Observation & réflexions
009
Lundi 15 Octobre 2007
Je lis les
« causeries du samedi », celles hebdomadaires, radiodiffusées, de
Pierre Mendès France au pouvoir de Juin 1954 à Février 1955 (rééd.
Tallandier . Octobre 2007 . 132 pages), les Mémoires de Louis XV
– dans la même collection Texto,
dirigée par Jean-Claude Zylberstein – (Tallandier . Août 2007 .
352 pages) et de Nicolas Sarkozy : Libre (Robert
Laffont Pocket . écrit de Juin à Novembre 1999 . dépôt légal Janvier 2003 .
rééd. Août 2006).
18 Octobre : grève dans les secteurs d’activité
bénéficiant de régimes spéciaux de retraite ; tenue du Conseil européen à
Lisbonne avec à l’ordre du jour le « traité modificatif » des
traités sur les Communautées européennes et surr l’Union européenne.
Deux hésitations, ces semaines-ci, que l’actualité aident à
trancher.
La première – la plus difficile à surmonter – est celle de l’historicité de ce que nous vivons.
Nous sommes particulièrement aptes à juger le passé et à décider des
responsabilités rétrospectivement, mais le présent ? Le parti que j’avais
pris au début de l’été était de ne regarder que sur pièces – publiques et
avouées par le nouveau pouvoir en France –et selon les sujets d’attendre les
résultats ou les conséquences des premiers actes ou décisions, ou déjà d’en
juger quand ils constituent une séquence close. Mais n’est-ce pas une
complaisance au regard de ce qui est intimement jugé essentiel ? La
manière d’exercer le pouvoir, l’attitude minimaliste vis-à-vis de l’ambition et
des exigences européennes (que celles-ci soient ou non discutables) ont été
très vite à relever sans que ce soit un procès d’intention. Pour prendre une
comparaison qui n’induit nullement la qualification du nouveau cours en France,
fallait-il dans l’Allemagne du début des années 1930 comprendre la rencontre
d’un peuple désemparé par les conséquences de la Grande Guerre et par la crise
économique avec une personnalité charismatique, comme une rencontre explicable
et à étudier sans a priori, du dehors et selon ses résultats à venir, ou bien
fallait-il relever ce qu’il y avait de déséquilibré, fou et donc dangereux chez
un homme et chez ses partisans, donc se porter contre leur accession au
pouvoir, ou lutter contre leur établissement dès ses débuts ? procès
d’intentions ou prophétisme ? hésitation que peut surmonter la simple
résolution de marquer ses craintes et de relever les faits qui inquiètent.
C’est ce que je fais ici – admettant qu’en ce sens, je reprends des arguments
de la campagne présidentielle, mais en demandant qu’il me soit concédé que
maintenant quelques faits ou tendances avérés viennent leur donner de la
consistance. Rançon que doit payer l’inventeur d’une stratégie électorale
d’annexion des voix du Front national, dès le premier tour de l’élection
présidentielle, et d’une identité de la droite les intégrant spirituellement
(si je puis écrire ainsi…)
La seconde est la
convenance ou pas de parler des paramètres les plus personnels de ceux qui
exercent le pouvoir. L’historien a ce droit et les explications de décisions
ou de l’ensemble d’une période se fondent souvent sur la psychologie du prince.
Mais – dès à présent et au fur et à mesure de la durée d’un mandat
démocratiquement reçu – le citoyen, le journaliste, l’élu, le haut
fonctionnaire ? ceux qui voient et ceux qui participent au pouvoir,
fonctionnellement, ou qui en savent quelque chose ? Le secret de
Polichinelle. Là encore l’hésitation se surmonte car Nicolas Sarkozy a
sciemment mis en scène sa vie privée, il a décrit lui-même sa manière de
décider ou de se faire une conviction.
L’actualité commande de surmonter ces hésitations, faute de
quoi la réflexion serait coupée de l’observation, et le commentaire vite
servile.
Nicolas Sarkozy assume – et c’est à considérer avec estime
– le slogan de sa campagne : la rupture. Cela pouvait d’abord s’entendre
par rapport à ce qui aujourd’hui – mais rétrospectivement, tant le commentaire
propfessionnel a été indulgent jusqu’aux ultimes jours – apparaît avoir
caractérisé les « années Chirac » : l’immobilisme. Mais il
apparaît, au nombre des « chantiers » ouverts et aux premiers, très
profonds, changements d’attitude vis-à-vis de l’international ou sur des sujets
domestiques difficiles, que le nouveau président de la République veut une
rupture par rapport à presque tout ce qu’ont établi ou continué ses
prédécesseurs, et même, sinon surtout, par rapport à la manière dont ceux-ci
ont conçu et exercé le pouvoir, vie privée et personnelle comprise. Il se peut
qu’il en sorte de grands biens pour le pays. Il en vient déjà une prise de
conscience , des fragilités et des difficultés françaises – salubre – mais pas
forcément au bénéfice de celui qui la provoque.
Mais le dérèglement
de la vie politique et sociale d’un pays, l’établissement d’un régime
autoritaire et incontrôlé ne peut être chez nous le fait d’une seule personne
et de quelques alliés. Il y faut une complaisance répandue ou la commande
occulte mais satisfaite de diverses élites et d’un grand nombre de gens ayant
intérêt à ce dérèglement et à cet établissement. Certitude ? probabilité ?
soupçon ? possibilité ? ce dérèglement et cet établissement semblent
à leur début.
Je ne crois pas qu’ils soient durables parce que si le
consentement de certains – aux postes névralgiques que procurent élections et
nominations, ou aux commandes de leviers ne devant rien à la démocratie
(l’économie notamment, l’argent, l’entreprise) – semble acquis et même publié,
la personnalité et la manière du nouveau président de la République rendent
l’ensemble précaire. La chute dans les sondages n’est qu’un enregistrement.
Je crois donc bien
plus coupable que le prince, la génération ou plutôt les gens en place d’une
génération, qui consent, à tous risques pour un peuple, pour un pays, à son
omnipotence apparente.
Deux faits.
L’encensement médiatique du couple Sarkozy depuis le 6 Mai
dernier appelait soit un comportement exemplaire et sans faille, quoique très
difficile à tenir étant donné l’intensité de la couverturte médiatique
sollicitée ? tolérée ? orchestrée ? subie ? soit le précoce
effondrement qui semble avoir commencé. Ce ne serait que vie privée si Nicolas
Sarkozy n’avait consacré à sa vie conjugale plusieurs pages du livre-phare de
sa campagne présidentielle, et s’il n’était d’expérience courante qu’un homme,
soucieux de sa vie sentimentale et intime, perd forcément de sa liberté
intellectuelle et de sa disponbibilité au travail. Or, ce travail, c’est la
direction de l’Etat, et Nicolas Sarkozy veut ne la déléguer ou la partager en
rien ni avec personne.
L’orientation des réflexions du comité qu’anime Edouard
Balladur, le candidat à l’élection présidentielle, que soutint Nicolas Sarkozy,
au tout premier rang, en 1995 – se ferait connaître par bribes ou tendances. Il
s’agit d’accorder de plus grands pouvoirs ou prérogatives au président de la République
dans nos institutions. Comme si, sur le papier, la Constitution voulue et
pratiquée par le général de Gaulle le président de la République n’en a pas
assez ! Comme si, nonobstant la lettre actuelle de cette Constitution,
Nicolas Sarkozy n’en exerçait pas assez, de fait ?
Après le commentaire de tout l’été sur le « mystère de
Cécilia » et sur la « fascination » exercée par le couple
Sarkozy, commentaire si complaisant, arriverait le consentement
d’ « experts » à une pérennisation d’un exercice de quelques
mois du pouvoir que n’a encore justifié aucun des résultats qui seuls vont
compter pour les Français : le pouvoir d’achat, la paix sociale, des
garanties d’avenir personnel et familial plus substantielles qu’actuellement.
Les pièces du puzzle ?
ou
« les silences du scenario »
1° consacrer quelques premiers mois d’un
exercice du pouvoir par une modification de la Constitution ?
