----- Original Message -----
To:
Sent: Sunday, March 02, 2014 8:12 AM
Subject: actualités qui disent notre superficialité actuelle -
méditation partagée au risque de vous encombrer
Cher ami, Monsieur le Secrétaire
général,
tout à trac (Pompidou en
conférence de presse), permettez-moi quelques réflexions-suggestions
:
- dans le moment de très grave
tension Ukraine-Russie, où un pays se bat explicitement pour des valeurs qui
sont les nôtres, au risque de son intégrité territoriale, que la question
d'Europe, donc de nous-mêmes en identité et en capacité, est posée une nouvelle
fois...le fait que le ministre des Affaires étrangères soit à Europe 1 toute la
journée, me paraît très dangereux, d'autant que Laurent fabius n'est pas à sa
place au Quai d'Orsay, ne rayonne pas dans ses services et s'est dévalué auprès
d'eux en étant obsédé par sa communication. La diplomatie n'est pas l'opinion
française, l'autorité d'un ministre se gagne plus encore dans les tête-à-tête
avec ses homologues, qu'en réunion-même. Dans tous les cas, le silence et
l'écoûte valent mieux que de dégoiser quand l'heure est aussi
mouvante.
- la situation (ukrainienne, un
moment grecque) d'émeutes incontrôlées et de pans entiers de l'Etat (qui n'est
plus que fisc et police) s'écroulant, avec aveu de caisses encore plus vides que
dit auparavant, peut nous arriver, à nous, la France..., à tout moment. Et nous
n'aurons pas le général de Gaulle, même s'il est probable que la référence à la
légalité peut donner à l'ultime moment au Président la base d'un sursaut et d'un
appel à la raison, donc à la confiance.
Il faut que tout soit prétexte et
motif profond (les deux) pour que nous fassions changer complètement les termes
et les modalités de la solidarité européenne et des financements des dettes
souveraines = emprunts citoyens, moratoires, autre gouvernance de l'Europe (la
démocratie directe)
- Vincent Peillon attaqué,
raillé, objet de rumeurs les plus insensées, chargé de projets diaboliques
(notamment du dévoiement des enfants, alors que l'évocation de la "théorie du
gender" date de Chatel)... comme l'a été et peut l'être de nouveau Christiane
Taubira : l'UMP n'existe plus comme mouvement ayant une pensée cohrente et
responsable... et une tête, le Front national comme Dieudonné sont diabolisés,
on a donc la place occupée par des chrétiens dont la bonne volonté est dévoyée.
Comme je le pensais, tous les sondages en milieu chrétien comme dans l'ensemble
du pays sont à l'opposé de la Manif. pour tous. Chez les catholiques,
selon un sondage certainement laxiste pour la définition d'e ce qu'est
un catholique (la messe une fois par mois peut-être...), acceptent le mariage
"gay" 54%, sont pour le mariage des prêtres 89%, pour l'IVG 90%. L'Eglise qui a
des doctrines n'est pas suivie, elle, tout autant que le pouvoir actuel, est
dans le vide et en crise aussi de chalandise. Le gouvernement, le Président
n'ont d'ailleurs pas l'an dernier contre-attaqué sur les thèmes qu sont les
leurs et que contestent les intégristes : on n'a défendu que la légalité des
processus et procédures. On n'est pas allé au fond
Peillon est le seul ministre
depuis René Haby qui sache ce dont il parle bien avant d'être ministre. Le
remplacer serait une énième reculade et aller vers des ministres sans capacité
sur le sujet. La question des rythmes scolaires est effectivement difficile à
faire passer : je le vois dans mon village, car c'est un des rares sujets
(scolarité des enfants, frais supplémentaires pour les activités du mercredi)
qui font se déplacer et opiner vraiment les gens parce qu'ils sont conctètement
concernés. C'est affaire de civisme. Dire que Vincent Peillon gêne alors la
majorité au moment des municipales est lâche et non fondé.
La vérité est que la politique et
ceux qui en font métier (pérorer, pérorer) sont si décriés que beaucoup de
maires sortants, même dans les grandes villes, ne font campagne que sur le
propre nom, sans plus évoquer l'étiquette d'un parti.
Je vous le courielle sans avoir
jamais rencontré Vincent Peillon ni avoir correspondu avec
lui.
J'ai en revanche une expérience
locale de Benoit Hamon : carrière typiquement d'aparatchik depuis le "cabinet"
de Lionel Jospin, rue Solférino. Jamais élu au suffrage
universel.
Ce qui ne veut pas dire que ni
lui ni la quasi-totalité des ministres et des parlementaires soit sans valeur,
mais il y a peu de rayonnement et guère d'autorité morale.
- écologistes : comment être
peureux et terrorisés par ceux qui peuvent colorier l'affiche d'une campagne
présidentielle, car pour toutes les autres ils ne tiennent quen coalition avec
le Parti socialiste, et à la présidentielle, le score de l'excellente Eva Joly a
montré l'évidence : l'écologie est à tout le monde, elle ne peut fonder un parti
par elle-même, elle doit diffuser dans toute la politique et l'économie
française. Il est fou de refuser la prospection, évidemment précautionneuse, du
gaz de schiste. Faisons toutes les formes d'énergie, l'hydro-électrique, bien
acquis, le nucléaire en étant vigilant mais sans rien restreindre du parc ni de
l'investissement dans de nouvelles centrales, et les éoliennes. Plus le gaz de
schiste si nous pouvons l'extraire sans risques excessifs. Que serions
politiquement et économiquement si nous nous étions refusés le nucléaire tant
civil que militaire ?
- nous regardions hier soir sur
Arte une évocation de Vauban, son expertise dans sa partie, sa connaissance
profonde et vécue du pays, ses propositions de réformes fiscales, la qualité de
sa vie conjugale, la longévité au pouvoir et dans la confiance du roi.
Notre crise est là ni économique,
ni politique, ni financière, ni morale. Elle est une crise de gouvernement et de
recrutement des responsables gouvernementaux, économiques et financiers. Aucune
longévité pour un ministre, alors qu'il faut dix ans pour vraiment marquer
mentalement. Refonder et traiter.
Aux Etats-Unis ou au Brésil, on a
deux-trois-quatre mois entre l'élection présidentielle et la prise effective de
fonctions : les dossiers sont tranmis avec sérieux, la formation du gouvernement
est très travaillée, cf. aussi le processus allemand de formation de la grande
coalition. Chez nous, en quarante-huit heures tout est fait pour que dans les
six mois, la rumeur sur l'opinion présidentielle condamne les trois quarts des
ministres à être virés au premier moment où un remaniement ne serait ni
prématuré ni tardif. Alors les recasements honteux, la course aux places
éligibles dans les scrutins de liste.
- choc de compétitivité, contrat
de génération, pacte de responsabilité... il faut que nous vivions en circuit
fermé pour croire à ces baratins et ces habillages. La politique économique dont
il est manifestement refusé de rendre les moyens à l'Etat (nationalisations,
emprunt citoyen, planification à la française de la Libération à de Gaulle
58-69) n'est pas du texte, fut-il de loi, ni de la réunion de "partenaires
sociaux" sur lesquels se défausser si l'idée éculée que le droit de licencier à
tout va ou l'abaissement des charges sociales voire fiscales" feront la
propension à embaucher. L'emploi est un résultat, il n'est pas un objectif. Il
dépend tout simplement du carnet de commandes. Nous sommes depuis longtemps
moins bons vendeurs que d'autres et quand nous en avons (affaire de notre
compatriote en risque mortel d'extradition de Moscou à Tachkent, conseiller du
commerce extérieur, chevalier de l'Ordre national du mérite) nous semblons les
laisser tomber... mais nous étions inventeurs et ingénieux de la recherche au
geste ouvrier. Les fermetures d'usine ne sont pas du chômage en plus - il y aura
une reprise - mais une perte irréversible de savoir-faire, de patrimoine
technologique de plusieurs générations. Il y a eu des opérations de patrimoines
industriels ou de grands groupes depuis 1986 (conversion de la droite dirigiste
à ce qui allait devenir le mondialisme, au rebours de la grande conquête
qu'avait le marché commun européen à quelques-uns formant un ensemble cohérent à
tous égards) qui nous ont en trente ans dépouillé totalement. Nous sommes les
derniers en macro-économie européenne, tout simplement parce que nous n'avons
plus de patrimoine.
Proglio... ses cessions de savoir
nucléaire aux Chinois auraient dûle faire virer depuis dix-huit mois et pour le
bon motif, alors qu'aujourdh'ui cela semble le fait du prince
Véolia sans doute dernier fleuron
international français, pour apprendre qu'il est détenu par des Américains à
50%
Mestrallet, ancien du cabinet
Mauroy, vingt-cinq ans aux manettes de son groupe, et un besoin de dix milliards
dont il semble bien que ce ne soit pas pour de
l'investissement
Il est triste de vivre une telle
passe pour notre pays alors que tous les moyens sont là d'une résurrection. La
liturgie franco-allemande est devenue ridicule, dire que nous sommes un grand
pays est une incantation qui fait sourire. Le meilleur de notre dévouement au
bien mondial : nos interventions légailistes et humanitaires en Afrique
subaharienne sont souillées par une françafrique qui perdure : nos alliances de
fait avec des dictatures. Je continue de militer pour la démocratie en
Mauritanie alors que nous maintenons la caution quavait achetée le putchiste de
2008 à Claude Guéant personnellement.
Chaleureusement, bon dimanche si
vous me lisez dès aujourd'hui, sinon bonne semaine.
Vous me savez parisien toute la
journée du mardi 11 mars prochain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire