n° daté du mercredi 23 Mai 2007 –
de deux points de vue de constitutionnalistes hostiles, certes avec nuances, à
l’ « hyperprésidentialisation » : Guy Carcassonne,
socialiste, et Dominique Rousseau
[7] - Raphaëlle Bacqué & Ariane Chemin, La femme fatale (Albin Michel . Mai 2007 . 230 pages) livre qui
se dévalue de soi-même en paraissant si vite (après la défaite de Ségolène
Royal), en donnant deux p à chanter a capella et à Jean-Maurice Ripert, fils
d’un commissaire au Plan et ambassadeur, en datant de 1974 l’alternance
quinquennale des majorités à l’Assemblée nationale et, bien entendu, en
introduisant dans la vie de François Hollande (dès
la p. 14) « une journaliste, belle, blonde et vive, chargée par son
journal de suivre le PS »
[8] -
discours du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, devant
les Fondation Konrad Adenauer et Société allemande de politique étrangère,
le 16 Février 2006, puis devant les Friends
of Europe et la Fondation Robert Schuman le 8 Septembre 2006
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