jeudi 28 février 2013

propositions adressées à François Hollande, l'an dernier, en vue de son élection présidentielle








Notes adressées à François Hollande

en vue de son élection présidentielle





p. 2 – généralité sur l’attitude et le programme n° 1 – jeudi 19 Janvier 2012

p. 4 – la relance européenne n° 2 – mercredi 1er Février 2012

p. 6 les saillants d’une politique extérieure franche n° 3 – lundi 12 Mars 2012

p. 12 – le mouvement social n° 4 – vendredi 27 Avril . mercredi 2 Mai 2012

p. 15 – déraciner la « françafrique » et lui substituer une relation Afrique-Europe voulue par la France  n° 5 – dimanche 29 Avril . mercredi 2 Mai 2012






note pour Monsieur François HOLLANDE

généralités sur l’attitude et le programme

  l’élection présidentielle n’est pas une évaluation d’un programme, ni une mesure de la crédibilité des propositions ; elle est un test de personnalité. François Hollande a un avantage décisif sur la plupart des candidats. Sa personnalité est peu connue. Que François Hollande s’exprime sans souci de se garder le maximum de liberté dans l’exrecice prochain du pouvoir, sans souci des fidélités ou infidélités à des programmes. – Tandis que Sarkozy, Bayrou et Marine Le Pen, Eva Joly même sont connues.

2° les Français sont finalement fascinés par l’autoritarisme, soit parce que le culot impressionne même « en temps de paix » (l’ascension de NS), soit parce que par gros temps, il faudrait un décideur. Autant pour la personnalité de François Hollande que pour l’honneur de la gauche, la tradition française et surtout l’efficacité réelle de toute politique d’Etat, il convient de rétablir la démocratie, le débat – couacs ou pas, il n’y a pas de pensée unique, il n’y a que respect de la décision mûrie. On mûrit mieux en concertant, on approfondit.

3° efficacité de la démocratie.
Les grandes décisions – la pratique du referendum en désuétude depuis 2005, alors que depuis 2007 de très grands sujets ont été traités à huis-clos (huis clos de la décision huis-clos parlementaire par la carte forcée). Le consensus garantit l’application et l’attachement à la décision prise, vg. Algérie
La grande solution pour l’endettement national et européen. Le financement par l’épargne, à la japonaise. Donc l’emprunt type Pinay et de Gaulle, années 50 et 60, garanties à trouver : l’or, les services publics par leur tarification. L’emprunt direct aux citoyens, donc volontaire et test en même temps de la confiance dans le gouvernement (actuellement inexistante, pas seulement des agences de notation mais des citoyens) 

4° le sursaut fédéraliste.
Un candidat prophète (sans la caricature biblique du prophète ou de Panoramix notre druide) à la Schuman. Election directe par les citoyens européens d’un président, pour une grande durée. Pouvoirs référendaires de ce président dans les matières des traités. Le proposer, même si cela ne se fait pas tout de suite.
5° solidarité, substitut de rentabilité – dans tous les domaines. Deux dogmes dont la fausseté est attestée par ces vingt ans. Plus le licenciement est facile, plus l’embauche reprend. Moins d’Etat, ou pas du tout d’Etat ni de réglementation, et l’économie automatiquement produit le bien commun universel. Non ! la nature humaine (démontrée par la course aux rémunérations des dirigeants) appelle un encadrement moral pour que l’intérêt général prime. La libre concurrence entre Etats membres de l’Union européenne peut se pratiquer entre services et entreprises publics, autant qu’entre groupes privés. Le statut de l’Etat est alors seulement celui d’actionnaire.

6° réorganisation économique et financière mondiale : protectionnisme par grandes zones de cohérence sociale, fiscale, culturelle. Protectionnisme européen ce qui nous émancipe de l’obsession chinoise et de nos prosternations devant ses dictateurs (les salutations-courbettes, cf. photos de Sarkozy devant son homologue chinois).
Moratoire des dettes souveraines. Nationalisation des banques. Deux mesures temporaires pour rendre à ces domaines leur origine. Les dettes se remboursent en capital et non en intérêt. Les banques sont faites pour transformer l’épargne diverse en financement précis de l’économie. Leurs évaluations des investissements à consentir n’ont pas à dépendre ni des marchés suivistes ni d’agences qui comme les audits, les cabinets d’expertises et les conseils en stratèges n’ont aucune expérience de gestion, aucune imagination stratégique et ne sont que lierres greffés sur les arbres.

7° la politique extérieure, pour l’heure peu lisible, se déduit de la démocratie et de la confiance populaire, de la solidarité et d’un partage des valeurs humaines, d’une libération des hégémonies américaine, chinoise, etc… ou idéologique : l’obsession terroriste, l’obsession de l’invasion par les immigrants.  
Illustration : Palestine, Etat unitaire laïc, respectant les diversités ethniques, juives et arabes notamment. Fin de la langue de bois sur le processus de paix au Proche-Orient, consacrant la vassalité d’un micro-Etat désarmé et sans continuité territoriale au bénéfice d’un Etat subventionné par l’Amérique et nucléarisé.
Aller vers des dispositifs de sécurité collective par les Nations Unies (propositions françaises de 1945) et dissoudre l’OTAN.
Francophonie, elle suppose que nos messageries internet aient leurs messages en langue nationale, que nous accueillions avec plaisir les étrangers en études ou en séjour. Direction : la nationalité commune avec le Québec. Francophonie : acceptation de l’apport mental, linguistique et ethnique d’autrui. Exemplarité pour d’autres groupes (s’associer aux latins) et mise en évidence que le développement et la morale peuvent se vivre, même par les petits, en langue originelle.                                                          Bertrand Fessard de Foucault
n° 1 – jeudi 19 Janvier 2012


note pour Monsieur François HOLLANDE

la relance européenne

Gestion contre gestion, vous ne gagnerez pas l’élection présidentielle seulement ainsi. Verser dans le tonneau des Danaïdes des intérêts aux frais du contribuable national en augmentant les impôts et en diminuant la dépense publique, enfonce et enfoncera chacun et l’ensemble des Etats-membres de l’Union européenne, dans la récession, le désespoir : ni financièrement, ni économiquement, ni politiquement, ce n’est concevable. Nous-mêmes (l’Allemagne pas davantage) ne nous en tirerons pas seuls.

A bien les lire et tenter de les comprendre, « les » agences de notation sanctionnent – par leur dégradation – le défaut de capacité des dirigeants d’un pays ou d’un groupe de pays de prendre des remèdes, donc des décisions. Les remèdes sont discutables, ce ne sont pas les nôtres : remèdes sans doute que seront la nationalisation des banques, les emprunts directs aux citoyens et non aux investisseurs institutionnels étrangers ou français, le moratoire des dettes souveraines. En revanche, le diagnostic – d’abord émis à l’encontre des Etats-Unis d’un Obama ne pouvant plus faire consensus au Congrès, puis ensuite de la France susceptible de voter François Hollande, donc de précariser la réforme des retraites imposée par Nicolas Sarkozy, puis de toute l’Union européenne incapable de décider et d’inventer toute sa solidarité envers l’un des plus petits de ses Etats-membres – est un diagnostic fondamentalement politique. Et il est fondé.

Toutes les décisions – nationales, version Sarkozy, mais les vôtres aussi si elles manquent de cadre, et européennes – ne sont que des ravaudages et des compromis, même si « techniquement » elles sont justes et cohérentes. Mais cohérentes avec la doctrine dominante depuis une vingtaine d’années. Ce n’est pas au dogme mais à la réalité que nous devons nous adapter.

Notre crédibilité à 27 ou à 30 n’existe plus parce qu’on ne décide pas selon un tel nombre – et si on l’avait pu, nous l’aurions montré depuis longtemps, quelle que soit la répétivité des sommets –, et parce qu’il n’y a pas d’esprit commun (de patriotisme européen, cf. papier pour Commentaire encore sous embargo d’ici une parution à la fin de Mars) ni de logique commune (la divergence doctrinale entre l’Allemagne et au moins nous sur le rôle de la banque centrale).

Remèdes. Une proposition de relance européenne, portant sur les institutions et permettant de développer une autre logique économique et sociale. – Proposition à l’adresse des peuples et non des dirigeants. Proposition de plein air et non de réunion.

1° élection du président de l’Union européenne au suffrage universel direct de tous les citoyens de l’Union (durée du mandat à prévoir par les traités à refaire, l’immédiat étant la décision de ce mode d’élection et une première pratique),

2° prérogative donnée à ce président d’en appeler au referendum européen (d’abord, dans les seules matières prévues par le traité),

3° lancement d’emprunts européens directement auprès des citoyens européens, moyennant garanties à trouver du genre affectation de ressources communautaires, ressources métalliques des banques centrales nationales, revenus de grands travaux d’infrasctructure et de communication trans-européens à faire ou existants (type oléoducs et gazoducs).

Triple test de prise de conscience ensemble (la campagne télévisée pour cette élection présidentielle dans tous les Etats-membres au même moment), d’instauration de la démocratie directe en Europe, de confiance dans les dirigeants. Ensuite tout ira de soi, à commencer par la solidarité systématiquement substituée à l’impérium de la rentabilité et à aboutir à l’adoption d’une Constitution européenne, juridiquement indépendante en fonctionnement, révision et sécession du droit des Etats.

François Hollande déplacerait aussi le centre de gravité de l’échiquier politique français, périmerait – comme toujours par la question d’Europe – des clivages surannés, réduirait le président sortant à son défaut constant d’imagination et de prospective et, proposant pour l’Europe les moyens de sa liberté, pourrait avoir avec lui ce que les souverainistes et l’extrême-gauche proposent pour la seule France. Son appel aux peuples d’Europe le placerait – même tout nouveau venu – en position forte dans les premières sessions du Conseil européen à partir de Mai prochain.

Il apparaît comme presque toujours que nous sommes les seuls à pouvoir pousser ce cri, et vous – particulièrement – au nom de tous les opposants à l’ultralibéralisme et à la financiarisation : la question d’Europe ou le drame des peuples en Europe, n’est pas une crise économique, un défaut de protection commerciale, une menace contre la sécurité sociale, un problème d’équilibre ressources/dépenses à tous niveaux, y compris celui des ménages, c’est une question politique. Les Allemands sont sur la piste depuis le congrès CDU de Leipzig, où il a été voté que l’on élise le président de la Coimmission désormais au suffrage universel : vous savez l’échéance de 2014, date à laquelle le président de la Commission devrait être élu par le Parlement européen. Mais cette proposition du parti gouvernemental allemand, quel écho a-t-elle eu ?

.                                                          Bertrand Fessard de Foucault
n° 2 – mercredi 1er Février 2012


note pour Monsieur François HOLLANDE

les saillants d’une politique extérieure franche



I - Lecture critique des dernières pages 36 . 37 . 38 des 60 propositions


la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Oui. Mais inventer et faire adopter à Bruxelles une citoyenneté européenne directe pour ceux qui ne se veulent pas ressortissants d’une nationalité détenue par un Etat, vg. les populations migrantes, type Roms, tziganesn voire bien des immigrés clandestins ou pas, arrivant du sud et de l’est. Cette citoyenneté directe permettrait la reconnaissance de communuatés non territoriales et transnationales, et des institutions que se donneraient ces peuples pour s’autogérer et aussi répondre d’eux-mêmes devant les institutions de l’Union (des représentants au Parlement) et devant les Etats. J’en ai entretenu Viviane Reding, cela suppose une révision du traité.

2° l’organisation mondiale de l’environnement. Oui. Mais évident échec de tous les processus intergouvernementaux sur le climat et maintenant la taxe carbone. Chine et Etats-Unis y sont hostiles. Les mettre carrément en accusation. Points communs entre ces deux pays qui installent leur duopole aux frais de l’Europe (la grande humiliée de la décennie 2010 comme la Russie fut la grande humiliée des années 90 et l’Allemagne des années 20) : la peine de mort, le cynisme environnemental et social, la démesure des écarts entre pauvres et riches. Ils ne sont dangereux et belligènes que par notre tolérance et notre révérence. Une démocratie mondiale équilibrant les Etats qui tiennent l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité des Nations Unies (institutions et modes de représentation des peuples à inventer : pas facile parce qu’aucun précédent, et le système des ONG n’est pas définitif, cf. échec de la conférence Durban, il y a une quinzaine d’années) pourra être exigeante et spontanée pour la gestion de la planète et le respect des droits de l’homme.

3° Conseil de sécurité. Oui, l’élargir cela fait vingt ans que l’on en parle. Il y a la question du veto, de la permanence et aussi du nucléaire militaire pour l’Union européenne. Tout est à inventer mais il faut mutualiser les « droits » de la Grande-Bretagne et de la France au profit de l’Europe, si celle-ci est en démocratie directe : le président de l’Union élu par tous les citoyens. Le Conseil de sécurité avec des permanents par grandes zones géographiques, quitte à ce que la représentation physique so’rganise à l’intérieur de chaque zone par roulement. Le monde a changé, et il est vital que l’Europe existe en tant que telle.

la France et la rive sud de la Méditerranée. Naturellement, notre expertise, mais l’Italie et l’Espagne aussi. Surtout pas l’erreur de Nicolas Sarkozy, ignorant le processus de Barcelone (Novembre 1995) et l’extraordinaire expérience acquise dans ce système très pratique et le seul où Israël est à peu près accueilli par les Arabes, ignorant aussi que l’Allemagne et le reste des Etats-membres doivent être associés à cette gestation.

5° la « Françafrique ». Cela suppose la fin des tolérances pas seulement en corruption, mais en soutien des dictatures. Des ambassadeurs mandatés pour les droits de l’homme et la démocratie. Mettre en œuvre le discours de François Mitterrand à La Baule en Juillet 1990. Sans doute, une réunion présidée par vous dès votre avènement avec les ministres compétents et nos ambassadeurs en Afrique, et y aller à fond. Peut-être ensuite quelque chose avec les représentants africains, ou tout simplement l’assemblée interparlementaire des ACP ce qui met l’Union européenne dans le coup. Européaniser la relation franco-africaine, quitte à maintenir, mais pour le meilleur, un certain « maternage » fondé notamment sur l’immigration et les échanges universitaires : le service national ré-établi chez nous, pour garçons et filles, développera de la présence française en Afrique, les deux jeunesses peuvent s’entendre et inventer.

6° retrait d’Afghanistan – point fort, votre discours fut de référence en Février 2008, à ne pas manquer. La France a des cartes en Asie centrale. Regarder cela de près : militaires, ambassadeurs sur place, pétroliers. Liaisons avec les opposants, ne pas manquer à nouveau quelqu’un de l’envergure du commandant Massoud.

7° Israël et Palestine, cf. en II – Toute référence à la sécurité mutuelle et au processus de paix est langue de bois. C’est f… depuis l’assassinat de Rabin. Nous ne pouvons qu’être prophètes, payer pour le maintien de l’Autorité palestinienne, mais c’est la force qui l’emportera tôt ou tard, dans vingt ou cent ans, cf. les croisades, puisqu’Israël ne croit qu’à la force et que les Etats-Unis ne l’empêcheront jamais, y compris vis-à-vis de l’Iran.

8° défense. Une défense européenne : la logistique transports et communications, dont la Libye a montré une énième fois l’absence. Qu’en cinquante ans, nous ne soyons pas parvenus à avoir une industrie européenne pour la logistique militaire est atterrant. Des porte-avions européens. Evoluer vers une dissuasion nucléaire européenne à partir des dispositifs britanniques et français. Au commencement, à double clé, en ce sens que les deux nations nucléaires de l’Europe garderaient la possibilité d’agir seules, chacune pour son compte, si nécessaire, mais la dimension européenne serait mise en place surtout si le président de l’Union est élu démocratiquement. – Reprise de possession du bouclier stratégique de l’OTAN contre la Russie. Pourparlers directs en matière nucléaire avec Moscou, tout en étant associés aux conversations si elles reprennent entre Etats-Unis et Poutine. – Sortie de l’OTAN et déclaration d’ obsolescence de l’Alliance atlantique. Deux dimensions à venir. La sécurité collective à organiser au niveau des Nations Unies (on en est déjà proche puisque nous ne bougeons plus sans mandat des Nationes Unies), cf. proposition françaises à Dumbarton Oaks en 1945, nous étions très intégrationnistes, nous avons un atavisme en matière de sécurité collective. L’OTAN ne fonctionne pas, humilie et empêche la défense européenne en tant que telle. Juste critique par Laurent Fabius des dispositions de Maastricht et du projet de Constitution européenne de Valéry Giscard d’Estaing. – Evidemment rétablissement (déjà dit, plus haut) d’un service national, étendu aux filles, avec une foete composante dans le temps sous les drapeaux, qui soit militaire. Périodes jusqu’à 65 ans pour les hommes, comme en Suisse : défense opérationnelle du territoire, brassage civique aussi bien pendant le « service » (durée à mettre au point, une année est le minimum) que pendant les « périodes ».

Il faut marquer une dialectique socialiste et française : le mouvement des peuples et non l’intergouvernemental. Cela frémit et s’attend de partout. Une France réarmée moralement, civiquement, industriellement. Une France dialoguant et aimant les peuples des Etats-membres de l’Union. L’accueil des immigrants ne peut se faire qu’à tous.





II – Suggestions

Deux clés. D’une part, l’environnement multilatéral n’est pas la multiplication des enceintes, mais l’Union européenne renforcée par la démocratie directe et donc allant vers une politique extérieure pratiquée en tant que telle, avec réseaux et institutions qui ne soient pas les communiqués vaseux des « sommets » européens, servis par une pâle et rare commis voyageuse. Et la démocratie mondiale à inventer, niveau Nations Unies, celle-ci rassemblant et démocratisant toutes les institutions mondiales, notamment l’O.M.C. D’autre part, la langue de bois ne mène qu’à l’imprévu, tant la cocotte-minute est vissée par notre surdité et notre cécité.

Vos propositions sont sages, mais courent les rues depuis vingt ans, ce sont des minima. Elles ne font pas la percée.

1° question israëlo-palestinienne ou arabe. Deux Etats, l’un dominant l’autre qui demeurera désarmé et en plusieurs tronçons non jointifs ne sont pas viables à aucun égard. L’avenir est un Etat unitaire, laïque, multi-ethnique et multiconfessionnel. Les sécurités ne seront plus de groupe à groupe mais entre citoyens et selon des garanties juridicitionnelles et des forces intérieures communes. Pas de communautarisation. Pas de partition de la Palestine. Les processus d’entente entre entités ont échoué. Israël est encore en état d’imposer les formes et structures, les législations de base de cet Etat unitaire, et probablement de négocier dans ce même mouvement la question du retour des réfugiés de 1948 et de 1967, mais ne le sera pas éternellement.

2° notre présence au Proche-Orient pour être physique et pas seulement de concurrence commerciale ou pétrolière passe par l’admission de la Turquie, elle a la force, elle a tous les voisinages que nous redoutons : Irak, Russie avec la mer Noire et le Caucase, Syrie et en fait Israël. Elle et la Grèce (qui se ruine en dépenses militaires pour l’égaler…) ont une expertise de cette zone. Il y a plusieurs Europe, cela n’a rien à voir avec l’islam ou le racisme. François Ier et Soliman, Napoléon.

3° le nucléaire iranien. Au nom de quoi un oligopole fermé ? entre ceux qui ont commencé historiquement le nucléaire militaire. A traiter en démocratie mondiale. Stratégiquement, en posant la question de l’avenir d’Israël qui ne peut tenir à la seule suprématie militaire dans la zone ni à son monopole de l’arme nucléaire, sans signature du traité de non prolifération. Shah ou ayatollah, la diplomatie iranienne est l’une des meilleures du monde. On peut apprendre à travailler ensemble, chacun va y gagner. L’Asie commence à l’Indus, la frontière historique et ethnique a été tracée par Alexandre.

la Russie, c’est notre voisine, c’est notre allié vis-à-vis de la Chine, c’est l’alibi à l’alliance euro-américaine. Traiter tout cela à fond. Poutine, initialement, a admiré la construction européenne, matrice possible pour la reconstitution en souplesse de l’ancien empire soviétique. Il est intelligent autant que nationaliste. Il peut comprendre un nationalisme qui serait fort et à son échelle : le patriotisme européen. Et cela nous pouvons culturellement, religieusement, stratégiquement le partager. Trouver l’ouverture. L’Allemagne a de l’atavisme là-dessus et nous nous pouvons redevenir ceux qui désenclavent les démocrates. Il y en a de plus en plus, qui sont de véritables élites. L’équipe de Gorbatchev pour les plus jeunes est efficace et attrayante. En rencontrer les représentants qui font la navette en double résidence entre Moscou et Paris.
Points non traités, sauf lacune de ma lecture.

5° les droits de l’homme. Toute la question de l’ingérence humanitaire avec des moyens de contrainte militaire. A codifier. Charte des Nations Unies, démocratie mondiale (qu’est-ce actuellement que cette « communauté internationale » qui s’est substituée, avec encore moins de précision à la « conscience universelle » ?) : inventer ce droit international. Dans l’immédiat, s’il est interdit d’en remontrer autrement que pour le communiqué unilatéral, aux Chinois notamment ou pour l’application de la peine de mort aux Etats-Unis (+ Guantanamo), en revanche, nous pouvons accueillir à tour de bras en Europe les réfugiés politiques et leur donner le maximum de résonnance et d’écho. Mouche du coche en Birmanie, silence sur les minorités musulmans en Chine et en Russie. Les jeunesses d’Europe sont de bon vecteurs pour explorer, rendre compte, réunir, faire passer la connaissance des réalités. Evidemment, ne céder à aucun chantage. Il était inutile d’aller aux JO chinois. Les photos montrant Obama puis Sarkozy cassés, chacun, en deux pour le baise-main d’Hu Jin Tao. Inde et Japon sont des équilibrants de la Chine, mais nous ne les cultivons pas assez à ce propos.

6° le protectionnisme mondial entre grandes zones de cohérence sociale et fiscale. Ce n’est pas la guerre commerciale, ce sont des règles du jeu, celles d’un commerce qui se limite à échanger ce que l’on n‘a pas avec qui l’a et réciproquement. Seul, le protectionnisme rétablira l‘industrie et l’emploi chez nous (la France ne vivrait plus que du tourisme et des services à la personne ? inventaire de tout ce qui a été perdu et détruit, depuis le jeu dramatique nationalisations-privatisations de 1982 à 1988). Cela se met en place, se négocie. Cela a commencé mais dans le chacun pour soi et avec des slogans aussi primaires de part et d’autre de l’Atlantique. Le traité de Rome et l’entreprise européenne se sont fondés sur un marché commun entre entités et partenaires précis, en nombre limités et aux économies homogènes entre elles. Il faut y revenir. Dans le cas de l’Union, le vin ayant été tiré, il faut évidemment le boire. Donc solidarité dans l’ensemble de l’Union pour arriver à des niveaux de vie et de production comparables et d’un seul tenant. Donc des politiques structurelles bien mieux dotées que les actuelles et dont une part de financement sera apporté par le rétablissement des droits de douane et autres. Ce débat a été mal géré par l’Europe depuis les premières négociations Kennedy et Dillon, nous nous sommes laissés « avoir » par une coalition immorale entre les Etats-Unis – habiles – et les futurs émergents. Reprendre la main suppose de l’imagination mais une bonne connaissance de nos rivaux. Nos ambassadeurs, notre diplomatie : deux expertises à exiger 1° la proximité avec la population et la hantise des droits de l’homme, là où ils sont affectés, et 2° la complémentarité ou la concurrence économique dont la connaissance fera nos fonds de dossier pour la mûe totale de l’O.M.C. elle-même rattachée pour sa démocratie à l’Organisation des Nations Unies.

Mœurs diplomatiques. Pour que vous tranchiez et donniez de l’autorité à nos représentants. Les ambassadeurs doivent être reçus à leur départ et à leur retour par vous, et aussi – séparément – par le ministre. Le « show » annuel, adéquatement inventé en 1993 par Alain Juppé, doit redevenir un moment d’approfondissement mutuel gouvernement/représentation à l’étranger, se faire à huis clos et les discours du Président et du ministre réservés à ce seul aréopage. Les instances de faire-valoir peuvent se dresser ailleurs.


Bertrand Fessard de Foucault
n° 3 – lundi 12 Mars 2012
premier ambassadeur de France au Kazakhstan Juin 1992 à Février 1995


note pour Monsieur François HOLLANDE



le mouvement social



Les grands changements dans l’histoire de la France se sont faits par une volonté populaire clairement exprimée, soit – plus ou moins organisée par le pouvoir ou par ses opposants – en manifestations de rue, toujours pacifiques (en 1789, ce qui décide n’est pas la prise de la Bastille mais la journée d’Octobre, la marche à Versailles et le retour du roi à Paris… le retour de l’île d’Elbe n’est pas militaire… le 30 Mai 1968 pour le général de Gaulle alors que les cortèges de gauche en Mai 1958 ou Charléty provoquent le contraire de ce qui était recherché), soit par consultation référendaire : Octobre 1945 et Octobre 1962, voire Avril 1969 et Mai 2005. Mouvement populaire ? ou mouvement social ? Bataille pour des idées ou très concrète revendication ou défense d’intérêts vitaux ? Il n’y a que les intellectuels ou les « professionnels » de la politique (élites naguères aristocratiques ou élus pour plusieurs décennies depuis 1815) pour faire la distinction. Le mouvement social et politique est d’abord une révolte, une décision apparemment de masse mais fondée sur une vive conscience individuelle que la solidarité est à l’instant immédiatement nécessaire. Alors, les mots d’ordre, l’organisation sont reçus.

Les partis de la gauche, parti communiste compris alors même qu’il était électoralement puissant, n’ont jamais su provoquer le mouvement, sauf en Février 1934 pour réagir en contre-manifestation face à l’extrême-droite et aux anciens combattants. Ils ont craint le mouvement suscité par la victoire du Front populaire en Juin 1936, ils ne se sont impliqués dans les « événements de Mai 68 » qu’à partir du 29 Mai, la proposition des élections les a désarmés ou dédouanés… et Novembre-Décembre 1995 s’est fait et s’est vécu sans eux. Les syndicats eux-mêmes n’ont suscité ni Juin 1936, ni Mai 1968, ni Novembre-Décembre 1995 : ils ont accompagné. Ils n’ont pas voulu exprimer à fond les refus populaires à l’été 2010 : grève générale, blocus des communications, seule manière de faire reculer un pouvoir qui gérait mal et dont il se révélait que les principaux représentants étaient personnellement corrompus. Seuls, les personnels des raffineries ont entrepris de changer le rapport des forces, ils n’ont été ni imités ni légitimés.

La situation dans les entreprises – bien ressentie par le candidat socialiste : la vague de licenciements préparée pour l’après-6 Mai est une édition nouvelle de l’habituel fuite des capitaux : Novembre 1968 et Mai 1981 – et les « luttes sur le terrain » montrent que, site par site, la conscience de classe qui a été si émolliente pendant une vingtaine d’années en coincidence avec le triomphe idéologique du « libéralisme » et du mondialisme et avec la dénationalisation de nos élites et de la part la plus favorisée socialement et familialement de notre jeunesse, est en train de revenir. Elle ne se vérifie sans doute pas encore au plan national. Elle existe, de pair avec une conscience de solidarité régionale dans certains de nos territoires : villes ou régions « sinistrées » économiquement.

Un président de gauche, le gouvernement de la gauche ne pourra s’imposer, quotidiennement, face au chantage à la fermeture des entreprises et aux délocalisations s’il n’est soutenu explicitement et massivement par le mouvement social. Celui-ci – vg. toutes les manifestations étudiantes et lycéennes depuis 1968 ont toujours été hostiles au pouvoir qu’il soit de droite ou de gauche – se retournera contre un président et son gouvernement qui décevraient : cela se jouera, le cas échéant, dès l’automne. Mais pendant les six premiers mois, la partie se joue sur le plan des institutions : gagner les législatives, être audacieux législativement (quoique ce ne soit pas lr programme mais c’est l’évidente nécessité qui se vérifiera vite par le sabotage des premières mesures gouvernementales : nationalisation des banques, le temps des réformes, la durée de la législature), l’emporter en Europe par la refonte des institutions bien davantage que quelques protocoles ou déclarations du Conseil européen à propos de la croissance (les incantations ne suffiront pas). Donc, des manifestations civiques de soutien. Sans doute le referendum : la moralisation de la vie publique peut-être, les nouvelles règles économiques dont l’aménagement du territoire, la « planification souple à la française », la nationalisation ad hoc e temporaire des banques. Mais la rue comme acquiescement et comme processus de défense. C’est à inventer, il n’y a pas de précédent dans les cent ans écoulés.

Sinon, ce sera la droite qui trouvera le prétexte et qui mettra alors du monde dans la rue, vg. les manifestations sur l’enseignement en Juin-Juillet 1984.

Cette brève note n’est que l’appel à réfléchir. La droite a deux armes si elle perd le 6 Mai ou si, ayant gagné sur le fil, elle perd les législatives car les Français prendront massivement conscience du risque d’un second quinquennat outré par cette victoire et sa thématique de ces semaines-ci. Mais un gouvernement de gauche en cohabitation sera pris entre l’Elysée, le capital et la rue de droite. Celle-ci a donc pour elle la bourse tant que les outils de la nationalisation et la révision européenne ne sont pas acquis, et elle peut avoir la rue si la gauche n’est qu’une autre version de l’austérité et déçoit tout autant que la droite version 2007.

Ce mouvement populaire est à motiver par le péril social. Les lois et la gestion sage, prudente et juste – que peut incarner un candidat manifestement maître de ses nerfs et sûr de sa destinée, de sa préparation personnelle – ne va pas suffire. Le redressement économique, l’épuration démocratique des désastreuses confusions institutionnelles de ces dix dernières années, l’équité sociale, le sauvetage d’entreprises et grandes par des initiatives publiques aux niveaux national et régional ne s’obtiendront pas par la simple détermination et la seule intelligence du président de la République nouveau et de son gouvernement à gauche. Il faut le soutien explicite, constant des Français. Il ne peut se susciter que si demeure la conscience d’un grave danger : la dogmatique libérale qui n’a pas encore eu à affronter une contre-idéologie organisée et d’expérience, la tenue de la plupart des manettes économiques et financières par les ennemis acharnés du changement. Maintenant et dans les mois qui viennent.

Bien entendu, cette manière de faire – le peuple avec le gouvernement pour le soutenir – va être exemplaire en Europe dont beaucoup de gouvernements sont à renouveler dans les mois à venir, au plus tard dans l’année calendaire. C’est cela qui donnera la main à la France pour imposer le social et le démocratique aux fonctionnements de l’Union européenne. C’est possible, mais c’est sans précédent, que nos grandes propagations des années 1790, de 1830 et de 1848. La gauche y trouvera des lettres de noblesse, désormais indiscutables, périmant et apauvrissant tous les arguments de gestion ou d’archaïsme. La France y gagnera. Notre fierté nationale n’est pas l’identité ou le frémissement du drapeau, elle est de contribuer décisivement au progrès du genre humain. Je l’écris « un peu pompier » mais notre Histoire et les enjeux de tout de suite, se lisent ainsi, me semble-t-il .

Les élections donnent un outil, mais l’élan et surtout sa persistance viennent d’ailleurs./.


.                                                          Bertrand Fessard de Foucault
n° 4 – vendredi 27 Avril . mercredi 2 Mai 2012


note pour Monsieur François HOLLANDE



déraciner la « françafrique » et lui substituer une relation Afrique-Europe voulue par la France



Un crescendo : chaque année et maintenant de mois en mois, une grave crise dans notre ancienne Afrique qu’elle soit celle du nord (d’où sont parties les rébellions des années 1950 et le « printemps arabe » de 2011) ou celle du Sahara et au sud (l’assassinat de la démocratie mauritanienne, la partition de fait du Mali).

Une certitude : le cœur africain reste aimant, tolérant, compréhensif pour la France, celle de 89, de 44, de 58. Et selon de multiples et très chaleureuses, ingénieuses, inventives initiatives de beaucoup de Français, les Africains savent qu’ils sont estimés de nous.

Un grand espoir de changement milite en Afrique pour la victoire de François Hollande. La corruption et le discours de Dakar ont – heureusement ? – attaché nos erreurs et nos mauvaises pratiques qui ne datent pourtant pas de 2007 au nom et à l’exrecice du pouvoir en France par votre adversaire. Le moment est certainement historique pour la relation franco-africaine, eurafricaine. Manifestement, l’Afrique continue, au sud comme au nord du Sahara a vouloir vivre et faire avec nous. C’est un tropisme pour nos amis africains, c’est une chance et une responsabilité pour nous.

La clé est d’élargir cette intimité à l’ensemble de nos partenaires européennes, à l’ensemble de nos ressources pas seulement financières mais humaines, à nos jeunesses. Il en est temps. La corruption de part et d’autrea beaucoup vérolé. Des puissances tierces sont maintenant arrivées, manifestement intéressées sinon cupides.



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Un dossier à multiples entrées : les financements occultes de notre vie politique nationale et de la vie politique d’Etats proches de nous mais tout de même étrangers et souverains, les réseaux terroristes et anti-terroristes, la géostratégie des matières premières nous mettant avec l’Europe en risque de dépassement par les Etats-Unis et par la Chine, des flux migratoires déplorés ou mal ordonnés de part et d’autre, voire des trafics. Une relation avec un passé franco-africain et franco-maghrébin que nous avons longtemps cru aisée et à notre discrétion financière et médiatique. Des institutions influencées par les évcolutions mondiales : partenariat avec l’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique, processus de Barcelone, commencement mort-né d’une Union pour la Méditerranée. Printemps arabes, dictatures et coups militaires, transitions vers la démocratie. Secret du roi comme autrefois.

Paradoxalement (sauf erreur ou lacune de suivi des médias), le dossier n’a pas été ouvert jusqu’au point où nous sommes de la campagne présidentielle.

En France, beaucoup d’intervenants, des experts de plus en plus intéressés, des organigrammes concurrents, un discours et des pratiques se contredisant. Un risque : l’hinterland de notre ancienne Afrique d’expression française peut devenir pour nous un poids pire que la question de décolonisation il y a cinquante-soixante ans, notre image dans le monde et le regard de nos concitoyens sur la politique extérieure menée en leur nom dépendent de ce que nous faisons d’un acquis mais aussi de recels et d’abus.

Le président de la République doit en répondre d’une part parce qu’il est le seul à même d’arbitrer et de connaître l’ensemble, d’autre part parce que ses homologues africains et maghrébins font de lui le responsable de l’ensemble de nos actions publiques, privées, occultes ou proclamées au sud de la Méditerranée et plus particulièrement au sud du Sahara.


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Entre l’Afrique subsaharienne et nous, se cumulent aujourd’hui les vices de plusieurs avatars de la décolonisation : le paternalisme aveuglant certains nostalgiques (explicites ou inconscients) du colonialisme, la corruption empêchant la démocratie là-bas et contribuant honteusement à notre propre vie politique, l’action des « services » qui, sous prétexte de mettre à leurs normes et usages nos anciennes colonies avant d’y réprimer le terrorisme ou  créer des réflexes antiterroristes aujourd’hui, favorisent l’installation de régimes dictatoriaux et corrompus dans des pays dont l’affaiblissement nuit à nos intérêts. Nous « mercenarisont » ainsi leurs armées, lançons leurs troupes plus encore que nos propres moyens dans des équipées aventureuses qui mettent la vie de nos ressortissants travaillant dans la région en danger. Rien qu’au Sahel, nous avons, ces trois dernières années, accepté en très peu de jours, malgré un premier bon réflexe, un putsch militaire en Mauritanie, encouragé un autocrate à manipuler la Constitution de son pays au Niger, aidé à l’assassinat du tyran libyen mais pour y substituer nolens volens une théocratie aux irradiations imprévisibles et, plus grave encore, joué un rôle indéniable dans la déstabilisation de la démocratie malienne, livrant ainsi une partie de son territoire au terrorisme – que nous étions censément venus combattre – et aux trafiquants de tout acabit auxquels nos manœuvres ont servi de couverture. Nous avons perdu, ce faisant,  plusieurs compatriotes : les assassinés de la route de l’Espoir, Michel Germaneau, deux jeunes otages du Niger morts semble-t-il sous les balles de nos forces spéciales venues les délivrer…, plus ceux qu’on ignore ou oublie, otages actuellement d’Aqmi ! Cela n’empêche pas des puissances étrangères au continent et ayant encore moins de rapports avec les populations et de légitimité historique que nous, de prospérer désormais dans ce que nous revendiquions comme notre zone d’influence et d’œuvrer, profitant de nos erreurs, à instaurer un ordre nouveau où nous serons rétrogradés au rôle de commensal, si nous ne sommes pas tout simplement exclus de la table.

Est-ce irréversible ? est-ce remédiable ?

Notre époque, faute d’inventer, excelle dans le travesti et dans la dégradation. Le néologisme « françafrique » a de la vérité, sonne comme l’ambition de l’Eurafrique proposée à notre Outre-Mer en 1957 en même qu’à nos partenaires du traité de Rome : la Loi-Cadre et le texte fondateur de la Communauté européenne sont contemporains de négociations et le point de liaison fut le Fonds européen de développement et la manière, dont avec l’aide logique de la Belgique, nous sûmes associer nos voisins à notre effort. Cette ligne a été suivie jusqu’à présent. La succession des traités d’association de Yaoundé à Cotonou et l’évidente exemplarité des institutions européennes pour forger des institutions panafricaines sont d’inspiration française en majeure partie. Il est vrai que cette capacité d’entraînement et notre revendication d’une expérience atavique et intime de l’Afrique subsaharienne – même en comparaison de la britannique ou de la portugaise et de l’espagnole, chacune plus parcellaire soit en concept soit en territoires d’application – a malheureusement incliné l’ensemble vers des pentes moins heureuses que celles de la fondation. Le traité de Cotonou met en œuvre avec les accords européens régionaux en Afrique ce libéralisme et ce mondialisme maintenant refusé en Europe mais décrié par chacun des sommets de chefs d’Etat africains depuis 2005 : les précédents régimes fondés sur des préférences dissymétriques et des fonds de stabilisation fonctionnaient à la satisfaction de nos partenaires du sud. Les clauses de conditionnalité politique des concours européens, calquées depuis Cotonou sur le discours de François Mitterrand à La Baule (Juin 1990), ont été appliquées de façon partiale quand nous avions la présidence. Dans l’espèce exemplaire des tentatives de démocratie en Mauritanie, nous avons soutenu l’inverse et avons été – tristement – décisifs au sein de l’Union européenne et vis-à-vis de l’Union africaine, aussi bien pour la pérennisation du régime autoritaire de Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya (12 Décembre 1984 au 3 Août 2005) parvenu au pouvoir par un piège que nous avions tendu à son prédécesseur que pour la légitimation de celui de Mohamed Ould Abdel Aziz, qui, n’admettant pas d’être remplacé à son poste de chef de l’état-major particulier du président de la République, a renversé celui-ci et étranglé une démocratie unanimement saluée comme un exemple africain et arabe (6 Août 2008) ! Nous avions pourtant su – dans l’émergence puis l’organisation de la francophonie – organiser des solidarités, pas seulement économiques, entre continents et selon notre esprit et notre langue, sans être trop impériaux. Un cadre se créait, souvent utilisé par les organisations africaines ou arabes mais dont nous enrayons le fonctionnement et les effets.

Ce bilan mitigé recèle les voies par lesquelles nous dégager de très graves parasites qui rongent un ensemble géo-stratégiquement nécessaire et humainement, spirituellement bien plus homogène que le commun des Français et certains dirigeants ou commentateurs superficiels le croient.

De Gaulle, décolonisateur résolu pour réorienter la France vers le vaste monde au lieu d’un repli sur l’Outre-Mer commencé en 1918-1919, tentation qui atteint son paroxysme avec l’idéal ou l’ambition d’une Algérie française envisagée bien trop tard, avait accentué l’ouverture par le débat sur le rapport Jeanneney (1964). L’intervention militaire, malgré les accords de défense, n’était pas une ingérence dans les affaires intérieures, du moins à son niveau qui fut certainement contourné à propos du Gabon puis du Tchad. Les scandales de l’époque étaient – selon les chroniques de Raymond Cartier – le gaspillage des aides. Les réussites étaient pratiques, les unions monétaires, les comptes d’opération avec le Trésor français, Air Afrique, les osmoses universitaires et équivalences de diplômes. Sans que nous l’ayons provoquée, mais nous l’acceptions, la contribution politique et imaginative des Africains importait beaucoup. La Mauritanie – à partir de laquelle je vous propose ces réflexions et suggestions – a ainsi innové dans deux directions décisives : une révision des accords de coopération dépouillées de leurs aspects monétaires et militaires, une introduction du monde arabe dans le monde subsaharien. Cette dernière fut facilitée par notre position sur la guerre des Six Jours.

L’harmonie de cette décolonisation progressive – juridique, mentale – fut une tentation aussi bien en Europe : une exploitation discrète d’un droit émollient et de coûtumes personnalisantes, la corruption permissive et camarade… qu’en Afrique : les coups militaires n’ont jusqu’à présent épargné que le Sénégal et le Cameroun (aux évolutions pourtant très différentes, la rébellion bamileké noyée dans le sang par nous au moment de l’indépendance et une dictature peu exubérante mais pesante depuis plus de trente ans tandis que le séparatisme de Casamance n’a jamais dégénéré et que les présidents Senghor, Diouf et Wade ont quitté le pouvoir à leur initiative ou selon les urnes). D’initiative autant européenne, et particulièrement française, mais gangrenant jusqu’aux représentations locales des institutions ingternationales, qu’africaine, le point commun est le mépris de l’homme, la préférence pour le réseau, la connivence, la prétention des corrupteurs et des militaires, eux-mêmes scandalisés par la corruption puis la pratiquant quand les prérogatives qu’ils se sont octroyées, deviennent valeur marchande, que le commun n’est pas dans le coup : les peuples africains incapables du discernement démocratique, et les légalistes, légitimistes ou honnêtes gens hors du sens pratique. Nos ambassades savent parfaitement ces circuits et ces mentalités, mais ne sont pas – manifestement – encouragées à s’y opposer, à les dénoncer.

Ces deux plaies – alors que les instruments juridiques, financiers et militaires existent pour les réduire, sur place puisque chacun de nos anciens territoires d’Outre-Mer, à une époque ou à une autre de leur histoire contemporaine ont su mettre en place un Etat de droit, et dans la concertation précisément eurafricaine – caractérisent aujourd’hui la relation de la France avec l’Afrique subsaharienne.

Deux causes principales sont à identifier et donc à pallier.

Nous n’avons plus depuis une vingtaine d’années l’expérience dont nous nous targuons vis-à-vis de nos partenaires européens pour garder la maîtrise du sujet, ou à peu près. Relève des anciens administrateurs de la France d’Outre-Mer ? assèchement de la fibre de curiosité et d’empathie chez les diplomates de carrière ? apathie. L’exemple est bien la Côte d’Ivoire, trois ambassadeurs en quelques mois pour un échec de dix ans et une guerre civile qui ne s’éteint sans doute que superficiellement. Un autre exemple, également sanglant est donné par le Mali où pourtant la paix intérieure avait pu être refaite par un des nôtres, également adoubé par l’Union européenne, Edgard Pisani, en double avec Ahmed Baba Ould Ahmed Miske, sans doute aventurier mais ataviquement connaisseur d’un ensemble maure de la Seguiet-el-Hamra en façade atlantique à l’Azawad maintenant épicentre d’une déstabilisation durable et d’une installation en souveraineté de fait des ces terroristes que nous devions éradiquer. L’embarras pour définir ligne et moyens dans l’ensemble du Sahel et du Sahara méridional du Darfour à qui ne s’éteint sans doute que superficiellement. Embarras pour définir ligne et moyens dans l’ensemble du Sahel et du Sahara méridional du Darfour à l’Atlantique. Malgré beaucoup de curiosité et de travaux de jeunes universitaires, malgré des expertises telles que celle de Jean-Pierre Filiu ou d’Hacen Ould Lebatt (un Mauritanien vivant chez nous), nous n’avons pas prévu ni encore moins pénétré les terrorismes ni les « printemps » et nous n’avons pas su comprendre les atavismes sub-sahariennes pour encourager à fond tout ce qui pouvait conforter les outils de bien davantage que la « modernité » : l’Etat de droit, la justice, l’égalité, le développement, l’équipement… oui, la démocratie que nous avons séparée dans nos analyses et nos options de la sécurité. Nous nous sommes trouvés sans prise sur des entrées en scènes, désormais massives, celles des Etats-Unis et de la Chine sur un continent que nous pensions autonome ou regardant vers nous et vers l’Europe.

Commerce extérieur, complexe de chasse gardée, financements occultes encore plus choquants que ceux recherchés par nos politiques dans des pays « riches » comme l’Irak, l’Arabie séoudite et la Libye, parce qu’ils sont venus d’une exploitation de peuples spoliés par leurs dirigeants… l’administration française a su jusqu’au niveau du président de la République : du Carrefour du développement aux largesses gabonaises, et n’a pas voulu sévir. L’Afrique est devenue une rente pour certains anciens ministres de la Coopération. Des coups militaires – la Mauritanie encore, par exemple – ont obtenu notre compréhension puis notre soutien par corruption africaine de décideurs politiques français.

Ces deux causes produisent plusieurs effets.

La France devient un facteur d’immaturité pour les opinions publiques, un bouc émissaire peut-être à terme tant on lui prête d’influence sur les régimes quand ceux-ci insupportent leurs ressortissants.

Nous sommes tentés par une réactivité sans projet ni perspective. Le traitement, coup par coup, des attentats ou des enlèvements au Sahel depuis 2007, est affaire d’aveugle. Nous renforçons les causes d’insécurité, d’échec et de mal-être en nous appuyant sur des pratiques et sur des personnages contestables.

Naturellement, les deux sujets qui hantent Européens et Africains : l’immigration vers nous et le développement sur place ne sont plus sous contrôle. Les grands investissements pour les ressources du sous-sol subsaharien échappent à l’Europe, beaucoup d’infrastructures exemplaires aussi. Le partenariat eurafricain, d’inspiration française ne produit plus ni repères, ni projection d’avenir, ni sécurité.

Paradoxalement ? les opinions africaines (et les dirigeants en place) sont davantage qu’il y a cinquante ans, convaincus qu’un changement de cours en France peut signifier des changements dans chacun des Etats locaux et que Paris reste la porte de Bruxelles.

Les premiers remèdes dont il faut disposer sont simples. La préférence doit aller vers ceux qui engendreront d’autres remèdes plus profonds, des diagnostics et des filières de développement démocratique.

1° un audit de notre influence et de notre relation, de nos réseaux officiels et plus encore occultes dans chacun des pays. Sans doute par écrit de la part des « services » et de chacun de nos ambassadeurs, mais plus encore par oral et par des sources contradictoires : nous avons toute une anthropologie, une géopolitique et même, dans certains cas, une géographie à reconstruire. Une enquête intense, une interrogation partout en Afrique et en France, à Bruxelles pour parvenir à des cahiers de doléances et à des gisements d’illégalité et de recel de procédures ou de ressources. Le tout sanctionné par les mains libres laissées à la justice. Probablement, l’invention d’un pendant de la Cour pénale internationale pour les détournements de fonds, les blanchiements d’argent, les investissements somptuaires au détriment des peuples : une justice inter-étatique, supranationale, d’emprise eurafricaine avec ses instances à plusieurs degrés depuis les Etats jusqu’au haut de l’ensemble. Probablement aussi, l’expertise européenne et française, celle de l’O.I.F. excellemment, en matière électorale devrait s’étendre à la coopération juridique et policière (textes et répression) pour les fraudes en douanes, en passations de marchés, en double comptabilité des banques centrales et des budgets publics ;

2° la mise en œuvre d’une part importante du gisement de jeunesse, d’enthousiasme et de compétence que peut représenter l’invention d’un nouveau service national en France, pour les garçons et pour les filles, universel et obligatoire. Enseignement, formation, actions de développements, participations aux administrations et aux entreprises africaines. Osmose entre les deux continents, à laquelle concourraient autant que nous, en effectifs et en imaginations, s’ils le veulent bien, chacun de nos partenaires de l’Union européenne. Réciproquement, cette présence intense en Afrique de nos jeunes gens aurait sa correspondance dans nos universités, dans nos compagnes, dans nos quartiers par des séjours de durée égale de jeunes africains. L’Eglise catholique donne cet exemple : elle pallie de plus en plus son manque d’effectif, notamment en France, par l’appel au jeune clergé africain qui est chargé de paroisse ou qui fait de l’appoint, de façon très efficace et édifiante, bien acceptée aussi par les fidèles, en même temps qu’il poursuit des formations théologiques et pastorales. Les Etats-Unis de l’époque Kennedy ont rayonné avec ces arrivées de jeunes et autres peace corps. Il y en avait encore beaucoup de « restes » dans l’entrée en relation de l’Amérique avec l’Asie centrale quand j’ouvris une de nos ambassades là-bas.

3° la relation personnelle du président de la République française avec ses pairs africains doit changer. Aujourd’hui fait exclusif des « services » qui l’informent suivant des clichés, des a priori et des filières facilement de grandes subjectivité, cette relation gagnerait à s’ouvrir de nouvelles voies d’établissement, d’évaluation,… et d’objectivation. Le premier des Français doit nécessairement, en recevant un de ses homologues africains, être au fait de sa personnalité réelle, de ce qu’il fait chez lui et de ce que son peuple pense de lui : les Africains, eux, le savent de chacun de nos présidents successifs. Le président de la République française, s’agissant de l’Afrique, ne doit ni être trop immédiatement spontané et empathique, ni dépendre d’écrits diplomatiques souvent fondés sur des relations peu fiables ou trop partielles, pas assez désintéressées, perdues dans le dédale de spécificités culturelles dont nous n’avons plus les moyens de saisir toutes les nuances. Il ne doit plus dépendre, pour avoir l’idée de son visiteur, de comptes-rendus de  missionnaires-éclairs s’émerveilleant de tout et perdant parfois même leur discernement dans une ambiance d’égards pour eux inhabituels, flatteurs quand ce n’est pas le verre de trop ou le plaisir d’un méchoui. L’Afrique a changé, ses hommes aussi. Changeons l’image que nous nous en faisons. Dans la relation franco-afrique, le président de la République, pour le meilleur ou pour le pire, détermine par sa propre façon d’être avec ses homologues d’outre-Méditerranée et Sahara, toutes les attitudes de nos administrations, de nos ambassadeurs et ouvre ou ferme les voies obliques des intermédiaires et des corrupteurs.

C’est presque un canevas nouveau ou une « grille de lecture » que systématiquement, à l’Elysée ou en Afrique, nous devons pratiquer : longévité et origines du pouvoir détenu au moment de la conversation, état concret des libertés publiques, transparence des gestions et des sanctions. Les coopérations multilatérales, les relations entre barreaux, chambres de commerce, instituts d’émission, universités ou écoles d’enfance jumelées sont des gisements pour étalonner les mœurs politiques et financiers, pour changer les ambiances.
 

4° le droit de regard doit être mutuel. Nous pouvons soutenir les efforts de démocratisation pas seulement des pouvoirs en place, mais de ceux qui les contestent comme il est possible. Les Africains ont le droit de savoir comment nous administrons les immigrés chez nous, en France et en Europe, les « régularisons » ou les enfermons, les expulsons. Il y a un travail commun de mœurs, de droit, de transparence financière : une bonne partie de notre société n’est conviviale ni égalitaire. Nous avons des conseils, des leçons à recevoir, autant qu’à en donner.


si la France réclame et impose – dans l’immédiat – la réécriture du traité de discipline budgétaire, puis fait en sorte que le prochain Parlement européen soit constituant, il faut – à ces deux occasions – réécrire les traités de partenariat européen avec les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, travailler dans le détail, avec réalisme, les accords économiques régionaux : une expérience de quarante ans, des émergences, des extinctions, des vulnérabilités nouvelles… en procédure, en financements, en formation et insister particulièrement sur la relation eurafricaine. De celle-ci tirer invention et expérience en s’accordant entre Européens et Africains sur la réorganisation de la « gouvernance » et l’invention de la démocratie mondiales. En particulier, il est temps pour nous d’admettre que le modèle de gouvernance politique – la démocratie – que nous avons développé n’est pas transférable, tel quel, dans toutes les contrées que nous avons administrées par le passé et qu’un réexamen de l’adaptabilité de ce modèle, au cas par cas, est urgente. L’alternance au pouvoir, le consensus, l’ouverture, le contrôle ne peuvent s’appliquer de la même façon que chez nous. Les élections varient de sens pas seulement de nous à ces pays, mais entre ces pays. La vie parlementaire, l’organisation des partis sont entravées autant par de l’inexpérience que par des expériences antagonistes. Il nous faut ensemble trouver ce que doivent approfondir des expertises allant à la racine des relations humaines dans une communauté nationale donnée. Nous pouvons valider, soutenir non des régimes mais des manières d’être et de faire. Nous devons soutenir surtout l’état de droit quel qu’il soit quand il se caractérise par le soutien populaire, le respect des libertés individuelles et publiques. Les textes existent, nationaux et panafricains. L’aspiration est réelle. Nos idéaux, nos textes, nos lacunes chez nous sont connus. Quand nous scandalisons, nous blessons en profondeur, le recours et la référence sont travestis. Nous ne pouvons plus être ainsi. L’Afrique n’est jamais dupe. Nous, nous le sommes souvent.

6° encourager des unions d’ensemble, mutualiser avec les Etats membres de l’Union européenne notre relation franco-africaine, cautionner les efforts de certains Etats subsahariens et méditerranéens pour rendre solidaires monde arabe et Afrique noire tout en poursuivant selon deux modèles des entreprises techniques spécialisées : les concours européens aux organes de paix et de justice panafricains (ce que nous avons déjà au Darfour), les relations directes entre hauts-fonctionnaires, compétences par compétences, comme le processus de Barcelone en a fait prendre l’habitude depuis 1995.

A la charnière eurafricaine, et peu compris jusqu’à présent par nous alors qu’il lie les deux rives du Sahara, un ensemble qui nous est frontalier et partage avec nous, et avec l’Espagne et le Portugal, histoire, peuplement, culture et enjeux géostratégiques, devrait être particulièrement zélé : l’Union du Maghreb Arabe. Les facteurs de viabilité sont de loin plus nombreux que les faiblesses congénitales (concurrence traditionnelle entre le Maroc et l’Algérie, conflit de l’ancien Sahara espagnol et nos responsabilités dans des tracés frontaliers avantageant notre souveraineté directe au détriment des deux protectorats). Matières premières, marché de près de cent millions de consommateurs, quasi-continuité territoriale, facilités linguistiques, osmose possible des populations comme l’histoire de notre ancien empire et les actuelles immigrations le montrent ! Notre intelligence politique et nos investissements dans le nord-ouest africain peuvent équilibrer, dans le système continental et dans le monde arabe les influences anglo-saxonnes d’Afrique méridionale et des monarchies pétrolières. Le projet d’Union pour la Méditerranée n’a su ni profiter de l’expérience européenne du processus de Barcelone ni de l’ambition arabo-africaine de cette Union du Maghreb Arabe : malgré son « sommet » constitutif, contemporain de la révision constitutionnelle de Juillet 2008, il se cherche encore, s’oublie même. C’est aussi de ce côté-là que des chemins pour une ré-invention de l’avenir palestinien peuvent venir. La diaspora juive y fut longtemps féconde et acceptée comme en Espagne almoravide et almohade.

L’intelligence peut renouer avec la fidélité. Malgré nos erreurs et nos défauts, nos partenaires africains n’en ont généralement pas douté. Mais pour nous garder à l’avenir de nos démons toujours proches et insistants, la mutualisation avec nos partenaires européens de nos capillarités et de nos acquis en Afrique septentrionale et subsaharienne est indispensable. Dans la négociation européenne et l’approche d’une démocratie directe avec obligation de croissance économique, de mieux-être social, la question d’Afrique, bien posée par nous et concertée avec nos amis du sud, peut faire bras de levier sur ce à quoi nous tenons, au lendemain de l’élection présidentielle de François Hollande. C’est l’intérêt de tous.

La droite a gaspillé et faussé l’acquis du général de Gaulle : une décolonisation que la gauche avait commencée par le discours de Carthage et la Loi-Cadre pour l’Afrique sub-saharienne mais que l’homme de Londres et de Brazzaville sut consacrer, parfois au péril de sa vie. Avec François Mitterrand, la gauche a su mettre la France à jour et lui faire parrainer la démocratisation. Avant que ce soit acquis, Jacques Chirac laissa faire le retour en arrière et la gauche même après avoir reconquis la majorité à l’Assemblée nationale, laissa faire aussi : encore l’exemple mauritanien, soutenir un putschiste d’origine par une visite officielle à trois mois d’une élection présidentielle anticipée par le pouvoir et boycottée par toutes les oppositions ainsi que par le président-fondateur exilé chez nous. Le président français, le ministre des Affaires étrangères de la gauche, Hubert Védrine, et l’ancien ministre des Armées du général de Gaulle, ancien gouverneur surtout de ce territoire d’Outre-Mer. Je fis l’impossible à l’Elysée et à Matignon pour faire prendre conscience de la contre-vérité qu’on répandait en se faisant applaudir ainsi à Atar en Septembre 1997.

Il y a eu Nucci, Roussin, Joyandet certes : ministres corrompus… mais il y a eu Jean-Pierre Cot et même Jean-Marie Bockel qui tentèrent la rupture. Ils ont témoigné du souhaitable et du sincère. Pourquoi ont-ils échoué ?

Symbolique d’une velléité mal éteinte d’empire, les sommets France-Afrique ne devraient plus être. La Communauté et son Conseil exécutif disparu avec les indépendances en 1960, de Gaulle se garda d’en faire organiser. Il ne souhaita pas non plus que s’organisa formellement la francophonie.

Le nouveau président de la République doit répondre à l’interrogation : si nos erreurs ont été si continues et se sont tellement accentuées de décennies en décennies, que la droite ou la gauche soit nommément au pouvoir, est-ce par manque de vision de ses prédécesseurs et de leurs Premiers ministres respectifs ? ou par manque d’autorité vis-à-vis de « services » et de gens d’affaires incontrôlés ?

.                                                          Bertrand Fessard de Foucault
n° 5 – dimanche 29 Avril . mercredi 2 Mai 2012