lundi 3 mars 2014

archives pour le vécu de notre histoire immédiate - 5 Mai 2007



Election présidentielle 2007

observations & réflexions

XV


Evidemment, le face-à-face de mercredi 2 mai. J’ai le souvenir de ceux mettant aux prises François Mitterrand avec Valéry Giscard d’Estaing, l’effet de nouveauté en 1974, la crainte que mon champion ne tienne pas en 1981 : c’est de l’affèteie, Monsieur Giscard d’Estaing, quand le président sortant teste le compétiteur sur la parité franc-mark… que FM consent à lâcher, et qui est heureusement la bonne. Dispute du même genre mercredi sur le numéro de génération de l’EPR, ce qui est manifestement une question de lecture de fiches-mémo. à partir certainement de la même note administrative. L’E.N.A. même si Sarkzy n’en a pas été, a tout imprégné, l’information n’est pas réflexion et discussion, elle est collation. En revanche, du duel François Mitterrand, devenu président sortant, avec Jacques Chirac, Premier ministre, l’image du « les yeux dans les yeux »… très probablement, une sincérité égale de part et d’autre, ce qui est rare dans ce genre de jeu, mais une application à un objet différent. Parlant la même langue, luttant pour le même pouvoir, devant un même parterre, on sent dans ces dialogues les moments où chacun accepterait d’abandonner un peu pour l’unisson, mais s’en garde car ce serait perdre. Qu’en est-il dans une conversation « au bord du gouffre » ? entre adversaires, représentant des pays, des intérêts, une civilisation qui s’opposent ? La vérité est que ce genre d’entretien n’existe plus, et que quand il a lieu, une bonne partie de la rencontre est faite. La leçon des années 1930 à 1960 a porté. La génération qui arrive au pouvoir n’a pas idée de ce que ce fut. L’époque où les images de guerre n’étaient pas l’Irak ou le Dargfour, loin et la faute aux autres, mais nous en Indochine, en Algérie, à Suez. Tort ou raison, mon pays ? c’était mon pays, ce fut notre histoire. Elle nous tendait et je crois nous unissait. Aujourd’hui, somme toute, on ne parle plus que de bouffe, même s’il est dramatique que les uns aient si peu, et les autres – rares – tant pour se gaver.

La France n’est plus perplexe, elle n’est pas lassée sauf à quitter en cours d’émission le débat des deux candidats, mercredi soir. Beaucoup d’absents : les précédents présidents, du fondateur au sortant

     Rassemblements ou démarches individuelles ?

A mesure de la campagne, le débat n’a plus été de programme ou d’analyse – et l’échec de François Bayrou relativement à la possibilité qui parut la sienne, quelques semaines, d’être placé au second tour, l’a montré – mais un choix de personnes. Les deux candidats du 6 Mai l’ont chacun voulu. Ségolène Royal a proposé aux militants socialistes une autre chance de l’emporter, puisqu’il semble que le « rapport droite/gauche » dans le pays soit défavorable structurellement à la gauche. Ce qui oblige toute stratégie de gauche à être de rassemblement tandis que la droite peut de plus en plus pratiquer une tactique d’identité. Naguère, la gauche pour la gauche, aujourd’hui la droite pour la droite. Ce qui ne veut pas dire qu’il y ait un centre, pas seulement parce que les fonctionnements institutiuonnels et les procédures électorales ne s’y prêtent pas, mais parce que le consensus ignore aussi bien le clivage droite/gauche, opposition/majorité, que le centre. Il n’y a pas un programme du centre, il y a une aspiration à ce que des solutions non étiquetées, généralement connues de tous, soient appliquées sans droit d’auteur ni prisme.

S’il n’y a plus de programme et pas de position sur l’ « échiquier politique » (expression qui n’est plus courante et que je préfère pourtant à celle de la « scène politique »), le choix est d’application et donc de personne. Ségolène Royal a donc proposé « la France présidente », pas seulement place aux femmes, mais une liberté vis-à-vis des dossiers et des habitudes, des entourages et des appareils qu’une femme peut, selon elle et selon beaucoup, affirmer plus aisément. Il n’est pas jusqu’à son statut matrimonial – qui eut naguère été un handicap – qui ne la serve aujourd’hui, une majorité des Français de sa génération ou plus jeune, ne vit pas en mariage, mais en compagnonnage ou en foyers recomposés (comme on dit) : près de la moitié des Français naissent aujourd’hui hors mariage. Ségolène Royal incarne une nouvelle manière de vivre le couple. Nicolas Sarkozy, avec des mariages successifs et le souhait d’aficher celui du moment, est au contraire des générations et convenances précédentes. Toute la campagne de Ségolène Royal a été d’affirmer cette liberté, ce qui était surtout sa manière de dire qu’en l’élisant, on ne ramènerait pas au pouvoir les « éléphants » du Parti socialiste : le conseil stratégique de la m-Février a été aussitôt ramené en coulisses, il n’était guère utile, et l’ « effet Eric Besson » qui est certainement de librairie, a été sans impact par le ralliement de son auteur à Nicolas Sarkozy, d’une manière guignolesque. Mais la curiosité sur ce qu’est « réellement » la candidate de la gauche indique bien que l’élection en cours est celle d’une personnalité. Nicolas Sarkozy l’a voulu ainsi, faisant de ses propres paramètres – et non d’une expérience ou d’un programme – le vecteur de son succès : une figure d’énergie et de convictions, très chiraquienne de présentation, quoique se disant d’abord par opposition au modèle. Mêmes traits mais pour s’opposer. Contradiction apparente qui a été acceptée et même plébiscitée, tant par les électeurs de toute la droite que par la « victime » - Jacques Chirac jusqu’aux derniers mois pouvait encore stopper ou beaucoup gêner le ministre de l’Intérieur, en ne s’y prenant que par le prétexte de l’affaire Clearstream, il a perdu et sa chance et celle d’un Premier ministre placé tout exprès en ultime rival du candidat.

Ségolène Royal a donc fait d’elle-même l’instrument pour gagner les voix qui manquent à la gauche. Sans doute, être femme en fait-il gagner par solidarité féminine, mais en perdre aussi, pas seulement chez les hommes. Et Nicolas Sarkozy en forçant son trait, en ne se démentant jamais, en chargeant tout ce qu’il a parfois improvisé en ambiance (la « racaille »), a transformé l’élection en combat contre lui : no pasaran !

Le débat du mercredi 2 mai était donc essentiel, tout différent des précédents. Il ne pouvait plus être des comparaisons de programmes ou des « débats d’idées », ceux-ci ne seraient plus que des prétextes, puisqu’il faut bien un sujet, pourquoi ne pas parler politique ? Il devait être et fut une comparaison offerte aux téléspectateurs – les journalistes, très vieillis et trop habituels, rituels, furent aussitôt dépassés, débordés et donc de médiocres spectateurs. Comparaison de personnalités.
Je crois que l’un et l’autre des candidats y ont chacun gagné.
Ségolène Royal, dès la première heure de jeu, a apporté l’indispensable complément à son portrait : femme libre, soit, la campagne et aussi les conversations dau vu des résultats du premier tour l’ont prouvé, mais compétente, forte, capable ? Combien en ont répandu le doute, à commencer chez ses amis politiques. A l’écran, nous avons vu une femme au regard impératif, décisif psychologiquement, nous avons entendu une personnalité forte et assurée dans ce qu’elle a assimilé et mobilisant toute une expérience locale qui n’est pas dans les automatismes et les pléthores financières des départements d’Ile-de-France, sachant aussi appeler de mutliples références en soutien, asssociatives ou de futurs homologues étrangers. En fait, un chef d’Etat – femme, pour la première fois en France – est apparu. Très supérieure à l’adversaire, pouvant mener les gens  à la baguette et évidemment capable de libre examen, retour à la pétition originelle, une femme aura d’autres réactions, d’autres lignes de pensée, d’autres émotions pour diriger la politique du pays.

Mais dominé, Nicolas Sarkozy a remporté le point qui sera peut-être décisif. Il ne faisait plus peur, recroqueveillé, courbé sur son pupitre, cédant du temps de parole, puisque se répétant – son livre Témoignage (dont j’ai dit la force de conviction, si l’on ne  se pose aucune des questions qu’il ne soulève pas) – il n’avait plus rien à dire et qu’un seul soutien, être libéré de cette emprise mentale, de cette obligation dialectique de rendre des points et finalement d’admirer, comme François Mitterrand en 1974 se dédoubla et se regarda perdre devant Valéry Giscard d’Estaing. Or, pour beaucoup de Français, y compris dans la gauche traditionnelle, pas forcément encline à s’identifier aux propositions et surtout à la personnalité d’une femme telle qu’est Ségolène Royal, l’argument de vote pour celle-ci était la peur inspirée par Nicolas Sarkozy : humble et quasiment soumis. C’est de psychologie acquise depuis les grands modèles de dictateurs des années 1930, les plus mégalomanes se ramassent quand ils n’ont plus de public. Les tête-à-tête dans les pays communistes avaient toujours leur galerie. Les régimes autoritaires ne tiennent plus dans le face-à-face. Ils restent pourtant – personnages et systèmes – autoritaires. L’exercice télévisé du mercredi 2 n’est pas l’exercice des fonctions présidentielles.

 De façon trop adjacente, écrasée par la démonstration des personnalités, il y a eu – ce qui s’avèrera probablement dès les premiers mois du mandat – l’étonnante méconnaissance de grands dossiers, chez Nicolas Sarkozy. Notamment en politique extérieure. Ce qui signifie que le Quai d’Orsay sera plus encore que ces années-ci le cerveau et non l’instrument. Or, une administration n’imagine pas : elle réduit les aspérités et les individualités.


     Les moyens

Pour Nicolas Sarkozy, ce sont ceux de la continuité. Sans doute, évoque-t-il la limitation à deux mandats l’exercice à venir des fonctions présidentielles, il se donne donc dix ans. Implicitement, il récuse dissolution et referendum. Jacques Chirac a pratiqué les deux, mais pour ne pas en tenir personnellement compte, abîmant tout et se réduisant lui-même à l’impuissance. L’ancien ministre de l’Intérieur et président du parti dominant aura la même méthode à l’Elysée que candidat depuis la place Beauvau : par une politique ne donnant aucun choix, mais dont l’excellence de fond satisfera par ses résultats, il convaincra, et obtiendra donc une adhésion consensuelle. Cette méthode l’a déjà mené en tête du premier tour et à éliminer, pour quelque temps, l’extrêmisme de droite en le reprenant à un compte désormais gouvernemental. C’est la méthode autoritaire, elle a eu ses adeptes : la philosophie des Lumières, Voltaire en tête, ont plébiscité le despotisme éclairé. Ce n’est pas le fascisme, car la démocratie restera dans toutes ses formes, mais elle ne sera plus première, le consentement n’est demandé qu’après coup.  L’élection présidentielle est la confirmation d’un pouvoir.

