Organisation
de l’intelligence économique
Note
à
l’attention personnelle de Monsieur Nicolas Sarkozy,
Président de
la République
Les réflexions qui suivent sont la synthèse
d’une enquête ouverte proprio motu à propos d’une meilleure correspondance pour
l’intelligence économique entre Bercy et le haut responsable pour
l’intelligence économique – actuellement situé au secrétariat général pour la
défense nationale, lui-même service du Premier ministre.
Les lectures sur l’intelligence économique se ramènent à quatre
rapports depuis 1995 et à deux organisations successives. Une nécessité
nationale a été soumise à des manières de voir non continues et elle a pâti de
la suppression du Plan. Deux anciens Pemiers ministres, Raymond Barre et Edith
Cresson sont de précieux avis. Bernard Esambert qui a animé la première forme
est à consulter (ancien de Matignon et de l’Elysée de 1967 à 1974 et inséré
dans la finance du groupe Lagardère, il a la double optique qu’il faut), enfin
Alain Juillet a la connaissance des entreprises et celles de nos disciplines du
renseignement. La conscience du sujet et les expertises ne manquent pas. Mais
l’articulation avec le poouvoir politique et l’insertion du dispositif de
collecte, d’évaluation et de rediffusion pour décision ou pour contre-attaque
fait jusqu’à présent défaut. Ni Matignon ni l’Elysée ne sont impliqués depuis
près de deux décennies. La résultat est que les pouvopirs piublics sont pris
dfe court par des décisions que nous aurions dû et pu prévoir de la part des
dirigeants de grands groupes où la France a des intérêts ou dont les intérêts
peuvent concerner la France.
C’est donc une articulation qu’il faut trouver.
1°
L’état des lieux.
Le concept d’intelligence économique n’est toujours pas cerné. Deux
acceptions semblent avoir cours qui ne se recoupent pas entièrement et en
appelle sans doute une plus vaste.
L’acception sécuritaire :
comprendre le monde actuel, ses menaces, veiller à y parer, apprendre à
nos ressortissants à y parer, les aider, les accompagner, et – pour le bien
commun, c’est-à-dire pour renvoyer l’nformation là où elle serait profitable ou
nécessaire – recevoir de tous ces ressortissants, personnes physiques ou
entreprises l’expression de leur expérience, la plus précise et factuelle
possible, et compiler e exploiter ces renseignements.
L’acception : projection
extérieure. A partir d’une même compréhension de la réalité
contemporaine et sans négliger ce qui va de soi, la défense de notre patrimoine
contre des menaces ou des prédateurs qualifiés ou à identifier, une pratique sensiblement différente, plus
négociante et plus optimiste. Trouver les failles et opportunités pour – en
compensation ou pas de ce que la mondialisation ou autrui qui nous a pris en
défaut, enlève à notre substance et à l’emprise de notre vouloir national –
aller chez les autres et y conquérir part de marché et plus encore l’influence
qui multipliera tout : en économie, mais aussi en politique et en culture.
Ces deux derniers aspects ne sont pas assez sensibles ni dans ni dans l’autre
acception, or ils constituent sans doute le « cœur » de
l’exceptionnalité française, sans laquelle nous avons peine conbcevoir et à pratiquer la grandeur et
l’avenir de notre pays.
Les deux acceptions se distribuent sur l’organigramme assez
aisément : le haut responsable et son attache – probablement critiquable –
au SGDN au lieu qu’elle soit directement auprès du Premier ministre, à la
manière du Conseil pour les affaires et l’analyse stratégiques ou du SGCI
(ou ex-SGCI) serait dans l’optique et l’expression sécuritaires, plutôt sur la
défensive – tandis que le Quai d’Orsay et Bercy seraient plutôt de la mouvance
offensive et presque optimiste.
Le débat se joue dans l’option
européenne. Résolue et positive pour certains. Subie ou presque pour d’autres.
Il résulte probablement d’un défaut d’approfondissement et de précision
du concept d’intelligence économique – que les rapports définissent toujours
sommairement, n’échappant pas à deux vieilles habitudes, la
« veille », le « renseignement ». Mais aussi, ce qui est
encore plus dommageable à la veille d’échéances électorales que le quinquennat
rend, malheureusement, très répétitives, par une certaine carence de
gouvernement au plus haut niveau. Elle s’était observée aussi en 2004-2005. Même pause en 1997. L’intelligence économique
se situe, devrait se situer au plus haut niveau de la perception et de la
décision des choses.
La pratique a donné deux organisations.
a) Une organisation dans la
plupart des ministères.
A ce que je comprends de celle du Quai d’Orsay, elle est bien reçue
dans les services favorisée par le secrétaire général et par le directeur du
cabinet, mais elle ne constitue pas une cellule exclusive, n’a peut-être pas le
niveau hiérarchique souhaitable. Elle est doublée par l’habituelle et
croissante tendance des Affaires étrangères d’embrasser tout l’économique, y
compris le contact avec les entreprises sous prétexte de l’interministérialité
de ce département et probablement aussi du fait d’une certaine minoration de la DREE ou ex-DREE (la situation
est totalement différente de ce qui existait jusqu’au début des années
1990) : cela donne l’idée et la pratique brillantes du club des
ambassadeurs, réunion à guichet fermé et exposés « off » d’un
ambassadeur pour des députés, d’anciens ministres et chefs d’entreprises,
grandes ou très grandes, avec débats. Il semble que ce club qui est zélé par
Boissière aussi est le lien dont il dispose en direct avec le réseau
diplomatique proprement dit.
