Election
présidentielle 2007
observations
& réflexions
XV
Evidemment, le
face-à-face de mercredi 2 mai. J’ai le souvenir de ceux mettant aux prises
François Mitterrand avec Valéry Giscard d’Estaing, l’effet de nouveauté en
1974, la crainte que mon champion ne tienne pas en 1981 : c’est de
l’affèteie, Monsieur Giscard d’Estaing, quand le président sortant teste le
compétiteur sur la parité franc-mark… que FM consent à lâcher, et qui est
heureusement la bonne. Dispute du même genre mercredi sur le numéro de
génération de l’EPR, ce qui est manifestement une question de lecture de
fiches-mémo. à partir certainement de la même note administrative. L’E.N.A.
même si Sarkzy n’en a pas été, a tout imprégné, l’information n’est pas
réflexion et discussion, elle est collation. En revanche, du duel François
Mitterrand, devenu président sortant, avec Jacques Chirac, Premier ministre,
l’image du « les yeux dans les yeux »… très probablement, une
sincérité égale de part et d’autre, ce qui est rare dans ce genre de jeu, mais
une application à un objet différent. Parlant la même langue, luttant pour le
même pouvoir, devant un même parterre, on sent dans ces dialogues les moments
où chacun accepterait d’abandonner un peu pour l’unisson, mais s’en garde car
ce serait perdre. Qu’en est-il dans une conversation « au bord du
gouffre » ? entre adversaires, représentant des pays, des intérêts,
une civilisation qui s’opposent ? La vérité est que ce genre d’entretien
n’existe plus, et que quand il a lieu, une bonne partie de la rencontre est
faite. La leçon des années 1930 à 1960 a porté. La génération qui arrive au
pouvoir n’a pas idée de ce que ce fut. L’époque où les images de guerre
n’étaient pas l’Irak ou le Dargfour, loin et la faute aux autres, mais nous en
Indochine, en Algérie, à Suez. Tort ou raison, mon pays ? c’était mon
pays, ce fut notre histoire. Elle nous tendait et je crois nous unissait.
Aujourd’hui, somme toute, on ne parle plus que de bouffe, même s’il est
dramatique que les uns aient si peu, et les autres – rares – tant pour se
gaver.
La France n’est plus perplexe,
elle n’est pas lassée sauf à quitter en cours d’émission le débat des deux
candidats, mercredi soir. Beaucoup d’absents : les précédents présidents,
du fondateur au sortant
1° Rassemblements ou
démarches individuelles ?
A mesure de la
campagne, le débat n’a plus été de programme ou d’analyse – et l’échec de
François Bayrou relativement à la possibilité qui parut la sienne, quelques
semaines, d’être placé au second tour, l’a montré – mais un choix de personnes.
Les deux candidats du 6 Mai l’ont chacun voulu. Ségolène Royal a proposé aux
militants socialistes une autre chance de l’emporter, puisqu’il semble que le
« rapport droite/gauche » dans le pays soit défavorable
structurellement à la gauche. Ce qui oblige toute stratégie de gauche à être de
rassemblement tandis que la droite peut de plus en plus pratiquer une tactique
d’identité. Naguère, la gauche pour la gauche, aujourd’hui la droite pour la
droite. Ce qui ne veut pas dire qu’il y ait un centre, pas seulement parce que
les fonctionnements institutiuonnels et les procédures électorales ne s’y
prêtent pas, mais parce que le consensus ignore aussi bien le clivage
droite/gauche, opposition/majorité, que le centre. Il n’y a pas un programme du
centre, il y a une aspiration à ce que des solutions non étiquetées,
généralement connues de tous, soient appliquées sans droit d’auteur ni prisme.
S’il n’y a
plus de programme et pas de position sur
l’ « échiquier politique » (expression qui n’est plus courante
et que je préfère pourtant à celle de la « scène politique »), le choix est d’application et donc de
personne. Ségolène Royal a donc proposé « la France présidente »,
pas seulement place aux femmes, mais une liberté vis-à-vis des dossiers et des
habitudes, des entourages et des appareils qu’une femme peut, selon elle et
selon beaucoup, affirmer plus aisément. Il n’est pas jusqu’à son statut
matrimonial – qui eut naguère été un handicap – qui ne la serve aujourd’hui,
une majorité des Français de sa génération ou plus jeune, ne vit pas en
mariage, mais en compagnonnage ou en foyers recomposés (comme on dit) :
près de la moitié des Français naissent aujourd’hui hors mariage. Ségolène
Royal incarne une nouvelle manière de vivre le couple. Nicolas Sarkozy, avec
des mariages successifs et le souhait d’aficher celui du moment, est au
contraire des générations et convenances précédentes. Toute la campagne de
Ségolène Royal a été d’affirmer cette liberté, ce qui était surtout sa manière
de dire qu’en l’élisant, on ne ramènerait pas au pouvoir les
« éléphants » du Parti socialiste : le conseil stratégique de la
m-Février a été aussitôt ramené en coulisses, il n’était guère utile, et
l’ « effet Eric Besson » qui est certainement de librairie, a
été sans impact par le ralliement de son auteur à Nicolas Sarkozy, d’une
manière guignolesque. Mais la curiosité sur ce qu’est « réellement »
la candidate de la gauche indique bien que l’élection en cours est celle d’une
personnalité. Nicolas Sarkozy l’a voulu ainsi, faisant de ses propres
paramètres – et non d’une expérience ou d’un programme – le vecteur de son
succès : une figure d’énergie et de convictions, très chiraquienne de
présentation, quoique se disant d’abord par opposition au modèle. Mêmes
traits mais pour s’opposer. Contradiction apparente qui a été acceptée et même
plébiscitée, tant par les électeurs de toute la droite que par la
« victime » - Jacques Chirac jusqu’aux derniers mois pouvait encore
stopper ou beaucoup gêner le ministre de l’Intérieur, en ne s’y prenant que par
le prétexte de l’affaire Clearstream, il a perdu et sa chance et celle d’un
Premier ministre placé tout exprès en ultime rival du candidat.
Ségolène Royal
a donc fait d’elle-même l’instrument pour gagner les voix qui manquent à la
gauche. Sans doute, être femme en fait-il gagner par solidarité féminine, mais
en perdre aussi, pas seulement chez les hommes. Et Nicolas Sarkozy en forçant
son trait, en ne se démentant jamais, en chargeant tout ce qu’il a parfois
improvisé en ambiance (la « racaille »), a transformé l’élection en
combat contre lui : no
pasaran !
Le débat du mercredi 2 mai était donc
essentiel, tout différent des précédents. Il ne pouvait plus être des
comparaisons de programmes ou des « débats d’idées », ceux-ci ne
seraient plus que des prétextes, puisqu’il faut bien un sujet, pourquoi ne pas
parler politique ? Il devait être et fut une comparaison offerte aux
téléspectateurs – les journalistes, très vieillis et trop habituels, rituels,
furent aussitôt dépassés, débordés et donc de médiocres spectateurs.
Comparaison de personnalités.
Je crois que l’un et l’autre des candidats
y ont chacun gagné.
Ségolène
Royal, dès la première heure de jeu, a apporté l’indispensable complément à son
portrait : femme libre, soit, la campagne et aussi les conversations dau
vu des résultats du premier tour l’ont prouvé, mais compétente, forte,
capable ? Combien en ont répandu le doute, à commencer chez ses amis
politiques. A l’écran, nous avons vu une femme au regard impératif, décisif
psychologiquement, nous avons entendu une personnalité forte et assurée dans ce
qu’elle a assimilé et mobilisant toute une expérience locale qui n’est pas dans
les automatismes et les pléthores financières des départements d’Ile-de-France,
sachant aussi appeler de mutliples références en soutien, asssociatives ou de
futurs homologues étrangers. En fait, un
chef d’Etat – femme, pour la première fois en France – est apparu. Très
supérieure à l’adversaire, pouvant mener les gens à la baguette et évidemment capable de libre
examen, retour à la pétition originelle, une femme aura d’autres réactions,
d’autres lignes de pensée, d’autres émotions pour diriger la politique du pays.
Mais dominé, Nicolas Sarkozy a remporté le
point qui sera peut-être décisif. Il ne faisait plus peur, recroqueveillé,
courbé sur son pupitre, cédant du temps de parole, puisque se répétant – son
livre Témoignage (dont j’ai dit la
force de conviction, si l’on ne se pose
aucune des questions qu’il ne soulève pas) – il n’avait plus rien à dire et
qu’un seul soutien, être libéré de cette emprise mentale, de cette obligation
dialectique de rendre des points et finalement d’admirer, comme François
Mitterrand en 1974 se dédoubla et se regarda perdre devant Valéry Giscard
d’Estaing. Or, pour beaucoup de Français, y compris dans la gauche
traditionnelle, pas forcément encline à s’identifier aux propositions et
surtout à la personnalité d’une femme telle qu’est Ségolène Royal, l’argument
de vote pour celle-ci était la peur inspirée par Nicolas Sarkozy : humble
et quasiment soumis. C’est de psychologie acquise depuis les grands modèles de
dictateurs des années 1930, les plus mégalomanes se ramassent quand ils n’ont
plus de public. Les tête-à-tête dans les pays communistes avaient toujours leur
galerie. Les régimes autoritaires ne tiennent plus dans le face-à-face. Ils
restent pourtant – personnages et systèmes – autoritaires. L’exercice télévisé
du mercredi 2 n’est pas l’exercice des fonctions présidentielles.
De façon trop adjacente, écrasée par la
démonstration des personnalités, il y a eu – ce qui s’avèrera probablement dès
les premiers mois du mandat – l’étonnante méconnaissance de grands dossiers,
chez Nicolas Sarkozy. Notamment en politique extérieure. Ce qui signifie que le
Quai d’Orsay sera plus encore que ces années-ci le cerveau et non l’instrument.
Or, une administration n’imagine pas : elle réduit les aspérités et les
individualités.
2° Les moyens
Pour Nicolas
Sarkozy, ce sont ceux de la continuité. Sans doute, évoque-t-il la limitation à
deux mandats l’exercice à venir des fonctions présidentielles, il se donne donc
dix ans. Implicitement, il récuse dissolution et referendum. Jacques Chirac a pratiqué
les deux, mais pour ne pas en tenir personnellement compte, abîmant tout et se
réduisant lui-même à l’impuissance. L’ancien ministre de l’Intérieur et
président du parti dominant aura la même méthode à l’Elysée que candidat depuis
la place Beauvau : par une politique ne donnant aucun choix, mais dont
l’excellence de fond satisfera par ses résultats, il convaincra, et obtiendra
donc une adhésion consensuelle. Cette méthode l’a déjà mené en tête du premier
tour et à éliminer, pour quelque temps, l’extrêmisme de droite en le reprenant
à un compte désormais gouvernemental. C’est la méthode autoritaire, elle a eu ses adeptes : la philosophie des
Lumières, Voltaire en tête, ont plébiscité le despotisme éclairé. Ce n’est pas
le fascisme, car la démocratie restera dans toutes ses formes, mais elle ne
sera plus première, le consentement n’est demandé qu’après coup. L’élection présidentielle est la confirmation
d’un pouvoir.
Pour Ségolène
Royal, dont les propositions et le calendrier sont explicites, la démocratie
est participative, le mouvement social est porteur et créatif, la négociation
sociale fait la loi sociale voire économique, sans elle pas de loi. On revient
à Rousseau et à ses théories. Elle ne sera vraiment à l’œuvre qu’à l’automne.
N’évoquant guère les élections législatives que son adversaire juge par avance
acquise au vainqueur du 6 Mai – pronostic que je ne partage pas, je crois au
contraire à une nouvelle manière des électeurs qui corrigeront et limiteront
les conséquences de leur choix de personne en envoyant à l’Assemblée nationale
une majorité capable d’infléchir les programmes et les projets pendant tout le
prochain mandat présidentiel…– Ségolène
Royal met la tête sur le billot en promettant un referendum sur les
institutions. C’est particulièrement courageux. De Gaulle expérimenta à ses
dépens ce genre d’exercice. Un referendum est gagné sur une question d’urgence
et les législatives en sont la traduction (deux cas d’école, l’automne de 1958
et celui de 1962). Que celles-ci soient antérieures et le referendum coalise
plusieurs expressions hostiles : celles, naturellement, de l’opposition mais
aussi celles des premiers adhérents que les débuts du mandat auront déçus,
enfin les opinions contraires au projet soumis (cas d’école : de Juin 1968
à Avril 1969). Cela fait beaucoup de monde. En disant et répétant qu’elle veut
fonder une Sixième République, Ségolène Royal – inconsciemment, ou avec une
habileté consommée, dont je crois qu’elle nous surprendra souvent si elle est
élue – répète et actualise de Gaulle (constatation et prophétie de Jean-Marcel
Jeanneney, ancien ministre du général, cf. pièce attachée). Elle est acculée,
pour la réforme du Sénat, à aller directement à l’article 11 de la Constitution (le
referendum sans débat parlementaire préalable) à quoi, fidèle à lui-même mais
se mettant aux mains de ses adversaires du R.P.R., François Mitterrand s’était
refusé l’été 1984. Elle ne peut l’emporter devant la coalition probable des non qu’en s’engageant personnellement à
fond, et en mettant les électeurs de Septembre 2007 au défi de se dédire face
aux électeurs de Mai 2007… Enfin, qu’elle supprime l’article 49-3 (un texte est
acquis à l’Assemblée Nationale s’il ne suscite pas une majorité contraire, ce
qui dispense de vérifier s’il en existe une sur le texte précis) ou qu’elle
contente les siens en n’y ayant pas recours tout le temps de son mandat (ce qui
est la solution car une telle disposition peut être décisivement utile si nous
revenons à des majorités moins acquises mécaniquement, notamment parce que la
représentation proportionnelle, souhaitable pour que le Parlement soit
davantage représentatif, aura été introduite), Ségolène Royal jouera à plein l’institution parlementaire.
Les deux
candidats ont eu ceci de commun en campagne et pendant leur débat, de ne pas mettre en avant l’outil pourtant
essentiel : le gouvernement. Il leur est, à chacu, prêté plusieurs
Premiers ministres possibles ; les noms sont à ra ppeler puisque la plupart seront oubliés après-demain, Ayrault,
Strauss-Kahn, voire François Bayrou pour Ségolène Royal et François Fillon ou
Jean-Louis Borloo pour Nicolas Sarkozy. Gaston Defferre en 1969 s’était par
avance engagé avec Pierre Mendès France sans y gagner une voix mais sans que ce
dernier perde un prestige devenu plus autorité morale que référence de
gouvernement. La conception des deux compétiteurs est – de fond – un régime
présidentiel, ouvert sur le débat, pour Ségolène Royal, fonctionnant selon le
seul critère des résultats pour Nicolas Sarkozy.
3° L’échéance la plus
importante
Le débat ayant
été – finalement – de personnes (il eût été de programme si François Bayrou
était parvenu au second tour et plus encore au ouvoir), les Français
s’acheminent vers le souhait d’une certaine conciliation, non entre eux, mais
entre candidats, équipes et partis. Ceux-ci en sont conscients puisque sur
beaucoup de points, l’unanimité se fait. Les
enjeux ne sont donc pas d’idées, mais de mise en application et de
fonctionnement. Donc, le Parlement et les relations du gouvernement avec
ses services. La place de l’Etat en France est moins une question de budget et
de remboursement de la dette, comme le ressasse la droite de maintenant, mais
certainement pas de Gaulle, qu’une question psychologique : chacun veut
que justice et dû lui soient rendus, ce qui suppose des outils impartiaux,
désintéressés. Il faut un contrôle, il ne peut être qu’en raison de règles et
selon des examinateurs élus, donc le Parlement. La vraie réforme est là, elle
n’est pas économique, elle est d’organisation.
Evoquer la
démocratie sociale est certainement avoir entendu deux pétitions. La première
est générale à tout le monde salarié, la faiblesse de la syndicalisation, le
peu de symbiose entre les comités d’entreprise et la direction réelle des
entreprises. La participation n’est pas un intéressement aux résultats, elle
est de contribuer aux stratégies. Le patronat, dont l’image se ternit autant
par les indemnités de départ de certains dirigeants que par des erreurs
catastrophiques de gestion et de prévision, peut trouver avantage à un partage
de délibération avec le personnel si celui-ci est totalement représenté. Les
candidats en sont d’accord. La seconde pétition porte sur la manière de
légiférer. Les candidats pourraient s’accorder sur la nature-même de la loi qui
dans beaucoup de domaines, ne doit pas innover mais consacrer et régulariser :
l’expression de la volonté générale, Rousseau et la Révolution, et non plus
le conseil du roi. Ce qui revient à cette « refondation sociale », explicitement
souhaitée par les organisations patronales depuis dix ans et à une réforme du
Sénat que la France
républicaine cherche depuis cent trente ans. De bonne foi, la droite n’a pas à
s’y opposer.
Les élections
législatives vont avoir deux fonctions, mais une seule signification.
