samedi 28 avril 2012

élection présidentielle 2012 - note n° 13 - 22.28 avril 2012


Election présidentielle 2012

observations & réflexions

XIII




22 . 27 Avril 2012  

Réfléchir



Un arc-en-ciel s’est posé sur ma joue
notre fille Marguerite, poème au dos d’un dessin  pour sa maîtresse de CE 1 – jeudi 26 Avril 2012


Les faits… et les dits…

résultats du premier tour
François Hollande              28,63%
Nicolas Sarkozy                 27,18%
Marie Le Pen                    17,90%
Jean-Luc Mélenchon          11,10%
François Bayrou                9,13%
Eva Joly                            2,31%

22 Avril – dès la proclamation des résultats « sortie des urnes » à 20 heures, Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon appellent à battre Nicolas Sarkozy sans condition, donc à voter François Hollande – Nicolas Sarkozy reste à l’Elysée pour attendre l’intervention de son rival contrairement, puis à la Mutualité exige l’organisation de trois débats télévisés avec François Hollande au lieu d’un comme l’habitude en avait été prise depuis 1974 – Marine Le Pen proclame le Front national premier parti de droite et ne se prononcera pour le second tour qu’au défilé du 1er Mai

23 Avril – François Hollande refuse qu’il y ait plus d’un débat – à Quimper, le candidat socialiste estime n’avoir pas à faire appel à des ministres d’ouverture car il y a suffisamment de talents dans son seul camp

24 Avril – à Longjumeau, Nicolas Sarkozy juge Marie Le Pen compatible avec la République et pas répréhensible le vote pour le Front national ; il remet à sa place de combattant du second tour Alain Juppé qui venait d’affirmer tout faire pour éviter l’explosion de l’U.M.P. en cas de défaite de son candidat – à Hirson, François Hollande assure aux électeurs du Front national que c’est le Parti socialiste qui les comprend le mieux et peut les défendre – Marine Le Pen laisse entendre qu’elle recommandera le vote blanc – Ziad Takheddine, à nouveau interrogé dans l’affaire Karachi, affirme qu’un système de financement de partis politiques et de personnalités a été mis en place en 1993-1995, qu’il continue de fonctionner et appelle à chasser Nicolas Sarkozy – les salariés de Technicolor, par l’intermédiaire du préfet de la région de Bretagne, en appellent aux deux candidats pour sauver leurs emplois – François Bayrou écrit à chacun des deux candidats du second tour

25 Avril – Néo-Sécurité en dépôt de bilan : 5000 emplois menacés – Nicolas Sarkozy, à France-Infos. déclare n’avoir en rien changé de programme ni de ligne depuis ses dires aux Fig. Mag. sur ses valeurs, affirme qu’il ne prendra pas de ministres du Front national s’il est réélu mais qu’on ne peut diaboliser les électeurs de Marine Le Pen, auxquels il veut parler – en conférence de presse dans le XVème arrondissement de Paris, François Hollande annonce la périodicité semestrielle de l’exercice s’il est à l’Elysée et confirme que le vote des étrangers aux élections municipales se fera pendant son quinquennat. – A Cernay dans le Haut-Rhin,

26 Avril – à La Haye, Charles Taylor, ex-président du Libéria, est reconnu pénalement coupable de crimes contre l’humanité et de crimes au sens de la convention de Genève pour avoir soutenu les rebelles dans la guerre civile au Sierra Leone (120.000 morts, les enfants-soldats, les esclaves sexuels et des mines de diamants). – Patrick Poivre d’Arvor, candidat à l’Académie française, n’obtient que 2 ou 3 voix sur 25 au premier tour de scrutin. – le parquet ne fait pas appel de la décision du tribunal de Bobigny condamnant un policier pour homicide volontaire sans légitime défense – lettre de François Hollande répondant à celle de François Bayrou

27 Avril – sondage CSA : François Hollande l’emporterait par 54% des suffrages exprimés –à Düsseldorf, des économistes allemands et français lancent un appel à sortie de l’euro – lettre de Nicolas Sarkozy répondant à la lettre de François Bayrou – CGT et FO expriment leur crainte d’une suppression d 3.000 emplois par Carrefour

28 Avril Angela Merkel confirme au Leipziger Volkstzeitung que le traité de discipline budgétaire n’est pas renégociable mais annonce un agenda-croissance pour le prochain sommet européen à se tenir en Juin – DSK  selon le Guardian attribue à ses ennemis politiques l’exploitation de l’affaire du Sofitel Médiapart apporte la preuve du fnancement libyen pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 – publication du sondage BVA Orange fait le 26 : ordre de préférence des Français pour le Premier ministre de François Hollande : Martine Aubry, Manuel Valls, Jean-Louis Ayrault – élection d’une « Miss Black France » avec le soutien du Conseil représentatif des associations noires (CRAN) – publication par Sud-Ouest le lendemain d’un sondage sur le sentiment d’insécurité économique ressenti par 67% de l’ensemble des électeurs et 81% de ceux de Marine Le Pen
. . .

2 Mai – débat radiotélévisé entre les deux candidats

6 Mai – second tour de l’élection présidentielle

18 Mai – sommet du G 8, à Camp David

20-21 Mai – sommet de l’OTAN, à Chicago

31 Mai – referendum en Irlande

10 Juin – premier tour des élections législatives


Ce que je pense du résultat du premier tour de l’élection présidentielle et de la campagne qui y a mené

Il est possible et je crois très utile de s’attacher à des thèmes pour juger d’une campagne puis d’un exercice du pouvoir, de prendre parti pour une ou un candidat de préférence aux autres, et en même temps de rester objectif, c’est-à-dire d’essayer de comprendre et de juger du point de vue du pays et de l’Histoire. Hubert Beuve-Méry et sa signature : Sirius

I – La campagne n’a pas été bonne.

Chacun des candidats joue pour son compte, prétend rassembler et écouter. Pour les électeurs et pour l’étranger qui observe, c’est la somme des campagnes, et l’impression produite par le « collectif » des candidats qui importent. Deux évidences de procédures et des lacunes thématiques – considérables.

Les procédures. Comment ne pas souhaiter qu’elles soient réformées d’ici la prochaine élection de même nature.

1° la candidature du président de la République à sa propre réélection doit ouvrir l’intérim de sa fonction, automatiquement et selon la Constitution (même si le résultat pourrait être obtenu par une démission à n’importe quel moment du mandat par le président en exercice soucieux de raviver le débat et de faire confirmer dans des conditions d’égalité parfaite sa légitimité et la préférence des Français pour lui ou pour elle, si nous avons enfin une femme à notre tête, ce que je crois bon pour notre image dans le monde et pour une ambiance plus collégiale, moins autoritaire dans l’exercice du pouvoir et la répartition des rôles publics). Un gouvernement de consensus serait formé par les partis représentés au Parlement. Le président par intérim – président du Sénat, selon la Constitution – veillerait à cette formation, à la neutralité des pouvoirs publics et des médias pendant la campagne. Ce délai, cette respiration pour le pays et pour la haute fonction publique, servirait à établir le bilan du mandat effectué par le sortant de nouveau candidat, donc à donner aux citoyens une vue non polémique du travail accompli. Il servirait aussi, puisque le gouvernement serait de consensus, à dessiner l’accord minimum sur les fondamentaux entre partis et candidats, en sorte que se préparerait déjà la rédaction et la votation d’un plan de développement économique et social d’une durée équivalent à celle des mandats présidentiel et législatif, tant qu’ils coincident (la restauration du commissariat général au plan tant pour la confection de ce genre de document que comme lieu de négociations sociales à moyen terme, et de combinaisons des projections et des investissements du public et du privé, est d’urgence surtout en période de « crise »).
Faute de cet intérim, le bilan du sortant est oublié au moins par celui-ci, et il y a quotidiennement un recel d’abus de fonctions : le sortant se drape dans le tricolore et invoque sans cesse sa dignité et son devoir pour éluder non seulement l’égalité des chances et de la présence en médias, mais même une réelle mise en jeu personnelle. Nous venons de le vivre en conclusion d’un quinquennat déjà consacré à la présence médiatique du président de la République plus qu’à un travail de fond, lequel suppose la rareté de l’intervention et la discrétion, la distinction surtout entre la communication et la réalisation.
2° l’accès aux listes et coordonnées électroniques nominatives des personnalités habilitées à présenter une candidature à l’élection présidentielle doit être libre et aisé pour tout candidat. J’ai testé cette accessibilité. Ce fut passionnant, et ce sera tranché en Conseil d’Etat, puisque j’ai demandé au ministre de l’Intérieur que ces listes, leur mise à jour et leur accessibilité soient confiées au Conseil constitutionnel : celui-ci n’est-il pas juge de la régularité et du nombre de ces présentations, dites « parrainages » (appellation inadéquate, car il ne s’agit en rien d’une caution morale ou politique).

