vendredi 26 février 2010

réflexion sur une lettre de Bernard Kouchner et un voyage de Nicols Sarkozy





Repentances publiques et autres…


Intrusion de beaucoup de sentiments, de sensations, d’objections, de raisonnements. Mise en cause de soi : cas, rare de communion même si elle n’est pas adhésion, où des déclarations publiques d’autorités reconnues et surtout médiatiquement entendues font de l’effet.

Il y a ces grands appels au redressement, au progrès, à la confiance collective qui font les mouvements dans un peuple, dans un ensemble, dans une époque : les grandes religions, leurs fondateurs ou leurs mandataires contemporains, ainsi la geste pendant vingt-cinq ans de Jean Paul II, le cri de Paul VI à l’ONU (plus jamais la guerre) ou certains appels antan à la « guerre sainte » ou à la « croisade », la démarche du Dalaï-Lama … pour la France, les proclamations de l’Empereur débarquant en Mars 1815 ou son ouverture de la campagne d’Italie, le 18-Juin 40… pour un pays qui m’est cher (la Mauritanie), certains appels charismatiques d’un homme qui apparemment n’avait pour en lancer que des qualités intimes. Un mot public qui fait frémir intérieurement chacun… le mot selon le fait : ainsi, pour la France à Bir-Hakeim : la nation tout entière a frémi. Il faut le fait patent, il faut le mot juste : le simple vêcu, quand le faux est impossible et que l’indicible, miuraculeusement, trouve une expression.

Cette « technique » que l’Histoire donne à improviser par une grâce mystérieuse dont quelques-uns sont investis pour leur époque et pour leur peuple, et donc pour le monde, toujours sensible à l’exemple – il est possible que soit aussi de cet ordre prophétique l’évangile marxiste, aujourd’hui sous le boisseau alors que jamais, depuis sa proclamation et ses premières mises en pratique, il n’a autant répondu de ce dont l’économie et l’homme souffrent également, chacun : doctrine, dogmes, âmes et chairs, dévoyés par le cynisme de quelques-uns, la tolérance et le découragement du plus grand nombre – cette « technique » et cette investiture d’une certaine mission sont depuis quelques décennies employées dans d’autres circonstances. Dévoyées si souvent.

Pas d’impératif biologique ni historique, pas de spontanéité, mais une manière de faire de la politique et de contribuer soi-même à l’image de soi ou de ce que l’on représente, à tort ou à raison, légitimement ou pas. La repentance, les excuses, les regrets exprimés publiquement en des lieux choisis, pour un public visé, selon un parterre assemblé ou supposé. L’élection de Barack Obama a son authenticité plus dans la votation populaire que dans le candidat s’il s’agit de relire le passé pour relancer l’avenir. Naguère, la repentance, et encore aujourd’hui en certains cas, était imposée : le tribut de guerre, la clause de responsabilité dans un traité, le diktat de Versailles, les tribunaux internationaux érigés par les vainqueurs à Nuremberg et à Tokyo avec l’émergence des concepts (devenant aussitôt opérationnels) de crimes de guerre, puis (engendrant des lois rétroactives) de crimes contre l’humanité avec des juridictions occasionnelles encore ou permanentes, elles-mêmes produisant des comportements divers, tel Etat s’en exonérant (les Etats-Unis vis-à-vis de la Cour pénale internationale), tel poursuivi restant à l’air censément libre de relations inter-étatiques normales (le Soudanais El-Béchir).

La repentance de nouveau type – celle d’héritiers supposés mais lointains juridiquement ou chronologiquement, le pape Jean Paul II pour l’Inquisition, le président de la République française pour les rafles du Vel-d’Hiv. et le sort des Juifs français sous l’Occupation allemande, le monde entier pour la shoah (puisque les Tziganes n’ont pas de représentation et encore moins d’Etat résurgent) – a pour traits essentiels : un discours public et un accusé de réception public.

J’ai tellement le sentiment que cela est faux, improductif aussi bien pour ceux qui ont du deuil, encore, à accomplir, fut-il transgénérationnel et de racines millénaires, que pour ceux qui se flagellent.

Y réfléchir donc. L’exercice est difficile car trop se presse et ne fait pas gerbe. Déblayons d’abord.

Origine ou pas de la parole publique de repentance, au nom censément des boureaux, mais pas du fait des bourreaux – morts ou exécutés depuis longtemps. Il n’y pas eu à ma connaissance de repentance à Nuremberg, mais des explications ou des mises en perspectives (Goering verbalement et brillamment, Speer à longueur d’écrits passionnants) ni à Tokyo, et le concept de crime contre l’humanité n’apparaissait pas encore : les camps de la mort ne furent pas le centre de ces procès, le sort des Juifs n’a pas été le motif de la condamnation du maréchal Pétain ni de Pierre Laval. Fauteurs de guerre ou trahison, c’était la dialectique de l’époque. Origine dans le cri des victimes ? non, elles sont – précisément et dramatiquement mortes : les huit cent mille morts du génocide rwandais, le million et demi d’Arméniens en 1915 massacrés, têtes alignées sur des étagères… les six millions de la shoah. Origine bien plus permanente et qui me touche davantage car ma génération y peut quelque chose, dans sa structure mentale, dans la lecture qu’elle fait de son passé à connaître ou mieux à reconnaître, au sens d’assumer et au sens de connaître d’une manière nouvelle : les blessés d’âme par l’histoire contemporaine, les victimes du mépris ou de l’erreur. Bien entendu, toutes les erreurs judiciaires individuelles, tous les abus d’une justice qui a été mal administrée. Des histoires nationales en basculent : l’affaire Dreyfus, peut-être le bâclé de certains procès de Vichy et certainement beaucoup de ceux de l’ « épuration » (ancêtre dans le vocabulaire sinistre qui a eu l’application ethnique à quelques quarts d’heure d’avion de tourisme, de chez nous : la Yougoslavie). Mais collectivement, le colonialisme et ses diverses voies dans le carnage des consciences individuelles et collectives. Le mal-être d’une conscience colonisée type voudrait produire une dislocation de l’orgueil du colonisateur. Les ambivalences des décolonisations sanctionnées censément par l’indépendance politique : des décennies d’effusion de sang et de dictature (la Guinée capitale Conakry, éphémérides toujours pas conclus) ou des mascarades héréditaires (Syrie, Togo, Gabon, bientôt Sénégal, Libye, Egypte) qui cependant méritent analyses : elles ont leur fondement comme les travestis de scrutin dans tant d’Etats restés débutants en démocratie, version « moderne », alors que leur sociologie traditionnelle les avaient formés à d’autres modes. Ambivalences plaisant tant aux manipulateurs d’aujourd’hui, masqués alors que le colonisateur autrefois s’avouait et se glorifiait.

Je dégage donc une quantité de faits mentaux, d’immoralité dans la relation entre peuples, les uns dotés de la force et produisant, de force, un droit applicable à d’autres peuples, et les autres subissant le fait accompli, s’y ralliant parfois pour plusieurs générations, et souffrant d’âme encore davantage, faute d’exutoire et d’expression. La colonisation, illégitime dans son principe mais pourtant vêcue dans des quotidiens et selon des relations humaines pas tous ni univoquement détestables. Le débat en France sur l’article 9 d’une loi vite oubliée et qui proclama à la sauvette « les aspects positifs de la colonisation ». L’âme française en sait quelque chose puisque son tréfonds est mixte (sinon métis) : il est gallo-romain, la colonisation romaine… et que de là se sont faits, par vagues successives et de couleurs et accents si divers, encore en cours, la nationalité française, et l’esprit français. Toute nationalité est d’abord une construction spirituelle, et le maintien d’une volonté pour cette construction. Son antithèse est évidemment le communautarisme, les garanties ou représentations aux quotas de toute minorité ou de toute section. Les droits de l’homme – organisés, sanctionnés – donnent la seule piste pour les entententes entre peuples de même Etat par force de la géographie et de l’histoire (ainsi la coexistence de deux Etats ennemis en Palestine, au sens géographique originel, ne fait qu’attiser les inimitiés ethniques et religieuses, alors qu’un Etat unitaire garantissant les droits et surtout la dignité égale de chacun des israëliens et palestiniens, est la seule voie de solution à terme). Chaque peuple constitué en Etat peut et doit « revisiter », ré-enseigner sa mémoire collective et ses racines de diversité pour reconnaître qu’il est d’abord esprit et volonté, et non pas fait biologique et matériel. Ce pays qui m’est cher et peut faire souvent – ici – parabole : la Mauritanie, le montre excellemment. Ses diverses composantes sociales et ethniques le désignent à la dislocation et au partage, mais le consensus et désormais le legs suscités par l’un des siens – providentiel et génial dans son humilité et ses certitudes – survivent aux drames que cet homme d’Etat sut faire surmonter à ses compatriotes tant qu’il fut à la tête du pays, et survivent depuis son renversement il y a plus de trente ans à autant d’années de dictature, sauf brève parenthèses dont très peu de Mauritaniens surent la fragilité alors que la plupart en abusèrent. France comme tout pays aujourd’hui, si fragile d’avenir si celui-ci doit n’être que matériel et géré, « gestionné ».

Voici le matériau : des peuples, des Etats, des événements. En regard, de la parole. Le contraste d’ailleurs est ainsi patent. La parole pour corriger ou effacer des faits. Du présent pour rectifier le passé. Dialoguer avec qui et de qui obtenir le pardon ? et quel parterre ? des tiers qui contemplent, s’ils n’en sont pas distraits par leurs propres affaires, la France s’accroupir à propos d’une osmose qui fut parfois si proche de se faire entre elle et l’Algérie, entre les deux rives de la Méidterranée, la France et le Rwanda à n’en plus finir entre ventes d’armes, descente d’avion à la James Bond, camions bâchés pour emmener les uns à l’hôpital et les autres à leur cachette ?

Je déteste les lettres sous la dictée et ceux qui se font honneur de proclamer une honte qu’ils ne ressentent pas intimement : Bernard Kouchner et son propos écrit à l’homologue algérien sur la colonisation. Je hais ces clichés montrant des chefs d’Etat se tenant la main mais les épaules et la tête les plus éloignés possible l’un de l’autre, ne s’entre-regardant pas et tout pour la photo., les yeux figés et menteurs : Kagamé et Sarkozy. Naguère, aux époques monarchiques, un mariage entre maisons régnantes ou l’entrevue de plusieurs empereurs, une ou deux fois par siècle, signifiaient aux peuples une alliance et la paix. Aujourd’hui, les sommets foisonnent tellement que c’est devenu la plaine banale et quotidienne. J’ai aimé la soudaineté de cette approche du général de Gaulle à la rencontre du chancelier Adenauer pour l’embrasser alors que la plume de chacun roulait encore au bas du traité franco-allemand : chacun saisi. J’ai aimé la main de François Mitterrand tâtonnant à la recherche de celle de l’énorme Helmut Kohl, puis leur figé commun à Verdun. Margaret Thatcher put ricaner (« le caniche ») mais la France avais su – dans l’affaire des Malouines – seule, se porter garante du droit britannique, que dénia manifestement l’Amérique héritière de la doctrine de Monroë. Et il y eut de Gaulle, croyant sur parole Kennedy à propos des installations soviétiques en train de se faire à Cuba, comme il y eut aussitôt le concours de la monnaie américaine au franc français à l’automne de 1968, malgré toute la guerre prétendue du Général contre le dollar, et alors que l’Allemagne de Strauss, ministre des Finances, s’était cruellement (et joyeusement) dérobée.

Voilà donc.

Algérie : quelque chose de français s’est manqué, en 1920 ? en 1947 ? Il manqua un fondement. Se surajoutèrent la bêtise d’un Etat, l’aveuglement des politiques raisonnant en métropolitains supérieurs, les comportements de tant de colons. Une complexité qui avait pu se résoudre dans les annexions et immersions par continuité territoriale et que ne surent pas résoudre la continuité historique et le sang versé ensemble dans les deux guerres mondiales. Crimes français, crimes algériens. Abus de la force quand Alger est prise en Juillet 1830 (le coup d’éventail du Dey) et quand une guerre de conquêtes est menée pendant des décennies. Grandeur d’Abdel Kader, militaire, politique, spirituelle. Grandeur aussi des dialogues Ferhat Abbas – de Gaulle. Lamentables successivités de ce qu’il se passe – officiellement aujourd’hui – entre les deux Etats alors que les deux peuples sont en communion d’obligation mais aussi de dilection. Illégitimité initiale de toute conquête, celle de l’Algérie, celle de l’Afrique subsaharienne, illégitimité permanente de toute entreprise d’acculturation y compris au sein d’un pays comme le nôtre, à nous Français. Mais lâcheté et pis… que ce que nous avons infligé aux harkis (témoignage que je crois utile pour la mémoire, du général Aussarès : ne lire celui-ci que selon le cynisme, c’est se donner bonne conscience et amnésie, alors que Mendès France sut démissionner du gouvernement de Guy Mollet quand il apprit ces pratiques). Lâcheté et profonde erreur politique que ne pas accompagner, défendre et illustrer à la suite du général de Gaulle, la spécificité française au Canada, au Québec naturellement, mais dans presque toutes les autres provinces : François Fillon presque dans le sillage, Nicolas Sarkozy à contre-courant.

Réclamer des excuses ou un monument scripturaire français est, de la part d’officiels algériens, à commencer par le premier d’entre eux à la carrière et aux élections si ambivalentes, une erreur plus encore sur soi que sur la France. Cela ne permet aucune identification de l’Histoire et c’est gros de quantités de mutilations. Alors que – malgré tous ses défauts en chacun de ses nationaux « de souche » et malgré la grossièreté du traitement depuis des années des sans-papiers et des nouveaux arrivants – la France est une évidente chance pour l’Algérie : avoir en Europe et sur le marché, dans l’intelligence de l’Europe un répondant dans lequel l’Islam, l’arabisme, la berbérité, le sahara, depuis trois quarts de siècle au moins, enrichissent notre identité de pays d’accueil. Fournir des excuses, faire se renier la France mot à mot, , dans un contexte répressif manifeste en France et électoral en Algérie, est une erreur encore plus grande. La réponse de l’Histoire sera le mépris de nous. La frustration, la recherche d’identité autant que la combinaison électoraliste peuvent expliquer les exigences algériennes. Mais leur donner satisfaction en parole, c’est verser dans le tonneau des Danaïdes, ne produire aucun bien vrai pour l’âme algérienne et parler faux. D’ailleurs, très peu de personnages – en existent-ils encore historiquement – pourraient avoir l’autorité morale pour dire quelque chose, là-dessus. De Gaulle s’en garda. Tout simplement parce que tant bien que mal, et souvent en homme seul, il avait fait ce qu’il avait pu : décoloniser, ce qui n’avait aucun lien avec la colonisation, ce qui était d’intérêt français et ce qui était d’une juste intelligence de l’Algérie. Faire ce que l’on peut, plutôt que parler.

Les politiques français d’aujourd’hui n’ont pas qualité pour exprimer les Français, les politiques, les militaires d’autrefois, leurs raisons, leurs erreurs, leurs péchés, leurs grandeurs. Ils ne peuvent savoir, et ne sont pas davantage crédible car leur dire n’est pas indépendant de celui qui leur réclame et veut l’entendre d’eux, pour qu’ils plient, non pour qu’ils fassent la rencontre. Notre attitude à nous, Français d’aujourd’hui, consiste tout simplement à ne pas commettre ce qui se révèlerait à la génération suivante, tout à fait analogue. En gros, toute la question de la Françafrique. S’excuser pour le passé, et – par d’autres moyens, dans un autre contexte – faire au présent et organiser le futur proche, d’une manière encore plus illégitime et surtout vicieuse ? Conquête naguère, domination ensuite, mais aujourd’hui aussi bien ces repentances et excuses, que le concours apporté aux perpétuations de dictatures ou à leur installation (la Mauritanie en étant un exemple patent ces vingt derniers mois) sont des immixtions et des dénis d’indépendance, probablement pires. Naguère, le contexte universel, stratégique et mental, a été à la colonisation et à ces « expansions territoriales » : chaque conduite nationale s’inscrivait dans un ensemble apparemment sans alternative. Aujourd’hui, l’alternative est claire, l’ambiance est autre, il y a les déclarations des droits de l’homme, les résolutions pertinentes des Nations Unies, des traités enregistrant des convictions et des valeurs communes : la France va contre le courant, contre la morale, contre son image ancestrale (et contre ses intérêts) dans beaucoup d’Etats qui lui restent liés – légitimement – mais qui doivent lui être chers tout autrement.

La déviance française tient à deux éléments.

La motivation électoraliste de certaines politiques de répression et de repentance. Les voix qu’on croit acquérir des Français juifs en leur promettant, en campagne présidentielle de 1995, ce discours dans lequel Jacques Chirac impliqua la République dans la rafle du Vel d’hiv. – alors que Valéry Giscard d’Estaing s’était bien gardé en 1974 de s’aliéner les Français catholiques et de manquer leurs voix, en évoquant son projet de légalisation de l’avortement (ce projet était déjà présenté par Jean Taittinger, garde des Sceaux, sous Georges Pompidou et Pierre Messmer). Alors qu’à propos des responsabilités de Vichy – à examiner et détailler de près, selon la chaîne de commandement et de décision politiques – depuis de Gaulle jusqu’à François Mitterrand, la doctrine et le fait français étaient restés intangibles : la République n’était pas, la France non plus, dans le territoire occupé ni à Vichy. Ce travers électoraliste polluant les décisions et comportements de gouvernements censément revêtus d’indépendance et d’autorité (les institutions de la Cinquième République et la docilité de la majorité parlementaire) est aujourd’hui doublé par l’inculture à la tête de l’Etat. Jacques Chirac fait reprendre les essais nucléaires français dans l’atmosphère le jour anniversaire (le cinquantième) d’Hiroshima : un chef d’œuvre ! Nicolas Sarkozy pense séduire les Africains et les pénétrer d’âme, d’une certaine manière : inaugurer un nouveau cours, résolument post-colonial et fraternel, en lisant à Dakar le texte d’un tiers dont il n’a aucun élément personnel pour l’apprécier, le critiquer et éventuellement le ré-improviser tout autrement (il a découvert le papier en voiture, dans le quart d’heure précédant sa harangue… au contraire Michel Jobert, devant reconnaître ou pas le processus d’Helsinki en 1973, de dégel Est-Ouest mais à quel prix ou pour quelles conséquences ? froisse ce qu’ont préparé par ses services, et écrit comme s’il parlait à sa concierge. La continuité gaullienne, à ce propos et, en tant d’autres, est trouvée. Mais il y faut l’esprit…).

Le Rwanda… une commission parlementaire extraordinairement tenace, perspicace, motivée, sachant sa compétence morale – immense – et juridictionnelle – nulle et interdite – rend son travail. Il apparaît, encore aujourd’hui, selon Amnesty international que la faute française fut de ne pas écouter les avertissements de ses propres représentants sur place, que les ventes d’armes étaient moralement plus qu’imprudentes même si elles furent lucratives et que l’action fut tardive. Mais il reste que la France fut seule dans le bain (de boue et de sang) pour tenter de l’empêcher, il reste que ceux qui veulent des excuses pour huit cent mille morts sont – quant à eux – directement ou indirectement coupables de cinq millions de morts chez le voisin congolais, si convoité et si peu respecté. Il est clair… que nous n’avons pas été clairs. Ambassadeur de France au Kazakhstan, je suis inondé dès avant ma prise de fonctions, puis ensuite – sous timbre secret défense – de télégrammes à propos du Rwanda et de notre action là-bas. Je vois mal le lien avec l’Asie centrale et l’ouverture, dans des conditions de dénuement inadmissibles, d’une ambassade dans un pays dont nous ne savons initialement à peu près rien : dispersion ? A la seconde des réunions annuelles d’ambassadeurs, réunis à l’Elysée, je m’étonne que le Rwanda tienne la moitié du temps de l’exhortation présidentielle, je la filme en video. ce qui est interdit, mais la sécurité connaît ma proximité avec le président de la République et d’ailleurs c’est l’image et la voix de celui qui va nous quitter, que je veux retenir, son propos m’est égal. Donc, une insistance officielle sur le sujet manifestant du malaise.
Un travail parlementaire d’une qualité rare, mais méconnu par le président d’aujourd’hui – aussi carrément et légèrement que le ministre des Affaires étrangères d’aujourd’hui ignore la complexité de l’interpénétration franco-algérienne pendant un siècle et demi, et plus encore maintenant (franco-maghrébine quand on sait combien le Maroc nous importa économiquement et stratégiquement pendant le protectorat, que s’y réfugia, un peu retour d’exil déjà, feu le comte de Paris, qu’y naquit notre Michel Jobert entre autres, … quand on sait combien de politiques français décisifs jusqu’à maintenant sont nés ou se sont formés en Tunisie…), ces deux repentances de la semaine manquent de fond. Du coup, leurs motifs et leur sincérité (éventuelle…) ne peuvent être perçus ni par les Français, ni par les Algériens, ni par les Rwandais. Plutôt qu’un devoir, un travail… de mémoire (expression juste d’un consultant d’Amnesty, avant-hier soir en chaîne de télévision parlementaire française. Un travail forcément commun, plurinational, pluridisciplinaire débouchant sur des enseignements scolaires et sur un enrichissement du civisme dans chacun des Etats, pas en formules creuses ou en affichages qui ne font plaisir qu’aux afficheurs. Mais en vie. Rien d’imposé mais des cadres invitant, permettant ces suppléments de culture, de connaissance, de conscience, et à terme de fraternité. Pas facile… chacun des grands Etats actuellement a ce genre de responsabilité à assumer – non du passé qui ne changera pas et qu’on connaît le plus souvent bien mal, si proche soit-il encore chronologiquement – mais du travail à faire et de l’exemplarité à reconquérir, à enfin pratiquer. L’Allemagne de 1945 et depuis, a su bâtir quelque chose, non sans un immense mérite, alors qu’Helmut Kohl, mal accompagné par François Mitterrand et prêtant à des interprétations multiples de ses propos et de ses comportements dans les mois décisifs de 1990, ne fut finalement sauvé que par cette étrange force que peut être l’Histoire quand elle se partage entre plusieurs Etats et hommes d’Etat. De justesse, car le chancelier refusa d’inscrire dans la Constitution allemande quelque reconnaissance d’un droit des victimes du nazisme a être indemnisées et même honorées, qu’il hésita sur la frontière orientale de son pays (et de son peuple) et faillit se tromper sur ce qu’il a laissé au total et, si heureusement, légué à la mémoire nationale et européenne. Le parterre put applaudir, soulagé. Que voit-il, que pense-t-il des dirigeants français en ce moment ? Quel apport de Bernard Kouchner et de Nicolas Sarkozy aux relations internationales et au rôle que la France peut y jouer, qu’on a attendu d’elle et qu’elle joua naguère ?

C’est malsain pour l’esprit national. De telles repentances : du discours de Jacques Chirac en Juillet 1995 – amalgamant la République à Vichy et niant donc la Résistance et le 18-Juin, ce que dénoncèrent ses deux anciens mentors, Marie-France Garaud et Pierre Juillet – au discours de Dakar en Juillet 2007comme aux fautes de fond et de grammaire à Kigali, il y a trois jours : ce qui s’est passé ici est inacceptable (pour : ce qu’il s’est passé, et qui donc a accepté ?), ne font pas réfléchir sur le passé et distraient du présent.

