mardi 15 avril 2014

archives pour le vécu de notre histoire immédiate - 16 Mai . 9 Juin 2012




constatations & attente

II




16 Mai . 9 Juin 2012  

L’entre-deux



Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur,
c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice
2ème lettre de Pierre III 12 à 18


Les faits… et les dits…  


16 Mai – la formation du premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault est bouleversée par le refus de Martine Aubry d’y participer

23 Mai – rencontre informelle à Bruxelles, des chefs d’Etat ou de gouvernement de l’Union

24 Mai – le président de la République reçoit Mohamed VI, le roi du Maroc

29 Mai – le Premier ministre reçoit en tête à tête chacun des responsables syndicaux : salariés, patronat, petites et moyennes entreprises – Laurent Fabius publie dans le Monde – le président de la République intrerrogé par France 2 (David Pujadas)

1er Juin – le président de la République expose aux membres de son cabinet (vingt-neuf hommes et onze femmes) sa conception d’une présidence normale – Vladimir Poutine reçu à l’Elysée – présidée par Alain Joyandet, accompagné de Claude Guéant, Brice Hortefeux et Philippe Estrosi, se fonde une « association des amis de Nicolas Sarkozy »

4 Juin – les syndicats d’Arcelor-Mittal pour le site de Florange reçus à l’Elysée par François Hollande et Arnaud Montebourg : une expertise est décidée

5 Juin – le Premier ministre, réunissant ensemble les responsables syndicaux, prépare avec eux la conférence sociale du début de Juillet : une hausse de 5% du SMIG est discutée

6 Juin – Goodyear à Amiens renonce aux plans sociaux – le conseil des ministres adopte un décret ramenant à 60 ans et 41 années de cotisation l’âge de la retraite à taux plein pour les salariés ayant commencé de travailler avant vingt ans ; chômeurs et mères de famille bénéficient de deux trimestres supplémentaires – le Premier ministre à TF1 pour expliquer cette réforme de la réforme Sarkozy, qui touchera 110.000 salariés par an

7 Juin – à Lille, réunion de clôture de la campagne socialiste qu’animent ensemble Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault

8 Juin – l’Espagne appelle à l’aide ses partenaires de la zone euro pour le sauvetage de ses banques et l’obtient le lendemain sans engagements particuliers puisqu’il ne s’agit pas de sa dette souveraine

9 Juin – l’AFP publie l’achat par les Sarkozy d’une propriété à Marrakech pour cinq millions d’euros


Depuis 2002 – c’est donc le troisième exercice de cette sorte – il s’écoule un mois entre l’élection ou la réélection du président de la République. Ce temps est important pour deux raisons. La première tient à la rigidité constatée de notre système poltiique dès lors que les acteurs ont été choisis : les rôles sont obligés, discipline de vite au Parlement, mise en cause du président de la République qu’il le veuille ou non, début des courses pour les élections suivantes. 2002 avec la perspective d’avoir à décider d’une « Constitution pour l’Europe » gardait une réserve de démocratie d’autant plus nécessaire que l’élu par défaut n’avait pas analysé le scrutin comme la recommandation de former un gouvernement d’union nationale : les thèmes européen et sécuritaire auraient pu en faire le socle. 2007 ouvrait sur l’imprévisible d’un candidat dont on ne pouvait cependant préjuger qu’il inclinerait si fort vers le Front national la dialectique de sa politique intérieure ni qu’il refuserait toute consultation intermédiaire – le referendum fut refusé en politique étrangère (OTAN et engagements renforcés à l’extérieur, traité de Lisbonne absorbant tous les textes fondateurs de l’Europe), en révision constitutionnelle (la loi de Juillet 2008 adoptée d’une seule voix de majorité au Congrès de Versailles, celle de son président, jamais donnée auparavant sous aucune de nos Républiques, en maintien du service public (la pétition pour La Poste signée par presque trois millions d’usagers). 2012 rouvre des perspectives de referendum, notamment en cas de blocage parlementaire pour le vote des étrangers aux élections locales et le vaincu d’il y a un mois inscrivait – bien tard – le referendum dans ses engagement d’être un « président différent ». La deuxième raison est qu’une quatrième cohabitation, non seulement empêcherait l’élu du 6 Mai de mettre en œuvre ses enagements de campagne, mais handicaperait décisivement le pays dans la nouvelle européenne, monétaire et internationale qui, d’évidence, va se jouer dans les deux-trois ans. La probabilité en cas d’une majorité de droite par collusion dans les urnes et peut-être à l’Assemblée nationale entre l’U.M.P. et le Front national, sera d’une dissolution  que la Constitution permet sans délai : celui d’un an ne valant qu’en cas d’une précédente dissolution, coup que ne pouvait tenter Jacques Chirac après avoir manqué la première en Juin 1997.

Le mois qui vient de s’écouler a différé de ses analogues précédant. Le choix du Premier ministre n’a pas surpris, au contraire de celui de Jean-Pierre Raffarin par Jacques Chirac. Même si Martine Aubry a évoqué une forte augmentation des impôts, il n’y a pas eu dans le gouvernement ou la nouvelle majorité présidentielle de « gaffe » comme celle de Jean-Louis Borloo, éphémère ministre des Finances de Mai 2007, évoquant cette T.V.A. sociale revenue au programme de l’U.M.P. pour l’automne prochain, si celle-ci conserve la majorité parlementaire. Jamais sans doute depuis le retour du général de Gaulle « aux affaires », une prise des fonctions suprêmes n’aura coincidé avec autant de rencontres internationales. Ce sont l’intelligence et le mérite du nouveau président de la République d’avoir adopté une posture d’explication de ses engagements de campagne et d’observation de ses partenaires, sans chercher le moins du monde ni à se mettre personnellement en valeur, ni à abattre ses cartes, notamment en matière européenne.

Mais le plus notable est sans doute la succession par elle-même, intervenue si soudainement et simplement à très peu de majorité – comme en 1981 – et sans la moindre panique ni psychologique ni boursière – contrairement à 1981. Pendant cinq ans, les Français avaient été contraints de suivre puis de subir une politique-spectacle avec un discours fondateur et plusieurs déplacements en province chaque semaine, puis ils avaient été mis sous tension sécuritaire, et enfin catéchisés en sorte que toute alternance dans les personnes dirigeantes aurait été folie puisque les successeurs, dans « la plus grave crise économique qu’ait connu le monde depuis 1929 », n’auraient aucune expérience, et que tout changement dans les médications, toute retouche aux engagements pris par traité, toute différenciation avec le cours de cinq ans, quel que soti l’échec statistiquement patent (les chiffres du chômage et l’augmentation d’un tiers de l’endettement national public) était mentalement, intellectuellement, dogmatiquement impossible. Le vote a été de rupture, mais de peu puisque la défaite du président sortant annoncée à près de 70% (la candidature de Dominique Strauss-Kahn) au printemps de 2011 n’est intervenue que dans une tendance baissière chaque semaine. Au point que la majorité sortante n’a pas désespéré, alors qu’elle se trouve – en organisation – dans une situation pire que celle de 2002 pour les socialistes : le chef faisant soudainement défaut.


I – La forme pour le fond

Trois éléments rompent avec la pratique du quinquennat précédent.

La relation entre le président de la République et le Premier ministre est un retour à la lettre de la Constitution de 1958 et à la manière du général de Gaulle : répartition des rôles, respect mutuel, autonomie du Premier ministre, étroite entente. François Hollande et Jean-Marc Ayrault y sont conduits naturellement et non pas selon un plan ou pour de l’affichage. Ils y insistent sans que ce soit une révélation : ils ont travaillé ensemble pendant le gouvernement de Lionel Jospin, l’un à la tête du parti, l’autre à celle du groupe parlementaire. Le fait qu’aucun des deux n’a un passé proprement gouvernemental élude aussi tout rappel d’expérience qui renforcerait une hiérarchie. Celle-ci ne tient qu’à l’origine des fonctions de chacun : l’élection suprême du premier, la nomination du second. Le refus de Martine Aubry de participer à ce premier gouvernement a été – sur le moment – commenté comme un possible conflit et aussi comme une improvisation de dernière heure d’un assemblage qui initialement devait être tout autre, notamment pour l’attribution des grands portefeuilles : Bercy, la Défense et le Quai d’Orsay. Il est en réalité un gage de souplesse : le Parti socialiste et le nouveau gouvernement ne se confondent pas, pas plus que la rue de Solférino et la rue du Faubourg Saint-Honoré seraient en adresse unique. Les dires de Jean-Marc Ayrault ont été d’une exceptionnelle clarté et d’une évidente sincérité : la relation personnelle entre les deux principaux dirigeants du pays, désormais, a été et restera une relation de travail, elle est rodée depuis longtemps, elle est gratifiante pour chacun. Pas de précédent sauf sans doute – malgré l’évidente révérence qu’imposait à tous, nolens volens, le général de Gaulle – entre celui-ci et le dernier de ses Premiers ministres, Maurice Couve de Murville. Il y aura distinction dans l’exercice des fonctions de chacun et le dualisme ne sera pas, comme entre François Fillon et Nicolas Sarkozy, une différenciation subtile en vue d’un possible avenir du premier si le second venait à tomber.

La marque immédiate du Premier ministre sur les ministres et sur l’organisation gouvernementale en général est nouvelle. Le ministre de l’Education nationale en fait les frais dès le lendemain de sa nomination : rappelé à la concertation préalable pour une indication recueillant pourtant un consensus quasi-général, le retour à la semaine de cinq jours. Les décrets d’attribution ont été pensés à Matignon ; ce ne sont plus les lettres de mission des débuts du précédent quinquennat, ni la relation directe, voire l’interpellation des ministres par le Président.

Le non-cumul des mandats exécutifs et même des fonctions politiques avec la responsabilité d’un domaine gouvernemental, thème déjà cher à Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, a été mis en œuvre. Il ne l’était pas sous Jacques Chirac et le fut pour la montre sous Nicolas Sarkozy, tandis que la révision constitutionnelle de 2008 encourage la confusion des rôles parlementaires et ministériels.

En revanche, l’organigramme du nouveau gouvernement innove peu, sauf la parité statistique hommes/femmes. Encore plus que pour les précédentes équipes, bien des portefeuilles ne correspondent qu’à un élément de programme gouvernemental mais nullement à des compétences et surtout à des administrations centrales ou des services. A trente-quatre, il ne peut y avoir de réelle délibération collégiale ni de dynamique de groupe en conseil des ministres. Des thèmes décisifs comme un retour aux politiques d’aménagement du territoire et de planification quadriennale ou quinquennale ne sont pas illustrés par deux portefeuilles qui auraient pu aisément en englober beaucoup d’autres.

Cependant les intitulés et les ordres de préséance masquent quelques rôles qui seront d’importance et que tiennent des personnalités de grande expérience : Michel Sapin pour le dialogue social et Jérôme Cahuzac pour la créativité budgétaire ne sont pas mis en avant, ce qui peut accroître – discrétion aidant et correspondant d’ailleurs à leur personnalité propre – leur efficacité et leur influence. Si Pierre Moscovici et Laurent Fabius semblent d’importance et le manifestent en parole publique (l’entretien accordé par l’ancien Premier minitre le jour où le Premier ministre commençait ses consultations syndicales et où le président de la République s’exprimait pour la première fois en tant que tel dans les médias n’était pas anodin de date), il est probable qu’ils vont beaucoup peser et marquer. Ni l’un ni l’autre n’a d’ailleurs une réputation de négociateur alors que chacun va surtout affronter l’extérieur.


I I – Une préparation sérieuse

Les engagements financiers et budgétaires du candidat d’opposition avaient été manifestement très travaillés. Il est de coûtume que la rue de Bercy soit transparente et serviable pendant les campagnes présidentielles. Ce fut la force – inattendue – de François Bayrou en 2007 que de disposer de la caution en politique économique et budgétaire d’une forte équipe menée par Peyrelevade. Les engagements sociaux étaient apparemment vagues car ils n’étaient pas chiffrés : justice et concertation. Ces deux accents ont été aussitôt confirmés. Le « sommet social », on ne parle plus d’états-généraux ni de « grenelle », qui doti se réunir à la mi-Juillet sous la présidence de François Hollande, est préparé avec les partenaires de l’Etat d’abord en tête-à-tête par le Premier ministre consultant chacune des centrales salariales et patronales, puis en réunion générale. Il a été aussitôt acquis un fort ajustement de la réforme des retraites en fonction de l’âge du début de carrière professionnelle  et convenu d’une hausse du salaire minimum jusqu’à hauteur de 5%. La bonne surprise a été que le coût de l’ajustement est bien moindre que prévu et que le patronat n’a pas crié à l’impossible dans la perspective de l’augmentation du SMIC.