J’ai analysé les
« propositions » de Nicolas Sarkozy depuis ses premières expressions
en 2005 jusqu’à ses livres et, cet été, ses discours. J’ai écrit cette analyse
et mes suggestions à l’Elysée, à Matignon, aux membres du comité que préside
Edouard Balladur, aux membres du Conseil constitutionnel. C’est un changement
de régime si l’actuel président est suivi. Il faut le savoir. Et c’est un
changement, qui – comme la ratification du nouveau traité européen – se fera à
huis-clos, c’est-à-dire dans un Parlement, qui – malgré toutes les
protestations et ingéniosités pour augmenter ses prérogatives – est aux
ordres : l’Afrique révolutionnée, l’image de la France dans le monde en
question, les centaines de milliers de signature, n’aident pas les sénateurs à
rester dans leur premier mouvement de rejet des tests ADN pour les regroupements
de familles immigrées chez nous.
Je résume.
Pas de responsabilité – tellement invoquée
– s’il n’y a pas de sanction possible de cette responsabilité. La non
réélection n’est pas une sanction. C’est en cours d’exercice du mandat
qu’elle doit être possible. Le général de Gaulle la rendait possible – y
conviait explicitement – à chaque scrutin national puisqu’il s’engageait à fond
(referendum et renouvellement de l’Assemblée nationale) en sorte qu’il
démissionne s’il était désavoué ce qui fut. Jacques Chirac a eu la pratique
exactement inverse, sans qu’elle soit dénoncée par les principaux
« responsables » politiques. Il y a donc à inscrire cette
responsabilité – puisqu’elle ne va plus sans dire – en libellant autrement le
titre IX de la Constitution et en réécrivant l’article 68. La sanction pourrait
être mise en débat par l’initiative du peuple, directement ou
indirectement : le referendum d’initiative populaire.
Remède autant
à la désaffection populaire qu’aux abstentions lors de certains scrutins
nationaux ou à l’absentéisme parlementaire : un seuil de participation en deçà duquel aucun vote n’est valable.
Autoriser le
Président de la République à s’adresser en personne au Parlement, tandis que
serait donné à celui-ci la possibilité de voter des résolutions – précisément
sur les grands thèmes évoqués par M. Nicolas Sarkozy pour ses propres
prestations – c’est instituer un débat – avec quelle sanction – entre le chef
de l’Etat et la représentation nationale. Ce qui revient au régime présidentiel
si le Parlement ne peut renverser, sauf procédure en Haute-Cour, le Président,
ou à minorer complètement la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée
nationale. C’est un changement de régime, qu’il faut alors présenter et décider
comme tel. Et donc soumettre au referendum.
Il est
paradoxal, enfin, de prétendre ouvert à tous les Français le débat mené en
comité, si la décision finale est seulement en Congrès du Parlement. A moins
que suffisent – ce qui doit, de toutes manières, être apprécié relativement aux
précédents exercices du genre menés sous François Mitterrand et sous Jacques
Chirac, « commission Vedel » et « commission Avril » - le
pluralisme des auditions auxquelles il a été procédé et les boîtes de dialogue
ouvertes sur le site du comité dit de « réflexion et de proposition pour
la modernisation et le rééquilibrage des institutions de la Vème
République » [1].
Ce qui dans le
fond est en cause et qu’a démontré l’exercice des fonctions présidentielles par
le prédécesseur de Nicolas Sarkozy, c’est qu’il n’y a pas à notre époque d’efficacité gouvernementale sans adhésion
populaire, c’est-à-dire sans démocratie. Celle-ci n’est vraie – et
participative – que si les dirigeants sont sanctionnables, le gouvernement
l’est par l’Assemblée nationale, le président ne l’est pas, alors même que ses
prérogatives sont considérables.
Nous allons
laisser consacrer – sans referendum – un système aussi fermé que celui de la
Quatrième République, dans lequel la seule sanction et le seul enjeu sont la
réélection de Ces princes qui nous
gouvernent [2]. Entretemps, comme sous la
Quatrième République, les élections cantonales et municipales passeront pour
des tests ou des révélateurs nationaux : elles entameront la crédibilité
gouvernementale, pourront la détruire, comme les élections régionales de 204
préparèrent le désaveu global au referendum de 2005, mais elles ne pourront
rien construire.
Bien sûr,
l’avis du comité de réflexion, qu’anime Edouard Balladur, révisionniste de
toujours (mais pas pendant sa propre campagne présidentielle en 1995), n’est
encore ni arrêté ni remis. Pierre Mazeaud, gaulliste et juriste, excellent
parlementaire et expert s’il en est, ne pourra avaliser une
« présidentialisation » prônée par ceux-même qui voulaient le
quinquennat en le disant sans incidence sur nos institutions, alors que maintenant
le quinquennat est la base de raisonnement de l’élu du 6-Mai comme de tous les
révisionnistes : responsabilité totale de Jacques Chirac, de son
consentement intéressé – sa réélection de 2002 plus aisée malgré son page – et
de sa jurisprudence de dédain du verdict populaire en 1997 et en 2005. Bien
sûr, les assemblées n’ont pas encore délibéré et les murmures d’hostilité,
notamment à la montée du président de la République à la tribune, sont
nombreux. Bien sûr, il y a l‘humiliation du Premier ministre et de ceux des
ministres qui ont le plus de compétence ou de caractère, c’est explosif.
Quelle est donc la contrainte qui
s’exercent sur tant d’esprits ? quant à l’aveuglement de ceux qui se
réclament du général de Gaulle, il n’est pas nouveau. Les événements de Mai
1968 et la prise de pouvoir de Georges Pompidou l’ont montré, à mes vingt-cinq
ans, je le compris [3], quand les jeux étaient
faits et le referendum de mise à jour du sénat et d’établissement des régions
était putativement perdu. Mais de Gaulle en partant laissa le meilleur de son
legs, la mise en cause possible de la responsabilité du président de la
République par le peuple. Il y a eu ensuite – chiraquienne, mais finalement
sans débouché – la culture absolue du chef.
Le refus de
cette mise en cause de la responsabilité du président de la République par le
peuple – implicite, mais marquant tous les débats censément ouverts depuis Mai…appelle,
tôt ou tard, la rue. Ou l’effondrement psychologique interne de ceux qui
s’incrustent au pouvoir, et le pratique en solitaire.
Conclusion
pour celui qui a ouvert le débat – mais est-ce Nicolas Sarkozy discourant à
Epinal le 12 Juillet 2007 et applaudi
devant la « Convention pour la France » de l’U.M.P. en présence de
Dominique de Villepin, le 5 Avril 2006 – ou bien Jacques Chirac et sa pratique
de nos institutions au rebours de toute logique et évidemment de leur esprit
originel et fondateur ? Si tu veux
avancer vite, marche seul. Si tu veux aller loin, marche avec les autres. Proverbe africain . Dans ce monde, personne ne mérite rien. Padre Pio
Mais,
conclusion pour le pays, celle d’Edgard Pisani : le pays est dans une situation telle qu'il a besoin de références
stables alors que ceux qui le dirigent ont besoin de marges d'aventure.
Et observation
d’Isambert, compilateur définitif du Recueil
général des anciennes lois françaises, paru
complet de 1822 à 1833 en 28 volumes + un de tables: Le mérite d’un législateur consiste moins à
créer, qu’à profiter de ce qui est, pour asseoir un édifice solide et durable.
Si tout n’est pas bon, tout n’est pas mauvais, dans les anciennes mois ;
et telle disposition législative, qui n’a pas produit le bien qu’on en
attendait, n’a besoin, pour être utile, que d‘être modifiée, ou mieux
appliquée. Cette manière de procéder est souvent préférable aux innovations tome I, p. VII. Valable pour notre
Cinquième République.
2° un
fonctionnement à risques quotidiens de l’ensemble du mécanisme élu ce printemps
L’envers et l’endroit.