Vont-elles se découpler de l’élection présidentielle et ne pas la
reproduire ? Si oui, elles devraient, au choix des électeurs, soit changer
– bien avant le referendum convenu par Ségolène Royal si elle l’emporte – nos
fonctionnements institutionnels, en introduisant en force à l’Assemblée
nationale, la formation de François Bayrou, ce qui modifiera presque tout le
jeu parlementaire et produira des majorités selon les sujets et non selon le
président de la République,
soit contrôler l’élu(e) du 6 Mai. Corriger le programme de Ségolène Royal ou
contenir la personnalité de Nicolas Sarkozy. Empêcher un programme social
avancé ? prévenir le « syndrome de Weimar » ?
Reste la
question du mode de scrutin et de la représentativité de la prochaine
Assemblée. C’est une question de régime, étant désormais acquis que le
président de la République,
surtout s’il met en cause son mandat devant le peuple appelé à trancher, a les
moyens d’en imposer au Parlement qu’il peut toujours dissoudre. Peut-on faire élire la prochaine Assemblée selon un
nouveau mode de scrutin, comme il est souhaité presque de tous côtés ? A-t-on
le temps d’une réforme ? tout de suite.
J’ai cru – et
écrit (note précédente – n° 14) qu’il
serait
possible que l'élu(e) du 6 Mai convoque immédiatement l'Assemblée sortante en
session extraordinaire. Le régime électoral (depuis le remplacement en 1986 de
la loi de 1985 ayant établi la proportionnelle) est du domaine de la loi simple
(article L 123 du Code électoral résultant de la loi du 11 Juillet 1986), donc pas d’exigence de majorité qualifiée
(de même pour le découpage des circonscriptions, François Mitterrand ayant
refusé de signer toute ordonnance - en revanche, la durée de cinq ans résulte
résulte de la loi organique et non de la Constitution), pas de
délais appréciables non plus. Si a réforme du mode de scrutin est adoptée dans
les mêmes termes par le Sénat, la chose peut-être bouclée dans une semaine. C’eût
été le défi de François Bayrou, dès son entrée à l’Elysée. C’aurait pu être la
mise au pied du mur de Nicolas Sarkozy, promettant aux électeurs de François
Bayrou et de Jean-Marie Le Pen, la réforme immédiate et non pas reportée aux
élections de 2012… Seule Ségolène Royal ne pourrait rien faire, puisque dans
l’Assemblée sortante, elle n’a pas la majorité. Le scrutin est fixé pour se
tenir les 10 et 17 juin prochains. Curieusement, le décret de convocation a été
pris le 24 avril, soit après le premier tour, comme s'il avait été attendu
d'évaluer le résultat pour fixer les choses au plus loin possible. En 2002, le
scrutin avait eu lieu les 9 et 16 Juin.
Deux
objections, l’une à laquelle on pourrait passer outre. Politiquement, les
électeurs et les candidats ne peuvent guère attendre la veille du scrutin pour
savoir sur quel pied danser, mais en même temps une promesse pour 2012 n'en est
pas une. L’autre est dirimante, et je m’étais donc avancé à tort.. Selon l'article L0 121 du Code électoral " les pouvoirs de l'Assemblée nationale expirent le premier mardi d'avril
de la cinquième année qui suit son élection ". Donc, rien à faire,
l'Assemblée est sans pouvoir depuis déjà près d'un mois... Ce qui pose cependant un problème vrai, tant
la coincidence subitement voulue (et nonobstant la possibilité d'une
dissolution de l'Assemblée en cours de mandat présidentiel) entre le
quinquennat présidentiel et le quinquennat législatif a été bâclée. Il est en
effet dangereux d'être dans l'impossiblité de légiférer pendant deux mois et
demi, sauf mise en oeuvre de l'article 16... entre les mains du nouvel élu.
Cette lacune sera à combler, je crois. Dans le même ordre d’idées, mais pour la
sécurité des fins de mandat, en limiter le nombre pour le président sortant est
dangereux. La campagne pour sa succession commencera dès sa rééelection et
commandera tout son second quinquennat. Si le pays, à l’heure dite, était en
crise, il serait privé d’une autorité morale et d’une expérience – peut-être.
Après douze
ans de présidence de Jacques Chirac – une présidence aussi désirée par celui-ci
que par ses partisans, intensité qui modèle maintenant Nicolas Sarkozy :
son dernier argument lors du débat du 2, « c’est un choix de
vie, un don de soi, je me suis préparé à ce rendez-vous » - quelle est la présence du président sortant
de quarante ans de vie publique, le plus souvent au premier plan ?
BFF
– 5 V 07
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