La même impression se dégage des entretiens internationaux du nouveau président de la République. Sans doute ne déploie-t-il pas l’activité et l’énergie de son prédécesseur étonnant dans les premiers mois de son mandat la plupart de ses partenaires étrangers, notamment dans la reprise des traités européens, mais l’étonnement fit long feu comme le montra le peu d’impact médiatique, hors de France, de notre réintégration atlantique. Sans doute aussi François Hollande en tête-à-tête notamment avec Barack Obama et plus encore avec Angela Merkel, n’est-il pas le séducteur que fut – manifestement et spectaculairement – le général de Gaulle recevant le chancelier Adenauer en Septembre 1958, chez lui plus de vingt-quatre heures. Il n’a converti personne, n’a surpris personne mais a conservé toutes ses cartes quitte à jouer la forme à propos de l’Afghanistan (la distinction entre unités combattantes et unités de coopération technique ou de veille logistique sur nos matériels) ou du traité de discipline européenne (un protocole additionnel ou des déclarations interprétatives peuvent éviter une réécriture, mais impliquent autant de négociations sur le fond). Le nouveau président a simplement appris. Mais il laisse – pour l’opinion française – entendre que le sujet commandant tous les autres est bien la « réorientation » européenne. Jusqu’où ira François Hollande, confirmant ou pas la tendance à un fonctionnement seulement intergouvernemental de l’Union, prêchant la démocratie directe qu’instaurerait le prochain Parlement européen chargé d’élaborer la Constitution européenne, ralliant une majorité des Etats membres au moment où l’Allemagne aurait à « basculer » à gauche, pour que change le statut de la Banque centrale européenne ? Ce premier mois laisse tous les champs ouverts.

C’est logique. Si le nouveau Président demande aux Français une majorité conforme à la politique, qu’à travers lui, ils viennent de choisir, ce qui lui donnera les mains libres, il est logique qu’il les ait aussi en politique extérieure, traditionnellement le domaine de la décision à l’Elysée.

Une liberté d’esprit qui m’a agréablement frappé, s’est manifestée à l’occasion des entretiens présidentiels avec son homologue de l’Autorité palestinienne. Pour la première fois depuis l’assassinat d’Itzahak Rabin, mettant fin de fait au « processus de paix » sans que ce soit publiquement admis depuis, le lien est fait, et il l’est par la France, entre la question de Palestine et les massacres de Syrie, les négociations nucléaires avec l’Iran et l’échec international en Irak, voire en Afghanistan. Une vue globale de la zone – François Hollande ayant balayé au plus large : le Proche et le Moyen-Orient – est seule capable de faire discerner des voies nouvelles, puisque les habituelles et les dogmatiques ont manifestement échoué.

Le relatif silence sur les urgences des derniers mois : la dette grecque forcément tributaire dans son traitement des nouvelles élections, coincidant à Athènes le 17 Juin avec le second tour des nôtres, la zone euro et ses mécanismes du fait de l’Espagne en ce moment mais peut-être aussi de l’Italie, ou sur les réagencements en cours des rôles économiques et militaires dans la conduite du monde (la tentative de relance en Chine, le jeu russe aussi bien dans l’ancien hinterland soviétique qu’au Proche-Orient à l’occasion de la guerre civile en Syrie) n’est pas une pause propre à la France en période électorale. Elle est le fait des Anglo-Saxons, pour la première fois de regard opposé sur la crise de l’Occident, et d’une Allemagne qui a déjà tout dit, et ne peut par conséquent que reculer, faute de pouvoir jamais casser ouvertement et complètement.


I I I – Une « radiographie » du pays ou seulement de ses familles politiques

Le renouvellement de l’Assemblée nationale intéresse bien moins : 59% que l’élection présidentielle : 74%, mais il est marqué par un phénomène nouveau : les candidatures dissidentes. Le fonctionnement interne des partis, la relation des appareils avec les militants et avec les électeurs font donc question. Si les dissidents dans leur ensemble l’emportent sur les candidats imposés d’en haut, la majorité nouvelle – quelle que soit sa couleur – sera plus souple que d’habitude : ce sera un progrès. Ce pourrait même être un argument fort pour réfléchir à une « dose de représentation proportionnelle » dans les prochains scrutins.

Le Front national selon qu’il aura de la présence au second tour – ce que gêne certainement le nombre des candidatures, lui-même alourdi par les dissidences relatives aux « grands » partis – ou n’en aura pas, va peser décisivement sur l’avenir de l’U.M.P. Celle-ci n’a pas pu s’accorder en interne sur une manifestation nationale, contrairement au Parti socilaiste qui, à Lille, a affiché l’accord entre les deux anciens rivaux pour Matignon. La seule issue pour l’ancien parti présidentiel, formé depuis bientôt quarante ans à une culture du chef et du « tous unis derrière », dispensé par conséquent de véritable programme, voire d’identité idéologique au point que celle du Front national a pu lui être attribuée par Nicolas Sarkozy sans protestation audible, serait d’imiter le palliatif que trouva François Mitterrand à son échec de 1974 face à Valéry Giscard d’Estaing : les assises du socialisme à l’automne de cet année-là lui apportèrent, ce qui fut ensuite important pour 1981, les mendésistes avec Michel Rocard et Pierre Bérégovoy, et les chrétiens sociaux avec Jacques Delors. Au contraire, à l’époque, la nouvelle majorité présidentielle confirmait son caractère hétéroclite quand Jacques Chirac prit le contrôle, sur le conseil imprudent du jeune président, du principal parti de ce qui était devenu la droite seulement. Des assises du gaullisme ne rallieraient pas des troupes ni des partis mais révèleraient la nécessité d’un retour actualisé aux sources éponymes. Quoique rival de Nicolas Sarkozy mais imitateur de la méthode de celui-ci face à Jacques Chirac, Jean-François Copé n’incarne qu’une confirmation de la « droitisation » de l’ancien parti « gaulliste ». François Fillon fait retour au « gaullisme social » et à sa version « séguiniste », ce qui n’était pas évident pendant qu’il était Premier ministre mais fut sa marque auparavant. Alain Juppé, en renonçant prudemment à toute candidature puisqu’il avait été déjà battu en 2007 et que sa circonscription est majoritairement passée à gauche, il y a un mois, n’est pas forcément mal placé de ce fait pour la suite. Bien des prétendants à diriger la majorité sortante sont en difficulté dans ce que les médias persistent – à tort – à appeler leur « fief », notamment Jean-François Copé et Xavier Bertrand.

Le Front de gauche – à l’instar de François Bayrou en 2007 – parce qu’il partait de presque rien et monta soudain au niveau d’une véritable existence pendant la campagne de Jean-Luc Mélenchon, est la seule formation politique présentant deux analyses décisives pour la suite française : celle d’une société déstructurée autant par l’individualisme que par le chômage et la désindustrialisation, celle d’une pensée collective mithridatisée par le simplisme du lépénisme et le discours comme les actes du sarkozysme. Cette renaissance d’un parti communiste, cultivant le terrain non pour l’élection mais pour soutenir des luttes ponctuelles et les exprimer en dialectique politique, peut à court terme recomposer le « paysage politique » français si l’absence de solution européenne à la crise accentuait encore le chômage et empêchait son traitement social. Tandis que le Front national porte des exaspérations, des frustrations, des critiques auxquelles adhèrent bien plus de Français que ne le signifient les scrutins successifs depuis vingt ans, le Front de gauche s’est attaqué à ce qui gangrène l’esprit public. En ce sens, les élections législatives ont pour principal podium celui où s’affrontent Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Il serait désastreux que le Parti socialiste soit complice de la défaite d’un de ses anciens dirigeants, sous prétexte de donner au gouvernement de la gauche la possibilité de n’être pas radical. Un tel calcul donnerait alors au cours qui commence une coloration du genre de celle que donna à son quinquennat de Premier ministre, Lionel Jospin, affirmant ou constatant que « l’Etat ne peut pas tout ». Il s’agissait en 1997 de Vilvorde évacué par Renault en Belgique et des « licenciements boursiers » organisés par Michelin./.



Bertrand Fessard de Foucault
dimanche 10 Mai 2012, avant 20 heures







sur demande b.fdef@wanadoo.fr, les deux jeux de notes sur l’élection présidentielle :
seize pour celle de 2007 et autant pour celle de 2012
avant ouverture d’une nouvelle série : constatations & attente
à la manière des observation & réflexions (17 notes rédigées en 2007.2008 et 2009)
– avant la tenue d’un blog. Voir & Entendre http://bff-voirentendre.blogspot.com

Annexe I

Composition du gouvernement . 16 Mai 2012

Composition du gouvernement

|
Sur la proposition du Premier ministre, le président de la République a nommé :
M. Laurent FABIUS, ministre des affaires étrangères

M. Vincent PEILLON, ministre de l'éducation nationale

Mme Christiane TAUBIRA, garde des sceaux, ministre de la justice

M. Pierre MOSCOVICI, ministre de l'économie, des finances et du commerce extérieur

Mme Marisol TOURAINE, ministre des affaires sociales et de la santé

Mme Cécile DUFLOT, ministre de l'égalité des territoires et du logement

M. Manuel VALLS, ministre de l'intérieur

Mme Nicole BRICQ, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie

M. Arnaud MONTEBOURG, ministre du redressement productif

M. Michel SAPIN, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social

M. Jean-Yves LE DRIAN, ministre de la défense

Mme Aurélie FILIPPETTI, ministre de la culture et de la communication

Mme Geneviève FIORASO, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche

Mme Najat VALLAUD-BELKACEM, ministre des droits des femmes, porte-parole du Gouvernement

M. Stéphane LE FOLL, ministre de l'agriculture et de l'agroalimentaire

Mme Marylise LEBRANCHU, ministre de la réforme de l'Etat, de la décentralisation et de la fonction publique

M. Victorin LUREL, ministre des outre-mer

Mme Valérie FOURNEYRON, ministre des sports, de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative

M. Jérôme CAHUZAC, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et du commerce extérieur, chargé du budget

Mme George PAU-LANGEVIN, ministre déléguée auprès du ministre de l'éducation nationale, chargée de la réussite éducative

M. Alain VIDALIES, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement

Mme Delphine BATHO, ministre déléguée auprès de la garde des sceaux, ministre de la justice

M. François LAMY, ministre délégué auprès de la ministre de l'égalité des territoires et du logement, chargé de la ville
M. Bernard CAZENEUVE, ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères, chargé des affaires européennes

Mme Michèle DELAUNAY, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée des personnes âgées et de la dépendance

Mme Sylvia PINEL, ministre déléguée auprès du ministre du redressement productif, chargée de l'artisanat, du commerce et du tourisme

M. Benoît HAMON, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et du commerce extérieur, chargé de l'économie sociale et solidaire

Mme Dominique BERTINOTTI, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée de la famille

Mme Marie-Arlette CARLOTTI, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée des personnes handicapées

M. Pascal CANFIN, ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères, chargé du développement

Mme Yamina BENGUIGUI, ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères, chargée des Français de l'étranger et de la francophonie

M. Frédéric CUVILLIER, ministre délégué auprès de la ministre de l'écologie et du développement durable, et de l'énergie, chargé des transports et de l'économie maritime

Mme Fleur PELLERIN, ministre déléguée auprès du ministre du redressement productif, chargée des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie numérique

M. Kader ARIF, ministre délégué auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants


Annexe II

notes de journal

le nouveau président de la République, interrogé le mardi 29 Mai 2012


. . .  France 2 – 20 heures… le tremblement de terre en Italie… les entretiens à Matignon de première rencontre avec les syndicats de salariés et du patronat… annoncé en fin de matinée, un entretien avec François HOLANDE. Exercice que je crois inopportun[1], la vedette devait rester au Premier ministre. Le sujet politique c’est les législatives, une allocution solenelle en solitude à l’écran aurait été le mieux. Je resuggère, comme à NS il y a un an ou deux, un entretien entre le président de la République et le Premier ministre … repasse du film de la visite de HOLLANDE à Aulnay, rendez-vous après le 6 Mai, pas encore honoré… François FILLON énumère les signaux à contre-sens donné par le nouveau gouvernement à nos partenaires européens, ce qui va accroître les difficultés de la zone euro… séries de retard SNCF dûs à de nombreux suicides sur les voies… tribune de BHL dans plusieurs journaux européens : une solution sans les Nations Unies, intervenir pour empêcher les bombardiers et les chars de se mettre en peloton d’excéution. Pas mal, et il rajeunit… Michel GAUDIN, préfet de pplice limogé aujourd’hui, et en conseil des ministres demain : PESCHENARD et SQUARCINI.  Sondage : la gauche en tête 37 % + 8% pour le Front de gauche, mais pas de « déferlante ».  Le Modem 2% … le Front national à 15% . François BAYROU « qui rêvait d’être président de la République risque d’être battu chez lui » : l’UMP et le PS se maintiennent de toutes façons au second tour. Folie de NS de ne pas lui avoir laissé la mairie de Pau, folie du PS de ne pas contribuer à son élection. Je vais lui écrire mes encouragements, il est au plus creux mais il n’est pas encore vieux, et la succession de deux quinquennats également décevants peut produire un troisième : le sien.