Pour Ségolène Royal, dont les propositions et le calendrier sont explicites, la démocratie est participative, le mouvement social est porteur et créatif, la négociation sociale fait la loi sociale voire économique, sans elle pas de loi. On revient à Rousseau et à ses théories. Elle ne sera vraiment à l’œuvre qu’à l’automne. N’évoquant guère les élections législatives que son adversaire juge par avance acquise au vainqueur du 6 Mai – pronostic que je ne partage pas, je crois au contraire à une nouvelle manière des électeurs qui corrigeront et limiteront les conséquences de leur choix de personne en envoyant à l’Assemblée nationale une majorité capable d’infléchir les programmes et les projets pendant tout le prochain mandat présidentiel…– Ségolène Royal met la tête sur le billot en promettant un referendum sur les institutions. C’est particulièrement courageux. De Gaulle expérimenta à ses dépens ce genre d’exercice. Un referendum est gagné sur une question d’urgence et les législatives en sont la traduction (deux cas d’école, l’automne de 1958 et celui de 1962). Que celles-ci soient antérieures et le referendum coalise plusieurs expressions hostiles : celles, naturellement, de l’opposition mais aussi celles des premiers adhérents que les débuts du mandat auront déçus, enfin les opinions contraires au projet soumis (cas d’école : de Juin 1968 à Avril 1969). Cela fait beaucoup de monde. En disant et répétant qu’elle veut fonder une Sixième République, Ségolène Royal – inconsciemment, ou avec une habileté consommée, dont je crois qu’elle nous surprendra souvent si elle est élue – répète et actualise de Gaulle (constatation et prophétie de Jean-Marcel Jeanneney, ancien ministre du général, cf. pièce attachée). Elle est acculée, pour la réforme du Sénat, à aller directement à l’article 11 de la Constitution (le referendum sans débat parlementaire préalable) à quoi, fidèle à lui-même mais se mettant aux mains de ses adversaires du R.P.R., François Mitterrand s’était refusé l’été 1984. Elle ne peut l’emporter devant la coalition probable des non qu’en s’engageant personnellement à fond, et en mettant les électeurs de Septembre 2007 au défi de se dédire face aux électeurs de Mai 2007… Enfin, qu’elle supprime l’article 49-3 (un texte est acquis à l’Assemblée Nationale s’il ne suscite pas une majorité contraire, ce qui dispense de vérifier s’il en existe une sur le texte précis) ou qu’elle contente les siens en n’y ayant pas recours tout le temps de son mandat (ce qui est la solution car une telle disposition peut être décisivement utile si nous revenons à des majorités moins acquises mécaniquement, notamment parce que la représentation proportionnelle, souhaitable pour que le Parlement soit davantage représentatif, aura été introduite), Ségolène Royal jouera à plein l’institution parlementaire.

Les deux candidats ont eu ceci de commun en campagne et pendant leur débat, de ne pas mettre en avant l’outil pourtant essentiel : le gouvernement. Il leur est, à chacu, prêté plusieurs Premiers ministres possibles ; les noms sont à ra  ppeler puisque la plupart seront oubliés après-demain, Ayrault, Strauss-Kahn, voire François Bayrou pour Ségolène Royal et François Fillon ou Jean-Louis Borloo pour Nicolas Sarkozy. Gaston Defferre en 1969 s’était par avance engagé avec Pierre Mendès France sans y gagner une voix mais sans que ce dernier perde un prestige devenu plus autorité morale que référence de gouvernement. La conception des deux compétiteurs est – de fond – un régime présidentiel, ouvert sur le débat, pour Ségolène Royal, fonctionnant selon le seul critère des résultats pour Nicolas Sarkozy.



     L’échéance la plus importante

Le débat ayant été – finalement – de personnes (il eût été de programme si François Bayrou était parvenu au second tour et plus encore au ouvoir), les Français s’acheminent vers le souhait d’une certaine conciliation, non entre eux, mais entre candidats, équipes et partis. Ceux-ci en sont conscients puisque sur beaucoup de points, l’unanimité se fait. Les enjeux ne sont donc pas d’idées, mais de mise en application et de fonctionnement. Donc, le Parlement et les relations du gouvernement avec ses services. La place de l’Etat en France est moins une question de budget et de remboursement de la dette, comme le ressasse la droite de maintenant, mais certainement pas de Gaulle, qu’une question psychologique : chacun veut que justice et dû lui soient rendus, ce qui suppose des outils impartiaux, désintéressés. Il faut un contrôle, il ne peut être qu’en raison de règles et selon des examinateurs élus, donc le Parlement. La vraie réforme est là, elle n’est pas économique, elle est d’organisation.

Evoquer la démocratie sociale est certainement avoir entendu deux pétitions. La première est générale à tout le monde salarié, la faiblesse de la syndicalisation, le peu de symbiose entre les comités d’entreprise et la direction réelle des entreprises. La participation n’est pas un intéressement aux résultats, elle est de contribuer aux stratégies. Le patronat, dont l’image se ternit autant par les indemnités de départ de certains dirigeants que par des erreurs catastrophiques de gestion et de prévision, peut trouver avantage à un partage de délibération avec le personnel si celui-ci est totalement représenté. Les candidats en sont d’accord. La seconde pétition porte sur la manière de légiférer. Les candidats pourraient s’accorder sur la nature-même de la loi qui dans beaucoup de domaines, ne doit pas innover mais consacrer et régulariser : l’expression de la volonté générale, Rousseau et la Révolution, et non plus le conseil du roi. Ce qui revient à cette « refondation sociale », explicitement souhaitée par les organisations patronales depuis dix ans et à une réforme du Sénat que la France républicaine cherche depuis cent trente ans. De bonne foi, la droite n’a pas à s’y opposer.

Les élections législatives vont avoir deux fonctions, mais une seule signification. Vont-elles se découpler de l’élection présidentielle et ne pas la reproduire ? Si oui, elles devraient, au choix des électeurs, soit changer – bien avant le referendum convenu par Ségolène Royal si elle l’emporte – nos fonctionnements institutionnels, en introduisant en force à l’Assemblée nationale, la formation de François Bayrou, ce qui modifiera presque tout le jeu parlementaire et produira des majorités selon les sujets et non selon le président de la République, soit contrôler l’élu(e) du 6 Mai. Corriger le programme de Ségolène Royal ou contenir la personnalité de Nicolas Sarkozy. Empêcher un programme social avancé ? prévenir le « syndrome de Weimar » ?

Reste la question du mode de scrutin et de la représentativité de la prochaine Assemblée. C’est une question de régime, étant désormais acquis que le président de la République, surtout s’il met en cause son mandat devant le peuple appelé à trancher, a les moyens d’en imposer au Parlement qu’il peut toujours dissoudre. Peut-on  faire élire la prochaine Assemblée selon un nouveau mode de scrutin, comme il est souhaité presque de tous côtés ? A-t-on le temps d’une réforme ? tout de suite.

J’ai cru – et écrit (note précédente – n° 14) qu’il serait possible que l'élu(e) du 6 Mai convoque immédiatement l'Assemblée sortante en session extraordinaire. Le régime électoral (depuis le remplacement en 1986 de la loi de 1985 ayant établi la proportionnelle) est du domaine de la loi simple (article L 123 du Code électoral résultant de la loi du 11 Juillet 1986), donc pas d’exigence de majorité qualifiée (de même pour le découpage des circonscriptions, François Mitterrand ayant refusé de signer toute ordonnance - en revanche, la durée de cinq ans résulte résulte de la loi organique et non de la Constitution), pas de délais appréciables non plus. Si a réforme du mode de scrutin est adoptée dans les mêmes termes par le Sénat, la chose peut-être bouclée dans une semaine. C’eût été le défi de François Bayrou, dès son entrée à l’Elysée. C’aurait pu être la mise au pied du mur de Nicolas Sarkozy, promettant aux électeurs de François Bayrou et de Jean-Marie Le Pen, la réforme immédiate et non pas reportée aux élections de 2012… Seule Ségolène Royal ne pourrait rien faire, puisque dans l’Assemblée sortante, elle n’a pas la majorité. Le scrutin est fixé pour se tenir les 10 et 17 juin prochains. Curieusement, le décret de convocation a été pris le 24 avril, soit après le premier tour, comme s'il avait été attendu d'évaluer le résultat pour fixer les choses au plus loin possible. En 2002, le scrutin avait eu lieu les 9 et 16 Juin.

Deux objections, l’une à laquelle on pourrait passer outre. Politiquement, les électeurs et les candidats ne peuvent guère attendre la veille du scrutin pour savoir sur quel pied danser, mais en même temps une promesse pour 2012 n'en est pas une. L’autre est dirimante, et je m’étais donc avancé à tort.. Selon l'article L0 121 du Code électoral " les pouvoirs de l'Assemblée nationale expirent le premier mardi d'avril de la cinquième année qui suit son élection ". Donc, rien à faire, l'Assemblée est sans pouvoir depuis déjà près d'un mois...  Ce qui pose cependant un problème vrai, tant la coincidence subitement voulue (et nonobstant la possibilité d'une dissolution de l'Assemblée en cours de mandat présidentiel) entre le quinquennat présidentiel et le quinquennat législatif a été bâclée. Il est en effet dangereux d'être dans l'impossiblité de légiférer pendant deux mois et demi, sauf mise en oeuvre de l'article 16... entre les mains du nouvel élu. Cette lacune sera à combler, je crois. Dans le même ordre d’idées, mais pour la sécurité des fins de mandat, en limiter le nombre pour le président sortant est dangereux. La campagne pour sa succession commencera dès sa rééelection et commandera tout son second quinquennat. Si le pays, à l’heure dite, était en crise, il serait privé d’une autorité morale et d’une expérience – peut-être.

Après douze ans de présidence de Jacques Chirac – une présidence aussi désirée par celui-ci que par ses partisans, intensité qui modèle maintenant Nicolas Sarkozy : son dernier argument lors du débat du 2, «  c’est un choix de vie, un don de soi, je me suis préparé à ce rendez-vous » - quelle est la présence du président sortant de quarante ans de vie publique, le plus souvent au premier plan ?

                                                                                        BFF – 5 V 07




disponibles sur demande, les précédentes réflexions sur le même thème de l’élection de 2007

12 Novembre 2006
Le contexte : L’impuissance à plusieurs points de vue.
Les paradoxes
Les processus de candidatures et de programmes

20 Novembre 2006
Le choix et la manière socialistes
Les programmes
Les faux semblants
Interrogations en conclusion d’étape.

2 Décembre 2006
Les candidatures
Les procédés
Les absences

16 Décembre 2006
Les rôles-titres et les acteurs
L’électorat présumé
Les certitudes des Français en forme de questions
Quel contexte ?

2 Janvier 2007
Le naturel  des partis
Les clivages ne correspondent plus aux partis
Le métier fait les moeurs
L’élection présidentielle est à un tour

9 Février 2007
Les mises en campagne
Les modalités de la campagne présidentielle restent à inventer pour l'avenir
La politique extérieure est le vrai clivage, il n'est avoué en tant que tel par personne

18 Février 2007
L'opinion et les candidats
Les candidats et l'opinion
L'absence de choix en matière institutionnelle
Le mauvais énoncé de la question européenne
24.25 Février & 4 Mars 2007
Des certitudes négatives
De rares certitudes positives, mais qui sont sans doute la matrice d’un système nouveau
Apathie ou désespérance des électeurs ? ou médiocrité des acteurs ?
Quelque chose prendrait-il forme ?
Le monde, pendant ce temps-là…
Les résultats du capitalisme tel qu’il se pratique en français

9.11 Mars 2007
La campagne modifie peut-être la fonction présidentielle
La campagne révèle aussi bien notre vie politique intérieure que l’état de nos relations extérieures

13.15 Mars 2007
La refonte possible des institutions
Quel que soit l’élu, un président très différent de ses deux prédécesseurs
Effondrement de la gauche ou fin d’un clivage ?

17.23 Mars 2007
L’ordre de bataille
Le vote utile
Cristallisation d’image et psychopathie des prétendants
La démocratie émolliente ?

2.13 Avril 2007
Sensations de la campagne, notamment à la télévision
Le test de personnalité
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L’opinion des Français ?
Les scenarii pour le prochain mandat et notre avenir

19.20 Avril 2007
Quel challenge ?
Le contexte de la présente élection
Les buts de toute élection présidentielle
Les candidatures entre lesquelles choisir

27.28 Avril 2007
Les résultats
L’échec collectif possible
La suite n’est pas acquise
D’une élection présidentielle à l’autre

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