Observation & réflexions
007
bons et mauvais points ?
inquiétudes et indices
Mercredi 19 Septembre 2007
Restant dans l’expectative,
rappelée il y a une semaine et vêcue cet été, j’entends - là où je vis - de
deux familiers, ces appréciations sur le nouveau président. Pour l’un,
électricien en arrêt-maladie et sans couverture par la suite d’un imbroglio,
Nicolas Sarkozy travaille, lui au moins, et tellement qu’après dix ans de
mandat, il voudra continuer et sera donc président de l’Europe. Pour l’autre,
dont je ne sais pas les votes, il y a beaucoup de discours mais quand j’allais
au marché il y a quelques mois je dépensais 80 euros, et maintenant j’en
dépense 100.
Assez d’accord
avec ces deux appréciations, je relève quant à moi :
1° des bons points
L’audit interne du pays et de ses gestions
a toujours été fait à une entrée en fonctions. En forme de commission type
Rueff-Armand pour de Gaulle, de dévaluation du franc pour Pompidou, d’un
rapport public en plusieurs tomes à l’avènement de la gauche au pouvoir en la
personne de François Mitterrand, d’un changement de priorité chez Jacques
Chirac passant du thème électoral de la fracture sociale à la politique
gouvernementale de rigueur en 1995. Invoquer l’exemple du Canada dans les
années 1990 ajoute-t-il à l’exercice ? La tenue de conseils thématiques
pour évaluer les politiques publiques va de soi. En elle-même, la liberté
d’examen, manifestement suivie de discours en rupture avec les gestions ou
immobilismes des prédécesseurs, est d’excellente méthode. A condition que tout
ne soit pas mésestimé des acquis et du passé, à condition aussi que les
partenaires et outils qui demeurent les mêmes : la haute administration,
les syndicats, le patronat notamment ne soient pas respectivement daubés, surclassés
ou déclassés. Que ce parti-pris de liberté intellectuelle, sinon d’originalité,
ne tourne pas au système ; trop de débats tous en même temps, trop de
commissions ad hoc, trop de dates pour des remises de rapport brouilleraient la
vue qui doit demeurer d’ensemble : une remise en ordre sans tabous, et qui
mobilise tous les Français.
Insister dans
les lettres de mission – cosignées judiciesuement du président de la République
et du Premier ministre, ce qui n’a pas été assez souligné – aux principaux
ministres sur les indicateurs de résultats en même temps que sur l’obligation
de tous de diminuer l’endettement national.
Découpler la hiérarchie
des ministres et des sujets de l’importance des effectifs et des crédits afférents.
Avoir traité
au forceps Airbus et en
franco-allemand, tant pour l’organigramme de direction que pour le capital à
augmenter et à sécuriser.
S’impliquer
dans la sortie de crise en Irak, c’est-à-dire en évacuation par les troupes des
Etats-Unis et de la « coalition », en assurant – comme de Gaulle à
Phnom-Penh pour la guerre américaine du Vietnam – qu’il n’y a pas de solution
militaire.
Avoir placé en
urgence de l’Union européenne, la question des institutions et du traité les
faisant fonctionner dans l’avenir.
Avoir rappelé
que pour 2013 la politique agricole commune doit être re-fondée, ce qui suppose
des réflexions et des décisions d’ici 2010. Par chance, la hausse du prix des
produits alimentaires et les risques de pénurie, la vogue des thèses
écologiques et les détériorations du climat permettent de prendre le sujet
autrement qu’en 1992-2000.