L’innovation
du nouveau président de la République dans la relation avec le Premier ministre
a eu pour effet que, contrairement à ce
qui était observé sous les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy, la popularité du
second est inversement proportionnelle à son effacement. La « théorie du
fusible » joue désormais en faveur du Premier ministre qui dispose d’une
sorte de réserve au Parlement. Sa fonction est au centre du débat
constitutionnel engagé par l’élu du 6-Mai. Elle peut en sortir – paradoxalement
– renforcée.
La fonction
ministérielle est bien plus minorée dans l’élaboration des décisions du pouvoir,
alors qu’elle domine notre droit administratif. Mais la réapparition d’une
diversité politique dans la composition du gouvernement – les ministres issus
de la majorité palementaire et ceux réputés venir de l’opposition socialiste –
et même sociologique, donne à certains, surtout en cas de démission, une
résonnance dans l’opinion publique, inaccoutumée sous la Cinquième République.
Guère de précédents que les minisres M.R.P. dans le gouvernement formé par
Georges Pompidou à ses débuts comme Premier ministre.
Les ministres
et secrétaires d’Etat dits d’ouverture sont regardés – par le public – en
fonction de la compatibilité de leurs convictions avec la solidarité
gouvernementale. Mais pas par le pouvoir qui les a assimilés. Les acrobaties de
Fadela Amara ne grandissent ni celle-ci ni le système. Les critiques suscitées
par les tests ADN ne sont présentées par ces personnalités réputées de gauche,
que mezzo voce et sans incidence sur l’accord d’ensemble avec la politique
présidentielle. On est dans un chantage double. Ou bien un membre du
gouvernement exerce une pression sur l’ensemble de ses collègues et le
président de la République, ou bien il est conduit à se déconsidérer, dans les
deux cas le processus de décision et la nécessaire solidarité gouvernementale
sont abîmés. Le débat est sans portée juridique ni politique : les
ministres ne sont pas distincts du gouvernement, selon la Constitution de la
Cinquième République [4];
« quand on est ministre, on ferme sa g… ou l’on démissionne », a
témoigné à son époque Jean-Pierre Chevènement. Mais Premier ministre, ministres
et secrétaires d’Etat (haut-commissaire aussi), si l’un ou l’autre démissionne
pour désaccord formel avec un point de l’action voulue par le président de la République…
et l’ensemble du système paraît rétrospectivement fragile, donc peu crédible
pour l’avenir.
La réforme de
la carte judiciaire met à dos du gouvernement et de l’une de ses membres les
plus exposés à la critique (alors qu’elle passe pour intime du couple
présidentiel) tous les élus, les usagers et plusieurs professions, en même
temps qu’elle gâche des investissements et des infrastructures existantes. Elle
est présentée mais pas concertée. Elle sera l’un des lieux de recul du pouvoir.
Il lui est associé – toujours pour produire des économies salariales – une
singulière proposition de supprimer les comparutions physiques dans les
instances au moins civiles au profit d’interrogatoire filmés en chambre, le
justiciable et son avocat questionnés par un magistrat délocalisé… cela
ressemble aux drones et aux cameras pour surveiller les banlieues sensibles ou
les manifestations, tels que le projet ELSA l’expose en ce moment :
publiquement. En sus, la magistrature est majoritairement hostile à la Garde
des Sceaux.
L’ensemble des
dossiers ouverts par le président de la République – des institutions à
l’hôpital en passant par l’environnement, les conditions de la croissance,
l’orientation doctrinale de notre outil de défense – met en scène le libre
examen mais fait constater à l’usage, non de la consultation, mais de ce qui
résulte de celle-ci qu’il n’y a pas véritablement concertation. Les lettres de
mission aux ministres sont de même facture. Les décisions paraissent
préétablies. Or le Parlement – même si les procédures de l’article 49 sont
soumises à examen et peut-pêtre susceptibles de révision – ne semble pas moins
« aux ordres » que sous les mandats présidentiels précédents.
Le vote de
conscience des parlementaires est explicitement sollicité, non seulement par
les associations et les mouvements politiques mais par les Eglises catholique
et protestantes, à propos des tests ADN. Ce qui peut constituer la preuve par
l’absurde que le système politique français actuel n’est toujours apte ni au
vote personnel des représentants élus du peuple, ni au débat sincère entre
opinions personnelles ou de groupes, et non entre forces plus concurrentes
qu’antagonistes.
3° elle
aussi sans précédent, la mise en scène en responsabilité partagée d’une vie de
couple
Perversion des
lecteurs et spectateurs ou dégénérescence des médias, même s’ils ne sont pas
« people » [5], la
France est supposée n’avoir rien à débattre pour avoir subi la mise en image du
couple présidentiel. Pourtant en soi peu exemplaire : la famille recomposée,
l’infidélité ou l’écart à la une l’été de 2005, les commentaires, rumeurs et
refus de commentaire de ces jours-ci. Sur les deux thèmes d’une fascination
exercée par la beauté de l’une et la réussite de l’autre – soi-disant – et
d’une rupture – là aussi – avec la manière d’être en couple des prédécesseurs
du nouveau Président de la République. Assortie d’évocations peu aimables et
surtout infondées de Mme Bernadette Chirac et de Mme Yvonne de Gaulle. C’est
pourtant l’épouse de Jacques Chirac – dotée même de mandats électoraux – qui a
ouvert la voie à cette médiatisation et à un rôle politique.
La mort de
Jacques Martin – dont le mariage avec l’actuelle Mme Sarkozy fut célébré par le
député-maire de Neuilly – semble avoir été un choc ou une prise de conscience
pour une femme – dont la psychologie n’est pas saisissable : bonne
volonté, timidité, ou arrivisme et solidarité avec celui qui monte sur le
podium ? Si c’est le cas, cette prise de conscience d’une probable dérive
de vie est estimable, belle.
Les points
essentiels ne sont évidemment pas la vie privée du couple présidentiel même
s’il y a eu connivence entre des médias aussi complaisants que demandeurs (au
nom d’un lectorat qui ne se grandit pas par cette contemplation et par cette
demande), ils sont d’ordre public.
L’intervention
de l’épouse du Président de la République – surtout si elle est discrète et
quasiment hors-média (ce fut exemplairement le comportement de Mme Danielle
Mitterrand) – peut être très utile. La libération des infirmières bulgares n’en
est pas un bon exemple, puisque le parti tiré de la nouvelle relation avec la
Libye est contestable et puisque le rôle de la France, comparé à celui de
l’Union européenne, reste à évaluer en termes réels e non d’affiche. En
revanche, toutes formes d’encouragement en sous-main au plan national et
international de tout ce qui est humanitaire et compassionnel, qui fait
« bouger les lignes » sont souhaitables. Je pense même que Cécilia
Sarkozy serait actuellement très utile pour quelques contre-assurances de son
mari à établir avec Hillary Clinton. Du manque-à-gagner donc.
Le plus
important est la liberté de penser et de
travailler du président de la République. « Gérer » un divorce,
mettre en scène un amour mobilisent. Le devoir d’état ne peut qu’en souffrir. Pour
une personnalité déjà raidie par l’égotisme et le messianisme, c’est un poids.
Il est vrai que le candidat à l’élection a parfaitement su « gérer »
la réconciliation puis la mise en scène d’un couple moderne auquel beaucoup de
Français de la même génération peuvent s’assimiler, et même s’expliquer par
écrit sur les retrouvailles et leur solidité – au même titre que sur sa mise en
cause dans « l’affaire Clearstream » - en termes touchants de
sincérité [6].
Capacité d’être atteint et de survivre, contre-attaquer. Ou réelle émancipation
de ce qui d’ordinaire accapare. Le pouvoir – espérons mieux : le devoir
d’état – comme dérivatif aux déboires
d’amour ? Il est – selon les sondages – dit que l’opinion moyenne française
se désintéresse de ces péripéties. Peut-être. Si je m’y intéresse, ce n’est pas
de la même manière que les médias ; c’est de la psychologie de celui qui
nous gouverne, qu’il s’agit. Qui est-il ? comment fonctionne-t-il ?
surtout si pour lui « prendre ses responsabilités » veut en fait dire :
décider par soi seul. Conception avouée de l’exercice de présider : « je pense que si le Président de la République préside,
c'est pour décider. Si l'on ne veut pas qu'il décide, eh bien qu'il ne préside
pas. Ce n'était pas dans le texte mais cela m'a fait très plaisir de le
dire. » [7]
L’attention
publique se disperse. Ou plutôt la vie privée dissout le débat civique.