20 heures 18, François HOLLANDE interrogé par PUJADAS.  Vous sentez-vous pleinement président. Pas eu le temps de me poser la question. Je m’étais préparé, j’ai pris tout de suite… énumération du calendrier depuis le 15 Mai, je n’ai pas tardé à prendre les décisions ni à prendre pleinement mes fonctions.  Vivez-vous les premiers moments du quinquennat comme du bonheur ou un stress. Du bonheur au moment de l’élection, mais les défis je les ai devant moi. Cela fait des mois que je m’étais présenté aux Français, j’étais préparé. Je ne suis pas un président en transition, je suis en pleine action. – Enumération des images. Vous ne connaissiez pas ces milieux et ces gens. Vous disiez que ces sommets étaient inutiles ?  Qu’en pensez-vous maintenant ? – Nous sommes un grand pays, respecté, pas d’intimidation pour un pays, pour celui qui représente un pays tel que le nôtre. Angela MERKEL a pris en compte le vote des Français. OBAMA, les Etats-Unis ont une grande responsabilité dans le monde à condition de les partager. Nous sommes liés : je l’ai fait comprendre au G 8 et au conseil européen informel. – Barack OBAMA a-t-il été convaincu par vos explications sur l’Afghanistan. – L’OTAN prépare le retrait. La décision française est respectée, elle est coordonnées, préparée. – Décision en trompe l’œil, des hommes restent en 2013 ? – Je  vais être précis deant les Français comme devant les hommes en Aghanistan. 2000 rentrent d’ici la fin de l’année, ceux qui restent le sont pour rapatrier le matériel, d’autres resteront : formation, hôpital, aéroport. Plus de troupes combattantes. – Vous décidez comme d’autres capitales de faire partir l’ambassadeur de Syrie. – Venue de POUTINE à Paris vendredi. Conseil de sécurité. A moi et à d’autres de trouver des arguments pour convaincre  la Russie et la Chine : conférence des amis de la Syrie, que l’opposition pas n’importe qui puisse prendre la place.
Images sur la rencontre avec MERKEL. Cessons-nous de nous fonder sur l’unique moteur franco-allemand ? Nécesité d’une amitié avec l’Allemagne qui puisse entrainer les autres. Je veux être respectueux des autres, de nos institutions européennes . Je ne veux pas que l’Europe soit regardée comme l’homme malade, c’est la première puissance économique du monde, elle a sa monnaie.  Les Grecs ont beaucoup donné dans cette dernière période.. Cà s’appelle le respect, je suis pour le respect. Attention à ce que vous décidez.
Le SMIC, la France peut-elle se permettre de donner un coup de pouce ? – Changement de forme, conférence de méthode en Juin, conférence sociale en Juillet que je présiderai. Ce n’est pas parce que j’ai été élu que les estimations économiques sont en baisse. Objectif que je veux réaliser en faisant en sorte que l’Europe soit différente. Je ne vais pas baisser les bras, il y aura un effort. Décisions en Juillet-Août. Respecter le budget. Retraites, l’injustice sera réparée.
La présidence normale. A Bruxelle en train. Rentré en voiture. Gadgets, de l’image ? Avant, deux avions pour aller à Bruxelles. Non pas des économies, faire simple. Je suis devant vous sur le plateau, comme je l’avais dit : je ne vous fais pas venir à l’Elysée. J’ai répondu à vos questions: faire simple, ce n’est pas être banal ou médiocre, mais aussi proche que possible. – Trois des plus hauts fonctionnaires de la police, ce qu’on a reproché à votre prédécesseur, une valse. – Je l’avais annoncé, trois hauts fonctionnaires, de qualité, autres responsabilités. Remplacé pas par des proches, mais par des fonctionnaires de grande qualité aussi. Pas la chasse. Reconnus pour leur qualité et non pour leur proximité avec le pouvoir.
M’impliquer dans la campagne ? non. Je ne suis pas le chef de la majorité, ‘cest le Premier minustre, du PS : c’est Martine AUBRY. Je ne peux tenir mes engagements : le redressement reproductif, l’éducation, la réforme des retraites, plus de démocratie, que si se forme une majorité large solide cohérente.            20 heures 38 + Demain, François FILLON

