lundi 26 novembre 2018

Inquiétude & Certitudes - lundi 26 novembre 2018

Inquiétude & Certitudes - lundi 26 novembre 2018

adressé à l'Elysée - le temps presse, il peut encore être organisé



Le 26/11/2018 à 21:09, Bertrand Fessard de Foucault a écrit :


Cher Monsieur le Secrétaire général,

1° pourquoi ne réinstituez-vous pas la " planification souple à la 
française " (1945-1997) : l'outil de mise en commun entre tous les 
acteurs politiques, économiques et sociaux des projets, des prévisions 
autant que l'examen ensemble des ressources publiques et "privées". Ses 
diverses commissions permanentes ou ad hoc ont été l'outil des 
rencontres sociales et de tout un climat patronat/syndicats veillé par 
la puissance publique. Plus rien n'est qu'une fois, tout est périodique 
ou du long terme : un plan quadriennal pour un mandat quinquennal, le 
débattre et voter en début de mandat. Evidemment le long terme, notre 
production d'énergie passage du presque-tout-nucléaire au 
presque-tout-renouvelable, cela se programme (rien n'a été sérieux à ce 
propos depuis dix ans, que des échanges en "primaire" des partis...) et 
croire que le changement s'opérera par la modification du comportement 
des usagers et des habitudes par une fiscalité encourageant des 
investissements ou dissuadant de la voiture, est une utopie. Mais 
étapes, perspectives,décidées et vues par tous.

2° " un pacte social pour calmer les gilets jaunes ". Pacte social ne dirait pas bien 
la novation du politique sur laquelle a été élu le Président : 
c'est usé et manque de contenu. Les gilets jaunes, ce sont tous les 
Français, manifestant ou pas qui souhaitent que les gouvernants les 
consultent - avant - et les fassent participer à la prise des décisions. 
Vous ne les discréditerez pas par ce qu'il s'est passé aux 
Champs-Elysées ou les mêlant à Marine Le Pen ou à Jean-Luc Mélenchon. 
Aux divers blocages, on parle beaucoup : celles et ceux de tous âges qui 
sont dans le froid, et celles et ceux en voiture, et qui très souvent 
ont le gilet jaune sur le tableau de bord. Les préfets, qui les 
reçoivent spontanément ou sur ordre, je ne sais... attesteront de leur 
civisme pour la très grande majorité d'entre eux, mais aussi de leur 
rejet d'une manière, pas seulement de les taxer mais de les gouverner.

3° Brexit et Ukraine. La mission historique du Président, c'est de 
pallier ces risques et erreurs. Esprit de défense par un service 
national universel - pas le mensonge des quinze jours - mais deux ans, 
garçons et filles, une année militaire et une année développement. La 
démocratie pour l'Europe : l'élection directe de sa présidente ou de son 
président, et à elle ou lui, archi-légitime alors, la dissuasion nucléaire 
qu'Angleterre et France mettent à sa disposition sans cesser d'en garder 
la possession nationale. Ecrire une nouvelle loi fondamentale à tous, donc avec 
les Britanniques. Depuis son élection, j'en supplie le Président : vous 
en êtes témoin puisque vous voulez bien placer mes lettres sous ses yeux.

Chaleureusement, et pensées pour vous et pour notre Président.

lundi 19 novembre 2018

Inquiétude & Certitudes - mardi 19 novembre 2018

suggestions d'actualité couriellées à l'Elysée

Le 19/11/2018 à 07:31, Bertrand Fessard de Foucault a écrit : actualité
Monsieur le Secrétaire général,
très brièvement, mais postant vers vous aujourd'hui, une lettre pour le Président à vos bons soins.
1° le Président ne peut pas ne pas aller au congrès des Maires. Mais simplement, assis au premier rang, écouter. Ne pas opiner, serrer des mains sans doute. Répondre tranquillement : je suis là.
2° transition écologique. Il n'y a pas depuis 1972, le premier "choc pétrolier" et le rapport Montjoie, de tout pétrolier, mais au contraire et pour notre indépendance énergétique à tout prix (refus de la conférence de Washington par Michel Jobert sur ordre de Georges Pompidou), le tout nucléaire. La transition écologique n'est pas une pédagogie du comportement des usagers, mais une industrialisation à marches forcées, comme nous sûmes - en dépit d'immenses retards -  faire le téléphone, les autoroutes : la fabrication française des éoliennes. Et le rachat par EDF des productions individuelles ou collectives d'électricité solaire, à un prix qui motive.
3° Brexit... pas de défense européenne sans dissuasion nucléaire et celle-ci tient à une mise à la disposition d'une autorité supérieure européenne (que seul donnera le suffrage de tous les Européens) des forces stratégiques françaises et britanniques... évidemment aussi, civisme, cohésion sociale, brassage des jeunes en Europe : le service militaire universel deux ans garçons et filles : militaire un an, développement un an.
4° Trump est une maïeutique : la séduction personnelle n'est efficace qu'avec du fond et de la confiance, elle n'est pas un outil exclusif.
La communication doit avoir un contenu, elle donne des perspectives et de l'espérance. Elle n'est pas une explication, elle est un partage.
Pensées chaleureuses, vous et le Président.

mercredi 14 novembre 2018

Inquiétude & Certitudes - mercredi 14 novembre 2018

suites du Centenare de l'Armistice et allocutions du Président


Le 14/11/2018 à 08:52, Bertrand Fessard de Foucault a écrit à Alexis Kohler, secrétaire général de la présidence de la République : politique "extérieure" : faire l'Europe sans autre évocation qu'elle - politique intérieure : considérer les Français à égalité de leurs dirigeants en intelligence et en information
Cher Monsieur le Secrétaire général,
ces trois jours, j'ai interrogé autour de moi, une trentaine de personnes : autant dire qu'aucune n'a suivi le "film" de la journée de dimanche, sauf mon pharmacien, ses enfants de pas dix ans, attendaient et ont suivi.
Je n'ai encore connaissance de l'allocution du Président que par quelques extraits le dimanche soir, et notamment le parallèle patriotisme/nationalisme. Très juste dans son fond, mais circonstanciellement approprié ?
Pour cette journée, j'eusse préféré - rétrospectivement, mais dès dimanche soir - Rethondes et Angela Merkel particulièrement en vedette. Car Rethondes, c'est le "match nul" franco-allemand, d'un armistice, le 11 Novembre 1918, à l'autre le 26 Juin 1940, jusqu'au wagon, le même, tout est pareil, sauf la danse de joie de Hitler et sa présence devant le général Huntziger, aux côtés de de Maizières. Même les noms sont parlants pour cette symétrie, une inversion parfaite des rôles.... et le décor immédiat plus la forêt de Compiègne et le château favori de Napoléon III pour les agapes, auraient été bien plus beau que le tunnel translucide prolongeant la voûte de notre Arc de Triomphe et la séquence des fourgons noirs remontant nos Champs-Elysées?
Prise de parole. J'ai aimé celle des adolescents de partout. Les chefs d'Etat ou de gouvernement apprécient d'être invités, mais certainement pas d'être présidés. Le Président comme tous ses homologues, donc au silence. Et puisque la leçon d'époque et celle d'aujourd'hui sont le multilatéralisme (déjà mis à mal par le Congrès américain en 1919, refusant de ratifier un traité de Versailles dont beaucoup d'éléments nous avaient été imposés par Wilson), la parole aurait été donnée au secrétaire général des Nations Unies, Gutteres qui par fonction symbolise ce multilatéralisme, et que je trouve mieux que la moyenne de ses prédécesseurs. Il n'y aurait donc pas eu de propos dont Trump ne pouvait pas ne pas s'irriter, ni de twitts en salves de riposte.
Je suis en train de relire Mein Kampf - la traduction de 1933 par les Editions latines qu'interdisait Hitler au moins en français - dont le maréchal Lyautey recommanda la lecture aux Français... c'est bien écrit, fort intelligent, une géostratégie très conséquente : le concept d'Etat ethnique est bien exposé, c'est la source explicite ou implicite de tous les simplismes depuis vingt ans en Europe et qui triomphe maintenant avec le défi autant pratique qu'éthique des migrants. Hitler était intelligent, Trump l'est. Ses twitts vengeurs sont très ajustés. Notre propre intelligence nous dissuade absolument d'y répondre. Le mépris par le silence. On ne discute pas avec un autodidacte ou un autiste, c'est d'expérience commune. La réponse, notre réponse, c'est l'Europe, la reprise de son élan. Le Président ne doit pas prendre parti dans les rivalités chez nous pour des sièges (y compris de la République en marche) au prochain Parlement européen, mais au contraire à tous les Européens, en concertation initiale et discrète avec Angela Merkel, proposer les remèdes : l'élection au suffrage direct d'eux tous de la présidente ou du président de l'Union européenne (et pourquoi Merkel en commençant), avec des prérogatives référendaires, donc une réécriture de la loi fondamentale (appellation faisant plaisir aux Allemands) et une réécriture à tous, donc avec les Anglais ce qui périme le brexit. Vous le reconnaissez, que de fois je l'ai déjà suggéré au Président.
Politique intérieure : la rencontre des Français est mentale, elle se ressent par les Français. Ce qui suppose non de la pédagogie, impliquant quelqu'un qui sait et quelqu'un qui ne sait pas, ce qui est paternaliste et pas forcément fondé, mais de la considération. Et même le regret que la plaine soit rase de nos structures d'expression et de manifestations : partis et syndicats si faibles. La tâche du Président n'est pas de gouverner, encore moins d'incarner l'exécutif. Elle est d'établir, selon nos besoins criants, une démocratie pratique et sincère, une participation dont nous éloigne, s'il en était encore besoin, aussi bien les projets de révision constitutionnelle que "le tout numérique".
Du Charles-de-Gaulle - que d'ailleurs notre direction des constructions navales a raté - le Président parlera Europe, incarnée et nécessaire, l'Europe de la défense que raille Trump et qui, pour le nucléaire et la marine, précisément les porte-avions, a un "noyau dur" ou un coeur : le franco-britannique. Et il dira que les prochaines manifestations - dont chacun sait qu'elle n'aurait d'impact qu'en réunissant 1° un vrai blocus de nos autoroutes par les chauffeurs-routiers, 2° le blocage des raffineries et 3° la jeunesse dans la rue (possiblement rejointe par des éléments de la police, cf. ce significatif suicide) - sont une légitime prise de parole des Français. Qu'un cours nouveau s'ouvre dans le quinquennat. L'examen de tout, non à huis clos, mais par les instances et institutions qui nous portèrent pendant les "glorieuses" : planification souple à la française (les entreprises, les syndicats, les gouvernants projetant ensemble et décidant l' "ardente obligation du plan") et l'aménagement du territoire (nos collectivités, vraiment dotées en moyens propres, se donnant les compétences propres à chacune selon son histoire et sa géographie en les contractant avec l'Etat).
Quant à répondre à Trump, c'est la constatation qu'il n'est pas, selon notre expérience remontant à la guerre d'Indépendance, les Etats-Unis de toujours. C'est aussi les égards à sa venue en France que nous devons réserver à Michelle Obama, à l'évidence la candidate démocrate à la prochaine élection présidentielle américaine.
Chaleureusement, en vous priant de donner à lire ces suggestions au Président.

dimanche 11 novembre 2018

Inquiétude & Certitudes - dimanche 11 novembre 2018

discours prononcé par Emmanuel Macron, à l'Arc-de-Triomphe devant les chefs d'Etat et de grouvermenent réunis à l'occasion du centenaire de l'Armistice


Transcription du discours du Président de la République lors de La Commémoration du Centenaire de l’Armistice

 
 
Paris – Dimanche 11 novembre 2018

LE PRESIDENT : Le 7 novembre 1918, lorsque le caporal clairon Pierre SELLIER sonna le premier cessez-le-feu, vers 10 heures du matin, bien des hommes ne purent y croire, puis sortirent lentement de leurs positions, pendant que, de loin en loin, sur les lignes, les mêmes clairons répétaient le cessez-le-feu puis faisaient entendre les notes de la sonnerie aux morts, avant que les cloches ne répandent la nouvelle, à la volée, dans tout le pays.
Le 11 novembre 1918, à 11 heures du matin, il y a cent ans, jour pour jour, heure pour heure, à Paris comme dans toute la France, les clairons ont retenti et les cloches de toutes les églises ont sonné.
C’était l’armistice.
C’était la fin de quatre longues et terribles années de combats meurtriers. L’armistice pourtant n’était pas la paix. Et à l’Est, pendant plusieurs années, d’effroyables guerres se poursuivirent.
Ici, ce même jour, les Français et leurs Alliés ont célébré leur victoire. Ils s’étaient battus pour leur patrie et pour la liberté. Ils avaient consenti, pour cela, tous les sacrifices et toutes les souffrances. Ils avaient connu un enfer que nul ne peut se représenter.
Nous devrions prendre un instant pour faire revenir à nous cet immense cortège des combattants où défilent des soldats de la métropole et de l’empire, des légionnaires et des garibaldiens avec des étrangers venus du monde entier, parce que la France représentait, pour eux, tout ce qu’il y avait de beau dans le monde.
Avec les ombres de PEUGEOT, premier tombé, et de TREBUCHON, dernier mort pour la France dix minutes avant l’armistice, voici l’instituteur Kléber DUPUY, défenseur de Douaumont, APOLLINAIRE, Blaise CENDRARS au régiment de marche de la légion étrangère, les soldats des régiments basques, bretons ou marseillais, le capitaine de GAULLE que personne alors ne connaissait, Julien GREEN, l’Américain, à la porte de son ambulance, MONTHERLANT et GIONO, Charles PEGUY et Alain FOURNIER tombés dans les premières semaines, Joseph KESSEL venu d’Orenbourg en Russie.
Et tous les autres, tous les autres qui sont les nôtres, auxquels plutôt nous appartenons, et dont on peut lire les noms sur chaque monument, des hauteurs solaires de la Corse aux vallées des Alpes, de la Sologne aux Vosges, de la pointe du Raz à la frontière espagnole. Oui, une seule France, rurale et urbaine, bourgeoise, aristocratique et populaire, de toutes les couleurs où le curé et l’anticlérical ont souffert côte à côte et dont l’héroïsme et la douleur nous ont faits.
Durant ces quatre années, l’Europe manqua de se suicider. L’humanité s’était enfoncée dans le labyrinthe hideux d’affrontements sans merci, dans un enfer qui engloutit tous les combattants, de quelque côté qu’ils soient, de quelque nationalité qu’ils soient.
Dès le lendemain, dès le lendemain de l’armistice, commença le funèbre décompte des morts, des blessés, des mutilés, des disparus. Ici en France, mais aussi dans chaque pays, les familles pendant des mois attendirent en vain le retour d’un père, d’un frère, d’un mari, d’un fiancé, et parmi ces absents, il y eut aussi ces femmes admirables engagées auprès des combattants.
10 millions de morts.
6 millions de blessés et mutilés.
3 millions de veuves.
6 millions d’orphelins.
Des millions de victimes civiles.
1 milliard d’obus tirés sur le seul sol de France.
Le monde découvrit l’ampleur de blessures que l’ardeur combattante avait occultée. Aux larmes des mourants, succédèrent celles des survivants. Car sur ce sol de France, le monde entier était venu combattre. Des jeunes hommes de toutes les provinces et de l’Outre-mer, des jeunes hommes venus d’Afrique, du Pacifique, des Amériques et d’Asie sont venus mourir loin de leur famille dans des villages dont ils ne connaissaient pas même le nom.
Les millions de témoins de toutes les nations racontèrent l’horreur des combats, la puanteur des tranchées, la désolation des champs de bataille, les cris des blessés dans la nuit, la destruction de campagnes florissantes où ne subsistait plus que la silhouette calcinée des arbres. Beaucoup de ceux qui sont rentrés avaient perdu leur jeunesse, leurs idéaux, le goût de vivre. Beaucoup étaient défigurés, aveugles, amputés. Vainqueurs et vaincus furent alors plongés pour longtemps dans le même deuil.
1918, c’était il y cent ans. Cela semble loin. Et pourtant, c’était hier !
J’ai arpenté les terres de France où se sont déroulés les combats les plus rudes. J’ai vu dans ces campagnes de mon pays la terre encore grise et toujours stérile des champs de bataille ! J’ai vu les villages détruits qui n’avaient plus d’habitants pour les reconstruire et qui ne sont aujourd’hui encore que le témoignage, pierre sur pierre, de la folie des hommes !
J’ai vu sur nos monuments la litanie des noms de Français côtoyant les noms des étrangers morts sous le soleil de France ; j’ai vu les corps de nos soldats ensevelis sous une nature redevenue innocente, comme j’avais vu, dans les fosses communes, se mêler les ossements des soldats allemands et des soldats français côte à côte qui, par un hiver glacial, s’étaient entretués pour quelques mètres de terrain…
Les traces de cette guerre ne se sont jamais effacées ni sur les terres de France, ni sur celles de l’Europe et du Moyen-Orient, ni dans la mémoire des hommes partout dans le monde.
Souvenons-nous ! N’oublions pas ! Car le souvenir de ces sacrifices nous exhorte à être dignes de ceux qui sont morts pour nous, pour que nous puissions vivre libres !
Souvenons-nous : ne retranchons rien de ce qu’il y avait de pureté, d’idéal, de principes supérieurs dans le patriotisme de nos aînés. Cette vision de la France comme Nation généreuse, de la France comme projet, de la France porteuse de valeurs universelles, a été dans ces heures sombres exactement le contraire de l’égoïsme d’un peuple qui ne regarde que ses intérêts. Car le patriotisme est l’exact contraire du nationalisme : le nationalisme en est la trahison. En disant « nos intérêts d’abord et qu’importent les autres ! », on gomme ce qu’une Nation a de plus précieux, ce qui la fait vivre, ce qui la porte à être grande, ce qui est le plus important : ses valeurs morales.
Souvenons-nous, nous autres Français, de ce que CLEMENCEAU a proclamé le jour de la victoire, il y a cent ans jour pour jour, du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, avant qu’en un chœur sans pareil n’éclate la Marseillaise : combattante du droit, combattante de la Liberté, la France serait toujours et à jamais le soldat de l’idéal.
Ce sont ces valeurs et ces vertus qui ont soutenu ceux que nous honorons aujourd’hui, ceux qui se sont sacrifiés dans les combats où la Nation et la démocratie les avaient engagés. Ce sont ces valeurs, ce sont ces vertus qui firent leur force parce qu’elles guidaient leur cœur.
La leçon de la Grande Guerre ne peut être celle de la rancœur d’un peuple contre d’autres, pas plus que celle de l’oubli du passé. Elle est un enracinement qui oblige à penser à l’avenir et à penser à l’essentiel.
Dès 1918, nos prédécesseurs ont tenté de bâtir la paix, ils ont imaginé les premières coopérations internationales, ils ont démantelé les empires, reconnu nombre de Nations et redessiné les frontières ; ils ont même rêvé alors d’une Europe politique.
Mais l’humiliation, l’esprit de revanche, la crise économique et morale ont nourri la montée des nationalismes et des totalitarismes. La guerre de nouveau, vingt ans plus tard, est venue ravager les chemins de la paix.
Ici, aujourd’hui, peuples du monde entier, sur cette dalle sacrée, sépulture de notre Soldat Inconnu, ce « Poilu » anonyme symbole de tous ceux qui meurent pour la patrie, voyez tant de vos dirigeants rassemblés !
Chacun d’eux mène à sa suite sa longue cohorte des combattants et des martyrs issus de son peuple. Chacun d’eux est le visage de cette espérance pour laquelle toute une jeunesse accepta de mourir, celle d’un monde enfin rendu à la paix, d’un monde où l’amitié entre les peuples l’emporte sur les passions guerrières, d’un monde où la parole des hommes doit parler plus fort que le fracas des armes, où l’esprit de conciliation l’emporte sur la tentation du cynisme, où des instances et des forums permettent aux ennemis d’hier d’engager le dialogue et d’en faire le ciment de l’entente, le gage d’une harmonie enfin possible.
Cela s’appelle, sur notre continent, l’amitié forgée entre l’Allemagne et la France et cette volonté de bâtir un socle d’ambitions communes. Cela s’appelle l’Union européenne, une union librement consentie, jamais vue dans l’Histoire, et nous délivrant de nos guerres civiles. Cela s’appelle l’Organisation des Nations unies, garante d’un esprit de coopération pour défendre les biens communs d’un monde dont le destin est indissolublement lié et qui a tiré les leçons des échecs douloureux de la Société des Nations comme du Traité de Versailles.
C’est cette certitude que le pire n’est jamais sûr tant qu’existent des hommes et de femmes de bonne volonté. Soyons sans relâche, sans honte, sans crainte ces femmes et ces hommes de bonne volonté !
Je le sais, les démons anciens resurgissent, prêts à accomplir leur œuvre de chaos et de mort. Des idéologies nouvelles manipulent des religions, prônent un obscurantisme contagieux. L’Histoire menace parfois de reprendre son cours tragique et de compromettre notre héritage de paix, que nous croyions avoir définitivement scellé du sang de nos ancêtres.
Que ce jour anniversaire soit donc celui où se renouvelle l’éternelle fidélité à nos morts ! Faisons, une fois de plus, ce serment des Nations de placer la paix plus haut que tout, car nous en connaissons le prix, nous en savons le poids, nous en savons les exigences !
Nous tous ici, dirigeants politiques, nous devons, en ce 11 novembre 2018, réaffirmer devant nos peuples notre véritable, notre immense responsabilité, celle de transmettre à nos enfants le monde dont les générations d’avant ont rêvé.
Additionnons nos espoirs au lieu d’opposer nos peurs ! Ensemble, nous pouvons conjurer ces menaces que sont le spectre du réchauffement climatique, la pauvreté, la faim, la maladie, les inégalités, l’ignorance. Nous avons engagé ce combat et nous pouvons le gagner : poursuivons-le, car la victoire est possible !
Ensemble, nous pouvons rompre avec la nouvelle « trahison des clercs » qui est à l’œuvre, celle qui alimente les contre-vérités, accepte les injustices qui minent nos peuples, nourrit les extrêmes et l’obscurantisme contemporain.
Ensemble, nous pouvons faire surgir l’extraordinaire floraison des sciences, des arts, des échanges, de l’éducation, de la médecine que, partout dans le monde, je vois poindre car notre monde est, si nous le voulons, à l’aube d’une époque nouvelle, d’une civilisation portant au plus haut les ambitions et les facultés de l’homme.
Ruiner cet espoir par fascination pour le repli, la violence et la domination serait une erreur dont les générations futures nous feraient, à juste titre, porter la responsabilité historique. Ici, aujourd’hui, affrontons dignement le jugement de l’avenir !
La France sait ce qu’elle doit à ses combattants et à tous les combattants venus du monde entier. Elle s’incline devant leur grandeur.
La France salue avec respect et gravité les morts des autres nations que, jadis, elle a combattues. Elle se tient à côté d’elles.
« Nos pieds ne se détachent qu’en vain du sol qui contient les morts » écrivait Guillaume APOLLINAIRE.
Que sur les tombes où ils reposent, fleurisse la certitude qu’un monde meilleur est possible si nous le voulons, si nous le décidons, si nous le construisons, si nous l’exigeons de toute notre âme.
En ce 11 novembre 2018, cent ans après un massacre dont la cicatrice est encore visible sur la face du monde, je vous remercie pour ce rassemblement de la fraternité retrouvée du 11 novembre 1918.
Puisse ce rassemblement ne pas être seulement celui d’un jour. Cette fraternité, mes amis, nous invite, en effet, à mener ensemble le seul combat qui vaille : le combat de la paix, le combat d’un monde meilleur.
Vive la paix entre les peuples et entre les Etats !
Vive les nations libres du monde !
Vive l’amitié entre les peuples !
Vive la France !

jeudi 8 novembre 2018

Inquiétude & Certitudes - jeudi 8 novembre 2018

communication présidentielle pendant le centenaire de l'armistice du 11 novembre 1918

Le 08/11/2018 à 12:06, Bertrand Fessard de Foucault a écrit à Alexis Kohler, secrétaire général de la présidence de la République
Monsieur le Secrétaire général,
ce que doit dire le Président urbi et orbi dimanche doit racheter la semaine qu'il a fait vivre aux Français, et qui devait être la célébration de notre unité nationale et de notre cohésion sociale. Le mélange des genres a continué : à l'étranger, hôte de marque, il s'adresse aux Français en politique intérieure, c'est en tout cas ce qui est diffusé, et en périple "mémoriel", il discute "le coup" sur les carburants. Le Président doit rompre avec ces manières de paraître. Quoique ne le connaissant pas, n'étant pas reçu par lui, ne parvenant pas - d'intuition - à ressentir sa relation avec la France et les Français, avec la décisive cause européenne (la profession générale de foi, selon le tract distribué par les candidats de la République en marche ne mentionne pas l'Europe, le mot-même : six lettres, n'y figure pas), je suis convaincu qu'en cas de coup dur, de tempête, il sera à la hauteur, rassemblera, discernera et nous fera vaincre : coup dur, pas une manifestation ou des grèves durables, celles-ci sont de droit et face à un exercice beaucoup trop solitaire et autocratique du pouvoir, il faut un Parlement renforcé dans tous les aspects des procédures et par la liberté de vote en conscience sauf question de confiance posée par le gouvernement, et il faut le peuple. Subir et tolérer n'est pas la participation, et le "tout numérique" éloigne encore les Français de l'administration et du pouvoir. Une action grande et novatrice ne peut se fonder sur l'abstention du plus grand nombre.... Coup dur : un effondrement pour une catastrophe naturelle à l'échelle de notre Vieux Monde ou une agression caractérisée de nos adversaires potentiels, agression par les moyens militaires "classiques" ou cybernétiques (l'influence de l'ensemble des propositions et communications internet sur nos enfants).
Nous n'en sommes heureusement pas là. Mais le quotidien ne peut continuer à se rater.
Dimanche, tout simplement la parole d'un homme de bientôt quarante-et-un ans, mais pas davantage. Un homme dont l'enfance et la jeunesse ne sont pas encore loin. Que pense-t-il de la mémoire nationale, que pense-t-il de notre chanson de geste, maintenant que l'époque est aux gestions et aux comptes, que le patrimoine industriel national s'est tellement perdu, que toutes les images, tous les repères ont changé ? ou ont disparu. Quel est le rôle de la mémoire personnelle pour un homme jeune, pour un pays vieux et ne se sachant plus très bien ? Qu'est-ce qui retient l'attention et qu'est-ce qui parle au coeur dans ce qui est raconté et exposé de la Grande Guerre, de la guerre civile européenne ? Qu'est-ce que ces dates ? qu'est-ce que ces personnages politiques et militaires que les circonstances autant que leurs qualités ont placé hors du commun d'alors ? Qu'est-ce cela apporte à un quadragénaire que son pays, son peuple de naissance ait vécu cela, il y a deux fois plus d'années que celles de son âge ? Et qu'est-ce qu'un enfant d'aujourd'hui, de dix-douze ans ? un adolescent de toutes les origines et de toutes les mémoires familiales peut penser et méditer de ce qu'il se passa il y a cent ans. Sujet de la rédaction, cher Monsieur le Président, si votre Secrétaire général veut bien vous faire lire l'édition de ce message.
Je n'aime pas que nous ne soyons pas sur la bonne voie. A mes soixante-quinze ans et demi, je souffre de ce que nos grands héritages soient méconnus - et principalement celui laissé par le général de Gaulle, sa hantise de la participation du plus grand nombre, sa compréhension vécue de ce que la démocratie est le seul moteur d'envergure pour toute action politique grande, exemple : sa démission quand le referendum est négatif, exemple : ses recours au referendum sur nos grands sujets, de Gaulle homme de l'Histoire parce que de plein air.
J'espère cependant du Président un temps d'arrêt sur lui-même, un temps d'examen et de discernement et - selon son honnêteté intellectuelle et morale, dont je suis sûr - -une sorte de conversion se manifestant par sa mise intense à la disposition des Français.
Pensées chaleureuses pour lui et reconnaissantes pour votre amical intermédiaire, Monsieur le Secrétaire général.
N B Bien sûr, les soixante et quelques chefs d'ETat ou de gouvernement, archiblasés pour ce qui est des discours, du paraître, des drapeaux et des musiques. Qu'ils soient témoins de la relation humaine avec le bien commun qu'est l'Histoire, et particulièrement avec le vécu de la Grande Guerre. Sans parabole, sans allusion à quelques échéances de ces temps au présent ou au futur proche. L'adresse d'un jeune, saluant les ascendants, parlant pour les descendants, sans ton ni recherche qu'à partager la conscience du péril que serait l'oubli de notre humanité, de la planète que nous faisons souffrir et des existences dont nous ne tenons pas compte. Respirant.

dimanche 4 novembre 2018

martyre probable ? et scandale des religions



La chrétienne Asia Bibi acquittée, mais toujours menacé de mort au Pakistan

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JUSTICE - Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème en 2010, a été acquittée par la Cour suprême du Pakistan ce mercredi 31 octobre. L’annonce du verdict a suscité la fureur des milieux religieux fondamentalistes qui appelaient de longue date à l'exécution de la chrétienne, et provoqué des manifestations dans plusieurs villes du pays.
31 oct. 2018 19:54 - La rédaction de LCI
L'emprisonnement d'Asia Bibi et sa condamnation à mort pour blasphème en 2010 avaient ému le monde entier. Ce mercredi 31 octobre, la mère de cinq enfants a appris qu'elle allait être libérée. La Cour suprême du Pakistan a en effet acquitté Asia Bibi en appel. "Elle a été acquittée de toutes les accusations" a déclaré le juge Saqib Nisar lors de l’énoncé du verdict. Il a ajouté qu’Asia Bibi, incarcérée dans une prison à Multan, allait être libérée "immédiatement". En pratique, selon son avocat, cela pourrait prendre plusieurs jours en raison de procédures bureaucratiques.



A l'annonce du verdict, Saif-ul-Mulook, a aussitôt appelé sa cliente au téléphone pour lui annoncer la nouvelle depuis le tribunal. "Avez-vous entendu que vous êtes un être humain libre à présent ? Vous pouvez prendre votre envol et aller où vous voulez" lui a-t-il dit en présence d’un journaliste de l’AFP. "Quoi ? Vraiment ? Je ne sais pas quoi dire" lui a-t-elle répondu avant de se répandre en remerciements. "Justice a été rendue, c’est une victoire pour Asia Bibi. Le verdict montre que les pauvres, les minorités et la fraction la plus modeste de la société peuvent obtenir justice dans ce pays en dépit de ses défauts" s’est encore félicité l'avocat.
Condamnée à mort pour avoir bu de l'eau dans un puits
En juin 2009, Asia Bibi avait eu le malheur de boire de l’eau dans un puits de son village supposé réservé aux musulmans. Accusée par ses voisines d’avoir sali l’eau, Asia Bibi s’était défendue. Ce qui lui a valu d’être accusée de "blasphème", puni de la peine de mort dans la loi pakistanaise. "Le simple fait de répondre quand on est chrétien au Pakistan est plus qu’audacieux, c’est une forme d’insulte. Même si les chrétiens vivent bien avec les musulmans, ils sont considérés par certains comme des citoyens de seconde zone et doivent garder la tête basse" avait expliqué dans une interview au Monde Anne-Isabelle Tollet, qui a recueilli la parole d’Asia Bibi et a publié son récit dans un livre intitulé Blasphème.

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Le cas de cette Pakistanaise avait eu un retentissement international, attirant l’attention des papes Benoît XVI et François. En 2015, une des filles d'Asia Bibi avait rencontré ce dernier. Elle avait aussi reçu le soutien d’Anne Hidalgo, qui en 2015 l'avait faite citoyenne d’honneur de la ville de Paris.



Lors de l’examen de son recours début octobre, les juges de la Cour suprême avaient semblé s’interroger sur le bien-fondé de l’accusation. "Je ne vois aucune remarque désobligeante envers le Coran dans le rapport d’enquête" avait observé le juge Saqib Nisar, tandis qu’un second juge, Asif Saeed Khan Khosa, relevait plusieurs points de non-respect des procédures. Des islamistes radicaux avaient menacé publiquement les trois magistrats s’ils prononçaient l’acquittement. Rappelons qu'en 2011, un ancien gouverneur du Penjab Salman Taseer, qui avait pris sa défense, avait été abattu en plein cœur d’Islamabad par son propre garde du corps. "Les musulmans pakistanais prendront les mesures adéquates face aux juges (…) et les conduiront à une fin horrible" avaient fait savoir des responsables du Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP), un groupe religieux extrémiste devenu parti politique, qui fait de la punition du blasphème sa raison d’être.
Des manifestations dans plusieurs villes du pays à l'annonce du verdict
D'ailleurs, l’annonce du verdict a suscité la fureur des milieux religieux fondamentalistes qui appelaient de longue date à son exécution et provoqué des manifestations dans plusieurs villes du pays. Ces dernières semaines, des islamistes radicaux avaient menacé les juges statuant sur son cas en cas de jugement favorable. Mercredi, la capitale Islamabad avait été placée sous haute sécurité, avec des barrages sur les routes notamment à proximité des quartiers où vivent les magistrats, et la communauté diplomatique, a constaté l’AFP.



Puisque le cas d'Asia Bibi divise fortement l'opinion pakistanaise, son mari pense que sa femme ne pourra pas rester dans son pays à sa libération. "Asia ne peut pas rester (au Pakistan) avec la loi" sur le blasphème, a estimé Ashiq Masih, accueilli à Londres par l’ONG catholique Aide à l’égalise en détresse (AED) et interrogé le 13 octobre par l’AFP. "Pour nous, la vie au Pakistan est très difficile, nous ne sortons pas de chez nous, nous sommes très prudents", avait souligné sa fille Esham. "Je serai très heureuse le jour où ma mère sera libérée, je la prendrai dans mes bras, je pleurerai de la retrouver" avait-elle ajouté.
La rédaction de LCI
Mis à jour : mercredi dernier à 20:15Créé : mercredi dernier à 19:54