Modernité ? Equilibre de la psyché nationale ? Qui en est
responsable ? Le metteur en scène ? le héros, l’héroïne ? le
vecteur de communication ? le consommateur ? Si de telles technqiues
et manières étaient méditées et adaptées pour que les grands sujets – la
construction européenne, les réajustements de nos pratiques constitutionnelles,
la relance des investissements, une vraie reprise de notre natalité – soient de
tous les commentaires et de toutes les conversations publics et privés…
peut-être serions-nous proches d’apprendre, ce à quoi nous semblons
inaptes : le débat. Informé, passionné, tolérant, qui aboutit.
4° vis-à-vis
de nos partenaires en Europe et de l’entreprise d’Union, une attitude toute
nouvelle et sans précédent depuis les fondations des Communautés européennes et
de la Cinquième République
La scène
internationale est très mobile. Sans qu’il y ait un événement particulier faisant
date comme la chute du mur de Berlin ou celle des tours jumelles du World Trade Center – sauf nouvelle
agression américaine au Moyen-Orient, cette fois contre l’Iran, que soutient la
Russie, ce qui est beaucoup plus que l’Irak – nous vivons le premier grand
bouleversement depuis 2001. Prise de conscience américaine – enfin – de la
question climatique, ré-émergence tous azimuts de la Russie provoquée par la
rupture échelonnée des engagements stratégiques soviéto-américains, qualité des
dirigeants chinois, indien et russe au regard des médiocrités européenne et
nord-américaine, changement de donne économique mondiale du fait que la Chine a
maintenant son poids réel (et appelé à augmenter) dans toutes les relations de
consommation, d’échanges et d’approvisionnements internationaux.
Aucune analyse
– sur cette mûe – française ni a fortiori européenne n’est audible. Elle
suppose une forte culture personnelle, du talent d’expression, de l’autorité
morale : du passé ou du génie. De Gaulle, Pierre Mendès France. Notre
époque requiert cette analyse, qui, sans grand rapport avec notre poids, mais
certainement avec notre cohésion nationale et notre santé économique, fit notre
force aux premières années fondatrices de la Cinquième République.
Il n’y a plus que deux domaines dans les relations internationales où nous avons une
réelle influence. Ce n’est pas affaire d’énergie ou de détermination. La
relation euro-africaine est encore en bonne partie une relation
franco-africaine. Le discours de Dakar et l’amendement sur les tests ADN nous
privent de l’entente à mi-mots avec les Africains, c’est maintenant
clair ; l’avantage est au moins que l’on quitte l’époque des sous-entendus
et des ambiguités où le reproche principal qui pouvait nous être fait outre-Méditerranée
et surtout outre-Sahara, visait nos complaisances envers des dictatures ou des
régimes corrompus. Maintenant, les Africains eux-mêmes et personnellement sont
offensés et mal compris.
L’autre
domaine est l’entreprise européenne dont nous avons été pionniers et
inspirateurs, y compris par le vote négatif de 2005. Et parmi les
Etats-membres, surtout nous restons dans la ligne d’une entente
franco-allemande opérationnelle et d’une communauté forete d’intérêts
stratégiques et économiques, nous avons la dimension voulue.
Or, nous
sommes en train de jouer tout différemment des cinquante-sept dernières années.
Nous revenons à la tentative de cavalier-seul des débuts de la Quatrième
République, selon d’autres hantises et pour d’autres fins, certes, mais nous ne
jouons plus la solidarité et l’espérance d’une entreprise commune. En regard,
la « réconciliation » avec les Etats-Unis, notre suivisme nouveau à
propos de l’Iran, notre analyse de l’O.T.A.N. en tant qu’élément encourageant
l’unité européenne ne valent que comme discours ; nous n’avons aucune
influence sur la détermination américaine et nous ne la rejoignons que sur les
sujets qu’elle quitte. Notre apport éventuel à la sortie de crise en Irak
n’aura d’incidence que si ce’est une position européenne et notamment commune à
la République fédérale d’Allemagne, à la Grande-Bretagne et à nous. On en est
loin, et comme en 2003, nous n’avons pas concerté, même avec l’Allemagne, le
changement de cap effectué par le nouveau ministre des Affaires étrangères.
Aucun des voyages et aucune des
conversations du nouveau président de la République avec ses homologues de
l’Union, ou avec le président russe ou encore le Premier ministre turc n’a de
conséquences ni d’intimité utile, ni de communauté opérationnelle. Hors, le
remaniement de la direction d’EADS et
d’Airbus avec la chancelière Merkel. Quelques
jours après les entretiens franco-turcs, c’est la spéculation sur le droit de
suite contre les Kurdes en Irak. Quelques heures après les entretiens
franco-russes, c’est le soutien le plus net – et le plus contraire aux
nouvelles postures françaises – de la Russie aux activités nucléaires
iraniennes. De quoi s’est-on parlé ? Il est inconvenant et paradoxal quand
on cherche à établir un régime autoritaire en France d’enseigner le goût de la
démocratie à Moscou quand on y est l’hôte d’un homme au sang-froid stalinien
mais plébiscité par un peuple humilié depuis vingt ans. Il est inconsistant de
parler aux Turcs d’une alternative à l’adhésion sans percevoir que le sujet à
Ankara est l’Irak. Et à huit jours du voyage d’Etat au Maroc, l’option pour le
TGV français perd l’essentiel de son intérêt stratégique avec l’annonce que
Dassault a perdu le marché de son Rafale,
au profit des Américains. Le dispositif de la logistique des Etats-Unis en
Afrique continue de se mettre en place. L’Europe n’a pas de défense
indépendante et – hors la Russie – n’a plus d’hinterland qui ne soit
progressivement sous dominance américaine.
.
En regard, le
« succès » remporté par l’élu du 6-Mai au Conseil européen de
Bruxelles – à vérifier le 18 à Lisbonne – est mitigé à deux points de vue. Un
élan est brisé parce qu’un travail consensuel remarquable – celui de la
Convention – est oublié totalement (tous les documents émis depuis le mandat de
négociation pour la nouvelle conférence intergouvernementale, le 26 Juin
dernier, jusqu’à ceux diffusés le 5 Octobre, ne font référence qu’aux deux
traités, l’un fondateur des Communautés européennes, l’autre sur l’Union
européenne – la séquence des révisions des traités de 1951 et de 1957 jusqu’à
Nice en 2000, et le traité de Maastricht). La
lisibilité du nouveau texte est bien moindre que celle du projet de
Constitution, puisqu’on revient à ces rédactions d’Amsterdam et de Nice
consistant à écrire des révisions d’articles au lieu de proposer un texte qui
se suit et remplaçant tous les précédents. On ne gagne pas non plus en
légèreté : compte non tenu des préambule et déclarations, le projet à
soumettre à la nouvelle conférence intergouvernementale par le Conseil européen
du 18 à Lisbonne, a déjà 153 pages dans sa version officielle et donne 294
articles de révision… D’admirable que la célérité des décisions et des
rédactions (des traductions en toutes langues des Etats-membres, aussi).
Bien entendu,
l’opinion publique française – sollicitée par l’activité quotidienne du président
de la République dont on peut se demander quand il dispose d’une demi-journée
silencieuse à l’Elysée pour travailler et réfléchir, sollicitée aussi par les
réponses de toutes parts aux initiatives et aux débats de ces semaines-ci – est
loin d’une évaluation des prochains textes européens. D’ailleurs, il est
d’avance entendu qu’elle ne sera pas consultée. Mais cette position
pourra-t-elle être tenue ? [8]
surtout s’il n’y a pas eu non plus de consultation populaire pour la révision
constitutionnelle. Elle est en tout cas réitérée.
5° c…
par-dessus tête en économie et en social
Le remède à
nos déficits macro-économiques n’est ni le cadeau fiscal pour faire revenir
dans la nasse les capitaux personnels si sensibles à la comparaison des
ponctions, ni le protectionnisme pour faire croire aux salariés que désormais
la concurrence du dehors ne passera plus. Le retour fiscal des riches ne
s’opèrera pas par une restauration de scène et de montre de nouvelles hiérarchies
– admises par le parterre « people » - fondées sur l’argent à nouveau
légitime : la relation avouée et photographiées des dirigeants de grands
groupes avec tous les gens au pouvoir. Rendre droit de cité aux riches… alors
que c’est l’illégitimité de l’argent obtenu par spéculation ou par cooptation
qui, les tourmentant intimement, les dissuadaient de se montrer. Psychologie ?
La fortune de Boussac ou de Marcel Dassault, les dynasties industrielles dans
l’automobile n’étaient pas décriées, elles semblaient le bien commun français, et l’étaient. Lagardère junior jouant
contre le seul projet industriel européen visible depuis quarante ans, Pinault
jouant Mittal Steel contre Arcelor ne le sont pas. Qu’il s’y ajoute le scandale
EADS – triple puisqu’une industrie entière est mise en péril, puisqu’il y a
défiscalisation sans motif, puisqu’enfin la Caisse des Dépôts est grevée – et
l’évidence que la collusion entre le pouvoir politique et le pouvoir de
l’économie privée, au lieu d’être profitable par intelligence mutuelle
retrouvée et bien employée, nuit à l’ensemble national et européen, pas
seulement aux salariés. La démonstration, à une telle échelle, et aussi
médiatisée, est nouvelle.
L’augmentation
du pouvoir d’achat par diverses dérèglementations censées faire baisser les
prix par le jeu de la concurrence ou par la défiscalisation des heures ouvrées
supplémentaires – ne fera que creuser le déficit du commerce extérieur. C’est
la tendance au désinvestissement qu’il faut inverser, cela peut prendre une génération.
La disparition de notre industrie, la délocalisation au profit de l’étranger –
pas les pays émergents, mais les anglo-saxons essentiellement – de nos centres
de décision industriels, technologiques et financiers (la mise en remorque du
système de bourses d’Europe occidentale désormais annexe de celle de New-York
comme si la référence à celle-ci de tous les commentateurs et analystes depuis
des décennies ne suffisait pas) a été soit le système soit la tolérance de nos
pouvoirs publics depuis le « raturage » en 1986 par la droite des
nationalisations mal inspirées de la gauche : prétexte offert à
l’adversaire qui, hors cela et la pétition de l’école libre, n’avait à la chute
de Valéry Giscard d’Estaing, plus aucune plate-forme vraiment nationale et européenne.
Comment relancer l’investissement ?
ce ne semble la hantise de personne. Les « grands travaux » sont la
panacée des propositions, chez nous et en Europe, depuis vingt ans. Même à s’en
tenir à eux, il faut de la solidarité et de la planification entre
Etats-membres et à l’échelle de l’Union européenne. Or, cette voie
d’intégration politique et économique n’est plus notre choix.
La discussion
sur les méfaits de l’euro. fort dérivant sur celle de l’indépendance de la
Banque centrale européenne, est doublement improductive [9]. Elle
illustre notre défiance envers une
institution et des mécanismes sur lesquels il est impossible de faire revenir
notre partenaire décisif, la République fédérale d’Allemagne. D’ailleurs, chez
nous, il n’y a pas unanimité ni dans l’analyse ni dans la critique :
Valéry Giscard d’Estaing recevant Jean-Claude Trichet... et il est certain que
sans l’euro. nous nous porterions encore plus mal. D’autre part, à supposer que
l’euro. soit trop fort, qu’est-ce à dire et comment faire ? C’est bien de
la relation entre les Etats-Unis et l’Europe qu’il s’agit, les Américains n’ont
aucune envie de faire remonter le dollar ni aucun intérêt à cela. Le traité de
Maastricht donne compétence aux chefs d’Etat ou de gouvernement pour fixer la parité
de la monnaie unique, à condition… qu’ils soient unanimes. Là est la dépendance
de la Banque centrale européenne vis-à-vis du pouvoir politique. Celle-ci
obtempèrerait, mais comment ? en rachetant des dollars, mais le rapport de
circulation mondiale des deux monnaies est tel que la Banque européenne se
ruinerait sans assécher l’océan du dollar. Les Chinois à monnaie faible peuvent
se permettre d’aheter du dollar, de façon quasi-illimitée, pas l’Europe. Qu’il
y ait en revanche à réfléchir, que le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, en soit devenu partisan (28
Septembre) et que la France ne soit pas isolée (rejointe par l’Italie), sans
doute, mais dans la discrétion et pour être créatif, car – de même qu’il n’y a pas de précédent à l’euro. – il n’y en a pas non
plus à une politique de dépréciation qui ne serait ni autoritaire, ni
référencée à une base plus claire que la parité avec une autre monnaie, surtout
une monnaie politiquement puissante.
6°
les contre-pouvoirs qui s’établiront sans octroi du pouvoir en place
Du bout à
bout. Comme si nous avions du mal à inventer d’autres formules que celle de la
« cohabitation » où Parlement et président de la République se
contrôlent l’un l’autre.
De nouveaux
indicateurs et des références plus significatives et impartiales pour juger de
l’état et de l’évolution économique et sociale du pays, se cherchent et se
mettront en place. Pas forcément à l’initiative des pouvoirs publics.
Les syndicats
de journalistes réclament une loi sur la
presse. Précarité financière des grands quotidiens, influence de groupes
d’argent sur les médias, cas de censure interne, soupçon de collusion entre le
nouveau pouvoir politique et les dirigeants de groupes d’entreprises et de
presse, la réaction était à attendre. Il n’y est pas encore répondu. Le sujet –
s’il vient au débat parlementaire – est scabreux. Qu’il y ait besoin dans notre
pays, après cent vingt ans de pratique de la loi de 1884, d’un nouveau texte…
comme il a été besoin, pour Jacques Chirac, d’un statut pénal du chef de
l’Etat… inutile jusqu’à lui en cent trente ans de République…
Le mouvement
du 18 Octobre a sans doute un motif, à première vue peu populaire, puisqu’il va
paralyser le pays et ses salariés et puisqu’apparemment il s’agit de justice et
d’égalité dans la durée légale d’une vie au travail. La réalité commence d’être
perçue, les cotisations aux régimes spéciaux sont très supérieures à celles du
régime général, et les mises à la retraite anticipées dans le privé rendent
théorique le nombe d’annuités légal pour bénéficier du taux plein. L’épreuve de force peut n’avoir aucune
incidence sur la délibération d’une réforme, elle engendre en revanche une
dynamique d’union syndicale et surtout une prise de conscience – qui
dépassera les grévistes et les manifestants – que dans le nouveau cours
politique, la consultation et le débat, préalables aux décisions et aux
rédactions de texte, ou bien n’existent pas, ou sont un leurre. Le
« Grenelle » de l’environnement le montre. L’entérinement des
propositions présidentielles pour la réforme de notre Constitution, par un
comité pourtant convié à la plus grande liberté d’examen, le montre aussi.
Bien plus que
l’instauration par la loi du « service minimum », c’est cette grève
qui fait réfléchir sur la fonction des « mouvements sociaux » et sur
leur expression. Le service public pourrait ne pas être interrompu, mais
puisqu’il s’agit de pénaliser le patron – selon la dialectique de toute grève –
pourquoi pas la gratuité ? Elle est interdite par la loi, certes, mais la
loi nationale. Dans une affaire turque … la Cour européenne de justice a donné
raison aux agents de péage autoroutier qui faisaient passer gratuitement les
véhicules au mépris de la loi nationale… réciproquement, ce qui paraît comme
les tentatives de l’Etat-employeur de diviser « le front syndical »
et salarial en évoquant des exemptions corporatives aux réformes, fait réfléchir à la sincérité des négociations.
S’il devait s’avérer que les détournements à partir de comptes sociaux (scandale attaché au nom du président de l'Union des
industries et des métiers de la métallurgie) servent à intéresser des
personnalités ou des groupements participant aux grandes négociations sociales,
la crédibilité de celles-ci – déjà pas très bien assurée – s’effondrerait.
Le vidage du directeur général de l’INSEE, Didier
Charpin, nommé par la gauche du quinquennat de Lionel Jospin et auteur du
premier rapport de fond sur la réforme des retraites, est le fait de tous les
gouvernements de la droite qui ont suivi. Les publications statistiques – en
économie sociale – paraissent aussi insurrectionnelles que les sondages de la
popularité présidentielle, quand ceux-ci quittent les temps d’ivresse un peu
lasse des conclusions électorales. D’autres indices et présentations se
cherchent – notamment pour le chômage. N’en plus publier laissera passage à
tout. La vérité politique est la sensation quotidienne des citoyens, des
consommateurs, des chômeurs recevant les commentaires, les discours, les taux
de changement. Ne plus croire à rien que ce que l’on éprouve : les mises à
la retraite anticipée qui déterminent le nombre vêcu d’annuités de travail dans
le privé – le coût de l’immobilier et de l’alimentaire s’affolant (les annonces
franches des transformateurs du lait et du blé).
Les partis
politiques, s’ils ne sont que des recruteurs de suffrages, ne peuvent rien
inventer qu’une tiède adaptation à ce qu’ils croient la moyenne des souhaits de
leurs électeurs potentiels. En revanche, le mouvement social et la nécessité
peuvent provoquer tout autre chose, actuellement imprévisible.producteurs.
Exemple de la « nouvelle gauche » en Italie et en Allemagne. Apparemment, les extrêmes sont hors de lice
après vingt ans d’influence électorale. Je ne le crois pas. Des
regroupements se feront, que ce soit de nouveaux « courants » au
parti socialiste ou des réassemblages de néo-marxistes, car la dialectique
exploiteurs-exploités n’est qu’affaire de reprise de conscience. L’idéologie
dominante depuis une vingtaine d’années a remplacé dans l’entreprise la solidarité
et els « luttes » par la compétition des personnes. La
non-représentivité des syndicats, que les bonnes âmes déplorent pour en tirer
la conséquence que la « refondation sociale » doit faire bon marché
de ceux-ci, vient de cette nouvelle pédagogie, mais celle-ci ne pourra tenir
longtemps, ceux à qui l’on fait croire qu’ils sont cadres dirigeants, alors
qu’ils ne sont, à leur jeune âge, que salariés vidables à tout moment et peu
payés, ne peuvent que réfléchir devant les scandales aux stock-options récompensant
par avance les mauvaises gestions, les scandales aux délits d’initiés. Denis
Gautier-Sauvagnac est un de mes camarades de propmotion. Il n’est pas le seul à
faire fortune et carrière sans risques et sans limite d’âge, mais les délits
d’initiés et le jeu de dirigeants vendant les actions de la société où ils ont
été nommés politiquement avant qu’apparaissent en cours de bourse les désastres
de leur gestion, semblent n’être rien, si la vérité du scandale actuel devait
être la machinerie d’un autre âge dans les rapports sociaux, une caisse noire
pour acheter des syndicats ?
Le lien
possible entre « l’affaire Clearstream » et les délits d’initiés chez
EADS montrent au plus haut niveau de l’Etat soit de telles naïvetés soit de
telles complicités, dans une ambiance que la pièce de Musset donne bien (Lorenzaccio et l’assassinat du
duc par son compagnon favori de plaisirs) de tels dérèglements qu’il ne s’agit
plus de textes ou d’organisation, mais bien de mœurs et de personnes, les unes pourries,
les autres – ce qui, à mes yeux, est bien plus grave – consentantes. Ces
hauts-fonctionnaires qui savent et qui se taisent, qui voient et qui ne
témoignent pas de leur for intérieur à ceux qu’ils servent. En sorte que
ceux-ci se croient tout permis. La pente fut prise à l’Hôtel de Ville de Paris,
à la fin des années 1970, sous couvert de reconquérir le pouvoir pour mieux
l’exercer que les adversaires du moment.
Les chutes en
France sont toujours lamentables. Nous aurions tort de nous croire innocents.
Le péché, c’est la tolérance.
Mais le
contre-pouvoir le plus fort est une circulation
de l’information indépendante de la sphère politique et peu dépendante des
organisations d’argent – difficulté que j’éprouve, et fais remarquer, pour
trouver l’appellation juste de ce qui est l’entreprise privée, les groupes
financiers, les milieux dirigeants de l’industrie et des services, les intérêts
de personnalités ou familles ou corporations régnantes de fait, sans que ce
soit péjoratif, mais constituant une réalité, actuellement, décisive. Internet…
les sources de documentation, l’obligation de présenter intégralement les
éléments de l’information qui feront ensuite le commentaire des médias. Deux
points névralgiques. L’accès à la « toile » pas seulement nationale
mais internationale et à celle des pays étrangers. La synthèse opérée «
sur le terrain » par les agences de presse, au premier rang desquelles
l’agence nationale A.F.P. La direction de celle-ci, à la discrétion pratique du
gouvernement du moment mais dans le bain d’un métier où l’on vit nu, est de
celle qu’il faudrait inscrire dans la liste des nominations auditionnées par le
Parlement.
*
* *
Il est
possible de conclure, et il est probable que cette conclusion va valoir quelque
temps.
Jeudi 18 . Vendredi 19 Octobre 2007
La grève dans les
transports publics très suivie par les agents, les usagers prévenus à temps se
sont organisés, si la cause n’est peut-être pas aussi partagée qu’en 1995, en
revanche la « prise d’otages » n’est pas non plus mise en avant. Le ministre
donne une date pour des conversations la semaine prochaine. Le traité dit
simplifié pour « améliorer le fonctionnement de l’Europe », réputé
adopté en un tourne-main à Lisbonne dès l’ouverture et devoir être signé le 13
Décembre prochain. Symboliquement, les quotidiens de l’Est et Nice-Matin relèvent
l’abandon du dessein fondateur. Deux communiqués de l’Elysée pour confirmer le
divorce du « couple présidentiel », mais la convention du silence
public n’est pas respectée par Cécilia : Est Républicain, le 18 et Elle, le 19. Polémique sur la mise en scène ou le hasard, sur la
« une » ainsi sollicitée ou pas. – La vérité est ailleurs, Benazir
Bhutto est accueillie par l’attentat-suicide le plus meurtrier qu’ait jamais
connu le Pakistan : de la Méditerranée à l’Indus, de la Caspienne à la mer
Rouge, tout peut arriver. Et tout arrive.
Nicolas Sarkozy est président de la
République. Il a la pratique du pouvoir de sa conception personnelle, en bonne
partie fondée sur l’observation de celle de son prédécesseur qu’il juge
désastreuse. Cette pratique est obérée par deux paramètres, l’un modifiable par
une pleine maturité qu’il n’a pas encore et dont il ne peut avouer qu’il la
cherche, et à laquelle personne dans son entourage actuel ne semble le convier
– les circonstances devraient la lui donner – l’autre tient à sa vie affective, dominée par sa relation conjugale.
Celui-là est dangereux et imprévisible : passion d’un côté,
comportement et psychologie d’une femme paradoxale de l’autre. Les péripéties
d’une recherche et d’une fuite n’ont pas fini d’égayer les médias et les
biographes, mais les Français semblent n’en pas avoir le souci ni soupçonner
qu’elles puissent obérer l’exercice du pouvoir. Tant mieux.
L’élu du 6-Mai
apporte au pays une énergie et une liberté d’examen dont la France n’avait plus
bénéficié depuis une vingtaine d’années au moins. Les structures françaises
sont, pour en tirer le meilleur parti, ambivalentes. Les cadres de la nation
sont énervés. Les medias sont
pollués par les conditionnements financiers et ont perdu en partie le contact
avec l’opinion, croyant répondre à celle-ci ils servent des modes dont la
curiosité vis-à-vis du pouvoir n’est qu’une d’elles, ils ne sont pas un outil ni de gouvernement ni
d’opposition. Les partis sont appelés en permanence à se rénover. La droite
trouve une identité selon l’analyse stratégique et le programme de Nicolas
Sarkozy – qui les professe, ouvertement et en différence avouée avec
Jacques Chirac depuis son propre échec aux élections européennes de 1999. La gauche
n’en a plus, après qu’elle ait atteint en 2002 le paroxysme de sa division
entre extrêmes de contestation et ambition tolérante de gestion. Les Français
ont hésité entre la bipolarisation qui domine la vie politique nationale depuis
1981 et la recherche du consensus provoquée par de Gaulle puis tentée par
Valéry Giscard d’Estaing, proposée enfin par François Bayrou.
Le président
de la République peut radicaliser encore les changements qu’il a mis au débat
(mais pas encore entrepris) ou au contraire se couler – plus paisiblement – dans la logique d’ouverture qui n’a
d’application pour l’instant que vis-à-vis des personnes, mais aucunement des
idées, réputées de gauche. En conséquence, la France peut se trouver devant
deux types de propositions. Une bipolarisation – encore plus rigoureuse – qui
ne devra plus rien aux modes de scrutin mais de plus en plus aux heurts des
intérêts en présence. Cette
bipolarisation se renforcera des deux options caractérisant la pratique
institutionnelle du nouveau cours : le refus du referendum alors que deux
sujets l’auraient imposé avant le 6-Mai, la fausse révérence envers la
démocratie représentative couvrant un régime présidentiel. Où sera
l’exutoire ? Le possible pourrissement des grèves initiées le 18
Octobre – sanctionné par la publication du prochain « baromètre »
mensuel de l’opinion – peut donner la tendance. Une dérive – intelligente mais
implicite – vers une pratique et des thèmes plus consensuels amènerait au
contraire le pays à la conscience, qui lui manque, celle des accords
fondamentaux entre nous tous sur quelques thèmes décisifs. Alors, nous
apprendrions à débattre. Les referendums
pèchent chez nous par abstention des citoyens et par la dérive de ce en
fonction de quoi se déterminent les électeurs. Critiquable non la procédure
en elle-même, mais le piètre usage qui en a été fait après de Gaulle. L’ « agreement
on fundamentals » à la britannique nous rendra une cohésion qui a
rencontré ses limites biologiques et n’a pas encore sa dimension spirituelle,
sauf dans de grands moments comme le printemps de 2003 de l’intervention
américaine en Irak ou l’automne de 2005 des émeutes de banlieue.
Il faut donc
que les Français se servent de l’énergie et du franc-parler du président de la
République, que les élites se requalifient et méritent de nouveau – en débat
politique et en conduite des affaires économiques –, que les deux urgences que
sont la reprise des investissements et une très forte reprise de la natalité
deviennent « l’ardente obligation » et le Plan de tous (à
ré-instituer et surtout à pratiquer – s’il y a un lieu de
« refondation » de la « démocratie sociale », parce que
celle-ci est inenvisageable ou très mésestimée si elle est hors du contexte
économique – c’est bien la planification « à la française »,
facilement transposable d’ailleurs à l’échelle européenne, puisque nous
ambitionnons d’exercer une influence de
méthode dans le développement de l’Union). Cette cure intérieure se fera
sans doute au prix d’une absence de fait des scènes européenne et mondiale ;
cette éclipse a commencé avec notre traitement au plus petit angle de la
question des institutions de l’Union européenne et avec notre réintégration
dans l’organisation intégrée d’une Alliance qui ne nous sert pourtant plus. Ces
choix ont leur logique, nous sommes trop mal portants pour être crédibles
internationalement. D’une certaine manière en dépassant leur élu, en
l’utilisant, les Français peuvent renouer avec leur avenir. L’opposition n’a
aucune chance d’attirer une majorité à elle, en revanche, elle a toutes
occasions de servir une partie de plus en plus grande de nous tous en donnant
expression puis forme aux prises de
conscience qui peuvent se faire en réaction aux propositions du pouvoir, si
celles-ci ne traitent ni la réalité ni les urgences. Cela suppose de sa
part, soit la collégialité non seulement entre personnalités en vue du Parti
socialiste mais entre tous les mouvements et partis de gauche, soit l’émergence
d’un nouveau François Mitterrand imposant – par habileté stratégique puis par
légitimité personnelle – cette collégialité et incarnant l’alternative.
disponibles par courriel sur demande :
1°
15 notes sur la campagne et l’élection présidentielles,
rédigées du 12 Novembre 2006 au 8 Mai 2007
2°
journal réfléchi
14 . 20 Mai 2007
Le point de départ
Les commencements
Les contradictions inévitables
Les lacunes institutionnelles
25 Mai 2007
Quelques « grilles de lecture »
Le pouvoir personnel ou « l’homme d’une nation » ?
La sécurité (du pouvoir)
Le concret, le terrain, les urgences : qu’est-ce à dire et à
faire ?
31 Mai . 5 Juin 2007
Nouvelle génération et antécédents consensuels
Une périlleuse prétention
La probation diplomatique
La quadrature du cercle ?
15 . 16 Juin 2007
La manière du candidat ne peut être celle du président de la République
La démocratie de gouvernement
Les débuts de « l’action »
17 . 24 Juin 2007
Déblais…
Une claire distribution des rôles et des stratégies, au pouvoir et dans
l’opposition
La fausse obligation de hâte
Le mode de scrutin pour désigner les députés l’Assemblée Nationale est-il adapté ?
6 . 10 Juillet & 12 Septembre 2007
Notre pays, notre temps, notre monde – banalités ?
Notre pays, notre temps, notre monde – ce qui change
Les paradoxes qui demeurent
Les précédents ne valent que pris dans la période Cinquième République
Concept et pratique de la carrière politique - Logique républicaine et
accélération des dévoiements
Difficulté de l’émergence d’une nouvelle éthique des grands patrons
français
19 Septembre 2007
Des bons points
Des mauvais points
Des indices
Des sujets d’inquiétude
4 Octobre 2007
I – Politique intérieure
tout se répète
la nouveauté : l’organisation du pouvoir
l’ouverture
le risque de saturation
la pierre de touche
la lacune
l’isolement
II – Politique extérieure
le changement vis-à-vis des Etats-Unis
l’abandon de la priorité européenne
3°
In memoriam (méditation personnelle à la
« nouvelle » de leur mort)
Maurice Couve de Murville + 24 Décembre 1999
Michel Jobert + 26 Mai 2002
Jacques Fauvet + 2 Juin 2002
Moktar
Ould Daddah + 15 Octobre 2003
Raymond
Barre + 25 Août 2007
Pierre Messmer + 29 Août 2007
4°
quotidiennement, une méditation courte des
textes du jour de la liturgie catholique
[1] - en pièce attachée, le
programme de travail du comité selon son site www.comite-constitutionnel.fr au 18 Octobre
[2] - Michel Debré (Plon . 1957 . 206 pages), qui me le dédicace le 9 Avril 1974,
juste à mes trente-et-un ans, tandis que Pierre Messmer se porte quelques
heures candidat à la succession de Georges Pompidou décédé une semaine plus
tôt : « ce livre que je préfère à tous ceux que j’ai écrits »
[3] - lecture
illuminante de Pierre Rouanet, Pompidou (Grasset . Avril 1969 . 316 pages) que confirme Jean Mauriac, L’après de
Gaulle . Notes confidentielles 1969-1989
(Fayard
. Novembre 2006 . 540 pages) :
la conversation que Louis Joxe rapporte avoir eue avec Georges Pompidou, au
retour de celui-ci d’Afghanistan p.
384
[4] -
art. 20 de la Constitution : « Le Gouvernement détermine et conduit
la politique de la Nation … Il st responsable devant le Parlement … » -
alors que la loi constitutionnelle du 25 Février 1875 disposait que (art. 6)
« les ministres sont solidairement responsables devant les Chambres de la
politique générale du gouvernement, et individuellement de leurs actes
personnels » sans préjudice des dispositions relatives à leur éventuelle
respopnsabilité pénale. La Quatrième République (art. 48 de la Constitution du
27 Octobre 1946) avait repris cette disposition : « Les ministres
sont collectivement responsables devant l’Assemblée nationale de la politique
générale du Cabinet et individuellement de leurs actes personnels ».
[5] - en pièce jointe, la
séquence des dépêches AFP du 12 au 19 Octobre 2007
[6] - C., c’est Cécilia. Cécilia est ma femme.
Elle est une partie de de moi. Quelles que soient les épreuves que notre couple
a traversées, pas une journée ne s’est déroulée sans que nous nous soyons
parlé. C’est ainsi ! Nous n’avons voulu trahir personne, mais nous ne
pouvons, ni ne savons nous éloigner l’un de l’autre. Ce n’est pas faute d’avoir
essayé… Maius impossible ! Se parler, s’écouter, s’entendre, se voir sont
des fonctions dont nous avons enfin pris conscience qu’elles étaient entre nous
et pour nous vitales. On m’a beaucoup reproché » d’avoir voulu mettre en
scène mon couple. Je comprends ce reproche et je ne veux en rien minimiser mes
responsabilités. Mais je souhaite faire comprendre que rien ne fut mis en scène
puisque tout était sincère et vrai. Notre vie était faite l’un avec l’autre.
L’un pour l’autre. Me montrer dans ma
vie publique, c’était montrer a vie privée puisqu’elles ne faisaient qu’un.
Rien, absolument rien n’était truqué. Quand j’ai pris conscience d’avoir trop
exposé Cécilia, le mal était fait : trop de pression, trop d’attaques, pas
assez d’attention de ma part. Sur le moment, notre couple n’y a pas résisté. Et
alors, ce fut le déchaînement. Tout y passa…. (…) Aujourd’hui Cécilia et moi nous sommes retouvés pour de bon, pour de
vrai, sans doute pour toujours. Si j’en parle, c’est parce que Céciulia ma
demandé d’en parler pour nous deux. Elle aurait pu le dire mieux que moi, mais
dans sa demande, j’ai reconnu sa pudeur et sa fragilité, peut-être aussi sa
confiance en son mari… Nous n’e parlerons plus désormais car, même si j’en dis
peu, j’espère que le lecteur comprendra que c’est beaucoup, tant C. est
importante à mes yeux. J’espère surtout qu’au-delà de la notoriété, chacun
voudra bien comprendre et accepter que notre histoire est simplement celle
d’une femme, d’un homme, d’une famille, qui ne renient pas leurs erreurs, mais
qui demandent à être respectés pour continuer sereinement sur le chemin d’une
vie dont nous savons maintenant qu’elle n’est simple pour personne. Une vie où,
comme tout un chacun, nous avons besoin d’amour. Je le sais aujourd’hui si
précieux qu’il doit être protégé. Le passé nous servira de leçon pour toujours. Témoignage
( ) pp. 47 à 49 passim – Je tiens ce
livre, soigneusement quoique banalement écrit, comme le révélateur du président
de la République, de la même façon que Le
fil de l’épée explique beaucoup de Gaulle en psychologie et en manière
d’exercer le pouvoir « par prestige ». Il est possible que deux
autres, épuisés et non réédités : Au
bout de la passion, l’équilibre (Albin
Michel . 1995) et Georges
Mandel, le moine et la politique (Grasset)
contiennent plus encore cette charge… - L’auteur d’Entre cœur et raison, roman de remplacement d’une biographie
« interdite » de Cécilia Sarkozy qui aurait dû paraître à l’automne
de 2005, donc à la suite de Témoignage,
précise (France-Infos. 18 Octobre)
que le couple a en réalité vingt ans, celui de Jacques Martin s’étant défait
aussitôt le mariage mais celui, initial, du futur président de la République
ayant été long à se rompre légalement, d’où un remariage tardif. La
réconciliation de 2005 aurait été du fait de Nicolas Sarkozy, ce qui laisse
présager de nouveaux épisodes.
[7] - phrase non écrite mais
prononcée du discours à Epinal . 12 Juillet
Traité européen: une majorité d'électeurs des 5 pays
majeurs pour un référendum
Une
large majorité des électeurs de cinq pays majeurs de l'Union européenne sont en
faveur d'un référendum sur le nouveau traité européen, selon un sondage Harris
publié jeudi par le quotidien économique Financial Times.
Cette enquête montre que 76% des Allemands, 75% des Britanniques, 72% des Italiens, 65% des Espagnols et 63% des Français souhaitent un référendum sur ce texte qui remplace la Constitution européenne enterrée après les "non" des Français et Néerlandais en 2005.
Un autre sondage, Yougov, publié jeudi par le Daily Telegraph établit que 69% des Britanniques espèrent une consultation populaire. En Grande-Bretagne, la presse de droite et l'opposition conservatrice, eurosceptiques, ont lancé une féroce campagne en faveur du référendum.
Ces enquêtes paraissent le jour même de l'ouverture à Lisbonne du sommet des dirigeants européens, qui doivent approuver le nouveau traité.
Des 27 pays de l'Union européenne, seule l'Irlande, qui y est tenue par sa constitution, a prévu d'organiser un référendum, dont le résultat n'est pas assuré. Selon le sondage pour le Financial Times, 38% des personnes interrogées considèrent que le traité aura un impact positif, contre 23% un impact négatif.
Les Britanniques sont les plus sceptiques - 51% anticipant des conséquences négatives, contre 17% positives - et les Italiens les plus optimistes (49% pour un impact positif, 13% négatif).
Mais 61% des personnes interrogées admettent "ne pas être du tout familières" avec le contenu du traité, 34% disant l'être "plus ou moins".
Au sommet européen de Bruxelles en juin, les pays membres avaient trouvé un accord sur la substance d'un traité remplaçant la Constitution.
Le traité devrait être signé formellement en décembre, ouvrant la porte à la ratification dans les Etats membres.
Harris a interrogé 5.604 personnes entre le 3 et le 15 octobre sur Internet, parmi lesquelles 1.126 Allemands, 1.138 Britanniques, 1.090 Espagnols, 1.128 Italiens et 1.122 Français. Yougov a interrogé 2.122 personnes entre le 12 et le 15 octobre.
Cette enquête montre que 76% des Allemands, 75% des Britanniques, 72% des Italiens, 65% des Espagnols et 63% des Français souhaitent un référendum sur ce texte qui remplace la Constitution européenne enterrée après les "non" des Français et Néerlandais en 2005.
Un autre sondage, Yougov, publié jeudi par le Daily Telegraph établit que 69% des Britanniques espèrent une consultation populaire. En Grande-Bretagne, la presse de droite et l'opposition conservatrice, eurosceptiques, ont lancé une féroce campagne en faveur du référendum.
Ces enquêtes paraissent le jour même de l'ouverture à Lisbonne du sommet des dirigeants européens, qui doivent approuver le nouveau traité.
Des 27 pays de l'Union européenne, seule l'Irlande, qui y est tenue par sa constitution, a prévu d'organiser un référendum, dont le résultat n'est pas assuré. Selon le sondage pour le Financial Times, 38% des personnes interrogées considèrent que le traité aura un impact positif, contre 23% un impact négatif.
Les Britanniques sont les plus sceptiques - 51% anticipant des conséquences négatives, contre 17% positives - et les Italiens les plus optimistes (49% pour un impact positif, 13% négatif).
Mais 61% des personnes interrogées admettent "ne pas être du tout familières" avec le contenu du traité, 34% disant l'être "plus ou moins".
Au sommet européen de Bruxelles en juin, les pays membres avaient trouvé un accord sur la substance d'un traité remplaçant la Constitution.
Le traité devrait être signé formellement en décembre, ouvrant la porte à la ratification dans les Etats membres.
Harris a interrogé 5.604 personnes entre le 3 et le 15 octobre sur Internet, parmi lesquelles 1.126 Allemands, 1.138 Britanniques, 1.090 Espagnols, 1.128 Italiens et 1.122 Français. Yougov a interrogé 2.122 personnes entre le 12 et le 15 octobre.
[9] - en pièce jointe,
séquence des dépêches A.F.P. depuis le 12 Septembre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire