jeudi 31 mars 2016

Inquiétude & Certitudes - jeudi 31 mars 2016

stratégie secrète de la terreur - l’art de la guerre . par Manlio Dinucci



Mondialisation.ca, 29 mars 2016


Terrorisme internationalL’ennemi obscur qui se cache dans les angles sombres de la terre » (comme l’avait défini en 2001 le président Bush) continue à broyer des victimes, les dernières à Bruxelles. C’est le terrorisme, un « ennemi différent de celui affronté jusqu’à présent », qu’on révéla en mondovision le 11 septembre avec l’image apocalyptique des Tours qui s’écroulaient. Pour l’éliminer, ce que Bush identifia comme « la colossale lutte du Bien contre le Mal » est encore en cours. Mais chaque fois qu’on coupe une tête de l’Hydre de la terreur, d’autres se forment.


Que devons-nous faire ? Avant tout ne pas croire ce qu’on nous a raconté pendant presque quinze années. A commencer par la version officielle du 11 septembre, écroulée sous le poids des preuves technico-scientifiques, que Washington, n’arrivant pas à réfuter, liquide comme du « complotisme ».

Les plus grandes attaques terroristes en Occident ont trois signes particuliers. Premièrement, la ponctualité. L’attaque du 11 septembre arrive au moment où les USA ont déjà décidé (comme le rapportait le New York Times le 31 août 2001) de déplacer en Asie le centre focal de leur stratégie pour contrecarrer le rapprochement entre Russie et Chine : moins d’un mois après, le 7 octobre 2001, sous prétexte de faire la chasse à Oussama Ben Laden commanditaire du 11 septembre, les USA commencent la guerre en Afghanistan, première d’une nouvelle escalade guerrière. L’attaque terroriste à Bruxelles survient quand les USA et l’Otan se préparent à occuper la Libye, sous le prétexte d’éliminer le groupe État Islamique (EI ou Daech) qui menace l’Europe.
Deuxièmement, l’effet terreur : le massacre, dont les images défilent de façon récurrente devant nos yeux, crée une vaste opinion publique favorable à l’intervention armée pour éliminer la menace. Des massacres terroristes bien pires, comme à Damas il y a deux mois, passent par contre quasiment inaperçus.
Troisièmement, la signature : paradoxalement « l’ennemi obscur » signe toujours les attaques terroristes. En 2001, quand New York est encore enveloppée par la fumée des Tours écroulées, sont diffusées photos et biographies des 19 auteurs des détournements membres d’al-Qaïda, plusieurs se trouvant déjà connus du FBI et de la CIA. Pareil à Bruxelles en 2016 : avant d’identifier toutes les victimes, on identifie les auteurs de l’attentat déjà connus par les services secrets.

Est-il possible que les services secrets, à commencer par la tentaculaire « communauté de renseignement » étasunienne formée de 17 organisations fédérales avec des agents dans le monde entier, soient tellement inefficients ? Ou est-ce au contraire les rouages de la stratégie de la terreur qui sont très efficients ? La main d’oeuvre ne manque pas : c’est celle des mouvements terroristes de marque islamiste, armés et entraînés par la CIA et financés par l’Arabie Saoudite, pour démolir l’Etat libyen et fragmenter celui de la Syrie avec le soutien de la Turquie et de 5 mille « foreign fighters » [combattants étrangers] européens qui ont afflué en Syrie avec la complicité de leurs gouvernements.
Dans ce grand bassin on peut recruter aussi bien le commando suicide, persuadé de s’immoler pour une cause sainte, que le professionnel de la guerre ou le petit délinquant qui va être « suicidé » au cours de l’action, en faisant retrouver sa carte d’identité (comme dans l’attaque de Charlie Hebdo) ou en faisant exploser la charge avant qu’il ne se soit éloigné. On peut aussi faciliter la formation de cellules terroristes, qui alimentent de façon autonome la stratégie de la terreur en créant un climat d’état de siège, comme aujourd’hui dans les pays européens de l’Otan, qui justifie de nouvelles guerres sous commandement USA.
Ou bien on peut recourir au faux, comme les « preuves » sur les armes de destruction massive irakiennes montrées par Colin Powell au Conseil de sécurité de l’Onu le 5 février 2003. Preuves qui se sont avérées fausses ensuite, fabriquées par la Cia pour justifier la « guerre préventive » contre l’Irak.

Manlio Dinucci 

Edition de mardi 29 mars 2016 de il manifesto
http://ilmanifesto.info/strategia-segreta-del-terrore/
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

mercredi 30 mars 2016

Inquiétude & Certitudes - mercredi 30 mars 2016

le projet de loi El Khomri - origines et objectifs idéologiques - analyse de Jacques Nikonoff


La double inspiration du projet de loi El Khomri sur le démantèlement du code du travail : le Medef et l’Union européenne.
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mercredi 30 mars 2016
Auteur : par Jacques NIKONOFF
Le projet de loi El Khomri correspond à la mise en œuvre d’une partie du projet du grand patronat français (le Medef). C’est à l’occasion de son Assemblée générale du 18 janvier 2000 que le Medef a décidé de lancer l’idée de la « refondation sociale ». Il ne veut plus de lois constitutives de droits pour les salariés, il veut généraliser la notion de « contrat » entre l’employeur et le salarié.
Sommaire  

 LA DOUBLE INSPIRATION DU PROJET DE LOI EL KHOMRI SUR LE DEMANTELEMENT DU CODE DU TRAVAIL : LE MEDEF ET L’UNION EUROPEENNE

Par Jacques Nikonoff, professeur associé à l’Institut d’études européennes, Université Paris 8
Le 30 mars 2016
Le projet de loi El Khomri correspond à la mise en œuvre d’une partie du projet du grand patronat français (le Medef). C’est à l’occasion de son Assemblée générale du 18 janvier 2000 que le Medef a décidé de lancer l’idée de la « refondation sociale ». Il ne veut plus de lois constitutives de droits pour les salariés, il veut généraliser la notion de « contrat » entre l’employeur et le salarié.
Par ailleurs, dans le cadre du « Semestre européen », la Commission européenne publie des rapports par pays. Rappelons que le Semestre européen est un cycle de coordination des politiques économiques et budgétaires au sein de l’Union européenne (UE), à l’occasion desquels les États membres alignent leurs politiques économiques et budgétaires sur les règles et les objectifs arrêtés au niveau de l’UE. Il s’inscrit dans le cadre de la « gouvernance » économique de l’Union européenne. Ce cycle se concentre sur les six premiers mois de chaque année, d’où son nom. La Commission européenne a fait cette proposition en mai 2010, les ministres de l’Économie et des Finances l’ont adopté et introduit en septembre 2011. Le processus consiste à coordonner les politiques économiques et budgétaires de la zone euro, en lien avec le Pacte de stabilité et de croissance et la stratégie Europe 2020. Dans ce but, un calendrier d’intégration des budgets des États membres de l’UE au niveau européen a été mis en place en 2011 (le semestre européen). Concrètement, il s’agit de faire « dialoguer » la Commission, chargée du respect du pacte de stabilité et de croissance, et les États membres tout au long de leur processus d’élaboration budgétaire. Des prévisions économiques sont produites trois fois par an par la Commission qui, en janvier, présente un « Examen annuel de croissance » (EAC) pour chaque État membre. Cet EAC met au jour les « réformes » et les « efforts » à effectuer par ces pays. Il débouche sur l’établissement de priorités par le Conseil européen, transmises ensuite, en mars, aux États. En avril, ces derniers doivent élaborer à partir de ces priorités, un « programme de stabilité » qui est ensuite transmis à la Commission (comprendre un programme d’austérité. Celle-ci transmet alors en juin des recommandations pour chaque pays au Conseil européen qui les adopte en juillet. Dès lors, les États doivent intégrer ces recommandations dans leurs projets budgétaires pour l’année suivante. Le semestre européen correspond à une nouvelle étape dans le démantèlement de la souveraineté des États membres.
Pour en savoir plus :
http://www.consilium.europa.eu/fr/policies/european-semester/

Deux documents des institutions de l’Union européenne montrent qu’elles ont inspiré le projet de loi présenté par Madame El Khomri, ministre du Travail, et qu’elles agissent activement pour son succès. Il s’agit :
  • du communiqué de presse du 26 février 2016 de la Commission européenne présentant le « rapport sur la France » ;
  • des « Recommandations du Conseil » du 13 mai 2015.

 I.- LE COMMUNIQUE DE PRESSE DU 26 FEVRIER 2016 DE LA COMMISSION EUROPEENNE PRESENTANT LE « RAPPORT SUR LA FRANCE »

La Commission européenne a publié le 26 février 2016 son analyse annuelle « des défis économiques et sociaux, auxquels font face les États membres de l’UE », à savoir les « rapports par pays ». Ces rapports sont un instrument destiné à suivre les « réformes » engagées (comprendre la mise en œuvre de politiques néolibérales). Ils servent de base au « dialogue » avec les États membres concernant leurs choix nationaux en vue de l’adoption de leurs programmes nationaux en avril et conduiront à la formulation, à la fin du printemps, des recommandations de la Commission par pays.
Étrangement, le rapport sur la France n’est disponible qu’en anglais. La charge symbolique est très forte, comment inciter au « dialogue » si une partie de la population, du fait de la barrière de la langue, ne peut accéder à des données, analyses ou recommandations concernant son propre pays ?
Ce rapport préconise la décentralisation de la négociation collective à l’échelle de l’entreprise et une diminution généralisée des dépenses sociales.

 A.- Décentralisation de la négociation collective à l’échelle de l’entreprise conformément au projet du Medef

La Commission européenne constate avec gourmandise qu’un « glissement » s’est produit vers la décentralisation de la négociation collective. Le cadre introduit en 2004 par la loi n° 2004-391 du 4 mai 2004 relative à la formation professionnelle tout au long de la vie et au dialogue social (dite loi Fillon) a étendu la portée de la négociation collective aux entreprises moyennes. Les accords d’entreprise ou de branche ont été autorisés à déroger aux accords de branches ou interprofessionnels, même si les conditions sont moins favorables aux travailleurs. Néanmoins, regrette la Commission européenne, le principe de faveur, qui établit qu’une révision à la baisse des conditions d’emploi ne peut pas se produire, reste valable « pour le salaire minimum, les classifications, les mesures supplémentaires de protection sociale, les fonds interprofessionnels de la formation professionnelle ». On comprend que la Commission européenne va agir pour continuer la délocalisation vers l’entreprise de la négociation collective sur ces sujets.
Depuis que les dérogations aux accords de branche ou interprofessionnels ont été autorisées, la Commission européenne constate avec regret que les résultats ont été particulièrement faibles. Depuis 2013, seulement 10 accords d’entreprise ont été conclus (accords de maintien de l’emploi), couvrant moins de 2 000 travailleurs. Pour tenter de redresser la situation, la loi n°2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques (dite loi Macron) a étendu la durée de ces accords à 5 ans et a introduit la notion de cause « réelle et sérieuse  » pour licencier les salariés refusant les termes de l’accord, réduisant de ce fait l’incertitude pour les entreprises dans les litiges avec leurs salariés.
À la suite du rapport Combrexelles de septembre 2015, la Commission européenne donne un coup de chapeau au gouvernement qui aurait ainsi manifesté « son intention de réformer progressivement le code du travail pour renforcer l’autonomie de négociation au niveau de l’entreprise » et annoncé qu’une loi serait présentée (le projet de loi El Khomri).
Le projet de loi El Khomri correspond à la mise en œuvre d’une partie du projet du grand patronat (le Medef)
La Commission européenne ne s’arrête pas aux encouragements à détruire le Code du travail, elle insiste également sur la nécessité de poursuivre la destruction du modèle social européen issu de l’après-guerre, reprenant ainsi toutes les exigences du grand patronat.
L’organisation sociale idéale, pour le Medef, est celle dans laquelle les entreprises pourraient définir les contenus des contrats de travail sans aucune contrainte, comme au XIXe siècle avec le contrat de louage où les ouvriers se présentaient en place de Grève… Démunis de tous droits individuels et collectifs, les salariés n’auraient plus aucun recours légal. Car placer le contrat au-dessus de la loi revient à remettre en cause le principe de la hiérarchie des normes juridiques. Selon ce principe la Constitution se place au sommet de notre architecture juridique. Tous les autres textes en découlent en formant une hiérarchie : les traités internationaux, les lois, les règlements… Un arrêté municipal, par exemple, reste subordonné aux principes généraux du droit et ne peut contrevenir aux stipulations d’un texte d’un niveau supérieur. Si la loi fixe le SMIC à 1 500 euros mensuels, aucun accord de branche ou d’entreprise ne peut aujourd’hui fixer un seuil inférieur. Le Medef veut pourtant obtenir la possibilité, avec l’appui de la Commission européenne, de signer des accords de branche ou d’entreprise qui fixeraient le SMIC à 1 000 euros par exemple pour les salariés de cette branche ou de cette entreprise… C’est ce qu’il exprime clairement quand il critique le système actuel qui « hiérarchise les règles sociales suivant le principe de la clause dite la plus favorable » (le principe de faveur). Le Medef a trouvé dans le Parti socialiste et le gouvernement Hollande-Valls un agent beaucoup plus efficace que le dernier gouvernement Sarkozy-Fillon qui n’avait pas osé aller si loin.
La « refondation sociale » engagée par le MEDEF est une tentative de coup d’État
En République, la souveraineté appartient au peuple, directement et par l’intermédiaire de ses représentants, les députés. Il leur revient de décider des conditions du travail, de sa protection et de sa promotion par le vote de la loi. Selon l’Article 34 de la Constitution, « La loi détermine les principes fondamentaux du droit du travail, du droit syndical et de la sécurité sociale. » Ces questions relèvent donc d’abord de la représentation nationale (le Parlement) – c’est-à-dire du champ politique – et ensuite des partenaires sociaux. La raison est simple. La représentation nationale, qui vote la loi, est l’émanation du peuple alors que les partenaires sociaux n’en représentent qu’une fraction. C’est ce que souhaite changer le Medef. C’est pourtant devant la loi, et uniquement devant la loi, que « tous les citoyens sans distinction » se trouvent égaux. Si la loi devenait seconde au regard du contrat, devant qui ou quoi seraient égaux les citoyens ? Par nature le contrat ne peut satisfaire au principe d’égalité, a fortiori lorsqu’il se contracte individuellement entre un salarié et un employeur.
Avec l’inversion de la hiérarchie des normes, le pouvoir d’édicter les règles sociales passerait au patronat, principalement le grand patronat, et plus précisément dans les bureaux du Medef. Seul à décider, il pourrait ainsi accroître l’insécurité, la flexibilité et la précarité. Les temporalités sociales seraient alignées sur les temporalités du marché.

 B.- Diminution généralisée des dépenses sociales

Dans ses « recommandations spécifiques » (Specific recommendations - CSRs), la Commission européenne demande à la France de :
  • identifier les « sources d’économies sur la Sécurité sociale, les collectivités locales, les retraites complémentaires, les retraites de base grâce aux encouragements pour travailler plus longtemps »,
  • poursuivre les « progrès substantiels » obtenus dans la baisse du coût du travail,
  • lutter contre les « rigidités » du marché du travail,
  • « modifier les modalités de fixation du salaire minimum » (le SMIC) car en 2015 il a augmenté de 0,6% de plus que l’inflation à cause de l’indexation automatique sur les salaires réels alors que le chômage continuait d’augmenter,
  • réformer le code du travail pour encourager les entreprises à embaucher des CDI,
  • faciliter les dérogations accordées aux entreprises notamment pour l’aménagement du temps de travail,
  • réformer le système d’assurance chômage pour qu’il revienne à l’équilibre financier et qu’il encourage mieux les chômeurs à retourner au travail.
La Commission regrette que la France ait fait « des progrès limités pour faciliter les dérogations à la loi au niveau de l’entreprise. La réforme du code du travail devrait permettre une meilleure prise en compte du niveau de l’entreprise et de la branche pour les dérogations à la loi. »
La Commission européenne veut accélérer la baisse des salaires réels en France
Le salaire réel correspond au pouvoir d’achat du salaire nominal, c’est-à-dire la quantité de biens et de services qu’un agent économique peut acheter avec son salaire nominal (celui que son employeur lui verse sur son compte en banque).
Motif : la récente décélération des salaires réels en France resterait « insuffisante pour rattraper le retard entre le coût du travail et le ralentissement de la croissance de la productivité ».
La Commission européenne donne les chiffres suivants : entre 2008 et 2012, le revenu par salarié a augmenté de 2,5% en moyenne par an, alors que la croissance du PIB moins l’inflation était autour de 1%. Le gain de 1,5% pour les salariés serait donc extravagant. D’où le principe suivant que l’on peut déduire de cette déclaration de la Commission européenne : les salaires ne doivent pas permettre une amélioration du pouvoir d’achat.
La Commission européenne ne veut pas entendre parler d’augmentation du SMIC
Pour elle, « l’augmentation du SMIC induit une augmentation des salaires pour toutes les catégories de travailleurs, particulièrement pour les ouvriers et employés. » La Commission européenne ajoute « en période de faible inflation, les règles d’ajustement du salaire minimum (le SMIC) peuvent être une source de rigidité des salaires depuis qu’elles sont partiellement indexées sur l’évolution des salaires réels. Le processus de fixation des salaires contribue ainsi aux pressions salariales. » On peut ainsi déduire un autre principe imaginé par la Commission européenne : non seulement les salariés ne doivent pas connaître d’augmentation de leur pouvoir d’achat (progression du salaire supérieure à l’inflation), mais le salaire minimum (le SMIC en France) ne doit jamais augmenter.
La Commission européenne veut diminuer les prestations de Sécurité sociale
Pour elle, « Le coût du travail en France reste parmi les plus élevés de l’UE, essentiellement du fait des cotisations sociales élevées payées par les employeurs, la France se place juste après la Belgique, le Danemark, la Suède, le Luxembourg. Ce rang n’a pas évolué depuis 10 ans, malgré la décélération du coût du travail observée depuis 2012 ». Ce coût du travail serait « élevé principalement à cause de la fiscalité comptant pour plus de 30% de l’heure travaillée, comparé à une moyenne de 24% dans l’UE. »
La Commission se réjouit néanmoins que des « mesures ont été récemment introduites pour réduire le fardeau fiscal sur le travail » : réduction fiscale dans le cadre du CICE de décembre 2012 ; diminution des cotisations sociales des employeurs pour la Sécurité sociale dans le cadre du Pacte de responsabilité et de solidarité de janvier 2014. « Au total ces mesures vont baisser la fiscalité patronale de 1,5% du PIB (30 milliards d’euros) entre 2013 et 2017 ». On doit contester la notion de « fardeau fiscal » pour les entreprises, elles devraient au contraire être fière de contribuer ainsi aux biens communs. Le gouvernement devrait même publier la liste des meilleurs contributeurs ayant payé le plus d’impôts.
La Commission européenne veut réduire les indemnités des chômeurs
Elle constate la détérioration de l’équilibre financier du système d’assurance chômage qui, malgré la Convention d’assurance chômage entrée en vigueur le 1er juillet 2014, reste insuffisante pour réduire son déficit. En octobre 2015 les projections de déficit étaient estimées passer de 21,3 milliards d’euros en 2014 à 25,8 milliards d’euros en 2015 et 29,4 milliards en 2016. Pour l’UE, « La conception du système d’allocations chômage réduit les incitations à retourner au travail ». Hélas, la Commission européenne est restée muette sur les conséquences du déficit financier des familles de chômeurs.
On peut déduire un troisième principe de ces déclarations et de ces silences : il faut baisser les indemnités des chômeurs, autrement dit les affamer, pour les obliger à chercher du travail.

 II.- LES « RECOMMANDATIONS DU CONSEIL » DU 13 MAI 2015

Le document concerné s’intitule « Recommandations du Conseil COM(2015) 260 final », daté du 13 mai 2015. Il concerne le programme national de réforme de la France pour 2015 et porte avis du Conseil sur le programme de stabilité de la France pour 2015. Ce texte a été soumis par le gouvernement français, en application de l’article 88-4 de la Constitution, à l’Assemblée nationale et au Sénat le 21 mai 2015.
Les « recommandations » du Conseil sont ainsi devenues le programme du gouvernement français : « À la lumière des résultats du bilan approfondi de la Commission et de cette évaluation, le Conseil a examiné le programme national de réforme de la France et son programme de stabilité. Ses recommandations formulées en vertu de l’article 6 du règlement (UE) nº1176/2011 se reflètent dans les recommandations figurant aux points (1) à (6) ci-dessous. RECOMMANDE que la France s’attache, au cours de la période 2015-2016 : » On trouve alors deux catégories de recommandations : celles qui portent sur la destruction du Code du travail, celles qui portent sur la destruction d’autres éléments de la protection sociale.

 A.- Le projet de loi El Khomri découle directement des recommandations du Conseil européen

La Commission européenne regrette que « les réformes menées récemment n’ont donné aux employeurs que peu de possibilités pour déroger aux accords de branche. Cela limite la capacité des entreprises à moduler leurs effectifs en fonction de leurs besoins. Il conviendrait d’accorder aux branches et aux entreprises la possibilité de déterminer de façon flexible, au cas par cas et après négociations avec les partenaires sociaux, s’il y a lieu de déroger à la durée légale du travail de 35 heures par semaine. La loi portant création des accords de maintien de l’emploi n’a pas produit les résultats escomptés. Très peu d’entreprises ont fait usage des nouveaux dispositifs permettant un assouplissement des conditions de travail dans le cadre d’accords d’entreprise. Ce dispositif devrait être revu afin de donner plus de latitude aux entreprises pour adapter les salaires et le temps de travail à leur situation économique.
On retrouve cette analyse dans sa recommandation n° 6 : « réformer le droit du travail afin d’inciter davantage les employeurs à embaucher en contrats à durée indéterminée ; à faciliter, aux niveaux des entreprises et des branches, les dérogations aux dispositions juridiques générales, notamment en ce qui concerne l’organisation du temps de travail ; à réformer la loi portant création des accords de maintien de l’emploi d’ici à la fin de 2015 en vue d’accroître leur utilisation par les entreprises ; à entreprendre une réforme du système d’assurance chômage afin d’en rétablir la viabilité budgétaire et d’encourager davantage le retour au travail. »
On comprend donc que c’est la fin programmée des 35h et l’accentuation de la flexibilité des salaires et des horaires, autrement dit travailler plus pour gagner moins. L’incitation à embaucher davantage en contrats à durée indéterminée ne doit pas faire illusion. Comme la flexibilité des horaires et des salaires va croître, le CDI formel deviendra un CDD réel. Tel est l’objet du projet de loi de Madame El Khomri.

 B.- Destruction d’autres éléments de la protection sociale.

Ralentir « considérablement » la croissance des dépenses de Sécurité sociale
Pour la Commission européenne « Il est impossible de dégager à court terme d’importantes économies sans ralentir considérablement la croissance des dépenses de sécurité sociale, qui ont représenté 26% du PIB en 2014, soit près de la moitié des dépenses totales du secteur public. Des économies de 11 milliards d’EUR sur les dépenses de santé sont prévues pour 2015-2017, mais des efforts supplémentaires seront nécessaires pour limiter les hausses de dépenses dans ce domaine. Il est notamment possible de renforcer encore la mise en œuvre des politiques de maîtrise des coûts dans le domaine des prix des médicaments et des dépenses hospitalières. »
Résultat prévisible : diminution des remboursements des médicaments, des consultations et des hospitalisations qui frapperont plus particulièrement les ménages les plus en difficulté, diminution des embauches dans la fonction publique hospitalière.
Baisser les retraites
Pour la Commission, « Le déficit du système de retraite pourrait continuer à se creuser dans les années à venir et les réformes des retraites menées précédemment ne suffiront pas à le combler. En particulier, le déficit imputable aux régimes des agents de l’État et des salariés des entreprises publiques continue de peser sur le déficit global du système de retraite. »
Conclusion : des mesures de diminution du montant des retraites devront encore être prises.
Étrangler les collectivités locales
Pour la Commission « La France a entrepris de réformer ses collectivités locales en vue d’améliorer l’efficacité du système. Elle devrait continuer à mettre en œuvre la réduction prévue des dotations de l’État et renforcer le contrôle des dépenses des collectivités locales moyennant un plafonnement de l’augmentation annuelle des recettes fiscales de celles-ci, en tenant compte des plafonds qui s’appliquent déjà à un certain nombre d’impôts locaux. Des mesures sont également nécessaires pour maîtriser la hausse des dépenses de fonctionnement des collectivités locales. »
Résultat prévisible : diminution des embauches dans la fonction publique territoriale, diminution des subventions aux associations, coupes dans les dépenses sociales.
Baisser le coût du travail
Pour la Commission « Des mesures ont été prises pour réduire le coût du travail et améliorer les marges bénéficiaires des entreprises, notamment le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi de 20 milliards d’EUR et l’allègement des cotisations patronales de 10 milliards d’EUR supplémentaires prévu dans le cadre du pacte de responsabilité et de solidarité. Ces deux mesures, qui représentent 1,5% du PIB, devraient contribuer à combler l’écart entre la France et la moyenne de la zone euro concernant le coin fiscal sur le travail. Leur mise en œuvre devrait se poursuivre en 2016 mais, compte tenu de leur coût élevé pour les finances publiques, il est important d’évaluer leur efficacité au niveau des entreprises. »
Résultat prévisible : de nouvelles subventions publiques aux entreprises privées.
Casser le mécanisme de fixation du salaire minimum
Pour la Commission il faut « tenir compte des rigidités affectant le marché du travail et le marché des produits, et tout spécialement celles affectant les salaires. Le coût du salaire minimum reste élevé si on le compare à celui des autres États membres. Le salaire minimum continue d’évoluer d’une manière qui n’est pas propice à la compétitivité et à la création d’emplois. De plus, dans un contexte d’inflation faible, son indexation automatique pourrait conduire à des hausses de salaires supérieures à ce qui est nécessaire pour préserver le pouvoir d’achat. »
Pour l’instant le gouvernement n’a pas encore osé s’attaquer à ce sujet.
Affamer les privés d’emploi
Pour la Commission européenne « La dégradation persistante de la situation sur le marché du travail a affecté le système d’assurance chômage, au point de remettre en cause la viabilité du modèle. La nouvelle convention d’assurance chômage, qui est entrée en vigueur le 1er juillet 2014, est insuffisante pour réduire le déficit. Les différentes mesures mises en place ont permis d’économiser 0,3 milliard d’EUR en 2014. D’après les estimations, elles réduiront le déficit de 0,8 milliard d’EUR supplémentaire en 2015, le faisant passer de 5,2 milliards d’EUR à 4,4 milliards d’EUR, et la dette du système augmenterait encore pour s’élever à 25,9 milliards d’EUR. Des mesures structurelles sont nécessaires pour garantir la viabilité du système. Les conditions d’éligibilité, la dégressivité des allocations et les taux de remplacement pour les salaires les plus élevés devraient être réexaminés. »
Tout le monde aura compris que « réexaminer » la dégressivité des allocations chômage et les taux de remplacement signifie les abaisser.
Tout ceci converge dans les recommandations n°2 et n°3 :
2.- à accentuer les efforts visant à rendre efficace la revue des dépenses et à recenser les possibilités d’économies dans tous les sous-secteurs des administrations publiques, et notamment aux niveaux de la sécurité sociale et des collectivités locales ; à prendre des mesures pour limiter l’augmentation des dépenses de fonctionnement des collectivités locales ; à prendre des mesures supplémentaires d’ici à mars 2016 pour ramener le système de retraite à l’équilibre, notamment en s’assurant que la situation financière des régimes de retraite complémentaire soit viable à long terme ;
3.- à maintenir les réductions du coût du travail découlant du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi et du pacte de responsabilité et de solidarité, notamment en les mettant en œuvre comme prévu en 2016 ; à évaluer l’efficacité de ces dispositifs en tenant compte des rigidités du marché du travail et du marché des produits ; à réformer, en concertation avec les partenaires sociaux et conformément aux pratiques nationales, le système de formation des salaires pour que ceux-ci évoluent au même rythme que la productivité ; à veiller à ce que les évolutions du salaire minimum soient compatibles avec les objectifs de promotion de l’emploi et de la compétitivité ;
L’Union européenne impose des politiques d’austérité (notamment des « réformes structurelles du marché du travail ») qui consistent à affaiblir les droits et les protections des salariés face aux risques sociaux. L’exemple emblématique est celui de la Grèce avec un double résultat : très positif pour les créanciers qui ont recouvré leurs capitaux avec profits ; très négatif pour la population qui est frappée d’un recul social invraisemblable. Ces politiques empêchent la reprise de l’emploi et, à terme, le remboursement lui-même de la dette publique.
L’euro interdit l’ajustement des monnaies par le taux de change et impose la « compétitivité » par la baisse des salaires et la dérèglementation du travail, c’est-à-dire une concurrence acharnée entre pays, dont les salariés font les frais, alors que l’UE avait pour ambition affichée la coopération. La lutte contre la loi El Khomri, pour être victorieuse, doit intégrer la nécessité absolue de sortir de l’euro et de l’Union européenne, unilatéralement et sans préavis.


vendredi 25 mars 2016

Inquiétude & Certitudes - vendredi 25 mars 2016

la France dépasse son objectif en matière de déficit public - A F P



Par : AFP
vendredi 25 mars 2016 12:10:50
La France a enregistré en 2015 un déficit public moins élevé que prévu, à 3,5% PIB, sans toutefois parvenir à faire refluer le poids de la dette publique, qui s’établissait fin décembre à 95,7% du PIB.
Le déficit public s’établit 0,3 point en dessous de la prévision du gouvernement, qui s’était engagé à ramener le déficit public français à 3,8% du PIB l’an dernier, après 4% en 2014, selon les comptes nationaux publiés par l’institut statistique.
« C’est notre sérieux budgétaire qui nous a permis d’atteindre ces bons résultats », s’est félicité le ministre des Finances, Michel Sapin, dans un communiqué.
Il a souligné que la baisse du déficit était « d’autant plus notable » que le gouvernement avait dû « faire face à des dépenses imprévues, comme le renforcement des moyens liés à la sécurité ».
« Nous continuerons en 2016 et en 2017 à réduire les déficits tout en finançant nos priorités, en baissant les prélèvements et en confortant la croissance et l’emploi », a par ailleurs promis le ministre.
L’Insee explique cette amélioration par une meilleure gestion des dépenses, en hausse de 1,4% en 2015 contre 1,8% en 2014. Rapportée au PIB, la dépense publique a baissé de 0,5 point sur un an, à 56,8% du PIB.
La réduction du déficit s’est par ailleurs faite malgré une baisse des prélèvements obligatoires (une mesure de la pression fiscale), passés de 44,8% du PIB en 2014 à 44,5% l’an dernier, du fait de la baisse de l’impôt sur le revenu et des allègements de charges pour les entreprises.
Le gouvernement a abaissé en 2015 l’impôt sur le revenu de 3,2 milliards d’euros et allégé les charges pesant sur les entreprises à travers son pacte de responsabilité, après le « ras-le-bol fiscal » entraîné par les fortes hausses d’impôts au début du quinquennat de François Hollande.
Si le déficit a baissé, ce n’est pas encore le cas de la dette publique brute mesurée en pourcentage du PIB: cette dernière a atteint 95,7% fin 2015, à 2 097 milliards d’euros, contre 95,3% du PIB fin 2014, selon l’Insee.
La dette publique continue en effet à s’accumuler tant que les comptes publics sont déficitaires, puisqu’il faut chaque année emprunter pour boucler les budgets. En proportion du PIB, elle peut reculer même si l’endettement progresse en valeur absolue, mais à condition que la croissance soit suffisamment vive.
>> Lire aussi : Déficit et dette publique toucheront un nouveau record en France en 2015

Par : AFP

La France dépasse son objectif en matière de déficit public

Par : AFP
vendredi 25 mars 2016 12:10:50
Michel Sapin
La France a enregistré en 2015 un déficit public moins élevé que prévu, à 3,5% PIB, sans toutefois parvenir à faire refluer le poids de la dette publique, qui s’établissait fin décembre à 95,7% du PIB.
Le déficit public s’établit 0,3 point en dessous de la prévision du gouvernement, qui s’était engagé à ramener le déficit public français à 3,8% du PIB l’an dernier, après 4% en 2014, selon les comptes nationaux publiés par l’institut statistique.
« C’est notre sérieux budgétaire qui nous a permis d’atteindre ces bons résultats », s’est félicité le ministre des Finances, Michel Sapin, dans un communiqué.
Il a souligné que la baisse du déficit était « d’autant plus notable » que le gouvernement avait dû « faire face à des dépenses imprévues, comme le renforcement des moyens liés à la sécurité ».
« Nous continuerons en 2016 et en 2017 à réduire les déficits tout en finançant nos priorités, en baissant les prélèvements et en confortant la croissance et l’emploi », a par ailleurs promis le ministre.
L’Insee explique cette amélioration par une meilleure gestion des dépenses, en hausse de 1,4% en 2015 contre 1,8% en 2014. Rapportée au PIB, la dépense publique a baissé de 0,5 point sur un an, à 56,8% du PIB.
La réduction du déficit s’est par ailleurs faite malgré une baisse des prélèvements obligatoires (une mesure de la pression fiscale), passés de 44,8% du PIB en 2014 à 44,5% l’an dernier, du fait de la baisse de l’impôt sur le revenu et des allègements de charges pour les entreprises.
Le gouvernement a abaissé en 2015 l’impôt sur le revenu de 3,2 milliards d’euros et allégé les charges pesant sur les entreprises à travers son pacte de responsabilité, après le « ras-le-bol fiscal » entraîné par les fortes hausses d’impôts au début du quinquennat de François Hollande.
Si le déficit a baissé, ce n’est pas encore le cas de la dette publique brute mesurée en pourcentage du PIB: cette dernière a atteint 95,7% fin 2015, à 2 097 milliards d’euros, contre 95,3% du PIB fin 2014, selon l’Insee.
La dette publique continue en effet à s’accumuler tant que les comptes publics sont déficitaires, puisqu’il faut chaque année emprunter pour boucler les budgets. En proportion du PIB, elle peut reculer même si l’endettement progresse en valeur absolue, mais à condition que la croissance soit suffisamment vive.
>> Lire aussi : Déficit et dette publique toucheront un nouveau record en France en 2015

Par : AFP
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dimanche 20 mars 2016

pédophilie, diocèse de Lyon, mise en cause du cardinal Barbarin






Toute situation appelle la communion




Sondages… 63% des Français (les catholiques pratiquants étant d’avis contraire à 62%), souhaitent la démission du cardinal Barbarin, et de 72 à 77%, depuis au moins une année, souhaitent que ni François Hollande ni Nicolas Sarkozy ne se présentent à la prochaine élection présidentielle : qui s’exécutera ? De 70 à 85% des Français souhaitent que l’Eglise se réforme, la jugeant "très/trop conservatrice" (83%), "trop éloignée du quotidien des Français" (64%) et "pas transparente" (81%) [1]. Mêmes proportions et même libellé des critiques pour le fonctionnement de notre démocratie : la peur du referendum depuis 2005, le maintien à l’Elysée d’un président ayant manqué la dissolution de l’Assemblée nationale et perdu un referendum, deux décisions n’incombant qu’à lui, sans que ce soit reproché à aucun des chefs du moment. Mais des prises de position, de l’insistance médiatique quand il s’agit d’un des plus dynamiques de nos évêques (certes la Manif. pour tous, contre laquelle j’ai plusieurs fois écrit à l’ensemble de notre épiscopat, dont le primat des Gaules, mais aussi les voyages en Irak et la cause des chrétiens là-bas d’une manière qui sauve l’honneur-même de la France).

Le chef et les subordonnés qu’il nomme … la démission de François Hollande, président de la République, a-t-elle été exigée (et pourquoi pas par des hommes d’Eglise ?) quand Jérôme Cahuzac a été convaincu d’avoir menti, en séance publique à la représentation nationale, et à propos de ce dont il prêchait l’abolition… tandis que le Premier ministre (homme d’Etat) réclame celle d’un évêque qui s’était fait refiler par un confrère un prêtre à la dérive ? François Hollande avait cru sur parole son ministre du Budget, exactement comme Philippe Barbarin a cru à la parole de l’abbé Bernard Preynat.

Ce que nous vivons à l’époque contemporaine montre que l’Eglise catholique sait se réformer et même s’analyser. Il y a eu le concile Vatican II. Pourquoi pas Vatican III qui ne serait en rien dogmatique mais tout entier pastoral ? Il serait consacré à l’insertion du clergé dans le peuple chrétien, à plein temps, comme tout laïc, sans autre particularisme que son ordination sacerdotale et sa disponibilité pour administrer les sacrements. Mariage et paternité de sang…, travail rémunéré dans l’entreprise, la fonction publique, l’agriculture, les arts, les médias, etc… comme « tout le monde ». Le sacré y gagnait, le côté professionnel s’amenuiserait. Et – en regard puisque la comparaison éclaire et que les médias traitent de même toutes personnes et toutes institutions, aujourd’hui – depuis vingt ans au moins (le départ de François Mitterrand), la dénaturation de nos institutions pratiquées au rebours de que nous avait fait vivre le général de Gaulle : le peuple hors du coup, les consciences contraintes dans toute votation significative à l’Assemblée nationale, les ministres anciens parlementaires retrouvant leur siège sans que soient interrogés leurs électeurs, le vote blanc toujours assimilé à un vote nul soit même à une abstention, etc… Qui hurle ou condamne ce manque de cohérence, de sincérité ? La République ne s’amende que dans la catastrophe, pour le pire : Juillet 1940 ou pour le meilleur : Septembre 1958. L’Eglise, elle, en France a inventé les prêtres-ouvriers, et l’Eglise universelle a toujours su se réformer, souvent dans une inspiration de religieux et de prélats français. Les appels à la conscience nationale de trois de nos évêques, l’été de 2010 [2], quand le discours de Nicolas Sarkozy à propos des Rroms était tel, à Grenoble que la commissaire européenne à la Justice, nous crut en 1944… la lettre de Benoît XVI aux Irlandais sur les crimes pédophiles ou les « Magdalena sisters »… attestent que l’Eglise sait voir et a les moyens d’améliorer les siens, au temporel.

Double peine… quel évêque ne souffrirait des fautes lourdes commises par l’un ou plusieurs des siens (ce semble le cas), non seulement de n’avoir pas su les prévoir et les empêcher, mais surtout de telles contradictions avec la foi que le clergé, par son exemplarité, est chargé de maintenir et de propager. C’est assurément, longtemps dans le secret, la peine de Philippe Barbarin. Mais le voici aujourd’hui, vivant une Semaine sainte et une entrée dans la Passion de son Seigneur qui a peu de précédents contemporains (Mgr. Pican n’a pas été lynché et son nom n’a pas intitulé des faits alors qu’il y a dans les médias et dans la presse écrite : « l’affaire Barbarin » comme si le cardinal était, de sa personne, le prédateur…). Peine peut-être triple puisqu’il souffre pour lui-même, c’est évident à chaque nouvelle image de son visage et de sa silhouette : ecce homo…, et plus encore pour l’Eglise, d’autant qu’il en est l’un des cadres les plus en vue.

Les photos en camp scout, sans que le récit détaillé des faits soit donné, il serait d’ailleurs banal, montrent des garçons sans doute jeunes mais de taille physique et de maturité suffisantes pour, d’un ou de quelques gestes ou mots, rappeler n’importe quel adulte à la conscience de ce qui va se perpétrer. Je ne discute pas s’il y a consentement, soumission, fascination ou violence mais il y a connaissance mutuelle et des liens préalables à expliquer ou connaître. Dans la vie scoute que j’ai pratiquée, à tous ses « grades », ce sont des jeunes qui sont encadrés par d’à peine moins jeunes. Aucune situation de pédophilie entre eux, et guère de pratique homosexuelle (qui serait librement consentie) entre les mêmes puisqu’en camp de toile et en patrouilles, la paire et l’isolement sont impossibles ou aussitôt remarqués. Si le chef de troupe a de l’allant,  voire du charisme et de la pédagogie innée, l’aumônier n’est pas au contact direct ni individuel avec les jeunes. La maîtrise elle-même guère davantage. La patrouille s’auto-gère et comme l’a voulu Baden Powell, « le fort protège le faible ».

Quelles sont les causes et les circonstances d’un éveil à l’évaluation de faits anciens ? quel traumatisme a donc traversé une conscience longtemps sans la marquer et en quoi une vengeance – la ruine d’une réputation, pas même celle du violeur ou de l’agresseur si c’en fût un, mais celle de ses supérieurs de maintenant qui ne l’étaient pas autrefois – guérit-elle ? Se venger de l’agresseur peut-être ? mais se venger sur l’institution ? La pédophilie, dans les mêmes délais décennaux ou deux fois décennaux, a – elle aussi – changé de sens en droit pénal et en retentissement médiatique. Les mêmes mots désignent aujourd’hui des situations, des gestes, des agressions pour viol bien plus graves factuellement qu’autrefois.

Il reste que le drame actuel – vécu par le primat des Gaules – bien différent de ce que vécurent les victimes, met en évidence salutairement de très graves lacunes de notre société.

L’exigence citoyenne est sélective. Nous tolérons, en France,  une vie politique complètement désaccordée avec les circonstances et avec les nécessités. C’est un théatre d’ombres, en totale contradiction avec les frontispices et les principes de la République. En tant que tel, quoique quotidiennement perçu et stigmatisé, il est toléré. L’Eglise est en bien moindre décrépitude et contradiction puisque ses manquements à raison de son clergé ou ses raideurs et simplismes en matière de mœurs ou de bio-éthique, choquent et font crier à la punition et à la réforme. Les absolutions données au libéralisme économique et au mondialisme aussi. Mais il est aussi vrai que Benoît XVI – premier pape à le reconnaître – a légitimé eros et le droit au plaisir sexuel et a insisté sur la déviance des spéculations financières : la première et la dernière en date de ses encycliques.

La gestion des ressources humaines, la formation des cadres et la notion de responsabilité – couramment mais à tort entendue comme la revendication d’une exclusivité de la décision, alors qu’il s’agit de payer pour tout manquement, vg. la démission exigée d’un prélat, mais donnée in extrêmis par un politique sous contrainte judiciaire – demandent chacune, dans l’Eglise, dans l’Etat, dans l’entreprise, dans les vies associatives des révisions complètes. L’Education nationale où la psychologie et la sociologie ont si peu cours pour la préparation et l’évaluation des maîtres, en est l’exemple le plus quotidien. Notre clergé, formé à l’étude et au dogme, n’est entraîné ni à l’ « éloquence sacrée » (que d’homélies lamentables ou hors sujet, bien des dimanches…), ni à la communication, ni au simple savoir-vivre. Quand il s’agit d’une personnalité ayant charge d’un diocèse et représentant une part très visible de l’institution écclésiale, ces manques de formation et de savoir-faire sont dangereux. Un de nos compatriotes – homme de foi et d’Eglise – les plus populaires, génial auteur de l’appel à une générosité insurrectionnelle de tous les Français dans l’hiver 1953-1954, ne pouvait pas quarante ans plus tard sortir de la nasse de ce qui fut appelé «  l’affaire Garaudy » et quand même pas « l’affaire Abbé Pierre ».

Ce qui me frappe ces heures-ci, c’est le haro. Qui – quels que soient fautes, fautifs, responsables – n’est jamais signe de santé dans une société. C’est le péremptoire de certains, de ceux qui ont le privilège de la parole et, plus encore, de la répétition publiques. Et c’est aussi le bredouillement de tant d’anonymes, mes proches en sont, qui hésitent et prétextent – pas tant pour condamner ou absoudre, et qui ? – mais pour ne pas réfléchir par eux-mêmes.

Oui, cette Semaine Sainte, période liturgique tellement signifiante pour les chrétiens, « tombe » bien cette année. Les récits de la Passion du Christ sont des récits de mouvements de foule, browniens, en sens contraires, des récits de causes entendues d’avance, de syllogismes décrétant une condamnation à mort.

Paul Ricoeur remarquait fréquemment à la fin de sa vie qu’en France, nous ne savons pas débattre. Nous avons évolué – tristement. C’est pire : nous ne savons plus réfléchir, trouver nos repères. Et quels que soient la cause, le sujet, il nous faut avoir le recul de la compassion qui fait d’une souffrance décalée dans le temps et par essence solitaire, une souffrance partagée par une époque, par des institutions, par des chefs aujourd’hui autres. Les victimes font à leur tour des victimes, et – elles-mêmes – n’ont-elle pas changé ? Comment n’ont-elles pas fait de ce qu’elles ont subi une certaine voie, plus subtile, et à terme bonifiante ? Elle a son alchimie et ses remèdes, la souffrance tenant à des situations auxquelles on n’était pas préparé quand eut lieu ce qu’aujourd’hui on reproche à d’autres.

Nous n’avons prise que sur le présent, et ainsi le pouvoir de créer un fort précédent pour panser ou guérir des blessures et des attentats qui – la nature humaine étant ce qu’elle est – ne manqueront malheureusement de continuer à se produire. La peine de mort n’a jamais été exemplaire ni dissuasive, mais une société se grandit en l’abolissant.

Bertrand Fessard de Foucault,
ancien ambassadeur et chrétien de base depuis sa naissance – bientôt 73 ans

dimanche 20 mars 2016




[1] - Le Parisien
[2] - NNSS Centène, Stockert, Le Gall, respectivement évêques de Vannes, de Belfort et archevêque de Toulouse

samedi 19 mars 2016

pédophilie - diocèse de Lyon - msie en cause du cardinal Barbarin


leparisien.fr

Pourquoi Manuel Valls attaque le cardinal Barbarin - Le Point

www.lepoint.fr/.../pourquoi-manuel-valls-attaque-le-cardinal-barbarin-1...
Il y a 4 jours - Philippe Barbarin, cardinal-archevêque de Lyon, est au centre d'une vive polémique sur sa mansuétude à l'égard des prêtres soupçonnés de ...

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Challenges.fr - Il y a 2 jours
Le Parisien révèle que le cardinal Barbarin aurait promu dans son diocèse un prêtre ... Ce n'est pas à Manuel Valls de défaire un cardinal, mais au Pape », a proclamé l'élu, ...
L'Obs - Il y a 2 jours

Pédophilie : Manuel Valls demande au cardinal Barbarin de ...

www.lefigaro.fr/.../01016-20160315ARTFIG00100-pedophilie-manuel-val...
Il y a 4 jours - Le cardinal Barbarin est dans la tourmente depuis plusieurs semaines, accusé de non-dénonciation par les victimes d'un prêtre pédophile.

Pédophilie : Valls demande au cardinal Barbarin de ...

www.lefigaro.fr/.../97001-20160315FILWWW00083-pedophilie-valls-de...
Il y a 4 jours - Le premier ministre Manuel Valls a demandé au cardinal Philippe Barbarin, figure de l'Église de France, de "prendre ses responsabilités" ...

Manuel Valls appelle le cardinal Barbarin "à prendre ses ...

www.huffingtonpost.fr/.../cardinal-barbarin-pedophilie-lyon-manuel-vall...
Il y a 4 jours - JUSTICE - Le premier ministre a demandé mardi au cardinal Philippe Barbarin de "prendre ses responsabilités" après la mise en cause de ...

Prêtre pédophile : Valls et Mgr Barbarin se répondent par ...

www.leparisien.fr/.../pretre-pedophile-valls-appelle-mgr-barbarin-a-pren...
Il y a 4 jours - Le Premier ministre Manuel Valls a demandé, ce mardi sur RMC, au cardinal Philippe Barbarin de «prendre ses responsabilités», alors que le ...

Le cardinal Barbarin à Valls : "Je prends mes responsabilités"

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Il y a 4 jours - FAITS DIVERS - "Le Premier ministre me demande de prendre mes responsabilités et je lui promets que je les prends", a-t-il affirmé.

Affaire Barbarin: pourquoi Valls a raison de rappeler l'Eglise ...

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Il y a 4 jours - Sur RMC, Manuel Valls a appelé l'Eglise catholique à prendre ses responsabilités dans l'affaire Barbarin, cardinal mis en cause pour ...

Manuel Valls demande au cardinal Barbarin de - RTL

www.rtl.fr › Actu › Société et faits divers
Il y a 4 jours - Le Premier ministre Manuel Valls a réagi à la nouvelle affaire de pédophilie qui secoue l'église catholique et le cardinal Barbarin, accusé ...

Prêtre pédophile : Valls et Mgr Barbarin se répondent par médias interposés

15 Mars 2016, 11h04 | MAJ : 15 Mars 2016, 14h54
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La polémique ne cesse de prendre de l'ampleur. Le Premier ministre Manuel Valls a demandé, ce mardi sur RMC, au cardinal Philippe Barbarin de «prendre ses responsabilités», alors que le diocèse de Lyon et son archevêque sont accusés d'avoir couvert des agissements passés de prêtres pédophiles.



«Le seul message que je peux faire passer, sans prendre sa place, sans me substituer à l'Eglise de France, sans prendre la place des juges, car une enquête est aujourd'hui ouverte, c'est de prendre ses responsabilités. C'est à lui de prendre ses responsabilités, de parler, et d'agir», a affirmé le locataire de Matignon. Parler, agir, démissionner ?, lui demande-t-on. «C'est sa responsabilité, mais il faut qu'il entende aussi cette douleur», a poursuivi le chef du gouvernement.*

Le cardinal Barbarin n'a pas évoque de possible démission en répondant à la presse ce mardi. Il en a aussi profité pour répondre à Manuel Valls : «Le Premier ministre me demande de prendre mes responsabilités et je lui promets que je les prends». L'homme d'église a aussi dit espérer que Manuel Valls, qui «connaît mieux que moi les lois de la République», «respecte la présomption d'innocence».

«Touché et bouleversé»



«J'attends non seulement des mots mais aussi des actes», avait encore dit un peu plus tôt Manuel Valls sur BFMTV. «Qu'il prenne ses responsabilités ! Je respecte la présomption d'innocence. Je ne suis pas juge, je suis chef du gouvernement, je fais attention à tous les mots que je veux prononcer, mais un homme d'Eglise, cardinal, primat des Gaules, qui a une influence morale, intellectuelle, qui exerce une responsabilité majeure dans notre société, doit comprendre la douleur», a insisté le Premier ministre.

Manuel Valls s'est dit «touché et bouleversé par les témoignages qu('il) entend et qu('il) li(t). Il faut d'abord penser aux victimes de ces actes abominables. Elles trouvent le courage, plusieurs années après, de parler. C'était enfoui. Il y a eu une confiance qui a été brisée avec ces prêtres, une trahison profonde, psychique, morale, avec des dégâts considérables dans la vie de ces hommes», a-t-il relevé.

«Et donc il faut de la clarté, pas seulement de la compassion, il faut des actes, il faut des gestes. Si ce débat avait concerné - et ça a concerné - des directeurs d'école, des élus, qui n'auraient pas pris leurs responsabilités par rapport à des animateurs ou des enseignants qui sont en contact avec la jeunesse, qu'aurions-nous dit ? Nous aurions été impitoyables», a jugé l'ancien maire d'Evry (Essonne).

VIDEO (le 8 mars). Prêtre pédophile à Lyon : « J’ai gardé ça pour moi, comme la plupart d’entre nous »


VIDEO (le 8 mars). Prêtre pédophile à Lyon : une victime témoigne

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Affaire Barbarin : un nouveau témoignage accablant

Le cardinal lyonnais aurait-il couvert un autre prêtre accusé de pédophilie ? Une victime de ce dernier sort de l'ombre. Pierre*, qui avait déposé une plainte en 2009, se confie aujourd'hui.

Éric Pelletier et Vincent Mongaillard | 15 Mars 2016, 00h00 | MAJ : 15 Mars 2016, 07h10

Lyon (Rhône), le 8 mars. Le cardinal Barbarin pourrait avoir été informé d’une autre affaire mettant en cause un curé lyonnais.Lyon (Rhône), le 8 mars. Le cardinal Barbarin pourrait avoir été informé d’une autre affaire mettant en cause un curé lyonnais.
(LP/Jean-Nicholas Guillo.)
Avis de tempête ce mardi matin sur l'assemblée plénière de printemps des évêques de France, réunis jusqu'à vendredi à Lourdes (Hautes-Pyrénées). Dans les rangs des prélats, tous les regards seront tournés vers l'archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin.
Une nouvelle affaire s'est abattue hier soir sur le clergé lyonnais. Voilà de nouveau le primat des Gaules soupçonné d'avoir couvert des actes de pédophilie. « Le Figaro » a, en effet, révélé lundi soir qu'il n'avait pas pris les mesures nécessaires pour éloigner un second prêtre de son diocèse après la dénonciation, en 2009, d'une victime d'attouchements sexuels survenus deux décennies plus tôt.

La polémique prend de l'ampleur alors que l'ecclésiastique est déjà visé par une enquête préliminaire après trois plaintes d'anciens scouts déposées ces derniers jours. Ceux-ci lui reprochent d'avoir tu les agissements d'un autre curé, le père Bernard Preynat, bien qu'il soit au courant de son passé de pédophile.

«Ce n'est pas à moi d'avoir honte. Je n'agis pas par vengeance, ni pour clouer quiconque au pilori»

La nouvelle affaire remonte à 2009. A cette époque, Pierre*, cadre dans un ministère, dépose plainte contre le père Jérôme Billioud pour des actes commis lorsque Pierre était adolescent à Lyon, dans les années 1990. « C'est la naissance de ma fille, en 2008, qui m'a fait prendre conscience de tout cela, confie-t-il au Parisien. Je ne pouvais pas m'éloigner d'elle, j'éprouvais toujours le besoin de la surprotéger. » Un médecin, qui comprend l'origine de ce mal-être, le convainc de saisir la justice. Pierre est alors entendu par les policiers. Il décrit les agissements de Jérôme Billioud, curé toujours en poste à Lyon. « Il avait 15 ans de plus que moi, il était comme un grand frère, un père de substitution », explique Pierre au « Figaro » : à Biarritz, « dans une chambre de l'hôtel Miramar [...], le père Billioud a commencé à se frotter et à se masturber contre moi. J'étais très gêné, je ne savais pas quoi faire ».

Mais quelques semaines avant de se tourner vers la justice des hommes, Pierre tient à rencontrer le cardinal Barbarin. « Lors de son passage à Paris, nous nous sommes vus à la gare de Lyon, témoigne-t-il. Il m'a dit avoir rencontré le père Billioud, ajoutant que celui avait reconnu que je disais vrai. Barbarin m'a même parlé d'une précédente condamnation et demandé pardon en son nom. » La justice classe finalement l'affaire, les magistrats lyonnais considérant les faits comme prescrits. Les révélations récentes sur les affaires de pédophilie présumée au sein de l'église de Lyon ont convaincu Pierre d'écrire de nouveau au parquet, le 12 février. « Ce n'est pas à moi d'avoir honte, nous raconte le quadragénaire. Je n'agis pas par vengeance, ni pour clouer quiconque au pilori mais par volonté de participer à la prise de conscience qui est en marche. Quand on est au courant de tels faits, il faut agir, surtout quand on est en responsabilité. Barbarin en avait le pouvoir. »

Le père Billioud a indiqué au « Figaro » « n'avoir aucun souvenir » des actes dont il est accusé à Biarritz. Quant au primat des Gaules, sa réponse est tombée tard lundi soir sous la forme d'un communiqué. « C'est avec douleur que le cardinal Barbarin se voit accuser aujourd'hui de manière aussi injustifiée, tant il est évident qu'en aucun cas il n'a ni mis en danger la vie d'autrui, ni encouragé quiconque à se suicider. Le cardinal Barbarin demande solennellement à ce que chacun laisse la justice enquêter dans la sérénité. » L'homme d'Eglise affirme vouloir coopérer « en toute transparence », demandant à ce que soient respectés « ses droits, son honneur et la présomption d'innocence ».

* Le prénom a été changé.

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Pédophilie : un appel aux évêques à «faire la vérité pour les victimes»

Les 120 évêques catholiques de France sont réunis à partir de mardi à Lourdes pour leur assemblée de printemps, dans un huis clos plombé par l'affaire de pédophilie qui ébranle le diocèse de Lyon et son archevêque, le cardinal Philippe Barbarin.

15 Mars 2016, 10h41 | MAJ : 15 Mars 2016, 11h07
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ARCHIVES. Mgr Pontier, président de la Conférence épiscopale (photographié ici à Lourdes en 2001), a redit l'engagement de l'Eglise de France à lutter contre la pédophilie. ARCHIVES. Mgr Pontier, président de la Conférence épiscopale (photographié ici à Lourdes en 2001), a redit l'engagement de l'Eglise de France à lutter contre la pédophilie.  AFP PHOTO / PASCAL PAVANI
Le président de la Conférence épiscopale, Mgr Georges Pontier, a réagi mardi à Lourdes aux plaintes qui touchent le diocèse de Lyon et son archevêque, le cardinal Philippe Barbarin.
«Je tiens à redire ici, en notre nom à tous, que les évêques de France ont une volonté: faire la vérité pour les victimes. C'est cette priorité qui doit guider toutes nos actions dans ces affaires si douloureuses», a souligné l'archevêque de Marseille, en ouverture de l'assemblée plénière de printemps des quelque 120 évêques de France.

«La pédophilie est ces jours-ci remise au coeur de l'actualité médiatique à travers une histoire ancienne dont les douleurs des victimes, que je salue en votre nom, restent vives», a relevé Mgr Pontier dans son discours devant les évêques. «Le cardinal Philippe Barbarin a dit clairement son engagement et celui du diocèse à travailler loyalement avec la justice. Je tiens à l'assurer de notre prière et de notre amitié», a-t-il poursuivi, tout en cherchant du regard l'archevêque de Lyon. Ce dernier, arrivé en retard, n'avait pas pris sa place habituelle mais était resté en haut de l'hémicycle Sainte-Bernadette.

«Privilégier l'accueil des victimes et de leurs familles, les inciter à porter plainte»


Mgr Pontier a redit l'engagement de l'Eglise de France à lutter contre la pédophilie même si, a-t-il reconnu, «des cas épars, récents ou plus anciens, apparaissent encore chaque année dans nos diocèses». «Notre engagement est clair et partagé par nous tous: privilégier l'accueil des victimes et de leurs familles, les inciter à porter plainte, engager les procédures canoniques (codifiées par le droit de l'Eglise, NDLR) contre les auteurs de ces actes et travailler en toute loyauté avec la justice de notre pays. Les règles, les bonnes pratiques et les mesures de prévention et d'éducation que nous avons mises en place sont sans équivoque», a-t-il assuré.

L'affaire Bernard Preynat, prêtre mis en examen pour des agressions sexuelles sur de jeunes scouts lyonnais entre 1986 et 1991, vient bousculer la Conférence des évêques, qui se déroule traditionnellement à huis clos. Une enquête préliminaire a été ordonnée début mars notamment pour «non dénonciation d'atteintes sexuelles sur mineurs de 15 ans», un volet qui pourrait mettre en cause des responsables du diocèse de Lyon, dont le cardinal Barbarin.

L'archevêque de Lyon a dû réagir lundi soir à de nouvelles allégations, émanant d'un homme accusant un autre prêtre pour des faits remontant à 1990 et 1993, alors qu'il avait 16 et 19 ans. Visé par une plainte pour «mise en danger de la vie d'autrui et provocation au suicide», le cardinal s'est dit «consterné» dans un communiqué, demandant que «soient respectés ses droits, son honneur et la présomption d'innocence». Un point-presse exceptionnel a été convoqué en urgence mardi à 12h30 à Lourdes sur ce dossier.

Par ailleurs, Manuel Valls a réagi ce mardi matin, sur RMC, à la mise en cause du cardinal Barbarin. «Le seul message que je peux faire passer, sans prendre sa place, sans me substituer à l'Eglise de France, sans prendre la place des juges, car une enquête est aujourd'hui ouverte, c'est de prendre ses responsabilités. C'est à lui de prendre ses responsabilités, de parler, et d'agir», a affirmé le Premier ministre.
Soutien à Mgr Barbarin ou compassion envers les victimes ?

L'affaire Preynat est hautement embarrassante pour l'Eglise de France, qui affirme s'être mise au clair depuis la condamnation - inédite - en 2001 d'un évêque, Mgr Pierre Pican, pour non dénonciation des faits de pédophilie commis par un prêtre de son diocèse de Bayeux, l'abbé René Bissey. Dès 2000, l'assemblée épiscopale avait affirmé qu'«un évêque ne peut ni ne veut rester passif, encore moins couvrir des actes délictueux». Un vademecum, «Lutter contre la pédophilie», avait été publié en 2002 puis réédité en 2010, avant une piqûre de rappel en 2015. En phase, selon la CEF, avec la politique de «tolérance zéro» affichée par le Vatican.

«Nous travaillons depuis quinze ans sur ces sujets et sur la justesse de nos réactions», assurait il y a quelques jours Mgr Pontier, ajoutant: «tous, on est dans la position de fermeté, du respect des victimes et de la justice», y compris le cardinal Barbarin, qui «a toujours été rigoureux».

Réagir constitue un exercice délicat pour l'épiscopat, tiraillé entre le «soutien» à l'une de ses plus éminentes figures et la «compassion» envers les victimes. Ces dernières en appellent au pape François, soulignant ne plus avoir «confiance» dans leur diocèse. Les rares évêques qui s'expriment sur le sujet font bloc derrière le cardinal Barbarin et pour défendre la bonne foi de l'Eglise.

«Il y a quand même un acharnement par rapport au diocèse de Lyon, confiait la semaine dernière Mgr Stanislas Lalanne (Pontoise), responsable de la «cellule de veille» de l'épiscopat sur ces questions. «Je le connais, il n'a absolument pas voulu cacher quoi que ce soit», a confié au Parisien Mgr Michel Dubost (Evry) à propos de son «ami» Philippe Barbarin.

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Abus sexuels au sein de l'Eglise : une nouvelle affaire accablante

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Le Pape doit-il suspendre le cardinal Barbarin ?

OUI
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16 Mars 2016, 19h21 | MAJ : 16 Mars 2016, 19h18
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Archives.  Le cardinal Philippe Carbarin est soupçonné d'avoir couvert des actes de pédophilie d'un prêtre.Archives.  Le cardinal Philippe Carbarin est soupçonné d'avoir couvert des actes de pédophilie d'un prêtre. Le Parisien/ Delphine Goldsztejn

 L' archevêque de Lyon et primat des Gaules qui a nié mardi avoir couvert  «le moindre acte» de pédophilie reste malgré tout en pleine tourmente.


Mis en cause pour son silence après avoir eu connaissance de deux affaires de pédophilie anciennes impliquant deux prêtres de son diocèse de Lyon , il lui est reproché maintenant d'avoir promu un curé condamné en 2007 pour agressions sexuelles à dix-huit mois d'emprisonnement avec sursis et mise à l'épreuve pendant trois ans.

Le Vatican a eu beau lui manifester  «estime et amitié» jugeant opportun d'attendre le résultat de l'enquête, après la  demande d'audience privée du collectif  «La parole libérée»  qui rassemble des victimes d'un prêtre mis en examen fin janvier pour des agressions sexuelles sur de jeunes scouts lyonnais entre 1986 et 1991, sa situation semble de plus en plus intenable.

Selon vous, le pape doit-il suspendre le cardinal Barbarin ?

Prêtre pédophile : les victimes françaises écrivent au pape

Des victimes du curé Bernard Preynat envoient aujourd'hui une lettre au pape François et demandent une audience privée. Ils n'ont plus confiance en Mgr Barbarin.

Vincent Mongaillard | 14 Mars 2016, 00h00 | MAJ : 14 Mars 2016, 09h15
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Info le Parisien
Les expéditeurs de la lettre au pape ont subi les agressions sexuelles du père Bernard Preynat quand ils étaient scouts près de Lyon dans les années 1980.Les expéditeurs de la lettre au pape ont subi les agressions sexuelles du père Bernard Preynat quand ils étaient scouts près de Lyon dans les années 1980. (Document TF 1.)

Des victimes du curé Bernard Preynat envoient aujourd'hui une lettre au pape François et demandent une audience privée. Ils n'ont plus confiance en Mgr Barbarin.

Vincent Mongaillard | 14 Mars 2016, 00h00 | MAJ : 14 Mars 2016, 09h15
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Info le Parisien
Les expéditeurs de la lettre au pape ont subi les agressions sexuelles du père Bernard Preynat quand ils étaient scouts près de Lyon dans les années 1980.Les expéditeurs de la lettre au pape ont subi les agressions sexuelles du père Bernard Preynat quand ils étaient scouts près de Lyon dans les années 1980. (Document TF 1.)
La lettre recommandée part aujourd'hui pour Rome. Trois fers de lance de la Parole libérée, association qui fédère les victimes d'un prêtre soupçonné de pédophilie dans le diocèse de Lyon, ont décidé d'adresser une lettre au pape François.
Les signataires de la missive, qui ont eux-mêmes subi les agressions sexuelles du père Bernard Preynat quand ils étaient scouts dans la banlieue de Lyon, dans les années 1980, demandent au chef de l'Eglise catholique de leur accorder une audience privée au Vatican.

« Nous souhaitons, Très Saint-Père, que vous puissiez être un phare dans notre nuit et que vous preniez le temps de nous connaître », écrivent-ils dans le courrier que nous dévoilons. « Nous avons l'impression que notre démarche de vérité gêne, et que la parole n'est pas la bienvenue », soulignent-ils, tout en assurant qu'ils ne sont « animés d'aucun esprit de vengeance ». Ils souhaitent « comprendre » pourquoi un curé, dont les agissements étaient connus du diocèse il y a un quart de siècle, a pu rester à la tête d'un ministère jusqu'en août 2015. Ils veulent savoir pourquoi l'archevêque de Lyon depuis 2002, le cardinal Philippe Barbarin, considéré comme l'un des hommes de confiance du souverain pontife argentin, a attendu l'année dernière pour le relever de ses fonctions alors qu'il était au courant de son passé pédophile dès 2007. Ils s'étonnent que six mois encore se soient passés entre la réponse de Rome, début février 2015, imposant des mesures disciplinaires au père Bernard, notamment « la fin de toute pastorale le mettant en contact d'enfants », et la sanction décrétée par le prélat. « En s'enfermant dans le silence, notre cardinal a perdu toute crédibilité. Voilà pourquoi nous faisons aujourd'hui appel au pape François en qui on a toute confiance. Pour nous, c'est la référence morale suprême », nous décrypte Bertrand Virieux, l'un des trois expéditeurs, cardiologue de profession.



A aucun moment, dans le courrier, il n'est demandé à l'ex-archevêque de Buenos Aires d'écarter le primat des Gaules. En s'adressant directement à Sa Sainteté, l'association la Parole libérée sait qu'elle peut bénéficier d'une oreille attentive. Depuis qu'il a été élu, il y a tout juste trois ans, François n'a cessé de prêcher « la tolérance zéro » face aux actes pédophiles au sein de sa maison. En septembre dernier, lors de son périple aux Etats-Unis, il avait lui-même rencontré des victimes.

Plus récemment, de retour de son voyage au Mexique, il confiait, le 18 février, dans l'avion qu'« un évêque qui se limite à changer de paroisse un prêtre pédophile est un inconscient ». « La meilleure chose qui lui reste à faire, c'est de présenter sa démission », ordonnait-il. De nombreux observateurs, notamment les chefs de file de la Parole libérée, avaient cru voir dans ces propos une allusion au père Preynat et à l'attitude du cardinal Barbarin. Dès le lendemain, le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, assurait qu'il visait un ecclésiastique mexicain et non le haut dignitaire français qui a, selon le père Federico Lombardi, traité le dossier « avec une extrême responsabilité ». Une sorte de bénédiction qui a choqué les victimes du père Bernard, qui la dénoncent dans leur lettre envoyée à l'évêque de Rome.

QUESTION DU JOUR. Scandale pédophile à Lyon : pensez-vous que le cardinal Barbarin doit démissionner ?
Une affaire dans l'affaire
C'est une affaire en deux volets qui secoue le diocèse de Lyon. Le premier concerne le père Bernard Preynat, 71 ans, soupçonné d'avoir agressé sexuellement dans les années 1980 et au tout début des années 1990 des scouts dans l'Ouest lyonnais. Le religieux qui, à partir de 1991, avait été « muté » dans des paroisses près de Roanne (Loire) pour éviter le scandale a été mis en examen le 27 janvier. Le second volet vise des responsables de l'archevêché de Lyon, dont le cardinal Barbarin, qui sont l'objet à ce jour de trois plaintes de victimes leur reprochant d'avoir couvert les agissements du curé. Le parquet de Lyon a ordonné une enquête préliminaire pour faire la lumière sur ces accusations de « non-dénonciation » et de « mise en péril de la vie d'autrui ».


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