Considérer que
la position de la France vis-à-vis de l’O.T.A.N. n’est pas claire. Jacques
Chirac ayant initié une négociation de réintégration, Lionel Jospin et Hubert
Védrine l’ayant arrêtée, la France participant, ne participant pas selon des
mandats internationaux : « barguiner et chipoter », en fait ne
tirer ni diplomatiquement ni matériellement ni moralement avantage d’aucune des
deux positions, dedans ou dehors. – J’ai quant à moi toujours cru qu’était
totale la crédibilité du général de Gaulle de quitter l’Alliance elle-même,
passé le délai de vingt ans au bout duquel le retrait est juridiquement
possible moyennant un préavis d’un an, ce qui avait deux conséquences. La
première de valoriser toute action commune, généralement discrète (lieu des
débuts de pourparlers américano-vietnamiens en Mars 1968, soutien du franc par
le doller en Novembre 1968). La seconde de faire désirer en France et dans
l’Alliance atlantique que de Gaulle quitte le pouvoir.
2° des mauvais
points
Avoir initié
une pratique des institutions plaçant le Président de la République en
« première ligne » sur tous les sujets de fond et sur toutes les
questions d’actualité, ce qui ne permet aucun recul, minore le Premier ministre
et la fonction ministérielle, fusionne de fait les fonctions gouvernementales
sur le seul chef de l’Etat, fait apparaître – accessoirement ? – le
secrétaire général de la Présidence de la République comme le véritable relais
du président et son instrument de contrôle des activités ministérielles et le
teneur de plume, notamment pour des discours présentés comme décisifs à Dakar (26
Juillet) ou à Epinal (12 Juillet) : politique africaine, institutions.
Deux apparitions paradoxales, car si le génie présidentiel est inspiré par un
second rôle : où est-il ? et s’il est doublé dans l’exécution par un
collaborateur reconnu comme un intermédiaire obligé par tous les autres quel
que soit leur rang, comment le Président lui-même gardera-t-il le contact
personnel avec les siens ?
Vouloir
constitutionnaliser (pérenniser) cette pratique de quelques mois dont ni la
viabilité ni l’efficacité ne sont démontrables en si peu de temps : ordre
de mission donné à la commission de réflexions sur les institutions le 18
Juillet qu’anime Edouard Balladur. Et alors que ni le Premier ministre en place
ni la majorité à l’Assemblée nationale ne semblent pleinement adhérer à cette
pratique. Maintenir la contradiction principale de l’exercice du pouvoir depuis
1995 – mais qu’accentue « l’hyperactivité » du nouvel élu - : se
vouloir responsable de tout, en conscience et devant les Français, mais ne
laisser prévoir aucune consultation ni sanction jusqu’à la réélection dans cinq
ans. Comment écrire alors [1] : »
ce n’est pas l’affaire du seul Présdent, ni la compétence exclsuive de
spécialistes. C’est celle de la Nation tout entière, de tous les
Français ». La logique est donc un referendum sanctionnant les
propositions de réviser la Constitution selon la pratique et les souhaits du
nouveau président. Evidemment, ce referendum sera plus personnalisé que tous
ceux ayant été proposés après de Gaulle, puisque la réécriture aura été de
« commande » personnelle.
Avoir toléré
(ou suscité ?) la mise en scène médiatique du couple présidentiel, de ses
vacances familiales en même temps qu’un rôle pour l’épouse du chef de l’Etat
est dangereux à trois points de vue : la tendance « people »
accentue la passivité, sinon l’infantilisation des Français qui devraient
n’être, vis-à-vis du président de la République que citoyens après avoir été
électeurs ; la tradition française ne connaît pas de « first
lady » [2] et ne donne pas de
fonction au conjoint sauf s’il en acquiert par les voies juridiques classiques
(élection, nomination) et encore risque-t-on quelque complaisance dépassant la
personne et visant la fonction de l’époux ; l’influence occulte, réelle ou
supposée, d’un tiers sur le chef de l’Etat est vite détestée dans notre pays,
tel qu’il s’est toujours montré sous tous ses régimes.
Rejoindre les
Etats-Unis – dans ce qui leur est devenu fondamentalement accessoire, mais
qu’ils continuent de faire paraître décisif : la question du nucléaire
iranien. Alors que dans une dialectique qui est celle des prémisses de
l’agression de l’Irak, l’Agence internationale pour l’énergie atomique demande
du temps et de la diplomatie. Complet revirement qui n’est exposé que par le
ministre des Affaires Etrangères dans les médias, et n’est pas soumis au débat
parlementaire.
Décider
implicitement notre réintégration dans l’O.T.A.N. alors que cette organisation
n’est plus du tout ce qu’elle était à l’origine. La fin de la guerre froide et
l’implosion soviétique ont privé l’Alliance atlantique d’objet, ce qui aurait
dû – d’nitiative française par exemple – être déclaré en 1991, puis acté en
forme juridique de dissolution, comme ce fut le cas pour le pacte de Varsovie.
L’organisation intégrée est devenue l’instrument – au mieux des Nations Unies
selon des mandats donnés régulièrement (même si ceux-ci sont dans le fond
discutable, Kosovo et Afghanistan), au pis des Etats-Unis pour doubler de
manière plus pratique et attractive l’Union européenne dans le souci des
anciennes Républiques soviétiques de se sécuriser vis-à-vis de Moscou, pour
étendre un réseau hors le champ territorial prévu par le traité jusqu’en Asie
centrale. Le terrorisme considéré comme une agression non-étatique contre les
Etats parties au traité atlantique a produit une extension mondiale de la
compétence de l’organisation intégrée. Celleci- permet de fait une pénétration
américaine dans des territoires que l’Europe peut considérer comme son
hinterland hisorique et stratégique : l’Afrique, la Méditerranée. En fait,
avaliser l’O.T.A.N. telle qu’elle se motive et a évolué ces quinze dernières Etats
ne fait pas avancer la défense commune européenne, elle fait reculer l’identité
internationale et l’autonomie logistique de l’Union, elle consacre la stratégie
américaine de l’époque post-soviétique.
Avoir avalisé,
en Conseil atlantique, la mise en œuvre d’un bouclier anti-missile que la Rusie
ne peut que considérer comme une attitude hostile envers elle. Alors que
l’Union européenne et la France ont tout intérêt – politique et énergétique –
avoir des relations de confiance avec Moscou, déjà assez inquiétée par les
adhésions à l’O.T.A.N. puis à l’Union européenne de ses satellites occidentaux.
Jouer
« personnel » et « solo » vis-à-vis des autres Etats
membres de l’Union européenne – et de leurs dirigeants respectifs –, alors que
nous sommes demandeurs pour que la refonte de la politique agricole commune ne
nous soit pas trop défavorable, par rapport à la rente que nous avions obtenue
en 1965-1996 puis pérennisée en 1992, alors que nous sommes demandeurs de
délais pour nos finances publiques et avons à objecter à l’indépendance de la
Banque centrale européenne (toutes demandes, peu créatives, et dont je ne
partage donc pas l’énoncé, au demeurant pas vraiment formulé encore). Jeu pour
dresser le bilan du Conseil européen sous présidence allemande, pour se placer
dans la libération des otages bulgares (et palestinien) retenus en Libye, pour
changer de point de vue sur le nucléaire iranien.
Le rythme
choisi, l’occupation médiatique du premier rang sont risqués. Le coup de
fatigue physique, la dépression en cas d’orage : accidents personnels qui
feront crise du régime, en tout cas d’une pratique et qui amèneront l’opinion à
souhait – sans doute à tort – tout l’opposé. Les obligations, cultures,
indicateurs de résultat – copiés des cabinets d’auscultation interne des
entreprises privées – peuvent donner un temps l’image de l’efficacité, mais ne
feront pas oublier l’absence, précisément, de résultats. Un de mes professeurs
de philosophie nous enseignait à rédiger la conclusion, au brouillon, avant
l’introduction de manière à ce que l’ensemble de la dissertation réponde à coup
sûr aux questions liminaires.
3° des indices
La manière du
nouveau président tant sur la « scène » nationale que sur
l’internationale est risquée parce qu’elle est trop personnelle dans la forme,
et dans le commentaire qu’elle (appelle ou) suscite.