Celle de Bercy est plus ancienne. Traditionnellement, le haut
fonctionnaire de défense était dans tous les ministères, apparemment désigné
fonctionnellement, pour l’intelligence économique : la personnalité de
ceux qui ont exercé cette fonction aux Finances a marqué le sujet, provoqué la
défiance au moins du Trésor. On ne voit pas pourquoi, à Bercy, l’ensemble de
l’intelligence économique ne serait pas de son ressort exclusif. Le
coordonnateur actuel dispose d’un correspondant « à lui » dans
chacune des 20 trésoreries régionales, et semble investir beaucoup dans leur
formation et leur sensibilisation qui sont elles-mêmes à répercuter vers les
petites et moyennes entreprises (implicitement, les grandes seraient laissées
soit au Quai, club des ambassadeurs, soit à des contacts gouvenementaux personnels).
Dans les autres ministères, rien apparemment de très saillant pour que
cela soit commenté par le haut responsable ou à Bercy ou au Quai.
A la Défense, les choses sont tenues dans une optique encore trop
« vente d’armes » et sous la responsabilité d’un ancien de Bercy,
ayant servi un temps à l’Organisation mondiale du commerce.
b) le haut responsable
Il fonctionne de manière propre
et de manière concertée. Alain Juillet a deux
expériences, celle du privé et celle du
renseignement, version DGSE. Comme les correspondants qu’il avait à Matignon,
il croit aux réseaux et au petit nombre. Méthode et résultats échappant à une
analyse extérieure. La manière concertée est un groupe permanent, d’abord
hebdomadaire puis bi-mensuel. Il est interministériel et il est périodiquement
évalué et orienté par la réunion (GPIE) de douze directeurs de cabinet
ministériels. Bercy y envoie le coordonnateur, les douanes et la
sous-directrice aux investissements pour la DGTPE.
Alain Juillet juge et veut la chose pérenne, l’accord de tous les
mouvements politiques en serait le gage. Ce qui est oublier la manière dont il
a été mis fin à l’expérience de 1995 par Lionel Jospin au « profit »
du Conseil d’analyse économique, et la manière dont a été
« transformée » ou « supprimée » une des institutions qu’on
pouvait croire la pièce essentielle du « modèle social français » le
Plan. Son équipe n’est pas plus nombreuse (la dizaine d’agents) que celle dont
disposera à terme le coordonnateur à Bercy.
Ces deux niveaux d’organisation donnent lieu à évaluations mutuelles.
Elles sont amicales mais sévères. Le haut responsable est « jugé » de
grande qualité, mais il lui est reproché son attache (SGDN, à laquelle il ne
peut rien, quoiqu’il pourrait nbteniur de changer de locaux ce qui changerait
l’ambiance dans le sens de ceux qui le critiquent) et son approche
sécuritaires. Bien des réunions ne sont pas assez menées et notre travers
national est – malheureusement – d’apprécier beaucoup plus la forme que le
fond. Celui-ci attend davantage de Bercy qu’il n’en reçoit, et surtout trouve
que le réseau de l’ex-DREE n’est pas mobilisé, en tout cas qu’il n’en arrive
rien jusqu’à lui, par le truchement ou pas du coordonnateur à Bercy.
Sans que cela soit crié, ces deux niveaux déplorent que le travail ne
débouche pas (assez) sur des décisions gouvernementrales, dossier par dossier,
ou sur le plan des principes. Le conseil des affaires stratégiques ne donne pas
satisfaction selon ce que j’ai entendu, il est déserté en susbtance humaine par
les agents de qualité qui avaient maintenu le Plan, les entreprises ne le
considèrent pas comme le lieu de rencontre d’antan.
2°
Propositions
1° recréer l’administration du
Plan et la rattacher au Premier ministre : lieu de mise en commun des
entreprises, des administrations, des banques, des syndicats de salariés, des
universités, des collectivités territoriales – insertion du Parlement au niveau
de ses commissions permanentes et par un débat de législature, durée-même du
Plan (incitatif et instrument de prévision, engagements de l’Etat et des
collectivités locales)
2° rattacher l’intelligence
économique au secrétaire général de la présidence de la République pour en
faire la présence de l’Elysée dans le système du renseignement sous tutelle de
la Défense et dans les concertations du Plan – et y faire valoir la continuité
et la pluridisciplinarité des responsabilités nationales du président
3° l’entente fonctionnelle et
personnelle entre le chef d’état-major particulier du président de la
République et le haut responsable pour l’intelligence économique est à
organiser : elle sera décisive
4° animer les préfectures et les
ambassades pour la prévision des crises tenant aux décisions économiques des
acteurs locaux ou étrangers, de quelque nationalité qu’ils soient (les
préfectures et leurs entrées dans les comités d’entreprise ; les
ambassades et le réseau de nos gens d’affaires et « conseillers du
commerce extérieur)
5° dans chaque ministère, à côté
du haut fonctionnaire de défense, un correspondant pour l’intelligence
économique, les deux agents devant être en bonne entente
BFF – 11 V 07
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