Observation & réflexions
010
Mardi 23 . Samedi 27 Octobre 2007
A l’épaule de ma
femme, convaincue par son libraire parisien qu’Actes
Sud publie là un « best-seller »,
je suis les trois volumes de Stieg Larsson : Millenium [1].
Je lis – passim – quelques-uns des cahiers
de doléances de 1788-1789 publiés en
forme des cinq premiers tomes des Archives parlementaires éditées aux débuts d’une Troisième
République qui ne connaissait pas encore son nom.
J’écoûte le
dirigeant CFTC expliquer la grève à Air-France des personnels de cabine, suivie à 84% le
26, le président de la République dialoguer avec un cheminot (« si l’on
vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps pour que la retraite soit
payée…le chantage à la rue, çà ne marchera pas : nous sommes en
démocratie ») et Youssouf Ndour, considéré par Time comme l’une des cent personnaltés
actuellement les plus influentes du monde (« il faut arrêter d’exploiter
l’immigration pour parler aux Français et aux Européens au lieu des erreurs
économiques commises… l’immigration il y en a eu et il y en aura toujours…
l’immigration choisie ? comme on choisit des foot-balleurs ? … ce
n’est pas l’Afrique qui est mal barrée, c’est le monde qui est
déséquilibré ») ; son nouvel album « dans les bacs »,
le 27.
J’entends que les
juridictions de la Sécurité sociale ont considéré que le suicide par noyade au
technocentre de Renault, en 2006, était un accident du travail, qu’une cour
d’appel française s’est fondée sur la Convention européenne des droits de
l’homme pour estimer que la garde à vue d’un enfant de trois semaines n’est pas
affaire d’adéquation des locaux mais d’atteinte à la liberté fondamentale d’une
personne humaine.
Je vois les
médias écrits se méprendre sur ce qui intéresse les Français, sérieusement… Match, Gala, VSD, People, Direct, Closer, Elle, leurs couvertures et déjà la garde des
Sceaux aux vacances américaines du couple maintenant en rupture (rupture :
slogan du candidat) et en acompagnement du président, dès le premier
déplacement officiel de celui-ci en nouveau célibataire. Mais manquer cet aveu
devant la communauté française de Moscou, le 10 Octobre au soir [2].
J’apprends
l’existence – heureuse – d’une catégorie d’institutions en France : les
ex. et qui gardent certaines capacités. Ainsi, « l'ex-Commissariat au Plan
organise lundi un séminaire sur les réalités sociales françaises au cours
duquel des indicateurs, recueillis entre 1999 et 2006 et compilés en 100
tableaux seront présentés : démographie, éducation, santé, emploi, délinquance,
degré de bonheur et de développement humain, etc. » (AFP le 26). Crédits
à « consommer » avant la fin de l’année, ou prodrome d’un
rétablissement – que je souhaite.
On dit, nous
dirons désormais, un Grenelle, des Grenelles pour dire d’une réunion ou d’un
colloque que l’on doit tout y reprendre du sujet-titre.
. . . le temps où nous sommes,
pourquoi ne savez-vous pas le juger ?
évangile selon saint Luc XII 54 à 59
Une intuition
depuis quelques jours – que je crois explicative de tout le mal-être politique
de cette période qui aurait dû être un état de grâce, pas seulement pour l’élu
du 6-Mai, toujours populaire selon les sondages (BVA-Orange le 23 Octobre : 55% d’opinions très bonnes ou
bonnes au regard de 57% le 19 Septembre) mais pour tous les Français. Intuition
en deux éléments : un diagnostic, une constatation.
Le
diagnostic : Nicolas Sarkozy « hyperactif », champion de
l’affichage, courageux à aller sur le terrain ou à ouvrir tous les dossiers en
urgence et « sans tabou », mais ne sachant pas placer les sujets et
les médications en perspective et manquant de maturité, de références, serait un bon Premier ministre et le
président de la République, de beaucoup son aîné en connaissance profonde du
pays et des relations internationales, ayant le souffle de la durée et le recul
de sa fonction, l’équilibrerait, le garantirait tout en donnant aux Français l’assurance d’un recours
quand sont trop brusques les choses ou mal orientées.
La
constatation : étant président de la République et innovant complètement
dans l’exercice de ses fonctions, Nicolas Sarkozy n’est pas entouré de gens éprouvés sur les sujets traités et
désintéressés quand à leur avenir ou à leur signature propres. De Gaulle,
dans le second semestre de 1958 où il n’est que le président du Conseil, puis dans
les premières années de sa présidence, peut disposer, ou plutôt : peut
appeler à la tâche de fondation et de gestion – pour du long terme et pour
« le renouveau » - une pléïade de grands commis de l’Etat :
François Bloch-Laïné, Roger Goetze, Louis Armand, Pierre Massé, Paul Delouvrier
et bien de ses ministres ne seront pas des « politiques » mais
serviteurs « sans étiquette » du bien commun : Edgard Pisani,
préfet puis sénateur mais au même langage d’Etat, Jean-Marcel Jeanneney
universitaire comme le directeur de son cabinet, Raymond Barre.
Nicolas Sarkozy ne correspond pas à son
emploi et celui qui lui eût convenu – non en terme d’ambition, mais en
celui d’utilité pour le bien de la nation – il le méconnaît. Premier ministre
et non résident de la République. Et il
n’a pas, avec lui, la ressource humaine correspondant à la gestion et à la
conclusion des chantiers qu’il ouvre, pas non plus à la négociation et à la
votation des décisions qu’il veut faire prendre collectivement au pays. Le
racolage politique, l’étiquetage de comité ou commission de réflexion, les
arènes à spectacle, les déplacements à l’étranger si nombreux avec collection
de discours « fondateurs » ne peuvent tenir lieu d’une activité –
certes intense et souvent courageuse – mais à contre-emploi et sans l’équipe
adéquate. Et pourquoi le pays ne dispose-t-il plus et ne secrète-t-il pas le
type d’élites qui a fait sa renaissance après la Seconde guerre mondiale et
structuré – jusqu’à la mystique – le service de l’Etat aux débuts de la
Cinquième République ?
1° le
régime se qualifie lui-même
Dialoguant à France-Infos. le 20 Octobre les
résultats du Conseil européen de Lisbonne, Jean-Pierre Jouyet, secrétaire
d’Etat aux Affaires européennes, s’en réjouit et argumente l’inutilité du
referendum pour ratifier le prochain traité. L’élection présidentielle vaut
referendum pour toutes les propositions de campagne du vainqueur. Je reconnais
que c’était l’analyse proposée en 1972 par Edgar Faure (Le Nouveau Contrat social) et qu’il est dès lors logique que
ces engagements soient tenus – même si je pense au contraire que l’élection
présidentielle est un choix de personne, essentiellement, mais cela emporte une
conception de nos institutions selon laquelle le président de la République
n’intervient pas directement dans ce qui est du ressort du gouvernement. Second
argument. Nous avons – qui, nous ? – choisi la démocratie représentative,
ce qui signifie que la ratification par le Parlement est plus conforme à nos
institutions. Ce qui induit aussi cette conception présidentialiste du régime à
faire avaliser par une révision constitutionnelle : les représentants pour
cinq ans et qui délibèrent, le président pour cinq ans qui exécute un programme
voté par les électeurs d fait-même qu’ils l’ont élu. Cohérent… même si ce n’est
pas du tout ma conviction et même si cela produit un régime rigide sans exutoire que la rue (ou la cohabitation sur
dissolution manquée) s’il y a découplage pendant le mandat présidentiel entre
l’élu et l’opinion.