Les lacunes. Elles sont, selon moi, évidentes.

Nous ne nous en sortirons que par un sursaut européen. La solidarité financière et la crédibilité de l’Union, et donc de chacun des Etats, suppose – dans le fonctionnement européen – la démocratie directe : élection du président de l’Union au suffrage direct de tous les citoyens, prérogative de celui-ci d’appeler au referendum pour les matières prévues par le traité. Celui-ci à refaire complètement donc : que le prochain Parlement européen soit élu aussi comme Assemblée constituante européenne. L’intergouvernementalité qui a caractérisé, loin des peuples, tous les ravaudages de textes puis de financements et de soutiens aux uns et aux autres, a manifestement fait fiasco.

La réinvention du contrôle et du débat parlementaires est vitale. Le pouvoir exécutif doit être contrôlé, les grandes questions doivent être débattues, même si elles sont finalement décidées par referendum. Ces débats ne doivent pas être empêchés par la certitude que les jeux sont faits d’avance et pendant cinq ans. Considération du vote blanc, quorum pour la validité de tout scrutin, vote de conscience dans la plupart des cas aux Assemblées.

Planification et aménagement du territoire sont des institutions françaises, perdues de vue et de pratique : ce sont elles qui rendent l’Etat communicatif, qui contribuent à la rencontre efficace et documentée des partenaires sociaux entre eux et avec la puissance publique, qui assurent la solidarité entre régions, collectivités territoriales, font les libertés concrètes, garantissent la personnalité historique, géographique, mentale de chacun de nos composantes.

Cela n’a été nettement dit ni défendu par aucun des candidats.


II – Les résultats sont salubres

Le président sortant est sanctionné, pour la première fois un président sortant n’est pas le premier au premier tour, même si au second (Valéry Giscard d’Estaing) il est battu. La popularité de Nicolas Sarkozy au neuvième mois de son mandat est « tombée » au-dessous de 50% des sondés, et n’est jamais remontée au-dessus.

Il est sain que le même président sortant garde ses chances de réélection. Elles me semblent intactes. Un point et demi de différence avec son compétiteur principal. On prévoyait à l’automne jusqu’à dix points d’écart au premier tour. Ce qui oblige maintenant François Hollande à faire preuve d’un réel charisme, et Nicolas Sarkozy d’une véritable habileté. Le premier pour rassembler, y compris des électeurs qui lui sont hostiles à l’U.M.P. et au Front national. Le second pour se rallier les électeurs de Marine Le Pen et de François Bayrou. Cela devrait produire deux identifications. François Hollande, président de beaucoup plus que la gauche, qui n’obtient en gros que 44% des suffrages, et donc œcuménique, ce qui appelle une majorité parlementaire diversifiée, « plurielle ». Nicolas Sarkozy opérant de fait la fusion de l’U.M.P. consentante avec un parti d’extrême droite dont les thèses ont inspiré son propre exercice du pouvoir. Il est possible que cette fusion fasse renaître – très opportunément – un centre modéré et humaniste, européen et démocrate d’une part, et le mouvement du gaullisme social d’autre part. Les deux manquent au pays.

Le vote blanc que devrait recommander Marine Le Pen va donc être statistiquement considérable. Ce ne sera plus seulement, au second tour, la réflexion de quelques citoyens exigeants et scrupuleux, ne voulant en rien compromettre. Ce peut être massif, venir aussi des électeurs de François Bayrou. Argument de plus pour légiférer en sorte que ce vote soit désormais considéré comme exprimé et qu’il pèse par conséquent sur le culcul de la majorité.

Il est excellent que le Parti communiste, quel que soit son nom à l’avenir, réexiste et soit puissant.

Question et certitude.

Le prochain renouvellement de l’Assemblée nationale reflètera les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Je le souhaite. Ce qui suppose – à défaut d’une révision des lois électorales difficile à conclure en quelques jours, sous l’impulsion du nouveau président de la République, si c’est le cas – des ententes franches entre partis et une volonté des électeurs d’imposer leur premier choix, celui du 22 Avril.

Aussi bien les sondages sur les motivations du vote que l’échec relatif de Nicolas Sarkozy, montrent que les thèmes racistes de l’immigration de l’hostilité à l’Islam, voire la critique des aides sociales aux démuniss et aux chômeurs (sur lesquelles le président sortant voudrait une décision prochaine par referendum !) ne caractérisent aucun électorat de quelque candidat qu’il s’agisse. L’emploi et le pouvoir d’achat, le social et l’économique, dominent à juste titre.

Pour ma part, ce qui me fait choisir, même par défaut, est tout simple : la moralité de l’exercice du pouvoir, la recherche absolue de la justice autant en équité qu’en distributivité, le souci constant manifesté par celui qui va incarner la France pendant cinq ans de la grandeur de celle-ci et de l’honneur des Français. 

A dix jours du premier tour de l’élection présidentielle, 37% des Français hésitent sur leur vote et le « croisement des courbes » tant attendu par le président sortant a semblé se produire au moins pour les intentions de vote le 22 Avril, mais ne persiste pas.


I – Journal


Dimanche soir . 22 Avril 2012

Comme depuis Mars 1967 – quarante cinq ans – j’ai suivi et noté la « soirée électorale » à la télévision. Le verbatim dans un autre registre.
Je retiens l’écart entre les résultats, encore fluctuants, et un sondage de l’IFOP que j’ai reçu à 18 heures :
Je retiens aussi l’immédiat appel à voter au second tour contre Nicolas sarkozy, donc pour François Hollande, que lancent sans négociation ni préalable Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly.
Je note enfin l’ultime carte que tente de jouer Nicolas Sarkozy : le corps à corps télévisé, seul sport où il se croit certain d’affirmer une supériorité écrasante, trois débats avec François Hollande. Les Français ont droit à la vérité, à la clarté, nul ne pourra l’esquiver, etc… Economie et social, société, politique internationale. Implicitement et sans s’en rendre compte, le président sortant continue de prétendre à n’être juger que sur l’avenir, que sur des capacités personnelles et nullement sur ce qu’il a fait et sur ce qu’il a donné à voir de sa personnalité quand elle est au pouvoir.
Passons sur les déceptions. Même si Jean-Luc Mélenchon obtient un résultat très moindre que ce qui était prévu dans les derniers jours, il était parti de peu, aux alentours de 5 à 7% et son score de ce soir suffit à refonder électoralement le Parti communiste. Les deux extrêmes gauches n’existent plus, alors qu’Arlette Laguillier trois scrutins de suite avait été marquante. Il a raison de dire qu’il a mené seul le vrai combat, c’est-à-dire contre l’extrême droite. Marine Le Pen ambitionne d’être le premier parti d’opposition au quinquennat socialiste, doublant donc l’U.M.P. et son candidat. Statistiquement, ce peut être vrai, mais si le rejet de Nicolas Sarkozy est massif , de l’ordre de 57% comme motivation du vote de l’ensemble des Français, le souhait ou l’anticipation que Marine Le Pen accède jamais au pouvoir est de 6% : vote protestataire s’il en est. Plus décisif, pour l’instant mais négligeable (ou pas ?) pour l’avenir post-électoral, l’avance de François Hollande est faible, un à deux points, les chiffres ont varié tout ce soir. Psychologiquement, l’ordre de classement est important : il n’a jamais été vu que le président sortant, même ensuite battu au second tour (Valéry Giscard d’Estaing en 1981), ne soit pas en tête du premier tour … mais statistiquement ce n’est pas important et ce fait ne présage pas forcément le second.
Prudence de tous les autres candidats à commencer par François Bayrou dont le score est à méditer. Il me semble que sa candidature a une signification différente à chacun des scrutins. Il est probable que ce bas étiage est son minimum et qu’il reflète un vote sur la personne, alors qu’en 2007 c’était une instrumentalisation et un calcul pour battre Nicolas Sarkozy et qu’en 2002 c’était la question de savoir, alors à droite uniquement, si l’U.D.F. avait encore de l’existence.

Lundi 23 Avril 2012

Le matin…

Les chiffres sont revus. La participation jugée record hier soir avec 80% est ramenée, quoiqu’au même chiffre, à la moyenne des élections présidentielles, celle de 2007 exceptée. L’écart est encore rétréci entre les deux premiers. Marine Le Pen n’est plus à 20% mais à 18. La surprise constituée par son score tient à sa campagne peu vibrante et peu entrainante. Son succès est celui des électeurs et non de la candidate. Elle est l’instrument d’une forte protestation. Discussion amorcée comme naguère : la montée du Front national ayant correspondu à l’effondrement du Parti communiste. L’électorat de Jean-Luc Mélenchon et celui de Marine Le Pen serait à peu près le même, le clivage sur l’immigration faisant le va-et-vient comme cela a été observé à Marseille, à la suite du rassemblement sur la plage du Prado.
Alain Juppé sur France-Infos. est très convaincant alors qu’il ne peut croire à ce qu’il dit. Premier ministre, il y croyait mais ne convainquait pas. Reprise de l’argumentation de Nicolas Sarkozy à la Mutualité : les dirigeants en place sont balayés par la crise, le sortant l’est moins que les autres, il n’y a pas de poussée de gauche, on est maintenant à un contre un au lieu de neuf contre un, on est projet contre projet. Il confirme son approbation de toute la gestuelle anti-immigration et élude la question de son envie de redevenir Premier ministre.
Débat Laurent Joffrin – Sylvie Pierre-Brossolette. Pour les deux, Nicolas Sarkozy a perdu, est perdu. Il lui faudrait rallier en même temps 90% des électeurs de Marine Le Pen et 90% de ceux de François Bayrou. Pour le premier, il a un mauvais bilan et il est personnellement rejeté, pour la seconde il a fait une mauvaise campagne et sa stratégie : celle de Patrick Buisson, anciennement conseiller du Front national, est la mauvaise. 13% de ses électeurs de 2007 sont allés à Marine Le Pen, il était en tête pour le vote ouvrier, c’est maintenant celle-ci. Surtout il a légitimité les thèses du Front national et les a même souvent outrées.
François Hollande refuse les trois débats, pourquoi pas quatre, cinq, six, autant d’oraux de rattrapage et invoque une tradition républicaine.
Nicolas Sarkozy, après réunion de stratégie, fait savoir qu’il maintient sa ligne. Il donne rendez-vous pour le 1er Mai : rassemblement faisant de la fête du travail une fête du vrai travail, le travail de ceux qui souffrent, de ceux qui ne veulent plus que ne pas travailler paye plus que travailler. J’ai aussitôt réagi : l’habileté et le culot serait d’aller s’amalgamer au rassemblement de Marine Le Pen, de fraterniser entre militants pour faire fusionner les électorats, et de grimper sur l’estrade pour s’imposer en discourant à la suite de la candidate.
Il apparaît que tout le monde a intérêt à la défaite de Nicolas Sarkozy. La gauche la veut, évidemment, mais le total qu’elle représente dans le pays ne dépasse pas 44% alors que les droites totalisent 49%. Marine Le Pen ne peut s’imposer comme le premier parti de droite que si l’U.M.P. est battue en son candidat, des alliances législatives sont facilitées. François Bayrou ne peut ressusciter une U.D.F. conséquente en débauchant une partie de l’U.M.P. et en se ralliant tous les centres, que si Nicolas Sarkozy plonge l’U.M.P. dans la défaite et aussi dans la querelle des chefs, puisqu’il a imprudemment annoncé à l’avance qu’il se retirera de la politique s’il est battu (parole aussi claustrante que celle de Lionel Jospin à la même date il y a dix ans). Enfin, le peu de gaullistes affirmés qui demeurent dans l’U.M.P. ou aux alentours ne peut provoquer des assises du gaullisme en place d’un énième congrès du parti dominant, que si Nicolas Sarkozy et l’ensemble de ses thèmes et stratégies sont désavoués.

L’après-midi…

Lers revues de presse étrangères montrent que la France reste crédible comme facteur d’un changement dans le cours des événements même aussi irrépressibles que les actuels, apparemment. On attend d’elle le scenario qu’elle aurait dû jouer au soir du referendum négatif de Mai 2005.   
La lecture rétrospective du Canard enchaîné pour les deux semaines où nous étions absents de nos bases, est éclairante. Anthologie des changements de cap de Nicolas Sarkozy et notamment de ses ralliements aux propositions fiscales ou européennes de François Hollande. Son désaveu, pour suivre les sondages, de l’affichage d’un soutien par Angela Merkel. La juste connaissance de cet électoral et de ce parti, par celui qui en fut : Buisson, seul à prévoir à l’Elysée, le score de Marine, faute que le président sortant – désormais dit président-candidat dans la généralité des médias – ait suivi totalement ses conseils. Très importante observation : les compte-rendus télévisés des meetings socialistes et U.M.P. sont fournis par les organisateurs, les chaînes sont confinées, elles n’ont qu’un temps très court pour filmer selon elles-mêmes, en sorte qu’aucune vue de grand angle – effectivement – n’est produite qui permettrait d’évaluer la foule ou pas, et que l’on n’a qu’une déferlante de drapeaux et d’enthousiasmes, de jeunes de préférence, pour chacun des deux candidats.
A réfléchir… la relation entre une candidature et l’attente des électeurs… fonction d’une écoute par le candidat ? fonction d’un ralliement à ses idées, ses propositions, sa personne. Les candidatures ne correspondant à aucun électorat, même si elles sont sympathiques et énergiques, les quatre perdants en dessous de 2% et même la démonstration par Eva Joly que l’écologie ne fait pas inconditionnellement ni spécialement recette par elle-même.
La lettre d’un


Mardi 24 Avril 2012



Le matin…

Les affaires qui se développent…  Ziad Takhiedine, convaincu de blanchiement d’argent (les rétrocommissions non versées au Pakistan et en Arabie séoudite selon les montages d’Edouard Balladur) appelle à chasser Nicolas Sarkozy et affirme qu’un système a été mis en place en 1993-1995 et qu’il persiste. Patrice de Mestre a peu de chances d’être remis en liberté.


L’après-midi…

Les prolongements des questions d’hier. Les médias qui sont attentifs à leurs chiffres d’audience tiennent aux multiples débats : quatre, entre les deux candidats « finalistes ». François Hollande a-t-il répondu une fois pour toutes ? .
Une avancée importante : Marine Le Pen qui réserve au 1er Mai ses « consignes de vote » appellerait à voter blanc, ce qui suffit pour faire battre Nicolas Sarkozy et qui poserait par son ampleur – j’avais voté blanc au second tour de 2002 – la question de le compter séparément des bulletins nuls, et par voie de conséquence d’instituer un quorum pour la validité de tout scrutin.
On s’arrache cependant ses électeurs. A Longjumeau, chez Nathalie Kosiuzsko-Morizet, le « président-candidat » affirme que Marine Le Pen est compatible avec la République et que voter pour elle n’a rien de répréhensible, tandis que François Hollande à Hirson assure aux électeurs du Front national que les socialistes sont les plus proches d’eux et aptes à comprendre leurs situations.
Les affaires qui se développent…  Ziad Takhiedine, convaincu de blanchiement d’ar

A réfléchir. Les deux nécessités françaises. L’Europe à réinventer… le contrôle et le débat parlementaire à restaurer…



Mercredi 25 Avril 2012

Le matin…

Prétendant parler aux Français, et chacun sur tout aux électeurs de Marine Le Pen, les deux candidats, qu’on présente – inadéquatement – comme les deux finalistes, se parlent surtout par médias interposés. Ce matin, Nicolas Sarkozy à France-Infos. assure que le premier tour lui donne en tout raison. Le voici parti pour Mulhouse. Cet après-midi, François Hollande donne une conférence de presse : il répondra à toutes les questions. Jouanno indiquant hier soir que dans un duel législatif PS-FN elle votera PS, se fait eng… par Nicolas Sarkozy. Réplique de François Hollande : j’ai voté et fait voter pour Jacques Chirac en 2002.
Evidence que le rôle de l’Etat doit être remis au centre de la politique et de l’économie. Les deux faillites en suspens : Technicolor et Néo-Sécurité en appellent à lui via les deux prétendants à la couronne.

L’après-midi …

Les élections anticipées aux Pays-Bas sont fixées au 12 Septembre, c’est bien loin : les libéraux et la gauche sont donnés favoris.
Une de mes amies, éminente historienne de la France contemporaine et connaisseuse sur soixante ans de la plupart de nos personnages politiques, m’appelle au téléphone.

Le soir

Mon ami Denis… prêtre diocésain à la retraite, tenté de voter pour François Bayrou le 22 Avril, mais ayant choisi l’utile, dont Nicolas Sarkozy. récuse cependant et avec force le vote chrétien pour ce dernier.
Le débat de l’entre-deux tours : François Hollande n’a donc pas calé et Nicolas Sarkozy et sa claque n’ont pas crié à la couardise et ne l’ont pas mis au défi, « avec qui voulez-vous lutter ? », bateleurs des tréteaux de foire… est fixé au mercredi 3 Mai. David Pujadas et Laurence Ferrari (une ex. de Nicolas Sarkozy, ayant fait l’intérim concubinaire pendant que Cécilia s’essayait à New-York.
François Hollande, une salle du XVème arrondissement, donc pas au siège de son parti (émancipation… mais frais…) donne sa première conférence de presse en posture présidentielle. Selon France-Infos. cajole les journalistes, avertit qu’il ne sera pas comme… etc… propose un rythme semestriel. C’est celui du général de Gaulle, mais à celui-ci il persiste à ne jamais faire allusion ni implicite ni explicite. Echec de fond ? aucun écho sur ce qu’il a dit.


Jeudi 26 Avril 2012

Le matin…

Nicolas Sarkozy traite en priorité le dossier de Néo-Sécurité. La question toute bête n’est pas posée : pourquoi des services privés pour quelque chose de régalien, la sécurité des endroits ouverts au public, vg. Disneyland. Les syndicats de l’entreprise dénoncent l’opacité des comptes et les rémunérations extravagantes des dirigeants.
Mon ami Philippe…, pas plus que sa femme, n’est inscrit sur les listes électorales, près de la quarantaine, cinq enfants, n’a jamais voté. Aurait voté peut-être pour Nicolas Dupont-Aignan, trouvé bien à la télévision, mais plus probablement pour Nicolas Sarkozy. Ne sait pour qui il voterait le 6 Mai, s’il le pouvait.

Fin de matinée…

Nicolas Sarkozy qui affirmait n’avoir pas évoqué, expressis verbis « le vrai travail » par opposition à … et que Ramadan avait appelé, le 15 Mars, à voter pour François Hollande, a donné à France-Infos. l’occasion de rediffuser les enregistrements correspondants. Le président-candidat, dont personne (notamment le PDG de Néo-Sécurité) ne conteste la réactivité, n’est pas maître de ses mots, encore moins d’une mémoire ad hoc : en fait, il ne travaille pas assez préalablement ce qu’il devrait dire définitivement.
François Hollande indique que le 1er Mai, quant à lui, il le vivra à Nevers pour commémorer Pierre Bérégovoy. Je l’en félicite aussitôt. Puisse-t-il faire ouvrir une enquête sur cette mort par assassinat, prétendûment par suicide.

Fin de journée…

Leçon pour la « françafrique » ? Charles Taylor, ancien président du Libéria, est reconnu pénalement coupable des crimes contre l’humanité commis par la rébellion au Sierra Leone. La succession à la présidence de la République du Sénégal pourrait dénouer l’affaire Hissène Habré, l’ancien chef d’Etat tchadien s’est exilé à Dakar dont il n’a pas été extradé jusqu’à présent.

Statistiques du chômage pour Mars : onzième mois consécutif de hausse. Pour la catégorie A (celle de ceux qui n’ont pas travaillé du tout dans la période sous revue), on compte près de 2.895.000 demandeurs d’emploi. Si l’on compte ceux qui n’ont travaillé que quelques heures dans le mois on dépasse les 4.500.000… Xavier Bertrand « se console » en observant que c’est la moindre hausse trimestrielle depuis un an. Pain bénit pour le candidat de la gauche.


Vendredi 27 Avril 2012

Le matin…

CSA : François Hollande reste à 54% des intentions de vote. Nicolas Sarkozy n’arrive donc pas à rallier l’ électorat FN ni en cinq ans d’exercice du pouvoir ni en quinze jours de campagne. Contrairement à son image, il n’est ni audacieux ni imaginatif. Ce que veut Marine Le Pen, c’est le pouvoir, pas les idées. La donne ne peut être changée pour le sortant que s’il propose des portefeuilles avant le 1er Mai. Sinon, il a perdu. En quoi cela seraut-il choquant ? ce sont les thèmes que – lui – il véhicule et applique depuis cinq ans, et notamment le discours de Grenoble qui sont nuisibles à tous égards et inefficaces aussi bien électoralement qu’administrativement. Mais des participations gouvernementales, au contraire. L’intégration est toujours réductrice de l’adversaire.

J’ai manqué l’émission de France 2 hier soir. Sans que ce soit un débat, l’prganisation permettait le dialogue et la comparaison. C’est plutôt celle des auditeurs que je fais. Un jeune cadet de mon collège jésuite à Paris, qui lit mon journal intime pour Avril 1969, voit en Hollande un nouveau Poher, et regrette que le règne courageux ait été si court. Un de mes amis ici, ouvrier spécialisé – conscience de classe des années 30 et 50 – chez Renault puis Thomson, sa femme plus âgée que lui, semi-grabataire, enfermé dans un mutisme qui n’est pas infirmité mais sorte de mépris pour le courant, trouve au contraire que Hollande a réponse à tout. Il s’en réjouit. Des goûts et des couleurs… Couve de Murville m’assura comme en conclusion d’une vraie méditation et de l’expérience de toute une vie, il venait à peine d’être quitté par le pouvoir : la politique est affaire de sentiments.