Elle humilie,
en vie politique intérieure, les adversaires, notamment les socialistes en tant
que tels par le débauchage de certains d’entre eux, psychologiquement
vulnérables aux égards (mais qui ne l’est au fond ? Napoléon III ralliant
peu avant 1870 Chesnelong, légitimiste s’il en fut, mais qui évidemment le lâche
après Sedan) : c’est le jeu. Mais humilier le Premier ministre par de
multiples mises au point ou par un véritable dessaisissement : François
Fillon ne s’est-il pas fait un nom sur les questions sociales, et
singulièrement celle des retraites, et sa rupture avec Jacques Chirac (qui a
fondé sa relation avec Nicolas Sarkozy, candidat, et non le contraire)
n’est-elle pas née de ce que ni en 1995 ni en 2002 celui-ci ne lui a confié le
domaine de prédilection pour lequel il s’était depuis longtemps préparé :
la défense ? humilier des ministres, ainsi Jean-Louis Borloo lors du
remaniement, ainsi Christine Lagarde dont chacune des missions, en surcharge de
ce qu’elle a d’énorme à diriger en sujets et en administrations, est publiée
comminatoirement. Un seul – et venu d’ailleurs – existe personnellement et, par
cela, ajoute au Président : Bernard Kouchner donne ainsi une mesure
nouvelle, et très positive, quel que soit le fond de la politique qu’il
exprime, au rôle du ministre des Affaires étrangères. Combinaison, fruit du
hasard, car Hubert Védrine, pressenti – a-t-on dit – pour le poste n’eut pas
été en une telle symbiose avec l’Elysée.
Sur la scène
internationale, les grands sujets – les changements de l’équilibre planétaire
du fait de l’Inde et de la Chine, du fait aussi que la stratégie américaine en
Amérique latine a échoué économiquement et épolitiquement – ne sont pas
forcément les grands personnages. George Bush junior est finissant, la relation
personnelle avec lui n’apporte que risques et compromet la suite : elle
empêche de voir, elle ne prépare pas une nouvelle relation avec le successeur.
Wladimir Poutine est probablement, moyennant révision de la Constitution russe,
son propre successeur ; son analyse des atouts et empêchements de son pays
est sans doute la plus remarquable qui ait eu cours à Moscou depuis Nikita
Khrouchtchev ; il se cherche manifestement un interlocuteur, plus une personne
qu’un pays. La réconciliation franco-allemande si elle porte les deux noms
indissolublement liés de Konrad Adenauer et de Charles de Gaulle, alors que
Robert Schuman et Pierre Mendès France s’y étaient bien employés, a tenu à
cette coincidence : la maladie et la mort de Foster Dulles, l’américain,
avait rendu disponible le vieux chancelier dans son besoin d’un appui, ferme
mais de vision. Le pragmatisme, l’énergie de Nicolas Sarkozy auraient dû lui
plaire, mais que de fautes envers lui depuis six mois… et surtout le Russe est
discret et a, au possible, le sens des acquis et expériences traditionnels.
Question d’école.
Sur les deux
scènes, Nicolas Sarkozy ignore une règle fondamentale au théâtre, un acteur
joue en équipe tout simplement parce que le spectateur a une vue d’ensemble,
même s’il appalaudit davantage l’un des partenaires. Il montre un trait de
psychologie qui est une lacune. Il ne se met pas à la place de l’autre, il ne
l’étudie que pour la partie immédiate à jouer et en relation de force, il ne
peut donc anticiper ni comprendre les réactions de ceux dont il a raison un
temps, il ne peut agir en perspectives et pour le long terme. A-t-il lu [3] les
analyses que celui qu’il a nommé Premier ministre développe sur l’exercice du
pouvoir et ses évaluations de notre Constitution ?
A jouer ainsi,
il méconnaît des ressorts qui en politique intérieure et en diplomatie,
pourraient peut-être le servir, nous servir. Le Parlement est une mine
inépuisable de compétences, d’initiatives ; considéré, il permet de suivre
en vérité et en profondeur non seulement l’état de l’opinion publique, mais les
véritables urgences locales et nationales. L’élu « moyen » rencontre,
reçoit, écoute, c’est son talent et sa principale occupation. Un ministre, s’il
existe devant l’opinion, « économise » le président quitte à lui
rendre ce qui lui appartient : avoir soutenu l’action gouvernante, l’avoir
même imaginée. J’ai vu cela, d’une manière qui fut spectaculaire en politique
étrangère, avec Michel Jobert, passant admirablement dans l’opinion en
1973-1974 mais faisant savoir pendant et à titre posthume que Georges Pompidou
était encore plus engagé que lui. Les dirigeants syndicaux, s’ils ne sont pas
sous la pression d’un ordre du jour imposé, ont à dire, et à proposer. Le tout
venant n’est pas à traiter statistiquement ou par des réponses ne tenant pas
compte de leur texte propre.
Faire aussi
notoirement écrire par un tiers les discours traitant des sujets auxquels il
tient le plus est dangereux : quel est le fond culturel propre du nouveau
président ? uniquement sa propre biographie ? A-t-il un style écrit
et en discours autre que le ton trop familier, pire que banal quand l’occasion
est grande ? La France et tout homme apprécie le grand orateur. Les
risques de plaquage ou de contre-sens ou d’abus dans l’évocation d’événements
ou de personnages connus sont tels qu’ils ont déjà produit des crises inutiles,
parce que sémantiques : les appropriations du candidat, puis du président,
Guy Môquet, Léon Blum. Ils illustrent en fait une même manière, chez Nicolas
Sarkozy, de croire qu’il connaît tellement à fond un sujet ou un dossier que
nul inventaire n’est plus nécessaire, que seuls la refonte, le bouleversement
seront efficaces. En cela, il tranchera – s’il réussit – sur tous les fondateurs
dans notre histoire nationale, qui sans exception, même quand ils paraissaient
en rupture, ne l’étaient que vis-à-vis d’un désordre momentané, et au contraire
s’appuyaient sur le legs et l’expérience d’œuvres ou d’institutions
éprouvées : le Premier consul, le maréchal Pétain, le général de Gaulle à
l’évidence. Les antécédents – en méthode et en liberté d’examen – que
pourraient constituer Pierre Mendès France et Valéry Giscard d’Estaing,
curieusement ou signficativement, ne sont pas invoqués. Ils donneraient
pourtant du ressort, et une certaine profondeur dans notre histoire
contemporaine.
Le défaut
principal de cette méthode est que le discours présidentiel – comme ses trois
derniers livres – recèle des gemmes d’un grand intérêt, et originaux. Il n’en est pas tenu compte par ceux qui
maintenant tiennent sa plume. L’essentiel, porteur – peut-être – d’un
consensus, pas forcé, pas requis mais fait d’un consentement éclairé de
l’opinion à une pensée mûrie et propre de l’élu national, n’apparaît pas. Ou
pas assez nettement.
4° des sujets
d’inquiétude
Le referendum sur le projet de traité
portant Constitution pour l’Europe – négatif chez nous et aux Pays-Bas – n’a
curieusement donné lieu à une aucune concertation entre les deux gouvernements
ni sous Jacques Chirac ni depuis le début du nouveau quinquennat. Il était bon
que la question des institutions soit ressaisie, mais le prix est élevé. Mise
hors champ de la déclaration des droits fondamentaux, concessions à la Pologne
sur les droits de vote qui s’apparentent en probable pérennité au
« chèque » britannique de 1984, implicites seulement les grands
symboles européens. En regard, la perspective d’une réintégration de la France
dans l’O.T.A.N. consolidant la tendance à une défense atlantique de l’Europe et
non à une défense propre. Toujours pas d’ouverture à l’opinion européenne en
tant que telle par le referendum européen et par l’élection du président du
conseil au suffrage direct. Surtout, la lecture – positive – de l’expression de
l’opinion publique à l’occasion du referendum de 2005 n’a pas été faite [4].
