samedi 31 mai 2008

journal - vendredi 31 mai 1968

+ Vendredi 31 Mai 1968


17 h 05

- Réactions à la suite du discours du Général . hier
rien ne bouge côté CGT et PC . qui semblent choisir la légalité entre
début de reprise du travail . Peugeot le 4 Juin . PTT dans quelques villes
l’essence revient à Paris
Combat . qui se veut le porte-parole de la « révolution
authentique » . au-delà de CGT et PC qui la trahissent
admet que la victoire ne sera que pour après-demain .
et que de Gaulle a pris le pouvoir .
estime probable une majorité substantiellement accrue .

- Risque d’une réaction trop à droite .
et d’un oubli de la nécessité des réformes . et d’un changement
de style . : participation et mutation . restent plus nécessaires
que jamais .
Souhaitons que de Gaulle ne se laisse pas griser
pas plus que Pompidou . et que les réformes profondes . s’accomplissent au plus vite

Le ministère . dont on vient d’annoncer la composition est à cet égard
très décevant .
- pas d’élargissement politique .
il n’est composé que de fidèles . ou de l’UD V° ou des RI
- pas de grands noms . ou d’homme respecté . pour les 2 portefeuilles essentiels :
Education Nationale . et Affaires Sociales .
Ortoli est le technocrate . le type-même de ce qui est décrié .
à la Sorbonne . Schumann est généreux . mais fumeux . et brillant .
- pas propre à frapper l’opinion .
apparaît comme un ministère classique . nombreux . avec secrétaires d’Etat
à l’appui
au lieu d’un ministère peu nombreux . et de salut public .
Dommage que Pompidou ait abandonné l’Education Nationale .

Il est bien sûr difficile de nuancer l’appui que l’on accorde à de Gaulle
actuellement . mais il est nécessaire . que des mesures propres à frapper l’opinion
soient prises . qu’il n’y ait plus de ministres arrogants .

Le ministère est décevant .


-------

J’ai opté pour le redoublement .
J’aurai trop regretté de n’avoir pas tout fait pour avoir le Quai
(ou les Grands Corps) .
Mais . outre le travail acharné que je dois fournir – il me faut
m’intégrer à une promotion dont l’orientation m’est désagréable .

--------

21 h 05

Sentiment d’anxiété et de malaise
- le remaniement ministériel n’est pas à la hauteur de la situation .
en tout cas . il ne « parle » pas .
Répondrait à la situation .
Poujade . Education Nationale
Chirac . Affaires sociales
Intégration de Pleven . et de Centre démocrate
Cela se fera-t-il après les élections .
je le souhaite et l’espère

- il faudrait réaffirmer
- la volonté de réformes du régime
- que les réformes se feront avec la participation de tous .

- il faut à tout prix éviter d’accentuer une cassure de la France .

Espérons que de Gaulle et pompidou vont s’en rendre compte .
Je crois que de Gaulle a repris toutes les cartes .
Mais qu’il n’en abuse pas . pour le bien de la France .
Qu’il fasse les réformes .
Qu’il assure la participation .
- surtout à l’Université .
- et le droit syndical
Qu’il élargisse son équipe . vers Lecanuet . et des indépendants du
genre Pleven (c’est d’ailleurs nécessaire pour la Bretagne) .

Car le résultat de la crise sera peut-être
- risque d’une majorité « ultra » conservatrice
(que de Gaulle devra forcer à gauche)
- rien entre le gaullisme et le PC .
PMF et Mitterrand . ayant été balayés par la journée d’hier .
Il faut une alternative de gauche libérale au gaullisme .
soit que le PC se libéralise et se légalise encore
soit qu’il diminue . – ce qui est peu probable .

Autrement dit que de Gaulle profite de la « grâce »
qui lui est rendue . pour empêcher que des troubles plus graves
et vraiment irréparables . ne coulent à jamais la France .

-------

Surtout – pas de triomphalisme (ce qui est malheurusement une des
pentes naturelles du régime . surtout des sous-ordres)
- pas de réformes inspirées d’en haut .
Mais consultation . même si apparemment elle fait perdre du temps .

-------

a.s. remaniement . De Gaulle a « sanctionné » .
- Joxe . qui a manqué de sang-froid au début des événements
et « sacrifié » 2 ministres particulièrement impopulaires
- Fouchet et Frey

--------

Inquiétude & Certitudes - samedi 31 Mai 2008

Samedi 31 Mai 2008


Bernard Kouchner en Irak - un ministre différent même si ce n'est pas mon modèle

une politique extérieure cohérente - même si elle me déplaît en la forme et en son fond

une révision constitutionnelle qui n'a plus de père ni de fil conducteur que d'être une révision

conséquence de l'échec : le Parlement réexiste

conséquence du succès : à défaut de contrôle populaire, le contrôle parlementaire


Prier…[1] textes archi-connus, l’itinéraire de la Vierge, aussitôt en mouvement dès l’Annonciation, elle part vérifier ? ou elle part par affection pour sa cousine. L’important qu’elle part rapidement. Une jeune fille indépendante et autonome. Elle n’a pas parlé à Joseph, elle s’éloigne, refuge chez Elisabeth – ce serait dans nos mœurs de maintenant – le plus plausible et la bonne solution pour aviser : enceinte inopinément.Le texte ne dit pas non plus que Marie constate, au départ de l’ange, qu’elle est enceinte. Le diagnostic de grossesse est posé par celle que Marie visite et salue, et celui qu’elle porte en elle est idenifié et proclamé. Les deux femmes chantent un tiers, ne se concentrent pas sur leur gestation et leur propre attente, ni même sur la joie de se revoir l’une l’autre, elles chantent Dieu, le Seigneur, le créateur de tout, de leur enfant respectif et de l’histoire universelle. Comme pour les marxistes, l’histoire est forcément salvatrice. Mais au lieu de mettre les hommes à la remorque plus ou moins contrainte et instrumentée d’une dialectique éprouvée, l’histoire, selon les Ecritures, provient de noss origines et d’une initiative qui nous dépasse tout en nous laissant libres de consentir et d’agir. Voici le Dieu qui me sauve ; j’ai confiance, je n’ai plus de crainte. Ma force et mon chant, c’est le Seigneur : il est pour moi le salut. Notre attitude ne peut être que d’accompagnement de l’ouvrage divin : aux jours d’espérance, soyez dans la joie ; aux jours d’épreuve, tenez bon : priez avec persévérance. Quel que soit le paysage intérieur : la prière, la confiance.



Bernard Kouchner, pour la seconde fois en Irak. Prétexte, l’inauguration du nouveau consulat de France en Kurdistan irakien. Je dois reconnaître deux choses. D’une part, l’actuel ministre des Affaires étrangères, passant pour l’une des cautions de gauche du président de la République, alors qu’il n’a jamais été élu socialiste ni membre des instances dirigeantes rue de Solférino, donne à notre diplomatie un genre très inhabituel. Le ministre est peu à son bureau, beaucoup sur les points chauds. Il est certainement, depuis des années, celui qui passe dans les médias grand public le mieux et de façon œcuménique. Du fonctionnement du Quai d’Orsay et de nos ambassades, je ne sais que peu, et cela m’est particulier. En tout cas, l’homme sert bien Nicolas Sarkozy. Dans le même temps, les actes et déclarations de celui-ci ont la continuité et la cohérence qui font défaut en politique intérieure. Je suis en désaccord profond, fondamental avec ces actes et déclarations : le cavalier-seul, le court-circuit des gestations européennes, le rapprochement avec les Etats-Unis précisément sur ces « théâtres »-tests que sont l’Irak et l’Afghanistan. Et cette chaîne d’actes ne correspond à aucune perspective. Puisqu’en fait, le rapprochement franco-américain, à notre initiative, aura pour conséquence que la France ne se donne plus de perspectives en propre et adhère pour l’essentiel aux projections américaines, si incertaines soient-elles, quel que soit l’hôte de la Maison-Blanche. C’est une politique extérieure, quoiqu’elle me déplaise pour des raisons de fond et des raisons de forme. Les Républiques précédentes en ont eu la pratique, souvent honteuse. Celle de Nicolas Sarkozy est fière et se dit sur le ton du bon sens. Paradoxe, une politique solitaire ne fait pas notre indépendance, et le contre-pied de ce qui paraissait flou au candidat de l’U.M.P. dans la diplomatie de Jacques Chirac ne fait pas la clarté.

Mardi prochain, à l’Assemblée nationale, le vote en première lecture de l’ensemble de la révision constitutionnelle va présager les positions finales selon que des voix feront défection à l’U.M.P. et que le Parti socialiste acceptera globalement le texte ou non. En tout cas, ce texte n’est ni les discours d’Epinal, ni les rédactions du comité Balladur, ni même celui qu’a déposé François Fillon. Si la révision est manquée, les pouvoirs publics constitutionnels seront – par le fait-même – rééquilibrés. Le Parlement, par son refus, aura retrouvé un poids vis-à-vis de l’Elysée qu’aucune des retouches à la rédaction de Michel Debré ne lui aurait apporté.

Si tout ou partie du texte est finalement ratifié, faut-il persister dans un rappel à l’esprit originel de la Cinquième République, désormais complètement perdu de vue et n’ayant plus autant de bases dans la nouvelle rédaction ? esprit originel et logique du texte autant que du legs de la pratique du général de Gaulle que rappelait excellement Nicolas Dupont-Aignan, hier, à Parlons net sur France-Infos. Pas de pouvoir présidentiel sans sanction populaire de la responsabilité encourue. Je réfléchis que l’essentiel va devenir autre : s’il n’y a plus de contrôle populaire, sollicité spontanément comme moyen ultime de mobilisation des Français pour les grandes causes et sur les sujets difficiles, il faut un contrôle parlementaire. Donc, une séparation des pouvoirs exécutif et législatif, un Parlement que le président ne pourra maîtriser que par un parti à sa dévotion mais par aucun autre moyen, ni la dissolution ni les votes bloqués. Donc, un régime présidentiel forçant le président à négocier, avec ou sans truchement d’un Premier ministre. On en est proche et ce n’est pas très ragoûtant et cela ne donne pas lieu à de bonnes lois et à une sage révision constitutionnelle. Jamais sous la Cinquième République, un gouvernement n’a été aussi minoritaire à l’Assemblée nationale – dans les esprits, sinon déjà lors des scrutins.


[1] - Paul aux Romains XII 9 à 16 ; cantique d’Isaïe XII 2 à 6 passim ; évangile selon saint Luc I 39 à 56

vendredi 30 mai 2008

journal - jeudi 30 mai 1968 le soir

+ Jeudi 30 Mai 1968



23 h 45

Le vent a tourné .
De Gaulle a pris tous les risques . parlé . ordonné .
dit sa conviction que le peuple se ressaisirait .

Manifestation extraordinaire de 18 h à 21 h 30 .
de la Concorde aux Champs Elysées . pour de Gaulle .
Forêt de drapeaux tricolores . De la Madeleine et du Palais Bourbon
jusqu’à l’Etoile . noir de monde . Marseillaise sans arrêt .
Larmes aux yeux des manifestants .
On n’aurait jamais cru être si nombreux
et on avait eu peur de ne pas l’être .
Pompidou . très souvent cité dans les slogans .
« Pompidou courageux . Merci Pompidou . » etc.

Ovation et délire . devant des portraits de de Gaulle .
et quand est sortie l’édition de France Soir . portant en manchette
« De Gaulle : je reste . je garde Pompidou ».

Slogan « De Gaulle . c’est gagné ! »
Il est sûr que tout n’est pas joué.
Mais – le discours a été d’une clarté et d’une vigueur galvanisante
– la manifestation a transformé le parti de la crainte . en parti victorieux .
De Gaulle a repris la barre . et cela va se sentir .
Il faudra que les gens choisissent leur camp .

De Gaulle . rajeuni . retrempé . ayant décidé le combat .
L’œuvre de 10 ans . et toute sa vie . et les restaurations
Successives de la France . ne peuvent être brisés comme cela .

D’après MP . qui l’aurait entendu chez les M.
via la Préfecture de Police .
de Gaulle aurait hier conféré à Prague avec Kossyguine .
et lui aurait demandé de calmer « ses » syndicats .
sinon il faisait tirer dessus .
Ce n’est pas impossible .
Quelle extraordinaire journée que celle d’hier
Et avec les petits discours et les petites poignées de main
des deux moitiés de sauveur . PMF et Mitterrand . deviennent
riquiqui . à côté de cela .

Le PC est mis au pied du mur .
- la légalité . c’est-à-dire la reprise du travail .
et le combat sur le seul plan des élections et du referendum
- la subversion . c’est-à-dire le refus de la reprise du travail
donc le boycott des élections . donc le but avoué de la
prise du pouvoir par la force .
Il est probable qu’ils choisiront la légalité .
pour ne pas perdre le capital de sérieux et le brevet de démocratie
qu’ils étaient en train d’acquérir . Mais ils perdront les élections .

Et la fameuse révolution de Mai . aura été un
gigantesque qui perd gagne .
Et de Gaulle ayant presque touché l’abîme en ressortira
vainqueur éclatant .

Le désordre semble se généraliser en Allemagne .
Pourront-ils eux aussi faire front ?

------

Je suis très embarrassé sur le plan scolaire . professionnel .
Redoubler ou pas .
- redoubler . c’est remettre la boule dans la roulette .
donc récupérer une chance pour le Quai et peut-être les Grands Corps
mais – inconnu sur l’amélioration de mon rang
– inconnu sur l’avenir de l’Ecole
– inconnu sur l’avenir de la promotion 1967
- accepter de signer l’engagement de servir l’Etat
Je peux être attaché commercial - rémunération
- étranger
- pantouflage à 40 ans
ou aux Finances : - possibilité de traiter pbs internationaux
- éventuellement mobilité au Quai . et attaché financier .

Quid ?

--------

Inquiétude & Certitudes - vendredi 30 Mai 2008

Vendredi 30 Mai 2008
Sarkozy demandeur d'une majorité parlementaire
Les manifestants demandeurs de respect
Pour le maintien de l'actuel Premier secrétaire du Parti socialiste
Des policiers armés hors des heures de service
Les biens nationaux détournés
Fourniret et les Mauriac

Journal personnel de Mai 68 : matrice progressive d'aujourd'hui


Les oiseaux, aussi familiers que nos chiens. Un rouge-gorge pour son bain à heure fixe, une paire de moineaux entrant et allant aux gamelles des chiens et ressortant tranquillement. – Prier….le Sacré-Cœur de Jésus, la pluie des dévotions les plus spéciales… ou la prière de l’Eglise selon ses générations, découvrant et honorant des aspects, chaque fois nouveaux pour elle, mais immanents de toujours, dans le mystère de l’identité de Dieu ? peu importe les appellations ou, ce qui peut paraître auxtiers, des amulettes, il y a le face à face. Le cœur à cœur, précisément [1]. La comparaison affectionnée par l’Ancien Testament : le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. Comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint. Héritage reçu et très répandu par le Coran. Jean catégorique : Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. Ce n‘est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils… Dieu, maître d’amour. La mutuelle demeurance de l’homme en Dieu, l’amour, la foi au Fils, le Christ. L’attestation qui depuis longtemps m’a mis au paradoxe de la connaissance de Dieu par le chrétien. Jean qui a vêcu et pénétré autant qu’il était possible, du vivant terrestre du Christ, le mystère, la nature et la sensibilité de Celui-ci, écrit aussi bien : nous qui avons vu que Dieu personne ne l’a jamais vu. Echo de la réponse de Jésus à Philippe : et tu ne m’as jamais vu ? Paradoxe que nous vivons communément de cette vue-connaissance de l’autre, à la fois totale par instants (hors le temps et la chair, quoique dans la chair et dans le moment) et indicible, vue-connaissance qui est aussi l’amour de l’autre, le don à lui, la communion. Parfois avec des inconnus. Don divin que celui-là. Matthieu reproduit un autre de ces syllogismes, propres aux évangiles : nous ne connaissons chacune des personnes de la Trinité que par les deux autres, le Fils que par le Père, le Père que par le Fils, et cette conaissance n’est pas particulière, elle est un partage qui nous est offert de la mutuelle connaissance (d’amour) des personnes divines. Voilà le Sacré-Cœur, c’est-à-dre l’effet et la cause, l’état absolu et créateur de l’amour-Dieu, force et nature. Mais Jésus sait aussi se remettre à notre portée. Prenez sur vous mon joug, car je suis doux et humble de cœur, devenez mes disciples. Fardeau supplémentaire ? non, poids d’amour qui nous allège et délivre. C’est par amour pour vous, et par fidélité au serment fait à vos pères, que le Seigneur vous a fait sortir par la force de sa main. Notre acquiescement est notre consentement à la fidélité. Demain, ce jeune moine dont j’avais entendu la première profession : Suscipe, est ordonné prêtre. Chemin et état. – L’heure ponctuellement respectée, du coucou. Pauvreté et vulnérabilité d’un oiseau à terre : ce goëland égaré ou blessé l’an dernier, que nous avons enterré en cachette de notre fille, à côté de deux chiennes recueillies successivement plus tôt. Et liberté qui est la leur, symbole de tout, dans les airs. Avant-hier soir, les hirondelles au ras du sable jusqu’à l’ourlet fait et défait de la mer à marée encore très basse, mais un couple de mouettes, ajoutant deux traits blancs comme les nuages légers mais volumineux dont le ciel s’était défait vers l’horizon et une île très basse. Une journée finissait, aujourd’hui commence. Giono : l’âme de l’univers était comme un rayon de soleil dans l’eau.


Nicolas Sarkozy, après la débandade et le désordre de ces dix jours de constitutionnalisme à l’Aqssemblée nationale, a tenté hier de reprendre la main avec le groupe au Sénat. Sans doute, des consignes ont été données d’éviter d’alimenter la page 2 du Canard, et trois fidèles ont été chargés d’entretenir la presse à la sortie : un président qui a des idées et celles-ci viennent de la réflexion. Le rêve… en fait, la renonciation par l’Elysée et le governement actuel à toute retouche du mode de scrutin de la Haute Assemblée et de ses compétences. Grandeur d’un pouvoir fort et ayant une emprise intellectuelle sur ses partisans.

Un des motifs des manifestations prévues pour les mardi 10 et 17 Juin est le dédain du gouvernement pour les précédentes, quel qu’en ait été le thème. La SNCF s’y met aussi, tout en veillant à ne pas perturber les épreuves du bac. ni pour les élèves ni pour les familles. – François Chérèque dont l’accord avec Bernard Thibault a été très médiatisé, analyse avec finesse la question des 35 heures, ou plutôt du soudain assaut qui est donné à la durée du temps de travail, alors que depuis quinze jours, le président de la République, le ministre du Travail et le « patron » nominal de l’U.M.P. se rectifiaient sans cesse : les acquis sociaux mis dans la balance pour régler une querelle ou un désamour entre le pouvoir et sa majorité... Le thème – chiraquien, ce fut l’occasion d’une première opposition marquée par le président d’alors au Premier ministre d’alors – plaît à la base des élus de l’U.M.P. La majorité, très ébranlée par le débat constitutionnel – alors que la « dérive » atlantiste ne l’a pas fait broncher – peut être ressoudée par l’abolition de fait des 35 heures. Qui passera vite pour le grand œuvre du quinquennat. Mais qui peut aussi devenir le boute-feu au régime dès cette fin de printemps.

Les socialistes ont tort d’avoir ouvert la succession de François Hollande, il parle et écrit clair (Le Monde daté d’aujourd’hui), il est médian par rapport à toutes les ambitions, les générations et les courants d’idées au P.S. Son maintien aurait pour avantage aussi de geler la question du candidat pour 2012, ou de poser celle-ci en des termes très consensuels. Car je tiens que pour l’emporter, il faut qu’il y ait constamment un « challenger » de Nicolas Sarkzoy, si ce n’est le candidat encore à désigner, ce peut être le Premier secrétaire. La probabilité est que le prochain congrès ne parviendra pas à désigner un nouveau qui soit réellement plébiscité. D’ailleurs, en principe, ce sont les militants qui doivent le-la désigner.

Deuxième « bavure » très sérieuse – mais combien y en a-t-il qui ne sont pas publiées ? – des policiers, en dehors des heures de service et en état d’ébriété, portant cependant leur arme de serv ice sur eux, en civil tirent sur des jeunes. Je voudrais savoir l’âge et le degré de formation de ces fonctionnaires de sécurité.

Les biens nationaux. Auparavant du clergé ou des émigrés, ils furent confisqués et devaient sevir à gager la monnaie-papier, les assignats. L’acception s’est perdue, elle était calamiteuse. Aujourd’hui, les biens nationaux pourraient être l’appellation de tout ce qui s’est fait e France par l’impôt et la subvention : voies de communication, transports ferroviaires, structures hospitalières, sidérurgie renflouée mais non nationalisée en 1966, et évidemment la construction aéronautique pour l’essentiel que fut Concorde et qu’est Airbus (nous avions pu convaincre Anglais puis Allemands du financement public de ces projets respectifs). La braderie qui continue : Gaz de France à Gérard Mestrallet, Areva et le nucléaire à Bouygues junior sont, pour cause d’intérêt privé et maintenant d’amitié présidentielle, deux expropriations de tous ceux qui en France payent l’impôt. C’est philosophiquement et juridiquement insupportable. En morale, ce l’est aussi puisque la privatisation n’est pas la reprise de l’investissement ou la baisse des prix. Dans ce contexte, l’inculpation de Noël Forgeard est saluée par les salariés d’EADS avec satisfaction. Si les faits sont avérés et si la justice applique le droit, l’ancien responsable à enrichissement sans cause que sa prévision documentée de la chute du titre dont il avait la responsabilité, devra dix fois ce qu’il a empoché. Mais pour moi, l’essentiel n’est pas là : que l’on puisse s’enrichir alors qu’on a coulé l’affaire, par incompétence. S’il y aujourd’hui crise de l’aéronautique européenne – la seule industrie multinationale du Vieux Monde qui vendait et était en passe de dépasser le concurrent américain – c’est parce qu’il n’y a pas eu la liaison d’évidence au sein de l’entreprise entre les commerciaux, avançant sans cesse mais sans munitions, et les techniciens ne faisant pas part à temps des doutes et des changements de paramètres. Erreur d’organisation, puis de stratégie qui coûte des milliers d’emploi, qui donne probbalement un avenir manichéen : le renflouement par le contribuable ou une entente-fusion avec le concurrent américain. Jacques Chirac imposant Noël Forgeard a eu la main heureuse. Reste que le secteur public ou semi-public, quand il demeure – La Poste ou la SNCF – est géré aujourd’hui, tellement selon les dogmes du secteur privé concurrentiel, qu’il n’est plus le service de tout connu autrefois. Nos voies ferrées ne sont plus entretenues, la dessere rurale est inexistante, le courrier va moins vite et arrive moins fréquemment qu’il y a cinquante ans. Où est passé ce qui nous a endettés ?

J’ai vêcu ces deux soirs en compagnie contrastée. Les photos. d’agence de Fourniret ont un rayonnement maléfique, il se dégage de ce visage qui n’a rien de l’apparence criminelle une étrangeté cependant. Or, la manière dont dérivent aujourd’hui les procès pénaux et les débats en assises, ne met en évidence qu’une volonté confuse de thérapie de groupe, des souhaits de comprendre, des égards pour les victimes. Celles-ci sont par hypothèse mortes, atrocement, mais mortes. La justice n’a pour objet que d’appliquer le droit, lequel prévoir une punition. Le reste est un spectacle qui n’apprend que le vertige, mais pas ce qui empêche le commun – les gens normaux ? – de passer à l’acte quand pulsions ou fantasmes le traverse. Par contraste, j’ai lu le François Mauriac à Malagar, de son fils Jean [2], le journaliste de l’AFP, accrédité auprès du général de Gaulle de 1947 à la mort de celui-ci. Vénération et intuition filiales, puissance des lieux et des morts, transmission du talent et de l’inspiration de la nature. Là encore des sensibilités, sinon des fantasmes, mais l’équilibre par l’œuvre et des amours, certes difficiles mais créatifs de liens et de cohésion. Que de criminels dans une tête d’écrivain qui tranquillement réfélchissait à la suite dans des allées de vigne, toujours empruntées dans le même sens. Que lira Fourniret, à vie ? Un député de la majorité vient juste de relever une annulation juridictionnelle d’un mariage parce que le conjoint avait été trompé sur la virginité de celle qu’il épousait : c’était le problème qu’a traité Fourniret, radicalement.

Un autre jour, je donnerai quelques pages du testament de Louis XIV sur la manière – royale – de s’entourer de conseils et de ne décider qu’en complètes information et maturité. Naturellement, à ces époques et dans ce système, la démagogie ne se concevait même pas. L’élection n’exclut pas l’habileté, on le vit constamment avec de Gaulle, on l’a vêcu il y a juste vingt ans avec la réélection de François Mitterrand contre la haine, la calomnie et la proposition du « jack-pot ». ce n’est pas les systèmes et les régimes qui dévcient les hommes, mais les hommes qui défont les meilleures traditions puis les meilleures Constitutions.

Je continue de donner mon journal d’il y a quarante ans. Je ne le retouche pas, c’est la première fois que je le lis, après l’avoir écrit. De ce que je consigne comme jugements et convictions du moment, sont sorties mes convictions et certitudes de toute la suite de ma vie ; le grand passage a été pour moi de Mai 1968 à Mai 1969. Depuis lors, j’ai estimé que les « gaullistes » trahissaient de Gaulle en s’incrustant au pouvoir, puis trahissaient les intérêts de la France et les vœux profonds des Français, comme ce me parut avéré à partir de 1986 (la première braderie fut celle de l’imagerie médicale de Thomson au bénéfice des Etats-Unis qui n’avaient pas alors notre avance).

Mais sur bien des points de prophétie ou de fait, je me trompais alors. Comme François Mauriac dans son scenario – huit mois avant Mai 68 – d’un éventuel échec du général de Gaulle.

Si l’ « après de Gaulle » devait devenir l’espace de quelques mois ou de quelques semaines, un « pendant Mitterrand », quel bain de jouvence pour le gaullisme ! Un long usage du pouvoir y a suscité des divisions et des oppositions, et peut-être dans le pays une vague lassitude. Il est vrai… Mais François Mitterrand a eu tout le temps de se faire une certaine idée de cette espèce combattante dont les chefs de file s’appellent Malraux, Pompidou, Debré, Fouchet, Frey, sans compter plusieurs autres gallards qui ont fait leurs preuves. Je le lui prédis : à peine la Fédération de la gauche sera-t-elle entrée en scène avec ses communistes, ses socialistes de diverses paroisses, ses radicaux de gauche et de droite, qui auront déjà commencé à se mordre dans la coulisse, sinon à jouer du poison et du poignard, qu’un immense rassemblement se formera contre eux, d’un seu coup, moins peut-être autour des épigones de de Gaulle qu’autour de la Constitution de 1958 que le premier soin de Mitterrand aura été de châtrer.

Bloc-Notes du 19 Septembre 1967.

François Mitterrand, au contraire, appliqua la Constitution, la question de cohabitation étant à la lettre possible, même si de Gaulle perdant la majorité parlementaire se serait retiré et ne pouvait concevoir que le gouvernement ne fût pas le sien. Quant aux Français, aujourd’hui, qui d’entre eux – sauf expertise au mieux blasée – comprend la dérive de nos institutions depuis qu’a été voté le quinquennat par une majorité d’abstentionnistes au referendum de 2000 ? et que, sans une protestation de qui que ce soit ayant une certaine notorité, le président désavoué après la dissolution de l’Assembéle nationale, puis par referendum, se maintint à l’Elysée ? Ce n’est pas la gauche, telle qu’elle est maintenant, si différente de celle des années 1970, qui aura raison des abus d’une droite sans référence qu’un modèle bien plus figé que les axes marxistes. C’est bien la majorité actuelle lassée des contradictions et de l’imprévisibilité de son élu de l’an dernier.


[1] - Deutéronome VII 6 à 11 ; psaume CIII ; 1ère lettre de Jean IV 7 à 16 ; évangile selon saint Matthieu XI 25 à 30
[2] - Jean Mauriac, François Mauriac à Malagar Fayard . Janvier 2008 . 110 pages

jeudi 29 mai 2008

journal - jeudi 30 mai 1968

+ Jeudi 30 Mai 1968


15 h 50

De Gaulle a repris le devant la scène .
Mystérieux emploi de sa journée d’hier .
On pense qu’il s’est entretenu avec les chefs militaires .
et qu’il a décidé – après longue méditation –
de se battre.

A vrai dire . peut-il s’incliner devant une grève générale
qui veut dicter à l’ensemble du pays ses conditions .
qui refuse toute consultation populaire
qui met à bas le régime qu’il a instauré depuis 10 ans .
et par lequel il a voulu rendre à la France son rang .
et au pouvoir son efficacité .

Que de Gaulle choisisse de ne pas se rendre .
c’est normal . explicable
Après tout . il est le gardien des institutions .
précisément menacées .
En tout cas . le fait qu’il fasse preuve de décision .
est nécessaire pour ranimer les fidélités et les courages
bien défaillantes . depuis 48 h.

Ceci dit . que peut-il faire .
à partir du moment où il est décidé à ne pas démissionner
(ce qui serait désavouer tt le système patiemment mis en place) .

Renvoyer Pompidou . alors que celui-ci s’est dévoué corps et âme .
et qu’on avait préparé pour lui la succession ?
Ce serait dommage et ingrat .
Faire un Gvt d’union nationale . mais si Mitterrand . PMF
et le PC e sont exclus . cela ne remettra pas les travailleurs au travail

Alors l’art. 16 . et l’armée ?

En attendant . PMF se déclare prêt .
Mais le PC . ne veut pas de pouvoir dominé par un seul homme .

Dans quelques minutes . – le Conseil des Ministres commencé à 15 h 00
est déjà terminé – discours de de Gaulle .
A 17 h 30 . déclaration de Pompidou . à l’Ass Nat.
Giscard . a ce matin . réitéré sa fidélité à de Gaulle .

-----

16 h 05

Le discours est imminent .
Commentaires de ministres . après le Conseil des Ministres
- le Gvt reste
- mot d’ordre : énergie .



16 h 30

Dans quelques instants . « déclaration du Général de Gaulle .
Président de la République ».
Pas d’enregistrement télévisé . Le Général micro .
comme le 18 Juin .

-----

Discours radio . seulement . avec une image de l’Elysée .
Du style du 18 Juin . ou d’Avril 1961
- a envisagé toutes les solutions .
en tant que détenteur de la légalité et de garant des institutions
- a pris ses résolutions :
. il ne démissionnera pas . il restera .
. le Gouvernement ne partira pas . Pompidou exemplaire
. le referendum est reporté
. dissolution aujourd’hui de l’Assemblée
- entreprise de subversion totalitaire . d’intimidation et de tyrannie
qui empêche le pays de vivre . les étudiants d’étudier
les travailleurs de travailler . les enseignants d’enseigner
- on verra si elle veut baillonner le pays . et l’empêcher de
s’exprimer par des élections libres .
- entreprise totalitaire . dirigée par le communisme .
on veut tromper en mettant en avant . en transition . des hommes
d’ambition et de haine . qui ensuite ne vaudrait que leur poids
politique réel . c’est-à-dire rien .
- que l’action civique s’engage immédiatement . autour du Gvt
et des Préfets . devenus ou redevenus Commissaires de la République
Vive la République . Vive la France .

Le chef .

Ceci dit . c’est l’épreuve de force . Mais l’adversaire est
désigné . le communisme . Et le terrain choisi : les élections .
De Gaulle est décidé à rester . (même si les élections sont
défavorables ?) Si les élections sont empêchées . alors on verra clair .
Si elles ont lieu . il est possible que dans le climat actuel .
elles amènent une majorité beaucoup plus substantielle que
l’actuelle .

De Gaulle a fait allusion à un éventuel remaniement .
que lui proposerait Pompidou .

--------

journal - mercredi 29 mai 1968

+ Mercredi 29 Mai 1968


14 h 45

- Cohn Bendit est rentré à la Sorbonne . clandestinement
- le Conseil d’Etat a déclaré inconstitutionnel
le projet de referendum . réactions à l’ENA . de ceux
qui le briguent : ouf ! le grand corps est sauvé
(sous entendu : il a son brevet de révolutionnaire).

On parle d’élections générales . que réclamerait la majorité .
Beaucoup de rats semblent quitter le navire

La grosse question . maintenant . est de savoir si le referendum
(les élections poseraient le même problème) . pourra matériellement
avoir lieu .
Pour l’opposition . les syndicats . etc. il ne faut pas qu’il ait
lieu . de même que l’o refuse le vote à bulletin secret
pour la reprise du travail .

Je suis très embarrassé pour l’ENA .
- redoubler ? mais c’est l’inconnu complet . le régime des études
a été bouleversé . la promotion est en commision permanente
et très gauchisante
- perdre ce que j’ai . mais ce n’est guère intéressant .



17 h 40

Les journaux de l’après-midi annoncent en grosses manchettes
que de Gaulle est parti pour 24 h à Colombey .
Pour y prendre une décision .
Laquelle . Sinon sa démission .
Car – renvoyer Pompidou . serait casser son propre testament
– dissoudre l’Assemblée ? mais les élections seront
aussi impossible à organiser que le referendum

Alors la démission ? C’est-à-dire la chute du régime .

-------

Coup de théâtre . une agence AFP radiodiffusée .
De Gaulle ne serait pas à Colombey .
Du moins . on ne peut affirmer qu’il soit à Colombey

Alors ?
Enlevé . Mort . Suicidé . Disparu .

------

Téléphoné à l’UD . V° .
J’irai demain . Valli . un de ma promotion . y est déjà .

------


20 h 45

Après les nouvelles .
- De Gaulle est finalement bien à Colombey .
Mais le voyage a duré . A quitté l’Elysée en fin de
matinée . est arrivé à Colombey . vers 18 h 30 en hélicoptère .
- Lecanuet appelle à un Gvt d’union nationale .
auquel il participerait éventuellement . à l’appel du PM .
nommé par le PR . il n’écarte ni de Gaulle . ni Pompidou .
mais résolument le PC
- Pompidou semble avoir interrompu la négociation sociale
A reçu . Bernard Tricot . SG de la Présidence .
Michel Debré . et Chaban-Delmas
- conférence des pdts de l’Ass Nat. convoquée ensuite par Chaban-Delmas
intervention de Pompidou . demain à 17 h 30 . sans débat .
- auparavant à 15 h 30 . Cnseil des Ministres à l’Elysée .
présidé par de Gaulle .
- Duhamel demande qu’on ne fasse pas de referendum .
- situation se dégrade dans les universités allemandes .

Il faut que de Gaulle prenne une décision claire et
applicable .
Actuellement . c’est la débandade dans la majorité

En attendant les syndicats dictent la façon dont sera tranché
Le débat . Ils refusent le referendum .
que tout le monde . étudiants . ouvriers . se déclare prêt à saboter .

Accepteront-ils les élections législatives . qui leur paraîtraient
plus favorables ?
Pour que les gaullistes aient quelque chose . il faudrait
que de Gaulle . PR . ou pas . s’engage à fond .
et Pompidou aussi .