L’après-midi …

Datée du 24, la lettre de François Bayrou est sans éclat mais solide, les destinataires répondent après deux-trois jours de réflexion. Hollande assez brièvement mais certainement de sa plume pour l’essentiel et le ton. Sarkozy a donné à écrire : vous avez bien voulu, etc… Il eût fallu parce qu’il est demandeur, qu’il écrive bref, à la plume, chaleureusement mais sans prosternation. Il récite son bilan et il est sidérant de l’entendre mettre à son actif la libération du parquet ou des médias publics, voire le rôle du Parlement très accru.


Samedi 28 Avril 2012

Le matin…

Je lis Changer de destin, le petit livre de François Hollande, avec un a priori négatif, l’égotisme d’une prétention à s’être préparé depuis toujours, les premières lignes confirme un attachement au parti, comme si cela avait été cadre de vie et devait le rester. Puis la conversion s’opère, celle de l’auteur en même temps que du lecteur. Il y a une belle page de vraie compréhension du général de Gaulle, amenant la question : pourquoi en public n’y a-t-il pas cette juste évocation. Une page juste pour Lionel Jospin. Etonnement, pas de portrait de François Mitterrand ni de bilan du moment à l’Elysée. Explication à l’honneur du candidat, leorigine de son nom, la relation avec ses parents, ce qu’il reçoit de sa mère, la qualité d’origines sociales aisée mais de métiers divers, et sans ostentation, de très bonne formules. Des lacunes probables dans l’exercice du pouvoir : la réticence à évoquer et donc à pratiquer le referendum. Appellation juste et non péjorative : les conservateurs, qu’il discerne dans le gouvernement de nos partenaires. Une plume personnelle.la siennetre

Dominique Strauss-Kahn au Guardian accuse à peine implicitement Nicolas Sarkozy d’avoir fait mener la danse autour du Sofitel. Média part publie des preuves irréfutables du financement de la campagne de 2007 – celle de l’élu – par Kahdafi. Dans tout autre pays démocratique, cela ferait flamber la campagne et diriger vers la taule l’impétrant.

Le soir…

Autant le Premier ministre de Nicolas Sarkozy réélu ne fait pas question, autant celui de François Hollande donne lieu à sondages : Martine Aubry en tête mais à 16% des questionnés, puis Manuel Valls, jeunesse et libéralisme, équation déjà ressaseé avec Michel Rocard pendant quinze ans, enfin Jean-Marc Ayrault, probable choix de l’élu du 6 Mai, et qui l’aurait été aussi de Ségolène Royal. Un Gaston Defferre qui risque d’avori veilli avant d’aboutir. La question de l’aéroport, rive droite de la Loire, ne le montre pas très ouvert, mais sa présence en scène parlementaire est excellente depuis une dizaine d’années que je peux le discerner. – Les maires de Paris et de Lyon semblent n’avoir pas compté.


I I – Questions pas dites


Je les énumère.

1° est-il nécessaire qu’il y ait des grands rassemblements dans les grands endroits, dont la location est hors de prix, une dizaine d’années de ma pension de retraite, donc une vie de smigard pour une fête à huis clos ne faisant, je crois, pas gagner une voix à l’extérieur du Zénit ou de Villepinte ou du Bourget…

2° comment avoir des certitudes quant au sérieux des différents chiffrages fiscaux et budgétaires ? faire une commande globale à l’INSEE ? préparer un bilan de chaque mandat présidentiel à date constitutionnelle ?

3° stabiliser intitulé et nombre des ministères, quitte à ce que la souplesse et les circonstances s’aménagent en missions temporaires

4° la publication des patrimoines : quand ? et commentée par qui ?

5° l’abus de recel de la fonction présidentielle quand le sortant est candidat est deux fois choquant : la candidature et l’exercuce de la fonction présidentielle sont deux emplois à plein temps. Il a été manifeste, avec Nicolas Sarkozy, confondant communication et décision, que la candidature a été la constante de son mandat alors même qu’il ne se prêtait à aucun contrôle référendaire et à aucune censure de son accaparement de tous les rôles. – J’ai multiplié l’énoncé de l’évidente solution : la candidature du président sortant ouvre d’office l’intérim et celui-ci serait en charge de l’impartialité des pouvoirs publics et de la formation d’un gouvernement consensus faisant le bilan du passé et préparant les consensus minima pour la suite.


I I I – Une certitude nouvelle


La campagne est peu suivie pour ce que voudraient en faire partager les candidats. Les insultes, les qualifications, les mélanges d’autisme et de commisération n’agitent pas le public, puisque les Français sont considérés comme tels. Second signe d’indépendance – que je considère comme de la maturité : les « affaires » mettant en cause de plus en plus précisément, et de toutes natures et de tous azimuts, Nicolas Sarkozy ne pèsent pas davantage sur le jugement des Français. Enfin, la situation économique pas belle : inflation des prix alimentaires, montée ininterrompue du chômage, notamment celui des jeunes et des seniors, ne semble pas décisive pour décider l’opinion publique. Les questions d’immigration et d’insécurité, fortement vécues par la population, ne conduisent pas cependant à un jugement politique sur la fiabilité ou les excès de l’un ou l’autre candidat. Le bilan ou les jurisprudences de Nicolas Sarkozy ne sont pas non plus déterminants. Alors ?

Tout se passe comme si les Français allaient se déterminer selon des critères qui leur sont personnels, que les sondages ne mesurent pas et dont les candidats n’ont que vaguement conscience, Nicolas Sarkozy en souhaitant le corps-à-corps avec son rival pour démontrer une supériorité énergétique, François Hollande en communiquant (sobrement) sur lui-même pour « se faire connaître ».

Le face-à-face de mercredi prochain 2 Mai – animé par des journalistes d’obédience actuelle : David Pujadas, et une ex. du président sortant quand il fut une première fois en déshérence de Cécilia – sera au plus un agrément pour les télé-spectateurs. Je ne crois pas que cela les déterminera, et François Bayrou aurait tort de se fonder sur cette soireé-là pour énoncer quelque recommandation. Sa logique comme tout le comportement d’ensemble et de chacun des Français en ce moment sont dans la liberté du discernement personnel. C’est un immense progrès civique.

Je suis partisan qu’il n’y ait plus ce genre de joute entre les deux-tours qui abaisse la fonction présidentielle. Et symétriquement, je souhaite plus de fierté « citoyenne » de tout et chacun face à l’élu qui nous présidera et animera pendant cinq ans. La révérence pour Nicolas Sarkozy n’a rendu service ni à celui-ci ni au pays. Il est bon que le pays soit sous tension civique continuellement, c’est le ressort d’une lucidité, d’un inventaire et de décisions. Les trois restent à prendre alors que la crise actuelle a maintenant quatre ans de manifestation.



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Paraadoxe… les partisans de Nicolas Sarkozy (ils se reconnaissent à cela dans les conversations de badauds ou de commerce) disent : c’est f… ceux de François Hollande (ils s’identifient ainsi dans les mêmes échanges) : rien n’est joué.

Pour moi, l’élection est faite, pas seulement dans ma décision propre, mais en projection. L’inconnu est à deux entrées. Le sort de Nicolas Sarkozy qui avait déjà commis l’erreur de limiter à deux les mandats présidentiels consécutifs en sorte que sa réélection (sauf si cette révision postérieure à sa première élection ne s’applique qu’au mandat à recevoir le 6 Mai) aurait donné le signal de la guerre de succession pour 2017, va décider de l’avenir de l’U.M.P. A la manière de Jacques Chirac laissant condamner ses collaborateurs ou compagnons de route dans les diverses affaires de recel commises pendant sa magistrature à l’Hôtel de Ville de Paris, le président sortant laisse tomber tout le monde. Reclassements à droite, émergence de nouveautés en agencement des partis et en nouveaux « destins » présidentiels ? La seconde inconnue est les législatives. La prochaine Assemblée aurait été certainement corrective à gauche d’une réélection de Nicolas Sarkozy. Mais il est possible qu’il y ait une semi-cohabitation à subir par François Hollande. L’U.M.P. peut tenir, ne serait-ce que pour le gagne-pain de ses élus. Et il y a de tels simplismes contre tout gouvernement de la gauche.


sur demande b.fdef@wanadoo.fr, les deux jeux de notes sur l’élection présidentielle :
seize pour celle de 2007 et treize jusqu’à présent pour celle en cours.





déclaration du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France - 3 Octobre 2011

Politique - 03 octobre 2011

Élections : un vote pour quelle société ?

Durant les prochains mois, notre attention sera largement sollicitée par la préparation des élections présidentielles et législatives.


Ces temps que nous traversons sont des temps de crise. Une crise globale touche tous les pays occidentaux depuis plusieurs dizaines d'années. Ce n'est pas une particularité française. Les effets de la crise financière mondiale qui s'est accélérée en septembre 2008 sont loin d'être épuisés. Ce déséquilibre s'est ajouté aux difficultés sociales et politiques qui sont les conséquences de la transformation profonde et rapide de nos sociétés et de toutes les structures qui organisent notre vie sociale.


De nombreux facteurs de transformation se conjuguent.

Trois d'entre eux méritent, selon nous, de retenir l'attention de tous :

- Tout d'abord, nous pensons au formidable développement des techniques scientifiques. Celui-ci ne cesse de se poursuivre. Il incite à projeter ou même à mettre à exécution des idées qui étaient restées jusque-là au stade des rêves ou des cauchemars. Ainsi le perfectionnement de la connaissance et de la compréhension du vivant suscitent des désirs que rien ne paraît pouvoir limiter. Il est donc urgent et indispensable que l'homme puisse mieux définir qui il est, et déterminer les conditions de son propre respect. Faute d'une appréhension précise de sa dignité, il se laisse inexorablement fasciner par son pouvoir scientifique, dont il est tenté d'attendre la solution à tous ses problèmes, en oubliant de voir ce qui risque de se retourner contre lui.


- Un deuxième facteur de transformation est la fin d'une certaine homogénéité culturelle de nos sociétés. Bien avant que la réalité de la mondialisation soit appréhendée et commentée, nos pays d'Europe occidentale ont connu - et connaissent encore - des vagues d'immigration diverses. Ainsi coexistent aujourd'hui, à égalité de droits, des personnes ayant des origines ethniques et des références culturelles et religieuses les plus variées. Pour des citoyens de plus ou moins vieille souche, ceci peut engendrer un sentiment d'instabilité très délicat à vivre. Pour beaucoup de nouveaux arrivés, cela se traduit par le fait de se sentir mal accueillis et de ne pas pouvoir trouver une place dans une société qu'ils ne peuvent pourtant plus quitter.


- Enfin, dans nos sociétés, chacun revendique toujours plus ses droits sans beaucoup s'inquiéter de ses devoirs. Dans ce domaine, nous assistons sans doute à un mouvement amorcé depuis longtemps. Les libertés individuelles ont contribué à augmenter le sens de la responsabilité personnelle. Mais l'individualisme finit par dissoudre la vie sociale, dès lors que chacun juge toute chose en fonction de son intérêt propre. Le bien commun de tous risque d'être confondu avec la somme des avantages particuliers.


Ces transformations interrogent la conception que l'on se fait de l'homme, de sa dignité et de sa vocation. Les gouvernants et les législateurs sont confrontés à des questions nouvelles. L'éclatement des références éthiques fait reposer un poids moral toujours plus lourd sur la formulation des lois. Puisqu'elles jouent inévitablement un rôle de référence morale dont il convient de tenir compte, le législateur ne peut se contenter d'enregistrer 'évolution des mœurs.


Dans ce contexte, notre devoir d'évêques est de rappeler la haute importance que l'Église, depuis ses origines, reconnaît à la fonction politique. Dans une démocratie représentative, le vote est la manière par laquelle chacun peut participer à l'exercice du pouvoir. Il est donc essentiel d'y prendre part, de la manière la plus sérieuse possible. Un vote ne peut être simplement dicté par l'habitude, par l'appartenance à une classe sociale ou par la poursuite intérêts particuliers. Il doit prendre en compte les défis qui se présentent et viser ce qui pourra rendre notre pays plus agréable à vivre et plus humain pour tous.
Comme chrétiens, nous devons être confiants : les crises qui traversent les sociétés humaines peuvent être des occasions de renouveau et des expériences qui réorientent l'avenir. Elles ne doivent pas nous empêcher de viser toujours et en toutes circonstances le respect de la dignité de toute personne humaine, l'attention particulière aux plus faibles, le développement des coopérations avec d'autres pays, et la recherche de la justice et de la paix pour tous les peuples.


Cependant, nous ne pouvons pas attendre du pouvoir politique plus qu'il ne peut donner. Élire un président de la République et choisir des représentants ne suffira pas à relever les défis qui se présentent à nous aujourd'hui. Les déséquilibres actuels, avec leurs dimensions sociales, culturelles et économiques, nous font mesurer l'apport considérable de la production industrielle et de la société de consommation, mais aussi leurs limites et leurs fragilités. Le mode de vie qui est le nôtre depuis quelques décennies ne pourra pas être celui de tous les pays du monde, ni même se maintenir perpétuellement tel quel chez nous.


Depuis longtemps, avec d'autres, les papes et les évêques appellent chacun à reconsidérer sa manière de vivre, à privilégier l'être plus que l'avoir, à chercher et promouvoir un « développement intégral » pour tous. Sous des termes variés, c'est la même invitation pressante à un changement de mode de vie. Chrétiens, à bien des égards, nous sommes mieux équipés que beaucoup d'autres pour choisir ce changement plutôt que de le subir seulement.

À cette lettre, nous joignons un document qui détaille quelques points qui nous semblent importants à prendre en compte en vue de ces élections. À chaque citoyen, à chacun de vous donc, il revient d'examiner comment les programmes et les projets des partis et des candidats traitent ces différents points, et de déterminer si ces approches sont cohérentes ou non avec la société dans laquelle nous voulons vivre. À chacun de vous il reviendra aussi de hiérarchiser ces différents points en vue du vote. D'autres, bien sûr, peuvent y être ajoutés.


Dans un temps d'hypermédiatisation, il convient d'être prudent devant la surenchère des informations qui seront diffusées, de ne pas se laisser entraîner par des calomnies ou des médisances, de rechercher avec précaution, autant que chacun en est capable, ce qui est vrai et ce qui est juste.


En vous adressant ce message en amont de l'ouverture de la campagne électorale, nous croyons répondre à l'attente de beaucoup. Prions pour que le désir du bien de tous domine dans nos choix et dans ceux de nos concitoyens.


Paris, le 3 octobre 2011



Cardinal ANDRÉ VINGT-TROIS,
archevêque de Paris
président de la Conférence des évêques de France

Mgr HIPPOLYTE SIMON,
archevêque de Clermont
vice-président de la Conférence des évêques de France

Mgr LAURENT ULRICH,
archevêque de Lille
vice-président de la Conférence des évêques de France

Mgr JACQUES BLAQUART,
évêque d'Orléans

Mgr JEAN-CLAUDE BOULANGER,
évêque de Bayeux et Lisieux

Mgr JEAN-PIERRE GRALLET,
archevêque de Strasbourg

Mgr HUBERT HERBRETEAU,
évêque d'Agen

Mgr JEAN-PAUL JAEGER,
évêque d'Arras

Mgr JEAN-PAUL JAMES,
évêque de Nantes

 
Evêque placé à la tête d'une province ecclésiastique.Les cardinaux sont les premiers collaborateurs du papeEnsemble des évêques de France.Organisme qui reçoit délégation de l'Assemblée plénière des évêques.
CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE
Élections 2012
Éléments de discernement
De sa contemplation du Christ, l'Église tire une vision cohérente de la personne en toutes ses dimensions, inséparables les unes des autres. Cette vision peut servir de guide et de mesure aux projets qu'une société doit se donner.


 
Vie naissante
Chaque personne est unique aux yeux de Dieu. L'engagement résolu des chrétiens n'est pas dicté d'abord par une morale mais par l'amour de la vie que ni la maladie ni l'âge ne peut amoindrir. Il est impératif que les autorités publiques refusent l'instrumentalisation de l'embryon. De même, l'avortement ne peut en aucun cas être présenté comme une solution pour les mères en difficulté. Les chrétiens doivent veiller à ce que la société consacre de grands efforts pour l'accueil de la vie.
 
 
Famille
En créant l'être humain, « homme et femme », Dieu a suscité une relation de complémentarité à la fois biologique et sociale qui se retrouve dans toute la société. La différence sexuelle de l'homme et de la femme est fondatrice et structurante de tout le devenir humain. De plus, l'union de l'homme et de la femme scellée dans le mariage est le moyen le plus simple et le plus efficace d'accompagner le renouvellement des générations et d'accueillir les enfants pour les introduire en ce monde. La famille, fondée sur l'union durable de l'homme et de la femme, doit être aidée économiquement et défendue socialement car, à travers les enfants qu'elle porte et qu'elle éduque, c'est l'avenir et la stabilité de la société qui sont en jeu.

 
Alliance d'un homme et d'une femme dans les conditions prévues par la loi.
Education
L'éducation est une des expressions majeures du respect de la personne. Une éducation juste implique : la liberté et la responsabilité des parents, la transmission à tous des savoirs essentiels, l'attention spécifique à ceux qui rencontrent des difficultés scolaires, le respect de la liberté de conscience, des enseignements respectueux de la dignité et de la beauté de la vie humaine.

 
Jeunesse
L'intégration des jeunes générations est un objectif incontournable pour toute société. Chez nous, divers facteurs rendent cette intégration difficile. L'aide aux familles dans leur responsabilité éducative, les conditions de la vie étudiante, l'entrée dans la vie professionnelle, la possibilité de fonder une famille indépendante, etc. sont autant de domaines dans lesquels le soutien institutionnel et financier de la collectivité ne doit pas être perçu comme une faveur, mais comme un investissement nécessaire à la cohésion et à la paix sociales.

 
Banlieues et cités
Depuis quelques années, malgré des efforts répétés, certains quartiers et certaines cités deviennent des lieux de violence, de trafics. Plus généralement, certains de leurs habitants s'y trouvent enfermés, ne parvenant pas et parfois ne voulant plus prendre pied dans la société globale. Une politique purement répressive ne saurait suffire ni résoudre les problèmes de fond. Des efforts d'aménagement, notamment de renouvellement de l'habitat et des transports, sont nécessaires. Des initiatives doivent être prises pour aider les habitants à comprendre la société où ils se trouvent et à s'en considérer comme partie prenante. Un certain nombre d'associations jouent un rôle important qui doit être soutenu et encouragé.

 
Environnement
La terre est un don d'amour fait par le Créateur pour que l'homme soit le gérant de ce bien donné. En l'invitant à dominer la terre, Dieu ne l'a pas invité à l'épuiser ou à la détruire. C'est pourquoi l'Église invite la société à promouvoir des modes de vie respectueux de l'environnement et à intégrer cette préoccupation dans le développement économique et social. Les prouesses techniques dont la société est capable sont à encourager si elles sont respectueuses de l'« écologie humaine » (Benoît XVI).

 
Economie et justice
Le travail demeure une nécessité fondamentale pour la structuration de la personne. C'est pourquoi l'objectif de toute politique économique doit être d'offrir à tous ceux qui se présentent, et en particulier aux jeunes, une perspective de travail et une véritable préparation à l'emploi. Une politique économique qui se résoudrait au maintien dans la dépendance vis-à-vis de l'État serait contraire à cet impératif. Les autorités publiques doivent créer les conditions d'une plus grande justice dans la vie économique en veillant à l'équité des salaires, des prix et des échanges. L'équilibre de la société exige la correction des écarts disproportionnés de richesse.


Mais la société ne se limite pas aux échanges économiques. La gratuité qui est à l'œuvre dans la vie associative et culturelle est une des conditions de sa vitalité. L'État doit encourager et faciliter les citoyens à s'engager financièrement et personnellement dans des associations de tous ordres qui renforcent le tissu social.

 
Coopération internationale et immigration
Le bien commun implique la paix entre personnes et entre nations. Il proscrit l'usage de la force entre les États, sauf dans les situations extrêmes où toute autre solution est impossible. Il appelle un partage des richesses et le développement des actions de coopération. Il passe par des institutions internationales dont le fonctionnement et les actions servent efficacement la dignité des personnes et des peuples.
L'Église reconnaît à tout homme le droit d'émigrer pour améliorer sa situation, même s'il est regrettable que tous ne puissent pas survivre dans leurs pays.
Mais dans un monde aussi organisé que le nôtre, une régulation des migrations est nécessaire. Elle ne peut pas se réduire à une fermeture protectrice des frontières. Elle doit permettre d'accueillir au mieux ceux qui se présentent, avec respect et sérieux, et en leur offrant une vraie possibilité d'intégration.

 
Handicap
Nos sociétés modernes s'honorent d'un renouvellement du regard sur les personnes handicapées. Elles savent leur permettre de trouver leur place dans la vie sociale. Les chrétiens y reconnaissent volontiers un écho de l'attitude du Christ rencontrant et réconfortant des personnes malades ou atteintes de handicap (Marc 1, 40 ; Luc 5, 17...). Ce souci doit donc être encouragé. Mais le dépistage prénatal systématique qui risque de déboucher sur l'élimination des personnes porteuses de certains handicaps remet en cause en son fondement même la solidarité envers le plus faible qui doit animer la société.

 
Fin de Vie
Toute personne, quel que soit son âge, son état de fatigue, son handicap ou sa maladie, n'en garde pas moins sa dignité. Pour cette raison, « l'euthanasie est une fausse solution au drame de la souffrance, une solution indigne de l'homme » (Benoît XVI) car elle vise, sous prétexte de compassion, à abandonner les personnes au moment où elles ont le plus besoin d'aide et d'accompagnement. L'arrivée de générations importantes dans le grand âge doit inviter la société à une plus grande solidarité. Le développement des soins palliatifs, fruit d'un progrès éthique et scientifique, doit être poursuivi pour que tous ceux qui en ont besoin puissent en bénéficier.

 
Patrimoine et culture
Notre pays hérite de l'effort culturel des générations précédentes. La culture ne coïncide pas avec la production culturelle ou même avec la réception de ses produits. Elle permet à chaque personne d'inscrire sa destinée dans la communauté humaine avec celle des autres devant les horizons de la plus grande espérance. Il est souhaitable que les pouvoirs publics assemblent les conditions pour que les jeunes générations profitent de ce que nous lègue le passé pour se projeter dans l'avenir.

 
Confiance dans les promesses du Christ.
Europe
Le projet européen peut être compris de bien des manières. En son origine, il représente un magnifique effort pour assumer l'histoire d'un continent en termes de pardon et de promesse. Dans le monde globalisé où nous vivons, bien des réalités ne peuvent être traitées qu'à cette échelle. Mais la construction
européenne appelle des États capables de proposer et de défendre un projet clair, en vue de créer un espace de liberté et de créativité.


L'Union européenne est devenue le cadre institutionnel de beaucoup des activités humaines en notre pays. Mais elle agit trop souvent comme une instance administrative et même bureaucratique. Le marché unique est un beau projet dans la mesure où il est sous-tendu par une vision spirituelle de l'homme. Les chrétiens désirent que l'Europe, loin de réduire l'homme à n'être qu'un consommateur sans cesse insatisfait et soucieux de ses droits, permette à ses habitants d'agir de façon responsable, avec les ressources spirituelles, morales, économiques et politiques qui sont les leurs, pour le bien de l'ensemble du monde.

 
Laïcité et vie en société
Dans notre pays, la relation entre l'Église catholique et l'État a été marquée par une histoire difficile et souvent conflictuelle. Cette relation est aujourd'hui largement apaisée et c'est une bonne chose pour l'équilibre de notre société. Nous vivons dans un régime de séparation - depuis la loi de 1905 - et la laïcité est un principe constitutionnel de la République française. À plusieurs reprises et notamment lors du centenaire de la loi de 1905 [1], l'Église a affirmé accepter le cadre dans lequel nous nous situons. Séparation ne signifie pas ignorance réciproque ; nombreux sont les lieux et les occasions de rencontre, de dialogue, tant au plan local que national. Si l'État ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte (art. 2 de la loi de 1905), il se doit d'assurer la liberté de conscience et de garantir le libre exercice des cultes (art. 1). C'est dans le sens de la liberté que la jurisprudence a de façon constante interprété la loi. Récemment le débat sur la laïcité est revenu sur le devant de la scène, en raison de la présence plus nombreuse de citoyens de religion musulmane et des questions posées par certaines pratiques minoritaires. Ces débats ne doivent pas stigmatiser les religions dans notre pays au risque d'aboutir à la laïcité la plus fermée, c'est-à-dire celle du refus de toute expression religieuse publique. Certaines pratiques administratives ont montré que ce risque n'est pas illusoire.


De même, certaines réactions excessives, dans des débats récents, ont montré que l'intolérance à l'égard de l'Église catholique (et des religions en général) ne constituait pas uniquement des vestiges du passé. Les catholiques n'entendent pas être des citoyens interdits de parole dans la société démocratique.
En exprimant ce qu'ils pensent, ils ne vont pas à l'encontre de l'intelligence et de la liberté de jugement de ceux qui ne partagent pas leur foi. Ils souhaitent une application apaisée et ouverte des lois et des règlements qui définissent le pacte laïc de notre commune République.
 
 

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Pour aller plus loin
Les questions sociales, économiques et éthiques sont de plus en plus en plus complexes. Les experts ont une parole qui peut aider à la réflexion des citoyens mais ne peut pas s'y substituer.


L'éducation de la conscience, par le dialogue raisonné de la foi, est donc un impératif pour tout croyant s'il ne veut pas en rester à quelques formules toutes faites. Il est invité par l'Église à découvrir la richesse de son enseignement, jalonné par les encycliques des papes et récapitulé dans le Catéchisme de l'Église catholique, qui concerne l'homme tout entier.


«Beaucoup de comportements cyniques ou simplement irréfléchis ont conduit à la perte du sens d'une destinée commune, à commencer par l'affirmation selon laquelle chacun n'a de comptes à rendre qu'à lui-même en oubliant que les droits n'ont de sens qu'en lien avec des responsabilités [...] lorsque le sens de l'existence ne passe plus par le lien à autrui, la perception même de l'intérêt général est brouillée. Les propositions politiques de long terme sont dévalorisées. Les attentes des citoyens s'en trouvent faussées.
Il n'y a plus de hiérarchie des priorités et chacun réclame l'intervention de l'État pour ses problèmes particuliers ».
[2]

Si « l'Église ne peut ni ne doit prendre en main la bataille politique pour édifier une société la plus juste possible [...], elle ne peut ni ne doit non plus rester à l'écart dans la lutte pour la justice. Elle doit s'insérer en elle par la voie de l'argumentation rationnelle et elle doit réveiller les forces spirituelles, sans lesquelles la justice, qui requiert aussi des renoncements, ne peut s'affirmer ni se développer ». [3]


Le véritable développement humain suppose « des hommes droits, des acteurs économiques et des hommes politiques fortement interpellés dans leur conscience par le souci du bien commun. La compétence professionnelle et la cohérence morale sont nécessaires l'une et l'autre ! ». [4]


« La crise couvait depuis longtemps. Elle s'est manifestée d'abord dans le domaine écologique. Puis les crises alimentaire, financière, économique, monétaire et sociale se sont succédées rapidement, révélant une crise bien plus profonde, une crise spirituelle, une crise de sens. Cette crise du sens profond de l'existence a été masquée par une confiance excessive dans l'économie libérale. Il est clair aujourd'hui que l'économie seule ne peut fournir les réponses adéquates à tous les problèmes de société » [5]


« On voudrait être convaincu que les dérives financières de 2008 n'ont pas été oubliées et que les événements qui les ont provoquées n'ont pas repris leurs cours. Les contrôles réels des flux financiers, au niveau national et international, peinent à se mettre en place. L'illusion d'une grande distribution des fonds publics continue de masquer les failles structurelles de notre pays et contribue à prolonger le rêve d'une société de consommation sans rapport réel avec les moyens disponibles, ni dans les foyers ni dans la société. L'appel que nous lançons régulièrement à promouvoir de nouveaux modes de vie n'est pas une incantation moralisante. C'est plutôt l'avertissement que la raison humaine doit lancer devant les excès de notre système ». [6]


Une redéfinition du bien commun est sans doute nécessaire. « Il appartient à chacun d'intégrer que ses envies personnelles ne peuvent être l'unique ressort de son agir et de son jugement. Il est fort possible que la prise en compte du bien commun demande des sacrifices à chacun ». [7]


« Aucun pays ne peut penser être en mesure de faire face seul aux problèmes migratoires de notre temps. Nous sommes tous témoins du poids de souffrances, de malaises, et d'aspirations qui accompagnent les flux migratoires. [...] les travailleurs étrangers, malgré les difficultés liées à leur intégration apportent par leur travail une contribution appréciable au développement économique du pays qui les accueille, mais aussi à leur pays d'origine par leur envoi d'argent. Il est évident que ces travailleurs ne doivent pas être considérés comme une marchandise ou simplement comme une force de travail [...]. Tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance ». [8]


[1] Jean-Paul II, Lettre aux évêques de France, février 2005. Déclaration des évêques de France. Assemblée plénière, juin 2005.
[2] CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE, CONSEIL FAMILLE ET SOCIÉTÉ, Grandir dans la crise, coéd. Bayard/Cerf/ Fleurus-Mame, coll. Documents d'Église, mars 2011, page 18-19.
[3] BENOÎT XVI, Deus caritas est, n° 28, 2006.
[4] BENOÎT XVI, Caritas in veritate, n° 71, 2009.
[5] IBID., Grandir dans la crise, page 29.
[6] Cal ANDRÉ VINGT-TROIS, Discours d'ouverture, Assemblée plénière, Lourdes 2011.
[7] IBID., Grandir dans la crise, page 47.
[8] BENOÎT XVI, Caritas in veritate, n° 62, 2009.
Organe d'expression de la Conférence des évêques de France.Ensemble des évêques de France.Lettre solennelle du Pape adressée à l'Eglise catholique.
Références bibliographiques
Vatican II, Constitution pastorale sur l'Église dans le monde de ce temps, Gaudium et spes, décembre 1965.
Catéchisme de l'Église catholique, coéd. Centurion/Cerf/Fleurus-Mame, paragraphes 2196 à 2463, 1998.
• Conseil pontifical Justice et Paix, Compendium de la doctrine sociale de l'Église, coéd. Bayard/Cerf/Fleurus-Mame, décembre 2005.
• BENOÎT XVI, L'Amour dans la vérité.
CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE, Conseil Famille et Société, Grandir dans la crise, coéd. Bayard/Cerf/Fleurus-Mame, coll. Documents d'Église, mars 2011