Question qui
se pose au sixième mois de ce mandat… et à laquelle répond le nouveau président
de la République, venu dialoguer avec les cheminots à Saint-Denis. Echange
direct… [3] Le chantage à la rue, çà ne marchera pas.
Nous sommes en démocratie. La scène impose au moins deux réflexions.
Nicolas Sarkozy aime aller à la contradiction et « sur le terrain »,
il l’a montré lors des « émeutes de banlieue », il y aura bientôt
deux ans. Courage ? oui, mais aussi rôle d’autres que lui, les ministres
compétents pour la réforme des régimes spéciaux, ou le Premier ministre, les
députés de la majorité, auraient pu se déplacer de cette manière… Est-ce de
Gaulle à Dakar en 1958 et à Djibouti en 1967, face aux « porteurs de
pancarte » ?
Système volontariste – dont Jacques
Chirac et Dominique de Villepin avaient le mot mais, pour le premier, pas du
tout la ténacité et, pour le second, plus une crispation qu’une stratégie à
long terme, il est vrai que le premier arriva essoufflé à l’Elysée et s’en
remit au Premier ministre qu’il nommait, et que le second ne pouvait avoir
d’espace et de temps que si sa candidature présidentielle prenait de la
consistance. Ce qui ne fut pas. Système que mettent en place et manifestent les
lettres de mission et les installations de comités ad hoc. Concluant le
« Grenelle de l’environnement », Nicolas Sarkozy synthétise sa
manière de gouverner et aussi de concevoir le rôle de la France sur les
grands sujets : Si la France a compris
que son devoir était d’agir, c’est que l’Europe doit agir et que le monde doit
réagir. J’aimerais que vous compreniez une chose, c’est que ce que nous avons
décidé de faire, nous l’avons fait à la fois au nom du sentiment et au nom de
la raison. Nous l’avons fait au milieu de difficultés de tout ordre et je
n’ignore nullement qu’avec le gouvernement et le Premier ministre, nous allons
tomber sur des inerties, des routines, des égoïsmes, des aveuglements, des
idéologies. Mais je vous dis une chose : ce que j’ai dit ce soir, nous le
ferons et nous le ferons ensemble. Je vous remercie de l’avoir compris.
Paradoxalement, ce n’est pourtant pas le président de la
République qui synthétise le contenu de
l’action gouvernementale, mais le Premier ministre, François Fillon, devant
les parlementaires U.M.P. réunis à Strasbourg le 29 Septembre dernier : Avec Nicolas Sarkozy, nous allons réformer,
réformer et encore réformer promettant
une année encore plus intense, une année passionnante et décisive parce que
nous allons rénover les fondements du vieux modèle français ». Ce qui
est le contrepied du programme conservateur esquissé par Jacques Chirac, le
soir du referendum négatif du 29 Mai 2005.
Nous disions hier qu'il fallait
réformer le système. Nous disons aujourd'hui qu'il faut le changer résolument.
S'il nous faut mener toutes les réformes de front, c'est parce que nous avons
trop tardé par le passé. Mais, à la suite de la journée du 18 Octobre, le
Premier ministre - devant devant le
congrès de l'Union professionnelle des artisans (UPA), le 25 – n’est pas dans
la peau d’Alain Juppé en Novembre-Décembre 1995, il est dans celle de jacques
Chirac modérant celui-ci à l’époque et recommandant le dialogue social. La réforme efficace, c'est celle qui
s'inscrit dans la durée. C'est celle qui est le résultat d'un dialogue social
responsable. Mieux vaut consacrer quelques mois à bâtir ensemble les réformes
qui engagent l'avenir de notre pays, que de sortir de son chapeau un projet
tout ficelé qui se révélera inapplicable sur le terrain.
Et c’est un ministre, que je vois rivale de François Fillon
pour l’Hôtel de Matignon et qui, en charge du front le plus difficile, celui de
plaider nos finances publiques à Bruxelles et aux réunions de l’Eurogroupe,
n’est pas non plus servile face à l’Elysée – Christine Lagarde qui expose le
fond des choses. Il est vrai : devant un public étranger, le 22 Octobre, à
New-York. Et pas seulement dans sa partie, et avec le sang-froid – sinon le
cynisme – qui fut celui d’Alain Juppé en Novembre-Décembre 1995 [4].
Notre priorité est de changer la
psychologie des Français face au travail. Elle aussi rappelle que
l’élection présidentielle vaut accord sur le programme de gouvernement du
vainqueur.
2° l’Europe à défaire ?
Les Conseils
européens des 25-26 Juin, à Bruxelles, et des 18-19 Octobre, à Lisbonne, sont
présentés – aussi bien par les thuriféraires que par les
« souverainistes », voire des gaullistes de nostalgie, comme un
succès du nouveau président de la République. L’Europe est désembourbée,
reconnaissent même ceux qui sont partisans du mouvement et de l’intégration.
J’étudie ces jours-ci le texte approuvé à Lisbonne et qui
doit devenir le traité du 13 Décembre. Une étude le comparant aussi bien au
traité de Nice, régissant actuellement l’Union, qu’au projet de Constitution,
ratifié par dix-huit sur vingt-sept des Etats-membres. J’observe déjà que la lisibilité du nouveau traité est
inférieure à celle de la Constitution, plus longue mais claire, puisque
l’on renoue avec la série des traités modificatifs qui ne peuvent proposer
comme lecture suivie que le « traité consolidé » et non leur seule
lettre, puisque celle-ci est faite d’articles disposant que tel autre, dans
l’état précédent du traité consolidé, est révisé ou remplacé. En nombre de
pages et d’aricles, on gagne certes les deux tiers, mais le moins que l’on a,
est bien moins digeste.
Second défaut, qui est une
erreur d’appréciation du non français
et néerlandais. Ce ne sont pas les dispositions proprement
institutionnelles et fonctionnelles du projet de Constitution qui ont été
censurées, mais les politiques qu’il était prévu que doivent mener ces
institutions. S’il y a une discussion à porter à Bruxelles et à mener entre
Etats-membres, puis à faire sanctionner par les citoyens de l’Union, ce sont
bien ces politiques. Elles ne sont plus détaillées comme dans les textes
adoptées en consensus par la Convention européenne, mais elles continuent
d’exister et continueront d’être menées. L’effort français – et principalement
celui du président de la République – n’est pas appliqué là où il le faut.
Quant aux institutions, je répète que l’indépendance et l’identité de l’Europe
ne seront à l’ordre du jour – devant l’opinion européenne et face au principal
empêchement que sont les hégémonies américaines sur presque tous les plans de
l’intégration européenne – que si s’établit le suffrage universel direct de
tous les citoyens européens, en circonscription unique, pour élire durablement
le président de l’Union et pour répondre aux questions que celui-ci aurait pour
compétence de soumettre au referendum. On en est encore plus loin qu’en
2003-2004. Le futur traité de Lisbonne va ressembler à celui de Nice, si
critiqué dès sa signature qu’il ouvrait la voie à une rédaction de Constitution
pour l’Europe…
Faire l’Europe
au minimum, la vraie partie se jouant dans les Etats nationaux, selon leurs
gouvernants ou entre Etats nationaux – c’est me semble-t-il la conception, ou
plus encore : la pratique, de Nicolas Sarkozy, devenu président de la
République.
Une Union européenne qui n’est plus
l’acteur unique ou premier. L’Union méditerranéenne, évoquée dès l’installation
du nouveau président et prêchée à Tanger, le 23 Octobre, est comparée à l’Union
européenne, elle est sur le même plan et du même ordre – ce qui a fait aussitôt
communiquer par la Commission une demande d’éclaircissements. Sans doute le
« processus de Barcelone » est-il mentionné, comme la
« politique européenne de voisinage », mais – comme en politique
intérieure française – Nicolas Sarkozy propose la rupture. Ce qui est souhaité
– exactement comme dans l’affaire des infirmières bulgares, litière avait été
faite des efforts de la Commission européenne depuis deux ans et de ce à quoi
celle-ci aboutissait précisément – n’est pas le fruit ou la conclusion d’une
évolution euro-méditerranéenne très contractuelle depuis trente ans, mais un
nouveau pacte, minorant d’autant ce qui est déjà en cours. Il est vrai que ce
cours est décevant mais pour des raisons de fond et de forme que l’Union
méditerranéenne si elle se célèbre sur invitations l’été prochain en France –
qui exercera la présidence semestrielle de l’Union européenne – va forcément
rencontrer.
La défense
européenne ne trouvant sa chance que dans l’intégration atlantique… ce n’est
pas encore dit complètement ni solennellement, mais c’est – je crois –
l’analyse ultime sous-tendant la minoration, désormais, des perspectives d’une
intégration européenne renforcée. La communauté atlantique parait davantage
fructueuse, réaliste. Elle est défendue – non sans crânerie – sur les deux
scènes où elle expose la France, totalement nouvelle dans cette orientation,
aux plus vives critiques. Scène russe et scène arabo-musulmane. Je suis un ami des Américains.
S’exprimant
devant des chefs d’entreprises, marocains et français, le 24 Octobre, à
Marrakech, le président reconnaît : le procès est ouvert : je serais un ami des Américains. Eh
bien oui, c'est vrai, ne me torturez plus, j'avoue. Je ne vois d'ailleurs pas
pourquoi je devrais être un ennemi des Américains. Quelle drôle d'idée ! Voici,
un pays, l'un des seuls à travers le monde, avec la Pologne, avec qui nous n'avons
jamais été en guerre. Ce n'est quand même pas une raison pour se détester. Faisant allusion à la préférence du Maroc pour les F16 américains au détriment de l'avion
de combat français Rafale, le
président français poursuit : je préfère
que le Maroc achète des avions français plutôt qu'américains, mais quand eux
arrivent à donner leurs avions, je me dis : je vais regarder comment ils ont fait, et la
prochaine fois, ils ne le referont pas, plutôt que leur en vouloir. Quand on
arrive deuxième d'une course, il ne faut pas détester le premier, il faut le
copier pour le dépasser la prochaine fois. Je ne comprends pas cette vision
agressive, rétrécie, fermée, frileuse, des relations internationales. Ce n'est
pas parce que je suis ami des Américains que je dois accepter la politique des
Américains sur tous les sujets. Ce n'est pas parce que je serais intransigeant
avec le droit à la sécurité d'Israël que je ne suis pas attentif au droit des
Palestiniens à avoir un Etat indépendant pour eux.
Attitude verbalement courageuse, mais contemporaine
d’Etats-Unis peut-être à la veille de bombarder l’Iran, dont il est dit que c’est pour eux « le plus grand
défi » (Condoleeza Rice, le même 24 Octobre). L’agression potentielle
ayant son leurre avec Israel qui s’est essayé, le 6 Septembre, sur des cibles
syriennes. Israël où les trois quarts des personnes interrogées à
l’anniversaire de l’assassinat d’Itsaak Rabin, répondent vouloir la libération
de son meurtrier, qui – il est vrai – n’est pas peut-être celui qu’on a emprisonné.
Attitude et propos que ne peuvent apprécier les Russes qui se considèrent
agressés par la mise en place du « bouclier anti-missiles », à leur
frontière et avec le consentement de leurs anciens vassaux polonais et tchèque.
A Moscou, il répond aux étudiants aux étudiants de l’Université Bauman, le 10
Octobre : je suis un ami des Etats-Unis, mais ami,
cela ne veut pas dire vassal. J’ai des désaccords avec les Etats-Unis. Dans une
famille, vous pouvez aimer les gens de votre famille sans être obligé d’être
d’accord sur tout. Je vous dis les choses de la façon la plus claire. Le monde
d’aujourd’hui peut être régenté par une puissance, fut-elle la première. Chaque
pays a le droit d’exister, et aucun, aucun ne doit s’aligner sous prétexte
qu’il y a en un plus puissant. Ce que je dis des Etats-Unis à l’endroit de la
Russie, je pourrais le dire de la Russie à l’endroit des Etats-Unis, je
pourrais le dire de ses voisins. Même principe, mêmes valeurs. Il n’y a pas
dans le monde, de mon point de vue, de pays qui a plus de droits et de pays qui
ont moins de droits. Il y a des nations qui veulent vivre, qui veulent vivre
libre et qui ont le droit à cette liberté. J’espère avoir répondu à cette
première question avec franchise.
3° le
mouvement social et l’opposition parlementaire
Les
commentaires étaient plus nombreux avant le jeudi 18 Octobre que pendant – le
couple Sarkozy annonçait-il son divorce pour empiéter, à la une, sur les
compte-rendu de la grève ? – et depuis. La comparaison obsessionnelle
s’était faite avec le « mouvement de Novembre-Décembre 1995 », à
la manière dont les « événements de Mai » (que de Gaulle voulait
qu’on appelait : de Mai-Juin pour tenir compte du prolongement des grèves
et du dénouement électoral) furent la référence des capacités gouvernementales
à canaliser de 1968 à l’union de la gauche et même après, de nouveaux
débordements. La réponse, à la veille de la grève des transports publics, était
que cette fois le secteur public n’aurait pas mission de manifester au nom
aussi du « privé », et que les Français, y compris les
fonctionnaires, ayant subi en 2003 et en 2004 la réforme des régimes de
sécurité sociale en général, soutiendraient le gouvernement imposant l’équité à des privilégiés.
Equité… le mot
ressassé en campagne par Nicolas Sarkozy, à propos des retraites, et maintenant
par le gouvernement. Sans doute… mais est-elle appliquée si l’on uniformise la
durée des cotisations ? ne faut-il pas approfondir les comparaisons et
considérer la totalité de ce que doit verser un salarié pour bénéficier d’une
retraite « à taux plein ». Car il semble que les cotisations dans les
régimes spéciaux, si elles portent sur moins d’annuités, sont en revanche de
montants plus élevés. Donc, l’équité par la considération de ce qui est payé au
total, quel que soit le nombre d’annuités.
Ce qui va
peut-être s’appeler le « mouvement du 18-Octobre » surprend
maintenant. D’abord parce que le jour-même, les usagers n’ont pas été
pénalisés, ils s’étaient organisés, grâce précisément aux
« 35-heures », ce qui, en revanche, les a pris au dépourvu les jours
suivants. Ensuite parce que le mouvement a été très suivi dans le secteur
public et que, dans cette ambiance unitaire, même si ensuite les syndicats se
sont séparés pour continuer ou arrêter les grèves, il est apparu que les choses
pouvaient durer et se renouveler. L’ultimatum donné au gouvernement par les
syndicats expire le 31 Octobre, les transports publics se joindraient donc aux
fonctionnaires et notamment à ceux de l’éducation nationale à la mi-Novembre.
Dans le même temps, il apparaît aussi que les
négociations dans deux secteurs très visibles pour l’opinion publique ne sont
pas fondées sur une ouverture du patronat : l’Etat pour les
transports, la direction pour Air France
jusques là prestigieuse aussi pour son climat social. Le succès du
« Grenelle de l’environnement » – apparemment consensuel et reconnu
par des personnalités emblématiques comme Nicolas Hulot – a alors son
importance : montrer l’aptitude du gouvernement à se prêter au débat, à
écoûter et à faire siennes des propositions dont il n’a pas eu l’initiative.
Aussi bien en
Novembre-Décembre 1995 que dans la crise des sans-papiers à son paroxysme en
Avril 1996 (l’Abbé Pierre affirmant qu’Alain Juppé, Premier ministre, lui a
menti à leur propos…), le Parti socialiste paraît peu participant… mais ce
n’est pas maladroit. Le mouvement social a sa vérité et son autonomie. La
sanction parlementaire – singulièrement, et à la manière dont la dissolution
offrit la bonne occasion à l’opposition en 1997 – va sans doute se proposer au
Congrès de révision constitutionnelle au printemps prochain et être un désaveu
du gouvernement et d’abord du président de la République bien plus marquant que
le détail des élections municipales. François Hollande peut donc se contenter,
en conseil national, le 27 Octobre, de diagnostiquer que le président de la
République veut, sur le front social, l’épreuve de force. Mais il est reçu par
celui-ci le 29…
Dans cette
ambiance, la reculade du gouvernement
face aux internes à propos de leur liberté d’installation professionnelle
semble plus une démonstration qu’un mouvement de grève a des résultats, que le
gage d’une souplesse de la majorité élue avant cet été. Legouvernement peut
imposer les tests ADN, il a plus de mal avec la carte judiciaire. La réforme,
parce qu’elle n’est pas présentée dans une globalité telle pour l’avenir du
pays, que les modalités peuvent en être discutées sans que personne n’y perde
la face, risque dans quelques mois de ressembler à celles du gouvernement
Raffarin : de l’ébullition dans la rue, le passage en force des textes
gouvernementaux, mais une transaction sur les remèdes et une énième remise à un
autre horizon des solutions complètes. Le programme de deux mille kilomètres de
lignes ferroviaires nouvelles, est à échéance de 2020, soit trois ans après que
Nicolas Sarkozy ait achevé son second et dernier mandat – puisque lui-même
souhaite que le président ne soit rééligible qu’une fois.
4° l’économie
seconde
Le comité
qu’anime Jacques Attali paraît symétrique de celui présidé par Edouard
Balladur. Il a permis la référence au « comité Rueff-Armand »
travaillant aux débuts de la Cinquième République. Ce n’est pas exact.
Le comité qui
a fait le redressement économique de la France dès la fin de 1958 a été le « comité des experts », dont
faisaient partie Jacques Rueff et Louis Armand, mais entre autres Roger Goetze,
Jean Guyot, Jean-Marcel Jeanneneny, et que présidait, à Matignon, le directeur
du cabinet du président du Conseil (Georges Pompidou pour le général de Gaulle).
Le comité a travaillé dans le secret, son existence et a fortiori sa
composition échappèrent à la presse. Ses recommandations furent connues – y
compris une dévaluation susbtantielle qui aurait pu être discutée – par la
publication des décrets par lesquelles le gouvernement du général de Gaulle les
fit siennes. Aucune distance entre la réflexion, la proposition et l’exécution.
Antoine Pinay, ministre des Finances et des Affaires économiques, n’eut aucune
part à ces décisions, sinon celle de les avaliser selon l’exposé de Pierre
Esteva qui dirigera dans des circonstances, aussi marquantes, celles de
l’immédiat après-Mai 1968, le cabinet de Maurice Couve de Murville, gardé tel
quel par François-Xavier Ortoli.
Tandis que le
« comité Attali » va d’étape en étape dans des propositions dont la
publication ne semble susciter aucun débat, le gouvernement travaille dans un
autre registre, essentiellement la fiscalité. Le « bouclier fiscal »,
la détaxation des heures supplémentaires creusent le déficit budgétaire :
le manque à gagner correspondant à la moitié de ce déficit, qui est lui-même
équivalant à la charge annuelle de notre dette publique. Il semble que les
économies budgétaires soient la motivation des réformes de l’Etat alors que le
« rapport Camdessus » a établi que le non-remplacement d’une moitié
des fonctionnaires partant à la retraite serait sans incidence sur le coût de
fonctionnement des administrations publiques.
L’accord est
fait – entre connaisseurs – sur la
déficience principale de notre économie : la faiblesse de notre appareil
productif à la fois parce qu’il a été délocalisé ou supprimé
(fusions-absorptions nous dépossédant et stratégies des groupes nationaux
survivants) et parce que l’investissement est insuffisant. Mais il ne fonde pas
l’analyse gouvernementale : celle-ci diagnostique que les Français ne
travaillent pas assez (manque d’ardeur ou de « motivation », ou bien
faute d’emploi ?). Bonne raison d’allonger la durée de cotisations pour
les retraites mais quelle est la significaiton de l’âge légal de départ si, en
pratique, la pré-retraite ou la mise au chômage concernent une part appréciable
de la population active ? Quant à augmenter le pouvoir d’achat – ce qui
économiquement creuse le déficit commercial – c’est tenter de répondre à la
revendication et au mouvement social sans en avoir les moyens ni budgétaires
pour l’Etat et le secteur public, ni en croissance interne pour les
entreprises.
Or, de la
croissance économique, sans laquelle il n’y aura pas de hausse du pouvoir
d’achat, dépend finalement l’appréciation par les Français de l’action
gouvernementale (présidentielle, maintenant). Et rien ne permet d’augurer
favorablement. Ce qui n’est pas « la faute » du gouvernement, et ce
qui caractérise la zone euro. selon le Commissaire
européen aux affaires économiques Joaquin Almunia, s’exprimant le 25 Octobre.
La réalité de
mon observation liminaire se manifeste ici.
Nicolas Sarkozy n’a pas l’expérience des
questions économiques et financières qui lui permettrait une direction effective
de nos affaires en ce domaine, comme celle qu’il assume dans tous les autres
domaines – il ne peut et ne sait parler qu’en politique, il ne se voit donc
de prise que sur ce que produisent les administrations publiques en fait de
réglementations ou d’empêchements [5] –, et il n’a pas non plus la ressource
humaine. D’ailleurs, l’équipe d’aujourd’hui n’est pas celle initialement
prévue : Alain Juppé manque et Christine Lagarde était à l’Agriculture,
pas à Bercy. Il est vrai qu’elle s’y impose bien mieux que Jean-Louis Borloo. Les
diagnostics sont posés – les rapports Camdessus, Pébereau, Beffa sont publics
et pas périmés – mais pas assimilés. La capacité, les énergies gouvernementales,
la crédibilité du système d’ensemble ne s’exercent que dans les
« réformes » – principalement, sinon essentiellement, la diminution
de l’Etat et des solidarités dans les coûts généraux de la nation – pas dans la
gestion. Le cadre de celle-ci est forcément européen, les médications ne
peuvent se mettre au point puis en place qu’en concertation avec nos
partenaires ; or, nous ne considérons plus l’Union européenne ni comme une
fin en soi, sinon même la fin en soi pour notre génération, et celles à suivre,
comme le moyen privilégié de notre progrès.
Nous allons nous concentrer, pour les semaines et mois
qui viennent, dans deux débats, l’un inutile, celui de la manière d’être
gouvernés (personne
n’empêche Nicolas Sarkozy de pratiquer sa fonction comme il l’entend, même s’il
perd de vue tout le ressort que lui donnerait un retour à la conception
fondatrice de la Cinquième République), l’autre
au développement imprévisible, la contestation sociale. Ces deux registres sont familiers
à nos gouvernants, mais il n’est pas certain qu’ils restent ouverts à son
avantage. En revanche, le diagnostic économique est contestable : Si la France a
moins de croissance que les autres, il y a une raison, c'est parce que nous
travaillons moins qu'ailleurs. Si nous voulons créer des emplois et de la
richesse, il faut travailler davantage. Si cette idée gêne, j'en suis désolé,
mais c'est la réalité et elle est incontournable – assure le président de la République, participant le 30
Août à l’université d’été du MEDEF. Or cette constatation – si partielle
– emporte manifestement toute la politique gouvernementale : elle est le
credo déjà exprimé en campagne électorale [6],
mais qui n’avait alors de portée que politique. Elle nous fait manquer le discernement essentiel. Nous n’avons plus assez
d’entreprises, nous n’avons plus d’outil productif. Ce n’est pas la force de
travail qui manque, c’est l’outil. Le président et son gouvernement transfèrent
sur la réforme sociale ce qui devrait une restauration de nos outils
industriels, financiers et institutionnels : réappropriation de technologies ou recherche
massivement dotée de nouvelles, réorientation et réorganisation de notre
système bancaire, rétablissement de la planification et de ses organes de
concertation, de prévision et de sanction par le Parlement d’autant plus
aisément que coincident, au moins pour le moment, les mandats du président de
la République et de l’Assemblée nationale. Un an pour le délibérer, quatre ans
pour l’exécuter : le Plan, et non d’obscurs conseils d’analyse ou de
stratégie pour la lecture du Premier
ministre, qui n’en pourra mais... Paradoxalement, le président oublie un
diagnostic antérieur, qu’il avait posé comme candidat il y a seulement huit
mois : … la
croissance, pour être durable, a besoin d’investissements à long terme. (…) Le
débat sur les finances publiques est souvent obscurci par le fait qu’il est
plus facile de mesurer la dépense que le retour sur investissement parce que le
cout des maux qui accablent la société est trop diffus pour être aisément
identifiable ou parce que tout simplement il est délibérément ignoré. (…) La
France souffre d’avoir accumulé depuis vingt-cinq ans un énorme retard
d’investissement. [7]
Pas plus que
de notre retour à la compétitivité, nous n’allons traiter du plus récent – et
peut-être le plus grave à terme – de nos maux : le fléchissement de nos
valeurs. Les tests A.D.N. le révèlent tandis que les parlementaires, un moment
hésitant au Sénat, ont obtempéré malgré l’Afrique et la Méditerranée, thèmes du
lyrisme présidentiel, malgré la mise en garde des églises de France, malgré les
manifestations de l’opinion.
Paradoxe de
ces six mois, quelqu’un qui n’est pas orateur multiplie les discours, quelqu’un
dont la « plume » est identifiée et qui livre sa pensée en
avertissant d’enrée qu’il ne lira pas le texte qui lui a été préparé (Epinal,
Sofia, Marrakech…). Que suivre ? les résultats ? ou
l’expression d’une volonté de changer le cours de toutes choses? tant
répétée qu’elle toucherait si l’action ou la lacune politiques devait n’avoir
aucun effet pratique. Paradoxe d’un dire faisant de la confiance et de la concertation
la clé du succès, et d’un faire où la plupart des acteurs ou des sujets se
sentent contraints.
L’explication peut
se trouver dans la conception que
Nicolas Sarkozy se fait de l’élection présidentielle. Selon lui, celle-ci
est le plébiscite d’une manière de voir et d’une manière de faire. Plus
personne n’a le choix, ni lui de se déjuger ou de temporiser, ni les Français
qui ont voté en connaissance de cause.
Il n'y a pas de
dynamisme économique, il n'y a pas de croissance qui ne trouve son origine dans
les mentalités, dans les valeurs, dans les croyances.
Nos blocages sont
d'abord dans les têtes. Ils sont dans les préjugés, dans les a priori, dans le
manque d'audace et, pardon du mot, dans le manque de courage d'une partie des
élites françaises qui pensent que la France est rétive au changement, alors
qu'eux-mêmes n'ont pas eu le courage de le proposer. La France n'est pas rétive
au changement et à la modernité.
Cette rupture je
la crois nécessaire.
Cette rupture je m'y suis engagé.
Cette rupture les Français l'ont approuvée.
Cette rupture je la ferai.
Je ne laisserai personne y faire obstacle.
Je ne laisserai personne l'édulcorer.
Je ne laisserai personne la dénaturer.
Cette rupture je m'y suis engagé.
Cette rupture les Français l'ont approuvée.
Cette rupture je la ferai.
Je ne laisserai personne y faire obstacle.
Je ne laisserai personne l'édulcorer.
Je ne laisserai personne la dénaturer.
Cette rupture je
la conduirai dans le dialogue, dans la concertation, dans la négociation, mais
je la conduirai jusqu'au bout parce que c'est le mandat que les Français m'ont
confié. Je veux parler le langage de la vérité.[8]
disponibles par courriel sur demande :
1°
15 notes sur la campagne et l’élection présidentielles,
rédigées du 12 Novembre 2006 au 8 Mai 2007
2°
journal réfléchi
14 . 20 Mai 2007
Le point de départ
Les commencements
Les contradictions inévitables
Les lacunes institutionnelles
25 Mai 2007
Quelques « grilles de lecture »
Le pouvoir personnel ou « l’homme d’une nation » ?
La sécurité (du pouvoir)
Le concret, le terrain, les urgences : qu’est-ce à dire et à
faire ?
31 Mai . 5 Juin 2007
Nouvelle génération et antécédents consensuels
Une périlleuse prétention
La probation diplomatique
La quadrature du cercle ?
15 . 16 Juin 2007
La manière du candidat ne peut être celle du président de la République
La démocratie de gouvernement
Les débuts de « l’action »
17 . 24 Juin 2007
Déblais…
Une claire distribution des rôles et des stratégies, au pouvoir et dans
l’opposition
La fausse obligation de hâte
Le mode de scrutin pour désigner les députés l’Assemblée Nationale est-il adapté ?
6 . 10 Juillet & 12 Septembre 2007
Notre pays, notre temps, notre monde – banalités ?
Notre pays, notre temps, notre monde – ce qui change
Les paradoxes qui demeurent
Les précédents ne valent que pris dans la période Cinquième République
Concept et pratique de la carrière politique - Logique républicaine et
accélération des dévoiements
Difficulté de l’émergence d’une nouvelle éthique des grands patrons
français
19 Septembre 2007
Des bons points
Des mauvais points
Des indices
Des sujets d’inquiétude
4 Octobre 2007
I – Politique intérieure
tout se répète
la nouveauté : l’organisation du pouvoir
l’ouverture
le risque de saturation
la pierre de touche
la lacune
l’isolement
II – Politique extérieure
le changement vis-à-vis des Etats-Unis
l’abandon de la priorité européenne
15.19 Octobre 2007
Les pièces du puzzle ? ou « les silences du
scenario »
. consacrer quelques premiers mois d’un
exercice du pouvoir par une modification de la Constitution ?
. un fonctionnement à risques quotidiens de l’ensemble du mécanisme élu
ce printemps
. elle aussi sans précédent, la mise en scène en responsabilité
partagée d’une vie de couple
. vis-à-vis de nos partenaires en Europe et de l’entreprise d’Union,
une attitude toute nouvelle et sans précédent depuis les fondations des
Communautés européennes et de la Cinquième République
. c… par-dessus tête en économie et en social
. les contre-pouvoirs qui s’établiront sans octroi du pouvoir en place
3°
In memoriam (méditation personnelle à la
« nouvelle » de leur mort)
Maurice Couve de Murville + 24 Décembre 1999
Michel Jobert + 26 Mai 2002
Jacques Fauvet + 2 Juin 2002
Moktar
Ould Daddah + 15 Octobre 2003
Raymond
Barre + 25 Août 2007
Pierre Messmer + 29 Août 2007
4°
quotidiennement, une méditation courte des
textes du jour de la liturgie catholique
[1] -
traduit du suédois, l’auteur inconnu meurt à cinquante ans d’une crise
cardiaque juste après avoir déposé son manuscrit – 1 . Les hommes qui n’aimaient pas les femmes ; 2 . La fille qui rêvait d’un bidon d’essence
et d’une allumette ; 3 .
La reine dans le palais des courants d’air – De fait, cela vaut les
Ludlum…
[2] - Vous avez fait le choix de l’expatriation momentanément et
j’imagine que ce que cela peut représenter comme intérêt, comme passion, comme
découverte et en même temps comme déchirement. Cela veut dire des amis, une
partie de la famille, des parents, des enfants qui sont restés derrière. J’imagine
que, chaque jour, on doit se poser la question : « Est-ce que j’ai fait le bon
choix ? Est-ce que tout ceci ne me pèse pas ? » Il y a une jeune femme, très
jolie, qui me fait un signe : « non cela ne me pèse pas ». Vous avez rencontré
l’amour ? Félicitations ! Parce que j’imagine qu’il n’y a que cette raison qui
peut faire dire que…
[3] - France SAINT-DENIS (AFP) - 26/10/07 18:39 - Dialogue tendu entre Sarkozy et des cheminots à Saint-Denis
Une semaine
après la grève contre la réforme des régimes spéciaux de retraite, la président Nicolas Sarkozy
s'est invité vendredi dans un centre d'entretien de la SNCF à Saint-Denis pour
une séance d'explication agitée avec des cheminots.
A peine arrivé, vers 08H30, M. Sarkozy a été apostrophé par des syndicalistes CGT, FO, Unsa et Sud.
"Avec vous, c'est +travaillez plus pour gagner moins+", lui lance Cyril Renaut, de la CGT, parodiant le slogan de campagne de M. Sarkozy "Travaillez plus pour gagner plus". Le ton est donné. Il va dominer les discussions durant deux heures.
Les régimes spéciaux, pour lesquels 73% du millier d'employés du site SNCF du Landry ont fait grève le 18 octobre, sont le sujet principal.
"Pas un cheminot ne gagnera moins", promet M. Sarkozy. "Faux. c'est de l'instrumentalisation", lui rétorque le syndicaliste. "Avec votre réforme, on est en train de s'appauvrir", dit-il.
Les syndicalistes évoquant la pénibilité de leurs emplois, des 3X8, des fins de semaines travaillées, de leurs maigres salaires, de leurs inquiétudes sur leur avenir. Le président répond "problèmes de financement des retraites".
"Je ne peux pas croire que vous êtes à ce point inconscients de la réalité. Il faut qu'on cotise plus longtemps" même "si c'est pas marrant à entendre", insiste-t-il.
"On peut tout dire de moi, sauf que je suis un lâche et un hypocrite. Je ne vous prends pas en traître. La réforme des régimes spéciaux, j'avais dit que je la ferais", ajoute-t-il.
"Avec ce que vous faites, on ne va pas être aimables", lance un syndicaliste.
Le dialogue de sourds se poursuit. Chacun campe sur ses positions.
Le président: "je ne céderai pas" sur les régimes spéciaux. "En revanche, je m'engage à ce que personne ne perde de sa retraite en cotisant plus. Votre statut de cheminot, vous le garderez. On peut discuter de tout: la politique de l'emploi et des salaires, la pénibilité, la décote, la date d'application".
Un syndicaliste de Sud-rail lance en allusion à la grève envisagée à la mi-novembre: "C'est la rue qui va parler. On n'arrivera pas à se mettre d'accord aujourd'hui".
Le président à nouveau: "Le choix de la rue dans une démocratie, ce n'est pas un bon choix. Ca montera une partie des Français contre les cheminots".
Après sa visite, M. Sarkozy prend de nouveau la parole, cette fois devant l'ensemble des employés. "En venant ici, je ne choisis pas la facilité. Je ne m'attendais pas à des bravos ou des vivats", dit-il en parlant d'une "modification du dialogue social".
"C'est du bla-bla. Arrêtez de faire des cadeaux fiscaux au patronat. Donnez-les aux travailleurs", lance un représentant CGT.
Fin de partie. Applaudissements, mais aussi sifflets.
"Quand quelqu'un vient vous parler, quel qu'il soit, on ne le siffle pas", lance le président. "Les Français vous regardent. Si vous voulez que les cheminots soient respectés, ne donnez pas une image qui n'est pas la vôtre".
A peine arrivé, vers 08H30, M. Sarkozy a été apostrophé par des syndicalistes CGT, FO, Unsa et Sud.
"Avec vous, c'est +travaillez plus pour gagner moins+", lui lance Cyril Renaut, de la CGT, parodiant le slogan de campagne de M. Sarkozy "Travaillez plus pour gagner plus". Le ton est donné. Il va dominer les discussions durant deux heures.
Les régimes spéciaux, pour lesquels 73% du millier d'employés du site SNCF du Landry ont fait grève le 18 octobre, sont le sujet principal.
"Pas un cheminot ne gagnera moins", promet M. Sarkozy. "Faux. c'est de l'instrumentalisation", lui rétorque le syndicaliste. "Avec votre réforme, on est en train de s'appauvrir", dit-il.
Les syndicalistes évoquant la pénibilité de leurs emplois, des 3X8, des fins de semaines travaillées, de leurs maigres salaires, de leurs inquiétudes sur leur avenir. Le président répond "problèmes de financement des retraites".
"Je ne peux pas croire que vous êtes à ce point inconscients de la réalité. Il faut qu'on cotise plus longtemps" même "si c'est pas marrant à entendre", insiste-t-il.
"On peut tout dire de moi, sauf que je suis un lâche et un hypocrite. Je ne vous prends pas en traître. La réforme des régimes spéciaux, j'avais dit que je la ferais", ajoute-t-il.
"Avec ce que vous faites, on ne va pas être aimables", lance un syndicaliste.
Le dialogue de sourds se poursuit. Chacun campe sur ses positions.
Le président: "je ne céderai pas" sur les régimes spéciaux. "En revanche, je m'engage à ce que personne ne perde de sa retraite en cotisant plus. Votre statut de cheminot, vous le garderez. On peut discuter de tout: la politique de l'emploi et des salaires, la pénibilité, la décote, la date d'application".
Un syndicaliste de Sud-rail lance en allusion à la grève envisagée à la mi-novembre: "C'est la rue qui va parler. On n'arrivera pas à se mettre d'accord aujourd'hui".
Le président à nouveau: "Le choix de la rue dans une démocratie, ce n'est pas un bon choix. Ca montera une partie des Français contre les cheminots".
Après sa visite, M. Sarkozy prend de nouveau la parole, cette fois devant l'ensemble des employés. "En venant ici, je ne choisis pas la facilité. Je ne m'attendais pas à des bravos ou des vivats", dit-il en parlant d'une "modification du dialogue social".
"C'est du bla-bla. Arrêtez de faire des cadeaux fiscaux au patronat. Donnez-les aux travailleurs", lance un représentant CGT.
Fin de partie. Applaudissements, mais aussi sifflets.
"Quand quelqu'un vient vous parler, quel qu'il soit, on ne le siffle pas", lance le président. "Les Français vous regardent. Si vous voulez que les cheminots soient respectés, ne donnez pas une image qui n'est pas la vôtre".
Les Français "savent qu'il faut
réformer", scande Mme Lagarde à New York
La
ministre française de l'Economie Christine Lagarde a affirmé lundi devant la
presse, lors d'un passage à New York, que son gouvernement voulait
"changer la psychologie des Français face au travail" et que ces
derniers voulaient des réformes, tandis qu'à Paris les grèves continuaient.
"Notre priorité est de changer la psychologie des Français face au travail", a-t-elle affirmé, alors que le gouvernement fait face à son premier mouvement social massif.
Lors d'une matinée à New York qui l'a menée du Council of Foreign Relations à Europlace en passant par la French American Foundation, elle a voulu promouvoir l'attractivité de la France pour les investisseurs, tout en adressant quelques messages vers l'autre côté de l'Atlantique, à la veille d'une rencontre avec les syndicats et le patronat français pour le lancement de la conférence sur l'emploi et le pouvoir d'achat.
Elle a ainsi rappelé que Nicolas Sarkozy avait été élu "à une très large majorité" et que "le mot rupture était au coeur de son programme".
Maintenant que le gouvernement mène des réformes, personne ne peut dire "Oh non, je ne savais pas!".
"En 1995, les gens soutenaient les mouvements de grève maintenant ils pensent que oui, il faut réformer" a-t-elle ajouté.
A propos du mouvement débuté jeudi dernier, Mme Lagarde a estimé que "ce qui était critique" était de savoir s'il "allait durer et s'il allait être très fort". Or le mouvement "était moins fort vendredi et moins fort encore samedi", a-t-elle jugé.
Elle a souligné que "la priorité du gouvernement cet été a été de faire que le travail rapporte, d'où notre décision de défiscaliser les heures supplémentaires".
"C'est une première pierre lancée aux 35 heures, et nous allons continuer", a-t-elle affirmé, ajoutant que son gouvernement allait "mettre fin aux allocations chômage de ceux qui refusent deux offres d'emploi valides" et allait aussi "réformer le droit du travail pour réduire les formalités administratives".
"On croit que les Français sont paresseux", a-t-elle poursuivi. "En fait ils sont extrêmement productifs, si l'on calcule sur une base horaire" mais "avec la semaine de 35 heures c'est un peu un problème", selon elle.
Elle a toutefois admis que l'"on ne crée pas des changements du jour au lendemain" et que "le processus de négociations continue".
Parmi les réformes au programme de son gouvernement, elle a fait allusion au rapport de la commission Attali sur la croissance et à la proposition de réformer le secteur de la distribution, aux mesures fiscales pour encourager l'investissement dans les firmes innovantes, au bouclier fiscal fixé à 50% des revenus et qui "fait de Paris une place presque aussi attractive que Londres", selon elle.
"Le nouveau système fiscal Français ne prélèvera pas plus de 40%" des revenus, "si l'on prend en compte tous les impôts", a-t-elle martelé.
Elle a par ailleurs jugé que les retombées en France de la crise financière devraient être "compensées par les mesures sur les heures supplémentaires" et les autres mesures engagées.
Se refusant à commenter le niveau de la monnaie européenne face au dollar, au lendemain d'un G7 Finances dont le communiqué final n'a fait ni mention du billet vert ni du yen, la ministre s'est bornée à dire que sur les questions de changes, les choses avancent "un pas à la fois. Il faut obtenir un consensus. Sur le yuan il y avait un consensus".
L'euro a atteint un nouveau record face au dollar à 1,4347 dollar lundi, dans la foulée du G7.
Enfin, la ministre a noté que la politique française s'était "clairement durcie" sur l'Iran: "nous avons pris des mesures en ce qui concerne le secteur de la finance afin d'augmenter la pression" économique face à Téhéran, affirmant que sur les sanctions économiques, Paris et Washington étaient en phase.
"Notre priorité est de changer la psychologie des Français face au travail", a-t-elle affirmé, alors que le gouvernement fait face à son premier mouvement social massif.
Lors d'une matinée à New York qui l'a menée du Council of Foreign Relations à Europlace en passant par la French American Foundation, elle a voulu promouvoir l'attractivité de la France pour les investisseurs, tout en adressant quelques messages vers l'autre côté de l'Atlantique, à la veille d'une rencontre avec les syndicats et le patronat français pour le lancement de la conférence sur l'emploi et le pouvoir d'achat.
Elle a ainsi rappelé que Nicolas Sarkozy avait été élu "à une très large majorité" et que "le mot rupture était au coeur de son programme".
Maintenant que le gouvernement mène des réformes, personne ne peut dire "Oh non, je ne savais pas!".
"En 1995, les gens soutenaient les mouvements de grève maintenant ils pensent que oui, il faut réformer" a-t-elle ajouté.
A propos du mouvement débuté jeudi dernier, Mme Lagarde a estimé que "ce qui était critique" était de savoir s'il "allait durer et s'il allait être très fort". Or le mouvement "était moins fort vendredi et moins fort encore samedi", a-t-elle jugé.
Elle a souligné que "la priorité du gouvernement cet été a été de faire que le travail rapporte, d'où notre décision de défiscaliser les heures supplémentaires".
"C'est une première pierre lancée aux 35 heures, et nous allons continuer", a-t-elle affirmé, ajoutant que son gouvernement allait "mettre fin aux allocations chômage de ceux qui refusent deux offres d'emploi valides" et allait aussi "réformer le droit du travail pour réduire les formalités administratives".
"On croit que les Français sont paresseux", a-t-elle poursuivi. "En fait ils sont extrêmement productifs, si l'on calcule sur une base horaire" mais "avec la semaine de 35 heures c'est un peu un problème", selon elle.
Elle a toutefois admis que l'"on ne crée pas des changements du jour au lendemain" et que "le processus de négociations continue".
Parmi les réformes au programme de son gouvernement, elle a fait allusion au rapport de la commission Attali sur la croissance et à la proposition de réformer le secteur de la distribution, aux mesures fiscales pour encourager l'investissement dans les firmes innovantes, au bouclier fiscal fixé à 50% des revenus et qui "fait de Paris une place presque aussi attractive que Londres", selon elle.
"Le nouveau système fiscal Français ne prélèvera pas plus de 40%" des revenus, "si l'on prend en compte tous les impôts", a-t-elle martelé.
Elle a par ailleurs jugé que les retombées en France de la crise financière devraient être "compensées par les mesures sur les heures supplémentaires" et les autres mesures engagées.
Se refusant à commenter le niveau de la monnaie européenne face au dollar, au lendemain d'un G7 Finances dont le communiqué final n'a fait ni mention du billet vert ni du yen, la ministre s'est bornée à dire que sur les questions de changes, les choses avancent "un pas à la fois. Il faut obtenir un consensus. Sur le yuan il y avait un consensus".
L'euro a atteint un nouveau record face au dollar à 1,4347 dollar lundi, dans la foulée du G7.
Enfin, la ministre a noté que la politique française s'était "clairement durcie" sur l'Iran: "nous avons pris des mesures en ce qui concerne le secteur de la finance afin d'augmenter la pression" économique face à Téhéran, affirmant que sur les sanctions économiques, Paris et Washington étaient en phase.
[5] - Notre prospérité future
dépend de notre capacité à réduire les dépenses du passé pour accroître nos
dépenses d'avenir. C'est pourquoi j'ai décidé que toutes les dépenses de
recherche seraient désormais prises en compte dans le calcul du crédit d'impôt
recherche, je dis bien toutes. Je me suis d'ailleurs intéressé au système qui
existait avant, j'ai compris pourquoi cela ne marchait pas. Il faut être polytechnicien,
sorti dans la botte, pour comprendre les dépenses qui étaient éligibles de
celles qui ne l'étaient point. Désormais, c'est simple, tout sera éligible. Par
ailleurs, j'ai décidé que le taux de défiscalisation des dépenses de recherche
sera triplé. Et en plus du triplement, la première année, pour encourager les
entreprises, il y aura une majoration de 50%. Que les choses soient claires,
les entreprises qui veulent investir dans la recherche, nous allons les aider à
fond. Mais cela ne suffit pas. Je veux aussi que les procédures soient
simplifiées.
Je ne peux pas accepter qu'il faille six
mois à l'administration fiscale pour dire si un programme de recherche est ou
non éligible. Je ne peux pas accepter non plus que la procédure soit tellement
compliquée et tellement aléatoire qu'elle décourage les entreprises d'y
recourir ou qu'elle les place en insécurité juridique. Je veux en finir avec
cette situation ubuesque où les mesures prises pour aider les entreprises
deviennent pour elles des sources de difficultés et de risques supplémentaires,
du fait de certaines pratiques de l'administration fiscale. Comme si
l'administration cherchait à reprendre d'une main ce que le législateur avait
donné de l'autre. devant l’université d’été du MEDEF, 31 Août
[6] - C’est le travail qui crée le travail. C’est
le travail qui crée la richesse, le bien-être, le sentiment de l’utilité
sociale, l’estime de soi. On ne sortira par le haut de la crise française qu’en
revalorisant le travail.
Je suis convaincu que la revalorisation du
travail est la clé de notre avenir. Je veux en fairte la priorité et me critère
de toutes nos politiques publiques. Ce n’est pas seulement un problème
technique, un problème écnomique, c’estr aussi, c’est d’abord un problème
moral, un problème de valeur, un problème humain et social, et même, au final,
une question de civilisation.
La politique que je propose est d’abord un
choix moral. Le principe de ma politique c’est la récompense de l’effort, du
mérite, du risque, c’est les moyens donnés à tous les talents pour s’épanouir,
c’est l’égalité des chances, c’est la possibilité pour celui qui a échoué de
recommencer.
Les leviers de cette politique sont dans les
salaires, dans la fiscalité, dans le budget, dans la monnaie, dans les
conditions de travail, mais aussi dans la protection sociale, dans l’école,
dans la formation… Mais elle doit commencer par un pacte de confiance entre le
monde du travail et la nation.
Ensemble (XO Editions . Mars
2007 . 159 pages) pp. 127 & 128
[7] - ibid. op. cit. pp. 70 & 126
[8] - devant l’université
d’été du MEDEF, 31 Août
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