Sous sa direction actuelle, la France pratique le contraire ce qu’il est dit d’elle. Une démocratie exemplaire et irréprochable ? alors que nous vivons une concentration et une irresponsabilité du pouvoir politique sans précédent en France par temps de paix. Entendre Ali Bongo « enterrer la Françafrique » … comme avoir entendu Nicolas Sarkozy féliciter son homologue nigérien en Mars 2009 de respecter sa Constitution limitant à deux mandats consécutifs l’exercice de la fonction présidentielle… vivre la dénaturation des relations franco-marocaines qui ne sont plus qu’hôtelières pour personnalités autrefois tropéziennes … En revanche, les ajustements mensuels de la législation répressive, la main-mise sur le système judiciaire aussi bien en éloignant physiquement les justiciables de leurs tribunaux délocalisés qu’en changeant les statuts de certains magistrats (malgré l’évaluation si négative de la Cour européenne des droits de l’homme), les chemins de croix pour les régularisatiuons, les reconduites à la frontière, les internements administratifs. La perversion des fonctions policières imposée par des ministres rompant avec la tradition républicaine. L’esprit est le même, des repentances sans âme et du déni de démocratie en tout. Et la France ose donner des leçons de démocratie à certains pays – en général, mais jamais en particulier. Les répliques du tac-au-tac du genre de celles de Khadafi en Octobre 2007 – qu’on l’aime ou pas – ne manqueraient pas. Le financement de certaines campagnes électorales françaises par le pétrole irakien ou par des rétro-commissions sur commandes militaires pakistanaises, ne permet pas non plus des leçons d’exemple. De repentances publiques : aucune sur aucun de ces sujets ; au contraire, notre persévérance dans tous les domaines du cynisme.

Une parole publique – surtout si elle est de commande et de circonstances : Algérie, Rwanda – ne vaut que dite par quelqu’un et par quelqu’un d’exemplaire, aux antécédents constatés d’honnêteté intellectuelle et de constance politique. Quand elle doit passer pour celle d’un pays, d’un peuple, d’un Etat, quand elle implique une pensée et un comportement de beaucoup à modifier, il faut que cette parole ait été précédée de forts exercices nationaux de retour aux sources. La maïeutique gaullienne, la pédagogie mendèsiste, l’énergie clemenciste, la remise en ordre napoléonienne. La faute majeure du quinquennat en cours – outre notre consentement à ce que le mandat présidentiel ait été abrégé et que la prérogative présidentielle ne soit plus sanctionnée par sa responsabilité populaire (démissionner quand la dissolution ne produit pas la majorité parlementaire souhaitée, démissionnaire quand le referendum est négatif) – est bien de faire croire aux Français que tout a commencé, y compris notre libre examen et la chasse aux tabous il y a seulement trente-deux mois, et qu’un seul homme est apte à nous faire réfléchir et changer. Ni la démocratie ni l’histoire… ne nous sont plus présents. Or, c’est celui-là qui parle. Rupture avec lui-même ?

Conclusions.

1° de repentance que pour les effets de nos comportements contemporains et à charge pour nous d’éradiquer en nous et chez nous ce qu’à l’expérience du passé, nous sommes capables, tristement, par omission ou activement, de faire ou laisser faire.
Dans l’espèce algérienne – l’intégration, manquée par racisme ou égoisme, doit nous enseigner que sur notre propre sol, les racines de ce racisme et de cet égoisme survivent tellement qu’une politique d’Etat peut se fonder là-dessus de manière à conforter électoralement ceux qui la décident. Cette éradication faite ou pourchassée, nous pourrons alors réfléchir sereinement et légitimement sur l’immigrationn, l’accueil, l’asile politique, les flux de main d’œuvre, les rassemblements familiaux, les mixités multiples de couple et de convivialité. Qualifier rétrospectivement – et sans frais de part et d’autres – le système politique et économique d’antan évacue les questions difficiles d’aujourd’hui, voire les éphémérides qui ne nous grandissent pas : les réactions irréfléchies au referendum suisse sur les minarets ou l’invincibilité électorale apparente du président de la région Languedoc-Roussillon.

Dans l’espèce rwandaise – la liaison pratique entre le terrain, connu par nos diplomates et par nos militaires, et les instances de délibération et de décision à Paris. J’ai vêcu, à titre personnel, en arpentant la Yougoslavie au début de la guerre qui porte son nom, et qui n’est pas lointaine dans le temps, et en rencontrant des dirigeants de toutes les indépendances émergentes, le refus de voir, notamment au Quai d’Orsay. Aveuglement ? non : volonté.

2° du passé, les leçons humaines, mais de condamnations que selon des juridictions établies. Encouragement donc à un ordre international moral sans cesse à perfectionner puisque la criminalité des groupes ou à caractère étatique se perfectionne techniquement avec constance. Un ordre qui dépend d’une gouvernance mondiale encore à vraiment ériger et d’une démocratie délibérative mondiale à totalement inventer. Les sanctions et recours à la force prévus par la Charte des Nations Unies et l’organigramme des traités inter-étatiques qui devraient tous se référer à cette société mondiale, auraient une légitimité qu’actuellement beaucoup d’actions internationales – même et surtout en coalition n’ont pas (évidence irakienne). La lumière sur le fond et la pression sur les dirigeants ne peuvent venir que d’une conscience universelle – latente – mais qui n’a pas son expression tant le peuple mondial et tant les peuples nationaux sont peu sollicités et peu écoutés par des gouvernants qui préfèrent de beaucoup les sondages, les audits et leur propre perpétuation … ces embrassades entre professionnels de la chefferie des Etats…. Leur autojustification. La communauté des chefs d’Etat, de gouvernement, de grandes entreprises ou banques, le club de Davos, la « trilatérale » antan, les commentateurs et éditorialistes en vue d’un côté ou d’un bord, et de l’autre les peuples, tant de personnes qui ne sont considérés qu’en statistiques. Celle déjà des massacrés. Je préfère l’ancienne expression des XVIIIème et XIXème siècles : conscience universelle, à celle d’aujourd’hui : communauté internationale. Cette dernière – expérience des vingt dernières années depuis que la chance ouverte à tous par la « chute du mur » et l’implosion soviétique – est une litote pour la formule : tous contre un (la Serbie, l’Irak…), c’est plus efficace. Les grandes autorités religieuses, à commencer par le Vatican ne savent pas se coaliser pour crier la morale et le droit, d’une même voix quoique chacune dans sa langue et selon son savoir de l’être humain ; elles sont trop complaisantes, en Islam vis-à-vis des dictatures, en chrétienté (Benoît XVI vis-à-vis de Nicolas Sarkozy) pour tant de cynisme, d’attentat à la morale familiale et à la dignité de l’homme.

3° nous ne sommes coupables que du présent, nous ne répondons que de nos dettes, mais – au présent – nous avons à évaluer le passé, à y discerner pas tant la turpitude ou l’erreur que ce qui annonce déjà la conscience morale, et – le cas échéant – à honorer et promouvoir les gens d’honneur et de discernement qui surent crier ces annonces. En politique, exemplairement, de Gaulle en Juin 1940 et en Juin 1967. Face au nazisme, Edith Stein, maintenant célèbre et canonisée à juste titre, mais les travaux décisifs pour une identification juridique et sociologique de René Capitant. Coincidence, la première : contemplative d’exception, le second : chantre de l’association capital-travail et en fait de l’abolition du salariat. Ces associations aujourd’hui de solidarité avec les sans-papiers et celle qui défend, pour son efficacité, unicité et exclusivité en matière de camps de rétention, sauvent l’honneur français, comme aux premières heures de l’Occupation, il y eût chez nous ceux qui prirent date.
Plutôt qu’un échange de lettres entre ministres français et algérien, j’aurai préféré un dialogue dans le secret et l’amitié de ces deux hommes pendant quelques jours, pourquoi pas à Tibeïrine, si l’on cherche à frapper les imaginations. Ce genre de silence et de non-communiqué eût parlé. Plutôt que quelques minutes devant des photos. ou des monuments à la mémoire statistique des victimes, j’aurai aimé des conversations, avec seulement un preneur de notes entre les deux chefs d’Etat, préparant pour toute la communauté des Grands Lacs une rencontre avec les autres, afin de trouver ensemble quelque chose… qui soit développement, sécurité, investissement : détente, entente et coopération selon le prophète français.

Avec mon attaché militaire, nous érigeâmes dans la steppe kazakhe en plein cimetière de goulag, au sud de Karaganda, un 8 Mai 1994 [1], une stèle à la mémoire de 135 « malgré-nous » : « à ceux de ses fils, morts si loin d’elle, la France dit qu’elle ne les oublie pas ». Le monument fut jugé politiquement incorrect par un de mes très lointains successeurs ; comme le président de la République allait venir en visite officielle, cest-à-dire quelques heures le temps de la photo, des commandes à grands contrats et d’une conférence de presse, je sécurisai le mémorial en publiant les listes de nos compatriotes – telles que j’avais pu en avoir connaissance et les photos. de cet hommage – dans le premier journal quotidien d’Alsace. Ils sont désormais –mémoire et monument – intouchables. Mes instructions stipulaient pourtant de cultiver les lieux de mémoire : l’initiative dont j’avais à plusieurs reprises mois et semaines à l’avance, mes autorités parisiennes, me fut reproché avec insistance et négativement porté à mon dossier (déjà lourd). Quant aux frais avancés par mon ami et par moi, ils sont restés de notre poche… – pour l’honneur, c’est peu déboursé : nous avons représenté la France et non le ministère des Affaires étrangères, rédacteur numéro tant pour signature d’un hiérarque du moment.

Application… à ce pays qui m’est cher. Elle vaut conclusions de portée plus générale que les éphémérides français.

Deux taches intensément sombres et sanglantes dans le passé récent de la République Islamique de Mauritanie. Des massacres, sans procès, à l’insu-même du conseil des ministres, de militaires d’une ethnie par d’autres sur ordre d’une autre ethnie. Liste et matricules sont connus. Plus emblématiques encore : les pendaisons, pour le trentième anniversaire de l’indépendance nationale, de quelques-uns de ces compatriotes originaires de la vallée du Fleuve. Le père-fondateur ne disait jamais, n’eût pas même conçu : nnégrio-africains ou négro-mauritaniens. Des mouroirs dans un fortin dont précisément Moktar Ould Daddah inaugura la fonction carcérale : Oualata, aux confins orientaux du pays. Des pogroms de part et d’autre du fleuve Sénégal au printemps de 1989 en sorte que des migrations et des déportations forcées, avec les spoliations qui vont avec, furent pratiquées après de féroces chasses à l’homme à Nouakchott et à Nouadhibou. Les réfugiés et le passif humanitaire, thème pendant depuis 1991, à la charge d’un militaire qui a participé au pouvoir dès le premier putsch – celui de 1978 – puis l’a exercé sans partage de la fin de 1984 à l’été de 2005. Election de celui-ci, truquée un an après le discours mitterrandien de La Baule (en fait, inspiré par l’Abbé Pierre, lui-même averti par le principal opposant guinéen) et félicitations par le président de la République française. Venue officielle de Jacques Chirac accompagné d’Hubert Védrine et surtout de Pierre Messmer – un ancien du « Territoire », quelques semaines avant une réélection boycottée à l’automne de 1997 par toute l’opposition mauritanienne. Quant au soutien de l’Elysée – contre le Quai d’Orsay et l’Union européenne – accordé selon des introductions vénales, au putschiste de 2008, il est connu.

Les Mauritaniens – qui, malgré leurs dictatures successives, restent tellement en paix entre eux qu’un ancien esclave affranchi eut des chances d’être élu président de leur République en Juillet dernier – ont à traiter ces deux plaies. Cas exemplaire où les coupables ne sont pas une collectivité étrangère en condamnant ou en excusant une autre, ne sont pas des personnes aussi mortes que leurs victimes : ces coupables peuvent se trouver, s’extrader, s’eexpliquer, être condamnées. Il se trouve que le putschiste légitimé par un scrutin dont la communauté internationale se contente plus que les électeurs nationaux, a été de la mouvance de ces coupables, sinon coupable direct. Les investigations peuvent donc être mouvementées et veillées par lui, en parfaite connaissance de cause. Cela pour le passif humanitaire. Quant à la question des réfugiés, ce ne sont évidemment pas les pustchistes de 2005 – rouvrant un espace à la légitimité – ou de 2008 – le fermant – qui peuvent y répondre. Précisément, le président élu démocratiquement en Mars 2007 avait convenu de tout avec le Sénégal et avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Il n’y a plus qu’à faire, ce qui était commencé.

Les deux drames se traitent en droit et en fait. Ils sont le vrai travail d’une mémoire qui dirige les consciences, qui a le pas sur les gouvernements et leur successivité. Critère de maturité nationale.

Transposons : le Darfour, la Birmanie … par exemple… les génocides en Yougoslavie, si ce doit être autre chose qu’une traque de quelques-uns, presque romanesque… en Amérique latine, si ce doit être autre chose que l’attribution d’un prix Nobel à la militante infatigable… sœur de la Birmane, et toutes deux à rejoindre par l’admirable ouïgoure. Bien entendu, cette Chine, tant redoutée que chacun la pelote, ne serait pas en 2010 à tenir par son grand marché de consommateurs la planète en haleine, pour impunément, à l’instar des Etats-Unis, se faire ses stocks stratégiques de matières premières, si les Jeux Olympiques à Pékin, avaient été boycottés. Le Tibet et l’honneur de notre génération y auraient gagné. La France de Bernard Kouchner, signataire de la lettre algérienne, et de Nicolas Sarkozy, le repentant de Kigali, se sont fendus d’un communiqué franco-chinois à l’automne dernier interdisant à l’avance à Paris de toute reconnaissance d’une déclaration tibétaine indépendantiste.

Car la différence entre la repentance de Jean Paul II – à propos de l’Inquisition – et celles des actuels dirigeants français – à Kigali, Alger ou ailleurs, c’est que le pape polonais faisait intimement sien ce qu’il disait : cela crevait les yeux, les tympans, le coeur. Chef de l’Eglise – celle-ci infaillible et de fondation divine – il avait honte personnellement, vraiment de certains actes et errements. Il les prenait à son compte et en demeura ployé. Il y a vingt ans, arrivant à Dakar, lèvres au sol, il murmura en prière, pas pour les micros, mais il y en eut un et toute l’Afrique le sut : pourquoi tant de mal, pourquoi tant de malheurs ? Eli, Eli, lamma sabactani ? Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy disent des regrets et profèrent des anathèmes, en sorte de se hausser eux-mêmes hors du lot qu’ils trouvent médiocre de leurs prédécesseurs respectifs, n’est-ce pas ? Cette gloire douteuse aux frais propres de son pays.
[1] - extrait de mon journal
Moment de grande beauté et d'intense émotion. Au virage en montée de la route allant de Karaganda à Almaty, kilomètre 30, sur la gauche, une plaine qui s'élève un peu et que rien ne distingue vu de la steppe sinon qu'elle fait vis-à-vis d'une petite garnison entretenant des véhiclules blindés légers. Là sont enterrés, Dieu sait comment... depuis 1945-1950 des prisonniers de guerre qu'on a exténué de travail et de mauvais traitements. La liste depuis Décembre nous dit - pour les Français - qu'il s'agit de "malgré nous". Je suis là cinquante ans après leur arrivée de force. Le Colonel B. m'a accompagné, réticent mais discipliné, sans uniforme : il finance avec moi. Et sans lui, je n’aurais jamais pénétré pour cela le milieu militaire. Il assure. Sa femme nous accompagne. Avant-hier soir encore, nous n'étions pas sûrs d'avoir les autorités militaires et la musique. Dans la plaine, ils sont là, quelques parachutistes à uniforme sable foncé à facies japonais, mitraillettes à la hanche, la musique plus bavaroise. Nos couleurs enserrent une stèle de magnifique proportion, bloc de granit à la silhouette de menhir, terre battue de vant. Je suis ému aux larmes. Comme si souvent, je sais, et maintenant éprouve que la volonté d'un homme peut écrire l'Histoire. Depuis avant-hier soir, mon instance a triomphé de tout et fait réfléchir : les toasts et conversations - presque toujours trop louangeurs à mon endroit - montrent qu'on accepte de réfléchir aux souffrances, aux désastres humains de la guerre et pas seulement à la "victoire". Même "mes" prêtres sont là : l'abbé Dumoulin, pas 35 ans, qui de Monaco dont il est suffragant vient tous les ans un mois ou deux à Karaganda et qui va diriger le séminaire du diocèse d'Asie centrale, et le vicaire général allemand de "Berlin" [1], qui, il y a quinze jours, avaient initié la danse pour qu'on ne nous y allions pas. Ce sont des SS nous susurrait-on... Peut-être, et alors ? ce que je condamne ici, c'est le totalitarisme : celui des nazis ayant conduit à ces aberrations, à ces enrôlements, à ces lois aveugles ou à ces embrigadements, celui de Staline sinon du communisme dont certainement les camps furent encore plus abominables que ceux de l'Allemagne hitlérienne, si c'est possible. J'en ai écrit le communiqué de presse, je m'en suis expliqué mardi après-midi avec un de mes journalistes affidés celui d'ASIA, croyant à des protestations comme à Saratov ou à Volgograd, et depuis avant-hier systématiquement j'ai développé le pourquoi de mon geste. Ce matin, tout est parfait ; le temps est avec nous, je suis ému et – je crois, confirmation video – beau. Je suis la France, je parle lentement et très fort, il n'y a que le vent pour s'opposer, je dis simplement que : texte . Le drapeau tombe comme j'avance à la stèle, c'est très beau. Dumoulin lit l'épitre aux Corinthiens, nous récitons le Notre-Père, le silence, les hymnes, les mitrailletes. Plus tard, nous parcourons la plaine, il y a des tombes encore visibles, sable et cailloux perçant l'herbe, senteurs de la steppe, fils de fer barbebé, assemblages usés de bois qui ne font pas une croix, mais quelque chose de plus proche de la pancarte, quoique sans nom ni matricule, un petit monument lithuanien de 1957, les Finnois auraient voulu venir bien auparavant, les Japonais ont fait quelque chose plus récemment, il y aura les Italiens. Nous marchons, dispersés. Je ne pense plus à rien, j'avais les larmes aux yeux. J'ai fait ce que je voulais, et je le voulais parce que j'étais fortement inspiré. Des Français morts ici, totalement oubliés, si loin, si loin, et maintenant nous sommes là...

Inquiétude & Certitudes - vendredi 26 février 2010

mardi 23 février 2010

Inquiétude & Certitudes - mardi 23 février 2010


Mardi 23 Février 2010

Les deux impostures de ces dix ans. Bernard Henri Lévy, à l’affiche des kiosques dans tout Paris : un nouveau périodique dont il est la vedette inaugurale, Transfuges, et il est présenté comme « le dernier engagé ». réclame pour son livre Papiers d’identité. En librairie, c’est une galerie de portraits et de thèmes, dont Obama, Sarkozy, le génie du judaïsme…En colonnes publicitaies, les anciennes colonnes Wallace, Arielle Dombasle, en toutes lettres, video-show, pose de l’affiche Brigitte Bardot exposition rétrospective de Boulogne-Billancourt, aisselle épilée, les cheveux hissés à bout de bras. La promotion en couple. Alain Minc, un vieux numéro de l’Express : 9 Octobre 2008, à huit jours de la faillite de Lehman Brothers, répond à Jacques Attali : « je suis nettement plus ptimiste qu’au mois de juillet, quand la stagflation menaçait. La stagflation, c’est un chewing gum qui colle aux doigts pendant de nombreuses années ! ». Notre fille regarde un des Astérix : Le devin qui embobine Bonnemine. Force des bonimenteurs : la psychologie des gogos.

Un de nos plus éminents politistes, plus chrétien-démocrate et pratiquant l’analyse sociologique en disciple intime de Raymond Aron, me rappelle qu’il n’est pas gaulliste. Les démocrates-chrétiens, gaullistes à 100% pendant la guerre mais plus ensuite : Pierre-Henri Teitgen à 40%, Joseph Fontanet 30%, François de Menthon à 20%. Ils ont reproché à de Gaulle sa position sur l’Europe et la CED, et au fond le jugent maurrassien. Réédition de l’hostilité de Maritain envers Maurras. Qu’avez-vous trouvé à François Mitterrand, me demande-t-il. Je ne vous donne pas une réponse politique, qui serait subjective – Couve de Murville : la politique est affaire de sentiments ! – mais personnelle, l’homme intéressant et attachant à écouter, en tête-à-tête et autrement. Il opine vivement… des qualités alors que Nicolas Sarkozy n’en a aucune. Nous brodons, le père et l’identité nationale : paradoxe que ses adversaires Bayrou soit un béarnais et Ségolène une lorraine, on ne peut plus français chacun, et que ce soit lui qui ouvre ce débat absurde. Aucun respect pour les institutions. Il me suit sur la tactique : le culot, qui suppose l’autre mis en poche, et aujourd’hui l’ensemble des Français en maison de tolérance. J’en ai rajouté sur sa sortie contre les bêtes à concours et les diplômes, puis discouru sur les élites tandis que lui observe (ce serait la thèse d’Alain Besançon) que les périodes d’affaissement du pays ne sont pas propices à des élites au autorités morales : ainsi de 1830 à 1870, jusqu’à Taine et Renan, il objecte Tocqueville mais pas écoûté, Taine son héririer intellectuel, il est vrai. Soit, mais la Quatrième, si faible, a comme grands contemporains, à leur sommet d’influence et de notoriété : Sartre, Mauriac, et d’autres, Camus. Que nous arrive-t-il maintenant ?

Dans le train d’aller à Paris, dialogue à la cantonade avec un électeur d’Olivier Besancenot. Je l’interroge sur la candidate portant le voile dans le midi, il hausse les épaules, mais je comprends soudain : cette femme candidate du « nouveau parti anti-capitaliste » est forcément « libérée » au sens convenu du terme. On n’est plus du temps dans une dialectique : voile = dictature masculine ou familiale séquestrant mentalement une jeune femme, mais au contraire dans la liberté d’expression et d’opinion. Ce que peut être aussi le voile… Le rapport liberté/voile… pas évident, et Besancenot pas forcément mal inspiré.

La radio. en voiture pour le retour. Les nominations au Conseil constitutionnel. Michel Charasse, comme attendu depuis dix-huit mois… avec Migaud, à la Cour des comptes, l’argument de propagande : toute la place dûe à l’opposition, l’esprit d’ouverture, etc… Claude Aigneret, de cosmonaute au Palais-Royal… et jacques Barrot, le vétéran, gnome à la voix cassée, à Bruxelles rien de particulier, il restera comme l’un des multiples promotionnaires d’un type de prêt au logement me semble-t-il. Quand je tentais d’être élu dans le Haut-Doubs lors de la succession d’Edgr Faure, un Marcel Pochard fit les popottes en prometant tout puisqu’il était à son cabinet. Cela lui réussit, il devient, faute d’investitude à la députation, directeur des services de la région que présidait encore Edgar Faure et de là, avec quelques rebonds, directeur général de la Fonction publique – je vins alors lui demander de faire partie du jury d’entrée à l’E.N.A. : ce qui excédait son pouvoir, et je le pense maintenant au Conseil d’Etat c’est-à-dire avec un rabiot de carrière de quelques années après ses 65 ans.

Le bras de fer Total-CGT : qui gagne puisque les engagements de Total de ne fermer, délocaliser ni débaucher ne couvrent pas Dunkerque. Près de 10 milliards de bénéfices cette année, pour Margerie. J’entendais il ya quelques jours que Loïc Le Floch-Prigent devait retourner en prison sauf d’avoir pu payer je ne sais quelle amende ou quels frais afférant à sa condamnation. Entre les deux, j’ai choisi depuis longtemps. En sus, l’Etat a perdu un moyen d’influence réellement à sa discrétion, alors que Total est une supranationale avec comme culture – à la Michelin – la détestation de l’Etat. Et évidemment, la fusion n’a pas fait 1 + 1 = 2, mais un gros 1.

vendredi 19 février 2010

Inquiétude & Certitudes - vendredi 19 février 2010


Vendredi 19 Février 2010

Prier [1] un temps viendra où l’Epoux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. … Le jour où vous jeûnez, vous savez bien trouver votre intérêt… votre jeûne se passe en querelles et querelles … est-ce là le jeûne qui me plaît ? Univers de pratiques et de rites qui nous sont aujourd’hui inconnus. Le texte de ce Maxime de Turin dit bien l’origine et le but de ces rites et pratiques, Jésus en donne la circonstance. Un chemin et un manque. Isaïe décrit le pratiquant que sa pratique n’entame ni ne change d’âme. Soit… Isaïe pasteur, à la fois évangéliste et épistolier, une Eglise enseignante à lui seul, un poète et un voyant aussi. Il explique la charité, la générosité, le rayonnement, une vie humaine, tout simplement. Il reprend tout et nous assure d’un salut qui est d’abord une intimité. Rien par rapport à nous, tout dans la relation d’ouverture à autrui et naturellement Dieu à notre épaule, les besoins criants que nous avons contribué à soulager ou à assouvir, à notre tour, les nôtres sont compris. Dieu accourt comme il nous fait accourir. Quel est donc le jeûne qui me plaît ? N’est-ce pas faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprmés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtements, ne pas te dérober à ton semblable ? Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera rapidement, et la gloire du Seigneur t’accompagnera. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra : si tu cries, il dira : « Me voici ». Non pas une identitée plaquée, mais nous-mêmes magnifiés et restaurés, l’égocentrisme nous tue, l’ouverture aux autres nous ressuscite, nous rend à noe nature, ce sont nos forces et notre lumière qui revivent : pas celles d’autres ni même de Dieu. Dieu, seulement accompagnant notre liberté, notre remise en route, mais si nous sommes lumière, Lui est gloire, nos forces et notre justice, notre société et nos vies réorganisées, décapées ici-bas ont leur magnificence en Lui seulement. Il nous manque encore tout, le comble de la charité n’est pas tant de l’administrer à autrui que de nous en savoir redevables nous-mêmes, alors notre cri, alors l’arrivée… Me voici. Le mot de la fin dans l’Apocalypse, à ne plus savoir qui le dit, de l’homme ou de Dieu. C’est tout un… Ils veulent connaître mes chemins… Ils voudraient que Dieu se rapproche. Voilà. Histoire qui n’a qu’une parole.

Couverture de l’Obs. (que j’achète donc…) : « documents exclusifs, la vraie histoire de la famille Sarkozy . Salonique, la Hongrie, la France » - n° 2363 du 18 au 24 Février 2010 … tandis que l’Express titre sur un médecin à succès, un des fils Servan-Schreiber. L’article ne tient qu’à la photocopie des documents d’un dossier de demande de naturalisation du grand-père maternel de Nicolas Sarkozy, et le reste vient de catherine Nay, dont il est intéressant de constater qu’elle n’a pas eu de réplique ou de concurrent. Pamphlets et autres sont nombreux, mais une seconde étude, plus rigoureuse avec de nouveaux éléments : toujours pas. Pourquoi ? on n’apprend donc rien dans cet article, qui ‘évoque la judaïté de l’actuel président de la République, que fort peu, et surtout en montrant – était-ce le but ? – que d’une part le code de la nationalité en France a énormément évolué et qu’il a été très rigoureux dans l’entre-deux-guerres (les femmes ne peuvent transmettre la nationalité à leurs enfants que depuis 1974 alors qu’elles le pouvaient sous l’Ancien Régime… avant 1789, et que d’autre part Nicolas Sarkozy n’aurait de juif que l’un seulement de ses quatre grands-parents. Sa mère accepte de répondre à des questions, et avoue avec honnêteté que son seul souci avec son fils, ce sont ces trois mariages.

Un de mes meilleurs amis mauritaniens me transmet les conclusions d’un colloque sur le rôle ou pas de l’Europe à Copenhague. La réponse des intervenants de toutes nationaliés est que ce rôle a été nul, tout se jouant entre l’Amérique et trois pays « émergents » : la Chine, l’Inde et le Brésil. Pour moi, le rôle de l’Europe et sa puissance vis-à-vis d’elle-même et des autres ne commenceront qu’avec la sécession de l’OTAN et de l’Alliance atlantique et une institution appropriée, un président élu au suffrage universel direct. Tant que nous restons sujets des Américains et sans institutions dépassant les bureaux e les patries rien ne se fera. Peut-être d’ailleurs, après soixante ans, l’époque, l’heure a-t-elle passé.

Pourquoi la droite perdrait-elle les régionales ? parce que le scrutin est régional et que ses candidats sont tous nouveaux venus, surtout si ce sont des ministres en exercice. L’immaturité des ministres de Sarkozy explique leur soumission par arrivisme. Ils vivent selon leur espérance de l’étape suivante. S’ils perdent tous aux régionales, ils n’y perdront pas individuellement. C’est dans un contexte de victoire générale, que les pertes individuelles sont mortelles en politique.

[1] - Isaïe LVIII 1 à 9 ; psaume LI ; évangile selon saint Matthieu IX 14.15

jeudi 18 février 2010

Inquiétude & Certitudes - jeudi 18 février 2010


Jeudi 18 Février 2010

Prier donc… une fois reçu le fardeau de chacun et sans pouvoir rien alléger pour personne que via Dieu et quelque transfusion d’espérance dont ceux qui se confient à moi ou à d’autres n’auront que l’effet sans forcément discerner l’origine et la cause de l‘embellie ou du re-départ ou de l’inspiration décisive. [1] Vivre selon mes normes et dans mes chantiers, sinon pour ces chantiers, me paraît monstrueux alors que tant peinent et sont assiégés. Qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Parole rétrospective ? le Christ prophétisant le genre de son supplice ? carà l’époque le mot n’est pas la métaphore d’aujourd’hui… Jésus ne me demande pas de prendre la croix des autres, celle-ci arrive toute seule avec ces autres, il propose la cohorte de tous avec lui, que l’un ou l’autre donne le mouvement, moi s’il se trouve ce matin déjà avancé. La référence n’est pas les autres et notre amour, notre sollicitude pour eux, nous ne serions que défaillance partagée, elle est Lui, et alors la chaîne se forme qui nous tirera tous du bourbier et de la mort. Celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. Comme si Dieu était lui-même en danger et avait besoin de notre souci de Lui ? Je le crois, c’est sa manière de nous amener à reconstruire l’humanité. Ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession. Mais si tu détournes ton cœur… certainement vous périrez… Choisis donc la vie pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui. C’est là que se trouve la vie …heureux est l’homme… qui se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi et jour et nuit. Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt. Tout ce qu’il entreprend réussira. Prière de chacun, tous responsables de cette remise en mouvement de la cohorte vers la vie, le bonheur, prière monastique, prière de la mère pleurant son fils, prière aux mots d’enfant entre bribes récitées et élans d’invention, les espérances déversées en Dieu, déversées… toute souffrance, tout souci est prière avant même que nous identifions son destinataire. Ce murmure qui est sortie de soi, début du chemin..


Ni radio ni télévision, je n’ai pas ouvert Le Monde, que je ne lis que par à coups, et de plus en plus en document historique pour de l’écriture historique ou de l’essai politique, comme je dépouillerai des annales parlentaires d’il y a deux cents ans ou le Moniteur…

Mais les titres de la presse régionale : Ouest-France… "la France au secours d’Haïti", Sarkozy guérit les écrouelles, venu trois semaines après, alors que sur le coup il avait annoncer y partir tout de suite. Mélange : les Antilles et même le projet de vancouver pour vendre nos sites olympiques… Télégramme : "La crise est finie pour les banques", 500 millions d’euros pour 4.000 traders à la BNP. Le mouvement de celle-ci n’est pas dit, le rachat de toutes les officines de crédit à la consommation, après deux décennies de rachat des compagnies d’assurance. On criait à la « pieuvre Hachette » il y a cinquante ans… ce n’était que de la liberté d’être publié et donc de lire. Aujourd’hui, entre les fichiers électroniques sécuritaires et la concentration des banques, il y a deux types d’hommes : les personnes qui se cooptent selon des règles que je n’ai jamais connues, mais qu’on constate, et il y a les statistiques, l'individu statistique.

Le Canard enchaîné sur la question des pub. Soit le président régnant ne fait des fleurs que par sympathie pour les bénéficiaires, soit il est intéressé et rétribué, mais comment ? car c’est un fait qu’on a encore rien découvert de ce qui « plomba » tout l’exercice par Chirac de ces mandats présidentiels si laborieusement obtenus. Seule affaire mais lointaine et en second rôle : les contrats au Pakistan dont des rétro-commissions auraient financé la campagne de Balladur en 1995, sous la signature de Sarkozy dirigeant ladite campagne.

Une histoire dans une histoire, les mémoires de Jean-François Probst qui ont paru d’abord en 2002 : son accompagnement de l’ascension de jacques Chirac depuis l’escalier de Pierre Messmer à Matignon, au lendemain de la mort de Georges Pompidou… Catherine Nay déjà plagiaire, pour son titre de biographie, du tramway nommé désir, a manifestement puisé ses informations sur la prise de Neuilly par Sarkozy, dans ce récit… Chirac & dépendances

[1] - Deutéronome XXX 15 à 20 ; psaume I ; évangile selon saint Luc IX 22 à 25

mercredi 17 février 2010

Inquiétude & Certitudes - mercredi 17 février 2010

Mercredi 17 Février 2010

Prier… ceux-là ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret. Mercredi des Cendres puisqu’hier défilé d’enfants et maquillage de notre fille, par chance, quand mes aimées sont allées au parc magnifique de l’Orangerie à Strasbourg. Hors du temps car je suis ici sans voiture et que je n’ouvre pas la télévision, que tout à mon chantier, je ne consulte pas l’AFP, je ne réalise que maintenant l’ouverture du Carême et vais le commencer en allant à pied à mon village, petite route communale sinuant entre des marais et j’aurai encore le grésil, les bêtes rentrées, je suis – au propre et au figuré – hors d’époque, mais les textes m’accueillent ainsi. D’autres ailleurs ont aussi leurs coordonnées, plus imprécises elles sont, plus ils se trouvent avec eux-mêmes et mieux ils reçoivent la rosée et la palpitation de ces lumières chaleureuses et intérieures que procure simplement la grâce. Ton Père voit ce que tu fais en secret, il te le revaudra. Etre regardé, aimé, gratifié dans un tel secret que nous ne voyons pas qui nous regarde, nous évalue, nous gratifie, et nous sommes chacun ainsi dans ce creux de la main divine. Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d’agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Vivre comme… être juste… cela m’est égal, mais le conseil de sagesse est bon. Que cherchè-je ? le bonheur est abstrait. Je cherche la pleine communion avec qui j’aime et que ce soit donné à tous. Mes aimées grâce à Dieu, tant d’amis et amies, de rencontres, passées et à venir, contemporaines de maintenant. Dieu attirant dans la personne de son Christ, Jésus homme. Où donc est leur Dieu ? Il ne se saisit pas par ses bienfaits ou le compte en banque qu’il prodigue ou le corps magnifique de presque toutes nos jeunesse, mais déjà un peu mieux par nos derniers regards quand enfin nous sommes désintéressés et tournés vers l’essentiel, le passage à Lui. Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée sorte de sa chambre. C’est carême, c’est-à-dire marche vers Pâques du fin fond de nos nécessités, contraintes, distractions ou fêtes vraies et fausses. Marcher, regarder, écoûter, être sensible à…
[1] afin que grâce à lui (le Christ, Jésus), nous soyons identifiés à la justice de Dieu. Et puisque nous travaillons avec lui, nous vous invitons à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu.

Voiture en réparation et dont la reprise va me coûter au point que je m’en passe. Aller au village à pied ou en stop, la poste et le pain. En stop, mais à un autre village. Le mercredi après-midi, en campagne, les postes qui sont devenues communales, sont fermées. – Le Figaro, au bureau de tabac qui fait buvette ou restaurant et l’inverse… tout le discours de la droite surtout quand elle est « la majorité », mot qu’elle a inventé pour le referendum du Général sur l’élection présidentielle au suffrage universel direct. Oui, c’est vous qui… l’index pris à l’Oncle Sam, de là « la majorité », tout le discours de la droite est dans ce titre de première page : Frèche, super-favori – Le mauvais calcul de Martine Aubry. Catéchisme du propagandiste d’un parti au pouvoir 1° se concentrer sur les ennuis de l’ennemi, le plaindre pour paraître grand et généreux soi-même, 2° ne pas parler de soi car si en Languedoc-Roussillon… il y a quelques vingt autres régions où la gauche est le « super-favori » (il est vrai parce qu’il y a le repoussoir du président régnant, de la réforme des collectivités locales, des impositions que refilent l’Etat aux régions, etc… le chômage et les détresses), 3° regarder la politique et ses acteurs, surtout ceux d’en face comme seulement réalistes et en même temps c… parce que perdants. On ne prête à la première secrétaire du Parti socialiste qu’un calcul, car il est évident qu’elle et certains, quand même au PS, ont eu un coup de sang à tant d’excès de langage de ce vétéran du mot violent, des réseaux et des truquages, une politique à l’africaine (celle que nous encourageons outre-Sahara et que pratique Sarkozy chez nous). Martine Aubry a le sens de l’honneur, au moins dans l’affaire, mais aussi dans d’autres. Par son père d’ailleurs, par son parcours à elle aussi des lois Auroux aux trente-cinq heures, elle va représenter en 2012 une gauche de conviction, d’expérience et de fidélité historique, ce qui va nous changer des deux règnes de la droite depuis 1995. Et mauvais calcul ? que d’être d’honneur, ce n’est pas joué dans l’immédiat, il peut y avoir une redistribution de tout en Languedoc-Roussillon, précisément pour des raisons de morale, par dégoût un peu partout, et à terme, c’est gagnant. Le Figaro aurait brocardé Frèche et la gauche sans honneur si le PS avait continué de soutenir celui-ci.

Qui m’a pris en stop ? le paysan voisin qui habite assez loin et qu’était venu rechercher sa femme, avec leurs deux enfants. La petite est adepte de Tchoupi, mais sa mère l’est de Zola. Pas de Balzac dont elle n’aime pas le style, mais Zola, et les bêtes aussi, rectifie-t-elle, elle a moins le temps avec les enfants, avec son mari surtout – j’opine qu’un mari c’est au moins trois enfants de travail et de maternage pour l’épouse – et les bêtes – j’opine qu’on les aime comme… La boulangerie : un pain polka ? réponse technique, du pain blanc à la mie serrée. Je repars à pied, coupant par un chemin qui m’amène derrière une chapelle de campagne presque toujours fermée, mais présente. Le pain fait de la poudre dans mon sac et n’a guère de goût. Je prends le chemin qui coupe le long du marais. On voit encore la marée, le courant remonte dans les cours d’eau. Des haies diverses, les arbres – la Bretagne, ce sont les arbres, les chênes surtout et la nudité de l’hiver les fait plus beaux, une ornementation du ciel, une ponctuation des paysages de ligne en lignes, une série de tranquilles personnages statufiés faisant le chemin et sa garde. On sort du temps pour entrer dans un autre qui n’en est pas. Un balcon en forêt, Le grand meaulnes puis ce devient un tracé de brousse bordé d’épineux. Une heure et quart pour je ne sais quelle distance. Si j’accomplis mon vœu : à pied aller de Lisieux à Lourdes, cinq-six heures comme cela, à condition de n’être pas chargé ? mais comment ne pas l’être si je me donne une dizaine de jours par an à cette action de grâce. Reconnaissance de la vie, et reconnaissance d’une France qui par ce trajet nord-sud sans trop de goudron, sera sans époque.

[1] - Joël II 12 à 18 ; psaume LI ; 2ème lettre de Paul aux Corinthiens V 20 à VI 2 ; évangile selon saint Matthieu VI 1 à 18 passim

jeudi 11 février 2010

Inquiétude & Certitudes - jeudi 11 février 2010


Jeudi 11 Février 2010

Ecoûter respirer qui l’on aime et dort encore quand l’obscurité devient enveloppe diaphane d’où lentement s’étirera le jour, ressentir l’amour de l’aimée, de l’autre, la sollicitude divine, vivre le cri du psalmiste en appel et en discernement, être entendu… et maintenant, juste quand il le faut, le grand patronage d’une grande dévotion, Notre Dame de Lourdes. Ces pays où les lieux ou les circonstances des apparitions mariales deviennent des prénoms féminins, ce que copia l’Union soviétique donnant pour nom aux enfants des villages le mot d’une prouesse technologique : j’ai rencontré des adultes sérieux qui s’appelaient tracteur ou camion, et nous, après la défaite de 1870, combien de petites filles s’appelèrent Victoire. [1] Les noces à Cana, Marie en est la reine discrète, Jésus et les siens semblent lui devoir l’invitation, c’est elle quii s’aperçoit de la catastrophe toute mondaine mais qui sera douloureusement ressentie, c’est elle qui a désormais un autre rapport avec son divin fils, c’est elle qui – première en date de tous les chrétiens – demande quelque chose de tout pratique et qui a la foi malgré la première apparence de la réponse de Dieu et c’est pour elle que le Christ nous apprend cette graduation de la vie spirituelle : l’observation paisible mais très impliquée du quotidien, la prière la plus simple, la foi la plus vive, l’épreuve de la vie, le difficile avant le couronnement et la joie qui ne se commente pas. Tout le monde… mais toi… la discrétion de Marie et plus encore celle du Christ, mais la prière comprend tout : il ne savait pas d’où venait ce vin, mais les serviteurs le savaient, eux qui avaient puisé l’eau… il en sortit aussitôt du sang et de l’eau. Premier geste public du Seigneur, Dieu fait homme, l’eau changée en vin, et ultime geste si je puis écrire, sur la croix, l’eau et le sang, puisqu’à la Cène et à nos messes, l’eau et le vin deviennent le sang du Seigneur… Femme, que me veux-tu ? … Faites tout ce qu’il vous dira. Et le peuple de répondre : le Seigneur t’a dirigée… toi qui as conjuré notre ruine, en marchant avec droiture sous le regard de Dieu. … Et le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs. Qui suis-je pour être exaucé ? qui suis-je pour prier ? qui suis-je pour recevoir la foi et la demander plus encore ? Vous serez comme des nourrissons que l’on porte sur son bras, que l’on caresse sur ses genoux. De même qu’une mère console son enfant, moi-même je vous consolerai… larmes et tendresse de l’enfant, larmes modifiant tout le visage qui ruisselle, tendresse reçue et échangée de l’enfant qu’alors tout le corps pelotonné dit et chante tranquille, posture d’éternité. La gloire des nations comme un torrent qui déborde. Les littératures et dialectiques contemporaines en regard d’un génie et de son école, né aux alentours de 765 avant Jésus-Christ… les pères de l’Eglise, Jean des bords d’un lac aux flancs d’une île aux temps du plus grand empire d’Occident et nous contemporains, comme toute l’humanité, du créateur du ciel et de la terre. … La paix comme un fleuve.

Franois Fillon en Afghanistan, alors que Le Monde titrait samedi : « la France choisit de faire profil bas en Afghanistan ». Le mensonge continue sur nos effectifs engagés là-bas, sous prétexte d’envoi d’instructeurs (soit-disant moins de cent), mais ce sont ceux-là qui se sont fait tuer au combat. Nous perdons sur les deux tableaux parce que nous ne choisissons ni une thèse sur cette guerre ni un de ses camps : ou bien y être et d’une façon telle que nous soyons appréciés des Américains, donc massivement, plus dizaines de milliers d’hommes et du matériel, ce qui changerait tout notre budget de défense, ou bien ne pas y être et dénoncer toutes les données de cette guerre qui va de plus en plus ressembler à celle du Vietnam version américaine. Nous soutenons des corrompus contre un peuple qui n’a rien à apprendre de nous en combat et en droits de l’homme (les reconduites à la frontière et les évidentes qualités guerrières des différentes tribus).


Les affaires de garde-à-vue, la police critiquée dénonce la responsabilité du gouvernement : il veut du chiffre, il ne couvre pas.


Sommet précipité pour la zone euro. que les déficits publics partout et la semi-faillite de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne rendent fragile. On laisse « les marchés » en profiter pour attaquer l’ensemble et donc menacer la reprise, censément là. Il me semble qu’il faut faire éclater la vérité : les efforts budgétaires de chacun pour diminuer les recettes et d’une façon très sensible avant les fins respectives de mandats électifs dans les principaux pays sont très aléatoires dans leurs effets financiers et désastreux dans leurs effets sociaux. A mon sens, il faut traiter la totalité des endettements mondiaux dans leur ensemble, les Etats ne sont pas plus solvables que les entreprises et les particuliers. Il faut probablement diminuer des trois quarts les encours par des compensations, des clearings, diverses institutions et caisses à inventer. Mais on ne peut tout payer, les Etats ont déjà ce qui est un enjeu humain et réel – à financer les retraites, l’avenir. Ils ne peuvent éponger le passé et les erreurs d’au moins une génération, dans le même temps, et un temps aussi court. Donc, annuler et admettre des banqueroutes, non pas Etat par Etat, mais dans l’ensemble. Et faire cracher les spéculateurs en les encageant dans un système international sans faille ni territoriale ni conceptuelle. Ce sont là des évidences.


soir

Un Match de la semaine dernière. Enquete sur l’appel dans l’affaire Clearstream. Si Sarkozy s’est fait détester par la magistrature « grâce à « Rachida Dati, mais aussi du fait de paroles et interventions mal fondées ou mal venues de la part du chef de l’Etat : la pérsomption d’innocence dans cette affaire, mais aussi dans l’affaire Colonna, il apparaît que le procureur n’est pas en reste vis-à-vis de Villepin qui, ministre de l’Intérieur, le faisait harceler par un membre de son cabinet pour savoir comment avançait l’instruction de l’affaire. Justice libre et impartiale, mais sentiments divers chez ceux qui l’exercent…

Même hebdomadaire : la fille de Johny Halliday, Laura Smets maîtresse… ou au moins photographiée en compagnie du frère de ce chirurgien fautif pour son père… et redoublement du scandale par les temps qui courent, profession du type, assez jeune : trader


[1] - Isaïe LXVI 10 à 14 ; cantique de Judith XIII 18 à 20 ; évangile selon saint Jean II 1 à 11

vendredi 5 février 2010

Inquiétude & Certitudes - vendredi 5 février 2010

journal d'il y a quarante ans - mardi 3, mercredi 4, vendredi 6 février 1970

+ Mardi 3 Février 1970


17 h 10

Entretien avec Couve de Murville . une demi-heure
ce matin .
D’une certaine manière . entretien sans objet . en ce sens
que nous avons fait connaissance : moi . lui faisant part
de mes problèmes d’orientation . agrégation . nostalgie de la
diplomatie . goût de la politique . réflexion depuis Avril dernier .
et lui m’expliquant qu’on ne peut planifier une vie .
que la chance est l’adéquation entre une préparation personnelle
et des événements .
Le positif de l’entretien tient à ce qu’il m’a redit :
– j’écris bien et facilement .
mais essai peut-être pas comestible par l’éditeur
possibilité d’articles de journaux . et écrire .
– pas de dramatisation de la situation .
les Français ont voté non . parce qu’ils en avaient assez
et parce qu’ils sont conservateurs . malgré leur goût du changement .
Ils revoteraient sûrement dans le même sens aujourd’hui .
De Gaulle homme exceptionnel . mais d’une autre génération .
Il n’y a pas forcément un grand homme par génération .
Travail forcément d’équipe maintenant . Préférence pour « agir dans le
mouvement « . Ce qui signifie pour lui autant parti que sens dynamique

Se fixer sur l’avenir : pb. du lien entre développement économique
et relations sociales . et pol. ext.
( Un pays ne peut être au dehors que ce qu’il est au dedans ) .
Dans l’immédiat . ne compte pas se présenter dans le VIII°
[1]
Pour l’instant . Erreur que les Yvelines . n’avait d’ailleurs pas à
rentrer immédiatement au Parlement .
C’est bien sûr l’idéal et la cohérence qui manquent au Gvt actuel .
Sur le plan financier . cela s’arrange . mais ont de la chance .
Dévaluation pas nécessaire . sinon éventuellement au terme du processus

Conseil immédiat : le travail
« Cette famille d’esprit ? l’avez-vous trouvée ? »
Pas de parti mais des mouvements .
Profondément sympathique . très joli sourire qui éclaire beaucoup
le visage .
Mais n’engage à rien .
Pour lui . incontestablement
– rien de dramatique
– de Gaulle ne reviendra pas .

Va essayer de faire quelque chose pour mon livre . mais ne connaît
guère la technique .
Accepte de rester en contact
Seul mouvement qu’il estime sympathique : l’ U J P
l’U D T . c’est une erreur et une impasse .

Je suis de plus en plus frappé par l’isolement de la personne au pouvoir
ou l’ayant exercé . Elle a le même problème de communication
que n’importe qui : et guère plus d’amis et de relations
personnelles que n’importe qui .
Ce n’est ce que l’on imagine couramment .



+ Mercredi 4 Février 1970


21 h 20

J’expérimente . avec passion – en écrivant ce
mémoire sur « Maurras et le socialisme »
1° une véritable cure de pensée : apprendre à
réfléchir . être logique . clair . et relier l’ensemble
d’une argumentation
[2].
2° technique intellectuelle de l’ « analyse de contenu »
On aborde la matière avec une question . et on cherche
à y répondre par l’examen de la matière .
sans aucun principe d’organisation ni élan de réflexion
( ce qu’a contrario . j’ai vu quand je me contentais
de décrire ce que Maurras pensait de tel ou tel concept ) .

Refus notifié du Seuil .
Ce qui rejoint ce que me disait Couve de Murville .
Il me faut construire et m’appuyer sur des références .
davantage .
Il faudra que je le fasse .

Pris la décision d’adresser mon manuscrit à Debré
J’ai maintenant bien l’impression que je ne serai pas édité .




23 h 45

A « Panorama » : interview de Servan Schreiber .
agitation universitaire . Guichard .
J J S S passe incontestablement très bien .
Ce qui frappe . c’est que maintenant l’initiative . l’idée .
le changement . l’imagination . la présence changent de
camp .
Dans la majorité . au Gvt . à l’Elysée .
– faute d’un chef . faute d’une responsabilité réclamée
et exercée . faute d’imagination et de vraie intelligence
à la tête – il n’y a plus ni présence . ni mouvement .
ni plan d’ensemble . Pas de dessein d’une société
nouvelle à présenter
[3]. pas de vision du monde .
Et aucune force d’attraction . ni de personnalisation .
C’est le vide technique . C’est la gestion .

Le gvt est mûr pour perdre les élections législatives .
à moins qu’il ne perde auparavant le pouvoir dans les Universités .
_

Projet de faire un article dans « Notre République »
– « Programme d’action »
. au-delà de retour du Général
et d’excessive minorité que l’on est actuellement
dans la fidélité
. justesse de notre analyse des vices de force
et de constitution . et du système .
et absence de vision –> expérience ne peut durer
. élections législatives : majorité peut se perdre
car a perdu imagination . mouvement .
simple gestion
. de Gaulle . même s’il ne revient pas .
est devenu – même silencieux – la grande
référence de pensée : un peu à la manière d’un Lénine .
approfondir son exemple
d’où ? – pas de découragement . au contraire
– contacts à l’intérieur de la majorité
pour faire valoir les 2 points suivants
– diffusion personne gaulliste
– se structurer pour les élections .
_

Conclusion à mon mémoire sur Maurras
– droite et gauche : 2 chaises vides vis-à-vis des pbs sociaux
et Maurras trahi par droite .
– utiliser Maurras « = » Marx . comme instrument critique
on manque d’un Lénine . est-ce de Gaulle ?
– notion d’égalité et d’inégalité chez Maurras
la scruter : inégalité = différence . diversité
égalité = égalité de chances . de valeurs
( du fait même des différences )

Faire un enseignement de questions sociales ou d’analyse sociale
qui enseignerait des systèmes de pesnée et d’analyse .
et apprendrait à s’en servir .
[4]

Quelque espoir à nouveau d’être édité –



[1] - je suis inscrit sur les listes électorales de cet arrondissement qui ne forme pas encore circonscription unique avec le VIIème. De l’automne 1964 à l’automne 1979, ma mère y habite : splendide appartement donnant sur la rue de Courcelle avec un regard en angle sur les grilles du Parc Monceau… entrée principale : 2 avenue Hoche, au 3ème étage (au 5ème, est le cabinet de M° Dupuy, tellement lié à Georges Pompidou qu’il meurt d’un arrêt cardiaque en apprenant par téléphone son décès ; il a deux associés, l’un à droite, M° Varaut et je croise Jean-François Deniau pour la garde de ses enfants depuis ses divorce et remariage ; je le connais depuis mon service national en Mauritanie où il était ambassadeur – et l’autre à gauche, Roland Dumas, que je ne rencontrerai qu’au voyage officiel de François Mitterrand au Brésil, l’automne de 1985, où je suis le conseiller économique et commercial de notre ambassade – le cabinet est à droite en sortant de l’ascenseur mais à gauche en venant par l’escalier). – Battu dans le VIIème en Mars 1967, le futur dernier Premier ministre du général de Gaulle a été aisément élu dans le VIIIème en Juin 1968. – Je reste domicilié chez ma mère, même quand je « découche » puis suis affecté à l’étranger : Lisbonne d’abord, Munich ensuite.

[2] - une telle sensation, je la rééprouverai dès l’été en tentant de systématiser ce que je comprends du système de parti unique en Mauritanie – mais en cours de scolarité à l’Ecole nationale d’administration, je ne l’ai jamais ressentie, démonstration, peut-être seulement personnelle car je ne sais ce qu’ont vêcu mes camarades de promotion à ce propos, que ce passage rue des Saints-Pères (on n’était encore ni rue de l’Université ni à Strasbourg, mais on passait simplement par le beau jardin à grands arbres séculaires de la rue Saint-Guillaume à celle des éditeurs Grasset et Fayard – je crois que Bernard Tapie y a eu ensuite son hôtel particulier) ce passage donc n’était qu’une longue et pénible épreuve de classement, mais nullement un apprentissage. Celui-ci, dans la haute fonction publique ne se fait que par hérédité, cooptation ou sur le tas. Je suis de la troisième catégorie, la denière pour les carrières, mais peut-être la seule qui donne quelque sens critique pour le bien commun.

[3] - c’était pourtant le thème du discours de présentation de Jacques Chaban-Delmas à l’Assemblée nationale, le – discours travaillé par Simon Nora et Jacques Delors

[4] - c’est l’Ecole des hautes études en sciences sociales, fondée par Raymond Aron – que j’ignore à l’époque – et que j’ai fréquentée en auditeur libre en 1998-1999 pour suivre les séminaires de Jacques Julliard et de Dominique Schnapper : passionnants et remarquables

mercredi 3 février 2010

Inquiétude & Certitudes - jeudi 4 février 2010


Jeudi 4 Février 2010

[1] Je m’en vais par le chemin de tout le monde. Les testaments dans la Bible, en pleine connaissance de soi, du monde et de ce qu’il y a à faire, c’est-à-dire à continuer et à transmettre : Jacob, David et le Christ. Les recommandations de David ouvrent une quantité de genres littéraires, la plupart des livres de l’Ancien Testament sont en germe dans sa vie et dans ses propos, un géant spirituel, poétique et politique, un affectif et… un assassin. Salomon sera son digne fils à peu près en tout cela. Ansi tu réussiras dans tout ce que tu feras et entreprendras. Le texte vaut surtout pour l’exemple donné d’une promesse divine qui se réalise. C’est ce qu’annoncent les disciples, envoyés par le Christ, un peu « dans le vague » : ils partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir. … Tu gardera les observances du Seigneur ton Dieu, en suivant ses chemins … quel père de famille, moi ! pourrait ainsi assurer ses enfants de la « recette » du bonheur, transmettre la confiance qu’il avait et ce qu’il vêcput ainsi par là. L’examen de ma vie qui resterait dans l’esprit de notre fille, y verrait-elle comme clé de tout, mon orientation vers Dieu et son Fils, telle qu’elle me fût donnée. Je ne peux que prier pour qu’il en soit ainsi. Mystère de chacun, une fois mort et donc dans nos mains. Qui est chacun ? ma mère, plus que d’autre, en avait conscience pour moi. Nous sommes chacun nous-mêmes, et sans doute de bonne volonté et de belle transparence devant Dieu et dans certaines circonstances de nos amours, mais en même temps et surtout, pour la société et les tiers, fabriqués d’une telle sorte que les résultats de cette construction de nous-mêmes ne sont pas fameux ou guère lisibles. Il faut Dieu pour nous lire. Ce que les textes appellent le jugement, ce que notre instinct et notre espérance appellent sa miséricorde. Le testament verbal de David à Salomon emploie le mot chemin aussi bien pour passer à la vie éternelle – visiblement – que pour tenir notre vie selon notre Créateur et notre unique recours. Chemin, aussi bien une direction qu’un multiple emprunt du même itinéraire.

Pluie froide. Ce matin, une camionette et deux personnages qu’il y a un siècle on eût appelé des cantonniers. Sans doute parce que la voirie était essentiellement cantonnale ? Ils auscultent les poteaux mais j’avais pensé qu’ils relevaient mon compteur d’électricité qui en jouxte un. Ce sont les Télécommunications, ou plutôt une nouvelle sous-traitance que j’apprends pour France-Télécom. Les deux concluent que dans cette société, tout le monde est désormais dans les bureaux, à cause de la sécurité. Il y avait donc des accidents mortels en quantité mais dont on n’a pas parlé comme depuis quelque temps on parle des suicides. Les télécommunications engendrant une société de silence ! Quant à revenir au service public, les deux opinent que cela a mis tellement de temps à aller vers la privatisation, qu’on ne reviendra plus en arrière. Etant dans des entreprises sous-traitantes, ils ‘ny ont évidemment pas intérêt. On voit bien la logique de Trotsky et d’Arlette Laguillier – pour laquelle j’ai systématiquement voté au premier tour… la révolution si elle laisse une poche intacte, une moindre zone, échouera comme se dégonfle un ballon s’il y a la moindre fuite. Est-ce à dire que le communisme ne devint totalitaire et méprisant de l‘homme que parce qu’il a toujours été en état de siège économique ou militaire ou idéologique ? je ne sais pas et la question n’est plus que théorique ou passéiste. En revanche, deux certitudes. Ceux qui savent le mieux ce qu’est l’entreprise, ce que sont ses possibilités et ses lacunes, ce sont les travailleurs à la base, pas les dirigeants selon le modèle d’aujourd’hui. Ma femme me dit que pas un des hiérarchies bancaires ne saurait dépouiller un ordre de bourses. Les mieux placés pour les stratégies de rechange aux licenciements et aux délocalisations, ce sont les travailleurs et les divers abus et détournements, encore eux. Les délier du secret professionnel… pour savoir et démonter le fonctionnement frauduleux diu « capitalisme » puisque les dirigeants, eux, partent avec les carnets d’adresses et par conséquent ce secret. Evidence aussi : les meilleurs dirigeants pour remplacer les cooptés et les parachutés à l’arrivée et au départ, sont ceux des rangs à peine en-dessous. Il n’y a pas de problème de compétences à trouver pour diriger les grandes entreprises : elles sont dans chacune de celles-ci.

Lecture du Canard enchaîné. Il est confirmé que l’Elysée a piloté minute par minute les journées de jeudi et de vendredi – celles du verdict dans l’affaire Clearstream et de l’appel. Confirmé que la confusion permanente entre décider et communiquer, en sus de la volonté de tout décider, font que c’est Sarkozy lui-même qui A voulu « brûler » Jean-Claude Marin en se donnant les gants de soi-disant ne pas faire appel, Sarkozy lui-même qui avait « soufflé » à Brice Hortefeux la réaction au double meurtre du Val-d’Oise, réaction juridiquement maladroite et ayant irrité la garde des Sceaux. Il est certain qu’une bonne partie du gouvernement désapprouve l’appel. Certain enfin que François Fillon ne veut pas entrer dans cette histoire mais que Nicolas Sarkozy fera tout pour l’y mouiller, afin que si lui-même devait mourir, son Premier ministre y passe aussi. Que de haine il doit y avoir entre les deux hommes et quelle ambiance entre les entourages. Confirmation enfin que l’U.M.P. n’est qu’une émanaction de l’Elysée : les listes régionales, nom par nom ou presque, sont vérifiées ou arbitrées chez Claude Guéant. Je suis bien placé pour savoir que sous François Mitterrand, par exemple, Jean-Louis Bianco pouvait au mieux dire un mot de recommandation en faveur d’un tel – moi par exemple – à Charzat, mais de là à composer des listes…

Assommé par la laideur ou la nuisance de ce qui est montré sur « le petit écran ». Je zappe pour retrouver une émission de dessins animés, et ne trouve pas, mais la chasse à la baleine avec des images hideuses, des commentaires sur la passion française pour le porno sur internet et même les séquences de Superman ne peuvent être vues par un enfant, ambiances « glauques » de boîtes avec des répliques de Laure Manaudou hideuses de muscles pour jouer les amazones ou les videuses, et ainsi de suite, cela autour de vingt heures…

Georges Frèche – involontairement – a un mérite. Il démontre ce que devient la politique quand elle n’est que rétention des places et courses aux places.On s’aperçoit que – comme Gaston Flosse, et peu importe l’étiquette d’origine – un cas particulier a des effets généraux, en effet Peillon ou DSK le ménagent parce qu’il est un appoint déjà vérifié au dernier congrès quand les majorités sont douteuses. Quant au fonctionnement de la fédération socialiste locale, j’ai vêcu dix-huit mois celui d’une bien petite dans le Morbihan, mais qui n’était pas particulièrement malhonnête, pour apprécier que là-bas, c’est le gang et le cumul. Probabilité que – comme dans le Vème arrondissement de Paris,avec Tiberi – le sortant soit inexpugnable et que le PS perde cette région. Entre camarades de la section de Montpellier, on anticipe déjà la déculottée de la maire. Scenario déjà vêcu à Strasbourg où Catherine Trautman n’a pu vraiment retrouver sa place.

[1] - 1er Rois II 1 à 12 passim ; cantique in Chroniques XXIX 10 à 12 ; évangile selon saint Marc VI 7 à 13

Inquiétude & Certitudes - mercredi 3 février 2010


Mercredi 3 Février 2010

La mort sous ses deux aspects, une séparation conjugale en donne une image, mes aimées, ces amours pour un enfant, l’amour pour notre « moitié », notre séparabilité et notre habitation mutuelle, plus que des habitudes et les éléments de l’équilibre à tout instant, l’indicible, plus que de l’attachement, l’autre pour lui-même. La vie éternelle, si elle n’est pas retrouvaille et accomplissement de ces unions, de cette union ? Les textes, le Christ, l’Eglise n’en disent rien. Je suis venu leur apporter la vie, et la vie pour qu’ils l’aient en abondance. De réponse précise que dans la confiance, la prière, l’espérance car évidemment une vie éternelle qui seraient les divans, les étreintes, les fruits, les jets d’eau et jardin du Coran ou les foules, dans des stalles, à chanter tandis qu’au milieu du chœur des vieillards pirouettent et se prosternent selon l’Apocalypse, cette vie éternelle-là ne nous correspond en rien. Mais nous ne savons (heureusement) pas imaginer ce que nous espérons. L’autre aspect, la mort soudaine, la mienne, une douleur ici, ou bien quelque chose qui se révèle là : que deviendront mes aimées sans moi, sans ressources, sans… la mort qui nous confère l’impuissance, apparemment et selon tant des modalités sociales de chaque époque. La Providence comme débrouille ? car le reste de ce que je bâtissais, bâtis, quelle importance, notamment « mon œuvre », l’essentiel je l’ai dit et écrit en quarante ans, il n’y a qu’à rassembler ce qui se fera selon l’inspiration de tel ou tel ou des envies qui ne dépendent pas de moi et sont aussi imprévisibles que le lectorat des manuscrits que j’élabore maintenant. Le temps d’écrire et communiquer davantage ce que je crois être seul à pouvoir composer ? aucune importance, Dieu dispose la semence et la fait croître ou se gaspiller sans que j’y puisse rien, mais mes péchés précis sur cinquante ans de vie où j’ai été responsable de mes manques et de mes actes, c’est cela qui compte, non vis-à-vis de Dieu qui pardonne mais de ceux – animaux compris – à qui j’ai nui ou manqué, je le sais, ils le savent, je le vis encore, peut-être m’ont-ils pardonné, j’aimerai ne l’avoir jamais fait et qu’au contraire dans leur vie, j’ai planté du bonheur et donné raison à leur attente, leur espérance, nos espérances. La mort quand l’âge nous fait avancer vers elle, ou quand seulement quelques centièmes de secondes nous séparent seulement du choc mortel. Puissè-je avoir ce regard, semi-vivant de ce moine qui m’a aimé et qui s’éveilla ainsi pour le dernier soupir, que je recevais d’abord sans le savoir, attendant l’inspiration suivante… qui ne vint pas. Il était dans sa mort, j’étais sur la rive qu’il venait de quitter. [1]

Jésus est un homme qui mourra : N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de jacques, de José, de Jude et de Simon. Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? Mines de suppositions et de contestations, sur la famille de sang de Jésus, sur la virginité de la Vierge, fils unique ou pas, les textes disent : premier-né, et l’Eglise originelle affirme : toujours vierge. Des homonymies de frères avec le nom des disciples. Je retiens ce que j’apprends maintenant : Joseph, le père adoptif, nourricier n’est pas nommé par les compatriotes du village. Jésus était devenu donc le successeur complet de Joseph, il n’est pas tant le fils du charpentier, que le charpentier lui-même. Lui qui mourra sur une œuvre de charpentier, lui qui dans aucune partabole n’évoquera le travail du bois, la charpenterie… et que fait Jésus, avant sa mort et sans souci apparent de ses attachements humains ? il parcourait les villages d’alentour en enseignant. Mission, confiance, sérénité. Réponse et souhait de Dieu comme du psalmiste que je reçois comme un gage : heureux l’homme dont la faute est enlevée et le péché remis ! Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense, dont l’esprit est sans fraude. Sans fraude puisque pardonné, oubliés les raisonnements dont je croyais qu’il m’exonèrerait de la culpabilité et du soyuvenir de ma faute. Tu es un refuge pour moi, mon abri dans la détresse, celle de ma mort quand j’espère que tu me donneras de me remettre à toi. – Mémoire de Jean-Yves Calvez, prêtre, chercheur, marxologue et prédicateur hors de pair, âme d’intuition et de solidité, le grand Jésuite, il sut m’accueillir, nous pûmes parler à plusieurs reprises et évidemment son accueil dans les pages d’Etudes, son visage et ses mains, son être rassemblé, si humble de maintien dans une concélébration quelconque pour une chapelle bleue de vitraux, celle de Manrèse ajux environs de Paris, sur fond des dires et prières d’Ignace, son maître. – Je suis dans une grande angoisse… je préfère tomber entre les mains du Seigneur, car sa tendresse est inépuisable, mais surtout que je ne tombe pas entre les mains des hommes. Définitif choix de David qui conjure la peste en s’offrant : C’est moi qui ai péché, c’est moi le coupable, mais ceux-ci, le troupeau, qu’ont-ils fait ? Tourne donc ta main contre moi et ma famille ! Les textes n’évoquent aucun regret d’Eve ni d’Adam, chacun s’est refilé la responsabilité.


Des journées sans radio… et la télévision, accaparée par notrre fille : les dessins animés. Hier, un instant les Guignols de l’info. qui furent mon spectacle quotidien quand nous étions parisiens, la formule reste la même… est-elle prudente aujourd’hui ? A l’instant, cherchant les Simpson… Martine Aubry, s’expliquant sur Vincent Peillon, le Front national, etc… elle coupe court, la question du front national est sans doute de fond, mais les Français, leur pouvoir d’achat, etc… pourquoi ne parle-t-on plus de salaires ? pourquoi les lignes de front ne sont pas dites, alors que la négociation (et les grèves générales) de cette année 2010 vont porter sur l’allongement de l’âge de la retraite. On s’y sera pris à X fois depuis 2003, on avait reculé pendant le quinquennat de Lionel Jospin. Sarkozy sait qu’il ne peut se permettre d’avoir cette question pendante encore, trop près en calendrier de l’élection présidentielle. Ce n’est pas le texte que je perçois chez Martine Aubry pendant ce court instant – et je crois bien être, là, le Français moyen, cherchant peut-être comme moi les Simpson, qui, quant à eux, démontrent que la caricature sociale américaine est parfaitement exportable alors que les Guignols de l’info. caricature des personnes demandent constamment un décodage et d’avoir tout suivi dans la journée ou dans la semaine, à Clochermerle. Martine tout simplement « fait » solide avec ses bajoues, son calme olympien et en même temps cette référence à la fois d’idées et de parti. Elle donne la sensation d’être plus à la direction d’un mouvement politique qu’elle sert et incarne qu’en parcours personnel cherchant idées et adhérents. Angela Merkel à la française, sachant où elle va et en donnant cette sensation donc à ceux qui la voient, ne serait-ce que quelques instants. C’est bon. Evidemment…


On ne parle (déjà) plus de l’appel interjeté par le parquet dans l’affaire Clearstream. Je pense à la campagne présidentielle (celle de 2007 !) où il semblait, me semblait que Sarkozy, certes en possession d’état, multipliait les fautes les plus grossières devant lui aliéner peuple et élite. Et pourtant il gagna, et nettement, bien mieux que Valéry Giscard d’Estaing en 1974 et que François Mitterrand en 1981. Vendredi dernier, il semblait avoir commis une faute, à peine camouflée, par cet appel dont l’inspiration était peut-être factuellement discutable mais qui certainement n’avait pas été empêché. Donc, la popularité allait à son adversaire. Quelques jours de recul montre que c’est bien joué de sa part. Toute la campagne de Dominique de Villepin, s’il la commence vraiment, va pâtir pas du tout du suspense pour la suite du procès et pour le prochain verdict (il serait trop gros de décider en appel une peine d’inéligibilité à quelques mois de l’élection présidentielle), mais de ce que – pour les gens, et c’est cela qui compte – l’on croira que le candidat ne s’agite pas pour gagner l’Elysée, mais seulement pour ne pas aller en prison. Ce qui évidemment fera écoûter d’une oreille distraite ses programmes et ses propositions. C.Q.F.D.


[1] - 2ème Samuel XXIV 2 à 17 ; psaume XXXII ; évangile selon saint Marc VI 1 à 6