Or, l’Europe ne progressera que portée par les opinions. L’huis-clos des
gouvernements n’est ni imaginatif, ni contagieux, il ne construit pas une
identité commune.
L’ambiance de la présidence qui s’est
inaugurée, sera commandée par la reprise d’une croissance économique
appréciable, d’elle tout dépend, l’équilibre des comptes, la diminution du
chômage Malheureusement, elle paraît peu
probable. Une reprise, compte tenu de la quasi-disparition de notre outil de
production, creusera le déficit commercial. Une « injection de pouvoir
d’achat » ne sera pas tolérée, tant que nos engagements pour 2010 n’auront
pas été honorés ; ce n’est pas la Banque centrale européenne qui nous
empêchera, mais l’Allemagne. Le pari de faire revenir les « riches »
à une domicilation nationale a été articulé avec un « paquet
fiscal », budgétairement lourd, politiquement aussi puisque le Président
doit donner à ceux qu’il vise les gages de Mowgli dans la jungle (nous sommes du
même sang, toi et moi) ; la propension à investir est-elle fonction de la
fiscalité personnelle ? la propension à embaucher est-elle fonction de la
facilité à légaliser pour licencier ? la détérioration de l’outil
hospitalier n’alourdira-t-elle pas les comptes sociaux ?
Le pétrole à 80 ou 100 dollars, les aléas
climatiques déterminant des pénuries agro-alimentaires accentuent les
imprévisibilités de toute politique économique. Les réformes sociales vont à
l’encontre d’une augmentation de pouvoir d’achat.
Le traitement
de l’immigration est davantage question d’ambiance que de législation. Ce sur
quoi Nicolas Sarkozy s’est fait élire fait soupçonner d »’arrière-pensées
ou de tendances peu humanistes des mesures qui, prises par d’autres, seraient
de bon sens tel que l’exigence d’une pratique culturelle (et pas tant
linguistique) suffisante du pays où l’on veut se faire accueilli, voire le
contrôle de la véracité des pétitions de regroupement familial. Nous sommes au
banquet de Malthus quelle que soit l’énergie qui sera déployée pour dissuader
les intrus. Le comportement intégrant les nouveaux venus et en faisant des
apports positifs pour notre communauté nationale s’enseigne par le comportement
des gouvernants et des législateurs. Le citoyen quotidien ne peut être, par
lui-même, meilleur que ceux qui l’exhortent, sauf alors à prendre le parti des
persécutés. C’est cet engrenage improductif pour l’ordre public et désastreux
pour notre image internationale qu’il faut éviter. Les moyens n’en sont pas
pris, ces jours-ci.
Le
ressassement médiatique depuis l’élection présidentielle et jusqu’aux premières
inversions de tendance dans les sondages d’opinion est moins inquiétant pour ce
qu’il a – ridiculement – propagé en image forcée du couple présidentiel plus
encore que du style et de la manière de travailler de Nicolas Sarkozy (on ne la
connaît pas vraiment car cette manière ne peut se résumer) – que pour ce qu’il
occulte. Le financement de la presse et le « bouclage » de certains
lieux donnent à penser que tout ne se
dit pas. Les épisodes de la gare du Nord, des incidents de banlieue le laissent
supposer, mais faute de témoins directs, que savoir ? si ce n’est pas
publié.
L’étouffement
des « affaires » concernant le président en début de mandat a déjà eu
cours en 1995, il s’agissait aussi d’appartements mais le fond était autre.