Ce que j’en pense

23 heures 50 + Toujours aussi mal habillé, engoncé dans un costume noir trop étroit, la cravate trop serrée, la chemise trop dominante et blanche. L’homme est banal physiquement, sans charisme sauf enthousiasme qui vient à sa rencontre : la mécanique de la communion, mais pas le déclenchement. C’est un homme, cf. la Bastille, cf. l’hôpital Percy qui hèle, qui a un regard pour ceux qui sont là même de loin. – Texte, il est bon. L’élocution est nette, elle n’est ni phrasée, ni trop longue, elle est précise. Contenu, un des leit-motive (plaisant) depuis l’élection du dimanche 6, c’est : la France est un grand pays, un pays respecté. Il y ajoute l’Europe. C’est excellent et décisif. Nous ne sommes à la traîne que si nous y consentons. Aucune pique envers personne : partenaires, personnalités. Aucun développement qui engage ou restreigne sa liberté. Reste que le propos n’est pas de combat, qu’il ne peut vraiment correspondre au commun des mortels, aux gens qui attendent – pas seulement un changement d’ambiance générale : on y est depuis le 6 Mai, c’est évident – mais un changement pour eux. Les tests vont être certainement ces 45 ou 48 plans de licenciements sociaux dont THIBAULT avec habileté et très utilement a donné la liste à AYRAULT. Chaque fermeture d’usine – pour le peu qu’il nous en reste – à laquelle le gouvernement n’aura rien pu, tout simplement parce qu’il ne se sera pas donné les outils (nationalisation des banques, protectionnisme européen, emprunt citoyen), sera autant de points de popularité perdue et sans doute irréversiblement. Le gouvernement doit être révolutionnaire, c’est-à-dire ne pas jouer selon les règles de ces vingt ans : ce n’est pas question de forme (le dialogue, NS y a prétendu en recevant à tour de bras) ni même d’écoute, c’est vraiment un jeu tout autre, avec des outils nouveaux. Le dialogue ARTHUIS-SAPIN [2] montre que même si l’Etat n’avait pas abandonné les outils qu’il avait encore il y a vingt ou trente ans, il n’aurait pu pallier les méfaits d’une mondialisation qu’on a voulu presqu’unanimement sans l’identifier et encore moins sans en prévoir les conséquences. C’est vraiment « alien » en économie et en société. La France, par tradition et par l’élection du 6 Mai, est en position de donner le signal de la novation. Le seul signe que nous en prenions la posture est cette remarque fréquente de FH, mais seulement allusive : une autre orientation de l’Europe.



Annexe III

notes de journal

le nouveau Premier Ministre, interrogé le mercredi 6 Juin 2012

TF1, 20 heures + 4ème fois que l’on refond, en vingt ans, le système des retraites. Exposé des décisions du matin. 110.000 au lieu de 150.000 selon la campagne. Le coût n’est pas de 5 mais de 3 milliards. – FH en voiture pour la commémoration du débarquement de Normandie. Sous la pluie. FH passionné d’histoire. Vous jeunes de France… sauvez la paix. Consultation de Martine AUBRY.

Le Premier ministre, Jean-Marc AYRAULT, fond de front de Seine, annoncé sur la réforme des retraites. C’est un engagement, que le président de la République a pris pendant sa campagne, il est tenu. C’est affaire de justice. C’est chose faite, c’est chose décidée. Nous connaissons la réalité financière. Le visage de trois quarts, légère asymétrie des yeux, le gauche plus ouvert, le jeu de main seulement de la gauche aussi. Puis, les deux mains en couverture et non en ouverture. Financement juste. – Vous n’êtes pas inquiet d’être seul à faire cette réforme en Europe, alors que…  ? – Nous avons rétabli la justice, la confiance nait en politique des engagements tenus  Mon rôle en tant quie chef du gouvernement a été de mettre en œuvre cet engagement. – Martine AUBRY dit qu’on peut augmenter davantage les impôts. – Ce qui est important est de lutter contre l’endettement. – MELENCHON… si une telle proportion ce sont les 4 millions de Front de gauche qui ont fait l’élection de FH. – Comment réagissez-vous ? Un coup de pouce au SMIC ? –Rattrapage nécessaire mais réalité des entreprises.  Je suis pour l’écoute et la cohérence. Ma feuille de route est de mettre en œuvre le projet du président de

Aucun commentaire: