mardi 25 mars 2014

archives pour le vécu de notre histoire immédiate - une rédaction commencée le 7 Décembre 2012





La période « chrysalide » du nouveau quinquennat s’est terminée en trois jours à son cinquième mois : réponse populaire à l’absence de changement et de décision vis-à-vis de la crise essentielle, celle de l’emploi, donc la manifestation parisienne organisée par la « gauche de la gauche », Front de gauche et Parti communiste notamment, le dimanche 30 septembre … notification par Arcelor-Mittal de la décision prise de fermer les deux hauts-fourneaux de Florange à ses salariés, et au gouvernement du délai que lui impartit la multinationale étrangère, le lundi 1er octobre… le gouvernement soumet au vote de sa majorité un traité européen qui n’a pas été re-négocié, contrairement aux engagements et promesses très développées du candidat socialiste, et qui ne sera pas soumis au referendum ; il compte sur le vote de l’opposition pour s’assurer d’assez de voix en autorisation de ratification  et surtout en adoption de la loi organique, mardi 2 octobre…




Socialement calme, enregistrant même des négociations en bonne ambiance aussi bien à propos de P.S.A. que des honoraires médicaux, le sixième mois n’a cependant inversé ni la courbe ascensionnelle du chômage, ni celle dégressive de la popularité du président de la République et de son Premier ministre.


1° la sanction pas seulement des sondages

Selon C.S.A., 41% seulement d’opinions favorables au président régnant et selon BVA-Orange 46% [1], le 17 Septembre. En quatre mois de mandat, l’élu du 6 Mai 2012 a perdu plus qu’en neuf mois, l’élu du 6 Mai 2007. Pour résorber le chômage, seulement 34%, le 1er Octobre lui font confiance, alors qu’à la même époque, en 2007, son prédécesseur restait crédible à 56%.

Nicolas Sarkozy fut vite « désaimé » parce qu’il agaçait personnellement : excès de présence, de gesticulation, de vie privée, d’abus des institutions et de la communication publique bien davantage que fut jamais censurée sa politique économique et sociale, « désaimé » pour son image, ce qu’il comprenait périodiquement puisqu’il prétendait en changer… c’était subjectif, d’ordre psychotique de sa part et de celle des Français, ses propres électeurs compris. Au contraire, c’est objectivement que François Hollande est jugé sur les faits qu’il ne change pas, plus encore que sur une politique et une manière qui donnent – pour le moment – raison rétrospectivement à son prédécesseur. Mais cette absence d’alternative ne fait pas pour autant regretter le retrait de Nicolas Sarkozy [2].

Ce n’est donc pas de manière qu’il s’agit, mais de fond : contre ce que décida ou développa le précédent quinquennat. Or, François Hollande jusqu’à présent – restant personnellement sympathique aux Français – conforte cet héritage, y compris dans la pratique institutionnelle. La moitié des effectifs français restera en Afghanistan à la fin de cette année et le traité d’amitié avec ce pays, négocié et signé par le gouvernement de Nicolas Sarkozy, a été ratifié par François Hollande. Celui-ci avait censuré notre réintégration de l’O.T.A.N. il lui faut l’expertise d’Hubert Védrine sur les avantages et les inconvénients que nous en avons retirés pour éventuellement décider de nous reprendre à nouveau. Le traité de discipline budgétaire, négocié et signé par Nicolas Sarkozy, est imposé par François Hollande à son parti et à sa majorité parlementaire, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault en faisant (paradoxalement) une question de confiance et de participation au gouvernement pour les Verts. Le risque d’un referendum négatif à propos du traité de Lisbonne n’avait pas été pris par Nicolas Sarkozy, il ne l’est pas davantage par François Hollande à propos du nouveau texte européen.

64% des sondés estiment que le quinquennat est déjà joué et le juge négativement. La surprise ne peut plus venir que d’un changement total de cap. Cela de la part du gouvernement, Président et Premier ministre considérés ensemble et tels qu’ils témoignent à l’envie de leur unisson. Elle peut également venir du peuple se manifestant comme il ne l’a plus fait depuis le « mouvement de Novembre-Décembre 1995 », appellation significatif si elle est rapportée à celle des « événements de Mai » 1968, dont de Gaulle voulait d’ailleurs qu’elle s’étendit à Juin. En ce sens, le nouveau quinquennat produit – malgré le flegme de ses deux principaux acteurs – un vrai suspense. Qui est aujourd’hui la norme européenne sauf en Allemagne : les gouvernements tiendront-ils en imposant aux peuples des contraintes douloureuses dont ceux-ci savent surtout qu’elles ne sont pas efficaces mais au contraire les punissent de fautes qu’ils n’ont pas commises et dont bénéficient des entités et des personnes toujours pas mises au pas dans l’intérêt commun. L’interrogation plus générale porte sur l’avenir européen, dont celui de l’euro. n’est qu’un des « marqueurs ». Les Européens continueront-ils d’être les victimes de la mûe mondiale politiquement initiée par la chute du mur de Berlin et économiquement organisée par la déréglementation des activités commerciales et financières, et surtout par le démantèlement des puissances publiques, seules à être électives.

Verdict des sondages : François Hollande, six mois après son élection ne la remporterait plus [3] pas tant par une mauvaise image personnelle, mais du fait de la politique qu’il incarne, jugée inefficace et injuste. Est-ce pour autant l’échec ? et quel échec : de qui ? de quoi ?


[1] - BVA Orange 17 Septembre 2012
1) Chute de la popularité de l'exécutif pendant l'été. Hollande devient impopulaire pour la première fois
Hollande devient impopulaire en tant que Président pour la première fois depuis son élection. Avec 46% de bonnes opinions contre 53% de mauvaises. En tout, durant toute la période estivale (depuis fin juin - début juillet) il a chuté de 15 points. La cote d'alerte est dépassée auprès des plus de 65 ans (60% de mauvaises opinions), mais aussi des quadras (55% auprès des 35-49 ans). Outre les inactifs et les travailleurs indépendants, les deux extrémités du monde du salariat sont aujourd'hui majoritairement hostiles : 52% de mauvaises opinions auprès des cadres et 54% auprès des ouvriers. Les professions intermédiaires et les employés tout comme les salariés du secteur public (auquel ces professions appartiennent souvent) restent majoritairement des catégories acquises à Hollande : respectivement 52%, 55% et 58% de bonnes opinions. Si la comparaison avec la popularité de Nicolas Sarkozy en début de quinquennat est cruelle (57% de bonnes opinions), elle est un peu consolatrice avec François Mitterrand en septembre1981 et Jacques Chirac en 1995 (respectivement 49% et 44% de bonnes opinions). Ayrault, lui, subit une chute encore plus nette (-20 points) mais reste à l'équilibre avec 49% de bonnes comme de mauvaises opinions. On constate chez le Premier ministre les mêmes zones de force et de fragilité que chez le Président.
2) La politique menée est perçue comme étant à la fois pas efficace et injuste ... et les Français ne croient pas au cap de redressement du pays en deux ans.
La sanction est encore plus lourde sur notre nouvelle double question barométrique mensuelle portant sur l'efficacité et le caractère « juste » (critère présenté comme clé par Hollande lui-même) de la politique menée.
Non seulement, plus des deux-tiers des Français (67%) jugent que la politique menée n'est pas efficace ... Mais en plus, une nette majorité (53% contre 45%) ne la juge même plus « juste ». Sarkozy aussi a longtemps pâti du même reproche ... mais uniquement après un an d'exercice du pouvoir.

[2] - CSA-RTL des 2.3 Octobre - publié le 5 Octobre 2012
A la question "vous personnellement regrettez-vous Nicolas Sarkozy comme président de







les erreurs du nouveau pouvoir

Chacune paraît indépendante des autres, parce qu’elle s’inscrit dans un registre différent. Mais elles semblent toutes venir du même fond.

1° à la formation du gouvernement, version initiale, comme version refondue à la suite des législatives, n’avoir pas pris dans l’équipe les trois perdants apparents que sont au printemps de 2012 : François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon et Ségolène Royal. Leur point commun est la liberté de pensée, de parole et d’action. Non que la majorité de gauche manque intrinsèquement de souplesse, mais elle manque de voix dont la diversité ou l’écart soit légitimé par un parcours antérieur, indiscuté en notoriété et en influence sur le débat français. Accessoirement, autant Président, Premier ministre, et appareil socialiste ont tout fait pour repêcher Ségolène Royal à La Rochelle, autant il est incompréhensible que les mêmes n’aient pas imposé le retrait du candidat PS à Pau et contre Marine Le Pen. Le précédent de 1981 est donc confirmé : alors des députés de fidélité à de Gaulle qui avaient appelé à voter Mitterrand au second tour ont eu à s’incliner, notamment dans Paris, devant des nouveaux venus socialistes dans leur propre circonscription ;
2° à la formation du gouvernement, avoir perpétué la fonction d’affichage  des intitulés de multiples ministères au lieu d’instituer – enfin – la fonction collégiale d’exercice du pouvoir exécutif par une équipe restreinte de l’ordre de la quinzaine au plus, faute de quoi le conseil des ministres n’est pas délibératif dans sa pratique ;

3° avoir improvisé, et l’avoir laissé savoir, des nominations à des postes importants : aux Affaires Etrangères, Laurent Fabius n’a pas le rayonnement personnel ni la culture nécessaires, il eût été davantage opérant aux Finances ; rue de Bercy, Pierre Moscovici n’a pas la notoriété nationale et internationale d’un Antoine Pinay, d’un Valéry Giscard d’Estaing, d’un Pierre Bérégovoy pour la reprise d’un cours alors que 2012 doit s’apparenter pour nos comptes publics et notre relance économique à 1958, 1969, 1988 ; à la Défense, Le Drian ne tranche pas sur ses multiples prédécesseurs, sa communication le démontre aussitôt (pas de zones d’exclusion en Syrie, pas de livraison d’armes, ce qui est signer l’abstention et l’impuissance) ; Michel Sapin aurait été meilleur aux Finances et Arnaud Montebourg semble dans le rôle de négociation sociale, cas par cas, plutôt que dans l’imagination de ce que nous pouvons entreprendre ;

4° avoir repris, en quelques semaines, pour le nouveau président de la République le rythme des déplacements, des discours et des communications-rumeurs qui avait été celui (décrié et lassant) de Nicolas Sarkozy. Ainsi se superposent de 2007 à 2012 un discours de géostratégie (le Darfour, la Syrie), une conférence sociale, une conférence environnementale, la mise en place d’une commission de réflexion sur les institutions et la vie politique, chacune présidée par un ancien Premier ministre (Edouard Balladur, Lionel Jospin)

5° avoir repris, au niveau de l’Elysée, les arbitrages fiscaux, le choix du futur Premier secrétaire du Parti socialiste, les sanctions ou pas d’un vote dissident des Verts sur le traité européen de discipline budgétaire, donc une communication aussi fréquente et d’affectation multiple que celle du prédécesseur  ;

  éviter la procédure référendaire pour un traité européen, présenté cependant comme décisif : le nouveau traité absorbant tous les autres signé à Lisbonne en 2007, le pacte de discipline budgétaire en 2012 ;

7° revendiquer par avance la durée intégrale du quinquennat pour agir et être jugé,  et avoir pris des vacances estivales, à peine entré en fonctions ;

8° s’appuyer sur des rapports et travaux de commission pour appliquer des promesses de campagne ou être fidèle à des propos plus anciens : rapport demandé à Hubert Védrine sur les avantages reçus de notre réintégration de l’OTAN, rapport commandé par la Commission européenne sur la distinction des banques de dépôts et de spéculation, rapport Sicard pour l’euthanasie et la bioéthique, commission pour le renouveau de la vie politique selon une présidence confiée à Lionel Jospin ;

9° reculer sans cesse la mise au débat de mesures très discutées : vote des non-citoyens européens aux élections locales, interdiction des cumuls de mandats nationaux avec des fonctions exécutives locales ;

10° constituer la banque publique d’investissements selon le conseil d’une banque d’affaires privée et sans rien créer qu’un assemblage d’insstitutions existantes aux vocations particulières mal analysées dans leur spécificité ;
11° alors que la plupart des grands travaux projetés par les prédécesseurs, mais il est vrai non financés, sont annulés, l’appel d’offres dont on a bénéficié Bouygues pour la construction d’un « Pentagone à la française » n’est pas réexaminé ;

12° maintenir le permis Shell en prospections et exploitations pétrolières dans notre domaine maritime de Guyane mais ne pas aller à l’inventaire de nos possibilités en métropole pour le gaz de schistes, nouvel atout énergétique pour la Grande-Bretagne et énième pour les Etats-Unis ;

13° avec bien moins d’efficacité que le pouvoir précédent, exiger de la majorité parlementaire des votes de discipline, et non de conscience individuelle ou de sensibilité à l’opinion publique, quitte à être mis en minorité au Sénat qu’on s’était targué l’automne précédent d’avoir enfin fait passer à gauche ;

14° contrevenir progressivement à la pratique initiale qui mettait très nouvellement en valeur la fonction et l’équation du Premier ministre en tant que tel ;

15° de la façon la plus voyante et provoquant les mêmes protestations au niveau européen, mais (malheureusement) pas de l’Eglise de France, traiter les Roms à la façon dont Brice Hortefeux et Claude Guéant avaient procédé : trois mille expulsions pendant l’été, avec objectif de renvoyer les deux tiers de cette ppulation. Ce qui a provoqué la venue exprès à Paris de la commissaire européenne, Viviane Reding qui avait déjà comparé la politique de Nicolas Sarkozy à celle des déportations nazies ;

16° en vertu d’un mandat d’arrêt européen pour participation à des manifestations d’un parti interdit en Espagne, extrader Aurore Martin, de nationalité française, dont les appartenances politique et militante sont légales en France ;

16°  continuer d’exploiter l’émotion suscitée par les tueries de Mohamed Mera et en l’orientant désormais contre l’antisémitisme ;

17°  avoir remplacé à la tête du Parti socialiste Martine Aubry par une personnalité à la notoriété négative, d’envergure nationale beaucoup moindre et nulle internationalement

. . . la liste n’est pas limitative concernant le premier semestre d’exercice du nouveau pouvoir. Va-t-elle s’enrichir encore ?

Le mimétisme avec les mises en scène de Nicolas Sarkozy, en début de son mandat, s’est d’ailleurs remarqué à propos des maladresses de présence et des interventions de Valérie Trierweiler. En pire puisque si l’histoire des premiers mois du quinquennat précédent peut s’écrire – sur suggestion explicite du président de l’époque – selon ses difficultés de couple avec Cécilia ; celle du mandat commençant se nourrirait d’un ménage à trois et de querelles où les femmes l’emportent sur un homme dont la fonction pour les Français n’est pas quelconque. François Hollande, plus encore que son prédécesseur, refuse de résider vraiment à l’Elysée et prétend distinguer une vie privée de sa vie publique. Dispersion de lieux et gaspillage d’énergie mentale autant que des dépenses supplémentaires pour les communications et la sécurité présidentielles.

Ces erreurs ne sont évidemment pas présentées comme telles. Ce ne sont d’ailleurs pas celles que dénonce l’opposition. Mais l’ambiance positive des débuts du mandat – entièrement fondée sur les personnes du nouveau président de la République et du nouveau Premier ministre – a été entamée très négativement par des comportements publics hésitants, dispersés et une communication qui en a accentué l’effet dans l’opinion. L’ensemble des comportements est visible et immédiatement critiquable, tandis que – même s’il est atteint – l’objectif du nouveau mandat sera plus discutable et son évaluation se fera dans de tout autres circonstances, en comparaison probablement avec des alternatives et non plus avec les engagements de l’élu. Le dialogue sera redevenu de classique opposition entre les partis principaux, alors qu’il devrait être entre les mandants et leur mandataire. La priorité gouvernementale à la réduction des dépenses publiques peut donner son fruit – quoique les précédents en Europe ou dans l’histoire contemporaine engagent au scepticisme et montrent au contraire que c’est accentuer la récession et à terme le ralentissement des rendements fiscaux. Le succès est lointain et sa lecture plus malaisée que celle des aveux d’impuissance gouvernementale : la liste présentée par Bernard Thibault des plans sociaux pour environ 75.000 emplois à supprimer, non seulement se vérifie mais signale, cas par cas, une compassion certes, mais pas une capacité de l’Etat. Ce qui avait déjà été vécu à partir de 2007, malgré des discours de l’époque ou de la récente campagne électorale.


I I – Une politique de droite

Aucune des échéances économiques, nationales et européennes n’a a été traitée jusqu’à présent différemment des jurisprudences et des projets de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement. Les hausses d’impôts et les économies budgétaires : 34 milliards d’euros sont du même ordre que celles attendues du vaincu s’il avait gagné : 36 milliards. Si le bouclier fiscal est aboli et le projet de T.V.A. sociale rapporté, la suppression des dégrèvements fiscaux pour les aides à la personne et l’abandon de substantiels grands travaux d’infrastructure contribuent peut-être à un moindre dééficit budgétaire mais nullement au bien-être social et au maintien de la consommation des ménages.

1° une seule gestion, le budget

Les circonstances dans lesquelles s’ouvre le quinquennat de François Hollande s’apparentent – ce qui est un gage a priori de fidélité à un parcours, à des engagements, à un parti d’origine – avec celles de 1981 pour François Mitterrand. Jacques Chirac, président de la République en 1995, s’est trouvé dans la situation qu’il avait déjà connue en 1986 quoique la distribution des rôles ait été apparemment différente. Il n’a pas pu ni su assumer seul le pouvoir : Edouard Balladur et le président régnant pour le limiter en 1986 à Matignon, Alain Juppé puis la cohabitation avec Lionel Jospin pour le confiner à l’Elysée, dont il n’est pas non plus sorti entre 2002 et 2007, se trompant sur le choix du Premier ministre et laissant sa succession se déterminer par antithèse. François Hollande arrive avec un programme et la perspective d’une singularité française en Europe, s’il renégocie le traité de discipline budgétaire et enraye le chômage par une politique de relance et une résistance efficace aux licenciements. François Mitterrand, pendant les deux premières années de son mandat, assume pleinement cette configuration mais décidant de nous maintenir dans le système monétaire européen d’alors et de ne pas aller directement au referendum pour en découvre avec le R.P.R. sur l’école, mais en fait sur l’espace des libertés publiques et l’ultime prérogative présidentielle d’en appeler au peuple, il engage un nouveau cours : son équation personnelle se révèlera telle qu’il dépassera pour l’opinion et pour l’histoire le clivage partisan, sera réélu sur une base consensuelle et engagera avec autorité ce qui n’a finalement pas été tout le progrès attendu dans les fonctionnements et dans l’identité de l’Union européenne.

L’élection de François Hollande n’est pas un avènement et les décisions prises par son gouvernement – dont aucune n’est spectaculaire ni encore moins de portée internationale : il le veut manifestement, quoiqu’il n’en fasse pas un système – n‘ont rien d’un nouveau cours. Au contraire, sans que cela soit formalisé, il s’agit d’un choix bien arrêté de rester dans l’épure : la priorité au redressement des comptes publics, et sans cesse rappelé par le nouveau président de la République. Mais les paramètres qui ont rendu les efforts fiscaux moins efficaces puisqu’il s’agit toujours de rembourser des banques, de satisfaire ou « rassurer les marchés » ne sont pas mis en cause. Les principaux outils de la rupture, solidaires d’ailleurs entre eux, parce que tous procédant du ressort démocratique, ne sont pas mobilisés. De principe, à propos des hauts-fournaux de Florange que ferme Arcelor-Mittal, le nouveau pouvoir, encore moins que le précédent, refuse d’envisager pas la nationalisation d’entreprises mal dirigées ou faisant passer leurs actionnaires avant les salariés et le maintien d’une production française ou licenciant alors que les bénéfices sont constatés dans l’immédiat et prévisibles pour la suite. Pas de nationalisation, pas de recours au peuple sur la question d’Europe, pas d’imagination d’un appel à l’emprunt façon d’autrefois, en guichets de banque ou de bureaux de tabac ou de la poste : les bons du Trésor. Le cap n’est pas mauvais, mais il ne fait pas partie d’un ensemble et tend à devenir un but discriminant tous les autres, alors même que les avis et les expertises et les expériences étrangères ont tendance à mettre en évidence les effets négatifs sur la conjoncture économique et donc les perspectives fiscales d’une politique de réduction de la dépense publique.

Mais ni le président de la République, ni l’un quelconque des ministres, ni les commentateurs, ni le peuple – sauf quelques syndicats, notamment Force Ouvrière – n’en concluent que si l’Etat n’a pas les moyens d’opposer l’intérêt général, et notamment celui des salariés, aux stratégies d’un patronat souvent supranational, il doit s’en donner et au besoin les inventer. Comme depuis l’automne de 2008, la reprise d’une croissance même faible est attendue sans qu’aucun moyen ne soit pris, au contraire puisque la dépense publique est diminuée et que la consommation ne peut augmenter du fait des mises au chômage et de l’effort fiscal demandé aux retraités. Ni en conjoncture ni en structure, les moyens de changer de cours ne sont donc choisis.

 



2° la vérité des contraintes

Les contraintes ne sont qu’apparemment macro-économiques. Sans doute le pays est-il en stagnation, sinon en récession depuis cinq trimestres : les 0,3% de « croissance » nécessaires pour atteindre l’objectif de réduction du déficit à 4,6% du produit intérieur brut en 2012 ne se vérifient pas, et les hypothèses gouvernementales de 0,8% en 2013 sont problématiques. Mais les Français continuent d’épargner nettement plus que la moyenne européenne : les encours des livrets d’épargne ont augmenté de 4,5% au premier semestre alors que le revenu disponible des ménages a diminué de 0,2%, ce qui fait penser que leur solvabilité fiscale et leur capacité à consommer ne sont pas encore vraiment entamées. La récession cependant a sa traduction sociale et industrielle : 67.000 emplois supprimés au second semestre, alors que les plans de licenciements les plus importants – annoncés – n’ont pas encore été mis en œuvre. Le chômage de plus de 10% de la population active a des précédents nombreux à l’époque récente. Déjà en 1999, nous étions à ce taux. Les dégâts et les conséquences ne sont pas économiques, pas même sociaux pour la généralité de la population française. Ils sont en revanche décisifs et nullement en voie d’être palliés, en termes de solidarité et de vitalité des régions. Ils sont belligènes et mortifères dans certaines villes et périphéries comme vient de le rappeler le drame d’Echirolles.

Les contraintes ne sont pas davantage européennes. La gestion de la zone euro. et la défaillance de plusieurs Etats-membres engagent au contraire les gouvernants à des réformes minima : le rapport présenté au Conseil européen du 29 Juin par Herman Romppy, Joao Manuel Barroso, Mario Draghi et Jean-Claude Juncker ; le discours du président de la Commission européenne devant le Parlement de Strasbourg le 17 Septembre ; de même date pour sa publication le rapport de onze ministres des Affaires Etrangères sur la « gouvernance de l’euro-groupe ». Sans doute aucun saut qualitatif n’est-il proposé ni envisagé, mais cela donne toute latitude au nouveau Président français pour des initiatives soit de forme soit de fond : manière de réécrire le traité institutionnel ou écriture-même d’un projet. Malgré sa ratification, le pacte budgétaire européen ne sera respecté par aucun Etat, quelle que soient les sanctions qu’il prévoit. Malgré les réticences et le discours public de l’Allemagne [1], la Banque centrale européenne a commencé de racheter, donc de financer des dettes souveraines. Les équilibres sont si tangents que pour tenir la décision d’une zone euro intangible au moins dans sa composition actuelle et appelée à s’élargir dans les prochains mois, Angela Merkel soutient ostensiblement son homologue grec et paradoxalement à proportion de la contestation du peuple de celui-ci. Quoique le sujet n’ait jamais été traité en tant que tel en Conseil européen, l’émancipation logistique de l’Union, en matière de défense, vis-à-vis des Etats-Unis progresse selon des initiatives industrielles : les discussions et projets de fusion entre britanniques et européens, entre BAE et EADS sans doute ont provisoirement avorté, mais se réimposeront si la fibre nationaliste se détend.

Enfin, les contraintes ne sont pas politiques et le nouveau président de la République est bien moins entravé par les partis, les oppositions, les expressions et représentations d’intérêt que ses prédécesseurs depuis 1988. François Mitterrand, réélu au centre mais pas à gauche, Jacques Chirac élu sur l’énergie mais sans projet par une majorité idéologiquement disparate, encore un peu sociale mais déjà simpliste, Nicolas Sarkozy hanté par le monolithisme d’une droite sans peur d’appellation ni d’identité étaient chacun prisonnier d’une vue personnelle. Le choix du Premier ministre n’a été courageux – prendre le risque d’un compéétiteur – que de la part de Jacques Chirac mettant en selle Alain Juppé, il n’a pas récidivé en 2002 ni en 2007, avouant une faiblesse jusques là dissimulée. François Mitterrand pensait plutôt détruire Michel Rocard en le nommant pour Matignon et Nicolas Sarkozy a tout fait, y compris par l’ambivalence de ses adieux du 6 Mai au soir, pour n’avoir aucun compétiteur dans son camp ni dans l’ensemble de la droite. François Hollande s’est donné un compagnon de travail, de route … et la contestation du Front de gauche et du Parti communiste en parole publique autant qu’en vote parlementaire lui sera bénéfique soit qu’elle fasse valoir vis-à-vis de la droite sa propre indépendance « idéologique », soit que – vis-à-vis de l’ensemble des Français – elle le convainque de répondre aux grands maux par de grands remèdes. En attendant, la majorité parlementaire est suffisante dans les deux chambres et les prochains scrutins ne sont qu’en 2014. Toutes les possibilités et même temps sont encore à la main du nouveau Président, s’il le veut, pour faire exécuter ce qu’il dit actuellement être le bon projet et la bonne solution, et pour, à l’épreuve du probable échec de ces insuffisances de médication, changer de cap, resserrer l’équipe. Jean-Marc Ayrault peut et doit instrumenter successivement aussi bien la tentative que la novation. Il a ceci de commun – je crois – avec François Hollande de savoir jouer vent debout et en contre-attaque.

L’ancienne majorité présidentielle n’aura pas de chef jusqu’à la prochaine élection. Que François Fillon – comme il est probable – l’emporte sur Jean-François Copé qui s’est, lui, engagé à ne pas être candidat en 2017 si Nicolas Sarkozy veut prendre sa revanche, ne changera pas l’orientation fondamentale de l’U.M.P. et le tropisme de ses adhérents vers le Front national et les thèmes extrêmes. L’ancien Premier ministre protestera certainement de ses adscendances gaullistes et donc de sa fibre sociale – pour ne pas ostraciser le Parti socialiste, il a invoqué l’appartenance à celui-ci de Pierre Mendès France, lequel fait consensus à peu de frais depuis 1981, mais c’est à tort, l’ancien président du Conseil, quand il avait une étiquette était radical et son élection en 1967 ainsi que son échec de justesse en 1968, chaque fois à Grenoble, l’ont seulement apparenté à la Fédération de la gauche pour l’époque… Composite idéologiquement, l’U.M.P. recèle trop de candidats potentiels à l’Elysée, à commencer par le prédécesseur de François Hollande, pour se laisser vraiment diriger par un unique champion, au contraire des socialistes d’antan et de l’ensemble de la gauche qui se reconnurent durablement en François Mitterrand. La réplique au pouvoir en place ne sera donc donnée que pour argumenter les rumeurs et les dénis ; ce sera efficace, destructeur même, mais ne dégagera pas une alternative. Quant à la candidature, à nouveau, de Nicolas Sarkozy, elle sera difficile à présenter autrement qu’en façon de retour.
 
La première vraie contrainte pesant sur le nouveau cours et sur François Hollande en particulier est la pratique institutionnelle, le jeu de rôles de plus en plus éloigné du dessein et de la pratique originels, ceux du général de Gaulle. Non seulement, le recours au referendum – soit à l’initiative du président de la République, soit à celle du Parti socialiste selon la réforme de 2008 – n’est pas prévisible pendant le nouveau quinquennat, mais la recherche du consensus n’est pas non plus une préoccupation alors même que celui-ci se réalise, notamment pour la ratification du traité budgétaire. Les débats montrent au contraire la persistance des deux camps se daubant mutuellement alors que la continuité du texte et des ambitions est évidente. Les démonstrations nombreuses d’une continuité forcée ne sont pas saluées par les ex-soutiens de Nicolas Sarkozy et ne sont présentées par la nouvelle majorité parlementaire, ni par le Président lui-même comme le résultat d’inventaires apaisés du legs des cinq dernières années. Le débat est donc l’affichage des oppositions mutuelles, il n’est pas la prospective de la France. Le legs de Nicolas Sarkozy est handicapant parce qu’il a habitué les Français à la sur-communication et au constant rappel de la prééminence, de la responsabilité présidentielle, pratiquées en réponse par de la présence solitaire au premier rang à tout va.

La seconde contrainte est l’évanescence du concept et de la pratique aujourd’hui de ce que sont la puissance publique, l’Etat, le bien commun. Il ne s’agit pas de débattre sur le dogme libéral suivant lequel moins il y a d’Etat, plus les automatismes économiques ajustent l’ensemble des paramètres pour le bien commun : le contraire est montré par la crise actuelle dont les acteurs libéraux doivent leur survie au concours des Etats et donc des contribuables. Sans doute, le traité de Lisbonne évoque-t-il le service public, mais le concept – apparemment trop français – d’entreprise publique à caractère industriel et commercial n’a rien de contraire à l’esprit de concurrence et d’égalité de chacun des grands acteurs sur le marché intérieur unique. L’Allemagne, par exemple, a su mettre en surveillance publique les produits toxiques et donc le dénouement de bien des engagements fautufs de son système bancaire selon une banque publique de consolidation et de recouvrement des dettes. L’absorption de




Il faut un commissariat général au plan, il faut les commissions et les mises en commun d’antan, il faut le partage des informations de toutes sources : patronales, syndicales, toutes agences, tous offices, toutes expertises d’économétriques et analytiques, confondues. L’aménagement du territoire, la solidarité des entreprises françaises entre elles, les choix budgétaires de l’Etat et des collectivités publiques sont un seul ensemble, un seul enjeu ; ainsi seulement se retrouvera et s’opèrera la solidarité entre classes sociales, entre les personnes. Il n’y a rien d’automatique en économie, et surtout le souci du bien commun – sauf dans les enseignements de faculté et les réunions patronales quand elles sont médiatisées – et la lutte des classes pour arracher ce qui n’est pas considéré assez ni rétribué en conséquence n’est pas inéluctable, l’histoire sociale française depuis près de cinquante ans le montre, nonobstant les enseignements du marxisme. Ceux-ci n’ont l’apparence de la préemption que par l’effondrement de leur travesti soviétique : le ressort d’humanité et de solidarité reste vrai et ce discernement doit refaire le pendant en société à ce qu’est le profit pour le capitalisme. Un affrontement entre deux logiques peut produire autre chose que l’écrasement de l’un par l’autre comme aujourd’hui.

Depuis le déclin de la planification amorcé par Valéry Giscard d’Estaing et sanctionné par Lionel Jospin, il y a seulement une série de courses individuelles : grandes entreprises, budgets publics, I.N.S.E.E. et O.F.C.E. ne communiquent plus, chacun pour soi court dans son domaine, ignorant que ce n’est qu’un segment de l’emprise nationale sur les circonstances et sur les initiatives. La France des choix économiques et financiers fonctionne à court terme, selon des entourages emprisonnant les grands décideurs à l’Elysée, au gouvernement, dans les sièges sociaux. Les mises en commun sont médiatisées dans le drame des plans de licenciements et ne sont plus opératoires faute d’outils, faute de cadre. Notre pays, excellant depuis son émergence millénaire dans la sécrétion des organigrammes et des réseaux, est aujourd’hui un désert institutionnel. Tout y a disparu et il ne reste que des ruines figées. Ne possédant plus ses propres lieux, la France a perdu la maîtrise du temps. C’est pourquoi elle est expropriée de l’époque actuelle, ne sait ni se définir ni même se laisser absorber.

L’ensemble de ces contraintes est donc bien davantage mental qu’économique, financier et social. La France est, en ce moment, plus souple et ductile que depuis longtemps, mais dans le vide. Malgré les apparences produites par les discours publics et par des éphémérides fréquents et dramatiques. Or, chacune de ces contraintes, sereinement identifiée et analysée, suggère les moyens de notre reviviscence.



I I I – La superficialité des politiques

Toutes les faiblesses françaises et le découplage entre gouvernants et gouvernés sont aujourd’hui dûes à la faiblesse technique et spirituelle de la classe politique. Celle-ci – en principe par mandat électif, en pratique par effet de carrières – ne sait plus répondre de la démocratie et en appeler constamment à un exercice que les moyens de communication permettent d’approfondir sans cesse, et surtout elle ne sait plus penser ni organiser le pays. Encore moins sait-elle rebâtir ou mettre à jour nos grandes expressions vis-à-vis de nous-mêmes et du monde environnant. Notre politique étrangère n’a plus été pensée depuis nos réactions – hâtives, fragmentaires et surtout solitaires – quand tomba le « rideau de fer » : nous ne faisons plus aucun événement dans le monde actuel parce que nous ne savons plus prendre la moindre initiative. Cet objet d’une réflexion – sous un autre format que la présente note – est analogue à celui d’une mise à jour chez nous : nos institutions, nos fonctionnements, nos formations, nos jeux-mêmes n’ont plus été pensés librement, sans enjeux électoraux, sans pantomimes partisans.

Pourtant, par lui-même, le pays apprend à débattre en politique économique et financièrre à force de ressentir l’inefficacité, l’iniquité et l’improvisation des grands choix sur des bases si incertaines. Il apprend à se rencontrer lui-même, hors medias et hors assemblées électives, sur des sujets jusques-là intimes comme la législation ou l’émergence des modes à propos du mariage, de la fin de vie, de la procréation. Les mises à l’ordre du jour ne correspondent pas forcément aux urgences et aux nécessités mais elles interrogent et une habitude va cesser : celle de déléguer aux politiques l’animation de la pensée collective et l’expression de la volonté générale. Ce progrès n’est pas accompagné par une novation qualitative et institutionnelle du comportement des élus et des personnages politiques.

Faute d’autorités morales – de quelle que soit la source dont elle provient : lettres, églises, valeur militaire, initiative caritative, du type de nos géants de la littérature ou de la création plastique au XXème siècle, du type de l’Abbé Pierre ou maintenant de Stéphane Hessel avec les égotismes et les vulnérabilités, les limites que toute incarnation recèle – les Français pratique une conscience collective moins discontinue que le font croire les sondages post-électorauxn, toujours désastreux pour le vainqueur de la veille. C’est sur cette maturité que le pouvoir actuel devrait construire sa prospective et sa communication. Il en est, actuellement, aux antipodes.


  la nature de la crise nationale

Depuis que Nicolas Sakozy a dominé – personnellement et thématiquement la politique française – deux médications sont appliquées d’autorité au pays sans que soit analysé, au moins au niveau du pouvoir, ce dont nous souffrons. Elles sont obsessives et masquent une erreur dogmatique : la mondialisation et le fonctionnement des institutions européennes seraient depuis la chute du mur de Berlin et la libération des pays de l’Est une chance pour la France. Sans doute, mais tout autrement et à condition d’y réfléchir et de réinventer.

Premier remède administré de force : la culture du bouc émissaire véhiculée par les éclats sécuritaires et les tentatives d’élucider l’identité nationale. Nicolas Sarkozy qui avait programmé en campagne présidentielle un ministère pour cette identité et qui fonda toute sa stratégie politique quinquennale sur une addition, à son profit, des voix du Front national à celles de l’U.M.P., échoua pourtant et les ministres de l’Intérieur : Brice Hortefeux et Claude Guéant, qui en furent les zélateurs très médiatisés, contribuèrent décisivement à son impopularité. Cet indice de lucidité nationale – argumentée par la contre-performance sécuritaire et les contestations par les forces de l’ordre des politiques ainsi menées – n’a pas été considéré par le nouveau pouvoir. Mais paradoxalement, une posture identique de Manuel Valls place celui-ci en tête des sondages sans que sa circulaire pour une facilitation de l’accès à notre nationalité lui soit reprochée. Le traitement des Roms n’a pas changé. Aucune aménité, et surtout aucune prospective ni recherche futuriste. Le débat ne porte que sur des locutions : assimilation ? intégration ? expulsion ? rétention ? Ce qui est d’abord du domaine de l’esprrit et de la convivialité est traité en propagande et contre-propagande, rarement en écoute. Une partie de la vie politique emprunte de plus en plus, en expression, en thèmes et surtout en psychologie collective à ces fins de dominance que vécurent les Blancs en Afrique australe : se sentir minoritaire chez soi et menacé dans une pureté mal définie, culturelle ? ethnique ? et des intégrités matérielles qu’il serait amoindrissant de partager. Un pays qui savait faire du nouveau sang pour que continue de circuler l’ancien, à chaque vague de l’histoire et de ses accueils, notamment après la Grande Guerre, est aujourd’hui dressé – à des fins électorales et non pour sa bonne organisation économique et sociale – contre lui-même. On a failli remettre en œuvre les dispositifs totalitaires de la déchéance de nationalité. Ce que d’aucuns prêchent comme voie exclusive de notre redressement civique et national sape l’invention spontanée des actuelles immigrations. La France devenant un contre-sens ?

Seconde maladresse triomphante, présentée comme une médication : la soi-disant généralité de la crise et l’exemplarité de l’étranger réduit l’expérience et la personnalité nationales françaises aux dilmensions d’un handicap dont nous devons nous défaire. Des discours et des débats, à obsession identitaire, débouchent sur des exhortations à nous adapter et à imiter. Notre fonds propre est ignoré et méprisé. La modernité, c’est l’autre et pas nous. Cela induit une pédagogie paternaliste« martelée » par un président de la République,

le second plus jeune à avoir accédé à la fonction suprême et le premier à être autant dénué de mémoire historique et de culture autre que celle du moment. François Hollande n’est pas encore tombé dans ce travers mais l’explication des timidités et des atermoiements par la pression d’un héritage accablant commence d’y ressembler

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