jeudi 19 avril 2018

Inquiétude & Certitudes - jeudi 19 avril 2018

Merkel freine les ambitions européennes de Macron




lemonde.fr


Fragilisée politiquement, la chancelière allemande ne veut pas d’une réforme en profondeur de la zone euro.
LE MONDE | 18.04.2018 à 11h02 | Par Thomas Wieder (Berlin, correspondant)
Emmanuel Macron et Angela Merkel, à Bruxelles, le 23 février 2018.
Quand Emmanuel Macron s’était rendu à Berlin au lendemain de sa prise de fonction, le 15 mai 2017, Angela Merkel l’avait accueilli en citant l’écrivain allemand Hermann Hesse : « Au début de toute chose, il y a un charme », avait-elle déclaré à ses côtés, face à la presse. « Mais le charme ne dure que si les résultats sont là », avait-elle aussitôt prévenu.
Un an plus tard, la chancelière allemande n’a pas à se plaindre de la politique du président français. Outre-Rhin, les réformes qu’il a mises en œuvre sont considérées comme positives par la coalition de Mme Merkel ainsi que par les milieux économiques. Pourtant, le charme s’est dissipé. M. Macron devrait en faire le constat en se rendant, jeudi 19 avril, à Berlin, où son volontarisme sur les dossiers européens suscite de vives réticences.
A priori, le programme du nouveau gouvernement allemand devrait pourtant convenir au président français. Intitulé « Un nouvel élan pour l’Europe », le contrat de coalition, laborieusement scellé entre les conservateurs (CDU-CSU) et les sociaux-démocrates (SPD), entre en résonance avec l’ambition de M. Macron de « refonder » celle-ci.
La réalité est plus prosaïque. Un mois après sa réélection pour un quatrième mandat, la chancelière semble en effet avoir abandonné toute hardiesse réformatrice sur le front européen. Face à M. Macron, « Mme Merkel est-elle en train de devenir Mme Non ? », s’interrogeait ainsi le Spiegel, lundi. Poser la question, c’est déjà y répondre.
Face au président français, « l’Allemagne est passée du tapis rouge aux lignes rouges », estime l’économiste Henrik Enderlein
Officiellement, bien sûr, il n’est pas question de renoncement. « Je pense que l’Allemagne peut apporter sa propre contribution et que nous trouverons d’ici [au Conseil européen de] juin des solutions conjointes avec la France », a déclaré la chancelière, mardi, ajoutant « attendre avec impatience » la visite de M. Macron.
Sur le fond, il est toutefois peu probable que cette rencontre se traduise par des avancées notables, à part peut-être sur l’union bancaire. A Berlin, Angela Merkel ne peut en effet ignorer les réserves de sa famille politique à l’égard des propositions françaises, notamment sur la création d’un budget de la zone euro. « Je ne pense pas que cela soit une bonne idée d’avoir un deuxième budget distinct de celui qui existe déjà pour l’Union européenne dans son ensemble », a ainsi déclaré, lundi, Annegret Kramp-Karrenbauer, secrétaire générale de la CDU et proche de la chancelière.
Avant son rendez-vous avec le président français, Mme Merkel a également tenu à rassurer son camp sur un autre sujet sensible. Lors d’une réunion du groupe CDU-CSU au Bundestag, mardi, elle a ainsi défendu l’idée que la transformation du Mécanisme européen de stabilité en Fonds monétaire européen (FME) ne pourrait se faire sans modification des traités, ce qui revient à l’enterrer. Un gage donné à l’aile conservatrice de sa majorité, opposée à l’idée d’un FME qui puisse aider des pays en difficulté sans les contraindre à de sérieuses réformes structurelles, comme l’envisage la Commission européenne, soutenue par la France.
Mais la CDU-CSU n’est pas la seule à freiner les ambitions européennes de M. Macron. Bien que social-démocrate, Olaf Scholz, le nouveau ministre des finances allemand, se montre lui aussi d’une grande prudence vis-à-vis des propositions de l’Elysée. « Les idées de M. Macron apportent un nouvel élan au projet européen dont nous avons besoin. Mais le président français sait aussi qu’elles ne pourront pas toutes être réalisées », a ainsi déclaré M. Scholz, dimanche, à la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Pour Paris, celui-ci ne devrait pas être un interlocuteur beaucoup plus souple que son prédécesseur, Wolfgang Schäuble (CDU). Mardi, le ministre des finances a d’ailleurs annoncé qu’il maintenait à leurs postes les principaux conseillers de M. Schäuble.

« Retour à la réalité »

Face à M. Macron, « l’Allemagne est passée du tapis rouge aux lignes rouges », reconnaît Henrik Enderlein, directeur de l’Institut Jacques Delors, à Berlin. Proche du SPD, cet économiste allemand écouté à l’Elysée estime toutefois que la « fin de la lune de miel » entre le président et la chancelière ne marquera pas un coup d’arrêt dans leur volonté commune de faire avancer l’Europe. « Le processus prendra sans doute plus de temps que ce que certains espéraient. De ce point de vue, la feuille de route qui sera présentée par la France et l’Allemagne au Conseil européen de juin sera davantage un point de départ qu’un point d’arrivée », prédit M. Enderlein.
« Si on peut avoir l’impression que les choses sont plus compliquées qu’il y a un an entre Paris et Berlin, c’est parce qu’on n’entre que maintenant dans le vif du débat, avec la mise en place d’un nouveau gouvernement à Berlin », explique Joachim Bitterlich, ancien conseiller aux affaires européennes du chancelier Helmut Kohl. Chercheur à la Fondation Konrad-Adenauer, proche de la CDU, Olaf Wientzek refuse lui aussi de céder au désenchantement, estimant que la situation actuelle n’est au fond qu’un « retour à la réalité » après plusieurs mois d’« attentes un peu exagérées » des deux côtés du Rhin.
Vos réactions (30)
No Country For Old Men 20/04/2018 - 06h48
Avec NDDL et la SNCF sur les bras il est difficile de faire le malin à Berlin.
 
andy Hier
Je suis généralement d'accord avec E. Macron : remise en ordre et en route de la France, réforme de l'éducation, réformes des statuts, etc. Il est "européen", -- je ne sais pas exactement ce que ça veut dire, mais va pour l'Europe. En revanche, l'idée de budget européen (lire : les Allemands paient pour les autres) n'est pas réaliste. La monnaie unique est un non-sens à tous égards. Mais pour l'instant notre président ne veut rien comprendre au concept de monnaie commune et monnaies propres.
 
jim Hier
Cela ne va pas faire plaisir dans ces colonnes ; Macron fait beaucoup de vent sur l'Europe mais visiblement même Merkel n'est pas d'accord alors là, c'est énorme !
 
Araucarias Hier
Décidément un alignement des cycles politiques Franco-Allemand semble relever de la mission impossible. Un jeu de plus en plus hasardeux. Ce qui menacerait, serait une accélération ? C'est plutôt de l'inverse, qu'il y aurai un vrai risque de tourbillon, historique.
 
Futurity Hier
Merkel depuis les élections du 24 septembre a les ailes coupées. Une alliance de gouvernement qui tient par une ficelle. Une opposition intérieure grandissante. Merkel a rempilé presque contrainte. Ce gouvernement allemand n’ira pas à son terme. En face Macron fraîchement élu, est impatient. Il s’agite et pense prendre la direction de l’Europe. Celle qu’il veut façonner selon ses promesses. Macron surestime son pouvoir de séduction et sous-estime les réalités géopolitiques de l’Europe et du Monde
*
*           *


lemonde.fr

« Macron se heurte en Europe à des résistances qui menacent de bloquer son programme »

Face à l’opposition que ses ambitions réformatrices rencontrent en Europe, le président français cherche à réveiller l’esprit de la démocratie libérale, estime Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».
LE MONDE | 18.04.2018 à 11h33
image: http://img.lemde.fr/2018/04/17/0/0/4360/3028/534/0/60/0/bce48e0_EPI115_EU-FRANCE-MACRON_0417_11.JPG
Emmanuel Macron, à Epinal, le 17 avril.
Chronique. Quand le moment est grave, en appeler à l’Histoire. Emmanuel Macron connaît cette ficelle de l’art oratoire politique et ne s’en est pas privé, mardi 17 avril, pour son premier discours devant le Parlement européen à Strasbourg. Le jeune président français ne veut pas, a-t-il dit, « appartenir à une génération de somnambules », « une génération qui aura oublié son propre passé ou qui refusera de voir les tourments de son propre présent ». Il veut « appartenir à une génération qui aura décidé fermement de défendre sa démocratie ».
La référence aux somnambules n’est évidemment pas innocente. Les Somnambules, été 1914 : comment l’Europe a marché vers la guerre (Flammarion), c’est le titre d’un livre de l’historien australien Christopher Clark, professeur à Cambridge, publié en 2013 à la veille du centenaire du début de la première guerre mondiale. Pour Clark, les causes de la Grande Guerre ne sont pas à rechercher seulement dans l’impérialisme paranoïaque germanique, mais aussi dans l’irresponsabilité des dirigeants des autres puissances européennes, qui sans vouloir la guerre, s’y laissèrent entraîner inexorablement, incapables de maîtriser l’instabilité d’une Europe déchirée par les tensions nationalistes.
Angela Merkel et son ministre des affaires étrangères de l’époque, Frank-Walter Steinmeier, ont dévoré cet ouvrage, qui a été un immense best-seller en Allemagne ; M. Steinmeier avait même invité l’auteur à débattre à Berlin. Cette version de l’histoire avait été moins appréciée à Paris. Et on peut imaginer sans peine que la référence aux somnambules, mardi à Strasbourg, ait aussi été une façon pour M. Macron, qui aime montrer qu’il n’est pas prisonnier de l’histoire des guerres européennes, de faire un signe à la chancelière allemande, qu’il doit retrouver jeudi à Berlin.

Déconvenues

Car le moment est grave aussi pour Emmanuel Macron. Un an après son élection, le président, qui a promis de transformer radicalement la France et l’Europe, se heurte, en France comme en Europe, à des résistances qui menacent de bloquer tout le sens de son programme. En France, c’est la « coagulation des mécontentements », pour reprendre son expression, qui oppose grèves et agitation à ses réformes lancées tous azimuts. En Europe, la magie des discours d’Athènes et de la Sorbonne, en septembre, est oubliée et la fascination pour un dirigeant français néophyte qui a osé faire campagne et gagner, en pleine vague populiste, sur un credo européen s’est évanouie derrière les déconvenues des scrutins successifs chez nos voisins d’Autriche, d’Allemagne et d’Italie.
Sur ce front-là aussi, la résistance s’est organisée. Il y a la résistance allemande, avec une chancelière qui doit, depuis les élections de septembre, tenir compte de son aile droite, fermement opposée aux propositions d’Emmanuel Macron sur la réforme de la zone euro. C’est l’obstacle le plus dur, celui, sans doute, qu’il n’avait pas prévu lorsqu’il a lancé son grand plan européen. Il y a la résistance de l’Europe du Nord, orchestrée par le premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, qui vise, elle aussi, à freiner l’ambition intégrationniste du président français. M. Macron, pense-t-on à l’Elysée, pourrait avoir ouvert une percée dans cette alliance du Nord en recevant, lundi à Paris, les trois présidents des Etats baltes, tous trois membres de la zone euro.
Il y a l’inconnue de l’Italie, qui se cherche un gouvernement depuis le coup de tonnerre du scrutin du 4 mars. Et puis il y a les escarmouches de toutes sortes dans une Union à 28 où une ambition française est forcément suspecte. Avec, en première ligne, l’inquiétante évolution des démocraties illibérales en Europe centrale, face auxquelles Emmanuel Macron refuse d’être un somnambule.

« L’illusion du nationalisme »

Alors pour reprendre son élan face à ces multiples obstacles, le président français en appelle à la base, aux fondamentaux, à ce qu’il appelle plus prosaïquement le « bottom up » : la démocratie. Plutôt que d’énumérer ses multiples propositions qui ont donné le tournis aux frileux, il a choisi de rappeler mardi, devant les députés européens, la profondeur et le caractère unique du « miracle européen », pour conjurer ces divisions dans lesquelles il voit réapparaître « une forme de guerre civile ». Les mots sont forts, volontairement, pour provoquer un choc. On retrouve le spectre des somnambules lorsqu’il dénonce « l’illusion mortifère du pouvoir fort, du nationalisme, de l’abandon des libertés » : elle menace la « démocratie libérale », qu’Emmanuel Macron revendique sans rougir.
Pour autant, comme il admettait dimanche à Paris « entendre la colère » des cheminots français, il juge nécessaire d’« entendre la colère des peuples d’Europe d’aujourd’hui ». Emmanuel Macron n’aime rien de mieux que convaincre ; cette colère, il voudrait donc qu’elle s’exprime clairement, pour pouvoir la contrer, la raisonner. Il a trouvé un cadre pour cela, les « consultations citoyennes », qui ont fait sourire ses partenaires européens au début ; il a fini par les convaincre de les organiser aussi chez eux, tous, même si la Pologne et la Hongrie limiteront ces réunions à l’enceinte de leurs Parlements. Il espère faire de ces forums, d’ici à octobre, un lieu où l’on « fait vivre le débat », où viendront aussi ceux qui ne croient pas en l’Europe.
Vos réactions (7)
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
folamour 19/04/2018 - 20h53
Qui sont les somnambules ? Sylvie Kaufmann cite l'historien controversé Christopher Clark. Rappelons qu'avant lui, Herman Broch a écrit une trilogie portant le titre "Les Somnanbules" évoquant la période de l'empire allemand débouchant sur le désastre de 1918..Il n'y a pas que les historiens qui plaisent à Angela Merkel dans la vie.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Ouh La 19/04/2018 - 11h20
Macron s’est fait moucher par un député belge en colère, exprimant aussi fort bien la colère des Français. Aucun écho dans Le Monde...
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Alors faisons a 10, ou 15, ou 18. Hier
Si on ne peut pas "Faire avec tous" , au moins faisons avec ceux qui ne sont pas bornés.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
LOUIS A Hier
Cet article donne le sentiment que le seul enjeu de ces débats initiés par Macron est le sort politique de Macron lui-même. Comme si les Européens vivaient sur une autre planète à l'abri des changements du monde. Qu'à cela ne tienne, les grandes puissances, et celles en devenir, se chargeront rapidement de ramener tout ce petit monde des pays européens à la réalité de la vacuité de leurs petits orgueils nationaux.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Un naïf pressé.... Hier
Macron est un jeune naïf, il croit que la puissance de son verbe va aplanir toutes les contradictions. En fait son arrogance indispose, il ignore la réalité des rapports de force. Le climat social en France n'est pas au beau fixe. Il n'a pas compris que ses méthodes en sont pour beaucoup à l'origine.... Son et droite et gauche a vécu. Il a suffi de 11 mois pour le ranger au rang des accessoires. Maintenant sa précipitation conduit à la cacophonie.... Pauvre France, quel exemple pour l'Europe !!
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
SARAH PY Hier
La France est le plus mauvais élève de l'Europe économique et comptable , elle est le meilleur de l'Europe stratégique , de défense , de l'Europe puissance . Qu'elle cultive ses talents pour parler environnement , migrations , transition énergétique , recherche ...; et oublie l'euro , le budget , les convergences , l'intendance qui suivra quand les Européens auront le sentiment qu'enfin l'on se soucie de l'avenir et de leur sécurité.
 
*
*      *


www.lesechos.frLes Echos

Europe : Macron et Merkel rentrent dans le dur

Thibaut Madelin 19/04/2018
Emmanuel Macron et Angela Merkel veulent proposer d\'ici fin juin une feuille de route commune sur l\'avenir de l\'Union européenne. - ARIS OIKONOMOU / AFP

Le président de la République rend visite ce jeudi à la chancelière allemande à Berlin sur fond de discussions tendues sur l'avenir de la zone euro.

Tout un symbole. En plein débat sur la future architecture de la zone euro, Angela Merkel reçoit ce jeudi Emmanuel Macron sur le chantier du Forum Humboldt, au Château de Berlin. Si elle ne partage pas le lyrisme de son invité, la chancelière allemande maîtrise tout autant le registre des symboles.L'explorateur allemand Alexander von Humboldt, dont la mère était d'origine française et huguenote, appelait la France sa «  seconde patrie »....

*
*            *

lemonde.fr

Réformes de la zone euro : pourquoi la réunion entre Macron et Merkel à Berlin est cruciale

Emmanuel Macron tente, jeudi à Berlin, de relancer ses projets de refondation de l’Europe post-Brexit, lors d’une rencontre avec Angela Merkel.
LE MONDE | 19.04.2018 à 14h14 • Mis à jour le 19.04.2018 à 14h47 | Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)
image: http://img.lemde.fr/2018/04/19/0/0/3840/2560/534/0/60/0/4da5983_5391332-01-06.jpg
Angela Merkel et Emmanuel Macron, jeudi 19 avril à Berlin.
La réunion à Berlin entre le président Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel, jeudi 19 avril à Berlin, doit permettre au président français de tester la volonté allemande de soutenir son projet de réforme de la zone euro : un budget substantiel pour les dix-neuf pays partageant la monnaie unique, un « super-ministre » des finances pour l’Eurozone.
Ce projet, il l’a défendu avec constance depuis la course à la présidentielle, et il a de nouveau plaidé pour mardi, au Parlement européen de Strasbourg. Déjà en campagne pour les européennes de mai 2019, le chef de l’Etat français a promis pour juin une « feuille de route » commune avec Berlin. Un échec constituerait un très gros revers : elle décrédibiliserait sa stratégie qui a consisté jusqu’à présent à parier sur la relance du couple franco-allemand. Et mettrait à mal sa stature de réformateur, dans l’Hexagone comme ailleurs en Europe.

Que réclame la France ?

Emmanuel Macron a été très explicite mardi : il s’agit avant tout de « parachever les engagements pris pour l’Union bancaire ». Cela fait au moins trois ans que les dirigeants de l’Union hésitent à muscler son « fonds de résolution », financé par le secteur bancaire européen, et censé venir en aide à un établissement en cas de défaillance.
Un consensus est à portée de main à l’Eurogroupe, pour que le Mécanisme européen de stabilité (MES), ce fonds constitué en urgence pendant la crise financière, vienne en soutien. La commission a aussi proposé, dès 2015, une assurance des dépôts européenne, pour qu’aucun épargnant de l’Union ne perde ses économies en cas de faillite d’une banque. La France soutient cette réforme.
Le président français tient aussi à un budget de la zone euro. « Aucun espace monétaire au monde ne fonctionne sans capacité budgétaire qui permet la convergence et la stabilisation en cas de crise », a t-il rappelé à Strasbourg. « On doit aller vers plus de solidarité au sein de l’union [monétaire] », a ajouté le chef de l’Etat.
A Berlin, il pourrait plaider pour utiliser les 500 milliards d’euros de capacité de prêts du MES, en grande partie inutilisés à mesure que les pays européens en difficulté sortent la tête de l’eau (la Grèce devrait en finir avec son troisième plan d’aide en août 2018). Cette capacité budgétaire pourrait servir, en cas de choc asymétrique dans un pays membre, à y relancer l’investissement afin de limiter les divergences économiques entre Etats membres.
A Strasbourg, le président français n’a en revanche pas réclamé de ministre des finances pour la zone euro, ni de Parlement spécifique, même s’il a relevé : « On a sans doute besoin d’une représentation de parlementaires sur la zone euro car on aura besoin d’un contrôle démocratique. » De fait, ces deux idées, surtout celle d’un Parlement de la zone euro, ont été fortement critiquées, non seulement par Berlin, mais par une partie des pays du Nord de la zone euro (Finlande, Pays-Bas). Aujourd’hui, à Bruxelles, elles ne sont même plus discutées au niveau technique.

Qu’est ce qui bloque à Berlin ?

L’Allemagne de Merkel est sur la même position depuis des années : largement excédentaire, la première économie de la zone euro a toujours rechigné à « payer pour la Grèce » et à accepter des mécanismes de solidarité financière avec le reste de l’Eurozone. Mais Paris espérait qu’après les engagements enfin pris par la France pour respecter le pacte de stabilité et de croissance (le déficit public français est enfin repassé sous les 3 % du produit intérieur brut en 2017), Berlin prendrait conscience de la nécessité de bouger.
L’entourage du président Macron espérait aussi que la nomination d’Olaf Scholz, un social-démocrate, au poste de ministre des finances en remplacement du très orthodoxe Wolfgang Schaüble, changerait la donne. Or, le temps file mais l’ex-maire de Hambourg « est toujours dans la phase de découverte des dossiers », selon une source proche.
Par ailleurs, les conservateurs de la CDU et leurs alliés bavarois de la CSU montent au créneau ces derniers jours, pour refuser en bloc toute avancée sur la zone euro. « Ce sont des mini-Schaüble, qui veulent se placer dans la perspective de la succession de la chancelière » suggère une source haut placée au SPD. La question est de savoir si la chancelière, « Madame Non », comme l’a brocardé Udo Bullmann, chef de file des sociaux-démocrates au Parlement européen, sera assez forte pour imposer à son camp conservateur un accord avec le président Macron.
Selon le quotidien économique Handelsblatt, Angela Merkel aurait un plan pour réformer l’Eurogroupe, qui a fait office de gouvernement informel de l’Eurozone pendant la crise, en imposant en plus des ministres des finances, la présence régulière des ministres de l’économie. Une manœuvre de diversion par rapport à l’agenda français, alors que la CDU « va tenter de repousser indéfiniment » les réformes, selon une source au SPD ?

Changer de cheval de bataille ?

Anticipant un blocage sur la zone euro, certains commencent à suggérer au président Macron de changer de cheval de bataille. Pour l’eurodéputé Alain Lamassoure, un proche d’Alain Juppé qui a récemment claqué la porte des Républicains, « le Président doit faire un tri dans ses trop nombreux projets européens. Il doit se concentrer sur la sécurité intérieure et extérieure, car on ne va pas enflammer les 500 millions de citoyens de l’Union avec la garantie des dépôts européens ». De fait, Paris discute aussi avec Berlin de taxation du numérique, de fonds d’innovation de rupture et de convergence fiscale entre les deux pays. Mais en insistant sur la zone euro, mardi à Strasbourg, le président Macron a démontré qu’il n’entendait pas lâcher prise.
image: https://i-ssl.ligatus.com/com_global_img/oba-icon.svg

Vos réactions (10)
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
La Corrèze avant le Péloponnèse 19/04/2018 - 15h33
Catalogue de poncifs éculés comme le "très-orthodoxe-Docteur-Schäuble" : bref, le jour n'est pas encore venu où les journalistes du Monde comprendront qu'un ministre des finances allemand ressemble plus à Schäuble ou Eichel qu'à Varoufakis ou Cahuzac. Tant mieux pour l'Europe.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
La balance et le juge de paix... 19/04/2018 - 15h32
Macron ne va pas enflammer l'Europe avec son projet, Alain Lamassoure a raison. D'autant que le climat social en France n'apporte pas la preuve de l'efficacité de Macron pour réformer. Certains diront le contraire et verront dans les grèves un signe de succès.. mais le bilan comptable sur la balance commerciale est en Europe le juge de paix...
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
AliBobo 19/04/2018 - 15h51
@la balance... : précisément le bilan comptable de la balance commerciale française est très clair : en 2017 on est sur un déficit commercial de 62 milliards, en 2016 : 48 milliards. Depuis plus de 50 ans on a connu seulement 5 à 7 ans de bilan positif. Donc si avec ça vous ne voulez pas faire de réformes, c'est à n'y rien comprendre. (pour mémoire Allemagne = + 220 milliards en 2014)
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Allegro ma non troppo 19/04/2018 - 15h27
" Le déficit public français est repassé sous les 3 % du produit intérieur brut en 2017 " Vous y allez bien vite, vous oubliez les 56 milliards de dettes que le gouvernement a planqué à la SNCF !! Il faudrait pas prendre l'Europe pour des naïfs, la France ne satisfait pas encore à la règle des 3% !!
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Rico 19/04/2018 - 15h24
Macron, on l'aime ou pas, mais ca fait du bien de voir un président qui se bouge et qui a des projets autres que de se regarder le nombril, parler a la presse "en off" et étoffer son harem.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
AliBobo 19/04/2018 - 15h19
@europe écologie : votre approche est très simpliste. Le budget de la défense en France : 30 milliards, nettement moins que l’excédent commercial allemand. Main d’œuvre bon marché, c’est vrai (en partie) surtout dans le domaine agricole. Mais surtout une industrie puissante : 1er constructeur automobile mondial, grand producteur de machines outils (le parc français de machines outils est 10 ans plus âgé que le parc allemand) + Et surtout des relations sociales basées sur le compromis gagnant.
 

*
*       *

A Berlin, Angela Merkel prépare Emmanuel Macron aux compromis

Lors de leur rencontre, jeudi 19 avril, la chancelière allemande et le président français ont évoqué leurs « points de départs différents » sur les chantiers européens.
LE MONDE | 19.04.2018 à 19h45 • Mis à jour le 20.04.2018 à 06h38 | Par Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)
image: http://img.lemde.fr/2018/04/19/0/0/3154/2250/534/0/60/0/72bcdff_5392487-01-06.jpg
Emmanuel Macron et Angela Merkel au Humboldt Forum, à Berlin, le 19 avril.
A la conférence de presse donnée par Emmanuel Macron et Angela Merkel à Berlin, jeudi 19 avril, il ne fallait pas s’appuyer sur les murs, sous peine de couvrir ses vêtements d’une fine poussière blanche.
Pour recevoir le président français, Mme Merkel avait choisi non pas la chancellerie mais un bâtiment encore en construction, le Humboldt Forum. Un lieu qui sera bientôt le lieu symbolique de la culture et de la science au cœur de la capitale allemande, a précisé la chancelière. « C’est un projet très européen. Nous espérons que sa construction sera terminée d’ici à la fin de l’année. »
En chantier. C’est bien l’image qu’il faut retenir de l’état actuel des négociations franco-allemandes après la rencontre entre les deux dirigeants. Le projet est bien là, mais nul ne sait si les parties s’entendront sur les détails.
Face aux ardeurs réformatrices de son homologue, Angela Merkel a opposé des termes extrêmement prudents. « Nous ne pouvons imposer nos valeurs et nos intérêts dans le monde que si nous travaillons ensemble à l’échelle européenne », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’il y avait des « points de départs différents » et qu’il fallait « des débats ouverts » et « la capacité de faire des compromis ».

Résister aux « vents mauvais »

Aucune annonce officielle n’a été formulée jeudi, les deux partenaires ayant renvoyé au prochain sommet franco-allemand du 19 juin et au Conseil européen du 29 juin. Huit petites semaines pour trouver des points de convergence sur des sujets pourtant évoqués depuis septembre 2017 côté français.
M. Macron n’a pas relâché la pression sur son homologue, en rappelant l’urgence du moment. « Nous vivons à un moment de l’aventure européenne sans doute unique », a-t-il expliqué, en appelant à résister aux « vents mauvais » qui menacent « la souveraineté commune », à la fois à l’extérieur (en matière de sécurité, de commerce, de technologie et d’environnement), et en son propre sein, avec la montée des extrêmes et des idées nationalistes.
Interrogée sur la question de savoir si le « charme », qu’elle avait évoqué lors de sa première rencontre avec le président français, en citant l’écrivain Hermann Hesse, opérait toujours, Angela Merkel a répondu qu’à ce moment-là, elle ne se doutait pas que « les négociations pour former un gouvernement dureraient si longtemps ».

Les conservateurs allemands contre Macron

Un moment d’aveu pour évoquer la situation délicate dans laquelle elle se trouve : depuis plusieurs jours, les conservateurs de son parti (démocratie-chrétienne, CDU) font bloc contre les propositions du président français sur la réforme de la zone euro. Ils voient dans la création d’un budget de l’union monétaire le risque d’une perte de souveraineté.
Et ils se sont fortement distanciés du projet de transformer le mécanisme européen de stabilité (MES) en « Fonds monétaire européen », capable de soutenir les pays en crise sans dépendre du Fonds monétaire international (FMI), bien qu’il ait été proposé à l’origine par l’ancien ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble.
Et il ne faut pas attendre beaucoup de soutien du Parti social-démocrate (SPD), partenaire de coalition des conservateurs. Très affaibli par des mois de tergiversations autour de sa participation au gouvernement, le SPD a perdu ses ardeurs européennes d’antan. Leur meilleur avocat, Martin Schulz, a quitté le parti et ne siège pas au gouvernement. C’était lui qui avait insisté pour que la première partie du contrat de coalition soit consacrée à l’Europe.

« Mieux articuler responsabilité et solidarité »

Le ministère des finances est bien dirigé par un social-démocrate, Olaf Scholz, mais celui-ci s’est empressé de donner des gages aux conservateurs : il a réaffirmé dès son arrivée que le « zéro noir », l’équilibre budgétaire, serait assuré.
Selon le quotidien économique Handelsblatt, les principaux collaborateurs de son prédécesseur, Wolfgang Schäuble, seront maintenus en poste. C’est le cas en particulier de l’économiste Ludger Schuknecht, qui défend depuis des années l’idée que la politique ne peut rien faire pour lutter contre les excédents allemands.
Angela Merkel s’est dit néanmoins confiante d’arriver à trouver des solutions « adéquates ». Pour rester sur une ligne commune avec la chancelière, M. Macron a déclaré que, quel que soit l’instrument, la nécessité était de « mieux articuler responsabilité et solidarité » en Europe.
Un principe qu’il a habilement utilisé pour évoquer la réforme de la zone euro et celle de la politique vis-à-vis des réfugiés, priorité d’Angela Merkel. Des concessions sur l’un pourront-elles servir de monnaie d’échange pour obtenir des avancées sur l’autre ? Pour le grand projet réformateur européen macroniste, l’heure est aux compromis.
image: https://i-ssl.ligatus.com/com_global_img/oba-icon.svg
Vos réactions (43)
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Jose Robles 20/04/2018 - 07h37
Poor lonesome president ! Ca renforce le repli pays par pays et le sentiment qu’on ne peut faire de reformes que dans le cadre des frontières nationales... La méthode Macron na aucun effet en Europe ! Paradoxalement ca renforce les populistes ce qui est un problème !
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
a.w. 20/04/2018 - 07h31
Que de commentaires negatifs concernant Macron. Une tradition de beaucoup de Francais avec nos presidents successifs et les politiques de reforme. Une France Jacobine avec ses millions de fonctionnaires et assimiles ,syndicats politises,etc. Une France qui doit se reformer pour faire venir ceux qui ont des capitaux et non le contraire.On ne fait pas un pays attractif avec des ouvriers et une fiscalite qui fait fuir.La CGT apporte quoi par exemple depuis des decennies a contester en permanence.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
nimbus 20/04/2018 - 07h15
Comme bien souvent avec Macron il y a le grand show, en occurrence c'était le spectacle à l'Assemblée européenne, puis le retour sur Terre. Et quand on s'interroge sur les résultats concrets on voit que c'est très mince. Pas grave, le tout est de donner au public français l'impression d'un Président maitre du monde. Et la fuite en avant perpétuelle évite de laisser le temps à la réflexion. Qui, par exemple, se pose encore des questions sur la Syrie ? C'était l'épisode précédent du feuilleton.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
realiste 20/04/2018 - 06h40
Mr macron va obéir a ceux qui ont le capital ,c est le discourt qu il développe en France !!!
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Azutat Laure 20/04/2018 - 06h06
comme le suggère le titre les espoirs de notre jupiter semblent bien compromis !

*
*       *



l'objet par lequel Macron pense "réformer" l'Europe

wikipédia à jour au 12 avril 2018

Zone euro

Zone euro
Image illustrative de l'article Zone euro
·                          Zone euro
·                          État de l'UE faisant partie du MCE II, qui n'est pas obligé de rejoindre la zone euro, débat en cours (Danemark)
·                          État de l'UE qui n'est pas obligé de rejoindre la zone euro (Royaume-Uni)
·                          États de l'UE qui sont obligés de rejoindre la zone euro
·                          Micro-états utilisant l'euro avec l'accord de l'UE
·                          Pays qui ont adopté l'euro unilatéralement
Description
Création
1999
Membres
19 États membres
Gouvernance
Origine
Base(s) légale(s)
Statistiques
Population
340 millions d'habitants (2016)1
PIB
10 789 milliards d'euros (2016)2
Compléments
Site internet
La zone euro, parfois appelée eurozone, est une zone monétaire qui regroupe les États membres de l'Union européenne qui ont adopté l'euro (EUR, €) comme monnaie ; sur les vingt-huit États membres de l'UE, dix-neuf utilisent l'euro. Ces dix-neuf pays représentent plus de 340 millions d'habitants1 en 2017 pour un PIB cumulé de 11 886 milliards d'euros2 et un taux de chômage moyen de 4,80 % de la population active, qui est cependant plus fort chez les moins de 25 ans, proche des 20 %3. La zone euro a été créée en 1999 par onze pays : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, rejoints par la Grèce en 2001, par la Slovénie en 2007, par Chypre et Malte en 2008, par la Slovaquie en 2009, par l'Estonie en 2011, par la Lettonie en 2014 et par la Lituanie en 2015.
Les billets et les pièces circulent depuis le 1er janvier 20024,5 mais sont fabriqués depuis le 1er janvier 1999 dans les onze pays fondateurs. Plusieurs critères sont nécessaires pour rejoindre la zone euro : un déficit public inférieur à 3 % du PIB, une dette publique ne dépassant pas 60 % du PIB, une inflation maîtrisée, une indépendance de la banque centrale du pays et une devise nationale stable pendant au moins deux ans au sein du MCE II.
Le taux directeur refi de la zone euro, fixé par la Banque centrale européenne, est de 0 % depuis le 10 mars 2016 (il est publié sur le site de la Banque centrale européenne)6. À partir du début de l'année 2010, avec le déclenchement de la crise de la dette publique grecque, puis de la crise irlandaise, la zone euro entre dans une période de turbulences. Au cours de nombreuses réunions du Conseil européen et de nombreux sommets européens, l'architecture globale de la zone euro va connaître de profondes évolutions.

Sommaire

Historique et origine

·                          pays de la zone euro
·                          pays membres de l'UE et du MCE II sans faire partie de la zone euro
·                          pays membres de l'UE hors MCE II
·                          autres pays utilisant l'euro comme monnaie

Avant Maastricht

L'euro n'est pas la première monnaie à vocation européenne (et internationale). En effet, l'Union latine, née en 1865 à l'initiative de Napoléon III, marque une union monétaire ou supranationale signée et partagée par la France, la Belgique, la Suisse, l'Italie, la Grèce, plus tard l'Espagne et le Portugal suivis de la Russie et de certains pays d'Amérique latine. La Première Guerre mondiale (1914-1918) a mis fin à ce projet d'unification monétaire.
Le projet de créer une monnaie unique naît dans les années 1970 avec les turbulences du régime agri-monétaire depuis la mise en œuvre de la Politique agricole commune en 1962 et l'impossibilité de mettre en place un système de taux de change contrôlable7.

Négociations de Maastricht

La décision de créer l'euro a été officialisée lors du traité de Maastricht. Lorsque s'engagent les négociations, les responsables savent qu'économiquement la constitution de la zone euro est un défi. En effet, les économistes savent - depuis les travaux de Robert Mundell dans les années cinquante - que pour que des pays aient intérêt à avoir une même monnaie ils doivent8 :
  • être intégrés économiquement ;
  • ne pas avoir des économies qui réagissent trop différemment aux chocs économiques ;
  • avoir des mécanismes aptes à remédier aux divergences existantes ou pouvant apparaître. Parmi ces mécanismes, Jean Pisani-Ferry8 cite les « migrations en réponse à des écarts de salaire, (les) mouvements de capitaux en cas d'écarts de rendement, ou simplement (la) flexibilité interne du système de prix en réponse aux variations de la demande ».
Lorsque la monnaie unique est créée, les décideurs savent que si les asymétries entre pays européens ne sont pas plus grandes qu'entre États américains malgré tout, les pays du cœur de l'Europe : Allemagne, France et quelques autres, présentent des divergences moins marquées que celles qu'on peut trouver avec les pays de la périphérie. Ils savent aussi que les mécanismes d'ajustement sont faibles. Par ailleurs, Paul Krugman souligne alors que l'intégration va favoriser le regroupement des industries dans les mêmes régions économiques, ce qui creusera les divergences entre les pays au lieu de les réduire9.
Pour Jean Pisani-Ferry, les responsables politiques des pays décident de passer outre pour trois raisons :
  1. ils n'aiment pas les changes flottants comme le montre la création dans les années soixante-dix du serpent monétaire européen pour du Système monétaire européen ;
  2. la libéralisation des capitaux les obligent soit à adopter des politiques monétaires similaires, soit à laisser flotter leur monnaie, ce qu'ils ne veulent pas faire comme on l'a vu au point un ;
  3. pour des raisons politiques10.
En effet, la France qui, à partir du tournant vers la rigueur de 1983 a dû suivre la politique monétaire allemande, aimerait participer au pilotage d'une monnaie européenne d'autant que, selon Jean Pisani-Ferry11 « François Mitterrand, qui a abandonné ses ambitions de transformation sociale, veut placer son second septennat sous le signe de l'Europe ». Par ailleurs, le chancelier allemand Helmut Kohl, un européen fervent, comprend que l'adoption de l'euro permettra de lever les craintes des autres européens à propos de la réunification de l'Allemagne12. Le Deutsche Mark était alors une des trois grandes monnaies mondiales avec le dollar et le yen13,14.
Deux visions se sont opposées. D'un côté celle qui a prévalu, d'un pacte de stabilité avec une surveillance multilatérale assez faible, reposant sur l'idée que si chacun gérait bien ses finances publiques et son économie les choses iraient bien15. D'un autre côté, certains (tels Jacques Delors) prônaient le respect du pacte au sein d'une zone euro plus proactive15, s'inscrivant dans le cadre d'une « coopération renforcée ». La zone euro, dans cette optique, aurait notamment participé à l'établissement « d'un calendrier de long terme pour des réformes structurelles, telles que celles de l'allongement des durées de vie au travail »15. La position de la France n'était pas forcément celle, fédéraliste, de Jacques Delors. En effet, d'après Jean Pisani-Ferry16, lors des négociations, François Mitterrand s'oppose avec succès à l'Union politique qui sous-tend le projet fédéral. Par ailleurs, l'idée des fédéralistes français, qui sous le vocable de gouvernement économique entendent surtout réaffirmer le lien entre monnaie et État, s'oppose à celle des allemands pour qui la monnaie n'est pas tant celle d'un État que d'une communauté17.

Passage à l'euro

La zone euro est une des principales étapes de l'intégration économique au sein de l'Union européenne. Il était prévu à la création de l'Union économique et monétaire que tous les pays de l'UE l'intègrent à terme.
À sa création en 1999, la zone euro comprenait onze des quinze pays18 que l'UE comptait alors, essentiellement les pays fondateurs ou historiques. À leur entrée, ils étaient censés respecter les critères du pacte de stabilité et de croissance. L'Italie et l'Espagne ont fait des efforts budgétaires importants pour respecter ces critères. Certains pays (Italie, Belgique, etc.) ont intégré la zone malgré une dette publique supérieure à 100 % du PIB.

Architecture institutionnelle de départ et son évolution

Banque centrale européenne, Eurosystème et Système européen des banques centrales (SEBC)

Article détaillé : Banque centrale européenne.
Jean-Claude Juncker président de l'Eurogroupe de 2005 à 2013.

Avant la crise de la zone euro

La BCE est l'organe central19 de l'Eurosystème et du Système européen de banques centrales :
  • l’Eurosystème regroupe la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales nationales (BCN) des États membres de l'Union européenne qui ont adopté l'euro. Dans le cadre de l'Eurosystème, la BCE s'est vue confier les missions autrefois dévolues aux banques centrales nationales : émission de monnaie et politique monétaire20 ;
  • le Système européen de banques centrales (SEBC) comprend la BCE et les BCN des vingt-huit États membres de l'UE ; c'est-à-dire que, par rapport à l'Eurosystème, il comprend en plus les BCN des pays qui n'ont pas adopté l'euro. Les BCN des États membres ne participant pas à la zone euro jouissent au sein du SEBC d'un statut particulier : elles sont habilitées à conduire une politique monétaire nationale autonome mais elles ne participent pas à la prise de décisions de la politique monétaire de la zone euro ni à sa mise en œuvre.
En 2009, le traité de Lisbonne a doté la BCE d'une personnalité juridique.
Conformément aux traités et statuts21, l'objectif principal de la BCE est de maintenir la stabilité des prix. Sans préjudice de cet objectif, elle apporte son soutien aux objectifs économiques de l'Union, c'est-à-dire le maintien d'un niveau d'emploi élevé et l'encouragement d'une croissance non-inflationnistea. Elle agit conformément au principe d'une économie de marché ouverte.
Les missions fondamentales relevant de l'Eurosystème consistent à :
De plus, l'Eurosystème contribue à la bonne conduite des politiques menées par les autorités compétentes concernant le contrôle prudentiel des établissements de crédit et la stabilité du système financier.
La politique monétaire de l'ensemble des pays de la zone euro est du ressort de la Banque centrale européenne (BCE) et du système européen de banques centrales. Les États extérieurs à l'Union européenne, même ceux ayant des accords monétaires, ne sont pas représentés dans ces institutions. La BCE décide du design et de l'émission des billets de banque et des pièces en euro. Depuis le 1er novembre 2011, le président de la BCE est Mario Draghi.

Évolution à la suite de la crise de la zone euro

Le 10 mai 2010, à la suite de l'annonce d'un plan conjoint Union européenne/FMI de 750 milliards d'euros, la BCE décide de permettre aux banques centrales de la zone d'acheter de la dette publique et de la dette privée sur les marchés secondaires. La décision, saluée (même s'ils la jugent insuffisante) par les adversaires des politiques monétaristes, a été controversée et a été prise après mise en minorité du camp allemand22. Juridiquement, elle se fonde sur le fait qu'il n'est pas explicitement interdit par les traités de racheter de la dette sur le marché secondaire (alors qu'un rachat direct par la banque centrale à l'État, qui équivaudrait à un prêt, est lui explicitement interdit), ainsi que sur l'article 122-2 du traité de Lisbonne qui permet de venir en aide à des États européens en difficulté en cas de circonstances exceptionnelles. Elle comporte cependant deux ruptures avec les règles tacites de l'institution : 1) elle n'a pas été prise par consensus, 2) un des partenaires n'a pas hésité à faire part publiquement des divergences23.
Le 8 décembre 2011, la BCE permet aux banques d'emprunter des montants illimités pour une durée de 3 ans. Le 21 décembre 2011 489 milliards d'euros ont été empruntés24 par les banques pour servir en partie à acheter des titres de dette publique25.
Fin février 2012, la BCE accorde à nouveau 529,5 milliards d'euros de prêts à trois ans à 800 banques. Après cette opération, le bilan de la BCE pèse « 32 % du PIB de la zone euro, contre 21 % pour le Royaume-Uni, 19 % pour les États-Unis et 30 % pour le Japon ». Le bilan a plus que doublé depuis l'été 2007 et le début de la crise des subprimes26.
Le 6 septembre 2012 est adopté le programme OMT (Opération monétaire sur titre)27 à la suite d'un vote du Conseil des gouverneurs de la BCE (seul le représentant de la Bundesbank a voté contre)28. Il prévoit que la BCE rachètera sans limitation des emprunts d’État d'une maturité entre un et trois ans (les pays en difficulté émettent surtout ce type d'emprunt)27. Pour bénéficier de ce mécanisme il faut soit :
  • faire appel au FESF ou demain au MES et bénéficier d'une aide de cet organisme et donc avoir accepté les conditionnalités afférentes à ces aides27 ;
  • ëtre bénéficiaire d'un programme d'ajustement économique. Dans ce cas, il faut être revenu sur le marché (cas de l'Irlande)27.
Le but est de faire baisser les taux d'intérêt qui, pour la BCE, incorporent « une composante qui est une prime de risque que l'euro n'éclate dans les deux ou trois ans et que les dettes soient remboursées dans une autre devise ». C'est cette composante évaluée à 100 à 150 points de base pour l'Espagne ou l'Italie que la BCE voudrait supprimer28. Il s'agit d'une façon générale de constituer « un rempart efficace contre les risques extrêmes dans la zone euro »27 ;
Pour ce qui est du statut des rachats, la BCE accepte d'être traitée en cas de défaut comme les autres créanciers28.

Eurogroupe

Article détaillé : Eurogroupe.
La zone euro est représentée politiquement par les ministres des Finances réunis dans l'Eurogroupe, actuellement présidé par Jeroen Dijsselbloem. Les ministres des finances de l'Eurogroupe se réunissent un jour avant la réunion du Conseil européen des affaires économiques et financières (Ecofin). l'Eurogroupe n'est pas officiellement intégré dans Ecofin mais quand ce dernier traite seulement des affaires de la zone euro, seuls les membres de l'Eurogroupe votent29,30,31.
Avec le traité sur la stabilité et la gouvernance dans l'UEM, entré en vigueur le 1er janvier 2013, l'Eurogroupe doit se réunir au moins deux fois par an.

Sommets de la zone euro

Article détaillé : Sommet de la zone euro.
Les sommets de la zone euro sont les réunions des chefs d’États et de gouvernements des États ayant adopté l'euro32. Ces sommets seraient ouverts aux autres pays de l'Union européenne qui auraient ratifié le traité quand il s'agira de débattre des problèmes de compétitivité ou de modification de l'architecture globale de la zone euro. Début mars 2012, Herman Van Rompuy est nommé président du sommet de la zone euro33. Le titulaire actuel de ce mandat est Donald Tusk.

Pacte de stabilité et de croissance

Article détaillé : Pacte de stabilité et de croissance.

Pacte de départ

Le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) est l'instrument dont les pays de la zone euro se sont dotés afin de coordonner leurs politiques budgétaires nationales et d'éviter l'apparition de déficits publics excessifs. Il impose aux États de la zone euro d'avoir à terme des budgets proches de l'équilibre ou excédentaires.
Le PSC est fondé sur les articles 99 et 10434 du Traité instituant la Communauté européenne. Il a été adopté au Conseil européen d'Amsterdam le 17 juin 1997 et a acquis une valeur normative par deux règlements du Conseil de l'Union européenne du 7 juillet 1997. Le PSC prolonge l'effort de réduction des déficits publics engagé en vue de l'adhésion à l'Union économique et monétaire (UEM) et l'institution de l'euro. Cependant, à l'inverse de la politique monétaire, la politique budgétaire demeure une compétence nationale.
Le PSC comporte deux types de dispositions :
  • la surveillance multilatérale, disposition préventive : les États de la zone euro présentent leurs objectifs budgétaires à moyen terme dans un programme de stabilité actualisé chaque année. Un système d'alerte rapide permet au Conseil ECOFIN, réunissant les ministres de l'Économie et des Finances de l'Union, d'adresser une recommandation à un État en cas de dérapage budgétaire ;
  • la procédure des déficits excessifs, disposition dissuasive. Elle est enclenchée dès qu'un État membre dépasse le critère de déficit public fixé à 3 % du PIB, sauf circonstances exceptionnelles. Le Conseil ECOFIN adresse alors des recommandations pour que l'État mette fin à cette situation. Si tel n'est pas le cas, le Conseil peut prendre des sanctions : dépôt auprès de la BCE qui peut devenir une amende (de 0,2 à 0,5 % PIB de l'État en question) si le déficit excessif n'est pas comblé.

Pacte de stabilité et de croissance renforcé : le « Six Pack »

Article détaillé : Six-pack (Union européenne).
On appelle « six-pack » un ensemble de cinq règlements et d'une directive proposés par la Commission européenne et approuvés par les 27 États membres et le Parlement européen en octobre 2011. Il vise à pallier les insuffisances apparues à l'occasion de la crise de la dette dans la zone euro. Il comprend trois grands volets :
  • un volet budgétaire : à partir de décembre 2011, si les pays qui sont en procédure de déficit excessif (PDE) (23 sur 27 pays en décembre 2011) ne se conforment pas aux recommandations que le Conseil leur a adressé, le Conseil sur recommandation de la Commission européenne les sanctionnera, sauf si une majorité qualifiée d'États s'y oppose35 ;
  • un volet dette : les pays qui ont une dette qui dépasse 60 % du PIB feront l'objet d'une PDE (procédure de dépassement) s'ils ne réduisent pas leur dette d'un vingtième par an35 ;
  • un volet déséquilibres macroéconomiques.
Rappelons que la crise de la dette publique grecque ou portugaise n'est pas due qu'à des problèmes de déficit budgétaire, mais également à des problèmes graves de compétitivité, et que la crise espagnole est liée à une crise immobilière. Aussi, pour prévenir ce type de déséquilibre macroéconomique, un système d'alerte précoce a été mis en place. Si les pays présentent des déséquilibres importants, une procédure pour déséquilibre excessif peut être lancée et des sanctions pourront être prises à l'encontre des États. Il repose sur une série d'indicateurs parmi lesquels nous pouvons citer :
  • une moyenne mobile sur trois ans de la balance des transactions courantes en pourcentage du PIB (dans une fourchette comprise entre +6 % et -4 % du PIB)35 ;
  • une évolution sur trois ans des coûts unitaires nominaux de la main-d'œuvre (seuils de +9 % pour les pays de la zone euro, de +12 % pour les États hors zone euro) ;
  • une variation sur trois ans des taux de change réels effectifs sur la base de déflateurs IPCH/IPC, par rapport à 35 autres pays industriels (seuils de -/+5 % pour les pays de la zone euro, de -/+11 % pour les pays hors zone euro) ;
  • une dette du secteur privé en % du PIB (seuil de 160 %) ;
  • des variations en glissement annuel des prix de l'immobilier par rapport à un déflateur de la consommation calculé par Eurostat (seuil de 6 %) ;
  • une dette du secteur des administrations publiques en % du PIB (seuil de 60 %).

Nouvelles règles et nouvelles institutions plus intergouvernementales créées lors de la crise

Institutions de gestion des crises créées à la suite de la crise de la zone euro

Lors de la création de la zone euro, il avait été prévu d'éviter les crises à travers le pacte de stabilité, pas d'y faire face. La crise va provoquer la création de mécanismes de gestion des crises, ce qui semble confirmer la phrase de Jean Monnet selon laquelle, l'Europe se fera « dans les crises, et sera la somme des solutions apportées à ces crises »36. Toutefois, ces solutions se différencient de la pensée de Monnet en ce sens qu'elles sont moins communautaires et relèvent davantage d'une méthode intergouvernementale37.

Fonds européen de stabilité financière (FESF)

Dans la nuit du 9 au 10 mai 2010, pour faire face à la peur des marchés et éviter que la crise grecque s'étende à l'Espagne, au Portugal, voire à l'Italie, l'Union européenne - en coopération avec le FMI - se dote d'un fonds de stabilisation de 750 milliards d'euros (la Commission européenne est autorisée à emprunter 60 milliards d'euros : 440 milliards apportés par les États à travers la création d'un Fonds européen de stabilité financière et 250 milliards apportés par le FMI)38. Ce montant est à mettre en lien avec les besoins de financement du Portugal, de l'Espagne et de l'Irlande qui s'élèvent à 600 milliards d'euros pour la période allant jusqu'à 201239.
Les 440 milliards des États seront empruntés par un instrument spécial (Special Purpose Vehicule) grâce aux garanties des États participants39 et serviront à acheter de la dette des pays menacés. L'Allemagne apporte des garanties sur 28 % de l'ensemble (la fraction de sa part dans le capital de la BCE) soit 123 milliards. Toutefois, cette garantie peut aller jusqu'à 150 milliards pour compenser la non participation de certains pays non euro40. La France apporte des garanties de 90 milliards d'euros41. Si les Britanniques ont refusé de s'associer au mécanisme estimant que c'était l'affaire des pays de la zone euro39, la Pologne et la Suède bien que non euro ont accepté de participer42.

MES (Mécanisme européen de stabilité)

Article détaillé : Mécanisme européen de stabilité.
Un accord a été conclu le 28 novembre 2010. Cet « accord rend possible soit une assistance temporaire à un État solvable, soit une renégociation avec les créanciers en cas d'insolvabilité »43,44. Le FESF (Fonds européen de stabilité financière) devrait être remplacé par le MES (Mécanisme européen de stabilité)45 juillet 2012. Lors du Conseil européen des chefs d'États et de gouvernements de la zone euro du 11 mars44 il a été décidé que le MES disposerait de 500 milliards d'euros. L'accord prévoit :
  • que le MES pourra, sur la base d'un accord unanime des pays, accorder des prêts ou acheter de la dette primaire des États dans le cadre de strictes conditionnalités. C'est-à-dire que les États bénéficiaires devront s'engager à prendre des mesures précises qui conditionneront l'octroi du prêt ou l'intervention sur le marché primaire de la dette (c'est-à-dire sur les titres de dette nouvellement émis) ;
  • que les prêts du MESF (Mécanisme européen de stabilité financière) bénéficieraient « du statut de créance privilégiée, qui ne sera inférieur qu'à celui du FMI » ;
  • qu'un pays insolvable devrait négocier un plan de restructuration global avec ses créanciers privés dans le cadre de clauses d'action collective (CAC) afin de revenir à un endettement supportable. La question de la solvabilité d'un État sera examinée sur la base d'analyses de la Commission européenne, du FMI et de la BCE.
Le MES, organisation intergouvernementale de droit international public siège à Luxembourg, il est doté :
  • d'un conseil des gouverneurs (le ministre chargé des finances de chaque État membre) présidé soit par le président de l'Eurogroupe soit par un président issu de ses membres46. Les décisions sont prises avec un quorum des deux tiers des membres disposant de droits de vote représentants au moins deux tiers des voix (les voix dont disposent les États sont proportionnelles à leur participation au capital du MES47) ;
  • d'un conseil d'administration nommé par les gouverneurs. Il vote à la majorité qualifiée (80 à 85 % des voix selon les cas) ;
  • d'un directeur général nommé pour cinq ans48 ;
  • d'un capital autorisé fixé à 700 milliards d'euros, dont 80 milliards à verser par tranches de 20 % sur cinq ans49.
Il ne s'agit de permettre au MES d'emprunter pour se financer mais il est précisé qu'« aucun membre du MES, ne peut, du fait de sa qualité de membre, être tenu pour responsable d'obligations du MES »50.
Le MES est souvent appelé par les journalistes le parefeu, une allusion à sa mission qui est d'éviter la propagation d'une crise financière issue de problèmes sur la dette publique d'un pays à l'ensemble de la zone euro, voire au monde entier.

Mécanismes de coordination des politiques économiques d'inspiration intergouvernementales nés avec la crise

Semestre européen

Article détaillé : Semestre européen.
Le semestre européen a été instauré en 2011. Il vise à mieux coordonner les politiques budgétaires des pays en procédant à un examen ex ante des projets de budget51. En mars le Conseil européen, sur la base d'un rapport de la Commission européenne établit des « avis stratégiques sur les principaux défis économiques à venir ». Les pays doivent en tenir compte dans leur projets de budget qui seront examinés par le Conseil européen et le Conseil des ministres des finances (Ecofin) en juin-juillet avant que les pays n'adoptent les budgets51.

Pacte pour l'euro plus

Article détaillé : Pacte pour l’euro plus.
Lors de la réunion des chefs d'États et de gouvernements de la zone euro du 11 mars 2011, il a été décidé de créer une coordination renforcée des politiques économiques intitulée pacte pour l'Euro (l'idée avait été initialement proposée par l'Allemagne sous la dénomination pacte de compétitivité). Ce pacte sera soumis aux pays non euro lors du Conseil européen du 24 mars afin de leur permettre de s'y joindre éventuellement. Ce pacte repose sur quatre règles directrices : renforcer la gouvernance économique de l'Union européenne, favoriser la compétitivité et la convergence des compétitivités des États, respecter l'intégrité du marché unique et impliquer les pays membres. Pour ce faire, chaque chef d'État ou de gouvernement devra prendre des engagements concrets chaque année auprès de ses pairs qui assureront le suivi des réalisations52.
Le pacte vise quatre objectifs53 :
  • renforcer la compétitivité. Il s'agit ici de s'assurer que les coûts du travail évoluent avec la productivité ; d'examiner les mécanismes d'indexation de salaires et de veiller à ce que « les accords salariaux dans la fonction publique viennent soutenir les efforts de compétitivité consentis dans le secteur privé »54 ;
  • promouvoir l'emploi en favorisant la flexisécurité, l'éducation et la formation et en réduisant les charges fiscales sur le travail55 ;
  • améliorer la viabilité des finances publiques. Deux grands axes sont mis en avant56 :
    • le suivi de la viabilité des retraites, des soins de santé et des prestations sociales,
    • l'inscription des règles budgétaires de l'Union dans les législations nationales (« Les États de la zone euro s'engagent à traduire dans leur législation nationale les règles budgétaires de l'UE figurant dans le pacte de stabilité et de croissance ») ;
  • renforcer la stabilité financière, notamment à travers une réforme (« Une réforme globale du cadre européen de supervision et de régulation du secteur financier est en cours »57).
Par ailleurs, au niveau fiscal, il est prévu d'aller vers une assiette commune pour l'impôt sur les sociétés ainsi que des « discussions structurées sur les questions de politique fiscale, en vue notamment d'assurer l'échange des bonnes pratiques, sur la prévention des pratiques nuisibles et sur des propositions de lutte contre la fraude et l'évasion fiscale »58.

Pacte budgétaire européen (fiscal compact)

Article détaillé : Pacte budgétaire européen.
Ce pacte qui figure au "traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'union économique et monétaire" (TSCG) a été signé le 2 mars 2012 par vingt-cinq pays sur vingt-sept. Pour entrer en vigueur, il devra être ratifié par douze pays. Seuls les pays l'ayant ratifié pourront bénéficier des prêts du Mécanisme européen de stabilité59. Les grands axes du pacte sont :
  • les pays devraient intégrer une règle d'équilibre budgétaire parfois appelée en France « règle d'or » . La Cour de justice de l'Union européenne serait chargée de vérifier que les États transposent cette règle en droit national ;
  • le déficit public structurel ne devrait pas excéder 0,5 % du PIB nominal60. Les pays qui voudront bénéficier des prêts du Mécanisme européen de stabilité devront à compter du 1er mars 2013 avoir ratifié le (TSCG).

États membres de la zone euro

Carte sur L'union économique et monétaire (UEM) de l'Union européenne.
·                          États membres de la zone euro : 19 pays
·                          États membres de l'UE qui devront rejoindre la zone euro : 7 pays
·                          Micro-États utilisant l'euro avec l'accord de l'UE : 4 pays
·                          Pays qui ont adopté l'euro unilatéralement : 2 pays
·                          État membre de l'UE ayant signé le MCE II mais qui n'est pas obligé de rejoindre la zone euro (Danemark).
·                          État membre de l'UE qui n'est pas obligé de rejoindre la zone euro (Royaume-Uni).
Les 19 pays membres de la zone euro, formant ainsi l'Eurogroupe, sont, par date d'adhésion et par ordre alphabétique :
Pays
Date d'adoption
de l'euro
Population
Exceptions
1er janvier 1999
82 800 000 (2017)

8 665 550 (2015)

11 356 191 (2017)

46 468 102 (2016)

5 491 054 (2015)

67 595 000 (2017)
4 757 976 (2016)

61 302 519 (2016)
590 667 (2017)

17 108 799 (2017)
10 374 822 (2014)

1er janvier 2001
10 955 000 (2015)

1er janvier 2007
2 062 874 (2015)

1er janvier 2008
1 141 166 (2013)
446 547 (2013)

1er janvier 2009
5 410 836 (2013)

1er janvier 2011
1 313 271 (2015)

1er janvier 2014
2 001 468 (2014)

1er janvier 2015
2 939 431 (2014)

Drapeau de l’Union européenne Zone euro
342 781 273

Pays de l'Union économique et monétaire non membres de la zone euro

Association européenne de libre-échange (AELE)Euroïsation par accord avec l'UEEspace SchengenEspace économique européenAccord de libre-échange centre-européen (ALECE)Conseil de l'EuropeUnion européenneZone EuroUnion douanière de l'Union européenneUnion économique eurasiatiqueUnion de la Russie et de la BiélorussieSuisseIslandeLiechtensteinNorvègeKosovo (UNMIK)AlbanieBosnie-et-HerzégovineMacédoineMonténégroSerbieMoldavieOrganisation pour la démocratie et le développement (GUAM)UkraineGéorgieAzerbaïdjanKazakhstanBiélorussieRussieArménieVaticanSaint-MarinMonacoAndorreTurquieCroatieBulgarieRoyaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du NordRoumanieTchéquieDanemarkHongrieLituaniePologneSuèdeChypreIrlandeAutricheBelgiqueEstonieFinlandeFranceAllemagneGrèceItalieLuxembourgLettonieMaltePays-BasPortugalSlovaquieSlovénieEspagne
Diagramme d'Euler cliquable montrant les relations entre divers accords et organisations multinationaux européens.vdm
Article détaillé : Élargissement de la zone euro.
Plusieurs États membres n'ont pas encore adopté l'euro, soit parce qu'ils ne répondent pas encore aux critères d'adhésion, soit parce qu'ils ne le souhaitent pas. Parmi les derniers adhérents à l'UE, la plupart espèrent rejoindre la zone euro rapidement, bien que la crise économique ait remis en cause cet empressement61. Valdis Dombrovskis, commissaire européen chargé de l'euro, a annoncé en décembre 2015, qu'aucun nouvel élargissement n'était à prévoir « dans les prochaines années »62.
  • La Bulgarie n'a pas communiqué de date butoir ou éventuelle quant à son adhésion à la zone euro.
  • La Croatie n'a pas communiqué de date butoir ou éventuelle quant à son adhésion à la zone euro même si elle a indiqué vouloir adopter la monnaie unique au plus vite.
  • La République tchèque n'a pas communiqué de date butoir ou éventuelle quant à son adhésion à la zone euro.
  • La Hongrie espère rejoindre la zone euro au plus tôt en 2020[réf. nécessaire].
  • La Roumanie espère rejoindre la zone euro au plus tôt en 2019[réf. nécessaire].
  • La Pologne n'a pas communiqué de date butoir ou éventuelle quant à son adhésion à la zone euro.
  • La Suède a refusé l'adoption de l'euro par référendum en septembre 2003 et le débat n'a jamais été rouvert depuis. Elle ne possède cependant pas de dérogation comme le Danemark ou le Royaume-Uni.
  • Le Danemark, qui a voté non au traité de Maastricht avant d'obtenir quatre dérogations dont l'une sur la monnaie unique, a refusé l'euro par référendum le 28 septembre 2000. Aucun nouveau référendum n'a été fixé à ce jour63.
  • Le Royaume-Uni possède une dérogation permanente qui lui permet de ne pas adhérer à la zone euro. Pour l'heure, le pays n'envisage pas de se lancer dans une démarche d'adhésion. De plus, cet État poursuit depuis mars 2017 des négociations en vue de quitter l'Union européenne. Les zones souveraines britanniques de Chypre utilisent cependant l'euro par dérogation à ce principe et la législation locale a été mise en conformité avec le droit de l'Union européenne.
À la politique des États de l'Union européenne concernant l'adhésion à la monnaie unique, les sondages d'opinions montrent l'approbation ou le refus des populations à intégrer la zone euro. Au Danemark (71 %) et en Suède (87,6 %), l'opposition y est encore forte et constante à ce jour. En République tchèque (70 %) et en Pologne (75 %) l'opposition y est majoritaire depuis la crise économique de 200864.
Le Royaume-Uni y était également opposé avant de choisir de voter pour ne pas se maintenir dans l'Union européenne.

Influence de l'euro hors zone euro

Micro-États européens utilisant l'euro

En plus des dix-neuf pays membres de l'UEM, quatre micro-États utilisent l'euro comme monnaie officielle légalement sans être membres de l'Union européenne65. Les accords antérieurs permettant à ces micro-États d'utiliser leur monnaie en parallèle de celle de leur voisin respectif ont été reconduits.
  • Saint-Marin et le Vatican, qui avaient des accords avec l'Italie pour avoir leurs propres pièces (en lire vaticane et lire de Saint-Marin), utilisaient jusqu'alors la lire italienne.
  • Monaco avait des accords avec la France pour utiliser le franc français en parallèle du franc monégasque.
  • La principauté d'Andorre, qui utilisait le franc français et la peseta espagnole au moment du passage à l'euro, s'est retrouvée de facto dans la zone euro. Initialement, Andorre n'avait pas le droit de frapper ses pièces en euro avec sa propre face nationale, mais à la suite d'une négociation avec la BCE et la Commission européenne, un accord intervint le 30 juin 2011, qui lui permit déjà de frapper des pièces commémoratives (sans cours légal). Depuis le 1er juillet 2013, Andorre peut émettre ses propres pièces de monnaie66, lesquelles commencent à circuler le 15 janvier 201567.
Cette situation leur permet d'avoir leurs propres faces nationales sur les pièces qu'ils émettent en euros65.

Pays européens sans accord formel

Le Monténégro et le Kosovo utilisent l'euro mais son utilisation n'est pas régie par une convention monétaire68.
État/Territoire
Adopté
Notes
DM/EUR semi-officiel ; autre monnaie acceptée : YUM69,70 puis (2003) CSD puis (2006) RSD.
DM/EUR officiel ; en circulation avec le YUM jusqu'au 13 novembre 2000.
La Suisse et le Liechtenstein forment une union monétaire autour du franc suisse, en raison de leur particularité géographique (les deux États sont entourés par des pays membres de la zone euro), il est possible de payer en francs suisses ou en euros dans la plupart des grands commerces (Migros, Coop, Les Chemins de Fer Fédéraux, La Poste Suisse)71. Les centres touristiques acceptent également l'euro. Toutefois, en règle générale, la monnaie est rendue en francs suisses71.
Faisant suite à la surévaluation de la monnaie suisse sur l'euro, la Banque nationale suisse a mis en place dans sa décision du 6 septembre 2011, un programme de dévaluation de la monnaie nationale par un achat massif et illimité de produits monétaires liés à l'euro pour fixer un taux plancher de 1,20 franc pour un euro. Ceci montre l'interdépendance des monnaies et économies de la Suisse et de la zone euro.
En janvier 2015, la Banque nationale suisse (BNS) a pris la décision d'abandonner ce taux plancher, créant la surprise jusqu'au sein du Conseil fédéral, confirmant ainsi une législation de 1907 visant à séparer la BNS de la Confédération[réf. souhaitée].

Monnaies liées à l'euro

En raison d'accords préalables (avec le franc français et l'escudo portugais), des monnaies africaines et océaniennes sont liées à l'euro par un taux fixe :
Le mark convertible de Bosnie-Herzégovine (code BAM) correspond par ailleurs à la valeur de l'ancien Deutsche Mark, et se retrouve donc lié à l'euro par un taux fixe égal au taux de conversion DM/Euro. De même, le lev de Bulgarie (code BGN) avait été unilatéralement fixé à parité avec le Deutsche Mark et bénéficie donc du même taux de change vis-à-vis de l'euro.

Crise de la zone euro

Article détaillé : Crise de la dette dans la zone euro.
La crise de la dette dans la zone euro débute avec la crise de la dette publique grecque et se poursuit avec les crises irlandaise, portugaise, et espagnole. Dans ces deux derniers cas, il s'agit d'une crise de la dette privée et du système bancaire qui par les interventions de l'État qu'elle suscite devient une crise de la dette publique. Dans tous les cas, cette crise relève les insuffisances de l'architecture de la zone euro, et notamment le trop peu de surveillance des déséquilibres macro-économiques. En effet, ce qui rend les crises particulièrement problématiques c'est que ces États, notamment la Grèce, le Portugal, et l'Espagne ont eu une inflation plus importante que les pays du Nord, ce qui a grevé leur compétitivité et provoqué un déséquilibre de la balance extérieure qui pèse sur la croissance, rendant le remboursement de la dette encore plus difficile. Les solutions : une déflation, ou peut-être de façon plus exacte dans ce cas une dévaluation interne72, ainsi que les réformes structurelles nécessaires (pour remédier à ce qui a provoqué l'inflation et accroître le potentiel de croissance), sont en général douloureuses et suscitent de fortes résistances. Sur le plan institutionnel, la crise va entraîner de profondes transformations de la zone euro dont, dès le sommet européen des 25 et 26 mars 2010, Angela Merkel a souligné la nécessité et montré « sa détermination à réécrire le livre des règles économiques de l'Union économique même si cela exige une longue et éprouvante bataille »73.

Causes

Crise économique de 2008

Article connexe : Crise économique de 2008-2010.
À la suite de la crise financière de 2007-2008, la zone euro est entrée en récession au troisième trimestre de 200874. Le 11 octobre 2008, les chefs d'États et de gouvernements de la zone euro ont tenu un sommet extraordinaire à Paris pour élaborer un plan d'action commun à l'Eurozone et à la Banque centrale européenne afin de stabiliser l'économie de l'Union européenne. Les dirigeants ont bâti un plan destiné à faire face à la crise financière de 2008. Ils se sont mis d'accord sur un plan de sauvetage des banques prévoyant une entrée des gouvernements dans les banques et des garanties. Notons toutefois que pour certains, tel Laurent Cohen-Tanugi75, le plan de relance européen estimé à 200 milliards d'euros (1,5 % du PIB) n'est qu'un agrégat de plans nationaux suffisants pour éviter une dépression mais insuffisants pour une sortie de la crise par le haut. Malgré tout, il permettra à l'Europe de renouer avec la croissance après une récession économique marquée par une chute du PIB de 4 % en 200976 ; sa croissance prévue par le FMI en 2010 et 2011 est relativement faible77.
Variations annuelles du PIB en %

2008
2009
2010
2011
Monde
3
(-0.8)
3.9
4,3
États-Unis
0.4
(-2.5)
2.7
2.4
Zone euro
0.6
(-3.9)
1
1.6
Pays émergents
6.1
2.1
6
6.3
Sources : FMI et La Tribune du 27 janvier 201078
Toutefois, les politiques de relance et de soutien aux banques ont accru la dette publique des pays membres. En France, la dette publique passe de 65 % du PIB à 78 % du PIB, en Allemagne de 60 % à 78 %, en Italie de 105 % à 115 % et en Espagne de 40 % à 64 % du PIB sur la même période79. Parallèlement, la zone euro demeure une zone de faible croissance, ce qui pèse également sur la soutenabilité de la dette.

Erreurs dans la gestion de la crise financière de 2008

Pour Jean Pisani-Ferry, l'Europe a fait une erreur lors de la crise financière de 2008 en n'obligeant pas les banques à révéler l'étendue de leurs pertes. Aussi, quand la crise grecque se déclenche, l'idée de restructuration de la dette sera difficile à faire admettre à la BCE et aux gouvernements qui craignent pour le système bancaire80. Lorsque le FMI insistera sur la sous-capitalisation des banques européennes cela provoquera « l'ire du lobby bancaire »81.Michel Aglietta propose une analyse assez proche sur ce sujet. Pour lui, « on assiste… depuis quatre ans à une seule crise du capitalisme financiarisé »82.
Jacques Delors, dans un entretien donné au journal Le Monde en décembre 2010, rappelle que les banquiers « ont reçu des États, comme prêts ou comme garanties, 4 589 milliards d'euros », et qu'ils ne sont pas très enthousiastes pour accepter de nouvelles règles du jeu83.
Martin Wolf, quant à lui, n'apprécie pas que les Irlandais aient tenté de sauver leurs banques en prenant en charge leurs dettes. Il souligne que si la dette bancaire devait être considérée comme une dette publique alors « les banquiers devraient être considérés comme des fonctionnaires et les banques comme des services gouvernementaux »84.

Taux d'inflation différents provoquant des différences de compétitivité

Si la Banque centrale européenne a un objectif d'inflation de 2 %, il s'agit d'une moyenne. Sur les 12 premières années, l'inflation a été en moyenne de 1,5 % en Allemagne, de 1,8 % aux Pays-Bas mais de 3,3 % en Grèce, de 2,8 % en Espagne et de 2,5 % au Portugal85. La perte de compétitivité qui a suivi le différentiel d'inflation est un des éléments clés d'explication la crise de la zone euro. Ce problème est difficile à régler lorsque les pays ne peuvent pas dévaluer. En effet deux solutions sont alors possibles : une déflation dans les pays qui ont connu trop d'inflation ou une inversion de tendance : que les pays qui ont peu d'inflation durant les douze premières années aient une inflation plus forte que les autres86. Ce constat va amener à une meilleure prise en compte des critères macro-économiques et des problèmes d'inflation et de compétitivité tant dans le nouveau pacte de stabilité que dans le nouveau pacte pour l'euro.

Défauts structurels de la zone euro

La zone euro n'est pas une zone monétaire optimale et les mécanismes nécessaires à la résolution de ce problème n'ont pas été créés. Par ailleurs, à l'occasion de cette crise87, la zone euro a montré des limites : surveillance budgétaire inadaptée, absence d'un mécanisme de gestion des crises, insuffisance de débats économiques.
Pour Michel Aglietta « l'euro est une monnaie incomplète par rapport au projet de l'intégration européenne »88. Pour lui, cela tient à une double absence : absence d'organisation permettant des actions politiques collectives et refus de l'Allemagne « de jouer le rôle du leader bienveillant, c'est-à-dire [de prendre] en charge les intérêts de l'ensemble de l'union monétaire dans la conduite de sa propre politique »89.

Pays bénéficiant d'aides conditionnelles de l'Union européenne et du FMI

Grèce

Article détaillé : Crise grecque de 2010.
La crise grecque a commencé en début d'année 2010, avec des craintes exprimées sur les marchés sur la dette grecque. Ce pays n'a guère été transparent dans la présentation de sa dette et depuis son entrée dans la zone euro, « l'écart moyen entre le déficit budgétaire réel et le chiffre notifié à la Commission européenne a été de 2,2 %78 du produit intérieur brut (PIB) »87. Cela amènera la Commission européenne et des responsables politiques européens à demander des explications à la Grèce90, à s'interroger sur le rôle joué par Goldman Sachsg en tant que conseil du gouvernement grec91 et à envisager de réglementer le marché des CDS92. Cette crise a entrainé une baisse de l'euro qui favorise les exportations et la reprise93. Elle a aussi, et peut-être surtout, provoqué un double débat sur la façon de venir en aide à la Grèce (faut-il ou non s'en occuper entre Européens ou vaut-il mieux laisser le pays demander l'assistance du FMI ?) et sur la gouvernance de la zone euro.
Le 7 mai 201094, les dirigeants de la zone euro ont endossé formellement le plan d'aide à la Grèce qui consiste en des prêts bilatéraux pour un montant total de 110 milliards d'euros (80 milliards pour les pays de la zone euro et 30 milliards pour le Fonds monétaire international).
Le second plan d'aide à la Grèce (accord du 21 février 2012)
Les négociations ont été difficiles à finaliser. Les autres Européens, notamment les pays encore notés triple A (Allemagne, Pays-Bas, Finlande) ont sérieusement pensé à la sortie de la Grèce de la zone euroh. Elles ont été notamment liées au fait que le pays n'a guère tenu ses engagements. Par exemple, 30 000 fonctionnaires devaient être transférés à une « structure de réserve » avant fin 2011. Or, ce mouvement n'a touché que 1 000 personnes. De même aucune des 10 professions qui devaient être dérégulées ne l'a été, et la « libéralisation des horaires […] d'ouverture des pharmacies a été rejetée par le parlement »95.
Les grandes lignes de l'accord sont :
  • Le plan d'aide s'élève à 130 milliards pour les créanciers publics (principalement pays de la zone euro et pour un montant non défini encore par le FMI). Mais cette enveloppe à la demande des pays triple A pourrait être revue et sa réalisation est fonction de deux critères96
    • La finalisation de la restructuration de la dette privée (voir ci-dessous)96
    • La mise en place « d'ici à la fin février une liste d'actions préalables : baisse du salaire minimal, réforme du marché du travail etc. »96
  • Les créanciers privés acceptent une réduction de 53,5 % de leurs créances pour un montant de 107 milliards d'euro96. Les banques françaises devraient être concernées pour un montant de 13 milliards d'euros97. Les nouvelles obligations émises dans le cadre de ce programme seront de droit anglais et les litiges entre l'État grec et les créanciers privés sera arbitré au Luxembourg98.
  • La BCE et les autres banques centrales de la zone euro renoncent aux plus-values sur les obligations de la dette grecque qu'elles détiennent.
De leur côté, les Grecs doivent mettre en place, sous le contrôle de la « troïka » (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) un compte destiné aux paiements de la dette abondés par l'assistance internationale et les recettes fiscales.

Irlande

En septembre, l'Irlande doit une nouvelle fois se porter au secours de ses banques, ce qui provoque une augmentation considérable de son déficit public qui atteint 32 % du PIB99. Le pays hésite à demander l'aide du Fonds européen de stabilité financière, à la fois pour des raisons de fierté nationale et parce qu'il craint que les autres pays lui imposent de relever son impôt sur les sociétés qui a assuré son succès mais qui est jugé « non coopératif » par les autres États européens. Ceux-ci ont « incité » l'Irlande à recourir au mécanisme du Fonds européen de stabilité financière car ils craignaient une contagion au Portugal, voire à l'Espagne. Si ce pays était touché, alors, pour le chef économiste de la Deutsche Bank, la France, selon lui, pourrait ne plus être à l'abri100.
Fin novembre, un accord est trouvé entre l'Irlande, l'Union européenne et le FMI. Le pays recevra des prêts pour 85 milliards d'euros dont 35 seront consacrés à la recapitalisation des banques101. En contrepartie le pays doit adopter un plan de rigueur. Il existe un débat quant à savoir si ce plan ne va pas rendre plus difficile la sortie de crise101.

Portugal

Le risque de crise au Portugal s'est accru fin avril[Quand ?]. Ce pays, comme la Grèce, a vu ses taux d'emprunt augmenter à la suite de la dégradation de la note de sa dette souveraine de A+ à A- par Standard & Poor's. Le fait que sa dette extérieure (privée et publique) évaluée à près de 100 % du PIB est essentiellement détenue par des actifs étrangers (80 % pour la Grèce)102 est à la fois un élément de fragilité et de force car les pays dont les banques ont prêté peuvent s'inquiéter des conséquences d'un défaut de paiement sur celles-ci. Si le Portugal présente des similitudes avec le cas grec, malgré tout son endettement et son déficit sont moindres103,104 et le pays n'a pas présenté des budgets « améliorés ».
Le Portugal affiche un déficit public de 9,4 % du PIB103 en 2009, puis 9,8 % en 2010 contre 13,6 % pour la Grèce en 2009. Son endettement public est de 77,4 % du PIB en 2009 et 93 % en 2010 contre 115 % du PIB pour la Grèce en 2009103,104.
Le 7 avril 2011, après avoir nié pendant longtemps la nécessité d'un plan de sauvetage, le Premier ministre José Sócrates finit par faire appel à l'Union européenne et au FMI afin de subvenir aux besoins en trésorerie du pays105. Les négociations qui s'ensuivront aboutiront à la mise en place d'un plan de sauvetage de 78 milliards d'euros106.
Le gouvernement de José Sócrates, puis celui de Pedro Passos Coelho après les élections législatives de juin 2011 ont mis en place plusieurs plans d'austérité. Signe positif, la Commission européenne prévoit que le gouvernement sera proche de ses objectifs de réduction du déficit, soit 4,5 % du PIB en 2012 puis 3,2 % en 2013 (contre 3 % selon les prévisions du gouvernement) avec une récession de 3 % en 2012.

Débats autour de la zone euro

Réformes de la gouvernance de la zone euro

Méthode intergouvernementale ou communautaire ?

Pour l'économiste Laurence Boone,107 ce qui est particulièrement remarquable dans le Pacte pour l'Euro c'est que « le coup de pouce décisif » est venu de l'Allemagne qui « a promu l'idée d'un Pacte européen, qui marque l'engagement des États de la zone euro à faire converger leurs politiques structurelles vers un modèle plus proche de celui de l'Allemagne »107. Laurence Boonne voit également deux autres points importants dans cet accord à savoir que les États de la zone Euro ont choisi d'avancer indépendamment de l'Union européenne et que l'architecture de l'accord fait que les propositions de réforme ne viendront pas de la commission européenne mais des États eux-mêmes. Pour Laurence Boone, il s'agit d'une innovation importante car, de la sorte les pays se sentiront responsables de l'Euro ce qui n'était pas le cas jusque-là107. Mais tout le monde n'est pas aussi positif : le pacte pour l'Euro est critiqué par Jean-Claude Juncker108 comme n'apportant rien de nouveau. Pour le Corporate Europe Observatory, groupe de chercheurs basé à Bruxelles, les dispositions du Pacte pour l'euro « mettent en place un agenda économique et social sur mesure pour les intérêts des milieux d'affaires ; s'il était adopté, il constituerait une véritable « révolution silencieuse » imposée par le haut, en l'absence de tout débat démocratique ou participation populaire109 ».

Faut-il insérer l'euro dans une Union politique ?

C'est un peu l'idée que Jean Pisani-Ferry développe à travers le concept d'une « union de l'euro » qui reposerait sur une meilleure intégration économique, un fédéralisme bancaire et financier, une union budgétaire et une union politique destinés à éviter une dérive trop technocratique110.

Gouvernance de la zone par la loi ou de façon plus discrétionnaire ?

Pour Guillaume Duval, la règle d'or introduite par le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, c'est qu'elle pousse « encore plus loin le modèle d'un gouvernement par les règles qui est manifestement arrivé au bout de ses potentialités ». Aussi, plaide-t-il pour que les européens développent des capacités de prise en commun des décisions37. Pour l'ordolibéralisme, les « lois ont … pour but d'interdire aux gouvernements de céder à la tentation de sacrifier le long terme pour servir leurs intérêts politiques de court terme »111.

Restructuration de la dette

Au-delà se pose la question de savoir si la Grèce, l'Irlande voire le Portugal ne souffrent que d'une crise de liquidité ou s'ils ont des problèmes de solvabilité. S'ils n'ont que des problèmes de liquidité, le fonds européen peut y pourvoir. S'ils ont des problèmes de solvabilité, c'est-à-dire que, structurellement, ils ne peuvent pas faire face à leurs engagements, il faudra penser à des restructurations de la dette. Cette hypothèse est envisagée par Thomas Mayer chef économiste de la Deutsche Bank100 ou en France par Jacques Delpla112. Daniel Cohen, au contraire insiste sur le fait que si un pays faisait défaut cela provoquerait un risque systémique. Angela Merkel, quant à elle, insiste sur la nécessité de ne pas faire supporter les risques liés aux dettes souveraines uniquement aux États mais d'impliquer aussi les prêteurs. Elle promeut une clause d'« action collective »113 visant à organiser après la mi-2013 des restructurations de dette. Cette position a fait l'objet d'un accord franco-allemand et d'une certaine façon cela a inquiété les marchés114. De son côté, le laboratoire d'idées Bruegel propose un mécanisme de règlement organisé de la dette des pays en situation de « défaut ». Dans les deux cas, il s'agit de faire supporter par les prêteurs les conséquences de leurs prêts risqués.
Les économistes américains sont en général proche de la position de Kenneth Rogoff selon laquelle une « restructuration significative de la dette privée et/ou publique sera probablement nécessaire dans l'ensemble des pays de la zone euro grevés par l'endettement »84 sous peine qu'ils connaissent une « décennie perdue ». En revanche, les effets de telles restructurations sur l'avenir de la zone euro sont plus indéterminés. Pour Martin Wolf84 la réponse dépendra beaucoup de la volonté politique.

Question sur le fédéralisme

Pour les mécanismes de sortie solidaire de la crise deux grandes voies se font face : aller vers un fédéralisme budgétaire c'est-à-dire vers un budget fort et intégré au niveau européen ou aller vers un fédéralisme assurantiel, c'est-à-dire vers des aides temporaires conditionnées à des efforts de redressement et, éventuellement à des renégociations de la dette43. Pour Jean Pisani-Ferry, le fédéralisme budgétaire est un déni de réalité car « en Allemagne les transferts massifs ont échoué à revitaliser les nouveaux Länders, et que le maintien sous perfusion du Mezzogiorno italien n'est pas un exemple à suivre43 » et en outre, politiquement, aller vers un fédéralisme budgétaire ne serait pas aisé. En Allemagne, des voix s'élèvent pour la constitution d'un euro du Sud et d'un euro du Nord115, l'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt regrettant lui que la zone euro n'ait pas été limitée à un petit nombre de pays116.
Aussi, la proposition de Jean-Claude Juncker117 visant à communautariser une partie de la dette comprise entre 40 % et 60 % du PIB, en émettant des eurobonds s'est-elle heurtée au refus de l'Allemagne, de la France et d'autres pays. Les partisans du fédéralisme assurantiel ne sont pas forcément opposés à toute création d'eurobond, mais pour eux, il doit s'agir de financer au niveau communautaire des investissements destinés à doper la croissance43.

Politiques économiques

L'austérité est-elle suffisante ?

Pour sortir de la crise de la dette la seule solution réside-t-elle dans des politiques d'austérité budgétaire ?
Pour Lionel Jospin et Michel Aglietta, les politiques d'austérité poussent à une contraction du PIB, qui aggrave les problèmes de financement118. Pour eux, il faudrait « remodeler la structure des budgets comme l'ont fait les Scandinaves après la crise bancaire de 1991-1992 ». Ils proposent de118 :
  • redonner du pouvoir d'achat aux salariés en réformant la fiscalité et en supprimant les avantages fiscaux aux très hauts revenus, par « une fiscalité du capital réformé », et par un renouveau de la taxation des héritages ;
  • augmenter la croissance potentielle en procédant à des investissements publics et en mettant en place de meilleures incitations à destination du privé. Ces mesures devraient pouvoir être financées par une TVA mieux harmonisée au niveau européen et par l'instauration d'une taxe carbone. Une partie de la taxe pourrait subventionner les plus modestes qui seraient les plus touchés, l'autre pourrait être utilisée pour financer.

Politiques monétaires

Sortir de la zone euro ?

La question de la sortie de l'euro, et d'un retour à la monnaie nationale, est posée par des personnalités politiques, notamment souverainistes ou des économistes dans la plupart des pays de la zone. À cette question se rattache celle de la parité qui serait choisie entre l'euro et l'ancienne monnaie nationale, ainsi que celle d'une éventuelle dévaluation. Le sort des dettes est aussi une question importante : les dettes contractées en euro seraient-elles remboursées en euro, ou dans la nouvelle devise de l'État ?
Exemple de la crise grecque
Dès 2010, certains économistes ont commencé à avancer que face à l'ampleur de la dette et à l'importance de la charge des intérêts, la seule issue pour la Grèce serait de sortir de la zone euro et de dévaluer, solution qui, selon ces auteurs permettrait de redonner un souffle au pays et à l'économie de repartir. Les positions allant dans ce sens ont augmenté en 2011 à mesure que les problèmes du pays s'accroissaient.
Wilhelm Hankel (de), professeur émérite d'économie à l'université de Francfort119 soutient dans un article du Financial Times que la meilleure solution à la crise de la dette publique eût été une sortie de la zone euro suivie d'une dévaluation. Pour lui, l'austérité ou la sortie de l'euro sont les deux solutions possibles pour faire face à des différences de taux sur les obligations de la dette publique. Pour cet économiste, si la Grèce reste dans la zone euro, alors les taux d'intérêt élevés liés aux déficits budgétaires pèseront sur la demande et freineront l'économie.
Pour Jacques Sapir (mai 2010), il ne fait pas de doute que la Grèce va faire défaut. L'économiste français ne perçoit dans la dévaluation qui suivrait aucune catastrophe, mais un moyen pour le pays de retrouver sa compétitivité eu égard à sa structure économique120.

Notes

  1. Les objectifs économiques de l'Union sont définis dans l'article 2 du TCE :
« promouvoir dans l'ensemble de la Communauté un développement harmonieux, équilibré et durable des activités économiques, un niveau d'emploi et de protection sociale élevé, l'égalité entre les hommes et les femmes, une croissance durable et non inflationniste, un haut degré de compétitivité et de convergence des performances économiques, un niveau élevé de protection et d'amélioration de la qualité de l'environnement, le relèvement du niveau et de la qualité de vie, la cohésion économique et sociale et la solidarité entre les États membres. »
  1. a, b et c Les territoires français du Pacifique utilisent le franc CFP.
  2. Campione d'Italia utilise officiellement le franc suisse du fait qu'elle soit enclavée en Suisse, bien que l'euro y soit accepté.
  3. Aruba utilise le florin d'Aruba. Elle fait partie du Royaume des Pays-Bas mais pas de l'UE.
  4. a, b et c Ces entités ont utilisé le florin des Antilles néerlandaises, jusqu'au 1er janvier 2011 pour Bonaire, Saba et Saint-Eustache où il a été remplacé par le dollar américain et par le florin caribéen à Curaçao et Saint-Martin le 1er janvier 2012. En pratique l'euro circule dans les parties de l'île de Saint Martin (la partie française ayant l'euro comme monnaie officielle).
  5. La République turque de Chypre du Nord (qui n'est reconnue que par la Turquie) utilise formellement la nouvelle lire turque, mais l'euro y circule largement.
  6. La banque aurait conçu un « véhicule spécial Titlos » permettant selon le « Wall Street Journal » de « profiter de l'effort de la BCE d'injecter des liquidités dans le secteur bancaire » (De Gasquet 2010).
  7. « Le jour J (de sortie de la Grèce de la zone euro) fait de moins en moins peur. » (Rösler 2012).

Sources

Références

  1. a et b (en) « Eurostat - Tables, Graphs and Maps Interface (TGM) table » [archive], sur Eurostat (consulté le 15 août 2017).
  2. a et b « Produit intérieur brut aux prix de marché » [archive], sur Eurostat (consulté le 4 novembre 2017).
  3. « Zone euro - Population » [archive], sur Tradingeconomics.com (consulté le 15 août 2017).
  4. États membres de la zone euro
  5. Passage à l'euro
  6. « Taux de la BCE, taux refi » [archive], sur le site Euribor-rates (consulté le 15 août 2017).
  7. PAC et euro
  8. a et b Pisani-Ferry 2011, p. 30
  9. Pisani-Ferry 2011, p. 31
  10. Pisani-Ferry 2011, p. 31-34
  11. Pisani-Ferry 2011, p. 34
  12. Pisani-Ferry 2011, p. 34-35
  13. Duval 2010, p. 8
  14. Saint-Étienne 2009, p. 158–159
  15. a, b et c Vignon 2010
  16. Pisani-Ferry 2011, p. 50
  17. Pisani-Ferry 2011, p. 48-49
  18. Du Bois de Dunilac 2001
  19. BCE, SEBC et Eurosystème
  20. Chartoire et Loiseau 2010, p. 68
  21. Missions de la BCE
  22. De Vergés - mai 2010
  23. De Vergés - 2 juin 2010
  24. Lacombe 2012
  25. Lacour - février 2012
  26. Lacour - mars 2012
  27. a, b, c, d et e Couet 2012
  28. a, b et c Chatignoux 2012
  29. Traité de Lisbonne
  30. The Federal Trust
  31. Protocoles annexés au traité de Lisbonne
  32. Déclaration finale - 26 octobre 2011, p. 11, Annexe 1(2)
  33. Élection du premier président
  34. Traité d'Amsterdam
  35. a, b et c Entrée en vigueur du paquet législatif
  36. Pisani-Ferry 2011, p. 25
  37. a et b Duval 2012
  38. Ricard - 11 mai 2010
  39. a, b et c Les Échos - 11 mai 2010
  40. Le Monde - 12 et 13 mai 2010
  41. Lagarde 2010
  42. Lefevre 2010
  43. a, b, c et d Pisani-Ferry - 7 décembre 2010
  44. a et b Conclusion du Conseil européen du 11 mars 2011, p. 13-34
  45. Bauer et Prandi 2011
  46. Traité instituant le MES, p. 13
  47. Traité instituant le MES, p. 11
  48. Traité instituant le MES, p. 20
  49. Traité instituant le MES
  50. Traité instituant le MES, p. 23
  51. a et b Dancette 2010
  52. Conclusion du Conseil européen du 11 mars 2011, p. 6
  53. Conclusion du Conseil européen du 11 mars 2011, p. 1
  54. Conclusion du Conseil européen du 11 mars 2011, p. 7-9
  55. Conclusion du Conseil européen du 11 mars 2011, p. 8-9
  56. Conclusion du Conseil européen du 11 mars 2011, p. 9-10
  57. Conclusion du Conseil européen du 11 mars 2011, p. 10
  58. Conclusion du Conseil européen du 11 mars 2011, p. 11
  59. Le Point - 2 mars 2012
  60. Signature du pacte budgétaire
  61. Honoré 2011
  62. « Zone euro : pas d'élargissement dans les prochaines années » [archive], sur Le Point (consulté le 29 janvier 2016).
  63. René Leboutte, Histoire économique et sociale de la construction européenne, Peter Lang, 2008, p. 257.
  64. DNA -28 décembre 2011
  65. a et b L'utilisation de l'euro dans les pays membres de l'UEM et en dehors [archive], sur le site de la BCE.
  66. Article 2, p. 3 de l'Accord monétaire entre l'Union et l'Andorre
  67. (ca) « Servei d'emissions - Andorra Mint » [archive], sur le site gouvernemental d'Andorre sur l'euro (consulté le 25 décembre 2014).
  68. Marc Semo, « Kosovo et Monténégro, îlots d'euros », Libération,‎ 26 décembre 2001, « Le mark était leur monnaie officielle, ils passent à la monnaie unique. » (lire en ligne [archive]).
  69. Résolution n° 1999/4 sur la monnaie autorisée au Kosovo
  70. Autorisation de l'usage de monnaie étrangère
  71. a et b Paiement en Suisse
  72. Pisani-Ferry 2011, p. 144
  73. Castle 2010
  74. EUbusiness - 8 janvier 2009
  75. Cohen-Tanugi 2009
  76. De Tricornot 2010
  77. La Tribune - 27 janvier 2010
  78. a et b Pisani-Ferry - 17 mars 2010
  79. Aglietta 2012, p. 26
  80. Pisani-Ferry 2011, p. 111
  81. Aglietta 2012, p. 60
  82. Aglietta 2012, p. 19
  83. Faujas et Frachon 2010
  84. a, b et c Wolf 2010
  85. Pisani-Ferry 2011, p. 188
  86. Pisani-Ferry 2011, p. 188-189
  87. a et b Pisani-Ferry - 23 février 2010
  88. Aglietta 2012, p. 42
  89. Aglietta 2012, p. 47
  90. Counis 2010
  91. Biseau et Quatremer 2010
  92. De Vergès - 5 mars 2010
  93. De Vergès - 4 mars 2010
  94. Le Monde - 7 mai 2010
  95. Prandi 2012
  96. a, b, c et d Ricard 2011
  97. Les Échos - 24 février 2012, p. 30
  98. Salles et Vitkine 2012
  99. Ricard et De Vergès 2010
  100. a et b De Vergès - 28 et 29 novembre 2010
  101. a et b Roche 2010
  102. Lévêque 2010
  103. a, b et c McGroarty 2010
  104. a et b Navarro Pedro 2010
  105. Tremlett 2011
  106. Bauer 2011
  107. a, b et c Boone 2011
  108. Le Point - 15 mars 2011
  109. Corporate Europe Observatory
  110. Pisani-Ferry 2011, p. 195
  111. Lechevalier 2012
  112. Delpla 2010
  113. Mével 2010
  114. Couet - 10 et 11 novembre 2010
  115. Lemaître 2010
  116. Schmidt 2010
  117. Autret 2010
  118. a et b Aglietta et Jospin 2010
  119. Wilhelm Hankel, Wilhelm Nölling, Karl Albrecht Schachtschneider et Joachim Starbatty, Financial Times 2010
  120. Sapir 2011

Bibliographie

Décisions et publications officielles

Livres

Articles

  • (en) Kenneth Rogoff, The Euro at Mid-Crisis (lire en ligne [archive]).
  • (en) M. Nicolas J. Firzli, « Greece and the EU Debt Crisis », The Vienna Review, mars 2010.
  • Jacques Delpla, Dette bleue et dettes rouges pour sauver l'euro, article dans Les Échos du 5 mai 2010 [archive].
  • Éric Scavennec, mai 2010, Misères de la « gouvernance économique » européenne [archive], Les Dessous de Bruxelles.
  • Michel Aglietta et Lionel Jospin, « Austérité : l'Europe à contresens », Le Monde,‎ 23 novembre 2010.
  • Florence Autret, « Zone euro : la solitude d'Angela Merkel », La Tribune,‎ 8 décembre 2010.
  • Anne Bauer, « Bruxelles débloque 78 milliards pour mettre le Portugal à l'abri de la spéculation », Les Échos,‎ 4 mai 2011 (lire en ligne [archive]).
  • Anne Bauer et Massimo Prandi, « Crise européenne : les ministres des Finances se donnent jusqu'à mars », Les Échos,‎ 17 janvier 2011.
  • Grégoire Biseau et Jean Quatremer, « La main dans le Sachs », Libération,‎ 20 et 21 février 2010.
  • Pierre du Bois de Dunilac, « L'introduction de l'euro », Revue du droit de l'Union européenne, no 4,‎ 2001, p. 855 à 888.
  • Laurence Boone, « Sommet historique pour l'Europe », Les Échos,‎ 17 mars 2011.
  • (en) Stephen Castle, « Greek rescue in thinking on E.U. rules », International Herald Tribune,‎ 27 et 28 mars 2010.
  • Catherine Chatignoux, « Interview d'Eric Chaney chef économiste d'Axa Group », Les Échos,‎ 7 et 8 septembre 2012.
  • Laurent Cohen-Tanugi, « Les États disposent de marges d'action au niveau européen », La Croix,‎ 5 2009.
  • Isabelle Couet, « Naissance de l'OMT, la nouvelle arme anticrise de la zone euro », Les Échos,‎ 7 et 8 septembre 2012.
  • Isabelle Couet, « Dette : le scénario qui inquiète les marchés », Les Échos,‎ 10 et 11 novembre 2010.
  • Alexandre Counis, « Bruxelles demande à Athènes des explications sur ses tours de passe-passe comptables », Le Monde,‎ 16 février 2010.
  • Maël Dancette, « Gouvernance économique: le “semestre européen” opérationnel en 2011 », EurActiv,‎ 8 septembre 2010 (lire en ligne [archive]).
  • Jacques Delpla, « Comment restructurer les dettes », Les Échos,‎ 24 novembre 2010.
  • Guillaume Duval, « Comment la zone euro en est-elle arrivée là ? », Alternatives économiques, no 289,‎ mars 2010.
  • Guillaume Duval, « Des traités mal traités », Alternatives économiques, no 311,‎ mars 2012, p. 12.
  • Alain Faujas et Alain Frachon, « Jacques Delors : "La politique doit être l'ultime référence, je refuse que les banquiers fassent trembler les gouvernements de la zone euro" », Le Monde,‎ 8 décembre 2010.
  • Pierre de Gasquet, « Goldman Sach reconnaît que ses opérations sur les swaps auraient dû être plus « transparentes » », Les Échos,‎ 24 février 2010.
  • Renaud Honoré, « Les candidats à l'adhésion ne se bousculent pas en Europe de l'Est », Les Échos, no 21091,‎ 30 décembre 2011, p. 6 (lire en ligne [archive]).
  • Clément Lacombe, « Les cent jours de Mario Draghi, opération réussie », Les Échos,‎ 9 février 2012.
  • Jean-Philippe Lacour, « Une nouvelle dimension de la politique monétaire », Les Échos,‎ 9 février 2012.
  • Jean-Philippe Lacour, « Une opération majeure pour les marchés en cinq questions », Les Échos,‎ 1er mars 2012.
  • Arnaud Lechevalier, « L'Allemagne, un leadership mal assumé », Alternatives économiques hors-série, no 92,‎ 2012, p. 45 (lire en ligne [archive]).
  • Jean-Sébastien Lefebvre, « L'adoption de l'euro par la Lituanie reportée », EurActiv,‎ 3 janvier 2012 (lire en ligne [archive]).
  • Étienne Lefevre, « Le parlement français devra approuver la garantie apportée au fonds de stabilisation européen », Les Échos,‎ 11 mai 2010.
  • Frédéric Lemaître, « Les deux euros de l'ex-patron des patrons allemands », Le Monde,‎ 8 décembre 2010.
  • Émilie Lévêque, « Le Portugal va-t-il sombrer dans la crise grecque ? », L'Expansion,‎ 28 avril 2010 (lire en ligne [archive]).
  • David Marsh, « Helmut Schmidt : L'Europe manque de dirigeants », Le Monde,‎ 7 décembre 2010 (lire en ligne [archive]).
  • Patrick McGroarty, « Crise grecque pas comparable à Portugal, Espagne -min Fin alld », Investir,‎ 28 avril 2010 (lire en ligne [archive]).
  • Jean-Jacques Mével, « Berlin fait circuler son projet de résolution des crises futures », Le Figaro,‎ 25 novembre 2010.
  • Jean Pisani-Ferry, « Gouvernement économique mode d'emploi », Le Monde,‎ 23 février 2010.
  • Jean Pisani-Ferry, « C'est le tour de l'Espagne », Le Monde,‎ 17 mars 2010.
  • Jean Pisani-Ferry, « Euro, sortir du déni », Le Monde,‎ 7 décembre 2010.
  • Massimo Prandi, « L'Allemagne favorable à une quasi-mise sous tutelle de la Grèce », Les Échos,‎ 30 janvier 2012.
  • Philippe Ricard, « L'Europe répond aux marchés par une riposte massive », Le Monde,‎ 11 mai 2010 (lire en ligne [archive]).
  • Philippe Ricard, « Grèce : de nouvelles aides et des zones d'ombre », Le Monde,‎ 22 février 2011.
  • Philippe Ricard et Marie de Vergès, « Les dettes publiques minent à nouveau la zone euro », Le Monde,‎ 12 novembre 2010.
  • Marc Roche, « Les Irlandais veulent croire que la page de la crise bancaire est tournée », Le Monde,‎ 2 décembre 2010.
  • Philip Rösler, « Berlin loue les efforts de réforme de l'Espagne et du Portugal », France 24,‎ 12 février 2012 (lire en ligne [archive]).
  • Alain Salles et Benoît Vitkine, « Fatalisme face à un sauvetage échangé contre une perte de souveraineté », Le Monde,‎ 22 février 2012.
  • (en) Giles Tremlett, « Portugal's PM calls on EU for bailout », The Guardian,‎ 7 avril 2011 (lire en ligne [archive]).
  • Adrien de Tricornot, « Mauvaise surprise : la croissance dans la zone euro a calé au quatrième trimestre », Le Monde,‎ 14 et 15 février 2010.
  • Marie de Vergès, « Les États s'attaquent au puissant et nébuleux marché des CDS », Le Monde,‎ 5 mars 2010.
  • Marie de Vergès, « La baisse de l'euro, une aubaine pour la reprise », Le Monde,‎ 4 mars 2010.
  • Marie de Vergés, « Les banques supplient la BCE d'acheter de la dette », Le Monde,‎ 9 et 10 mai 2010.
  • Marie de Vergés, « Les Allemands ne reconnaissent plus « leur BCE » », Le Monde,‎ 2 juin 2010 (lire en ligne [archive]).
  • Marie de Vergès, « Après la Grèce et l'Irlande, who's next ? », Le Monde,‎ 28 et 29 novembre 2010.
  • Jérôme Vignon, « Trois visions pour un gouvernement économique de l'Europe », La Croix,‎ 23 février 2010.
  • Martin Wolf, « L'Europe à l'heure de vérité », Le Monde,‎ 7 décembre 2010.
  • Martin Wolf, « Le scénario du défaut », Le Monde,‎ 14 décembre 2010.
  • Alexandra Yaghil, « La Lettonie souhaite rejoindre la zone euro dès 2014 », EurActiv,‎ 24 septembre 2012 (lire en ligne [archive]).
  • « La politique agricole commune et l'Euro. Série Agriculture, forêts et développement rural » [archive], sur le site du Parlement européen, novembre 1999, AGRI 105A FR (PE 167.405/rev AE).
  • « Tableau sur la zone euro (source Eurostat) », Le Monde,‎ 1er janvier 2008.
  • « Berlin adopte sa contribution au plan européen », Les Échos,‎ 12 mai 2010, p. 9 (lire en ligne [archive]).
  • « Dix questions sur le sauvetage européen », Les Échos,‎ 11 mai 2010 (lire en ligne [archive]).
  • « Interview de Christine Lagarde », Les Échos,‎ 11 mai 2010.
  • « Vingt-cinq pays de l'UE signent un nouveau pacte de discipline budgétaire », Le Point,‎ 2 mars 2012 (lire en ligne [archive]).
  • « Hors de la zone euro, entre attentes et rejets », Dernières nouvelles d'Alsace,‎ 28 décembre 2011 (lire en ligne [archive]).
  • (en) « EU data confirms eurozone's first recession », EUbusiness,‎ 8 janvier 2009 (lire en ligne).
  • « Grèce : une facture de 13 milliards pour les banques », Les Échos, no 21131,‎ 24 février 2012 (lire en ligne [archive]).
  • « La reprise mondiale s'accélère, selon le FMI », La Tribune,‎ 27 janvier 2010.
  • « Les leaders de la zone euro donnent leur accord à un plan d'aide à Athènes », Le Monde,‎ 7 mai 2010.
  • « Juncker critique le « pacte pour l'euro » de Paris et Berlin », Le Point,‎ 15 mars 2011 (lire en ligne [archive]).
  • Jacques Sapir, « Sapir : derrière la crise grecque, l'explosion de l'euro ? », Marianne,‎ 30 mai 2011 (lire en ligne [archive]).

Sites internet

Études réalisées par des think tanks

La dernière modification de cette page a été faite le 12 avril 2018 à 19:47.