jeudi 30 juillet 2015

Inquiétude & Certitudes - jeudi 30 juillet 2015



Jeudi 30  Juillet 2015

Temps gris. Nos deux derniers jours ici. Décapage dont je sais seulement qu’il se fait, mais dont je ne connais ni l’orientation ni le résultat… La vie, la vie des autres, d’autres. Deux récits hier après-midi. Point commun, la recherche et la grâce de la stabilité, sans doute dans les relations les plus affectives et intimes, mais plus encore dans une vocation originelle, quelque temps ou longtemps impraticable, finalement trouvée ou retrouvée, rendue. Se vivant sans s’énoncer en de tels termes et se recevant selon des formes inattendues mais particulières, personnelles. N’est-ce pas aussi : mariage tardif, carrière brisée, paternité heureuse, foi de naissance toujours vivante (du moins je l’espère, le crois et le demande : foi = relation à Dieu et conscience de Sa présence toute puissante et toute lucide en nous)… ce qu’il m’est donné de vivre. Images de ces jours-ci, un mariage religieux, la bénédiction par avance, l’enfant, nos neveux, nous-mêmes ma chère femme et moi, il y a onze ans. Les maïs, le long de la route Strasbourg-Sélestat, notre arrêt forcé : nous l’avons échappé belle. Les vignes à l’aller. La pleine lune et les accidents d’auto. Le changement heureux dans l’humeur de mon beau-frère : du coup de quelque chose à son éveil avec bras d’honneur à sa sœur le matin, à son engouement amnésique pour notre retour tardif en taxi. Ses leçons au notaire, puis pour moi les facteurs, degrés et nature d’usure des pneus. La politique, c’est-à-dire la relation entre nous tous dans notre pays et celles et ceux que nous déléguons, cf. ROUSSEAU, VOLTAIRE, SAINT-SIMON (modernité des XVIIème et XVIIIème siècles à la manière des audaces des Pères de l’Eglise, quand on ose penser par soi-même, hors institutions et en se réappropriant tout autrement que reçu des dogmes et des vérités) : la conversation-dialogue de la sœur de notre dépanneur faisant le taxi. Chaque jour, un patient vers sa radio-thérapie et retour. Nous par accident, et ainsi de suite, tout y a passé : de 2017 aux éleveurs, au financement des mises à jour autoroutières, à la discussion du ferro-routages, aux solutions suisses ou allemandes. J’ai récité nos présidents depuis 1959, c’est-à-dire depuis 1940. Frère et sœur dans l’automobile, sans enfant ni l’un ni l’autre. Jugement du garagiste alsacien sur le breton, et nous à l’écoute tandis que notre fille endormie devenait de plus en plus une jeune fille.
Les saints et martyrs que se reconnaît l’Eglise, je les suis avec de plus en plus d’admiration pour cette diversité et cette ténacité dont on ne peut démêler si elles sont de l’homme ou de Dieu, sinon que cela forme fruit et enseigne. Evolution des traductions : l’arche d’Alliance, la Tente, la Demeure, le Témoignage, l’image demeure seule avec sa leçon, proximité d’un Dieu qui nous oriente [1] : la Nuée guidant les Hébreux dans leur exode depuis l’Egypte. Et constamment au-dessus de l’arche, celle-ci organisée selon des prescriptions détaillées données par Yahvé à Moïse. A chaque étape, lorsque la nuée s’élevait et quittait la Demeure, les fils d’Israël levaient le camp. Si la nuée ne s’élevait pas, ils campaient jusqu’au jour où elle s’élevait. Dans la journée, la nuée du Seigneur reposait sur la Demeure, et la nuit, un feu brillait dans la nuée aux yeux de tout Israël. Et il en fut ainsi à toutes leurs étapes. Quand nos vies s’éveillent à ce qu’est notre Exode à chacun et à tous ensemble vers l’éternité, que nous comprenons les étapes et les signes de Dieu en nos existences, en celle des autres. Ces deux amis hommes – leur handicap physique et la douleur quotidienne, leur combat respectif…  l’itinéraire du psalmiste : mon âme s’épuise à désirer le parvis du Seigneur… Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur ! … Oui un jour dans tes parvis en vaut plus que mille. J’ai choisi de me tenir sur le seuil, dans la maison de mon Dieu. Discernement qu’il nous est donné de Dieu dans nos vies, selon Son propre discernement en nous. On ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien…  comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. Ainsi soit-il aujourd’hui !

matin

Taxi retour au garage de Dambach-la-Ville, pied des Vosges et route des vins, pour le cadeau d’anniversaire de ma chère femme : un train de quatre pneus neufs (Michelin, entrée de gamme…). Un étranger d’origine, mais à l’excellent français. Question et un véritable, par bribes et phrases aisées et sobres, cours d’université. Selman est kosovar. Père dans le petit immobilier à Pristina. Parti en 1999 avec sa femme, deux mois en Suisse,  arrivé ici, une tante déjà en France, entreprise de taxi à Strasbourg. Considérations sur les investissements le long de la côte monténégrine, le sable plus fin et plus blanc à mesure que l’on descend vers le sud. Grands parents, le père musulman, la mère catholique. Tolérance et mixité religieuses, au contraire de la Bosnie-Herzégovine. Mais ruine économique depuis la guerre par l’adoption de fait de l’euro. comme monnaie. Stabilité politique relative, mais instabilité alentour : Macédoine en particulier, Serbie aussi, tenant essentiellement à une rivalité très sensible entre Américains et Russes. Inexistence de l’Union européenne en géostratégie dans les Balkans. Albanie sans revendication territoriale, arriérée, mais l’albanais est la langue courante au Kosovo et dans les deux-tiers de la Macédoine et au-delà. Jeune et plus qu’athlétique. Je lui conseille de faire des études en sus de son entreprise qui a plusieurs employés. – Comme le plus souvent, ce genre de rencontres m’apprend plus que des conférences livresques ou des livres-essais non vécus. La géographie n’est pas anthropologie mais vie sur place. Elle est l’étude de l’homme fait par les paysages et les ressources potentielles. L’histoire est le récit des mises en œuvre, et des batailles autour de ce qui réussit.

soirée

Chaines parlementaires. Le Sénat. Montage d’une série de quelques mois avec la succession de quelques-uns des ministres de l’Intérieur (sauf Sarkozy), mais Chevènement, Joxe, Pasqua, Hortefeux, Jean-Louis Debré, Alliot-Marie et finalement Valls par contraste et alors place Beauvau. Lui à ses quarantes ans et Alliot-Marie très bien « conservée », mais les autres à faire peur, d’autant que par dérision ? ils sont filmés, le visage et même des parties de visage en très gros plan. Tous affreux, peau malsaine, boutons. Hortefeux, albinos et glabre. Joxe, pourtant devenu une autorité morale est tuméfié et aussi poilu plus qu’un sanglier. Chevènement, le visage d’une vieille dame de Faizant, etc… La fraicheur relative de Valls met en évidence le vide de son texte. Les yeux sont alors moins ceux d’un drogué (les yeux aussi de Sarkozy, fréquemment) que maintenant, trop vifs, trop brillants et au total : inexpressifs. Son expression fera-t-elle balle : la gauche, c’est l’ordre. Macron avait eu une formule du même tonneau : être de gauche, c’est réussir.

Justement, le ministre de l’Economie sur Areva, dont toute la partie centrales nucléaires et production est reprise par EDF. Son dire aux journalistes est encore plus flou que ceux de Montebourg, et il ne s’agit que très vaguement d’études diverses et de prises de responsabilités, alors que le sujet est à l’ordre du jour publiquement depuis un an et sans doute sur la table des gouvernants depuis plusieurs années, et le premier scandale des mines-bidon achetées à prix d’or en Afrique du sud-ouest. Une dette ou un déficit de 7 milliards d’euros a des causes : personne ne les dit publiquement. L’occasion d’une entente Areva-Siemens, marquant enfin un vouloir industriel proprement européen, est une fois de plus manqué. Lacune de la politique française depuis au moins vingt ans. L’autre, éclatante, c’est la faiblesse de nos dirigeants de grandes entreprises : aucune capacité ni stratégique ni financière, ce ne sont que des gens s’engraissant et préparant licenciements et mises de la clé sous les portes. Je caricature évidemment mais nos grands groupes en services ou en industrie ou en production sont quand même cela, au lieu d’un très grand patronat, d’origine souvent familial ou sachant recruter dans l’esprit de la fondation initiale, des directeurs sans libido et gratifiés principalement par l’honneur de diriger.

Scandaleusement, encore une fois et sur le sujet le plus propre à chacun des Français : son nom, le nom de son origine, de ses lieux de vie, le respect de sa tradition, de ses héritages, de son regard sur lui-même. Donc, re-le solo présidentiel, sinon de quelques gouvernants autour de Hollande, va « dévoiler » le nom et la ville chef-lieu des nouvelles régions. Pour un Alsacien, ce ne peut pas même être la Lotharingie. Imposer des noms, fabriquer des identités… décider toujours sans consultation. Et pour des sujets ne requérant ni urgence ni économies. Cela et la liaison Gayet ont rendu pour Hollande impardonnable. Patrimoine industriel bradé, pénétration des capitaux étrangers les plus douteux et les plus contraires à toutes nos formes de pensée et de société, ratage complètement du passage du marché commun agricole à autre chose…: et pas même un peu de consultation, de démocratie, d’égards envers les citoyens, dépouillés même de leurs mémoire et identité (les plaques minéralogiques, les nouvelles régions).

La Grèce. D’abord la démocratie, un parti radical est élu, novation totale en Europe. Puis une négociation où la démocratie peut l’emporter sur les dogmatiques, d’autant que la France a tout intérêt à faire bouger l’Allemagne et que les recettes du pacte budgétaire sont même désavouées par le FMI, qu’enfin les Grecs ont été abusés pendant des années par le système financier international et les banques qui l’ont monté et continuent de narguer les gouvernements tout en se faisant goberger par la Banque centrale européenne… Puis un referendum tandis qu’en secret se prépare l’éventualité d’un échec des négociations. Le referendum confirme et amplifie le vote de Janvier : non, à l’anti-logique européenne. Mais exactement comme la France en 2005, ce non au contraire amène Tsipras à l’ennemi. La Grèce passe sous les fourches caudines, son parlement entérine quitte à ce que la majorité change de couleur. Maintenant, fin du fin, nouveau referendum mais à l’intérieur du parti puis congrès de ce parti, le tout pour avaliser exactement le contraire de ce pour quoi le peuple grec lui a donné le pouvoir. Avec Hollande, la trahison a été plus feutrée et surtout n’a pas cherché à être avalisée, légitimée. Quelle honte. – L’Europe actuelle mérite de ne toujours pas exister. Elle s’est donnée pendant cinquante ans le prétexte de l’hégémonie ou de la fascination américaines. Maintenant, ce n’est qu’elle-même son propre prétexte. L’Europe a inventé la démocratie, c’est son arme principale pour rivaliser avec la Chine et la Russie : économie, financiers, territoire, mais elle en devient le contre-exemple, pas seulement par la manière dont elle cède aux extrêmes (ses extrêmes) sans jamais dialoguer d’ailleurs avec celles-ci : les migrants, les immigrants, nos racismes. Quel beau jeu pour les adversaires de l’Europe. Quel désespoir pour ses citoyens… l’Europe changerait tout.. si elle était elle-même ; pour l’heure, elle est sa propre tombe, elle fabrique quotidiennement son empêchement.

Leçon de ce matin, les camions remontant de Colmar vers Strasbourg, immobilisés et tassés sur trente kilomètres. L’éco-taxe en Allemagne, pas chez nous : donc, détournement et concurrence fiscale. Résultat pour l’argent : la pollution et évidemment le mal-être des salariés au volant, le plus souvent selon notre ami de ce matin, des Polonais embauchés par les Français et les Allemands, salaire moyen de 400 euros/mois… Ecologie : le transport par chemin de fer n’est toujours pas pratiqué depuis vingt-trente ans qu’on en parle, alors que les grands axes de l’ouest-européen et le massif alpin y sont si propices. Les transports par autocar à bas coût pour une SNCF élitiste quoique n’investissant plus depuis peut-être trente ans, les faux TGV… le contraire d’une transition énergétique. L’automobile continue partout, le train recule.



[1] - Exode XL 16 à 38 passim ; psaume LXXXIV ; évangile selon saint Matthieu XIII 47 à 53

mercredi 29 juillet 2015

Inquiétude & Certitudes - mercredi 29 juillet 2015


Mercredi 29  Juillet 2015

La nature humaine… cette chasse au lion pour 50.000 euros la tête détachée, le roi de la réserve kenyane, attiré au dehors, blessé d’une flèche, la baleine au harpon remorquant ses bourreaux, puis ses quarante heures de fuite et de désespérance, d’épuisement. Ce qui me fait ne pas « aimer » les écologies d’en ce moment, c’est qu’elles sont anthropocentriques et économétriques, l’argent et le confort humain, pas du tout la solidarité planétaire avec tout le vivant, les végétaux, les arbres et nos frères et sœurs d’âmes : les animaux. Quand on ne vit pas avec des animaux, on passe côté de la vie et on n’a de soi-même qu’une conscience tronquée et égoiste, car l’amour et la reconnaissance, gratuits, fidèles et constants, c’est l’animal, c’est aussi la plante que l’on soigne et taille, c’est le jardin, le parc, la forêt entretenus. Nos cathédrales en sont les paraboles, l’ « accusé de réception » par leur architecture, les colonnades et les arc-boutants, la statuaire. Nature humaine… mon cher B. recroquevillé dans sa solitude et sa souffrance, une sensibilité de grand brûlé (j’imagine…) ne sachant sur quel côté de soi reposer un peu, ses expressions constantes : chacun n’ayant que soi, chacun dans sa m…, chacun… chacun… comme si personne ne l’avait rencontré, ne lui avait tendu la main. La mauvaise humeur, le pied trainant, le bougonnement sans trêve, comment être pour lui et avec lui ce qui serait… ? Nature humaine, hier, Tony C., le récit de la montée au royaume inca., son cadeau rapporté pour moi de là-bas, la dédicace qu’il m’y donne et par sa confiance également intellectuelle notre échange d’histoire et de géo-stratégie sur la Turquie et ses environnements de passé et de géographie.
Marthe et Marie, pas la vie facile. Le premier accueil, à la lecture de Luc [1], n’introduit pas du tout à Marie-Madeleine, à la prostituée ou la grande pécheresse qui parfume le supplicié et d’avance le ressuscité qu’elle chercha à étreindre. L’assimilation des deux Marie pour un seul personnage ne m’a jamais convaincu. Lire là-dessus. Le commentaire sur la vie contemplative, la meilleure part :elle ne lui sera pas retirée, est éthéré. Un monastère, une communauté vraie travaille autant qu’elle prie et qu’elle dort, les trois huit. La prière et certaines femmes et certains hommes changent le monde et vainquent tout. Samuel PISAR et son âme… cette femme ou cette mère de prisonnier des nazis qui va supplier la mère de HIMMLER, laquelle chaque matin est à la cathédrale de Munich pour de vraies dévotions (Munich, mais je n’en suis pas sûr, la dévotion chrétienne en revanche, : oui… la médaille de baptême dont se couvre et se targue POUTINE… la revendication de son propre baptême par JARUZELSKI… à ma confidence sur mon projet matrimonial d’alors, la réponse de Jean Paul II : ah ! elle est communiste, alors elle sera fidèle). C’est Marthe qui est naturelle et fiable : elle au tombeau de son frère et disant au Christ, à l’ami, ce qu’elle vit et ce qu’elle pense. Dès la première rencontre, qui est d’accueil, aussitôt et originel, elle est ainsi. Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison (d’ordinaire les accueils sont d’hommes, et généralement de bonne position, de Matthieu aux si nombreux pharisiens… Nicodème ne reçoit pas mais vient à domicile). Elle est naturelle comme l’est Paul, l’Apôtre : que votre amour soit sans hypocrisie… partagez avec les fidèles qui sont dans le besoin et que votre maison soit toujours accueillante… Seigneur, cela ne te fait rien ? Ma sœur me laisse seule à faire le service. C’est le mot des disciples quand la barque va couler et que Jésus, après une grosse journée, dort à l’arrière, sur le coussin… Nous sommes perdus, cela ne te fait rien ? La réponse de Jésus est décevante pour Marthe, étonnante pour les disciples (la tempête apaisée, le vent et la mer aux ordres du Messie), mais définitive quand Marthe est venue à l’essentiel, l’acte de foi, la résurrection de Lazare son frère. Saints du Seigneur, adorez-le.

Quoique « chef » de notre diplomatie depuis trois ans trois mois, Laurent Fabius n’a aucune idée de la chose. Aller à Téhéran après s’être targué d’avoir été plus dur que les Etats-Unis sur le nucléaire iranien… est déjà une mission en contradiction avec tout sentiment et toutes attaches. Y aller en demandeur est pire. La diplomatie, c’est de savoir attendre d’être demandé et de faire en sorte de l’être, puis même d’être nécessaire et décisif. Ce n’est pas affaire parlotte, encore moins d’escortes ppur les « fabuleux contrats ». L’expression date précisément du début des années 1970, au temps de Reza Pahlavi et il s’agissait du métro. Nous sommes ridicules et méprisables. Même si quelques « affaires » se font, nous serons fondamentalement passés à un plan très secondaire alors que nous fûmes décisifs dans les années 1960.

Jean-Marie Le Pen ne pourrait mieux servir sa fille qu’en la contestant. Ainsi peut-elle faire accroire qu’elle en est différente. Le voici gagnant en appel, indéboulonnable, nécessaire en repoussoir pour l’ensemble de la politique française dont il est l’axe depuis 1985.

37.000 migrants capturés en tentative de passer de Calais à Douvres depuis le début de l’année : tableau de chasse. Images de Calais, gros plans sur les barbelés. Renforts de police comme sous-titres, le Premier ministre britannique, qui vient de l’échapper belle aux dernières élections, joue les magnanimes et offre sa coopération aux Français. Hier sous pression de la Commission européenne pour que circulent les produits plus « compétitifs » et prisés par nos grandes surfaces, que ceux de nos agriculteurs, et ce soir sous pression des Britanniques. L’ensemble est la honte la plus stigmatisante pour l’Europe. Dominée en négociations multilatérales par les Etats-Unis depuis le « Kennedy round », donc depuis plus de cinquante ans, incapable d’une défense ou d’un maintien de la légalité internationale sur son propre continent (guerres yougoslaves, annexions russes), l’Union européenne est-elle de même nature que la Russie et la Chine ? à mépriser les droits de l’homme parce qu’il ne s’agit pas de ses ressortissants mais de ses électeurs ? ressortissants ou migrants ? électeurs extrêmistes ou démocrates ?

La France qu’enlaidissent ceux qui la gouvernent.


[1] - Paul aux Romains XII 9 à 13 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Luc X 38à 42

mardi 28 juillet 2015

Inquiétude & Certitudes - mardi 28 juillet 2015



Mardi 28  Juillet 2015

Télévision hier après-midi, nous enchaînons trois Agatha CHRISTIE, et j’y ajoute le soir un « navet » mais aux passionnants acteurs : une histoire confuse de maître chanteur qu’assasssine FUNES, dont le cadavre est cimenté par GALABRU et sur qui enquête Bernard BLIER. Suite avec une rétrospective des foules en bord de route pour le Tour de France depuis 1903, sensations de l’intense prouesse physique et mentale pour les coureurs quasiment immergés dans la foule, les président depuis le quasi-anonymat du Général au salut de la main plus que magnifique, à la prestance souveraine et tranquille de FM et aux satisfactions de NS puis de FH véhiculés comme des paquets mais souriant d’être vus, seul oublié VGE qui avait inauguré d’entrer dans la photo.du vainqueur de la « grande boucle ».
La mémoire du poisson rouge… quelques secondes… notre chère tante à qui nous montrons sur écran d’ordinateur des photos du mariage de samedi ne se reconnaît pas même sur son lit la veille et il ne se passe pas de minute sans qu’elle nous demande la date de notre départ, mais elle répète avec profondeur le plaisir que lui cause notre visite. Ma chère femme se domine pour ne pas s’effondrer.
Les nouvelles par les D.N.A. : la Turquie se f… de tout, adhésion à l’Europe, daech, rôle de la Russie récupérant en propre la mer Noire pourvu qu’elle supprime les Kurdes. Ou plutôt une Turquie, celle de 1915 et celle de l’enlèvement d’OCALAN. Car il y en a une autre. Mais laquelle et comment ? une adhésion il y a trente ans l’aurait sans doute fait surgir. La mosquée Al Aqsa… imprudences, provocations ?que la piété conduise quasiment systématiquement aux massacres…
Sainteté, canonisations, tant de religieux et de prêtres, la guerre civile espagnole «  à l’honneur » ces temps-ci, l’Extrême-Orient en tous siècles…  j’aimerais aussi que des femmes de ménage, des clochards, des sans-voix soient donnés en exemple, et pourquoi pas nos vénérations personnelles et quelques jours de l’année dédiés aux saints inconnus. Sauf de Dieu et de quelques âmes et cœurs qui furent leurs contemporains ou qui à travers les siècles les ont mystérieusement identifiés par la prière et selon l’Esprit Saint. Et peut-être même des témoins de Dieu et de Son œuvre en nous, sans « appartenir » ni à la catholicité ni même à aucune religion, mais… à l’évidence, des gens de Dieu parmi nous.
Prier… calme et amour… responsabilité de soi et des autres, qui eux-mêmes ou elles-mêmes me portent tout autant. Chacun se tenait à l’entrée de sa tente et suivait Moïse du regard jusqu’à ce qu’il soit entré. Au moment où Moïse entrait dans la Tente – on l’appelait tente de la Rencontre – la colonne de nuée descendait, se tenait à l’entrée de la Tente, et Dieu parlait avec moïse… Le Seigneur parlait avec Moïse face à face, comme on parle d’homme à homme. pEviudemment, notre parenté d’ascendance avec les musulmans – puisse-t-elle produire un jour notre alliance pour que le monde change et retrouve l’inspiration – le Seigneur proclama lui-même son nom qui est : le Seigneur. Il passa devant Moïse et proclama « Le Seigneur, le Seigneur, Dieu tendre et miséruicordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité… ». [1] Il met loin de nois nos péchés ; comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint. Dialogue de Moïse avec Yahvé, sur le Sinaï, les quarante jours là-haut, ceux de Jésus au désert, ceux de tous les Carêmes et Ramadans. Les tables de la Loi. La rigueur. Dieu ne laisse rien passer. La prière de Moïse, les débuts de toute liturgie, la procession d’un seul au nom de tous, la confession des péchés et la demande d’absolution : daigne marcher au milieu de nous. Oui, c’est un peuple à la nuque raide ; mais tu pardonneras nos fautes et nos péchés et tu feras de nous ton héritage. Cette hérédité dans le péché et la parabole de l’ivraie dans le champ. Fresque intense, multiplicité des rôles, des destins, des décors et des moments. Manifestation centrale du Christ : le Fils de l’homme enverra ses anges et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal. Tendresse et miséricorde certes, mais rigueur du discernement divin en nous. Processus, manichéisme que je n’ai pas à particulièrement réfléchir, sinon en termes de responsabilité de moi-même et de solidarité entre tous, notamment à travers le temps et les générations.

Un gouvernement s’organisant bien et correspondant à une véritable identité politique ne serait pas soupçonné à chaque « réforme » ou même simple changement de présentation, de vouloir nuire aux salariés : organisé un gouvernement où se présentent comme en concurrence diverses lois à adopter pour le numérique en économie, en droit du travail, où se propose isolément un projet de loi sur le vieillissement et la perte d’autonomie qui devrait au contraire être le fait de plusieurs administrations. Cette flopée de secrétaires d’Etat thématiques et ayant chacun un texte à produire pour justifier le portefeuille distinct. Dans cette ambiance, réforme à Pôle Emploi, qui a permis ce mois-ci de réduire de plus de 10.000 demandeurs nouveaux à seulement 1.500. Présentation nouvelle des bulletins de paye, soi-disant plus lisibles selon le gouvernement, ne permettant plus de contrôle les points éventuellement contestables comme les droits à la retraite. En sus, une évidence aucun des textes du gouvernement actuel, en économie et en droit du travail, n’est concerté avec les syndicats. Apparition subreptice d’un distingo : la nouvelle économie se substituant soi-disant à l’avantage de tous à l’économie ancienne. De plus en plus nettement et vite, la disparition du droit du travail. – Travaillant à la Poste, mon beau-frère relève le nombre croissant dans les centres de tri d’intérimaires proposés par des agences tells qu’Adeco. Pour travailler trois quatre heures, de pauvres bougres font des kilomètres et des heures de transport. Exténuer les gens, les désespérer.

Trompe-l’œil : la reprise « spectaculaire » de Caddie depuis son rachat et une adaptation au marché (ce que ne voulait pas la fille du fondateur : des caddies plus maniables et plus légers) : vg. une commande pour Le Caire. Les contrats de Thalès pour le métro de Londres.

Le vrai problème est clairement posé ce soir : l’extension à tout le pays des manifestations agricoles et des blocages de voirie, notamment dans l’Est où je me trouve, la A 4, la Moselle entière, la descente de Strasbourg à Colmar, et aussi le saccage de cargaisons allemandes ou espagnoles nous mettent en contradiction formelle avec le traité de l’Union. La libre circulation. Donc, une mise en demeure de la Commission : assurer cette liberté. Les reports d’échéances en trésorerie et les représentations gouvernementales aux banques dédiées au secteur agricole sont complètement inopérantes, pas seulement par manque d’autorité. Le Marché commun est à reconstruire, vg. les fermes aux mille vaches seraient courantes en Allemagne et sont interdites en France, cf. la baie de Somme. Nous avions dix ans de préavis, et cinquante ans d’expérience ce qu’il faut faire ou ne pas faire. En quelques mois, destruction de l’agro-alimentaire en Bretagne au profit de l’Allemagne : un comble, et manifestations agricoles comme pas depuis vingt ans.

Front national : la cour d’appel de Paris devait décider cet après-midi sur la validité ou pas du congrès devant décider la suppression de la présidence d’honneur (détenue par Jean-Marie Le Pen). Débat déjà compliqué quand il s’agit de déboulonner de l’intérieur le fondateur émérite, mais ici c’est la bataille fille/père…



[1] - Exode XXXIII 7 à 11 & XXXIV 5 à 28 passim ; psaume CII ; évangile selon saint Matthieu XIII 36 à 43

lundi 27 juillet 2015

Inquiétude & Certitudes - lundi 27 juillet 2015


Lundi 27  Juillet 2015

Habité par la vie entière, ma propre existence jusqu’à ce jour tellement gratifiée, celle que je ressens des autres notamment pendant ces quarante-huit heures de mariage dans ma belle-famille si diverse de visages, de compositions et recompositions de couples, d’enfances plus que merveilleuses et attirantes : des portraits par dizaine et à écrire après les centaines de photographies que j’ai « prises »… habité par l’amour confiant et heureux de ma chère femme aux multiples attentions et aux multiples souverainetés et splendeurs, amour de notre fille, son visage à touche-touche du mien à mon éveil, nous trois dans l’immense lit nuptial de mes beaux-parents et où font conçue ma chère femme. Hier, la cathédrale bijou rose-gris-marron-rouge foncé, la cathédrale du cœur et du symbole, la cathédrale de France parce que tellement frontalière à tous égards et ne pas nous savoir, nous Français, à chaque génération et à chaque moment de l’Histoire, de plus en plus frontaliers sur tous les sujets et à tous les points de vue, c’est nous manquer à nous-mêmes, et peut-être nous perdre par distraction de ce que nous sommes et devenons… la messe impossible ou presque à célébrer dans l’organisation actuelle du lieu, le chœur gigantesque et trop élevé, trop de degrés pour les célébrants, trop de distance avec les participants et une homélie de même, la voix mal placée, le thème inadéquat (une exhortation à lire d’affilée l’épître aux Ephésiens car toute lettre se lit entièrement et non par extraits … soit ! mais l’ingéniosité de nos liturgies depuis deux siècles, ce sont bien ces mises en relation de fragments priants de nos deux Testaments ou Alliances)… Pourtant… dehors les statues de tous nos prédécesseurs, de nos déviances aussi, et, dedans, au transept sud, la colonne des anges sans pareil dans le monde et la statuaire  chrétiens. Habité enfin par les anniversaires que je souhaite, par ce paysage semi-urbain devant moi : tuiles, frondaisons, clocher, juste au-dessus de ce clavier, et par le souvenir de nos lieux bretons et de qui les habitent, nos chers chiens qui attendent mais ont la visite quotidienne de Gwendo., la fée de cœur et de tendresse pour eux et pour nous, habité par le souvenir des miens, habité par celui de mes beaux-parents… L’incitation à penser mieux, à écrire vraiment. L’incitation à me reprendre de corps, les dix-quinze kilogs à perdre. L’incitation, sans me croire…, à maintenant travailler pour cette mission de prise de conscience et d’organisation, d’occasion à offrir à tout compagnon, toute compagne de cet éveil, que je crois vitalement nécessaire à notre pays…
Prier… ces montées et descentes de Moïse, la question cruciale des commandements pour l’alliance avec Dieu et le discernement humain, l’idole, le péché, l’intimité avec Dieu, Sa prise en charge de nous tous, tout un chacun, et tout ensemble. Mon ange ira devant toi [1]Dieu a décidé de les détruire. C’est alors que Moïse, son élu, surgit sur la brèche, devant lui, pour empêcher que sa fureur les extermine. Abraham, Moïse, le Christ, les saints, tant d’intercesseurs voulus et choisis par Dieu, dociles à Lui. Ah ! si tu voulais enlever leur péché ! Ou alors, efface-moi de ton livre, celui que tu as écrit – Celui que j’effacerai de mon livre, c’est celui qui a péché contre moi. Va donc, conduis le peuple vers le lieu que je t’ai indiqué, et mon ange ira devant toi. Les lieux comme une direction, une orientation, les lieux dans nos vies, pas des aboutissements, des fixations de personnes et de situations figées, mais une aimantation, une destination nous faisant nous mouvoir et nous épurant. Abraham, Moïse chargé de ces cortèges, de ces peuples, de ces marches, l’exhortation physique de toute route. Jésus dans la géographie palestinienne, ses pérégrinations, ses montées et retours, les traversées du lac, les montagnes gravies, les entrées et sorties de villages, bourgades et villes, le Temple-même. En regard, l’immanence et la solidité de ce qui est décidé et écrit. Ces tables étaient écrites sur les deux faces ; elles étaient l’oeuvre de Dieu, et l’écriture, c’était l’écriture de Dieu, gravée sur ces tables.  Commandements qui sont mémoire de Dieu et conscience humaine, l’homme à l’image de Dieu, rien de transcendant en contenu littéral dans ces commandements mais tout l’humain en préparation de bien davantage. On vous a dit, moi je vous dis… Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir pleinement. Au cri du peuple cherchant ses chefs puisqu’ils sont – Moïse et Josué – hors de son attente : fais-nous des dieux qui marchent devant nous, car ce Moïse, l’homme qui nous a fait monter du pays d’Egypte, nous ne savons pas ce qu’il lui est arrivé ! Aaron a répondu complètement à côté. Ceux d’entre vous qui ont de l’or, qu’ils s’en dépouillent. Ils me l’ont donné, je l’ai jeté au feu, et il en est sorti ce veau. L’idole n’a pas été construite volontairement et encore moins consciemment ; elle est le produit d’un comportement, initialement judicieux : se dépouiller. Mais fondamentalement, le désespoir populaire a causé une cécité générale : perte de confiance en Dieu et en Son élu, demande de «  dieux ». Moïse, au contraire d’Aaaron son frère et porte-parole, ne fait rien qu’en consultation avec Dieu : Vous avez commis un grand péché (l’habituelle mouvement de la spontanéité, Eve et le fruit, Israël et ses solutions autrefois et aujourd’hui : se surarmer puisque l’Iran… et probablement en bombardant les sites à la première inattention internationale, cf. l’été de 1981 sur le nucléaire irakien, et pour tester FM). Maintenant, je vais monter vers le Seigneur. Peut-être obtiendrai-je la rémission de votre péché… Jésus conclut par l’école que Son ministère « public » a ouverte pour nous : celle discernement. Ce qu’est le milieu qui nous est promis et qu’Adam et Eve n’ont pas su se conserver et encore moins nous transmettre en lieu, en sens, en temps, en nature (la vie éternelle, l’intimité de la créature avec son Créateur, le dialogue amoureux et adulte, le bonheur suprême, l’attachement et la liberté ensemble indestructibles désormais). Le royaume des Cieux est comparable à une graine de moutarde… au levain… une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée… au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui… elle a poussé… toute la pâte a levé… Plus qu’un mouvement, une force, celle de toute la nature, de tout le créé, celle de la Création. La force de Dieu en nous. Alleluia. – Memento des morts et des vivants.

Ce même dimanche, hier, les éléments permanents du conflit au Proche-Orient, bien plus concrètement que l’accession ou pas de l’Iran au rang de puissance nucléaire et de puissance localement capable d’égaliser Israël, ou que l’Etat islamique – deux leurres à mon sens. Permanents et structurants, 1° le conflit pour les Lieux Saints : Al Aqsa envahi, contrairement à toutes les habitudes et à tous les accords tacites israëlo-arabes, par des intégristes juifs prétendant prier. 2° le conflit pour un Kurdistan transfrontalier dont la Turquie ne veut à aucun prix. Dans les deux cas, c’est la formation du nouveau gouvernement qui est en jeu, les leaders à Jérusalem et à Ankara ayant vu diminuer sensiblement leur liberté vis-à-vis de leur parlement respectif : pour Erdogan, bombarder en Syrie des villages tenus par les Kurdes, c’est faire chez lui l’union nationale et lui permettre de retrouver la majorité absolue qu’il a perdue le 7 Juin, et pour Nettanyahou, c’est toujours la démonstration que rien n’est vivable sans la supériorité d’Israël. Dans les deux cas enfin, aucune réaction ni des Européens, ni des Américains.
Cantonales partielles d’hier. L’écrasement des socialistes continue, mais la semaine précédente, ce sont deux élections municipales qu’avaient remportées ou sauvées la gauche. Rien donc de clair, à commencer par le débat sur les stratégies vis-à-vis du Front national ou avec le Centre, débat opposant Juppé de plus en plus clairement à Sarkozy. – Ce dernier ayant maintenant à répondre de dépassements de budget de campagne en 2012 qu’il aurait dû régler personnellement, et non son parti.

Depuis quarante-huit heures, les manifestations agricoles, malgré des promesses présidentielles et des réunions ministérielles, sont passées de la Normandie et du prix du lait à l’ensemble de nos producteurs s’estimant discriminés et désavantagés par les approvisionnements des grandes enseignes et surfaces, en pays tiers.


[1] - Exode XXXII 15 à 34 ; psaume CVI ; évangile selon saint Matthieu XIII 31 à 35

Jacques Myard en Russie et selon les conquêtes de Vladimir Poutine - son communiqué et mon commentaire

Le 27/07/2015 11:40, Bertrand Fessard de Foucault a écrit :
Oui, la Russie est un partenaire incontournable. Mais le traité de Versailles, aussi, était une erreur.

La mission de la France et de l'Europe inspirée par nous - redevenus exemplaires, ce à quoi ne nous aideront ni Hollande redoublant, ni Sarkozy revenant, ni Le Pen arrivant, ni Juppé déjà vu - c'est de propager la démocratie partout dans le monde et surtout dans les deux grandes dictatures contemporaines : belligènes, l'une par son besoin de recouvrer l'imperium perdu en 1991, l'autre par sa domination économique et financière de fait. Alors le monde commencera de changer. La solution : la démocratie, qui est la plus humaine et la plus universelle des perspectives, est devant nous.

En attendant, ne faisons pas en 2015 ce que nous avons fait en 1938. Si vous désapprouvez les attitudes vis-à-vis de la Russie, restez en silence. Vous ne confortez ni le peuple russe, ni ses démocrates, vous aidez seulement comme Villiers, Depardieu et d'autres un tyran habile qui a su lire les circonstances et tromper ses soutiens successifs et surtout voir les faiblesses de l'Europe toujours pas Europe et des Etats-Unis en fin de course. La Russie, ce sont les institutions d'arbitrage international proposées par Nicolas II, c'est le transformisme démocratique de Stolypine, c'est Gorbatchev, ce sont les démocrates d'hier et d'aujourd'hui assassinés ou confinés.

Que la médiocrité française depuis 1993-1995 ne nous fasse pas perdre le discernement. Ni l'espérance. Ni l'imagination du tout autre. Et du tout autrement.

Le 27/07/2015 09:20, Jacques MYARD a écrit :




COMMUNIQUE
DE PRESSE
de Jacques MYARD
Député de la Nation
Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République

Le 26 Juillet 2015


A/S : Retour de Crimée, retour de Sébastopol.


A l'initiative de mon collègue Thierry Mariani j'ai effectué avec sept autres députés et un sénateur un voyage en Russie du mercredi 22 Juillet au samedi 25 Juillet 2015, qui nous a permis de nous rendre en Crimée et à Sébastopol .

Nous avons été les invités des autorités russes, ce voyage a fait l'objet d'une déclaration au déontologue de l'Assemblée Nationale conformément au réglement.

Nous avons eu des entretiens avec les responsables suivants:

-A Moscou, audience avec le Président de la Douma Serguei Narychkine en présence de Léonid Slutsky, président du groupe d'amitié France-Russie et du vice ministre des affaires étrangères Alexis Meshkov.

-A Simferopol:
audience avec Vladimir Konstantinov Président du Conseil d'Etat de la République de Crimée ( Le Parlement) , en présence de nombreux députés dont le tatar Remzi Ilyassov,
-audience avec Oleg Belaventsev Plenipotentiaire représentant le Président de la Fédération de Russie, en présence de Sergey Aksyonov Président de la République de Crimée, President du Conseil des Ministres,

-A Sébastopol:
audience avec le gouverneur S.I. Menyaïlo, en présence du Plenipotentiaire Oleg Belaventsev.

Nous avons visité :
-Yalta et rencontré de nombreux habitants sur la Promenade de Mer où nous avons eu un accueil enthousiaste en partageant " le pain et le sel" selon la tradition,
-le palais des Tsars à Livadia siège de la fameuse et funeste conférence de Février 1945,
-le cimetière français de Sébastopol, le plus grand cimetière militaire français à l'étranger, 45 000 soldats de la guerre de Crimée ( 1854/1855) y sont enterrés. Les autorités locales en avaient effectué l'entretien avant notre arrivée et nous y avons déposé une gerbe en présence des personnalités de la ville.
-le Panorama de Franz Roubaut, une peinture incroyable de 14 m de hauteur et 115 m de long qui retrace la bataille de Sébastopol de 1854/1855.
-l'Alliance française de Sébastopol où nous avons remis des livres et où plus de 200 élèves continuent d'apprendre notre langue en dépit des sanctions !

Partout nous avons reçu un accueil chaleureux bien au-delà des convenances officielles et des mots d'ordre, le peuple russe manifeste toujours une profonde amitié pour la France et les Français. C'est une donnée historique qui ne peut pas, qui ne doit pas disparaitre !

Nous avons vu un pays vivant en paix, un pays de Cocagne, dont les autorités respectent notamment la diversité linguistique, le russe , l'ukrainien et le tatar. Un pays qui a des atouts touristiques fantastiques que nos investisseurs ne peuvent ignorer.
Relevons au passage que 150 000 Ukrainiens seraient réfugiés en Crimée en raison de la situation en Ukraine.

ALORS QUELLES SONT LES RAISONS DE NOTRE VISITE?

Certaines personnes nous ont accusé d'être "Pro russe". En ce qui me concerne je ne suis ni " Pro russe " ni " Pro américain " mais simplement " Pro français " et réaliste !!!!!

-Les sanctions contre la Russie pour le retour de la Crimée sont absurdes . Le rattachement en 1954 à l'Ukraine était une décision administrative au sein de l'URSS. La Crimée est russe depuis plus de 2 siècles .
Depuis 1991 -date de la chute de l'URSS- la population a toujours manifesté sa volonté de rejoindre la Russie , ce qu'elle a exprimé par référendum en 2014.

-En quoi ce retour à la Russie met en cause nos intérêts et notre sécurité ? En revanche les sanctions contre la Russie et les contre-sanctions de Moscou mettent en péril nos intérêts comme on le constate avec la crise agricole française directement atteinte par les sanctions.

-En adoptant ces sanctions ou plus exactement en suivant les ultras européens et les Américains, la France s'est laissée entrainer dans une totale impasse dont elle paye aujourd'hui les conséquences.

-La France s'est laissée enfermer dans un piège, car pour lever les sanctions de l'Union européenne il faut un accord à 28 , ce qui est impossible !

C'est une politique de Gribouille !

Et c'est bien là les raisons de la colère de Laurent Fabius qui ne peut admettre de s'être laissé enfermer dans un tel piège, et il reprend à son compte l'antienne de la violation du droit international de la Russie oubliant le cas du Kosovo. et bien d'autres.....!

Allons nous maintenir des sanctions inefficaces qui ne feront pas changer d'un iota la Russie, puisque comme le reconnait Laurent Fabius lui même on ne fera pas la guerre à la Russie "l'ultima ratio regum"?

Allons nous maintenir des sanctions pendant 30 ans comme les Américains sur Cuba pour ensuite reconnaitre que c'est un leurre ?

Allons nous poursuivre cette politique à l'égard de la Russie qui pousse Moscou a se tourner vers la Chine et l'Inde en tournant le dos à l'Europe alors que nous avons besoin des Russes pour combattre le terrorisme et trouver des solutions politiques au Proche et au Moyen Orient ?

La Russie est un partenaire incontournable pour la stabilité de l'Europe !

La France doit lever unilatéralement ces sanctions inefficaces et contre-productives . Elle doit retrouver une politique étrangère indépendante conforme à nos intérêts.

Il y a urgence !








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samedi 18 juillet 2015

étude sur la reddition du gouvernement et du parlement grecs et sur la manière élégante de sortir de l’euro - M'PEP




samedi 18 juillet 2015

Après l’ « accord  » de Bruxelles du 12 juillet 2015 entre l’Union européenne et le Fonds monétaire international d’un côté, et la Grèce d’un autre, beaucoup de commentateurs, notamment dans la « gauche de gauche », ont parlé d’un « coup d’État » orchestré par ces institutions contre la Grèce. Nous ne partageons absolument pas cette analyse. C’est la Grèce qui a capitulé après la trahison de son Premier ministre Alexis Tsipras.
Ce n’est pas un coup d’État de la Troïka, c’est une reddition de la Grèce
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  Sommaire  

 ETUDE SUR LA REDDITION DU GOUVERNEMENT ET DU PARLEMENT GRECS ET SUR UNE MANIERE ELEGANTE DE SORTIR DE L’EURO


Par le Parti de l’émancipation du peuple (ex-M’PEP).
Coordination de l’étude : Jacques Nikonoff
Le 18 juillet 2015

 INTRODUCTION

Après l’ « accord  » de Bruxelles du 12 juillet 2015 entre l’Union européenne et le Fonds monétaire international d’un côté, et la Grèce d’un autre, beaucoup de commentateurs, notamment dans la « gauche de gauche », ont parlé d’un « coup d’État » orchestré par ces institutions contre la Grèce. Nous ne partageons absolument pas cette analyse. C’est la Grèce qui a capitulé après la trahison de son Premier ministre Alexis Tsipras.
Ce n’est pas un coup d’État de la Troïka, c’est une reddition de la Grèce
Certes la pression a été d’une extraordinaire puissance contre le gouvernement grec. Ce dernier, toutefois, avait le choix, et disposait d’un confortable rapport de force issu du référendum du 5 juillet (61,3% des voix), contrairement à ce qui est constamment affirmé. Il avait en effet la possibilité de rompre avec les oligarques européens en sortant de l’euro et de l’Union européenne afin de retrouver sa liberté et de se libérer des politiques néolibérales. C’est bien parce qu’il y a eu reddition que les institutions néolibérales, UE, BCE et FMI, ont placé la Grèce sous tutelle.. Mais la peur de la sortie de l’euro, propagée par les grands médias, la droite, les socialistes et la « gauche de gauche », a été la plus forte. Les dirigeants de Syriza ont considéré qu’il aurait été « catastrophique » de sortir de l’euro, et ont choisi le prolongement éternel de l’austérité, qui, ainsi, leur semble moins grave. La conséquence de cet aplatissement est que non seulement le peuple de ce pays va encore souffrir, mais que la Grèce est désormais un protectorat, une simple colonie de l’Union européenne, et donc aux mains des milieux d’affaires qui ont pris le pouvoir. C’est un résultat tout à fait stupéfiant dans l’histoire des relations internationales : une coalition de puissances privées – les marchés financiers et les firmes multinationales – par agents interposés (les dirigeants de la Banque centrale européenne, ceux de la Commission européenne, la plupart des chefs d’États et de gouvernements des Vingt-Huit), ont pris directement le pouvoir dans un pays souverain. Ils l’ont fait avec l’accord du gouvernement pourtant réputé être à la « gauche de gauche » et avec le vote du Parlement ! Incroyable ! Il y a de quoi méditer et remettre en cause les certitudes les mieux établies. Ceux qui parlent de « coup d’État » et qui mettent l’accent unilatéralement sur les dirigeants allemands, visent en réalité à exonérer le gouvernement grec et Alexis Tsipras en particulier de ses responsabilités. C’est cette vérité que nous voulons ici rétablir.
Syriza, dès 2012, avait été averti par de multiples canaux
En ce qui concerne le Parti de l’émancipation du peuple (à l’époque il s’appelait le Mouvement politique d’émancipation populaire – M’PEP), par la voix de son porte-parole Jacques Nikonoff, avait diffusé le 26 mai 2012 un document intitulé « Étude sur la Grèce et la sortie de l’euro ».
http://www.m-pep.org/Etude-sur-la-Grece-et-la-sortie-de
Cette étude publiée quelques jours avant les élections législatives du 17 juin 2012, reprenait ce que beaucoup d’économistes envisageaient : « Si les Grecs se donnent une nouvelle fois à leurs bourreaux - le PASOK et Nouvelle Démocratie -, ces derniers appliqueront le mémorandum qui prévoit la poursuite d’une politique d’austérité effarante dont on connaît le résultat : écrasement de la croissance économique, diminution des recettes fiscales, montée du chômage, délitement de la société et impossibilité de rembourser la dette. » Trois ans plus tard, c’est exactement ce qui s’est produit, et personne ne peut être surpris de ce résultat, tout le monde avait été prévenu. C’est la même chose avec le 3e mémorandum signé le 12 juillet 2015 par le gouvernement grec, il aura les mêmes conséquences funestes.
Cette étude de 2012 montrait aussi qu’une partie de l’oligarchie, surtout allemande, se préparait à sortir la Grèce de l’euro. Ceux qui font mine de découvrir aujourd’hui cette réalité ont trois ans de retard, nous écrivions alors : « les milieux d’affaires, les banques en particulier, se préparent depuis des mois à l’explosion de la zone euro. Les logiciels informatiques sont prêts à accueillir les nouvelles monnaies nationales. La société britannique De La Rue PLC est prête à imprimer les billets en drachme. L’Union européenne elle-même a élaboré dans le plus grand secret un plan « B » au cas où la Grèce devrait quitter la zone euro. Il n’y a que les partis et syndicats pour continuer à refuser de penser à ce qui va arriver : la sortie de la Grèce de la zone euro. Comme s’il était plus efficace de réagir à chaud et dans l’improvisation, plutôt que de réfléchir à l’avance aux différentes hypothèses qui peuvent se présenter. L’euro, à gauche, reste un tabou. »
Les oligarques préparaient un plan B de sortie de l’euro, pas Syriza
En novembre 2011, la Financial Services Authority (FSA) britannique a demandé aux banques de réfléchir dans le plus grand secret à un plan d’urgence « dans la perspective d’un départ désordonné de certains pays de la zone euro ». Les banques qui participent au marché des changes comme Citigroup, Barclays ou HSBC « ont adapté leurs systèmes informatiques à une possible réintroduction de la drachme ». Des séminaires sont régulièrement organisés pour les clients en vue « d’explorer ensemble les différents scénarios pour la Grèce, leur coût financier et les canaux de contagion ». De son côté, le président de la Fédération européenne des banques a laissé entendre qu’une sortie de l’euro de la Grèce ne mettrait pas en danger le système bancaire européen (Le Monde, 15 mai 2012). Toujours selon ce journal (16 mai 2012), depuis 2011 une « task force » secrète a été mise en place par le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, chargée d’élaborer des scénarios au cas où la Grèce devrait sortir de la zone euro. Elle aurait élaboré une stratégie de sortie de crise avec les conséquences possibles d’un retrait de la Grèce de la zone euro à la fois pour le reste de la zone et pour la Grèce elle-même. Le commissaire européen au Commerce Karel De Gucht a reconnu, vendredi 17 mai 2012 dans une interview au quotidien néerlandophone belge De Standaard, l’existence de tels plans d’urgence. Le Monde du 21 mai 2012 revenait sur le sujet dans une pleine page titrée « La sortie de la Grèce de l’euro étudiée à Bruxelles ». Le journal, malgré les démentis des autorités bruxelloises, confirmait que « l’hypothèse d’une sortie de l’euro de la Grèce est bel et bien examinée de près à Bruxelles, comme dans les capitales européennes, ainsi qu’à Washington. » Qui pouvait en douter ? La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, avait elle-même évoqué, mardi 14 mai 2012 à Paris, la possibilité d’une « sortie ordonnée » de la Grèce de la zone euro, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision France 24. À son tour le Wall Street Journal du 20 mai 2012 révélait que la société De La Rue PLC, installée au Royaume-Uni, qui fait partie des quelques rares imprimeries autorisées à imprimer des billets de banque (150 devises) serait en train de se préparer à imprimer des billets dans une nouvelle monnaie pour la Grèce au cas où le pays quitterait la zone euro. Il s’agirait d’une initiative de cette société qui n’aurait reçu aucune commande de qui que ce soit. La banque centrale de Grèce a refusé de répondre aux questions des journalistes de The Times et du Wall Street Journal sur cette affaire. Le Figaro du 24 mai 2012 confirmait tout cela : « le comité de préparation de l’Eurogroupe a demandé, lundi, par téléphone, aux États membres de préparer, chacun de leur côté, un plan d’urgence dans l’éventualité d’un abandon de la monnaie unique par la Grèce ». De son côté, l’agence de presse Reuters déclarait avoir consulté une note de travail, rédigée par un État membre, détaillant le coût pour chaque pays d’une sortie de la Grèce de la zone euro. Le document évoquait « un divorce à l’amiable » avec un soutien de l’Union européenne et du FMI pour accompagner la sortie de la Grèce.
En trois ans, la « gauche » et la « gauche de gauche » n’ont rien appris et n’ont pas avancé d’un poil
Alors que toutes les forces adverses se préparaient à une sortie de la Grèce de l’euro, préparaient des plans, les bisounours de Syriza faisaient de grandes déclarations sur les « valeurs » de l’Europe, ses « principes fondateurs », un « compromis mutuellement avantageux  » et autres balivernes. Rien n’était envisagé, au cas où les oligarques sortiraient la Grèce de l’euro, pour faire face à la situation. . Pour la « gauche de gauche », la sortie de l’euro est comme le diable pour les croyants. À la lecture des commentaires qui ont suivi la reddition grecque, rien n’indique que les choses vont changer. Au contraire.
Alors maintenant, n’avons-nous pas toute légitimité pour être féroces avec cette gauche !
L’étude du M’PEP (aujourd’hui Parti de l’émancipation du peuple), réalisée avant les élections grecques du 17 juin 2012, s’adressait aussi à Syriza : « Les obstacles politiques paraissent insurmontables et nécessitent que SYRIZA et ses partenaires élaborent un plan « B » au cas, le plus probable, d’un refus de l’Union européenne d’accéder à leurs demandes. Ce plan « B » ne peut pas faire autrement que de prévoir la sortie de la zone euro. » Le refus, par les dirigeants de Syriza, de réaliser ce plan « B », c’est-à-dire le refus de penser, le refus d’anticiper toutes les hypothèses qui pouvaient se présenter, lui a été fatal.
La présente étude comporte deux parties : la première traite des questions soulevées par l’effondrement de juillet 2015 ; la seconde précise de manière relativement détaillée les modalités concrètes et élégantes de sortie de la zone euro.

 I.- QUESTIONS SOULEVEES PAR L’EFFONDREMENT DE JUILLET 2015

 1.- Le 3e mémorandum grec va accentuer l’austérité, sans aucune perspective de redressement économique et social

L’accord de Bruxelles du 12 juillet 2015 marque l’écrasement économique et social de la Grèce. C’est un accord punitif pour ce pays.
Il va accroître la baisse du pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes, les classes dominées, par l’augmentation de la TVA, l’impôt le plus injuste. Son taux unifié passe à 23% (la restauration était à 13%). Pour les produits de base, l’électricité et les hôtels elle reste à 13% et à 6% pour les médicaments, livres et places de théâtre. Suppression des avantages fiscaux pour les îles (où les prix sont beaucoup plus élevés que sur le continent).
Cet accord va encore dégrader les conditions de travail quand on y reconnaît les formules bien connues du vocabulaire néolibéral, comme « modernisation des négociations collectives, de l’action syndicale et, conformément à la directive pertinente de l’UE et aux bonnes pratiques, des procédures de licenciement collectif » sur le « marché » du travail. On peut craindre le pire. Quant au recul à 67 ans de l’âge légal de départ à la retraite, il rendra insupportable pour de nombreux salariés les dernières années de leur vie active.
Utilisons les mots qui conviennent, car il ne s’agit en aucun cas d’un plan « d’aide » à la Grèce. C’est un plan pour aider les créanciers à s’enrichir encore plus. Il faut donc être clair sur ce que cet accord n’est pas. Il n’est pas un accord de réduction de la dette car c’est explicitement exclu. Certes la porte semble rester ouverte pour des rééchelonnements, mais tout cela est très flou. Voilà ce que dit le texte de l’accord du 12 juillet : « Dans le cadre d’un éventuel programme futur du MES […] l’Eurogroupe est prêt à envisager, si nécessaire, d’éventuelles mesures supplémentaires (un allongement éventuel des périodes de grâce et des délais de remboursement) […] Ces mesures seront subordonnées à la mise en œuvre intégrale des mesures à convenir dans le cadre d’un nouveau programme éventuel et seront envisagées après le premier réexamen qui aura abouti à un résultat concluant. Le sommet de la zone euro souligne que l’on ne peut pas opérer de décote nominale sur la dette ». L’allongement dans le temps du remboursement de la dette n’est donc même pas acquis. Alors que l’objectif du gouvernement grec était de faire bouger la Troïka sur la dette, rien n’a été obtenu. Or la dette publique grecque est insoutenable, même le FMI le reconnaît maintenant. De toute manière, avec quelle capacité de négociation le gouvernement grec pourra-t-il faire bouger les lignes ?
D’autant que des conditions drastiques sont mises au versement des fonds à la Grèce. Les 82 ou 86 milliards d’euros de prêts à la Grèce sont en effet conditionnés par le vote, par le parlement grec, de violentes mesures d’austérité. Elles sont au nombre de trois : augmentation de la TVA, détérioration du système des retraites, respect du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG).
Cet accord est une variante de l’austérité. Les Grecs vont reprendre une nouvelle dose d’austérité, mais cette fois-ci ce sera une austérité « de gauche ». Il n’est pas certain qu’elle soit mieux appréciée que les précédentes. C’est exactement la même logique que les deux autres mémorandums. Il existe un seul petit changement, cosmétique, qui vise à présenter le 3e mémorandum comme plus « juste » que les deux autres. Quelques miettes ont en effet été parsemées pour faire passer la pilule, comme l’augmentation de l’impôt sur les sociétés qui passe de 26 à 28%. Tout ceci n’a aucun sens économique puisque ces mesures, déjà appliquée depuis cinq ans, n’ont fait qu’enfoncer un peu plus la Grèce. Ce plan va donc prolonger la récession. La misère matérielle et morale va croître, les suicides, infarctus, décès par maladie non soignée vont se poursuivre, ils s’ajouteront au désespoir.
Rappelons que le programme de Syriza, au moment des élections de 2012, prévoyait les mesures suivantes, toujours dans le cadre de la zone euro et de l’Union européenne :
  • Remboursement de la taxe foncière imposée en 2011.
  • Augmentation des salaires et des retraites.
  • Renationalisation des banques.
  • Gel des licenciements et des privatisations en cours.
  • Développement de l’économie nationale.
  • Abrogation des lois sur la remise en cause du droit du travail et sur l’immunité pénale des parlementaires.
  • Audit international de la dette publique et moratoire sur son remboursement et le paiement des intérêts.
On mesure, avec trois ans de recul, l’ampleur des abandons opérés par le gouvernement Syriza, aujourd’hui tout a volé en éclats.

 2.- La Grèce, par sa reddition, a perdu sa souveraineté, elle est désormais placée directement sous la tutelle de l’Allemagne et de la Troïka

L’accord de Bruxelles du 12 juillet 2015, qui est en réalité la mise sous tutelle de la Grèce acceptée par le Premier ministre et le Parlement grecs, marque l’écrasement politique de ce pays qui devient une sorte de colonie allemande et de la Troïka. On a peine à croire que le gouvernement grec ait pu signer un tel abandon et qu’une majorité écrasante des parlementaires l’ai voté. Une tutelle féroce du gouvernement et du parlement va s’abattre sur le pays. Les pertes de souveraineté pour la Grèce sont très graves et même inimaginables. C’est le cas dans les domaines suivants :
  • Les transformations de l’État : « mettre en place, sous l’égide de la Commission européenne, un programme de renforcement des capacités et de dépolitisation de l’administration grecque ».
  • Les projets de loi : « le gouvernement doit consulter les institutions et convenir avec elles de tout projet législatif dans les domaines concernés dans un délai approprié avant de le soumettre à la consultation publique ou au parlement ». Il faut se frotter les yeux pour être certain d’avoir bien lu, car les créanciers détiennent désormais le pouvoir de définir les lois que le parlement grec devra voter, et de fixer le jour du vote. Ils ont pris les commandes, non seulement pour les grandes orientations, mais aussi pour le détail.
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    • Ainsi, le 15 juillet le parlement devra voter ceci : « une rationalisation du régime de TVA et un élargissement de l’assiette fiscale afin d’accroître les recettes ; des mesures directes pour améliorer la viabilité à long terme du système des retraites dans le cadre d’un programme global de réforme des retraites ; […] introduction des réductions quasi automatiques des dépenses en cas de dérapage par rapport à des objectifs ambitieux d’excédents primaires ».
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    • Le 22 juillet, le parlement devra voter « l’adoption du code de procédure civile […] la transposition de la directive relative au redressement des banques […] ».
  • La destruction des rares mesures positives prises après le 25 janvier par le gouvernement grec : on efface tout « à l’exception de la loi sur la crise humanitaire, le gouvernement procédera à un réexamen en vue de modifier les dispositions législatives adoptées qui sont contraires à l’accord du 20 février puisqu’elles constituent un retour en arrière par rapport aux engagements pris au titre du programme précédent ou il définira des mesures complémentaires clairement équivalentes pour les droits acquis qui ont été créés par la suite ». Ce sera le cas des 4 000 fonctionnaires réembauchés par le gouvernement.
  • Le fonds de privatisation, certes, sera « mis en place en Grèce », mais il sera géré « sous la supervision des institutions européennes concernées ». Ces privatisations massives indiquent que le pillage de la Grèce va s’amplifier : privatisation de l’opérateur du réseau de distribution d’électricité (ADMIE), privatisation des aéroports régionaux, des ports du Pirée et de Thessalonique. Le fonds « indépendant  » sera alimenté par les recettes des privatisations. Cela permettra de rembourser le prêts de 50 milliards d’euros du MES dont 25 milliards pour la recapitalisation des banques, sommes qui ne feront que le tour de l’Acropole pour retourner aux créanciers, 12,5 milliards pour diminuer le ratio d’endettement et 12,5 milliards seulement pour les investissements d’avenir.
  • Les excédents budgétaires extravagants que le gouvernement grec s’est engagé à atteindre – qu’il ne parviendra pas à faire – visent à empêcher toute tentative d’autonomie budgétaire. Autrement dit des coupes budgétaires automatiques se produiront en cas de déviation par rapport aux objectifs d’excédents primaires. On sait sur quoi portent toujours ces coupes : sur les dépenses sociales. Ces excédents budgétaires viendront de l’austérité, ils visent à rembourser la dette et non à investir dans l’avenir du pays.
La preuve qu’il ne s’agit pas d’un coup d’État mais d’une reddition de la Grèce se trouve ici : « les autorités grecques réaffirment leur attachement sans équivoque au respect de leurs obligations financières vis-à-vis de l’ensemble de leurs créanciers, intégralement et en temps voulu ». C’est marqué noir sur blanc dans « l’accord » du 12 juillet. Tous les dirigeants des autres pays de la zone euro (19) se sont ligués contre la Grèce, participant à la négation des deux votes du peuple grec de janvier et juillet 2015, c’est-à-dire à la négation du peuple grec lui-même. C’est à cela qu’ont participé activement Alexis Tsipras et le Parlement.

 3.- Une nouvelle fois la preuve est donnée qu’on ne peut pas améliorer l’Union européenne de l’intérieur, confirmant sa nature tyrannique à laquelle s’ajoute désormais la déstabilisation des États


C’est peut-être le Wall Street Journal qui a le mieux défini la situation. Dans son édition du 12 juillet 2015, il note que « l’ultimatum de l’Europe à la Grèce, demandant une capitulation complète comme prix à payer pour un nouveau plan de financement, marque l’échec de la rébellion par un petit pays criblé de dettes contre les politiques d’austérité de ses prêteurs, après que l’Allemagne a montré ses muscles et offert le choix à Athènes entre l’obéissance ou la destruction. La déclaration de dimanche de l’eurozone sur la Grèce restera comme une des démarches diplomatiques les plus brutales dans l’histoire de l’Union européenne, un bloc construit pour favoriser la paix et l’harmonie qui maintenant en arrive à menacer publiquement l’un des siens de la ruine s’il ne se rend pas ». L’éditorialiste ajoute : « La chute de Monsieur Tsipras après seulement six mois de pouvoir, soulève des questions fâcheuses sur la portée de la démocratie dans une Europe qui se présente elle-même comme un phare de la souveraineté populaire dans le monde ».
Le refus, par l’Union européenne, d’accepter le rejet de la constitution européenne par référendum en France, en Irlande et aux Pays-Bas, avait déjà ouvert les yeux à bon nombre d’euro-somnambules. La compréhension du contenu du Traité de Lisbonne, visant à neutraliser les souverainetés populaires pour garantir la pérennité des politiques néolibérales, avait également aidé. Il faut le redire – ce que n’avait pas voulu comprendre le gouvernement grec – aucune négociation n’est possible car le traité de Lisbonne, qui fixe notamment les règles pour la Banque centrale européenne, détermine, en dernière instance, les politiques de l’UE et leur caractère irréversiblement néolibéral. N’est-ce pas Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne qui le dit ? : « Il n’y a pas de choix démocratiques contre les traités européens ». La politique économique définie par ces traités est même constitutionalisée dans un pays comme la France au travers du titre XV de la Constitution. Tsipras a confirmé les propos de Juncker.
Après la reddition de la Grèce, d’autres consciences s’éveillent à la vraie nature de l’UE. Celle-ci vient en effet d’ajouter à son arsenal déjà bien pourvu la déstabilisation d’un État et sa mise sous tutelle avec la complicité du Premier ministre grec. Le pouvoir n’est plus entièrement dans les mains du peuple grec, de son parlement et de son gouvernement, mais dans celles des oligarques européens, avec la complicité du Premier ministre grec.
C’est l’Allemagne qui a joué le rôle moteur dans le combat contre la Grèce, et particulièrement Madame Merkel et Monsieur Schäuble. À ce propos, l’ancien secrétaire d’État américain au Trésor, Timothy Geithner, a révélé une conversation qu’il a eue avec Wolfgang Schäuble en 2012, où ce dernier expliquait, avant même la victoire électorale de Syriza, que la sortie de la Grèce de l’euro était nécessaire. Et ceci non pas pour le bien du peuple grec ou celui des autres peuples européens, mais pour des raisons de basse politique intérieure allemande - c’est ce que veut l’électorat - et pour « terrifier » les autres pays de la zone euro, particulièrement la France, afin de maintenir la discipline. La leçon est claire : il faut rompre avec l’Allemagne. Dans ce pays, non seulement chez les dirigeants, mais aussi chez une large fraction du peuple, il y a eu volonté délibérée de déstabiliser le gouvernement grec, à base de haine contre ce pays, son peuple, Syriza. Une véritable xénophobie. Le journal britannique The Guardian du 13 juillet a raison de parler de « vengeance » à propos de l’attitude des oligarques européens, singulièrement allemands, vis-à-vis de la Grèce.
Ce refus d’accepter les demandes de la Grèce, pourtant fort modestes, prouve, s’il en était besoin, la véritable nature de l’UE : la défense des intérêts des classes dominantes. Les oligarques ont montré que pour rester dans la zone euro il fallait accepter leurs règles, et principalement celles de l’Allemagne. Dans ces conditions, nul besoin d’avoir recours au fascisme, l’Union européenne, le FMI et l’Allemagne suffisent.
Au total, la souveraineté grecque, issue de deux élections, a été niée. Les membres de la zone euro n’ont pas agi comme des nations respectant la souveraineté d’une autre nation – la Grèce – mais comme des créanciers obsédés à faire rendre gorge à un débiteur mauvais payeur.
Il ne fait pas de doute que la conception de l’Union européenne et de la zone euro qui a émergé dans cette crise aura des conséquences incalculables sur les plans politique, juridique, institutionnel.

 4.- Le gouvernement Syriza, présenté comme le modèle européen de la gauche dite « radicale » (ou de la « gauche de gauche »), a joué en fait un rôle de facilitateur pour empêcher la Grèce de sortir de l’euro et de l’Union européenne

Depuis son élection le 25 janvier 2015, sur la base du refus de l’austérité et de l’abandon des mémorandums, mais dans le cadre de l’euro et de l’Union européenne, le gouvernement Syriza n’a pas cherché à affaiblir les pouvoirs des classes dominantes pour répondre aux besoins du peuple. Il a constamment tenté de négocier avec la Troïka dans le but d’amoindrir les politiques d’austérité et d’obtenir une restructuration de la dette. En procédant de la sorte, il refusait d’admettre que l’on ne peut pas modifier de l’intérieur, dans un sens progressiste, l’Union européenne et sa monnaie unique. Le gouvernement Syriza est donc entré dans la logique des mémorandums, même s’il avait la volonté d’en amoindrir les effets les plus néfastes. Il était parfaitement irréaliste que le gouvernement Syriza demande un « compromis décent ». Ce n’était pas possible dès le départ, et cette illusion reposait sur une analyse erronée de la nature de l’Union européenne et sur une sous-estimation de l’ampleur et de la radicalité des luttes à mener contre elle.
Les erreurs stratégiques et tactiques se sont alors multipliées
Le gouvernement, par exemple, a maintenu des partisans des forces politiques défaites aux élections (PASOK et ND), agents du système de l’UE, dans les hauts postes de l’administration, les banques et les entreprises publiques. Plus grave encore, le gouvernement n’a pas pris le contrôle de la banque centrale de Grèce. Le gouverneur, ancien ministre de droite, qui n’a cessé d’entraver l’action du gouvernement, a été laissé en place.
Surtout, le gouvernement n’a pas préparé une sortie éventuelle de l’euro ni utilisé cette menace dans les « négociations » (un plan B). Le Premier ministre fragilisait alors sa position car seule cette menace pouvait faire douter les oligarques européens. Cette menace levée, la voie était ouverte pour enfoncer la Grèce et la menacer elle-même de sortie de l’euro puisqu’elle venait de démontrer que cette perspective l’effrayait. Ne pas brandir la sortie de l’euro comme une menace a affaibli de manière décisive le gouvernement grec qui s’est privé de la seule arme de dissuasion et de mobilisation du peuple dont il disposait. Il pouvait parfaitement dire au peuple qu’il n’avait pas reçu le mandat pour sortir de l’euro, mais que si c’était la condition pour stopper l’austérité, il faudrait en passer par là ; qu’il étudierait les modalités pratiques et consulterait alors le peuple pour savoir s’il fallait sortir de la zone euro.
Yanis Varoufakis, l’ancien ministre des Finances, limogé par Alexis Tsipras pour satisfaire la Troïka, avait eu l’outrecuidance de dire que l’UE faisait preuve de « terrorisme » vis-à-vis de la Grèce. Partisan déclaré de l’euro et de l’UE, il a ainsi écrit sur son blog « les Grecs, à juste titre, frissonnent à la pensée de l’amputation de l’union monétaire ». Il ajoute : « Dans l’Irak occupé, l’introduction de nouvelles monnaies de papier a pris près d’un an, une vingtaine de Boeing 747 étaient affrétés, la puissance de l’armée américaine, trois entreprises d’impressions et des centaines de camions étaient mobilisés. En l’absence d’un tel soutien, Grexit serait l’équivalent de l’annonce d’une forte dévaluation de plus de 18 mois à l’avance : une recette pour liquider tout le stock de capital grec et le transférer à l’étranger ». Une telle déclaration, d’une naïveté incroyable, ne pouvait que donner le feu vert à la Troïka pour faire avaler au gouvernement grec tout ce qu’elle voulait. Le gouvernement grec aurait dû répondre positivement à la proposition de l’entreprise britannique De La Rue PLC - il devrait le faire maintenant également - et lui demander d’imprimer des drachmes. Le stock de billets aurait été immobilisé, et aurait servi de menace contre les oligarques, tout en rassurant la population puisque l’opération de conversion et d’introduction des drachmes, avec l’aide de l’armée et de la police, se serait réalisée en un week-end.
Le mandat obtenu du peuple lors de l’élection législative de janvier 2015 – rejet des mémorandums – offrait de larges marges de manœuvre au gouvernement. Lorsque les oligarques européens ont compris que le gouvernement grec ferait tout pour éviter la sortie de l’euro, ils ont accru la pression sur Athènes et fait de la surenchère sur ce qui était proposé. Ils en demandaient toujours plus. Quand la pression est devenue intenable, l’organisation du référendum devait servir, notamment, à redonner un peu d’oxygène au gouvernement.
Le dimanche 5 juillet 2015, le NON au référendum obtenait près de 62% des voix sur les bases suivantes : rejet du plan présenté par la Troïka, rejet de l’austérité, obtention de nouvelles marges de négociations, mais toujours dans le cadre de l’euro et de l’Union européenne. Que s’est-il passé pour que ce formidable rapport de force, marqué néanmoins par la contradiction fondamentale entre stopper l’austérité et rester dans l’euro, soit dilapidé en quelques heures ?
Nous avons assisté, ébahis, à une inversion totale du sens de ce référendum
Le camp battu, qui avait appelé à voter OUI : Pasok (socialistes), Nouvelle Démocratie (droite) et To Potami (centre) est devenu le porte-parole officiel du plan du gouvernement. Le NON est devenu un OUI à l’austérité. Le résultat du référendum du 5 juillet était pourtant exceptionnel. Dans un contexte de guerre médiatique, de chantages et de menaces, les banques fermées, les retraits plafonnés à 60 euros par jour, le NON obtenait plus de 61%. C’était un vote de classe : les classes dominées, la jeunesse, les forces vives de la nation, dans une très grande proportion, avaient voté NON. Si le NON était majoritaire dans toutes les classes d’âges, il faut souligner la forte proportion de votes NON chez les jeunes (85% chez les 18-24 ans). Cette radicalité du vote jeune (tout à fait remarquable par comparaison avec d’autres élections) révèle à la fois le désespoir de cette classe d’âge qui se voit, à juste titre, comme une génération sacrifiée, mais doit également être interprétée comme un signe très encourageant pour les choix futurs du peuple grec. La mobilisation à la base avait été remarquable, l’enthousiasme était revenu, y compris à l’étranger.
Le lundi 6 juillet, sous l’égide du président de la République (qui avait appelé à voter OUI), le gouvernement convoquait tous les responsables de partis représentés à la Vouli (Chambre des députés), sauf Aube dorée (parti néonazi). L’objectif officiel était d’élaborer un cadre de négociations dans lequel la sortie de l’euro serait la ligne à ne pas franchir. À l’issue de cette réunion, Syriza et Anel, membres du gouvernement, signaient un texte avec Potami, Nouvelle Démocratie et Pasok (les partis qui exerçaient précédemment le pouvoir et qui avaient mis en œuvre les deux premiers mémorandums rejetés par le peuple). Tous soutenaient les propositions du gouvernement dans les négociations tout en restant dans l’euro. Le but officieux de cette réunion était en réalité de contourner la minorité de Syriza qui était prête à ne pas voter l’accord. Alexis Tsipras voulait ainsi se débarrasser de sa minorité de gauche (la Plateforme de gauche), procéder à un remaniement ministériel et gouverner avec le soutien de la droite et des socialistes.
Le mardi 7 juillet se tenait l’Eurogroupe à Bruxelles, sans que les représentants grecs viennent avec la moindre proposition. Il aurait été pourtant cohérent que la Grèce vienne avec des propositions en ligne avec le résultat du référendum. Se plaçant lui-même sur la défensive, le gouvernement grec était alors soumis à un nouvel ultimatum, sachant que les échéances de remboursement étaient les suivantes :
  • 20 juillet : 6,9 milliards d’euros (3 milliards d’échéance des obligations d’État, 468 millions au FMI et 3,5 milliards à la BCE)
  • Fin juillet : 1,7 milliard d’euros pour le traitement des fonctionnaires et le paiement des retraites.
  • 20 août : 4,3 milliards d’euros (1 milliard d’échéance des obligations d’État, 182 millions pour le FMI et 3,2 milliards dus à la BCE)
La Grèce rentre dans le rang
Le mercredi 8 juillet, Euclide Tsakalotos, nouveau ministre des Finances remplaçant Yanis Varoufakis, adressait une lettre au Mécanisme européen de stabilité (MES), organisme qui gère la plus grande partie de la dette grecque. Le ministre demandait un prêt de 50 milliards d’euros, sachant qu’il ne pouvait être obtenu qu’à la condition d’accepter un troisième mémorandum. Cette lettre se terminait par l’engagement de la Grèce à « honorer en temps et en heure l’intégralité de ses obligations financières à l’égard de tous ses créanciers ». Le message à la Troïka était clair : la Grèce rentrait dans le rang. Dès lors, ce désarmement politique jetait la Grèce à terre. La Troïka comprenait le message et pouvait appuyer sans limite sur la tête des Grecs.
Dans la nuit du 12 au 13 juillet, à Bruxelles, la Grèce, du moins son Premier ministre et son gouvernement, se sont soumis. On ne peut même pas dire qu’ils ont rendu les armes car il n’y en a jamais eu. Tsipras auraient pu les prendre, mais il est toujours resté dans le périmètre autorisé même si lui ou son ministre se sont fendus de quelques violences verbales.
Le contenu de l’accord du 12 juillet est l’inverse du contenu des votes des 25 janvier et 5 juillet. Il est le même que le plan Juncker rejeté par les électeurs, et il n’est pas compatible avec le programme de Syriza. Les oligarques, avec l’aide de Tsipras, ont ainsi réussi à annuler ces votes. En une nuit, les 36% obtenus par Syriza le 25 janvier 2015 et les 61% obtenus le 5 juillet se sont volatilisés. Dans une démarche suicidaire, le gouvernement a dilapidé le rapport de force.
Dès la reddition de la Grèce consommée, au petit matin du 13 juillet 2015, la première chose dite par Alexis Tsipras pour se féliciter de cet accord a été : « la Grèce pourra reprendre le chemin de la croissance économique ». Il ajoutait un deuxième mensonge en disant « l’accord obtenu prévoit la restructuration de la dette grecque et un financement à moyen terme ». Et enfin, « la possibilité de la sortie de la Grèce de la zone euro appartient désormais au passé ». Il insistait : « avec un pistolet sur votre tempe, vous diriez aussi OK à tout… ».
Le 16 juillet à la télévision grecque, avant le vote du Parlement, il revenait sur ces thèmes : « je n’avais pas le choix », « je ne crois pas à cet accord », « il fallait éviter le désastre », « c’est l’échec de Schäuble qui voulait le Grexit », « j’ai signé le couteau sous la gorge »... Où est l’amélioration du pouvoir de négociation promise grâce au référendum du 5 juillet ? Pourquoi ce renoncement ? La réponse est désormais limpide, il y avait un objectif supérieur à tous les autres, en quelque sorte vital : « éviter la sortie de l’euro ». Le gouvernement grec s’est enfermé de lui-même dans la fausse alternative suivante : soit la Grèce cédait, soit elle était poussée hors de la zone euro. Tsipras a choisi de céder.
Un Parlement d’unité nationale
Toujours le 16 juillet, le Parlement grec était appelé à voter l’accord signé par le gouvernement à Bruxelles. C’est donc avec l’accord du Parlement grec que la Troïka a pris les commandes du pays. Le gouvernement grec a littéralement livré son pays aux créanciers. Le gouvernement, en effet, n’est pas le seul en cause, puisque le Parlement a voté l’accord, une majorité de députés Syriza mêlant leur vote à celui des socialistes et de la droite. Comme en France en 2008 quand les députés et sénateurs avaient voté le traité de Lisbonne alors qu’il avait été rejeté par référendum le 29 mai 2005, les députés grecs ont remis en cause le résultat du référendum du 5 juillet. Une crise politique et institutionnelle vient de s’ouvrir en Grèce, s’ajoutant aux crises humanitaire, sociale, morale, économique, financière . Le gouvernement et le Parlement ne sont plus légitimes.
Les 6 mois qui se sont passés après le 25 janvier auraient dû servir à préparer la sortie de l’euro et de l’Union européenne sur les plans idéologique, politique et logistique, en tant que plan B. Le gouvernement grec, devant l’asphyxie de ses banques par la BCE, avait la possibilité de les nationaliser et de réquisitionner la banque centrale de Grèce. Alexis Tsipras, tout en respectant le mandat reçu deux fois du peuple (lors de son élection le 25 janvier 2015 et le 5 juillet lors du référendum), pouvait – et devait ! – éviter de faire peur à la population sur la sortie de l’euro. En raison de sa popularité il a freiné la progression des opinions favorables à la sortie de l’euro alors que le premier semestre 2015 aurait sans doute suffi à convaincre une majorité de Grecs de la nécessité et de l’opportunité d’une sortie de l’euro, ce qu’il aurait pu valider début juillet par référendum. Pendant les « négociations », le gouvernement grec aurait dû sauter sur l’opportunité que leur offrait paradoxalement Wolfgang Schäuble d’une sortie totale ou provisoire de la Grèce de la zone euro. Il proposait lui-même un « accompagnement » des « institutions » !
Les choses devraient être désormais claires pour la gauche « radicale » ou la « gauche de gauche », et particulièrement pour Podemos en Espagne qui se prépare aux élections générales avant la fin de l’année 2015. Il ne faut pas aller au pouvoir sur des bases floues et croire qu’il sera possible, une fois parvenu aux affaires, d’aller vers une sortie subreptice de l’euro. Il faut au contraire expliquer publiquement, à l’occasion d’un débat difficile, sans concession, qu’il faut sortir de l’euro (et de l’Union européenne). Croyant gagner du temps, la stratégie de l’ambiguïté donne des résultats comme ceux de Syriza : l’échec . C’est bien parce que les dirigeants allemands et ceux des autres pays ont exploité les erreurs du gouvernement grec qu’ils ont gagné. Il faut tenir compte de cette expérience et ne pas renouveler les mêmes erreurs.

  5.- En France, le Front de gauche n’a plus de raison d’être car il fait doublon avec le Parti socialiste, il va disparaître

La bataille de Grèce, avec les épisodes du référendum du 5 juillet, la reddition du 12 juillet et la mise en place d’une majorité parlementaire d’unité nationale le 15 juillet a révélé une nouvelle fois, mais avec une intensité accrue, le vide stratégique de la gauche française, du PS à l’extrême gauche.
Le président de la République a mis en avant, avec un rare fracas médiatique, le rôle « décisif  » qu’il s’attribue, notamment face à l’Allemagne, pour empêcher la Grèce de sortir de l’euro. Il n’en fallait pas plus pour que Pierre Laurent du PCF et Jean-Luc Mélenchon du PG, tous deux du Front de gauche, applaudissent bruyamment le chef de l’État pour ses efforts consacrés à « sauver l’euro ». Pierre Laurent donne un coup de chapeau à François Hollande : « je me réjouis que la France ait joué un rôle positif ». Le 11 juillet, la veille de la reddition de la Grèce, Jean-Luc Mélenchon estime sur son blog que « les experts français [sont] venus à la rescousse du gouvernement grec et que François Hollande s’implique pour freiner la violence de Merkel et Schäuble ». Il ajoute que « la position du gouvernement français, actuellement, est un renfort pour le gouvernement grec ». Et pourquoi Jean-Luc Mélenchon prend-il cette position ? Parce que « la France est intéressée directement et concrètement à l’échec du Grexit voulu par le gouvernement allemand et ses satellites de l’est de l’Europe ». Mais c’est exactement le contraire !
Tout ce beau monde, en faisant pression sur le gouvernement grec pour l’empêcher de sortir de l’euro, l’a poussé vers davantage d’austérité et la soumission en lui interdisant la seule perspective d’émancipation qui s’offrait à lui : sortir de l’euro et de l’Union européenne pour reprendre son destin en main
C’est l’union sacrée pour la défense de l’euro entre la droite, la gauche, la « gauche de gauche »…
François Hollande, en outre, a annoncé qu’il voulait « plus d’intégration ». Il a été soutenu, là encore, par Mélenchon et Laurent. Mais quel pays serait assez fou pour entrer dans l’UE, et pire encore, dans la zone euro ? On ne peut souhaiter cela à personne. Messieurs Laurent et Mélenchon auraient dû dire que la zone de crise permanente qu’était l’UE ne présentait que des inconvénients pour les pays qui voudraient y entrer.
Les socialistes « frondeurs », en ce qui les concerne, pour les plus courageux d’entre eux, se sont abstenus lors du vote du Parlement sur le plan grec, le 17 juillet.
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et président du PGE, a été en-dessous de tout. Il a publié un communiqué hallucinant le 13 juillet. Lui aussi, comme Tsipras, parle d’un « accord de compromis » qui « écarte le scénario du Grexit et l’asphyxie financière de la Grèce ». Ainsi Pierre Laurent confirme qu’il vaut mieux signer n’importe quoi plutôt que de sortir de l’euro. Les classes dominantes sont averties : il suffit d’agiter l’épouvantail de la sortie de l’euro pour faire passer Pierre Laurent sous la table. On tremble ! Et si un accord a été signé, « c’est grâce au courage du Premier ministre grec ». Une perle : « certaines des concessions faites ont été imposées à la dernière minute. N’oublions pas que ce fut sous la menace ». Là aussi les oligarques sont prévenus, il suffit de brandir quelques « menaces » pour faire trembler Pierre Laurent. Mais où sont les traditions communistes héritées de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale ? Que sont ces communistes de carton-pâte à la mode Laurent qui sont prêts à tout lâcher si on leur met le « couteau sous la gorge » ou le « pistolet sur la tempe » ! Non seulement Pierre Laurent est un pleutre, mais il est un incompétent et un menteur quand il ajoute : « Le gouvernement grec a fait un choix responsable, celui de permettre avant tout la stabilité financière durable du pays et l’investissement pour l’emploi et le redressement productif du pays. La dette sera rééchelonnée et les taux d’intérêts renégociés. Alexis Tsipras a confirmé son intention de faire porter les efforts sur les grecs les plus riches et de protéger les classes populaires ». Et il appelle à « un avenir solidaire dans l’Union européenne ». Il n’a toujours rien compris ! Ou plutôt il fait semblant de ne pas comprendre. Mais ce que les classes dominées doivent comprendre c’est qu’il est un dirigeant irresponsable !
Tout est faux dans ce que dit Pierre Laurent :
  • Si la Grèce était sortie de l’euro, elle n’aurait connu aucune « asphyxie financière » si elle avait fait ce qu’il faut, particulièrement en appliquant les recommandations du Parti de l’émancipation du peuple (voir partie 6). Au contraire, elle aurait repris en main la politique monétaire et l’aurait mise enfin au service du développement économique et social du pays.
  • Aucun rééchelonnement de la dette n’a été décidé. Le sujet est certes évoqué dans l’accord, mais il est soumis à des conditions drastiques.
  • Aucun « effort » n’est demandé « aux plus riches » dans cet accord, même si quelques mesures fiscales cosmétiques y ont été placées à de seules fins de communication.
Que font les militants communistes ? Ils sont d’accord avec ce discours de déchéance ? Ils laissent faire ? Ils restent au PCF ?
Quant à Jean-Luc Mélenchon, la lecture des articles publiés ces derniers jours sur son blog n’a rien d’une partie de plaisir, c’est une véritable épreuve. Elle est pourtant nécessaire, bien que coûteuse, pour comprendre quelque chose à sa pensée à travers la logorrhée de ses textes entièrement écrits à sa gloire. Le 7 juillet, le fondateur du Parti de gauche confirme son étrange attrait pour l’euro : « L’éjection de la Grèce serait un acte de guerre. Une guerre dont les perdants principaux seraient le reste de l’Europe ! Sans oublier la commotion du capitalisme mondial que cela peut contenir. » On sent que l’écriture automatique de Mélenchon s’est emballée et qu’il raconte n’importe quoi. En quoi la sortie de la Grèce de l’euro ferait-elle perdre quoi que ce soit au « reste de l’Europe » ? Veut-il dire, comme les socialistes, la droite, les grands médias, que les prêts accordés à la Grèce - en échange de l’austérité - ne seraient pas remboursés aux pays préteurs ? Et quelle est cette histoire à dormir debout de « commotion du capitalisme mondial  » ? Oui, c’est vraiment n’importe quoi. Le 13 juillet il dit que « un revolver sur la tempe, Tsipras a signé un compromis » que Jean-luc Mélenchon critique sévèrement à juste titre. Mais il ajoute aussitôt « Le gouvernement d’Alexis Tsipras doit accepter un armistice dans la guerre qui lui est menée. » Équilibriste de haute volée, Mélenchon arrive à la conclusion suivante : « Il faut soutenir Alexis Tsipras et ne pas s’ajouter à la meute de ceux qui veulent le déchirer et se rendent complice du coup d’État tenté contre lui et les Grecs. Mais il ne faut pas soutenir l’accord pour ne pas cautionner la violence dont il est issu et qu’il prolonge. » Ce n’est pas un coup d’État, c’est une reddition. Quant à la position qui consiste à soutenir Tsipras tout en ne soutenant pas l’accord, elle est incompréhensible. Tsipras est impardonnable, il a trahi son peuple, il n’a pas à être soutenu. Le 15 juillet, et c’est très bien, Mélenchon annonce qu’il voterait contre l’accord s’il était député national.
Contradictions, ambiguïtés, faux-semblants, hypocrisies et mensonges
Aux contradictions, ambiguïtés, faux-semblants, hypocrisies et mensonges de la « gauche » et de la « gauche de gauche » française, s’ajoutent celles de ses « partis frères ». Ainsi, en Espagne, Pablo Iglesias, le leader de Podemos, a déclaré le 16 juillet qu’il n’était pas favorable à l’accord conclu en Grèce, « mais c’était une situation limite : soit l’accord, soit une sortie de l’euro ». Les députés de Die Linke au Bundestag, quant à eux, ont voté pour l’accord…
Même phénomène pour la plupart des organisations syndicales, à l’échelle française et grecque, comme à l’échelle européenne.
Ainsi, le mercredi 1er juillet 2015, la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE), le plus important syndicat des travailleurs du secteur privé en Grèce, totalement corrompu et contrôlé par le Pasok, affilié à l’inénarrable Confédération européenne des syndicats (CES), a fait une stupéfiante déclaration publique. Elle demande purement et simplement l’annulation du référendum voté par le Parlement grec, prévu le 5 juillet. Le même jour, la CES lui a immédiatement apporté son soutien.
Les masques tombent. Cette organisation emblématique du double discours syndical contemporain, qui s’est déclarée contre le prolongement et l’aggravation de l’austérité incluse dans tous les memoranda de la Troïka, appelle pourtant à l’annulation de la seule démarche qui aurait pu permettre à Alexis Tsipras de contrer la pression des créanciers, tant que l’on reste dans le cadre des institutions européennes et de ses traités.
La GSEE, et la CES à sa suite, devant cette démarche démocratique qu’était le référendum, ont considéré qu’il y avait le risque de mette en péril l’adhésion encore majoritaire des Grecs aux institutions européennes et accélère la sortie probable du pays de la monnaie unique. Elles n’ont pas hésité à condamner la seule possibilité qui aurait permis que les négociations repartent sur des bases moins dramatiquement hostiles aux intérêts des salariés qu’elles sont censées pourtant défendre. Ces syndicats ont refusé de comprendre que le principe même de ces négociations était particulièrement antidémocratique, car le destin économique et social d’un peuple ne peut se négocier, d’autant que les élections du 25 janvier 2015 avaient porté au pouvoir un gouvernement sur un programme d’arrêt de l’austérité.
Les syndicats de la CES ont choisi l’austérité éternelle plutôt que la sortie de l’euro
Entre la sortie des institutions européennes et une violente austérité provoquée par ces mêmes institutions, la CES et les 88 confédérations syndicales en faisant partie – dont certaines françaises – ont fait leur choix. Elles ont, sans sourciller, choisi la poursuite de l’austérité. Tous les syndicats faisant partie de la CES, organisation européiste financée par l’Union européenne, sont donc solidaires de cet aveu spectaculaire : plutôt la misère et l’austérité perpétuelle, la destruction des services publics et des acquis sociaux, le chômage de masse, que la menace de sortie des institutions néolibérales européennes ! Ces syndicats n’ont de syndicats que le nom. Ce double discours est une hypocrisie permanente, et les cadres dirigeants de ces organisations qui font le contraire de ce que ces dernières sont censées faire, tant qu’ils resteront européistes, sont les comparses du vaste processus de déconstruction sociale et démocratique des États européens par le biais des institutions européennes.
Désormais tout le monde peut le constater de manière de plus en plus nette, on ne peut à la fois être européiste et syndicaliste, européiste et démocrate. Il faut choisir. La CES avait choisi depuis le début. Mais désormais cela se voit. La CGT, la CFDT, FO, la CFTC, l’UNSA, syndicats français membres de la CES, et la FSU qui a demandé son adhésion, n’ont pas condamné les propos de la CES pour dire que les Grecs devaient être souverains et libres de choisir leur destin…
Quant à la gauche de gauche associative, incarnée par l’association Attac, elle a fait preuve d’une étonnante perspicacité politique. Dans un communiqué du 7 juillet 2015 elle affirme en effet « cette victoire historique [celle du NON au referendum du 5 juillet en Grèce] a une portée plus profonde : elle confirme que dans le sillage de puissants mouvements sociaux, des forces nouvelles et dynamiques se lèvent en Europe avec beaucoup d’intelligence politique et de dignité, au nom de la démocratie, de l’égalité et de la justice »…
Le maintien dans l’euro voulu par la « gauche de gauche » possède un prix, c’est celui d’une austérité décuplée pour la Grèce et sa mise sous tutelle. Il faut tirer toutes les conséquences de la prise de position de messieurs Laurent et Mélenchon. S’ils parviennent un jour au pouvoir, leur programme, déjà bien faible, proche de celui de Syriza, et à l’exemple de Syriza leurs négociations avec les oligarques aboutiront à des plans encore plus drastiques au détriment des peuples. Les Français ont tout à craindre de la mouvance Front de gauche et autre gauche dite radicale. Car nous savons maintenant beaucoup plus clairement qu’ils feront comme Monsieur Tsipras, et qu’ils choisiront l’austérité et la tutelle comme prix à payer pour rester dans l’euro. Il faut donc cesser de voter pour le Front de gauche, devenu le FDG (Front de la guimauve), ses militants démondialisateurs et anti-européens doivent cesser de perdre leur temps, le quitter et rejoindre le Parti de l’émancipation du peuple !
Comment cette « gauche de gauche » politique, syndicale, associative, peut-elle dire à la fois qu’elle lutte contre l’austérité et que Tsipras a raison ?
Comment lutter pour le retour de la retraite à 60 ans à taux plein en France et soutenir le gouvernement grec qui augmente cet âge à 67 ans ? Comment lutter contre la privatisation des services publics en France, et soutenir un gouvernement qui privatise les siens ? Si nous acceptons cela aujourd’hui pour la Grèce, cela veut nécessairement dire que nous l’accepterons demain pour la France et les autres pays. Quelle différence entre cette gauche et le PS ?
Cette gauche doit enfin admettre qu’il n’est pas possible de mener des politiques anti-austérité et de rester dans l’euro et l’Union européenne. L’austérité est inhérente à l’euro et à l’Union européenne. La meilleure façon d’aider la Grèce est de lutter, dans chaque pays, pour la souveraineté nationale afin d’affaiblir l’Union européenne. Mais c’est maintenant beaucoup trop tard, les directions du PCF, du PG, d’Ensemble, du NPA… sont congelées, figées, pétrifiées dans leur européisme, l’européisme étant à l’Europe ce que le nationalisme est à la nation. Tenter de les faire bouger, de l’intérieur ou de l’extérieur, est un leurre comme le montrent les contestataires communistes qui luttent depuis des années au sein du PCF sans aucun résultat. C’est la même chose au PG où les manœuvres d’appareil interdisent tout véritable débat. Au lieu de s’épuiser en vain, ces militants sont invités à venir construire le Parti de l’émancipation du peuple (ex-M’PEP). Et à battre ces partis, sur le plan idéologique, politique et électoral.

 6.- La sortie de l’euro et de l’Union européenne reste la condition nécessaire, même si elle n’est pas suffisante, pour mettre un terme aux politiques néolibérales

Ceux qui considèrent que la compréhension de la réalité, honnêtement et sans tabous, est un impératif pour y voir clair, auront beaucoup appris au mois de juillet 2015. La preuve a été faite par l’expérience, pour la première fois, que l’on ne pouvait pas transformer l’UE de l’intérieur. Jusqu’à présent, rares étaient les experts et les forces politiques, à l’image du Parti de l’émancipation du peuple (ex-M’PEP), qui expliquaient que la nature de l’UE – et donc de l’euro – interdisait toute possibilité de transformation progressiste de l’intérieur. Mais il s’agissait d’analyses certes très détaillées et argumentées, mais qui ne reposaient pas encore sur une expérience grandeur nature. Or, aujourd’hui, nous avons le cas grec qui confirme cette hypothèse. D’ailleurs, quand les Mélenchon, Laurent, Iglesias et autre Tsipras disent que le gouvernement grec était obligé de céder car il avait « le couteau sous la gorge » et « le pistolet sur la tempe », que disent-ils d’autre ? Ils reconnaissent, tout en voulant le masquer, qu’on ne peut pas changer l’Union européenne de l’intérieur, car l’abandon des politiques d’austérité entraînerait la sortie de l’euro qui, selon leurs élucubrations, provoquerait une « catastrophe » bien pire. En cela ils ne font que reprendre les épouvantails traditionnels agités par l’oligarchie.
La preuve est donc faite que l’euro n’est pas une simple monnaie, techniquement parlant
Elle est bien davantage que cela. Elle est une conception économique fondée sur l’austérité pour le plus grand nombre, afin de favoriser l’Allemagne. L’euro est le nouveau nom du Deutschemark. C’est un système de domination. Il ne permet pas une gestion efficace de la monnaie, notamment parce que les pays de faible développement économique ne peuvent pas résister. Les firmes multinationales détruisent alors, précisément grâce à l’euro, leur tissu productif et leur agriculture. En outre, l’illusion selon laquelle la zone euro était un lieu de convergence et de solidarité entre pays membres a volé en éclat. La zone euro apparaît mieux encore pour ce qu’elle est : un lieu de domination des pays forts (l’Allemagne) sur les pays faibles. L’euro n’est pas une monnaie qui rapproche les peuples et qui est ouverte à tous. C’est la monnaie d’un système oligarchique contrôlé par la BCE au plus grand profit du système financier, des firmes multinationales à base européenne et de l’Allemagne, résultat obtenu en privatisant les monnaies nationales des pays membres. On comprend pourquoi l’Union européenne est prête à tout pour conserver le système, et qu’il existe bien une direction politique de la zone euro. C’est-à-dire une oligarchie autoritaire parfaitement a-démocratique.
Cependant, grâce à l’épisode grec, la zone euro a pris beaucoup de plomb dans l’aile. C’est l’effet positif – involontaire – de l’échec de Tsipras. Ce qui était jusqu’à présent inimaginable – la sortie d’un pays de la zone euro – a été mis sur la table comme jamais. Tout le monde arrive maintenant à la conclusion qu’il est donc possible de sortir de la zone euro, puisque la BCE l’a reconnu ainsi que les dirigeants allemands et l’Eurogroupe lui-même. C’est donc crédible.
Bien sûr le retour aux monnaies nationales ne se fera pas sans difficultés. Mais une perspective positive sera enfin tracée : la souveraineté, la liberté, le redémarrage, la sortie du cauchemar et l’espoir. La sortie de l’euro est la condition sine qua non de tout changement de politique économique. Les partis politiques et syndicats européens vont-ils le comprendre ? Maintenant, tout le monde connaît la véritable nature de l’euro et de l’UE, aucune excuse ne sera plus valable : il faut renverser l’ordre européen.
Tous les gouvernements membres de l’UE sont responsables de la débâcle que connaît la Grèce puisqu’ils ont soutenu la politique absurde qui lui a été imposée.
La « construction » européenne n’a pas d’autre but que de réduire à néant la démocratie – le pouvoir du peuple – en le privant de l’instrument qui lui permet de changer les choses : la souveraineté nationale. La fédéralisation de notre pays constitue une étape supplémentaire vers ce chaos. Ceux qui ne voyaient pas, ou faisaient semblant de ne pas voir, ont désormais toutes les cartes en main pour juger de la vraie nature de l’euro et de l’Union européenne et en tirer les conclusions qui s’imposent.

 II.- MODALITES CONCRETES DE SORTIE DE LA ZONE EURO : 10 MESURES POUR Y PARVENIR

Sortir de la zone euro n’est pas un but en soi et ne règlera pas par miracle tous les problèmes économiques et sociaux des pays qui en font partie. Si, dans cette perspective, la sortie de la zone euro n’est pas une condition suffisante, elle est en revanche une condition absolument impérative pour mener de véritables politiques de développement économique et de redressement social. Les pays qui sortiront de la zone euro devront agir vite, fort, de manière systémique. C’est tout un système qu’il faut démanteler, c’est donc un autre système qui doit voir le jour.
Les dix mesures qui suivent doivent être prises le même jour. Toutes. Une loi, votée le lendemain de la victoire électorale, devra créer les bases politiques (la confiance et la mobilisation du peuple) juridiques et opérationnelles de la fin de l’austérité et de la restauration de l’indépendance nationale. Cette loi devra inclure : l’annulation des plans d’austérité, l’annonce du défaut de paiement et de la restructuration de la dette publique, le contrôle des changes et des mouvements de capitaux, la reprise en main de la banque centrale et de la politique monétaire, la nationalisation des banques et des compagnies d’assurance, le début du démantèlement des marchés financiers, la sortie de la zone euro et de l’Union européenne, la dévaluation de la monnaie nationale, des mesures protectionnistes. Tout cela doit être réalisé pour atteindre l’objectif final : créer les conditions de la fin du chômage et de la précarité en trois ans. Tout ceci devra être voté le même jour, même si la mise en œuvre se fera nécessairement à des rythmes différents.

  1.- Annuler les plans d’austérité

Dans tous les pays de la zone euro, à des degrés divers, les plans d’austérité ont concerné les salaires, les retraites, la restriction des budgets publics pour des activités d’intérêt général comme la justice, l’Éducation, l’hôpital public, l’assurance-chômage, les minimas sociaux… L’annulation et non l’aménagement de toutes ces mesures d’austérité est déjà l’objectif clairement annoncé de nombreuses luttes sociales. C’est donc à leur prolongement, en leur donnant une perspective politique, et à cette condition seulement, que des gouvernements qui voudraient résoudre les problèmes, partout en Europe, pourraient agir de façon optimale. Ils disposeraient d’un large soutien de la population et de sa mobilisation active. En outre, l’expérience grecque en témoigne, l’austérité ne fait qu’aggraver la crise et menacer la démocratie.
L’annulation des plans d’austérité est-elle compatible avec les politiques de l’Union européenne qui mettent l’accent, au contraire, sur l’austérité, au prétexte d’importantes dettes publiques ? L’annulation des plans d’austérité est-elle compatible avec le maintien dans la zone euro ? L’annulation des plans d’austérité, par une majorité parlementaire qui aurait le mandat obtenu des urnes, quel que soit le pays, aurait pour conséquence, dans le cadre actuel, une augmentation du déficit budgétaire et de la dette publique du pays en question. Des pays comme la Grèce, le Portugal, l’Irlande ont déjà été privés d’accès aux marchés financiers et se sont trouvés placés sous perfusion des fonds de l’Union européenne (c’est-à-dire des autres États membres) et du FMI. Ils risqueraient de voir ces fonds bloqués. Privés d’euros, s’ils veulent toujours annuler les plans d’austérité, les gouvernements de ces pays n’auront pas d’autre choix que de sortir de la zone euro pour utiliser une nouvelle monnaie. Il y a donc incompatibilité totale entre le maintien dans la zone euro et l’abandon de l’austérité, il y a incompatibilité totale entre dynamisme économique et maintien dans la zone euro.

  2.- Annoncer le défaut de paiement et restructurer la dette

L’exemple grec, pour notre démonstration, peut être étendu à tous les autres pays de la zone euro, dont la France. En mai 2012, la Grèce se trouvait placée dans une situation similaire à celle qu’elle a connue en mai 2010 et aussi en juillet 2015. Le 19 mai 2010, la Grèce devait rembourser un emprunt obligataire à 10 ans de 8,5 milliards d’euros. Mais le pays ne possédait pas les fonds nécessaires et risquait d’être contraint d’annoncer le défaut. Pour l’éviter, un gigantesque plan de « soutien » a été décidé les 9 et 10 mai 2010 par les pays membres de l’Union européenne, la Commission européenne et le Fonds monétaire international pour 110 milliards d’euros. En contrepartie, ces deux institutions ont exigé des conditionnalités : une austérité généralisée pour que le maximum de richesses produites dans le pays aille aux remboursements des banques créditrices.
Annoncer un défaut est un acte politique extrêmement fort, et l’on comprend que des gouvernements hésitent à prendre des mesures aussi radicales sortant des chemins balisés du néolibéralisme. Les conséquences, en effet, sont importantes.
Premièrement, les marchés financiers, les forces politiques de droite et même une partie de la gauche et de la « gauche de gauche », le grand patronat, la Commission européenne, les gouvernements de l’Union, le FMI, les grands médias, hurleront à la mort contre une telle décision. Ils menaceront, feront pression, lanceront des campagnes d’intimidation et d’affolement de la population comme on l’observe une nouvelle fois en mai 2012 et en juin-juillet 2015… Face à une telle tempête, un gouvernement voulant résoudre les problèmes devra se préparer et conserver son sang-froid, garder le cap et s’assurer à tout moment du soutien du peuple. Toutes ces questions doivent être étudiées avant une éventuelle victoire électorale pour préparer les citoyens, une fois la victoire acquise, à faire front. La population doit être préparée longtemps à l’avance à un défaut qui rend inéluctable la sortie de la zone euro, pour ne pas être prise au dépourvu et contrainte à l’improvisation.
Un défaut a une seconde conséquence : l’exclusion de fait des marchés financiers, c’est-à-dire la perte de la faculté de leur emprunter. C’est logique et c’était d’ailleurs déjà le cas fin 2010 pour la Grèce qui ne pouvait plus y emprunter. On ne voit pas pourquoi les créanciers (banques…) continueraient à prêter encore de l’argent à un État qui ne les rembourse pas.
Une fois le défaut annoncé, les paiements d’intérêts et les remboursements du capital interrompus, un gouvernement qui prendrait cette décision devra engager le processus de restructuration de sa dette.
Un dispositif de gestion du stock de la dette publique (les emprunts déjà émis qui restent à rembourser) et des flux de dettes à venir (les futurs emprunts hors marchés financiers) devra être mis en place. Le gouvernement devra prendre l’engagement de rembourser les petits porteurs qui ont prêté de l’argent à l’État en lui achetant des obligations. Beaucoup de personnes modestes ou des classes moyennes, dans un pays comme la France mais aussi ailleurs, achètent des obligations d’État car elles sont un bon placement, normalement sans risque, dont l’usage est « moral » puisque réputé servir l’intérêt général. Pourquoi les pénaliser en ne les remboursant pas ? Pourquoi en faire les adversaires d’un gouvernement qui veut résoudre les problèmes alors que ce dernier est censé, au contraire, représenter leurs intérêts ? En même temps, parmi les personnes physiques détentrices d’obligations d’État, comment identifier les personnes modestes et des classes moyennes qu’il faut rembourser intégralement et celles qui ont d’importants portefeuilles d’obligations pour lesquelles le remboursement ne devra pas être automatique ? Pour y voir clair, le remboursement du capital prêté à l’État par ces ménages peut se faire sur présentation de l’avis d’imposition. Les personnes peu ou moyennement imposables, ou non imposables, seraient totalement remboursées. Les personnes situées dans la tranche marginale de l’impôt sur le revenu verraient leurs remboursements réduits ou même supprimés dans certains cas selon un barème à déterminer. La situation des personnes physiques doit donc être examinée au cas par cas dans le cadre d’une politique de réduction des inégalités.
En revanche, les personnes morales comme les Hedge Funds, les banques, les fonds de pension et autres fonds qui détiennent des obligations d’État, pourront voir leurs remboursements réduits, reportés dans le temps ou même annulés, selon leur rôle dans la spéculation. Même chose pour le versement des intérêts annuels qui, de toute façon, seront annulés ou fortement réduits.
Bien évidemment, ces remboursements du capital et paiements des intérêts se feront en monnaie nationale (drachme, francs, etc.) et non en euros. On pourra se demander pourquoi rembourser les investisseurs institutionnels et autres personnes morales – pour celles qui le seront - en monnaies nationales puisque ces monnaies ne seront pas convertibles (voir plus loin). Que vont-ils en faire ? Ils devront acheter des biens et services produits dans les pays concernés pour les aider à rétablir leur balance des paiements. Précisons que ces remboursements peuvent être effectués par la banque centrale, au moyen de la création monétaire.
L’impossibilité d’emprunter aux marchés financiers conduira les pays qui font défaut à recourir à trois types de mesures pour garantir la continuité du financement de la trésorerie de l’État et des investissements publics : s’appuyer sur leur épargne nationale ; imposer aux banques et compagnies d’assurance l’achat obligatoire de titres d’État ; recourir aux avances sans intérêt et parfois non remboursables de leur banque centrale. Tout ceci, bien évidemment, est rigoureusement impossible dans le cadre de l’euro et de l’Union européenne (voir plus loin).

  3.- Contrôler les changes et les mouvements de capitaux

La France, pour ne prendre que cet exemple, a connu le contrôle des changes entre 1939 et 1967. Aucune devise étrangère ne pouvait être vendue ou achetée sans l’intermédiaire d’un fonds de stabilisation des changes géré par la Banque de France. Rétabli en 1968, il a été définitivement supprimé en 1989 alors que Pierre Bérégovoy (PS) était ministre des Finances, après avoir été assoupli à partir de 1984 quand le ministre des Finances était Jacques Delors (PS). Pendant les périodes de contrôle des changes, il n’y avait pas de crises… Il faut donc remettre en place le contrôle des changes et des mouvements de capitaux.
Le contrôle des changes est une décision prise par un gouvernement pour réglementer l’achat et la vente de monnaies étrangères par ses ressortissants (personnes physiques ou morales) et de sa monnaie nationale par des non-résidents. Lié à la non-conversion de la monnaie, le contrôle des changes consiste à autoriser une opération de change à condition qu’elle corresponde à une réalité économique (l’achat d’une machine, de marchandises, le tourisme…). Ces mesures répondent à plusieurs objectifs.
D’une part, il s’agit d’empêcher les achats excessifs de monnaies étrangères, essentiellement par les banques et institutions financières, qui peuvent contribuer à la dépréciation de la monnaie nationale et aggraver le déficit de la balance des paiements (si la monnaie est convertible). D’autre part, il s’agit d’entraver les importations de produits susceptibles de concurrencer l’industrie nationale, et de réserver les achats avec des devises étrangères au règlement des importations jugées les plus utiles et les plus urgentes (biens d’équipement, matières premières par exemple). Un tel objectif va dans le sens de la relocalisation des productions industrielles et agricoles. Enfin, cela sert à empêcher l’évasion des capitaux et des revenus taxables. Là encore, il ne s’agit en aucun cas de pénaliser les petits acheteurs de devises tels que les touristes, qui bénéficieront de quotas de devises largement suffisants pour leurs dépenses touristiques.
Aujourd’hui, l’immense majorité des achats de devises ne sert ni à acheter des biens et des services, ni à acheter des titres financiers, mais à acheter d’autres devises dans le but exclusif de spéculer.

  4.- Reprendre en main la politique monétaire

Pour parvenir à mettre en œuvre une politique d’abandon de l’austérité, de plein-emploi, de redémarrage des services publics, de reconstruction de la protection sociale et de mutation écologique du mode de production, le contrôle de la banque centrale par le gouvernement est indispensable. Les nouveaux gouvernements auront besoin de s’attaquer au cœur du système et de reprendre en main la politique monétaire en redonnant à la banque centrale les pouvoirs que les représentants des classes dirigeantes lui avaient ôtés. La nationalisation complète des banques et du secteur financier, ainsi que des compagnies d’assurance, sera engagée, complétant le dispositif de remise en ordre de l’économie et de démantèlement des marchés financiers.
Dans le système capitaliste, la monnaie est à l’économie ce que le sang est au corps humain. On appelle politique monétaire les mesures prises par les banques centrales concernant les conditions du financement de l’économie : niveau des taux d’intérêt (le loyer de l’argent), création de nouvelles quantités de monnaie, parités de change avec les autres monnaies, prêts gratuits à l’État, avances remboursables ou non, achats de titres d’État à un faible taux d’intérêt, contrôle du système bancaire et financier, financement direct d’organisations productives ou de services, gestion d’un fonds de réserve pour les changes, préteur en dernier ressort…
Pour s’assurer que le capitalisme disposera des moyens de son financement et préservera la rentabilité du capital en bloquant l’inflation quelles que soient les gouvernements, les banques centrales ont été rendues indépendantes du pouvoir politique à partir de la révolution conservatrice néolibérale du tournant des années 1970 et 1980. Elles ont alors été confiées à des mains sûres : des agents des marchés financiers. Les politiciens de droite, avec l’accord enthousiaste de nombreux socio-démocrates, ont verrouillé le système monétaire pour qu’il ne serve qu’aux intérêts des marchés financiers. C’est la raison de la création de la Banque centrale européenne. On ne peut mieux dire que le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, pour dénoncer l’indépendance des banques centrales : « la banque centrale indépendante se voit donner un mandat pour servir un certain groupe d’intérêts. Il s’agit d’une sorte de verrouillage, soit par Constitution, soit par traité. [par exemple le traité de Lisbonne] On cadenasse certaines politiques économiques pour servir les intérêts de quelques groupes au détriment d’autres » (Le Monde, 27 février 2004).
Aucune véritable politique de sortie de crise ne sera possible si la Banque centrale européenne reste dans les mains des représentants des marchés financiers. Des lois devront être votées dans chaque pays pour mettre fin à l’indépendance de leur banque centrale et lui donner un statut d’autonomie. Renoncer à l’indépendance des banques centrales ne signifie pas pour autant les rendre totalement dépendantes du gouvernement. Car celui-ci pourrait avoir tendance à laisser filer la création monétaire au-delà de ce qui est nécessaire.
Les pays qui quitteront la zone euro pourront alors retrouver le monopole de la création de leur monnaie, soustraire cette activité essentielle des griffes des banques privées, et finalement recouvrer leur indépendance et leur souveraineté monétaires. Pour compléter le dispositif, il faudra faire abroger, en France et ses équivalents dans les autres pays, la loi de 1973 qui a obligé la Banque de France à abandonner son monopole de création monétaire (scripturale) en le transférant aux banques privées. Deux outils de politique monétaire devront être réactivés : l’encadrement du crédit et la sélectivité du crédit.
Encadrement du crédit
Il consiste, pour un gouvernement, à déterminer le volume de crédits que les banques devront distribuer, en d’en confier le contrôle à la banque centrale. C’est un dispositif très simple, très efficace et aux effets immédiats, qui permet d’éviter la politique d’argent cher et la restriction du crédit aux agents économiques. Chaque banque se voit allouer une enveloppe de crédits, les parts de marché sont ainsi gelées, la concurrence entre les banques change de nature. La course au gigantisme et à la rentabilité des fonds propres pour rémunérer les actionnaires, au détriment de la sécurité des fonds déposés par les épargnants et le financement de l’économie, sont stoppés net. Comme le seront aussi les opérations spéculatives à effet de levier. Ce système, supprimé en France en 1985 par le socialiste Pierre Bérégovoy, ministre des Finances, doit être rétabli et étendu à tous les pays qui sortiront de la zone euro.
Sélectivité du crédit
Jusqu’en 1986, avant que le même ministre des Finances Pierre Bérégovoy supprime cet instrument, le gouvernement français pouvait donner des instructions aux banques concernant le niveau des taux d’intérêt à accorder à tel ou tel secteur de l’économie à partir d’une orientation définie par le Parlement. Les banques étaient ainsi le relai obligé des politiques publiques pour soutenir des branches économiques particulières en leur accordant des taux d’intérêt plus bas qu’aux autres. Parfois même ces taux d’intérêt étaient bonifiés.
Prenons l’exemple des délocalisations. Certaines entreprises privées s’endettent aujourd’hui pour placer leurs fonds ailleurs, notamment pour financer leur délocalisation. En France, en 2009, ce phénomène a représenté 150 milliards d’euros. L’encadrement du crédit et sa sélectivité empêcheront définitivement ces opérations sans aucune difficulté technique : c’est très simple à faire.
Prenons un second exemple, celui des prêts accordés par les banques aux Hedge Funds, aux opérations de LBO’s et de fusions et acquisitions. Toutes ces opérations ont pour point commun d’être uniquement à vocation spéculative, sans aucun rapport avec le développement harmonieux de l’économie. Les banques, complices de ces opérations par les prêts qu’elles leurs accordent, ne pourront plus agir en sens contraire de l’intérêt général. Ces prêts seront purement et simplement interdits, la pompe à finance sera arrêtée, les spéculateurs seront asphyxiés.

  5.- Nationaliser les banques et les compagnies d’assurance

Le rôle des banques est de financer l’économie. Elles le font de moins en moins, préférant spéculer. C’est pourquoi le financement de l’économie ne doit plus être confié au marché, il faut nationaliser tout le système bancaire. Intégralement. Cela permettra aussi d’affaiblir les positions de la classe dirigeante. Les conditions optimales seront alors créées pour démanteler les marchés financiers, et non simplement les réguler.
Les banques et autres institutions financières ont pris beaucoup trop de poids dans l’économie et même dans la politique. Elles sont responsables de nombreuses crises à répétition qui secouent le monde depuis une trentaine d’années. Les banquiers gagnent trop d’argent, gavés notamment de bonus et de stock-options. Ils ne pensent plus qu’à leur enrichissement personnel et ruinent les déposants et les économies qu’ils sont censés financer. Imbus d’eux-mêmes, gonflés de leur suffisance, ils ont fait preuve d’une incompétence qui les disqualifie et incite à les renvoyer dans les agences de quartier pour en tenir les guichets. Il faut le répéter, les banques ont un rôle de service public : garantir les dépôts des épargnants et non les ruiner, assurer le financement de l’économie et non l’assécher.
L’arrivée au pouvoir d’une coalition politique voulant s’attaquer réellement aux problèmes, ayant annoncé son intention de nationaliser les banques et les compagnies d’assurance, provoquera un mouvement de panique à la Bourse. Tout le monde voudra vendre les titres des banques et des compagnies d’assurance. C’est excellent ! C’est ce qu’il faut ! Le prix de ces titres s’écroulera. Ce sera le moment que devra choisir un fonds public d’intervention pour ramasser les titres de ces établissements au prix le plus bas possible. Les actionnaires des banques, coresponsables de la crise, seront ainsi justement sanctionnés. Par le marché lui-même ! Les salariés de ces entreprises victimes de la propagande qui les avait incités à acheter des actions de leur banque seront, quant à eux, remboursés. Pour acheter ces actions, la Banque de France donnera les fonds à l’État, par création monétaire, comme le fait la Banque centrale américaine. C’est tout simple.

  6.- Démanteler les marchés financiers

Il faut déclarer la guerre à la finance. Personne ne sera surpris si un gouvernement déterminé à mettre fin à la souffrance du peuple met en œuvre ce principe. Les nuisances de la finance dérégulée, depuis la fin des accords de Bretton Woods en 1971 qui ont mis un terme aux taux de change fixes, sont désormais suffisamment connues pour faire un bilan : il est négatif sur tous les plans. Nous n’en sommes plus à l’époque des interrogations et tergiversations sur le rôle de la finance de marché. Nous sommes au moment où il faut se débarrasser de la finance. On peut y parvenir aisément en démantelant les marchés financiers et en instaurant, pour y contribuer, le contrôle des changes et des mouvements de capitaux à partir d’initiatives nationales.
Un système financier est nécessaire à toute société. S’il est correctement conçu et organisé, il doit permettre aux agents économiques en surplus d’épargne (les ménages) de prêter aux agents économiques en besoin d’épargne (les entreprises, l’État, les services publics…). Il ne faut toutefois pas confondre système financier et marchés financiers. Le système financier doit avoir un simple rôle d’intermédiaire au service de l’intérêt général et ne pas se transformer en marché financier spéculatif n’agissant que pour les profits d’intérêts privés. Or, c’est bien ce qu’est devenu aujourd’hui le système financier sous l’effet de la révolution conservatrice. Totalement dérégulé, il n’est plus qu’un vaste champ de manœuvres pour ses opérateurs. Les réguler ne suffit plus, ce serait totalement inadapté à la situation actuelle, il faut les démanteler.
La fermeture du marché obligataire
Dans le programme qui est ici proposé, il y aura toujours des émissions d’obligations d’État. Toutefois, les pays sortis de la zone euro ne se financeront plus sur le marché obligataire qui sera fermé, il n’y aura plus ni marché primaire, ni marché secondaire. Les États continueront à émettre des obligations, mais elles ne pourront être souscrites que par les ménages, dans le cadre d’un plafond pour éviter la constitution de rentes par les plus fortunés ; par les banques et compagnies d’assurances, dans le cadre d’un quota obligatoire d’achats ou de leurs provisions et réserves (emprunts forcés) ; et enfin par la banque centrale.
Le marché secondaire étant fermé, les obligations souscrites ne pourront être revendues, sauf exceptions, particulièrement pour les personnes physiques, et seulement à l’État. Les entreprises et les collectivités locales ne pourront plus émettre d’obligations, elles devront revenir au financement classique par prêt bancaire. Il n’y aura donc plus de marché obligataire.
Organiser le dépérissement de la Bourse jusqu’à sa fermeture
Le financement des entreprises par le mécanisme boursier, plutôt que par l’emprunt bancaire, n’est absolument pas nécessaire pour leurs investissements. Il est même de plus en plus néfaste pour les entreprises elles-mêmes. Les actionnaires pompent désormais davantage de capitaux des entreprises qu’ils ne leur en apportent. Sans parler des scandales à répétition qui ont fait des marchés boursiers des espaces de fraude et de corruption généralisé.
De plus, la «  dictature » de l’actionnariat impose aux entrepreneurs des orientations qui non seulement ont des conséquences sociales et environnementales dévastatrices, mais ne tiennent même pas compte de la pérennité de l’entreprise, devenue une marchandise comme une autre, achetable puis jetable. Sans parler de l’utilité réelle des productions pour le pays d’implantation, souvent contestable.
La relation entre l’entreprise et ses actionnaires est inversée : ce ne sont plus les actionnaires qui financent l’entreprise, c’est l’entreprise qui finance ses actionnaires. Ces derniers sont des prédateurs qu’il faut empêcher de nuire. Une des racines les plus profondes de la crise du capitalisme contemporain se trouve dans le système boursier. Pour l’avenir lui-même des entreprises, qui doivent être considérées comme des organisations productives fabriquant des biens et des services utiles, il faut organiser le dépérissement de la Bourse. Et libérer les entreprises de leurs actionnaires.
En brisant les marchés financiers sur son territoire, un gouvernement dynamique donnera un signal universel.

  7.- Sortir de la zone euro, revenir à la monnaie nationale qui ne sera pas convertible

Dans un régime démocratique, le pouvoir de battre monnaie doit être confié aux élus du peuple. Car battre monnaie signifie la possibilité de définir une politique monétaire qui servira à financer la politique économique. Comment est-il possible d’accepter la dictature monétaire exercée actuellement par les marchés financiers qui, en rendant indépendante les Banques centrales des pouvoirs publics, les ont retirées des mains du peuple ? Refuser de sortir de la zone euro, c’est refuser de redonner le pouvoir monétaire au peuple. Est-ce une politique susceptible de sortir de la crise ?
La monnaie et la politique monétaire font partie d’un ensemble plus vaste qui est la politique économique. On trouve aussi, dans la politique économique générale, la politique fiscale, celle du commerce international, la politique industrielle, la politique budgétaire, etc. Une politique économique, dans toutes ses composantes, ne peut pas être neutre, c’est-à-dire ni en faveur des classes dominantes ni en faveur des classes dominées. Pour une raison très simple : toute politique économique a deux conséquences principales, l’une sur l’environnement et l’autre sur le partage des richesses. Les conséquences de la politique économique sur l’environnement dépendront des choix implicites ou explicites faits par un gouvernement, par exemple en matière de commerce international. Si l’un des objectifs de cette politique économique est de développer le commerce international, la conséquence immédiate sera la dégradation de l’environnement par l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. La seconde grande conséquence d’une politique économique concerne le partage de la richesse produite. Là aussi, de manière implicite ou explicite, il y a toujours un choix qui est fait entre le travail et le capital. Soit la politique économique va conduire à un encadrement raisonnable des revenus et de l’accumulation du capital pour favoriser le travail, soit elle se fixera une priorité inverse pour favoriser le capital.
On comprend, dès lors, que le partage d’une monnaie unique entre plusieurs pays doit résulter d’un accord profond sur la politique économique et le choix de société qu’elle traduit. Or, dès le départ, la zone euro a réuni des pays aux caractéristiques économiques et aux projets politiques très différents. Les écarts se sont ensuite creusés du fait des politiques menées qui ont été non seulement divergentes mais contradictoires. Ainsi les dirigeants allemands – d’abord les socio-démocrates alliés aux Verts, puis les conservateurs avec madame Merkel alliés aux socio-démocrates – ont mené la même politique économique visant la priorité aux exportations dans la zone euro et la déflation salariale. Ils ont déshabillé Pierre (les autres pays de la zone euro) pour habiller Paul (la classe dirigeante allemande).
Le premier pays qui sortira de la zone euro, provoquera, il faut l’espérer, un effet d’entraînement. Sur le plan politique, des partis, des syndicats, des mouvements divers pourront vérifier par l’expérience que cette première sortie de la zone euro n’a pas provoqué le déluge qui terrorisait certains (si cette sortie de la zone euro se fait en appliquant les mesures proposées dans cette étude). Les pays concernés, revenus à l’air libre, pourront diminuer leur taux de chômage et faire repartir leur système de protection sociale en annulant toutes les directives européennes et lois nationales qui l’avaient démantelé. Les classes dominées reprendront de la vigueur en Europe, les forces d’extrême droite reculeront. Des coalitions se formeront, pouvant devenir majoritaires, face aux partis sociaux-démocrates, travaillistes et socialistes.
Le non-remboursement de leur dette publique privera les pays concernés, pour longtemps, de l’accès aux marchés financiers afin d’emprunter. Est-ce un mal ? Dès lors, comment trouver les fonds nécessaires au fonctionnement de la société ? Il n’existe, pour y parvenir, aucune véritable solution dans le cadre de la zone euro. Rompre avec les marchés financiers, comme on l’entend dire parfois, ne peut s’imaginer qu’en dehors du cadre de la zone euro, car cette monnaie est partie intégrante des marchés financiers et ne peut en être disjointe. Avec la monnaie unique et les traités européens, le financement des dépenses publiques hors marchés financiers est impossible.
Il est loin d’être certain que l’épargne nationale, selon les pays, soit suffisante pour répondre aux besoins de financement sans importations de capitaux. La Grèce, par exemple, est l’un des pays de l’UE ayant le taux d’épargne le plus faible (8% du PIB, contre 19% en 2008 pour la France). Pour un PIB de 239 milliards d’euros en 2008, l’épargne grecque représentait 19 milliards d’euros, alors qu’en 2010, la Grèce avait besoin d’emprunter 54 milliards d’euros. Par ailleurs, la dette publique étant de 133% du PIB à l’époque, soit 315 milliards d’euros pour un PIB de 237 milliards d’euros en 2009, il faudrait à ce pays 16 années pour rembourser sa dette (sans compter les intérêts !), à condition d’y consacrer chaque année la totalité de son épargne nationale. On voit que ni le financement des investissements par l’épargne nationale, ni le remboursement de la dette ne sont possibles en Grèce dans les années qui viennent. Il faut nécessairement de la création monétaire, ou alors l’austérité frappera ce pays pendant au moins vingt ou trente ans. C’est ce choix qui a été fait sans remord par le gouvernement « socialiste » grec, avec le soutien de l’Union européenne et du FMI, et maintenant par le gouvernement de la « gauche de gauche » de Monsieur Tsipras.
En revanche, la situation est différente en France où le taux d’épargne était de 19% du PIB en 2008, soit 370 milliards d’euros pour un PIB de 1.950 milliards d’euros. Les emprunts d’État à moyen et long terme, en 2010, étaient estimés à 188 milliards d’euros. Quant à la dette publique, elle était à 78% du PIB fin 2009 (1.489 milliards d’euros). Ainsi, pour la rembourser à partir de la seule épargne nationale, il faudrait seulement 4 années à la France. Il ne s’agit là que d’un exemple pour montrer les véritables proportions du problème. Dans la réalité, toute l’épargne ne peut aller aux emprunts d’État, il faut qu’une partie de l’épargne soit disponible pour financer le logement, la production agricole et industrielle.
On peut conclure que les pays à faible taux d’épargne ont un intérêt encore plus marqué de sortir de la zone euro, alors que ceux disposant d’un certain niveau d’épargne ont des marges de manœuvres plus importantes.
Par la loi, le gouvernement grec ou n’importe quel autre gouvernement, peut imposer aux banques et compagnies d’assurances, y compris étrangères installées sur leur territoire, d’acheter un pourcentage convenu des émissions obligataires de l’État, à un taux d’intérêt très bas fixé par le gouvernement et non par le marché. Le marché secondaire sera fermé : les détenteurs de ces obligations ne pourront pas les vendre, sauf à l’État, et devront les garder jusqu’à leur terme, sauf cas particulier. Elles joueront notamment le rôle de réserves obligatoires.
Organiser la conversion des euros en monnaie nationale le jour et l’heure convenus
Ceux qui ont vécu le passage des monnaies nationales à l’euro se rappelleront sans doute qu’il s’est très bien passé, sauf les augmentations des prix à la consommation. Il n’existe aucune raison pour que le mouvement inverse, le passage de l’euro aux monnaies nationales, se déroule mal. Les actions suivantes devront être engagées :
  • Les salaires et revenus de transfert seront versés en drachmes (ou en francs).
  • Les dépôts bancaires seront convertis en drachmes (ou en francs).
  • Les titres seront valorisés en drachmes (ou en francs).
  • Les bilans des entreprises et des institutions financières seront immédiatement convertis en drachmes (ou en francs).
  • Les personnes physiques pourront convertir leurs euros en drachmes (ou en francs) dans les banques. Ces conversions seront l’occasion d’un examen de la situation fiscale des personnes physiques et morales, particulièrement dans les pays à faible organisation et pression fiscales. Le montant des sommes converties devra être en adéquation avec la profession des intéressés et leurs revenus déclarés, le chiffre d’affaires pour les entreprises… - L’euro sera interdit dans les transactions courantes. Il faudra préciser si une période de double monnaie est nécessaire pendant la phase de transition. Il faut fixer une perspective d’espoir. C’est la détermination et la précision avec lesquelles sera évoqué la nécessité de la sortie de la zone euro, comme première étape incontournable pour construire une autre Europe, qui peut dédramatiser, acclimater les esprits à cette idée, rendre cette orientation en quelque sorte banale, en dominer les différents aspects, qu’ils soient politiques, psychologiques, sociaux, médiatiques, financiers, monétaires, techniques…
Annoncer la non-convertibilité de la monnaie nationale
Une monnaie est dite convertible lorsqu’elle peut être achetée et vendue sans restriction contre une autre monnaie. C’est le libre-échange de la monnaie, sous-ensemble de la libre circulation des capitaux. Une monnaie peut être déclarée non convertible dans d’autres monnaies à la suite de décisions gouvernementales.
Les pays qui sortiront de la zone euro, du moins dans un premier temps, devront choisir la non-convertibilité totale. Cela ne signifie pas empêcher le tourisme ou le commerce international comme une propagande grossière le laisse parfois entendre. Les résidents de ces pays voulant voyager à l’étranger pourront évidemment disposer des devises nécessaires, quel que soit le pays de leur destination. Même chose pour les touristes étrangers venant dans les pays qui ne seront plus dans la zone euro et qui pourront disposer des monnaies locales dont ils auront besoin, comme aujourd’hui lorsqu’on se rend par exemple en Angleterre. Même chose encore pour les entreprises des pays sortis de la zone euro qui voudront importer en payant dans la monnaie du pays exportateur, qui disposeront des devises nécessaires. En revanche, les opérations financières purement spéculatives seront privées de devises.

  8.- Dévaluer

Dévaluer une monnaie signifie baisser la parité officielle de cette monnaie par rapport à une autre monnaie. Une fois sortis de la zone euro, les pays qui auront décidé de reprendre leur destin en main devront généralement dévaluer leur monnaie par rapport aux autres. C’est particulièrement vrai pour les pays connaissant un déficit commercial. La raison est très simple : les dirigeants allemands ont provoqué des déficits commerciaux chez leurs voisins. Pour revenir à l’équilibre commercial vis-à-vis de l’Allemagne, il faut favoriser les exportations des pays européens en Allemagne et décourager les importations allemandes dans ces pays. Même chose pour les exportations dans les zones dollar et yen, puisque l’euro était surévalué (fort).
L’intérêt pour la Grèce de la dévaluation de la drachme concerne surtout le tourisme. Actuellement, alors que la Turquie possède une monnaie qui connait régulièrement des dévaluations qui attirent les touristes, la Grèce est bloquée par l’euro. Les voyagistes évoquent d’ailleurs « la dévaluation constante de la livre » turque au point qu’il est illusoire d’en préciser le cours car elle peut baisser pendant le séjour.
En Argentine et en Russie, les dévaluations ont été de 60-70% après l’annonce de leur défaut de paiement. Mais il est vrai que la Grèce n’a pas les mêmes capacités d’exportation que ces deux pays. En Islande, trois ans après la crise, la croissance économique était repartie, les créations d’emplois se multipliaient, l’émigration des jeunes avait cessé, le commerce extérieur était redevenu positif. Il a fallu, pour y parvenir, dévaluer la monnaie de 50%. Pourquoi pas en Grèce, qui est un pays beaucoup plus grand que l’Islande ?
Des taux de change fixes
Un taux de change fixe signifie qu’il est constant par rapport à une monnaie de référence (principalement le dollar US ou l’euro), ou à un panier de monnaies, par décision de l’État qui émet cette monnaie. Le taux ne peut être modifié que par une dévaluation ou une réévaluation décidée par cet État.
Dans le cadre d’un taux de change fixe, un gouvernement peut décider de déprécier sa monnaie par rapport à une autre et de modifier le taux de change. La baisse de la valeur de la monnaie nationale provoque une hausse du prix des importations et une baisse du prix des exportations.
Le but serait de rééquilibrer les balances des paiements déficitaires, du fait, en particulier, de l’agressivité de la politique des dirigeants allemands et du choix de la BCE de l’euro fort. Le retour aux monnaies nationales implique un taux fixe, la monnaie nationale n’étant par ailleurs pas convertible.
Au moment de l’entrée de la Grèce dans l’euro, le taux de conversion était de 1 EUR = 340,750 GRD. Pour la France, le taux de conversion était de 1 EUR = 6,55957 FFR. Faut-il revenir à ces taux ? Ce serait compliquer les choses, provoquant, comme au passage à l’euro, une perte de repères de la population, favorable à l’augmentation des prix. Le plus simple serait de convertir 1 pour 1, c’est-à-dire 1 euro pour 1 franc et 1 euro pour 1 drachme.

  9.- Des mesures protectionnistes dans le cadre internationaliste de la Charte de La Havane de 1948 rénovée

Le libre-échange, qui est l’un des principaux piliers du néolibéralisme, nous est imposé comme une vérité révélée, sans alternative possible. On peut cependant constater que l’augmentation du commerce international, censée résulter de la suppression des barrières douanières et de l’intensification de la concurrence, ne favorise pas la croissance économique. Et encore moins une croissance économique fondée sur le respect des travailleurs et de l’environnement. De plus, le libre-échange avec les pays en développement, par conséquent entre pays de niveau économique très différent, n’a pour résultat que de bloquer l’évolution des plus faibles et de les placer sous la domination des plus riches. C’est le cas de la Grèce.
Par exemple, interdire à certains pays de disposer d’écluses commerciales, c’est-à-dire d’avoir recours à des mesures protectionnistes est criminel. Cela revient à détruire la production agricole locale, l’artisanat et la petite industrie. C’est nourrir l’immigration. Et c’est fournir la matière première aux forces nationalistes, racistes, xénophobes, d’extrême droite.
Un projet de système de commerce international se donnant pour perspective le développement de tous les pays et non la conquête de nouveaux marchés a existé avec la Charte de La Havane de 1948. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il avait été prévu de créer une Organisation internationale du commerce (OIC) sur la base de cette charte, mais elle n’a malheureusement jamais vu le jour. Pourtant cette charte avait été signée par 53 pays. Le Sénat américain, qui venait de changer de majorité, a refusé de ratifier le texte. La Charte de La Havane de 1948, même si elle reste dans la conception erronée que le commerce crée l’emploi et la croissance économique et qu’il faut donc le développer, contient néanmoins un ensemble de principes et de procédures susceptibles d’assurer un fonctionnement raisonnable du commerce international, en le sortant du libre-échange. Son article 1, qui détermine ses buts, dit clairement qu’il s’agit « d’atteindre les objectifs fixés par la Charte des Nations Unies, particulièrement le relèvement des niveaux de vie, le plein emploi et les conditions de progrès et de développement ». L’article 2 précise que « la prévention du chômage et du sous-emploi est une condition nécessaire pour […] le développement des échanges internationaux et par conséquent pour assurer le bien-être de tous les autres pays ». Dans l’article 3, le principe de l’équilibre de la balance des paiements est le plus important : « aucun pays, à long terme, ne peut fonctionner avec une balance déficitaire ». Le texte précise que « les États membres chercheront à éviter les mesures qui auraient pour effet de mettre en difficulté la balance des paiements des autres pays », c’est-à-dire la « conquête » de parts de marché chez les autres. Et l’article 21 détaille « les restrictions » au commerce destinées à « protéger la balance des paiements », strictement encadrées par l’OIC.
La Charte de La Havane de 1948 autorise donc à avoir recours à des mesures protectionnistes. Elles sont le moyen de rééquilibrer les balances des paiements. Leur objectif n’est pas d’inverser la situation des pays concernés, c’est-à-dire de les faire passer d’une position déficitaire à une position excédentaire. Grâce à ce principe d’équilibre de la balance des paiements, le commerce international devient un lieu de coopération et non d’affrontement.
Les mesures protectionnistes à prendre ne seront pas globales mais sélectives. Sur le plan pratique et opérationnel, un gouvernement qui voudra vraiment sortir de l’ordre néolibéral s’adressera à tous les pays de l’Union européenne et au-delà. Il leur parlera de la Charte de La Havane de 1948 comme le cadre, à mettre à jour, d’un nouvel ordre possible pour le commerce international. Il proposera qu’une conférence se tienne dès que possible, en dehors de l’OMC. Parallèlement, il demandera l’organisation d’un sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne pour remettre tout à plat dans le domaine du commerce international. Mais il ne faut pas se faire d’illusions sur les débouchés d’un tel sommet.
Conjointement à ces initiatives multilatérales, ce gouvernement devra proposer individuellement aux 153 pays membres de l’OMC – et à ceux qui n’y sont pas – de conclure des accords bilatéraux pour réorganiser, entre eux, selon les principes de la Charte de La Havane, leurs échanges commerciaux. Quel que soit le solde de la balance des paiements du pays concerné, déficitaire ou excédentaire, un plan progressif sur 5, 10 ou 15 ans de retour à l’équilibre sera négocié. Des mesures protectionnistes seront prises de manière unilatérale par les pays qui voudront s’engager dans cette voie internationaliste à l’encontre de ceux des pays qui choisiront de rester dans le cadre de la guerre commerciale qu’est le libre-échange.
Le libre-échange se poursuivra donc avec les pays qui auront refusé de s’engager dans ces accords bilatéraux de retour à l’équilibre. Il n’y a aucune raison de baisser la garde vis-à-vis de ceux qui refusent la coopération. Il ne faudra donc pas renoncer à gagner des parts de marché dans ces pays. Avec ces mesures protectionnistes, les entreprises ne pourront pas dire que l’augmentation des salaires les a handicapées sur le plan de la concurrence internationale. Au contraire, elles auront trouvé de nouveaux marchés en développant la consommation intérieure et en coopérant au plan international.
Les mesures protectionnistes prises dans la perspective de la Charte de La Havane de 1948 permettront de mettre un terme à la concurrence internationale entre les travailleurs. Elles permettront aussi la diminution des transports qui ralentira les émissions de gaz à effet de serre. En contrepartie, certains secteurs exportateurs devront s’attendre progressivement à de probables diminutions d’activité. Les 29 pays s’engageant dans la refonte du commerce international, ne peuvent à la fois revendiquer un nouvel ordre commercial mondial fondé sur l’équilibre des balances des paiements, et continuer à accumuler des excédents dans certains secteurs, sauf si ces excédents compensent des déficits dans d’autres secteurs. Les travailleurs des branches concernées ne pourront comprendre et accepter cette situation qu’à la condition d’avoir un filet de sécurité. C’est ce que permet, précisément, le droit opposable à l’emploi (voir plus haut).
Le cas de la Grèce
La balance commerciale de la Grèce connaît un énorme déficit : 32 milliards d’euros en 2010 qui a été réduit en 2015 non par une augmentation des exportations, mais par une diminution des importations provoquée par l’effondrement économique. La Grèce – comme la France – consomme plus qu’elle ne produit. Elle vit à crédit et dans ces conditions son déficit global ne peut que se creuser. Ce pays doit se donner les moyens de produire ce dont il a besoin. La recherche d’accords bilatéraux de coopération commerciale lui est donc vitale.
Prenons l’exemple des relations commerciales entre la France et la Grèce. En 2010, la France a exporté pour 2,7 milliards d’euros, et n’a importé que pour 0,6 milliard d’euros. La France possède donc un excédent de 2,1 milliards sur la Grèce et 1,9 milliard en 2011, contribuant à enfoncer ce pays. Un accord commercial bilatéral entre nos deux pays doit permettre d’établir un équilibre : soit en ralentissant les exportations françaises vers la Grèce ; soit en augmentant les importations grecques en France ; soit par une combinaison des deux.
La France exporte de la viande de boucherie, des produits pharmaceutiques, des produits de raffinage, des parfums, des moteurs et turbines, des produits sidérurgiques et aéronautiques, des céréales. Pour chacun de ces produits, l’accord bilatéral de coopération commerciale entre la France et la Grèce devra comporter des modalités pour aider la Grèce à conduire une politique de substitution aux importations.
Celle-ci devra concerner, d’abord, l’agriculture (3,3% du PIB et 12% de la population active en 2010). Paradoxalement, pays agricole, la Grèce est un importateur net de produits alimentaires. Cette situation n’est pas acceptable.
Les services, essentiellement la marine marchande et le tourisme, mais aussi le petit commerce, représentent 78,9% du PIB (68% de la population active). La dévaluation de la drachme favorisera l’afflux de touristes en Grèce. L’effet sera immédiat sur le petit et moyen commerce qui bénéficiera aussi de la hausse du pouvoir d’achat de la population.
Il reste l’industrie et la construction qui représentent 17,9% du PIB et 20% de la population active. La substitution aux importations devra porter sur :
  • Les médicaments.
  • L’industrie navale.
  • Les véhicules.
  • Les pioches, pics, houes, binettes, râteaux et racloirs.
  • Les machines pour le travail des métaux.
En menant cette politique, la Grèce s’en sortira.

  10.- Supprimer le chômage et la précarité

Un gouvernement soucieux du bien-être de la population voudra répondre à la préoccupation principale qu’elle exprime : le chômage et la précarité. Les conditions économiques propices au développement de l’emploi marchand doivent être créées, un droit opposable à l’emploi doit constituer le filet de sécurité qui ne laissera personne sur le bord de la route.
Pour que des emplois soient créés dans le secteur marchand (le secteur privé des entreprises), dans l’agriculture, l’industrie et les services, il faut que des marchés existent. Les biens et services, pour être produits, doivent correspondre à une demande des consommateurs que les entreprises vont anticiper. Une fois produits, les biens et services doivent alors trouver preneurs, les anticipations des entreprises seront ainsi confirmées dans la vente au consommateur. Mais pour acheter les biens et services produits, les consommateurs ont besoin de revenus. En Grèce et dans les autres pays de la zone euro les revenus ont été écrasés par les politiques d’austérité. Salaires et emplois sont donc liés. L’emploi créé l’emploi, et le chômage crée le chômage.
Il faut donc commencer à créer les conditions d’un niveau satisfaisant des salaires dans la société. C’est la première condition à réunir pour supprimer le chômage et la précarité. Les carnets de commandes des agriculteurs, commerçants, artisans, petits entrepreneurs se rempliront alors, suscitant du coup des créations d’emplois pour répondre à la demande. Ce dont souffrent certaines entreprises, c’est du chômage ! Il limite leurs débouchés. En augmentant les salaires, on augmente les débouchés des entreprises.
Tout gouvernement dispose de nombreux instruments pour pousser les salaires à la hausse : salaire minimum, loi d’augmentation des salaires si les syndicats et le patronat ne parviennent pas à conclure des accords interprofessionnels, salaires des fonctionnaires, allocations diverses (chômage, handicap…), échelle mobile des salaires et des prix, création d’emplois publics...
Le niveau de l’emploi dans le secteur marchand dépend également de la parité de change entre les monnaies. La surévaluation de l’euro, comme c’est le cas pour des pays comme la Grèce ou la France, réduit les capacités d’exportations et facilite la pénétration du marché intérieur par des produits importés. Le retour aux monnaies nationales, s’accompagnant de mesures protectionnistes, permettra la relance des exportations et la diminution des importations. La surévaluation de l’euro présente un autre inconvénient qui est d’encourager les délocalisations. Ces dernières, par la loi, devront être interdites, les relocalisations organisées.
Le droit opposable à l’emploi
Le droit opposable à l’emploi signifie que celui qui n’a pas d’emploi peut s’opposer à l’État en faisant gratuitement appel auprès des tribunaux. L’État sera alors condamné à proposer des emplois au plaignant car l’État sera l’employeur en dernier ressort. Il permet à tout citoyen privé d’emploi de s’en voir proposer un sans délai, conforme à ses souhaits et à ses compétences. La notion de droit opposable, et particulièrement de droit opposable à l’emploi, remet en cause les principes mêmes du capitalisme. Elle pose en effet le problème de la finalité de l’économie et propose une réponse progressiste et internationaliste. Avec des droits opposables qu’il faut financer, l’économie est remise à sa place qui est de produire des richesses permettant de répondre aux besoins de la population, dans le respect de l’environnement. On produira biens et services pour permettre l’application du droit au logement, aux soins, à l’éducation, à la culture, à une alimentation saine, etc. C’est l’orientation générale de l’économie qui est changée, le mode de production lui-même sera profondément transformé. Le droit opposable à l’emploi est universel, il peut s’appliquer dans n’importe quel pays.
Comment financer le droit opposable à l’emploi ? Depuis une trentaine d’années, dans tous les pays industrialisés, la révolution conservatrice, souvent menée par des dirigeants politiques socio-démocrates, a eu pour but d’opérer un détournement massif des revenus du travail vers le capital. Il faut donc inverser la tendance. En France, en trente ans, la rémunération du capital a pris au travail (masse des salaires et des cotisations sociales) près de 10% du PIB, soit environ 200 milliards d’euros chaque année. C’est-à-dire largement de quoi financer 4 millions de salaires au coût moyen chargé annuel de 40 000 euros.
Ces emplois seront créés principalement dans le secteur non-marchand (fonctions publiques d’État, hospitalière, territoriale ; associations ; syndicats ; mutuelles ; entreprises et groupements de fait à but non lucratif...), car il s’agit d’abord de répondre aux besoins des populations. Imposer des embauches obligatoires dans le secteur marchand (privé) ne semble pas réaliste. Pour embaucher du personnel, en effet, l’employeur privé doit avoir un marché auquel répondre par l’embauche. Quand ce marché n’existe pas, comment faire ? Subventionner sur fonds publics le secteur privé ? Cette option n’a pas été choisie. Le droit opposable à l’emploi règlera à court terme la question particulière de l’emploi des jeunes.
En revanche, il faudra prendre garde à ne pas renouveler l’expérience malheureuse de la relance organisée par la gauche française en 1981-1982 après la victoire de François Mitterrand en mai 1981. À l’époque, l’augmentation du pouvoir d’achat avait suscité une vague d’importations déséquilibrant gravement la balance française des paiements, situation utilisée pour justifier ensuite les plans de rigueur décidés par le Parti socialiste qui opérait à cette occasion son tournant néolibéral. Tout l’intérêt des créations d’emplois, des augmentations de salaires et des revenus de transfert serait annulé par ces importations.
Il faut donc lier la suppression du chômage et de la précarité, l’augmentation des salaires et des revenus de transfert (allocations publiques et pensions diverses) à la stratégie de reconstruction de l’ordre commercial international à partir de la Charte de La Havane de 1948 (voir point suivant).

 CONCLUSION

Le Parti de l’émancipation du peuple s’engage résolument à défendre les intérêts des classes dominées, du peuple. Tandis que tous les partis politiques ayant pignon sur rue, qu’ils soient de droite ou de gauche, se réfugient derrière un système européen capitaliste qui organise depuis des décennies la précarité des peuples au bénéfice d’une oligarchie décomplexée, la « gauche » dite « radicale » accompagne ce système par une rhétorique mensongère et fallacieuse. Nous n’avons que faire d’organisations politiques qui abandonnent les classes dominées pour les jeter dans les bras du Front national. Il faut les combattre et le meilleur outil politique pour y parvenir est l’engagement militant au Parti de l’émancipation du peuple. Soyons nombreux, soyons puissants, soyons révolutionnaires !

PDF - 1.1 Mo
Etude sur la reddition du gouvernement et du parlement grecs et sur la manière élégante de sortir de l’euro

Pour en savoir plus sur la dette de la Grèce, prenez connaissance de son audit réalisé par le CADTM :
http://cadtm.org/Synthese-du-rapport-de-la