C’est Clearstream qui inquiète, trop de thèses, trop de rumeurs, trop
d’amateurisme ? ou un montage éminemment professionnel pour faire valoir
qui ? ou protéger qui ? Jacques Chirac et Dominique de Villepin qui
auraient cherché à détruire Nicolas Sarkozy dans l’opinion ? ou bien le
ministre des Affaires étrangères, puis le Premier ministre défendant un
patrimoine industriel contre un fils de famille ? Il faut que le pouvoir
inspire soit le non-lieu général (de même que pour le prestige, même à titre
rétrospectif, de la fonction, on y sera acculé pour tout le passé d’un ancien
Président de la République), soit l’élucidation sans ménagement de toute la
vérité, y compris de l’exploitation qui a été faite par la ou les victimes
supposées de la calomnie. Dominique Strauss-Kahn s’est porté partie civile dans
l’affaire presque en même temps que Nicolas Sarkozy. Le pourrissement est
dangereux, en politique intérieure et pour notre image internationale.
L’ensemble est
en cercle fermé : des commissions, des lettres de mission, des contrôles
et des évaluations par le Président de la République, les élections municipales
d’avance réputées sans signification nationale, une révision constitutionnelle
– peut-être d’une substance telle que l’on aura changé de numéro dans la
succession des formes républicaines – sans consultation populaire.
La manière
personnalisante du Président de la République amène aussi les partenaires de
jeu à se concentrer sur Nicolas Sarkozy au lieu du sujet. La trop rapide
mobilisation syndicale, à la suite du discours dans les locaux du Sénat – et
non pas au Sénat – décribilise les chefs et même celui de l’Etat, responsable –
par son arbitrage – de toute l’atmosphère du pays. Arbitrage… concept et
pratique qui demandent une circonspection et une maturité dans la réflexion et
dans le comportement, que les Français – encore plus que l’activité – attendent
de leur élu quand ils le magnifient en substitut de nos rois. Georges Pompidou
en frappait la médaille commémorative dans son livre posthume. La justice,
comme résultat. Nicolas Sarkozy le sent, le dit parfois mais que de
scories ! pour ce joyau.
disponibles par courriel sur demande :
15 notes sur la campagne et l’élection présidentielles,
rédigées du 12 Novembre 2006 au 8 Mai 2007
journal réfléchi
14 . 20 Mai 2007
Le point de départ
Les commencements
Les contradictions inévitables
Les lacunes institutionnelles
25 Mai 2007
Quelques « grilles de lecture »
Le pouvoir personnel ou « l’homme d’une nation » ?
La sécurité (du pouvoir)
Le concret, le terrain, les urgences : qu’est-ce à dire et à
faire ?
31 Mai . 5 Juin 2007
Nouvelle génération et antécédents consensuels
Une périlleuse prétention
La probation diplomatique
La quadrature du cercle ?
15 . 16 Juin 2007
La manière du candidat ne peut être celle du président de la République
La démocratie de gouvernement
Les débuts de « l’action »
17 . 24 Juin 2007
Déblais…
Une claire distribution des rôles et des stratégies, au pouvoir et dans
l’opposition
La fausse obligation de hâte
Le mode de scrutin pour désigner les députés l’Assemblée Nationale est-il adapté ?
6 . 10 Juillet & 12 Septembre 2007
Notre pays, notre temps, notre monde – banalités ?
Notre pays, notre temps, notre monde – ce qui change
Les paradoxes qui demeurent
Les précédents ne valent que pris dans la période Cinquième République
Concept et pratique de la carrière politique - Logique républicaine et
accélération des dévoiements
Difficulté de l’émergence d’une nouvelle éthique des grands patrons
français
[1] - lettre personnalisée
reçue du président de la République, et datée du 31 juillet 2007 pour répondre
à mes observations sur nos institutions et la démocratie gouvernementale
[2] - AFP évoque en sources,
ler cas échéant, « le secrétariat de la première dame de France »
[3] - François Fillon – La France peut supporter la vérité (Albin Michel . Octobre 2006 . 268 pages)
[4] - « Franchement, je
préfère voir la France première pour la ratification, que la France isolée par
son refus » assure le président de la République aux ambassadeurs réunis
le 27 Juillet dernier. Quelle France ? celle du gouvernement, ou celle de
l’opinion générale ?
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