samedi 1 mars 2014

courriel à l'Elysée - les actualités qui disent notre superficialité et les causes de celle-ci

 
----- Original Message -----
To: 
Sent: Sunday, March 02, 2014 8:12 AM
Subject: actualités qui disent notre superficialité actuelle - méditation partagée au risque de vous encombrer

Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,
 
tout à trac (Pompidou en conférence de presse), permettez-moi quelques réflexions-suggestions :
 
- dans le moment de très grave tension Ukraine-Russie, où un pays se bat explicitement pour des valeurs qui sont les nôtres, au risque de son intégrité territoriale, que la question d'Europe, donc de nous-mêmes en identité et en capacité, est posée une nouvelle fois...le fait que le ministre des Affaires étrangères soit à Europe 1 toute la journée, me paraît très dangereux, d'autant que Laurent fabius n'est pas à sa place au Quai d'Orsay, ne rayonne pas dans ses services et s'est dévalué auprès d'eux en étant obsédé par sa communication. La diplomatie n'est pas l'opinion française, l'autorité d'un ministre se gagne plus encore dans les tête-à-tête avec ses homologues, qu'en réunion-même. Dans tous les cas, le silence et l'écoûte valent mieux que de dégoiser quand l'heure est aussi mouvante.
 
- la situation (ukrainienne, un moment grecque) d'émeutes incontrôlées et de pans entiers de l'Etat (qui n'est plus que fisc et police) s'écroulant, avec aveu de caisses encore plus vides que dit auparavant, peut nous arriver, à nous, la France..., à tout moment. Et nous n'aurons pas le général de Gaulle, même s'il est probable que la référence à la légalité peut donner à l'ultime moment au Président la base d'un sursaut et d'un appel à la raison, donc à la confiance.
Il faut que tout soit prétexte et motif profond (les deux) pour que nous fassions changer complètement les termes et les modalités de la solidarité européenne et des financements des dettes souveraines = emprunts citoyens, moratoires, autre gouvernance de l'Europe (la démocratie directe)
 
- Vincent Peillon attaqué, raillé, objet de rumeurs les plus insensées, chargé de projets diaboliques (notamment du dévoiement des enfants, alors que l'évocation de la "théorie du gender" date de Chatel)...  comme l'a été et peut l'être de nouveau Christiane Taubira : l'UMP n'existe plus comme mouvement ayant une pensée cohrente et responsable... et une tête, le Front national comme Dieudonné sont diabolisés, on a donc la place occupée par des chrétiens dont la bonne volonté est dévoyée. Comme je le pensais, tous les sondages en milieu chrétien comme dans l'ensemble du pays sont à l'opposé de la Manif. pour tous. Chez les catholiques, selon un sondage certainement laxiste pour la définition d'e ce qu'est un catholique (la messe une fois par mois peut-être...), acceptent le mariage "gay" 54%, sont pour le mariage des prêtres 89%, pour l'IVG 90%. L'Eglise qui a des doctrines n'est pas suivie, elle, tout autant que le pouvoir actuel, est dans le vide et en crise aussi de chalandise. Le gouvernement, le Président n'ont d'ailleurs pas l'an dernier contre-attaqué sur les thèmes qu sont les leurs et que contestent les intégristes : on n'a défendu que la légalité des processus et procédures. On n'est pas allé au fond
Peillon est le seul ministre depuis René Haby qui sache ce dont il parle bien avant d'être ministre. Le remplacer serait une énième reculade et aller vers des ministres sans capacité sur le sujet. La question des rythmes scolaires est effectivement difficile à faire passer : je le vois dans mon village, car c'est un des rares sujets (scolarité des enfants, frais supplémentaires pour les activités du mercredi) qui font se déplacer et opiner vraiment les gens parce qu'ils sont conctètement concernés. C'est affaire de civisme. Dire que Vincent Peillon gêne alors la majorité au moment des municipales est lâche et non fondé.
La vérité est que la politique et ceux qui en font métier (pérorer, pérorer) sont si décriés que beaucoup de maires sortants, même dans les grandes villes, ne font campagne que sur le propre nom, sans plus évoquer l'étiquette d'un parti.
Je vous le courielle sans avoir jamais rencontré Vincent Peillon ni avoir correspondu avec lui.
J'ai en revanche une expérience locale de Benoit Hamon : carrière typiquement d'aparatchik depuis le "cabinet" de Lionel Jospin, rue Solférino. Jamais élu au suffrage universel.
Ce qui ne veut pas dire que ni lui ni la quasi-totalité des ministres et des parlementaires soit sans valeur, mais il y a peu de rayonnement et guère d'autorité morale.
 
- écologistes : comment être peureux et terrorisés par ceux qui peuvent colorier l'affiche d'une campagne présidentielle, car pour toutes les autres ils ne tiennent quen coalition avec le Parti socialiste, et à la présidentielle, le score de l'excellente Eva Joly a montré l'évidence : l'écologie est à tout le monde, elle ne peut fonder un parti par elle-même, elle doit diffuser dans toute la politique et l'économie française. Il est fou de refuser la prospection, évidemment précautionneuse, du gaz de schiste. Faisons toutes les formes d'énergie, l'hydro-électrique, bien acquis, le nucléaire en étant vigilant mais sans rien restreindre du parc ni de l'investissement dans de nouvelles centrales, et les éoliennes. Plus le gaz de schiste si nous pouvons l'extraire sans risques excessifs. Que serions politiquement et économiquement si nous nous étions refusés le nucléaire tant civil que militaire ?
 
- nous regardions hier soir sur Arte une évocation de Vauban, son expertise dans sa partie, sa connaissance profonde et vécue du pays, ses propositions de réformes fiscales, la qualité de sa vie conjugale, la longévité au pouvoir et dans la confiance du roi.
Notre crise est là ni économique, ni politique, ni financière, ni morale. Elle est une crise de gouvernement et de recrutement des responsables gouvernementaux, économiques et financiers. Aucune longévité pour un ministre, alors qu'il faut dix ans pour vraiment marquer mentalement. Refonder et traiter.
Aux Etats-Unis ou au Brésil, on a deux-trois-quatre mois entre l'élection présidentielle et la prise effective de fonctions : les dossiers sont tranmis avec sérieux, la formation du gouvernement est très travaillée, cf. aussi le processus allemand de formation de la grande coalition. Chez nous, en quarante-huit heures tout est fait pour que dans les six mois, la rumeur sur l'opinion présidentielle condamne les trois quarts des ministres à être virés au premier moment où un remaniement ne serait ni prématuré ni tardif. Alors les recasements honteux, la course aux places éligibles dans les scrutins de liste.
 
- choc de compétitivité, contrat de génération, pacte de responsabilité... il faut que nous vivions en circuit fermé pour croire à ces baratins et ces habillages. La politique économique dont il est manifestement refusé de rendre les moyens à l'Etat (nationalisations, emprunt citoyen, planification à la française de la Libération à de Gaulle 58-69) n'est pas du texte, fut-il de loi, ni de la réunion de "partenaires sociaux" sur lesquels se défausser si l'idée éculée que le droit de licencier à tout va ou l'abaissement des charges sociales voire fiscales" feront la propension à embaucher. L'emploi est un résultat, il n'est pas un objectif. Il dépend tout simplement du carnet de commandes. Nous sommes depuis longtemps moins bons vendeurs que d'autres et quand nous en avons (affaire de notre compatriote en risque mortel d'extradition de Moscou à Tachkent, conseiller du commerce extérieur, chevalier de l'Ordre national du mérite) nous semblons les laisser tomber... mais nous étions inventeurs et ingénieux de la recherche au geste ouvrier. Les fermetures d'usine ne sont pas du chômage en plus - il y aura une reprise - mais une perte irréversible de savoir-faire, de patrimoine technologique de plusieurs générations. Il y a eu des opérations de patrimoines industriels ou de grands groupes depuis 1986 (conversion de la droite dirigiste à ce qui allait devenir le mondialisme, au rebours de la grande conquête qu'avait le marché commun européen à quelques-uns formant un ensemble cohérent à tous égards) qui nous ont en trente ans dépouillé totalement. Nous sommes les derniers en macro-économie européenne, tout simplement parce que nous n'avons plus de patrimoine.
Proglio... ses cessions de savoir nucléaire aux Chinois auraient dûle faire virer depuis dix-huit mois et pour le bon motif, alors qu'aujourdh'ui cela semble le fait du prince
Véolia sans doute dernier fleuron international français, pour apprendre qu'il est détenu par des Américains à 50%
Mestrallet, ancien du cabinet Mauroy, vingt-cinq ans aux manettes de son groupe, et un besoin de dix milliards dont il semble bien que ce ne soit pas pour de l'investissement
 
Il est triste de vivre une telle passe pour notre pays alors que tous les moyens sont là d'une résurrection. La liturgie franco-allemande est devenue ridicule, dire que nous sommes un grand pays est une incantation qui fait sourire. Le meilleur de notre dévouement au bien mondial : nos interventions légailistes et humanitaires en Afrique subaharienne sont souillées par une françafrique qui perdure : nos alliances de fait avec des dictatures. Je continue de militer pour la démocratie en Mauritanie alors que nous maintenons la caution quavait achetée le putchiste de 2008 à Claude Guéant personnellement.
 
Chaleureusement, bon dimanche si vous me lisez dès aujourd'hui, sinon bonne semaine.
 
Vous me savez parisien toute la journée du mardi 11 mars prochain.

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