A lire
France-Soir . de Gaulle aurait le choix
entre lui-même et Pompidou .
- lui-même et alors . il nomme un nouveau Gvt
et provoque des élections générales .
- Pompidou . et alors il démissionne de sa charge de PR .
provoque des élections présidentielles . et appuie Pompidou .

La combinaison des deux solutions pourrait se faire mais serait
compliquée .
- départ de Pompidou . élections législatives . si succès
rappel de Pompidou . si échec . départ de de Gaulle
et élections présidentielles . où Pompidou pourrait gagner .

De toutes façons . de Gaulle est pris à la gorge .
Que peut-il faire ?
Que va-t-il faire ?
Les syndicats et les étudiants . veulent sa chute . C’est clair .
Le travail ne reprend pas . Le referendum est impossible
Même s’il se faisait . il serait contesté . et ne ferait pas
reprendre le travail .

Il y aura réponse à tout cela . demain .

Inquiétude & Certitudes - jeudi 29 Mai 2008


Jeudi 29 Mai 2008
L'incohérence nous gouverne
Francophonie : commencer par les boîtes de dialogue de nos serveurs
Nicolas Sarkozy crée les problèmes, vg. le financement de l'audiovisuel public
Mai 68 pendant et a posteriori : extraits politiques de mon journal intime
Les mensonges fondateurs du pouvoir ?
Taipeh et Pékin, même combat y compris pour réduire les Tibétains
De l'impopularité, de ses remèdes en politique extérieure
Talk !

Prier…[1] l’aveugle Bartimée, le nom sonne grec, il salue Jésus pourtant à la juive, cela se passe à Jéricho, le Christ est surentouré. La scène et le dialogue sont très vifs, la conclusion heureuse aussi : Que veux-tu que je fasse pour toi ? (Attali, bien après avoir perdu le « pouvoir » m’adressa spontanément cette question, une fois : type de ses visiteurs ou conbsidération de ce que je devenais ? à rapprocher d’une salutation du cardinal Marty que je montais saluer à la tribune de la Mutualité, une petite salle, il venait de succéder à Pierre Emmanuel, sépulcral, pendant la « Semaine des intellectuels caholiques français » qui semblent ne plus se tenir depuis des décennies… où en êtes-vous ? il ne me connaissait pas et posait l’essentiel) – Rabbouni, que je voie – Va, ta foi t’a sauvé … et il suivait Jésus sur la route. Efficace, l’un. Et l’autre, donnant sa vie, sans barguigner à celui qui la lui avait changée. Vous étiez privés d’amour, mais aujourd’hui Dieu vous a montré son amour. Pierre nous remettant en situation devant Dieu, notre vie changée, conclut aussi sur notre condition humaine : vous êtes ici-bas des gens de passage et des voyageurs. Nous sommes des miraculés, en transit. J’embarque les miens, et tous ceux qui sont en communion avec moi et ceux avec qui je voudrais communier, pays, peuples, civilisations et tout le créé, à construire le Temple spirituel.

L’incohérence nous gouverne, en France et dans le monde. A moins qu’une dialectique de l’histoire – non encore vraiment écrite ou théorisée, au contraire de la proposition marxiste – ne réponde de tant de faits et de comportements convergents, ces années-ci, avec une accélération de la preuve, ces semaines-ci.

Le mouvement des marins-pêcheurs est commenté de façon confuse, et semble s’arrpeter ici, pour continuer ou reprendre là. Caractéristique du mouvement social depuis une dizaine d’années, la solidarité demeure dans les professions très typées, et exposées, à forte composante PME, mais les gens n’y ont plus assez de réserves personnelles pour qu’une grève persiste. L’arme absolue du blocage des dépôts de carburants ou des entrées de port est affrontée de manière – habilement décentralisée par la ministre de l’Intérieur – par les préfets. En revanche, la gestion entre Michel Barnier et Bussereau, bien agencée elle aussi, l’un répondant de l’Europe, et l’autre allant aux professions une par une (transporteurs, taxis, etc.) risque d’être inopérante, faute de perspectives. La profession de la pêche souffre autant du prix du carburant que des quotas. On est pris entre deux contraintes, et l’on ne pense pas à jouer sur les causes. Accompagner les effets pour les identifier et les atténuer a des limites financières vite atteintes. On est contraint par les disciplines européennes, et l’on n’a pas encore au niveau européen le réflexe – valable sur presque tous les sujets économiques et financiers – de contester le (dés)ordre international. La régulation du cours des matières premières, la régulation des pratiques esclavagistes de certains pays pour soutenir leurs exportations de biens de consommation (la Chine, particulièrement visée) devraient être des priorités et donc une révision complète de l’esprit et de la lettre régissant l’O.M.C. On en est très éloigné.

L’incantation – fréquente depuis que l’écologie, après l’environnement sont de modes sur fond de texte catastrophiste – d’avoir à changer de vie et de comportement, n’a pas de sens. On ne peut régresser en niveau de vie et de consommation, sauf économie de guerre. Bussereau analyse les lacunes du transport collectif des personnes, les gens vivant à la campagne, le besoin de transports individuels, etc… Il me semble depuis longtemps que la technique et l’application de la recherche dans ce sens – à tous les points de vue permettent de bien davantage travailler et même produire chez soi. Les déplacements – fatiguants et coûteux, chronophages – sont causés par la concentration physique des lieux de travail dans de grandes métropoles et par la dépendance économique, notamment alimentaire ou énergétique de la majorité des gens. Un enseignement conséquent pourrait donner à chacun des éléments de savoir faire en culture vivrière, en bricolage, en mécanique et des investissements à encourager pour équiper les habitats individuels en production autonome d’énergie réduirait les besoins de déplacement. D’une certaine manière, la dépendance sociale et énergétique de beaucoup de gens pourrait diminuer. Agir sur les causes au lieu de dépenser sur les effets.

Une telle dialectique serait applicable pour les rémunérations ou disponibilités monétaires à assurer au minimum aux gens par droit de naissance. Cette philosophie sous-tend, sans qu’on la reconnaisse explicitement, toutes les aides sociales.

Francophonie … les boîtes de dialogue des serveurs régissant la France sont en anglais. Qui pense, au gouvernement, au Parlement, à obliger qu’elles soient en français ? Une de mes étudiantes, travaillant en Suisse, candidate en formation continue à un Institut genevois, correspondance et rappel biographique sont en anglais. Jean-Noël Jeanneney avait conçu une stratégie française puis européenne pour un « google » et des moteurs de recherches avec des banques de données, indépendantes. Il a été remercié – non renouvelé – à la tête de la Bibliothèque nationale de France.

Nicolas Sarkozy a été élu pour régler des problèmes. Il est avéré qu’il en crée surtout. Ainsi, en conférence de presse de début d’année, il « supprime » la publicité sur les chaînes de télévision publique ; hier, il exclut toute taxation, toute augmentation de la redevance. Tout en prétendant par ailleurs convoquer des états-généraux de la presse, il enlève tout financement autre que budgétaire à la télévision et à la radio publiques, et accessoirement rend sans objet la commission de proposition ad hoc dont il avait confié la présidence à Jean-François Copé. Obéit-il à un réflexe de vengeance envers l’actuel président du groupe parlementaire UMP au Palais-Bourbon ? ce qui correspond à la rumeur générale et aussi aux débuts d’insolence de celui-ci à son égard (imitée de son propre comportement envers Jacques Chirac). Ou bien suit-il des groupes d’intérêt détenant les télévisions privées, ce qui semblait expliquer ses dires, apparemment sans préavis, en conférence de presse ? Etats-généraux et commission pluraliste de réflexion, deux leurres pour faire « passer » la suppression des chaînes publiques ? car le paradoxe actuel est que la télévision publique est moins aisée à contrôler par le pouvoir en place que les télévisions privées, le président de la République étant au mieux avec les patrons du CAC 40.

La révision constitutionnelle présentée comme une avancée démocratique historique se révèle, maintenant, conforme au dessein initial, non explicité évidemment. Prétendre fonder un statut de l’opposition et limiter le droit d’amendement n’est pas contradictoire : pour arriver à ses fins, le pouvoir actuel habille par ce statut la négation littérale de la participation éventuelle de l’opposition à la rédaction et au vote des textes gouvernementaux.

Je continue – par ailleurs – de recopier et de publier . sur ce même blog. . les extraits politiques de mon journal intime en Mai 1968.

Plusieurs choses me frappent rétrospectivement, dont une seule m’était apparue dès que Georges Pompidou eût établi la légitimité de sa succession à de Gaulle par son rôle et son triomphe personnel lors des « événements ». Il est confirmé – à me relire – qu’il s’est battu courageusement mais que le mardi 28 Mai 1968, il était à bout, physiquement et dialectiquement, et ne parvenait pas à rétablir l’ordre ni à mettre fin aux grèves. C’est de Gaulle qui par une action surprenante a pu amener l’ensemble des choses à sa conclusion pacifique et positive, tout en se sauvant lui-même. Mais ce que je ne voyais pas à lépoque, c’est qu’il y ait eu des divergences de stratégie à suivre entre le Général et son Premier Ministre ; que celles-ci n’aient pas été perceptibles dans l’action montre combien les institutions fonctionnaient bien, et combien surtout le sens du bien commun et de la continuité de l’Etat l’emportaient sur tout, combien enfin la communication du pouvoir restait bonne et unifiée. On en est aux antipodes, aujourd’hui.

Mes propres cheminements – m’engager pratiquement, résolution prise le mardi 28 Mai 1968, et selon une analyse de désespoir mais aussi de corps fait avec un régime dont je découvre combien j’y suis attaché – sont sans doute représentatifs de l’état d’esprit qui globalement s’opposa et triompha finalement de l’ambiance qu’on avait cru (et vêcu) irrésistible et irréversible. Le génie de de Gaulle est d’aller une étape avant ces réflexions, d’en tirer toutes les conséquences. D’une certaine manière, l’entier des séquences qui auront lieu à partir du jeudi 30 Mai 1968 et jusqu’après le referendum du dimanche 27 Avril 1969, m’est apparu mais dans le désordre. Les dessous ne commenceront de m’apparaître que de lecture : le Pompidou de Rouanet, que je lis en Mars 1969, sous les tilleuls de l’esplanade des Invalides, puis le Mai 68 d’Adrien Dansette. Les équivoques ou trahisons se mettent alors en place dans mon esprit. Il y a place aujourd’hui pour une nouvelle enquête : celle portant sur l’idéologie est trop imposante, celle sur les faits encore très lacunaire. Rien qu’au colloque de l’autre mois sur Pompidou en Mai 1968, des témoignages ont été produits qui ne l’avaient pas été avant. J’avais assisté il y a quelques années à un exercice du même genre : la modernité Mendès France, au cours duquel Georges Kiejman puis Michel Rocard ont témoigné sur l’attitude et les mouvements de cette figure encore emblématique, mais si solitaire, à l’ccasion des « événements ».

Evénement ? la venue à Pékin du nouveau président formosan : le Kuo Min Tang ayant en commun avec PCC la dogmatique de l’unité de la Chine. L’hypothèse indépendantiste a été défaite en Janvier. Mais le moment de le manifester est particulièrement bien choisi, et tout à l’avantage de Pékin vis-à-vis du monde entier, avec l’appui – attendu du fait des investissements formosans sur le continent – de Taïwan. Les Tibétains sont oubliés, chaque jour davantage. Au Népal non loin, la monarchie, mais qui semblait simpliste et même sanguinaire, est renversée par les vainqueurs des récentes életions législatives : on les dit « maoïstes », cela signifie-t-il pro-chinois ?

Chaque mois apporte des aveux d’acteurs de second plan mais du premier cercle à la Maison-Blanche sur les mensonges qui ont fondé l’agression américaine en Irak. Combien de gouvernements, dans le monde actuel, sont fondés sur des mensonges dont on dira, quand ils seront tombés, ou proches de l’être, que c’était à la portée de chacun de le comprendre et d’en tirer les conséquences. Autant le journal intime d’un proche de Jacques Chirac apportera peu, sauf le film des deux naïfs montant Clearstream ou en acceptant le montage, autant en revanche il y a aura à synthétiser par quel entregent, intimidation, chantages individuels, Nicolas Sarkozy a conquis l’UMP et aujourd’hui malgré une impopularité installée en garde le contrôle… quelques points de popularité si Carla Bruni donne à la France la première naissance à avoir lieu à l’Elysée, ou tout comme. Les Blair à Downing street…

Si Nicolas Sarkozy était Richelieu ou Mazarin, son impopularité (personnelle : 65% de mécontents – thématique : 70% de jugements négatifs sur la politique économique actuelle) ne lui pèserait pas. Or – est-ce une explication à son intervention sur tant de sujets à la fois, le rytthme n’étant plus hebdomadaire mais diurne, avec les fameux « levers tôt » ? – il y semble sensible et recourt à l’habituelle diversion de la politique étrangère. Apparemment brillante en agenda : l’Angola, la Hongrie, la Pologne, Vienne et ce soir le dîner avec Vladimir Poutine, nous ayant, répète-t-on donné le privilège de sa première visite à l’étranger en tant que Premier ministre. Mais la réalité est une discontinuité sur les 35 heures, des improvisations sur la taxation du pétrole, des manipulations de statistiques macro-économiques, et surtout… une ambiance au Palais-Bourbon délètère et souvent qualifiée de pitoyable, pas tant pour la majorité qui n’en est plus une, puisque chaque député semble avoir repris sa liberté de parole sinon de vote, que pour le gouvernement : Rachida Dati se voit opposer des refus par le président de l’Assemblée… et en cette même politique extérieure, les nouvelles moutures de la Commission européenne pour le grand projet d’Union de la Méditerranée, édulcorant sérieusement la proposition française – elle-même mieux articulée par des travaux en commission de l’Assemblée nationale à l’automne que par le président de la République sous la dictée d’Henri Guaino.

Le Premier ministre, qui a joué le jeu avec l’Elysée, en défendant l’option afghane puis celle de la révision constitutionnelle, inaugure une nouvelle émission, en concept et en technique, lundi prochain : « talk », ce qui lui va bien puisque Pénélope Fillon est galloise. Prénom de l’épouse qui va de plus en plus caractériser un Premier ministre, censément révocable ad nutum mais qu’il devient impossible de remplacer.


[1] - 1ère lettre de Pierre II 2 à 12 passim ; psaume C ; évangile selon saint Marc X 46 à 52

journal - mardi 28 mai 1968

+ Mardi 28 Mai 1968


11 h 30

Une chose est claire . pour tout le monde . et pour de Gaulle .
ce qui doit être atroce pour lui : l’échec de dix ans
l’échec du régime .
A partir de maintenant . et pour l’histoire . quiconque prendra
la défense de la V° . ou louera tel ou tel de ses aspects .
se verra immédiatement « envoyer » : les grèves et l’insurrection
de Mai 1968 . Evénement devant lequel aucune dialectique
ne peut tenir .

Pour effacer l’événement . et réhabiliter le régime . il faudra
toute la fin du règne . si la chance en est donnée à de Gaulle
jusqu’en 1972 . et si aucune faute . surtout de tous . n’est commise .

En fait . avec le régime – s’il s’effondre – s’évanouira
la seule chance sérieuse qu’avait la France de bâtir une
démoceratie efficace pour la fin du XX° et le début du XXI° .
ce que fait remarquer l’Express en ¾ de ligne . de tout
un numéro facilement et à peu de frais dans le vent .
avec citation du Défi américain à l’appui .

Il apparaît aussi que le rêve de de Gaulle . d’une France
retrouvant son rang . n’a été épousé que par fort peu de gens .
L’idée nationale – si elle a jamais exisré
(et il semble qu’elle n’a jamais dépassé une petite élite)
n’existe plus . en France . depuis peut-être 1914.1918 .

De Gaulle s’il gagne le referendum . le gagnera avec
l’appui de ceux qui – en fait, ont causé sa perte :
les forces conservatrices.
S’il a quatre ans . devant lui . il peut opérer les mutations
économiques et sociales nécessaires . et y attacher son nom.
un peu comme la tentative avortée) de Napoléon aux Cent-Jours .
prenant la tête du libéralisme .
Le fera-t-il ? Il faudrait qu’il ait profondément compris
ce mouvement de Mai.

Or ce moment est difficile à analyser .
Il y a une part de libération . certaine . Mais libération contre
la société . et contre tous les régimes quels qu’ils soient .
Il y a surtout . une immense soif de « profiter de l’occasion » .
Est-ce à dire que le régime aurait été archi-conservateur ces 10 ans .
ou plus simplement paternaliste ?

Dans l’immédiat . tout le monde admet que de Gaulle
peut tomber . et beaucoup considère sa chute comme probable .
A une plus petite échelle . les opinions sont divergentes au sujet de
Pompidou . L’Express considère le dauphin comme mort .
et au mieux en sursis . même si de Gaulle reste au pouvoir .
Pour ma part je penserai exactement le contraire : Pompidou . est l’homme de
la situation . l’âme . sans analyse ou rétrospective . Surtout . il a
le ton juste .

-----

Redoubler . dans cette crise que traverse la France . est
psychologiquement douloureux . Comment se concentrer et travailler
quand mon pays aimé va à vau-l’eau .

-----


+ 22 h 45

Je me suis complètement effondré . à la suite des
nouvelles de 20 heures .
Je me rends compte maintenant de l’admiration passionnée
que j’avais pour le général de Gaulle . et de
l’attachement profond pour le régime .

Force est de constater ce soir que le régime est perdu .
Bien sûr j’espère le miracle . Mais en politique .
où tout est rapport de force et anticipation de ces rapports .
il n’y a pas de morale .

- le projet de referendum a été expliqué par Gorse .
Linistre de l’Informartion . L’article unique du projet de loi
Est fort détaillé . et son libellé – en des circonstances
normales – eût emporté l’adhésion de quiconque .
et il ne s’agit nullement d’un blanc-seing .
Puisque mandat est donné à l’ensemble des pouvoirs publics .

En fait . on avait l’impression . que le vrai problème étant
de savoir si le Gvt proposait un referendum . était en mesure
de l’organiser . et avait la capacité (la volonté est
certaine) . matérielle . de réaliser ces réformes .

Le fait matériel est une conjoncture de plusieurs événements
dans les 48 heures . qui montre la coalition implacable
contre le Gvt . et le régime .

- les accords de Grenelle signés lundi matin . et qui faisait
l’objet d’appréciations optimistes de la part de tous .
ont été rejetés par la base (quelle base ?)
et en tout cas . le travail n’a pas repris

- Mitterrand a indiqué le calendrier de mise en place du
nouveau régime .
Ile st clair que si de Gaulle démissionne avant le 16 Juin .
ou qu’il perd le referendum . les gaullistres ne pourront
retrouver la majorité . que ce soit aux présidentielles ou aux
législatives
et contacts actuels PC . FGDS .

- surtout . Séguy . CGT. a convoqué les travailleurs
et l’ensemble de la population à des manifestations à caractère
politique demain . la CFDT s’y associe .
Pour la CGT . le Gvt est maintenant à abattre .
car c’est la volonté des travailleurs .

A ceci . hier soir . il faut apporter des nuances . Tout n’est pas
encore joué . L’absence d’unité de commandement dans l’opposition
la lutte de vitesse entre FGDS et PC . le désaccord
avec le PSU . les réserves des syndicats pour une action commune
avec les étudiants . montrent qu’il y a pas mal de progrès
encore à faire . Mais la coalition se dessine nettement .

Cette coalition tient tout le pays en main . puisqu’elle
seule décidera de la reprise du travail .
et qu’elle peut couper – c’est le travail de l’EDF .
n’importe quelle émission de TV .

Face à cela . Jeanneney . devant les bancs quasi vides
de l’Ass Nat . et le Premier Ministre ne
peuvent que plaider pour la démocratie . demander la reprise du
travail . et des votes à bulletin secret .
Ils n’ont aucun moyen de l’imposer . et il est douteux
maintenant que les syndicats fassent cette fleur au Gvt .
de le sauver .

Pompidou . paraissait . dans une communication .
enregistrée au début d’après-midi . et diffusée après les
nouvelles . calme . mais visiblement découragé .
et au bord du désespoir .
Bien que se maîtrisant admirablement . mais je e mets trop
à sa place .
Il négocie jour et nuit . depuis samedi après-midi . avec des
syndicats . qui refusent d’honorer leur signature . par la suite .
Ayant accepté la démission de Peyrefitte . il va maintenant
négocier avec l’Université .
Les cartes tombent les unes après les autres . une vitesse vertigineuse .
L’opposition n’en croit pas ses yeux . et est longue à les ramasser .
Mais elle commence .

Il est clair que la charme est rompu . et que le régime n’a
plus la grâce .
Aussi soudainement . et pour une chose aussi petite . qu’on rate
une mayonnaise . Il y a 3 semaines . il était certain
que Pompidou succèderait tranquillement à de Gaulle .
en 1972 . Maintenant . tout est pratiquement tourné . et liquide .
Sauf un redressement absolument miraculeux .
et qui devrait se produire avant le referendum . dont le PM
a souligné qu’il ne pouvait se dérouler dans la grève .
- referendum qui ne résoudrait rien si le travail
ne reprend pas –
c’est la liquidation .

Le cœur serré . comme beaucoup de Français . j’assiste à
un enterrement de première grandeur .
et pour le Général . qu’est-ce que cela doit être ?

Dans tout cela
- je me sens de moins en moins le cœur à servir l’Etat .
car Mitterrand et PMF ne m’exaltent en rien .
comme disait un jeune . (comme moi . isolé) à la conférence de presse
de Mitterrand . « Croyez-vous qu’il soit exaltant de remplacer
une équipe qui n’a plus d’autorité depuis 10 jours . par une autre
qui ne l’a plus depuis 10 ans ? »
- je voudrais militer pour le gaullisme . surtout s’il a besoin de
moi . c’est-à-dire s’il perd la bataille .
J’ai bonne envie de passer au CDR demain .

-------

La chute du régime à opposer .
Je suis concerné personnellement . et effondré .


23 h 15

Pensée de tous les instants . pour Pompidou . qui seul et sans moyen .
se bat . pour sauver le régime et de Gaulle .
Déliquescence comparable au régime de Vichy .
fin pire que celle de la IV° .
Touche ineffaçable pour l’homme du 18 Juin . et de la V° .

Et pour la France . évanouie . peut-être pour longtemps . la
possibilité d’une démocratie efficace .

Les gens ne se fondent pas sur le meilleur mais sur le possible .
De Gaulle ne paraît plus possible . donc . on l’abandonne .
Et on en profite –

mercredi 28 mai 2008

Inquiétude & Certitudes - mercredi 28 mai 2008

Mercredi 28 Mai 2008

Marly, Sire

Le désordre organisé par tous, en réponse à un exercice du pouvoir sans précédent

A l'instar de la folie qui étreint la planète


Prier… simple fleur dans des herbes fragiles chacune mais surabondantes, les oiseaux sans rythme, le coucou absent, l’humidité et le silence ambiant, une sorte de détente de tout le corps, de l’air qui est, là, disponible… depuis des années maintenant, exister à la campagne, comme au bord d’une tente, la nature, la végétation majoritaire au lieu du goudron et de la rumeur partout en ville. Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande. Jacques et Jean, fils de Zébédée ne demandent pas tout à fait maladroitement, ils veulent la proximité du Christ, ils ne doutent pas de cette gloire à venir de leur Seigneur, ils sont prêts au martyre et ils le subiront, Jésus les considère et leur en donne acte tout en se déclarant incompétent. Petites touches pour notre discernement de la Trinité, ce que peut et ne peut pas le Christ, le Fils. La demande des deux apôtres est d’autant plus méritoire qu’elle enchaîne sur une nouvelle prédiction de ce qu’il va arriver à leur maître. Ils sont offensifs et disponibles. Jésus les remet dans le réel qui n’est pas leur destinée personnelle seulement, qui est le royaume et ce que le Fils obtient du Père. Pour Pierre qui assiste peut-être à ce dialogue et qui ne s’est pas payé de mots à longueur de sa vie avec le Christ, l’essentiel tient en peu : Dieu vous a fait renaître, non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable : sa parole vivante qui demeure… la parole de Dieu demeure pour toujours. Or, cette parole, c’est l’Evangile qui vous a été annoncé. L’Eglise, par son chef, nous pousse à la vie quotidienne, ce n’est pas l’au-delà ou l’imagination ou la crainte ou la désespérance que nous en avons, qui importe, mais bien notre renaissance et notre éternité, notre accomplissement déjà acquis, déjà assuré. Creuser en nous l’espace envahissant et dilatant de cette parole vivante qui demeure. Et verbum erat apud Deum, et verbum erat Deus. A ma main gauche, le livret modeste, le papier pauvre, du texte… et me voici lampe de tabernacle, et en moi, notre fille et ma femme joignent leurs mains aux miennes et nous donnons à Dieu notre salutation du matin. Il envoie sa parole sur la terre ; rapide, son verbe la parcourt. Il révèle sa parole à Jacob. Une parole de construction et nous attendons tranquillement notre tour de servir pour l’édifice, et placés où nous sommes, où nous serons, avec Jacques et Jean et Pierre et tant d’autres, avec ceux que nous aimons et avons aimés, avec ceux qui nous ont mûtilés ou déçus mais que nous redécouvrirons autres, nous ferons l’ensemble de la création terminée, belle et bonne à jamais, apaisée et totale. Les disciples étaient en route avec Jésus pour monter à Jérusalem ; Jésus les précédait ; ils étaient effrayés, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. Nos itinéraires ainsi, mais Jésus les précédait. De son incarnation, de sa connaissance totale de ce qui allait suivre et du pourquoi de toutes choses, et de tout un chacun... [1]

Questions toutes simples.

Pourquoi ces réunions – déjà deux fois… à l’Elysée de sept ministres. Dont Franois Fillon, le Premier, et Rachida Dati, sont exclus ? Des cercles, comme le « Marly, Sire » les avait caractérisés au temps de la cour du Roi-soleil.

Pouquoi Claude Guéant, préposé au Liban ?

Enquête à faire – passim – dans ma collection du Canard enchaîné, remontant à de Gaulle. Les fioretti de l’Elysée (page 2 de notre feuille officieuse) étaient-ils de ce temps-là aussi copieuses et précises. Prendre des échantillons ou faire des carottes sous chacun de ses successeurs. Je présume que le Général ne lâchait rien qui ne soit à dessein et que l’on a commencé le jeu des rumeurs sous Georges Pompidou, cette fois à l’initiative des visiteurs et à mesure que se fermait « le château ». La novation avec Nicolas Sarkozy n’est pas que ses partenaires-adversaires-fidèles-ennemis soient tous mésestimés : on prêtait à Jacques Chirac des portraits conclus toujours par une appréciation crûe des coefficients intellectuels… mais que le président actuel se compare sans cesse à ses prédécesseurs dont aucun, selon lui, n’arrive à sa hauteur. Cela tourne au comique mais semble stupéfier les auditeurs de première main.

La révision constitutionnelle devient un monument mais le produit qui en sorte ressemble à de la charcuterie, plus aucun plan ni dessein, on touche à tout, on rajoute, on taille peu ; du massacre, et aucune autorité sinon celle du rapporteur de la commission des lois qui joue le comique de répétition et ridiculise en fait un projet gouvernemental complètement perdu de vue. Scènes parfois pathétiques et nocturnes, les plus opposés au projet sont dans ce qui est censément la majorité parlementaire du président régnant. Comment sortiront les cadres juridiques de la vie éconpomique, sociale, financière du pays au bout de cinq ans de ce traitement, tandis que la récession mondiale et les délocalisations nous auront totalement dépenaillés ? sans que le pouvoir élu le 6 Mai 2007 se soit donné la moindre responsabilité pour y remédier et contribuer à une prise de conscience mondiale de tous les gouvernants qu’on ne peut laisser la planète et les grands flux à vau-l’eau. Climat et argent nous rendent fous, tout le monde le sait, personne n’y fait.

[1] - 1ère lettre de Pierre I 18 à 25 ; psaume CXLVII ; évangile selon saint Marc X 32 à 45

mardi 27 mai 2008

journal - lundi 27 mai 1968

+ Lundi 27 Mai 1968


11 h 25

La situation devient plus claire .
C'est-à-dire qu’elle devient plus sombre .
Et que le Gvt. le PR. et le régime dans leur ensemble .
vivent peut-être leurs derniers jours d’interlocuteurs valables .

Aujourd’hui . la manifestation des étudiants . à nouveau .
Qui peut entrainer . on ne sait quoi .
Au minimum . ce qui s’est passé dans la nuit de vendredi à samedi .
Au maximum …
Certes . il y a désaveu de la CGT ; du PCF .
et de Geismar . mais …

La négociation sociale semblait en bonne voie . jusqu’à cette nuit .
Mais il paraît que Renault interdirait aux syndicats
de signer . et demanderait du supplément .
semaine de 40 h . payée comme celle de 48 . etc.
Jusqu’à présent . les syndicats ont accepté de discuter avec le Gvt
et n’ont pas demandé la lune .
Combien de temps . cette attitude va-t-elle se maintenir ?
Les accords seront-ils entérinés par la base ?
Un mouvement d’opinion popurrait se faire jour . selon lequel
de Gaulle et le Gvt ne sont plus les interlocuteurs . qu’il faut autre chose .

Cette conviction deviendrait progressivement celle du « parti de l’ordre » .
Peu à peu pourrait naître la pensée qu’une fois de Gaulle .
parti . tout rentrera dans le calme . les étudiants étant
satisfaits . et les anciens asusi

Tout joue donc sur la crédibilité de de Gaulle .
Le fait que son discours n’ait pas provoqué de miracle .
est déjà défavorable . L’échec avec les syndicats .
et la non-reprise du travail cette semaine . ruinerait totalement
cette crédibilité.
Cette semaine est peut-être la dernière pendant laquelle le régime
Puisse être sauvé . se sauver .
Pendant ce temps . l’opposition a le temps de revenir de sa
« divine surprise » . et de s’organiser .
On peut fort bien supposer des contacts entre elle et les ydnicats .
puis un accord . celui-là même qui aurait été impossible
Dès lors les dés seraient jetés .
Et la suite des événements : imprévisible .
La bataille électorale serait douteuse .
tant au plan des législatives . que des présidentielles .
On peut cependant penser qu’aux présidentielles . un candidat gaulliste
l’emporterait .

La mentalmité dominante actuelle est surtout de « profiter » de
la crise . d’en tirer pour son petit secteur professionnel le maximum
d’avantages . aussi bien à l’ENA . qu’ailleurs.

Le referendum ne peut être un chèque en blanc .
Mais on ne peut empêcher qu’il soit une marque
de confiance ou de défiance vis-à-vis de de Gaulle .
De toutes façons . cette marque – quoi qu’en dise
l’intelligentsia politique – est absolument indispensable .

Ceci posé . il faudrait que le referendum ratifie
qqch de déjà fait . ou de déjà décidé .
Il est impossible de présenter au peuple . une foule vague .
pour résoudre une crise qui est bien sûr de mutation .
mais qui appelle des décisions immédiates . et claires .

Les pleins pouvoirs – l’opposition a raison de le dire –
de Gaulle les a depuis 10 ans .
Il ne peut donc les demander . Cela n’a pas de sens .
Par contre . il peut faire approuver des mesures précises .
Très audacieuses . déjà négociées et mises en forme
avec les syndicats et les milieux universitaires.
Qqch . qui semblerait octroyé . et l’œuvre de la seule
administration . aurait un effet psychologique catastrophique .

La « grande négociation sociale « devrait se prolonger pour mettre
au point la partie sociale du referendum .
Les universitaires . et les commissions mixtes étudiants-enseignants
devraient se voir confier le projet universitaire . du referendum .

Le fera-t-on ?


18 h 30

A moins d’un dérapage vers la violence et l’émeute .
des manifestations de ce soir .
Et d’un refus de la « base » d’avaliser les accords
de la rue de Grenelle .
la bataille devrait dériver sur le plan politique .
et sur le terrain du referendum . choisi par le Général .
avec peut-être plus d’habileté à long terme .
qu’on ne le croit pour l’instant .

Si de Gaulle franchit le cap de cette semaine .
Et du mois de Juin . ce sera gagné .
A moins de commettre des erreurs . et de refuser tout
changement de style . Et le départ de 1972
restera glorieux . Je voudrais l’espérer .

Il est peu probable . si la situation se rétablit .
que de Gaulle soit contraint sur le plan international :
monétaire . relations avec le Marché Commun . et politique
étrangère en général – à des changements déchirants .
Et le Gvt est riche en experts et hauts fonctionnaires .
pour endiguer l’inflation éventuelle .

Bien sûr . et de toutes façons . il n’y aurait
« plus une faute à commettre » .
Pompidou . qui a sûrement les pleins-pouvoirs pour sortir
le régime de la crise . doit sincèrement s’en rendre compte .

L’opposition fédérée et le PC . ont fait la preuve
qu’ils ne voulaient le pouvoir que par la voie légale .
Bien sûr . il ne faudrait pas trop les tenter .
Leur calcul est au fond judicieux : ne pas gâcher
en coup de force . maintenant . ce qui peut nous tomber
tout cuit . aux prochaines élections .

Ceci posé . il y a sûrement des éléments révolutionnaires
dans chacune des formations politiques et syndicales .
qui sont enclins à prendre le pouvoir . et à encourager
tout durcissement de la base .

« Le Monde » – c’est assez symptomatique – est beaucoup
moins dur et politisé que vendredi et samedi après le
discours . On parle des conséquences techniques des accords de
la rue de Grenelle . et l’on ne voit plus de départ
de de Gaulle . que par le referendum .
Prise de conscience qu’il ne faut pas souffler sur le feu .
ou « fonds secrets » ?

Il reste dans la majorité de l’opinion . que de Gaulle .
dont on admirait – de toutes façons – la force . la réussite
et l’assurance – est sérieusement ébranlé.
Il n’a pas su prévoir .
Il ne peut pas réussir .
Surtout . il n’a pas su prévoir . et s’est montré incapable
d’éviter ces trois semaines . Pour un peu . on aurait pitié
qu’il finisse si mal .

Pour ma part . je souhaite . pas seulement dans l’intérêt
du régime . mais dans celui du pays . le succès de
Pompidou et de de Gaulle .
L’opposition n’est nullement prête à prendre le pouvopir .
Elle en a visiblement peur . et la base ne la suivrait pas .

Je pense que les institutiuons . la politique extérieure .
et la politique financière . sont des réussites . qui permettent
peut-être d’éponger la crise . même si elles n’ont pu l’éviter
- les institutions : il reste un leadrship et un exécutif .
la procédure du referendum . permet de canaliser la bataille
pour le pouvoir . et d’unir tout le monde à une décision .
même si elle est auparavant controversée
- la politique extérieure : les bons rapports avec l’URSS
et le dégel en Europe . ont certainement une influence
très modératrice sur le PC et la CGT .
Moscou n’a aucun intérêt à voir tomber de Gaulle .
qui lui est favoroable ; Un Gvt de gauche . type Mitterrand .
risque d’être bp plus proche des Américains . Un Gvt PC .
sera un partenaire difficile et a part entière pour le PCUS .
et risque d’entraîner des complications avec les Etats-Unis
- la politique financière . permet de tenir contre un déficit
prolongé de la balance des paiements . et d’éviter
une dévaluation

Si de Gaulle tombait . ces jours-ci . ou en Juin
la forme de son pouvoir serait également par terre . et
la France, ayant décidé que l’autorité est une mauvaise chose
reviendrait aux délices du système .
de Gaulle se maintenant jusqu’en 1972 .
la crise actuelle se résorbera . le Gvt fera
les réformes nécessaires . et l’ensemble sera préservé .

Mais . devant les maladresses de ces jours-ci .
et l’orgueil des 10 ans passés .
et les avertissements de Décembre 1965 . Mars 1967 .
j’avoue – en mon for intérieur – rester soucieux .
et me demande si le Gvt a vraiment compris la
nécessité d’un changement de style . pour garder le
contact populaire ?
Je l’espère . Il n’eaura . au bout de cette semaine .
ou enJuin . qu’un sursis . transformable en chute
à court terme . ou de nouvau . en confiance .

----


21 h 10

Quarante minutes de Télé.soir .
La seule émission quotidienne de TV .
A ces images brouillées . est suspendu presque tout le
pouvoir actuellement .
- le projet de referendum .
loi cadre . mandat à PR . Gvt . et Parlement
dans le cadre de leurs compétences respectives .
avec concours toutes oprganisations syndicales et professionnelles .
le Général n’interviendra pas . pendant la campagne .
qui s’ouvrira le 4 Juin . Il parlera la veille . le 3 .
sous forme d’un dialogue .

- la négociation sociale .
compte-rendu de chacun des partenaires . précédé d’un long exposé du PM .
De cela . et de la base . popur l’instant hostile .
Il résulte que bp plus que les augmentations de salaires .
les travailleurs réclament l’exrecice effectif et complet
du droit syndical . Une fois de plus c’est une question très
psychologique . de dignité .

Le PM passe de mieux en mieux l’écran . Voix assurée .
Calme total .
Il est dommage . que Gorse ait eu le petit écran .
cinq minutes pour ne rien dire et décevoir . alors qu’actuellement
chaque déclaration gvtale est passée à la loupe . et peut mettre
le feu aux poudres.

L’une des grandes forces du Général aura peut-être été de trouver
Pompidou . et d’assurer ainsi sa succession .

Il semble que jusqu’à présent . les manifestations se soient bien
passées . malgré la nouvelle que des armes auraient été distribuées ce matin .
Mais un dérapage reste toujours possible .

Rencontre Waldeck – Mitterrand demain . Mais la conférence de
Presse de Mitterrand a lieu – semble-t-il – avant .
Cette dualité de l’opposition ne peut que lui nuire et entrave
son action . de même qu’il existe un groupe supplémentaire
avec le PSU . qui avait pris la tête des manifestations ce soir .

-----

Je fais presque des prières . pour que le Gvt ne fasse
plus la moindre faute . d’ici plusieurs mois .

Pompidou semble l’avoir compris . qui a accepté
très élégamment – pour sortir de l’impasse de l’abrogation
des ordonnances – un débat de ratification avec amendements
au Parlement .
Mais Gorse . pontifiant . suffisant . et creux .
n’a visiblement rien compris . Il est urgent de s’en débarrasser .

-----

Sur le plan des rapports humains en général .
la crise actuelle va encore accentuer le conflit de
générations . et affaiblir encore l’autorité des parents .
A la maison . jusqu’à Marion comprise . tout le monde participe
aux événements . et il n’y a pratiquement pas (sauf MD
et moi) deux positions qui coincident …

Inquiétude & Certitudes - mardi 27 mai 2008


Mardi 27 Mai 2008


Les deux mystères Sarkozy

La perte d'impact

Les banques ne jouant ni leur rôle originel, ni ceux qu'elles se donnent

Les Tibétains transplantés miraculeusement pour la Chine


Prier….[1] la rétribution à laquelle tiennent tant les apôtres – pendant la période leur formation et à l’instant de leur vocation, nette quant à leur disponbilité, floue quant au chemin qu’ils vont suivre (ils suivent quelqu’un qu’ils ne connaissent pas, même humainement) et une part de nous, une partie d’entre nous, stade de psychologie collective dans les âges successifs de la religiosité ? plus que dans l’histoire de l’Esprit-Saint au travail. Réalité certaine de la rétribution, mais celle-ci n’est pas et ne doit pas être un moteur, nous vivons dans la réalité qui à mesure d’une vie, puis à notre passage vers autrement, se dévoile petit à petit, la relation d’amour nous en donne des pans indicibles, nous ne sommes que pris humainement et par Dieu, en Lui, exaucés, accomplis. A l’image du Dieu saint qui a vous a appelés, soyez saints, vous aussi, dans toute votre conduite. Pierre paraphrase sciemment puis cite l’Ecriture. Ce mouvement souverain de la primitive Eglise de faire, à la suite du Christ, le lien constant entre les deux Testaments. Pierre, les Apôtres citent davantage l’Ancien Testament, l’Ecriture que Jésus Lui-même. Dieu est pour eux une force, les références restent celles du judaïsme, mais totalement transformées, parce qu’elles ont pris un sens actuel, vivifiant pour eux. Pour nous. Je marche à tâtons sur les certitudes de la foi qui m’est donnée. Dans laquelle je suis maintenu depuis ma naissance, enrichi chaque jour. Ils cherchaient à savoir de quels temps et de quelles circonstances voulait parler l’Esprit du Christ présent en eux…. Et maintenant cet accomplissement vous a été proclamé. Tranquillité et secret de Pierre et de l’Eglise, affirmant même que nous sommes, pourtant tout contingents, privilégiés par rapport aux anges : ceux qui vous ont apporté l’Evangile sous l’action de l’Esprit Saint envoyé du ciel, alors que les anges eux-mêmes voudraient bien scruter ce message. C’est celui du salut, pressenti dès maintenant. Ce que conclut le graduel : Tu es béni, notre Père, Seigneur de l’Univers, toi qui révèles aux petits les mystères du Royaume. Paroles de Jésus, le Paradis retrouvé, la séquence arrêtée à la tentation a repris. Nous y sommes.

Le mystère Sarkozy… en fait, deux.

Le premier est la genèse de ses convictions politiques et de son entourage confortant ou mettant à jours de telles convictions, sans qu’une synthèse ni fil directeur que d’exercer le pouvoir ministériel ou l’ensemble du pouvoir en tant que président de la République, ne se discerne. L’entourage est-il seulement de savoir-faire, Raymond Soubie, vétéran de la période giscardienne, Claude Guéant dont je n’ai pas étudié les débuts ? ou est-il d’inspiration, Henri Guaino, propulsé commissaire au Plan par Jacques Chirac au début de son premier mandat, ce qui coule l’institution cinquantenaire et la fait supprimer par Lionel Jospin qui n’en a pas compris la portée, à condition de lui redonner sa place dans l’organigramme ? Convictions qui sont presque toutes des convictions ponctuelles, des observatiorns du cas par cas, sans le support d’une conception générale de la France et de l’entreprise européenne. Sensation que Nicolas Sarkozy administre – à coups de textes, le mettant en scène comme s’il devait être l’auteur de toutes libéralités – mais pas qu’il préside, ce qui le maintient en dehors de la chair française : il est à l’extérieur de son histoire et parle peu en géographe ou en sociologue. Il n’a pas une certaine idée – personnelle – de la France, il n’a d’idées que sur l’exercice du pouvoir. Socialement, pour beaucoup de Français, il y a l’interrogation : est-il des nôtres ? pour les élus : vient-il de nous ? je crois qu’il faut poser la question plus à fond : est-il d’ici et de toute notre histoire ? De quoi est-il imprégné ? fait ? quelle est la passion d'un homme tendu aux colères froides ? Des procès de presse intentés par l'Elysée, ce qui ne s'était jamais vu depuis de Gaulle. L'affaire du S.M.S. de Cécilia pas résolue, celle des maillots de corps maintenant... trop ciblés.

Le second est l’emploi par l’actuel président de son énergie et de son temps. Plusieurs sorties de l’Elysée, sinon de France, par semaine : ainsi, celle-ci, l’Oise, Rungis, la Pologne, l’Autriche, Poutine. Le changement de style à la suite des municipales-sanction, aura peu duré. Les médias qualifient ses interventions de plaidoirie et saluent le retour de « l’hyper président ». Comment a-t-il le temps d’étudier, de méditer et de recevoir : des Français non encartés, autres que des politiques ? Une énergie sans productivité : le processus de la révision constitutionnelle le montre, il n’en ressortira de conforme au vœu présidentiel que la limitation à deux mandats de l’exercice qu’il a tant souhaité pour lui, et une prestation de parole personnelle devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles. Le président n’est plus suivi de ce qui devrait être sa majorité parlementaire. Mais ce genre de résistance et d’empêchement est une autre dépense d’énergie française. Tout se grippe. Le débat constitutionnel, à raison de deux séances par jour, se poursuit jusqu’à jeudi, les acquis sont le fait de quelques parlementaires, dont le rapporteur, président de la Commission des lois qui vient de faire s’engager ezécutif et majorité à réunir « groupe pluraliste pour la révision du règlement ».


Par contraste : deux interventions présidentielles, comme des coups d’épée dans l’eau. La presse écrite, fatiguée et en danger : Le Monde en passe de changer de statut, les principaux quotidiens économiques en mains d’intérês financiers et de personnes physiques très profilés, les régionaux en concentration sans que cela empêche L'Est Républicain de s'amaigrir dans les Vosges . Annonce d’états-généraux, avec ces deux idées – fumeuses – d’une mise au pot commun de tous moyens et de tous diagnostics, et d’un recommencement par volonté de tous. Mais c’est oublier que le sort de l’audiovisuel public – du ressort gouvernemental – n‘est pas plus enviable et que l’organisation de sa mûe n’est que peu concertée, c’st oublier un projet de loi sur la protection des sources dans le journalisme qui satisfait peu les professionnels. Le prix du gazole qui n’a porté chance ni aux marins ni au président depuis l’automne… Nicolas Sarkozy recommence et affiche une volonté, dont il ne prouve pas qu’elle a les moyens… sinon qu’il se lève tôt… allusion si répétitive qu’elle m’intrigue. Il semble que le président ne soit plus que réactif et que les qustions les plus aigües le lassent déjà, ainsi désavoue-t-il l’UMP et Patrick Devedjian à propos des 35 heures : celle-ci demeurent la durée légale du travail. De quoi réjouir ses élus et le patronat.

En fait, pendant ses premiers mois, le nouvel élu semblait seul avoir l’initiative et le crédit. Depuis l’automne et surtout sa chute dans les sondages, il doit partager le terrain avec les revendications qui s’(appellent les unes les autres, puisque la méthode présidentielle est de les traiter spécialement chacune, donc sans dynamique d’ensemble, sans projection du tableau souhaité à l’arrivée.

Les ventes de logements neufs ont baissé de 30% l’an dernier en France. Deux aveux : les banques qui ne financent déjà plus les entreprises, se rabattent sur le seul crédit à la consommation et ne gagnent de l’argent que par les découverts des particuliers. D’autre part, les ménages sont surendettés pour parvenir, au jour le jour, à maintenir leur pouvoir d’achat. On emprunte à trente ans pour l’immobilier… la maison à 15 euros consacre la tendance.

En Chine, les répliques sismiques font évacuer de plus en plus de monde, le prétexte – et l’appui international par compassion – est miraculeux pour transplanter les Tibétains de souche. Les Birmans acceptent l’aide mais s’assurent que leur prix Nobel de la paix ne pourra ouvrir sa porte aux étrangers, qui rendrait sa parole et ses dignostics contagieux. Et naturellement, la pollution à Pkéin bat des records pour rappeler à « l’opinion internationale » que la Chine est, avec les Etats-Unis, le pays le moins respectueux des engagements mondiaux, signés ou moralement consentis, de respecter un peu plus l’environnement.

[1] - 1ère lettre de Pierre I 10 à 16 ; psaume XCVIII ; évangile selon saint saint Marc X 28 à 31

journal - dimanche 26 mai 1968

+ Dimanche 26 Mai 1968



17 h 15

Florence me rapporte les propos de son père .
Qui me semblent assez représentatifs de toute une bourgeoisie
Possédante et « éclairée » .
Considèrent – de Gaulle fini
– dévaluation inévitable .
Ces deux anticipations – si elles devaient se généraliser –
auraient les conséquences les plus graves .
Il y a toute une partie de la population qui ne voteront
de Gaulle que s’il est « crédible ».
Le fait aussi que les gens ont jugé ce discours . plus sur
l’opinion des autres . que sur le leur propre . par un curieux
phénomène de transfert . a ajouté à ce détachement
vis-à-vis du Général .

Le PC . qui a nettement opté – dans ces événements qu’il
n’avait pas pu prévoir et qu’il essaie de noyauter –
par la voie légale . pourrait paraître pour beaucoup de
possédants . le salut . ou à tout le moins l’ordre .
Cédons à la gauche le pouvoir politique . pour avoir
Un climat social plus calme . et garder le pouvoir et les
bénéfices économiques . Rien qu’écrire cela, en montre l’aveuglement
et l’inanité . Ce serait un calcul à très courte vue .

Ces milieux patronaux . comme beaucoup de milieux universitaires .
se sont précisément opposés à toute réforme . depuis 10 ans .
en particulier sur la participation et l’intéressement .
Ils ont joué du prestige de de Gaulle . pour tout refuser aux syndicats .

La carte que devrait jouer de Gaulle . serait de prendre
résolument la tête des réféormes.
Que le projet de loi référendaire soit pratiquement rédigé
par les syndicats et les universitaires .
Si ce projet est fait contre les syndicats . le referendum . même
positif – ne résoudra rien .

On peut penser à un remaniement ministériel intéressant .
après le referendum . mais en filigrane avant .
Chirac devrait obtenir le portefeuille des Affaires sociales
Poujade . l’Education nationale .

---

Inquiétude & Certitudes - lundi 26 mai 2008

Lundi 26 Mai 2008


L'exhaustivité accessible des pièces et du déroulement de la révision constitutionnelle


Une durée de débats sans précédent, une mise en charpies du projet présidentiel : aussi


Les marins-pêcheurs se souviennent de la promesse de Guivinec, les confrèeers européens les imitent

L'international : l'essentiel et l'accessoire


Nicolas Sarkozy, inlassablement hebdomadaire





Prier… les grands ordres religieux, ma lecture d’hier, tout n’est-il pas à reprendre ou à inventer quasiment ab initio en cette matière, puisque sauf exceptions, la vieille Europe, en tout cas notre France ne recrute plus ? Puis viens et suis-moi… ces paroles de feu qui me faisaient rougir, de même que toute allusion à nos assemblées de collégiens sur une vocation particulière, me paraissait directement adressée, ne remuent plus personne, ou sommes-nous dans la parabole du semeur et des ronciers, trop occupés ? notre psychologie à chacun devenue inapte ? La recherche de la perfection ou le mime de personnalitrés enviables et remarquables sont – à entendre les récits de vocation – les deux chemins fréquents. Il est clair que ces chemins sont très loin du seuil. Jésus le fait comprendre : posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer. S’il n’y a pas rencontre ou désir de rencontre, et rencontre d’amour, on ne va pas loin, on n’aboutit nulle part. L’attrait se bâtit cependant sur notre sensibilité. Ce mot de JL : je me suis fait jésuite, parce que cela me faisait plaisir… il est rare que Jésus appelle ses disciples, qui – eux – ont tout quitté pour le suivre, à la lettre et avant la formulation présentée aujourd’hui, mes enfants… La richesse handicape, un dénuement excessif, aussi. Vous allez obtenir votre salut, qui est l’aboutissement de votre foi. Je crois que chaque génération bénéficie des acquis de celles qui l’ont précédée, mais elle ajoute, les nôtres ajoutent peut-être une grande désinvolture et beaucoup de repli sur soi et de peurs autant de l’engagement que du dépouillement, mais elles ont l’intuition que les buts ne sont plus moteurs : perfection, salut ? soit, mais c’est la rencontre d’une personne qui est décisive. On se donne à quelqu’un et pas à quelque chose. Un de les scouts, il y a quarante-cinq ans, était choqué par le psaume… propter retributionem… aimer ou se consacrer : parce que… Non. Inconnu, indicible, invisible, Dieu sur-aimé. Un de mes moines aimés disait, il y a aussi quarante-cinq ans : Dieu plénitude d’attrait, il commentait il y a dix ans : notre bien commun, en communauté religieuse, certes pour tout le créé, le vivant. L’héritage qui ne connaîtra ni destruction, ni souillure, ni veillissement. La pièce n’est cependant pas à jouer demain. La rencontre du « jeune homme riche » est de maintenant, celui-ci ne demeure pas auprès du Christ mais s’en alla tout triste. Va… mais il est parti pour ne plus revenir. Va…puis viens et suis-moi. Mais va d’abord. Une sorte de mise en ordre, que la foi à elle seule, celle de l’évangile, l’espérance à elle seule, celle de Pierre et de l’Eglise, n’opèrent pas à elles seules [1].



A défaut du contrôle citoyen sur les débats parlementaires, et notamment sur ceux décidant du contenu de la révision constitutionnelle, la vigilance a – de nos jours – ses instruments. Contre le quinquennat – version 2000, alliance en principe contre-nature de Jacques Chirac avec Lionel Jospin – j’avais écrit par la poste aux députés et aux sénateurs censément « gaullistes ». Aujourd’hui, un courriel circulaire aux parlementaires par groupe de cent, n’entraine aucun frais et se réalise en une dizaine de minutes. Sont accessibles directement les discours du président de la République passant commande de la révision, les débats et le texte du rapport du « comité Balladur », les compte-rendus de travaux en commission des lois, trois séances avant l’examen dans l’hémicycle (cinq séances depuis mardi dernier), le texte du rapporteur (gros comme un manuel de droit : 629 pages) et des amendements (603, dont la plupart sont certes lapidaires, mais le total fait nombre). Cependant à mes circulaires (analyse de la commande présidentielle, critique du rapport Balladur, lecture annotée des références gaulliennes, de la lettre du président de la République au Premier ministre, du projet de loi déposé le 25 Avril), je n’ai guère qu’une dizaine de réponses électroniques ; du président de la République que quelques copier-coller me rangeant dans la foule supposée de ceux qui répondent à son souhait de débat national, du Premier ministre des protestations de gaullisme proférées aussi cette semaine au Palais-Bourbon, des présidents des deux assemblées ou du Conseil constitutionnel des accusés de réception dont les plus chaleureux viennent du Sénat, mais aucun courrier n’est circonstancié.



L’entreprise en cours est une première sous la Cinquième République – ce qu’ambitionnait celui qui a voulu sinon cette révision, du moins la révision – en ce qu’elle mobilise une grande partie des articles de la Constitution et en ce qu’elle se déroule en de multiples instances et à de multiples niveaux. Depuis 1958, hors le referendum de 1969 soumis à des consultations préalables très approfondies, pour sa composante de la régionalisation (au point que ces délais découplèrent la consultation des succès de la dissolution de l’Assemblée nationale et du maintien de la parité du franc), jamais une telle discussion n’avait autant duré : bientôt une année calendaire, ni surtout divisé les élus en deux camps tout à fait insolites qui ne correspondent à aucun clivage politique : ceux qui obtempèrent au caprice présidentiel et qui y voient une occasion d’obtenir des révisions partielles depuis longtemps espérées, même si celles-ci ne sont que des ébauches (referendum d’initiative populaire, exception d’inconstitutionnalité), et ceux qui préfèrent rehausser le Parlement dans la vie de nos institutions en en faisant l’opposant, sur ces sujets constitutionnels, aux vues et surtout au comportement de l’actuel président. La pierre de touche est le consentement ou pas à la venue du président de la République, en personne, devant le Parlement : consentement donné ce soir au Palais-Bourbon en première lecture, mais les critiques, très vives dans la majorité et dans l’opposition, ont certainement plus de résonnance que ce premier vote qui n’est pas à la majorité qualifiée.



A l’instar du « rapport Vedel » remis en 1993, celui du « comité Balladur » n’est en fait pas suivi ni par le projet gouvernemental ni par la commission des lois. On est donc dans une réforme qui change constamment de dimension et de libellés, et qui ne peut plus être avouée ou signée par un seul, le président de la République moins que d’autre. Restent que s’avouent des penchants pour un régime seulement présidentiel, qui iraient dans le sens de Nicolas Sarkozy, dans tous les camps, mais qui ne sont pas encore majoritaires. François Bayrou s’avère l’un d’eux, ce qui est conséquent : la représentation proportionnelle rime avec un Parlement où la question de majorité ne se poserait pas dans les termes du parlementarisme que nous connaissons (et dont nous ne savons pas, au bout de cinquante ans pourtant de pratique, vraiment tirer tout le suc).

Relations internationales. J’attache une importance particulière à la chronologie et à la teneur des premiers voyages à l’étranger du russe Medvedev : Kazakhstan, Chine et maintenant intense préparation du « sommet » Union européenne-Russie. Aussi grande quoique le terme soit bien plus longtemps à la discussion sur la réduction des gaz à effet de serre, et à la gestation d’un nouvel instrument politique et juridique, succédant à partir de 2020 au « protocole de Kyoto ». Enfin, à la conférence internationale sur le développement de l'Afrique (Ticad) organisée par le Japon du 28 au 30 mai à Yokohama et qui réunira 52 pays africains. Il y a deux ans, la Chine avait fait organiser une semblable convcertation continentale avec elle.

Surprise, le mouvement des marins-pêcheurs ne s’éteint pas, contrairement à l’ambiance et à la tendance de fin de semaine. La stratégie est d’empocher les 40 centimes le litre mais de pousser les choses désormais au plan européen, c’est-à-dire en suscitant la mise en branle de toute la profession dans l’ensemble de l’Union. Catalans et Portugais s’y mettent. On attend pour demain ou après-demain les Grecs, les Belges et les Néerlandais. Si les Sables-d’Olonne ont repris dès samedi ce qui fit croire au gouvernement (encourageant les médias en ce sens) que le mouvement s’apaisait dans la confiance aux dires de Michel Barnier, Guilvinec qui avait eu la visite surprise du président de la République en Novembre, tient au contraire bon : alors, on y avait entendu la promesse d’un litre de gazole à 30 centimes. Les aides promises ne donneraient qu’une assurance-visibilité de six mois. Il s’agit de l’avenir d’une profession entre les contraintes et régulations environnementales et les prix du carburant.

Imperturbablement, Nicolas Sarkozy tombé à 35% de popularité tandis que François Fillon reste au-dessus de 51% (IFOP-Journal du dimanche) continue de présenter, en province chaque semaine, des projets de loi, à débattre presque chaque fois sous quinzaine au Parlement. Les thèmes sont de plus en plus pointus, le débat technique toujours plus difficile à soutenir puisque le président de la République n’est pas interpellable, même si la révision constitutionnelle exauce son souhait de s’adresser aux parlementaires. Les conséquences et impacts pas toujours mesurés, ce qui fait des déceptions de plus en plus grandes pour des applaudissements de plus en plus maigres, et donne une sensation de pointillisme : il n’y a pas d’ensemble, que la manière du nouveau président, or celle-ci n’attache plus. Elle n’est plus même critiquée, au contraire des premiers mois… un certain état, une certaine mise à l’écart, un scepticisme qui a déjà tout conclu, s’installent chez nous. La suite est peu prévisible, sur le plan politique immédiat, et sur le plan général de la conscience qu’ont les Français d’eux-mêmes, de leur sort, du pays et des grandes évolutions de notre temps.




[1] - 1ère lettre de Pierre I 3 à 9 ; psaume CXI ; évangile selon saint Marc X 17 à 27