Election
présidentielle 2007
observations
& réflexions
XIV
Médité
tête-à-tête avec Jean-Marcel Jeanneney et Edgard Pisani, qui furent chacun
ministres – et des plus importants – du général de Gaulle, et soutinrent chacun
François Mitterrand, le second ayant été également ministre de celui-ci.
Continué de provoquer les conversations de quai de gare, de trains, de métro.,
de consultations médicales, en famille des coups de sonde. Relu les débats
parlementaires de Mai 1968, le plus important, celui de la censure, j’y
découvre que le thème de la « participation », l’un de ceux de la
campagne de Ségolène Royal, fut sans doute particulièrement celui du général de
Gaulle poiur analyser la crise et tenter d’en faire sortir le pays, mais il ne
date pas de son disocurs du 24 mai ; il est dans celui de tous les
intervenants au Palais-Bourbon. Paradoxalement, le seul à parler de légitimité,
pour conclure qu’elle n’existe pas au bénéfice du président d’alors, c’est
François Mitterrand. – Telle est mon ambiance, tandis que la toile de fond est
celle, décrite avec tant de succès il y a quarante ans et totalement oubliée
depuis, des manœuvres de l’étranger sur un théâtre européen que les Européens
ont établi mais dont ils ne sont pas les acteurs principaux ni les bénéficiaires :
Le défi américain de Jean-Jacques Servan-Schreiber. Quand la politique qui a toujours eu
sa part d’égotisme, était prophétique et parfois romantique. – Comment, plus
tard, seront appelées ces années-ci ?
La France était perplexe
pendant la longue campagne du premier tour, elle est sérieuse pour celle du
second tour. Le débat ne semble plus porter sur une caricature des propositions
socialistes qui seraient l’instauration de l’étatisme et du soviétisme dans
notre pays, et – malgré de graves soupçons sur l’emprise d’un candidat dans
l’ensemble du système des médias nationaux – il ne porte pas encore sur les
libertés publiques et individuelles. Les deux adversaires, pourtant si
différents de personnalités, n’ont pas encore provoqué non plus un dénigrement
mutuel. Nous nous efforçons tous au vote utile. Qui a déjà caractérisé le
premier tour, sans être pourtant défini – comme il en va chez nous de tout
concept à la mode et un temps dominant (vg. société civile, communauté
internationale, développement durable, transparence)
1° Les résultats
Les sondages –
dont il est dit qu’Avril 2007 aura racheté leurs lacunes d’Avril 2002 – se sont
certes moins trompés, mais n’ont pas su prédire l’effondrement de Jean-Marie Le
Pen. Certes, celui-ci restait quatrième mais pas si bas. Pour les trois
premiers candidats, les résultats sont ceux attendus, et d’une certaine manière
sont décalés, correspondant aux scores dans les sondages d’il y a un mois. Ségolène
Royal aura peu évolué, vers le haut ou vers le bas, Nicolas Sarkozy est presque
à son meilleur niveau, François Bayrou n’a pas passé la barre des 20%
durablement.
La question
n’est cependant la véracité des sondages. Déviance générale de tout ce qui dans
la vie politique et sociale devrait n’être qu’outil. Les statistiques sociales,
celles de l’emploi, sont contestées par ceux-mêmes qui les établissent :
ce débat devra être vidé, certains pays ont érigé en magistrature assermentée
la publication des chiffres économiques, exactement comme il existe une déontologie
des experts-comptables. Les sondages, instruments d’ajustement stratégique, ne
sont pas pour eux-mêmes, or voici qu’il faudrait leur accorder satisfecit ou
mauvais points. Et les acteurs politiques ? sont-ils pour eux-mêmes ?
ou pour leurs concitoyens ? Carrière avec points de retraite et avantages
en nature, ou sacerdoce civique et devoir d’écoûte, d’imagination, de
représentation donc de l’élan vital collectif ?
Nicolas
Sarkozy triomphe, ce qui est oublier que son score est très loin de la pleine addition
des voix que tout son parcours de cinq ans ambitionnait de rassembler sur son
nom : celles recueillies le 21 Avril 2002 par Jacques Chirac soit quelques
19% et par Jean-Marie Le Pen soit près de 17% : il manque donc six points.
Au contraire, Ségolène Royal fait au premier tour mieux que François Mitterrand
au pemier tour de 1981, bien mieux que Lionel Jospin au premier de 1995, et
reçoit près de dix points de plus aujourd’hui que le Premier ministre sortant
en 2002. Que cela ne soit pas commenté, et que ceux des socialistes qui
désapprouvent sa campagne ne le concèdent pas, m’étonne. La pensée unique est
d’abord, chez nous, une sorte de regard obnubilé par les a priori. Les
évidences nous viennent de l’étranger.
Les sondages
n’avaient pas laissé prévoir une telle participation. Ce qui doit faire engager
une réforme électorale fondamentale : un seuil de participation pour que
soit valide quelque scrutin que ce soit. Nous sommes civiques et conscients des
enjeux. Quand il y en a un.
2° L’échec collectif possible
Il n’est pas
encore consommé et ne sera pas que celui de François Bayrou. Il n’y a pas
d’exemple sous la Cinquième République
que ce soit constitué un parti pesant sur les autres, sans qu’il le soit depuis
l’Elysée. A fortiori un parti du centre.
Pourtant président de la
République, Valéry Giscard d’Estaing n’y parvint pas.
L’élection présidentielle se prête à la triangulaire au premier tour, ce fut
toujours le cas et l’oubli de tous en 2002 dont on réduisait l’échéance à un
duel Chirac-Jospin, mais l’élection législative : non. François Bayrou a
donc perdu en n’étant pas au second tour, c’est la majorité l’ayant portée à
l’Elysée que pouvait se déduire, diminuée de l’électorat socialiste qui aurait
contribué à sa victoire décisive par souci d’éviter celle de Nicolas Sarkozy,
une nouvelle formation politique. En faire naitre une, sans même l’appui
minimal de l’U.D.F. dont les parlementaires sont aux basques de l’U.M.P.,
serait une première : l’actuel mode de scrutin n’y aide pas. Les Verts
n’ont existé que dans la période qui paraîtra rétrospectivement brève où la
pétition écologique n’était pas encore celle de tous (ce qu’elle doit être pour
avoir une petite chance d’inspirer sérieusement nos politiques).
Mais la
proposition de François Bayrou demeure. La considérer seulement comme l’appoint
nécessaire pour l’emporter au second tour est une courte vue. Il nous faut
désormais un autre fonctionnement parlementaire pour que le gouvernement ait un
supplément d’imagination et soit contrôlé. Pour l’heure – c’est vêcu depuis des
décennies – il n’est pas contrôlé, les députés ne votent que par discipline
pour ne pas perdre leur investiture à la prochaine élection, l’imagination
reste dans les cartons de rapports et de propositions de loi. L’Assemblée
nationale n’est pas représentative avec un mode de scrutin dont l’utilité a été
décisive pour fonder notre régime et faire fonctionner l’alternance – deux
éléments désormais acquis irréversiblement. La suite est à trouver, faute de
quoi ce qui était si utile – ainsi la procédure parlementaire du 49-3 –
deviendra illégitime pour beaucoup. Tout ce qui est rigide dans une période de
la vie nationale où nous avons si peu de résultats, passe pour fautif. Un autre
mode de scrutin donnera la souplesse attendue. Pour que le concours de tous ne
soit pas sollicité le seul moment des élections, mais pendant tout un mandat,
il faut que les choses ne soient pas figées à l’Assemblée Nationale.
Changer le
mode de scrutin non pour 2012 ou avant s’il y avait dissolution en cours du
mandat présidentiel, mais pour ce mois de Juin est possible. La promesse qu’en
ferait Nicolas Sarkozy pour s’attacher les électeurs de François Bayrou et de
Jean-Marie Le Pen peut être transformée par ceux-ci et par Ségolène Royal en un
défi de la tenir ausstôt son élection, en moins d’un mois. C’est juridiquement
possible.
3° La suite n’est pas acquise
Nicolas
Sarkozy, selon son aveu, a tout fait pendant cinq ans pour en reprenant ses
thèmes, prendre à Jean-Marie Le Pen ses voix. Au premier tour, il lui en manque
quand même plus de la moitié. Il paraissait acquis jusqu’au soir du 22 Avril
qu’en majorité les électeurs de François Bayrou lui reviendraient et que
celui-ci retomberait là d’où il vient. Ce n’est plus sûr. L’abstention ou le vote-barrage
– donc en faveur de Ségolène Royal – sont dans les pensées de beaucoup de ceux
qu’avait séduit la promesse de novation exprimée par François Bayrou. Ce qui
n’est remarqué que maintenant est encore plus décisif, et Jeune Afique mieux que la presse nationale, l’a vu. Les deux
candidats au second tour sont chacun des outsiders
dans leur camp. C’est-à-dire qu’ils ne correspondent pas à leurs électeurs
habituels : Ségolène Royal, libre vis-à-vis de la hiérarchie en thèmes et
en manière de faire campagne jusques dans sa relation avec François Bayrou
maintenant, a certes été choisie par les militants pour cela, mais elle
déconcerte l’électorat de gauche qui ne s’est pas pour autant reporté vers des
« extrêmes » plus rigoureux en matière de socialisme ; Nicolas
Sarkozy peut aller à Colombey à la dernière minute, en même temps qu’il en
appelle, via Jean Paul II, à Philippe de Villiers pour la marge (en fait, il
est probable que si Nicolas Sarkozy a « siphonné » Jean-Marie Le Pen,
expression et constatation de celui-ci, le Front National a séduit la clientèle
du Vendéen), mais il ne peut convaincre la génération qui a souvenir de l’homme
du 18-Juin et aussi de la première jeunsse politique de Jacques Chirac.
Je crois donc
que Ségolène Royal a plus de « réserves » que Nicolas Sarkozy,
d’autant qu’elle a choisi de ne pas diaboliser son adversaire : stratégie
très modérée qui est un pari.
Quel que soit
le mode de scrutin, l’élection de la prochaine Assemblée Nationale n’est pas
non plus prévisible. Certes depuis 1981, les électeurs s’ils ont à se prononcer
pour celle-ci dans le mois de l’élection présidentielle, confirment leur
premier choix. Mais il y a une seconde règle – sur laquelle François Bayrou
avait fondé son analyse – selon laquelle depuis 1981, les Français n’ont jamais
reconduit la majorité parlementaire sortante. Enfin, la pezrsonnalité de
Nicolas Sarkozy étant tellement tranchante et impérieuse, il est possible qu’un
contre-poids voire une cohabitation le modérant aussi fortement que possible,
soit souhaité majoritairement. Il existe donc des éléments convergents pour que
les socialistes aient du succès pour les législatives, même si l’ancien
ministre de l’Intérieur est entré à l’Elysée, et sans doute parce qu’il y sera
entré. En revanche, Ségolène Royal devrait, si elle l’emporte personnellement,
recevoir les moyens de travailler, comme François Mitterrand les obtint en
1981.
4° D’une élection
présidentielle à l’autre
Pas plus qu’en
1995, il n’est question en 2002 du président sortant. Les réflexions et
propositions ne portent plus sur un passé avec lequel rompre. Sans être
spectaculairement imaginatives, elles sont tout de même des projections sur le
futur. Sans risque, car la question du financement des retraites et de la
sécurité sociale ainsi que celle du futur traité européen et partant des modes
de décision pour la prochaine politique agricole commune et sa philosophie,
n’ont pas été traitées avec précision. Le futur président ou la future
présidente n’aura pas de mandat impératif pour faire traiter les deux
principaux sdujets du quinquennat.
Le consensus
est total sur la sécurité, l’immigration, le protectionnisme, les licenciements
boursiers, les délocalisations.
Le débat n’est
plus binaire comme il l’a été en France depuis 1944 et surtout depuis
1958 : question de régime constitutionel longtemps et à l’initiative du
général de Gaulle certainement, solutions droite/gauche depuis l’adoption du
Programme degouvernement à l’initiative de François Mitterrand principalement.
Et ceux qui l’ont initié et longtemps structuré et animé ne sont plus des
références idéologiques, ce sont seulement (et est-ce négatif ?) des
références pour l’exercice de la fonction présidentielle.
Ainsi, le
suffrage universel n’est-il pas un mauvais moyen pour faire progresser la
conscience civique.
BFF
– 27.28 IV 07
disponibles sur
demande, les précédentes réflexions sur le même thème de l’élection de 2007
12 Novembre 2006
Le contexte : L’impuissance à plusieurs points de vue.
Les paradoxes
Les processus de
candidatures et de programmes
20 Novembre 2006
Le choix et la
manière socialistes
Les programmes
Les faux semblants
Interrogations en
conclusion d’étape.
2 Décembre 2006
Les candidatures
Les procédés
Les absences
16 Décembre 2006
Les rôles-titres et les acteurs
L’électorat présumé
Les certitudes des
Français en forme de questions
Quel contexte ?
2 Janvier 2007
Le naturel des partis
Les clivages ne correspondent plus aux
partis
Le métier fait les moeurs
L’élection présidentielle est à un tour
9 Février
2007
Les mises en campagne
Les modalités de la campagne présidentielle restent à inventer pour
l'avenir
La politique extérieure est le vrai clivage, il n'est avoué en tant que
tel par personne
18
Février 2007
L'opinion et les candidats
Les candidats et l'opinion
L'absence de choix en matière institutionnelle
Le mauvais énoncé de la question européenne
24.25
Février & 4 Mars 2007
Des certitudes négatives
De rares certitudes positives, mais qui sont sans doute la matrice d’un
système nouveau
Apathie ou désespérance des électeurs ? ou médiocrité des
acteurs ?
Quelque chose
prendrait-il forme ?
Le monde, pendant ce
temps-là…
Les résultats du
capitalisme tel qu’il se pratique en français
9.11 Mars 2007
La campagne modifie
peut-être la fonction présidentielle
La campagne révèle
aussi bien notre vie politique intérieure que l’état de nos relations
extérieures
13.15 Mars 2007
La refonte possible des institutions
Quel que soit l’élu, un président très différent de ses deux
prédécesseurs
Effondrement de la gauche
ou fin d’un clivage ?
17.23 Mars 2007
L’ordre de bataille
Le vote utile
Cristallisation
d’image et psychopathie des prétendants
La démocratie
émolliente ?
2.13 Avril 2007
Sensations de la
campagne, notamment à la télévision
Le test de
personnalité
Les sujets traités
L’opinion des
Français ?
Les scenarii pour le
prochain mandat et notre avenir
19.20 Avril 2007
Quel challenge ?
Le contexte de la présente élection
Les buts de toute élection présidentielle
Les candidatures entre lesquelles choisir
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire