constatations
& attente
II
16 Mai . 9 Juin 2012
L’entre-deux
Ce
que nous attendons, selon la promesse du Seigneur,
c’est
un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice
2ème lettre de Pierre III 12 à 18
Les faits… et les dits…
16 Mai – la formation du
premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault est bouleversée par le refus de
Martine Aubry d’y participer
23 Mai – rencontre
informelle à Bruxelles, des chefs d’Etat ou de gouvernement de l’Union
24 Mai – le président de la République reçoit
Mohamed VI, le roi du Maroc
29 Mai – le Premier ministre
reçoit en tête à tête chacun des responsables syndicaux : salariés,
patronat, petites et moyennes entreprises – Laurent Fabius publie dans le Monde – le président de la République intrerrogé
par France 2 (David Pujadas)
1er Juin – le
président de la République
expose aux membres de son cabinet (vingt-neuf hommes et onze femmes) sa
conception d’une présidence normale – Vladimir Poutine reçu à l’Elysée –
présidée par Alain Joyandet, accompagné de Claude Guéant, Brice Hortefeux et
Philippe Estrosi, se fonde une « association des amis de Nicolas
Sarkozy »
4 Juin – les syndicats d’Arcelor-Mittal
pour le site de Florange reçus à l’Elysée par François Hollande et Arnaud
Montebourg : une expertise est décidée
5 Juin – le Premier ministre,
réunissant ensemble les responsables syndicaux, prépare avec eux la conférence
sociale du début de Juillet : une hausse de 5% du SMIG est discutée
6 Juin – Goodyear à Amiens
renonce aux plans sociaux – le conseil des ministres adopte un décret ramenant
à 60 ans et 41 années de cotisation l’âge de la retraite à taux plein pour les
salariés ayant commencé de travailler avant vingt ans ; chômeurs et mères
de famille bénéficient de deux trimestres supplémentaires – le Premier ministre
à TF1 pour expliquer cette réforme de la réforme Sarkozy, qui touchera 110.000
salariés par an
7 Juin – à Lille, réunion de
clôture de la campagne socialiste qu’animent ensemble Martine Aubry et
Jean-Marc Ayrault
8 Juin – l’Espagne appelle à
l’aide ses partenaires de la zone euro pour le sauvetage de ses banques et
l’obtient le lendemain sans engagements particuliers puisqu’il ne s’agit pas de
sa dette souveraine
9 Juin – l’AFP publie
l’achat par les Sarkozy d’une propriété à Marrakech pour cinq millions d’euros
Depuis 2002 –
c’est donc le troisième exercice de cette sorte – il s’écoule un mois entre
l’élection ou la réélection du président de la République. Ce
temps est important pour deux raisons. La première tient à la rigidité
constatée de notre système poltiique dès lors que les acteurs ont été
choisis : les rôles sont obligés, discipline de vite au Parlement, mise en
cause du président de la
République qu’il le veuille ou non, début des courses pour
les élections suivantes. 2002 avec la perspective d’avoir à décider d’une
« Constitution pour l’Europe » gardait une réserve de démocratie
d’autant plus nécessaire que l’élu par défaut n’avait pas analysé le scrutin
comme la recommandation de former un gouvernement d’union nationale : les
thèmes européen et sécuritaire auraient pu en faire le socle. 2007 ouvrait sur
l’imprévisible d’un candidat dont on ne pouvait cependant préjuger qu’il
inclinerait si fort vers le Front national la dialectique de sa politique
intérieure ni qu’il refuserait toute consultation intermédiaire – le referendum
fut refusé en politique étrangère (OTAN et engagements renforcés à l’extérieur,
traité de Lisbonne absorbant tous les textes fondateurs de l’Europe), en
révision constitutionnelle (la loi de Juillet 2008 adoptée d’une seule voix de
majorité au Congrès de Versailles, celle de son président, jamais donnée
auparavant sous aucune de nos Républiques, en maintien du service public (la
pétition pour La Poste
signée par presque trois millions d’usagers). 2012 rouvre des perspectives de
referendum, notamment en cas de blocage parlementaire pour le vote des
étrangers aux élections locales et le vaincu d’il y a un mois inscrivait – bien
tard – le referendum dans ses engagement d’être un « président différent ».
La deuxième raison est qu’une quatrième cohabitation, non seulement empêcherait
l’élu du 6 Mai de mettre en œuvre ses enagements de campagne, mais
handicaperait décisivement le pays dans la nouvelle européenne, monétaire et
internationale qui, d’évidence, va se jouer dans les deux-trois ans. La
probabilité en cas d’une majorité de droite par collusion dans les urnes et
peut-être à l’Assemblée nationale entre l’U.M.P. et le Front national, sera
d’une dissolution que la Constitution permet
sans délai : celui d’un an ne valant qu’en cas d’une précédente
dissolution, coup que ne pouvait tenter Jacques Chirac après avoir manqué la
première en Juin 1997.
Le mois qui
vient de s’écouler a différé de ses analogues précédant. Le choix du Premier
ministre n’a pas surpris, au contraire de celui de Jean-Pierre Raffarin par
Jacques Chirac. Même si Martine Aubry a évoqué une forte augmentation des
impôts, il n’y a pas eu dans le gouvernement ou la nouvelle majorité
présidentielle de « gaffe » comme celle de Jean-Louis Borloo,
éphémère ministre des Finances de Mai 2007, évoquant cette T.V.A. sociale
revenue au programme de l’U.M.P. pour l’automne prochain, si celle-ci conserve
la majorité parlementaire. Jamais sans doute depuis le retour du général de
Gaulle « aux affaires », une prise des fonctions suprêmes n’aura
coincidé avec autant de rencontres internationales. Ce sont l’intelligence et
le mérite du nouveau président de la République d’avoir adopté une posture
d’explication de ses engagements de campagne et d’observation de ses
partenaires, sans chercher le moins du monde ni à se mettre personnellement en
valeur, ni à abattre ses cartes, notamment en matière européenne.
Mais le plus
notable est sans doute la succession par elle-même, intervenue si soudainement et
simplement à très peu de majorité – comme en 1981 – et sans la moindre panique
ni psychologique ni boursière – contrairement à 1981. Pendant cinq ans, les
Français avaient été contraints de suivre puis de subir une politique-spectacle
avec un discours fondateur et plusieurs déplacements en province chaque
semaine, puis ils avaient été mis sous tension sécuritaire, et enfin catéchisés
en sorte que toute alternance dans les personnes dirigeantes aurait été folie
puisque les successeurs, dans « la plus grave crise économique qu’ait
connu le monde depuis 1929 », n’auraient aucune expérience, et que tout
changement dans les médications, toute retouche aux engagements pris par
traité, toute différenciation avec le cours de cinq ans, quel que soti l’échec
statistiquement patent (les chiffres du chômage et l’augmentation d’un tiers de
l’endettement national public) était mentalement, intellectuellement,
dogmatiquement impossible. Le vote a été de rupture, mais de peu puisque la
défaite du président sortant annoncée à près de 70% (la candidature de
Dominique Strauss-Kahn) au printemps de 2011 n’est intervenue que dans une
tendance baissière chaque semaine. Au point que la majorité sortante n’a pas
désespéré, alors qu’elle se trouve – en organisation – dans une situation pire
que celle de 2002 pour les socialistes : le chef faisant soudainement
défaut.
I – La forme pour le fond
Trois éléments
rompent avec la pratique du quinquennat précédent.
La relation
entre le président de la
République et le Premier ministre est un retour à la lettre
de la Constitution
de 1958 et à la manière du général de Gaulle : répartition des rôles,
respect mutuel, autonomie du Premier ministre, étroite entente. François
Hollande et Jean-Marc Ayrault y sont conduits naturellement et non pas selon un
plan ou pour de l’affichage. Ils y insistent sans que ce soit une
révélation : ils ont travaillé ensemble pendant le gouvernement de Lionel
Jospin, l’un à la tête du parti, l’autre à celle du groupe parlementaire. Le
fait qu’aucun des deux n’a un passé proprement gouvernemental élude aussi tout
rappel d’expérience qui renforcerait une hiérarchie. Celle-ci ne tient qu’à
l’origine des fonctions de chacun : l’élection suprême du premier, la
nomination du second. Le refus de Martine Aubry de participer à ce premier
gouvernement a été – sur le moment – commenté comme un possible conflit et
aussi comme une improvisation de dernière heure d’un assemblage qui
initialement devait être tout autre, notamment pour l’attribution des grands
portefeuilles : Bercy, la
Défense et le Quai d’Orsay. Il est en réalité un gage de
souplesse : le Parti socialiste et le nouveau gouvernement ne se
confondent pas, pas plus que la rue de Solférino et la rue du Faubourg
Saint-Honoré seraient en adresse unique. Les dires de Jean-Marc Ayrault ont été
d’une exceptionnelle clarté et d’une évidente sincérité : la relation
personnelle entre les deux principaux dirigeants du pays, désormais, a été et
restera une relation de travail, elle est rodée depuis longtemps, elle est gratifiante
pour chacun. Pas de précédent sauf sans doute – malgré l’évidente révérence
qu’imposait à tous, nolens volens, le
général de Gaulle – entre celui-ci et le dernier de ses Premiers ministres,
Maurice Couve de Murville. Il y aura distinction dans l’exercice des fonctions
de chacun et le dualisme ne sera pas, comme entre François Fillon et Nicolas
Sarkozy, une différenciation subtile en vue d’un possible avenir du premier si
le second venait à tomber.
La marque
immédiate du Premier ministre sur les ministres et sur l’organisation
gouvernementale en général est nouvelle. Le ministre de l’Education nationale
en fait les frais dès le lendemain de sa nomination : rappelé à la
concertation préalable pour une indication recueillant pourtant un consensus
quasi-général, le retour à la semaine de cinq jours. Les décrets d’attribution
ont été pensés à Matignon ; ce ne sont plus les lettres de mission des
débuts du précédent quinquennat, ni la relation directe, voire l’interpellation
des ministres par le Président.
Le non-cumul
des mandats exécutifs et même des fonctions politiques avec la responsabilité
d’un domaine gouvernemental, thème déjà cher à Martine Aubry, première
secrétaire du Parti socialiste, a été mis en œuvre. Il ne l’était pas sous
Jacques Chirac et le fut pour la montre sous Nicolas Sarkozy, tandis que la
révision constitutionnelle de 2008 encourage la confusion des rôles
parlementaires et ministériels.
En revanche,
l’organigramme du nouveau gouvernement innove peu, sauf la parité statistique
hommes/femmes. Encore plus que pour les précédentes équipes, bien des
portefeuilles ne correspondent qu’à un élément de programme gouvernemental mais
nullement à des compétences et surtout à des administrations centrales ou des
services. A trente-quatre, il ne peut y avoir de réelle délibération collégiale
ni de dynamique de groupe en conseil des ministres. Des thèmes décisifs comme
un retour aux politiques d’aménagement du territoire et de planification
quadriennale ou quinquennale ne sont pas illustrés par deux portefeuilles qui
auraient pu aisément en englober beaucoup d’autres.
Cependant les
intitulés et les ordres de préséance masquent quelques rôles qui seront
d’importance et que tiennent des personnalités de grande expérience :
Michel Sapin pour le dialogue social et Jérôme Cahuzac pour la créativité
budgétaire ne sont pas mis en avant, ce qui peut accroître – discrétion aidant
et correspondant d’ailleurs à leur personnalité propre – leur efficacité et
leur influence. Si Pierre Moscovici et Laurent Fabius semblent d’importance et
le manifestent en parole publique (l’entretien accordé par l’ancien Premier
minitre le jour où le Premier ministre commençait ses consultations syndicales
et où le président de la
République s’exprimait pour la première fois en tant que tel
dans les médias n’était pas anodin de date), il est probable qu’ils vont
beaucoup peser et marquer. Ni l’un ni l’autre n’a d’ailleurs une réputation de
négociateur alors que chacun va surtout affronter l’extérieur.
I I – Une préparation sérieuse
Les engagements financiers et budgétaires du candidat
d’opposition avaient été manifestement très travaillés. Il est de coûtume que
la rue de Bercy soit transparente et serviable pendant les campagnes
présidentielles. Ce fut la force – inattendue – de François Bayrou en 2007 que
de disposer de la caution en politique économique et budgétaire d’une forte
équipe menée par Peyrelevade. Les engagements sociaux étaient apparemment
vagues car ils n’étaient pas chiffrés : justice et concertation. Ces deux
accents ont été aussitôt confirmés. Le « sommet social », on ne parle
plus d’états-généraux ni de « grenelle », qui doti se réunir à la
mi-Juillet sous la présidence de François Hollande, est préparé avec les
partenaires de l’Etat d’abord en tête-à-tête par le Premier ministre consultant
chacune des centrales salariales et patronales, puis en réunion générale. Il a
été aussitôt acquis un fort ajustement de la réforme des retraites en fonction
de l’âge du début de carrière professionnelle
et convenu d’une hausse du salaire minimum jusqu’à hauteur de 5%. La
bonne surprise a été que le coût de l’ajustement est bien moindre que prévu et
que le patronat n’a pas crié à l’impossible dans la perspective de
l’augmentation du SMIC.
La même impression se dégage des entretiens internationaux
du nouveau président de la République. Sans
doute ne déploie-t-il pas l’activité et l’énergie de son prédécesseur étonnant
dans les premiers mois de son mandat la plupart de ses partenaires étrangers,
notamment dans la reprise des traités européens, mais l’étonnement fit long feu
comme le montra le peu d’impact médiatique, hors de France, de notre
réintégration atlantique. Sans doute aussi François Hollande en tête-à-tête
notamment avec Barack Obama et plus encore avec Angela Merkel, n’est-il pas le
séducteur que fut – manifestement et spectaculairement – le général de Gaulle
recevant le chancelier Adenauer en Septembre 1958, chez lui plus de
vingt-quatre heures. Il n’a converti personne, n’a surpris personne mais a
conservé toutes ses cartes quitte à jouer la forme à propos de l’Afghanistan
(la distinction entre unités combattantes et unités de coopération technique ou
de veille logistique sur nos matériels) ou du traité de discipline européenne
(un protocole additionnel ou des déclarations interprétatives peuvent éviter
une réécriture, mais impliquent autant de négociations sur le fond). Le nouveau
président a simplement appris. Mais il laisse – pour l’opinion française –
entendre que le sujet commandant tous les autres est bien la « réorientation »
européenne. Jusqu’où ira François Hollande, confirmant ou pas la tendance à un
fonctionnement seulement intergouvernemental de l’Union, prêchant la démocratie
directe qu’instaurerait le prochain Parlement européen chargé d’élaborer la Constitution européenne,
ralliant une majorité des Etats membres au moment où l’Allemagne aurait à
« basculer » à gauche, pour que change le statut de la Banque centrale
européenne ? Ce premier mois laisse tous les champs ouverts.
C’est logique. Si le nouveau Président demande aux Français
une majorité conforme à la politique, qu’à travers lui, ils viennent de
choisir, ce qui lui donnera les mains libres, il est logique qu’il les ait
aussi en politique extérieure, traditionnellement le domaine de la décision à
l’Elysée.
Une liberté d’esprit qui m’a agréablement frappé, s’est
manifestée à l’occasion des entretiens présidentiels avec son homologue de
l’Autorité palestinienne. Pour la première fois depuis l’assassinat d’Itzahak
Rabin, mettant fin de fait au « processus de paix » sans que ce soit
publiquement admis depuis, le lien est fait, et il l’est par la France, entre la question
de Palestine et les massacres de Syrie, les négociations nucléaires avec l’Iran
et l’échec international en Irak, voire en Afghanistan. Une vue globale de la
zone – François Hollande ayant balayé au plus large : le Proche et le
Moyen-Orient – est seule capable de faire discerner des voies nouvelles,
puisque les habituelles et les dogmatiques ont manifestement échoué.
Le relatif silence sur les urgences des derniers
mois : la dette grecque forcément tributaire dans son traitement des
nouvelles élections, coincidant à Athènes le 17 Juin avec le second tour des
nôtres, la zone euro et ses mécanismes du fait de l’Espagne en ce moment mais
peut-être aussi de l’Italie, ou sur les réagencements en cours des rôles
économiques et militaires dans la conduite du monde (la tentative de relance en
Chine, le jeu russe aussi bien dans l’ancien hinterland soviétique qu’au
Proche-Orient à l’occasion de la guerre civile en Syrie) n’est pas une pause
propre à la France
en période électorale. Elle est le fait des Anglo-Saxons, pour la première fois
de regard opposé sur la crise de l’Occident, et d’une Allemagne qui a déjà tout
dit, et ne peut par conséquent que reculer, faute de pouvoir jamais casser
ouvertement et complètement.
I I I – Une « radiographie »
du pays ou seulement de ses familles politiques
Le renouvellement de l’Assemblée nationale intéresse bien
moins : 59% que l’élection présidentielle : 74%, mais il est marqué
par un phénomène nouveau : les candidatures dissidentes. Le fonctionnement
interne des partis, la relation des appareils avec les militants et avec les
électeurs font donc question. Si les dissidents dans leur ensemble l’emportent
sur les candidats imposés d’en haut, la majorité nouvelle – quelle que soit sa
couleur – sera plus souple que d’habitude : ce sera un progrès. Ce
pourrait même être un argument fort pour réfléchir à une « dose de
représentation proportionnelle » dans les prochains scrutins.
Le Front national selon qu’il aura de la présence au second
tour – ce que gêne certainement le nombre des candidatures, lui-même alourdi
par les dissidences relatives aux « grands » partis – ou n’en aura
pas, va peser décisivement sur l’avenir de l’U.M.P. Celle-ci n’a pas pu
s’accorder en interne sur une manifestation nationale, contrairement au Parti
socilaiste qui, à Lille, a affiché l’accord entre les deux anciens rivaux pour
Matignon. La seule issue pour l’ancien parti présidentiel, formé depuis bientôt
quarante ans à une culture du chef et du « tous unis derrière »,
dispensé par conséquent de véritable programme, voire d’identité idéologique au
point que celle du Front national a pu lui être attribuée par Nicolas Sarkozy
sans protestation audible, serait d’imiter le palliatif que trouva François
Mitterrand à son échec de 1974 face à Valéry Giscard d’Estaing : les
assises du socialisme à l’automne de cet année-là lui apportèrent, ce qui fut
ensuite important pour 1981, les mendésistes avec Michel Rocard et Pierre
Bérégovoy, et les chrétiens sociaux avec Jacques Delors. Au contraire, à
l’époque, la nouvelle majorité présidentielle confirmait son caractère
hétéroclite quand Jacques Chirac prit le contrôle, sur le conseil imprudent du
jeune président, du principal parti de ce qui était devenu la droite seulement.
Des assises du gaullisme ne rallieraient pas des troupes ni des partis mais
révèleraient la nécessité d’un retour actualisé aux sources éponymes. Quoique
rival de Nicolas Sarkozy mais imitateur de la méthode de celui-ci face à
Jacques Chirac, Jean-François Copé n’incarne qu’une confirmation de la
« droitisation » de l’ancien parti « gaulliste ». François
Fillon fait retour au « gaullisme social » et à sa version
« séguiniste », ce qui n’était pas évident pendant qu’il était
Premier ministre mais fut sa marque auparavant. Alain Juppé, en renonçant
prudemment à toute candidature puisqu’il avait été déjà battu en 2007 et que sa
circonscription est majoritairement passée à gauche, il y a un mois, n’est pas
forcément mal placé de ce fait pour la suite. Bien des prétendants à diriger la
majorité sortante sont en difficulté dans ce que les médias persistent – à tort
– à appeler leur « fief », notamment Jean-François Copé et Xavier
Bertrand.
Le Front de gauche – à l’instar de François Bayrou en 2007
– parce qu’il partait de presque rien et monta soudain au niveau d’une
véritable existence pendant la campagne de Jean-Luc Mélenchon, est la seule
formation politique présentant deux analyses décisives pour la suite
française : celle d’une société déstructurée autant par l’individualisme
que par le chômage et la désindustrialisation, celle d’une pensée collective
mithridatisée par le simplisme du lépénisme et le discours comme les actes du
sarkozysme. Cette renaissance d’un parti communiste, cultivant le terrain non
pour l’élection mais pour soutenir des luttes ponctuelles et les exprimer en
dialectique politique, peut à court terme recomposer le « paysage
politique » français si l’absence de solution européenne à la crise
accentuait encore le chômage et empêchait son traitement social. Tandis que le
Front national porte des exaspérations, des frustrations, des critiques
auxquelles adhèrent bien plus de Français que ne le signifient les scrutins
successifs depuis vingt ans, le Front de gauche s’est attaqué à ce qui gangrène
l’esprit public. En ce sens, les élections législatives ont pour principal
podium celui où s’affrontent Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Il serait
désastreux que le Parti socialiste soit complice de la défaite d’un de ses
anciens dirigeants, sous prétexte de donner au gouvernement de la gauche la
possibilité de n’être pas radical. Un tel calcul donnerait alors au cours qui
commence une coloration du genre de celle que donna à son quinquennat de
Premier ministre, Lionel Jospin, affirmant ou constatant que « l’Etat ne
peut pas tout ». Il s’agissait en 1997 de Vilvorde évacué par Renault en
Belgique et des « licenciements boursiers » organisés par Michelin./.
Bertrand
Fessard de Foucault
dimanche 10
Mai 2012, avant 20 heures
sur
demande b.fdef@wanadoo.fr, les deux jeux de notes sur
l’élection présidentielle :
seize
pour celle de 2007 et autant pour celle de 2012
avant
ouverture d’une nouvelle série : constatations
& attente
à la
manière des observation & réflexions (17 notes rédigées en 2007.2008 et 2009)
Annexe I
Composition du gouvernement . 16 Mai 2012
|
Sur la proposition du Premier ministre, le président de la République a nommé :
M.
Laurent FABIUS, ministre des affaires étrangères
M.
Vincent PEILLON, ministre de l'éducation nationale
Mme
Christiane TAUBIRA, garde des sceaux, ministre de la justice
M.
Pierre MOSCOVICI, ministre de l'économie, des finances et du commerce extérieur
Mme
Marisol TOURAINE, ministre des affaires sociales et de la santé
Mme
Cécile DUFLOT, ministre de l'égalité des territoires et du logement
M.
Manuel VALLS, ministre de l'intérieur
Mme
Nicole BRICQ, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie
M.
Arnaud MONTEBOURG, ministre du redressement productif
M.
Michel SAPIN, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle
et du dialogue social
M.
Jean-Yves LE DRIAN, ministre de la défense
Mme
Aurélie FILIPPETTI, ministre de la culture et de la communication
Mme
Geneviève FIORASO, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche
Mme
Najat VALLAUD-BELKACEM, ministre des droits des femmes, porte-parole du
Gouvernement
M.
Stéphane LE FOLL, ministre de l'agriculture et de l'agroalimentaire
Mme
Marylise LEBRANCHU, ministre de la réforme de l'Etat, de la décentralisation et
de la fonction publique
M.
Victorin LUREL, ministre des outre-mer
Mme
Valérie FOURNEYRON, ministre des sports, de la jeunesse, de l'éducation
populaire et de la vie associative
M.
Jérôme CAHUZAC, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances
et du commerce extérieur, chargé du budget
Mme
George PAU-LANGEVIN, ministre déléguée auprès du ministre de l'éducation
nationale, chargée de la réussite éducative
M.
Alain VIDALIES, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des
relations avec le Parlement
Mme
Delphine BATHO, ministre déléguée auprès de la garde des sceaux, ministre de la
justice
M.
François LAMY, ministre délégué auprès de la ministre de l'égalité des
territoires et du logement, chargé de la ville
M.
Bernard CAZENEUVE, ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères,
chargé des affaires européennes
Mme
Michèle DELAUNAY, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales
et de la santé, chargée des personnes âgées et de la dépendance
Mme
Sylvia PINEL, ministre déléguée auprès du ministre du redressement productif,
chargée de l'artisanat, du commerce et du tourisme
M.
Benoît HAMON, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances
et du commerce extérieur, chargé de l'économie sociale et solidaire
Mme
Dominique BERTINOTTI, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires
sociales et de la santé, chargée de la famille
Mme
Marie-Arlette CARLOTTI, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires
sociales et de la santé, chargée des personnes handicapées
M.
Pascal CANFIN, ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères,
chargé du développement
Mme
Yamina BENGUIGUI, ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères,
chargée des Français de l'étranger et de la francophonie
M.
Frédéric CUVILLIER, ministre délégué auprès de la ministre de l'écologie et du
développement durable, et de l'énergie, chargé des transports et de l'économie
maritime
Mme
Fleur PELLERIN, ministre déléguée auprès du ministre du redressement productif,
chargée des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie
numérique
M.
Kader ARIF, ministre délégué auprès du ministre de la défense, chargé des
anciens combattants
Annexe II
notes de journal
le nouveau président de la République, interrogé le mardi 29 Mai 2012
. . . France 2 – 20 heures… le tremblement
de terre en Italie… les entretiens à Matignon de première rencontre avec les
syndicats de salariés et du patronat… annoncé en fin de matinée, un entretien
avec François HOLANDE. Exercice que je crois inopportun[1], la vedette devait
rester au Premier ministre. Le sujet politique c’est les législatives, une
allocution solenelle en solitude à l’écran aurait été le mieux. Je resuggère,
comme à NS il y a un an ou deux, un entretien entre le président de la République et le
Premier ministre … repasse du film de la visite de HOLLANDE à Aulnay,
rendez-vous après le 6 Mai, pas encore honoré… François FILLON énumère les
signaux à contre-sens donné par le nouveau gouvernement à nos partenaires
européens, ce qui va accroître les difficultés de la zone euro… séries de
retard SNCF dûs à de nombreux suicides sur les voies… tribune de BHL dans
plusieurs journaux européens : une solution sans les Nations Unies,
intervenir pour empêcher les bombardiers et les chars de se mettre en peloton
d’excéution. Pas mal, et il rajeunit… Michel GAUDIN, préfet de pplice limogé
aujourd’hui, et en conseil des ministres demain : PESCHENARD et
SQUARCINI. Sondage : la gauche en
tête 37 % + 8% pour le Front de gauche, mais pas de
« déferlante ». Le Modem
2% … le Front national à 15% . François BAYROU « qui rêvait d’être
président de la République
risque d’être battu chez lui » : l’UMP et le PS se maintiennent de
toutes façons au second tour. Folie de NS de ne pas lui avoir laissé la mairie
de Pau, folie du PS de ne pas contribuer à son élection. Je vais lui écrire mes
encouragements, il est au plus creux mais il n’est pas encore vieux, et la
succession de deux quinquennats également décevants peut produire un
troisième : le sien.
20 heures 18, François HOLLANDE
interrogé par PUJADAS. Vous sentez-vous pleinement président. Pas
eu le temps de me poser la question. Je m’étais préparé, j’ai pris tout de
suite… énumération du calendrier depuis
le 15 Mai, je n’ai pas tardé à prendre les décisions ni à prendre
pleinement mes fonctions. Vivez-vous les premiers moments du quinquennat
comme du bonheur ou un stress. Du bonheur au moment de l’élection, mais les
défis je les ai devant moi. Cela fait des mois que je m’étais présenté aux
Français, j’étais préparé. Je ne suis pas un président en transition, je suis
en pleine action. – Enumération des
images. Vous ne connaissiez pas ces milieux et ces gens. Vous disiez que ces
sommets étaient inutiles ? Qu’en
pensez-vous maintenant ? – Nous sommes un grand pays, respecté, pas
d’intimidation pour un pays, pour celui qui représente un pays tel que le
nôtre. Angela MERKEL a pris en compte le vote des Français. OBAMA, les
Etats-Unis ont une grande responsabilité dans le monde à condition de les
partager. Nous sommes liés : je l’ai fait comprendre au G 8 et au conseil
européen informel. – Barack OBAMA a-t-il
été convaincu par vos explications sur l’Afghanistan. – L’OTAN prépare le
retrait. La décision française est respectée, elle est coordonnées, préparée. – Décision en trompe l’œil, des hommes
restent en 2013 ? – Je vais
être précis deant les Français comme devant les hommes en Aghanistan. 2000
rentrent d’ici la fin de l’année, ceux qui restent le sont pour rapatrier le
matériel, d’autres resteront : formation, hôpital, aéroport. Plus de
troupes combattantes. – Vous décidez
comme d’autres capitales de faire partir l’ambassadeur de Syrie. – Venue de
POUTINE à Paris vendredi. Conseil de sécurité. A moi et à d’autres de trouver
des arguments pour convaincre la Russie et la Chine : conférence des amis de la Syrie, que l’opposition pas
n’importe qui puisse prendre la place.
Images sur
la rencontre avec MERKEL. Cessons-nous de nous fonder sur l’unique moteur
franco-allemand ? Nécesité d’une
amitié avec l’Allemagne qui puisse entrainer les autres. Je veux être
respectueux des autres, de nos institutions européennes . Je ne veux pas que
l’Europe soit regardée comme l’homme malade, c’est la première puissance
économique du monde, elle a sa monnaie.
Les Grecs ont beaucoup donné dans cette dernière période.. Cà s’appelle
le respect, je suis pour le respect. Attention à ce que vous décidez.
Le
SMIC, la France
peut-elle se permettre de donner un coup de pouce ? – Changement de forme, conférence de méthode en Juin,
conférence sociale en Juillet que je présiderai. Ce n’est pas parce que j’ai
été élu que les estimations économiques sont en baisse. Objectif que je veux
réaliser en faisant en sorte que l’Europe soit différente. Je ne vais pas
baisser les bras, il y aura un effort. Décisions en Juillet-Août. Respecter le
budget. Retraites, l’injustice sera réparée.
La
présidence normale. A Bruxelle en train. Rentré en voiture. Gadgets, de
l’image ? Avant, deux avions
pour aller à Bruxelles. Non pas des économies, faire simple. Je suis devant
vous sur le plateau, comme je l’avais dit : je ne vous fais pas venir à
l’Elysée. J’ai répondu à vos questions: faire simple, ce n’est pas être
banal ou médiocre, mais aussi proche que possible. – Trois des plus hauts fonctionnaires de la police, ce qu’on a
reproché à votre prédécesseur, une valse. – Je l’avais annoncé, trois hauts
fonctionnaires, de qualité, autres responsabilités. Remplacé pas par des
proches, mais par des fonctionnaires de grande qualité aussi. Pas la chasse.
Reconnus pour leur qualité et non pour leur proximité avec le pouvoir.
M’impliquer dans la campagne ? non.
Je ne suis pas le chef de la majorité, ‘cest le Premier minustre, du PS :
c’est Martine AUBRY. Je ne peux tenir mes engagements : le redressement
reproductif, l’éducation, la réforme des retraites, plus de démocratie, que si
se forme une majorité large solide cohérente.
…
20 heures 38 + Demain, François FILLON
Ce que j’en pense
23
heures 50 + Toujours aussi mal habillé, engoncé dans un costume noir trop
étroit, la cravate trop serrée, la chemise trop dominante et blanche. L’homme
est banal physiquement, sans charisme sauf enthousiasme qui vient à sa
rencontre : la mécanique de la communion, mais pas le déclenchement. C’est
un homme, cf. la Bastille,
cf. l’hôpital Percy qui hèle, qui a un regard pour ceux qui sont là même de
loin. – Texte, il est bon. L’élocution est nette, elle n’est ni phrasée, ni
trop longue, elle est précise. Contenu, un des leit-motive (plaisant) depuis
l’élection du dimanche 6, c’est : la France est un grand pays, un pays respecté. Il y
ajoute l’Europe. C’est excellent et décisif. Nous ne sommes à la traîne que si
nous y consentons. Aucune pique envers personne : partenaires,
personnalités. Aucun développement qui engage ou restreigne sa liberté. Reste
que le propos n’est pas de combat, qu’il ne peut vraiment correspondre au
commun des mortels, aux gens qui attendent – pas seulement un changement
d’ambiance générale : on y est depuis le 6 Mai, c’est évident – mais un
changement pour eux. Les tests vont être certainement ces 45 ou 48 plans de
licenciements sociaux dont THIBAULT avec habileté et très utilement a donné la
liste à AYRAULT. Chaque fermeture d’usine – pour le peu qu’il nous en reste – à
laquelle le gouvernement n’aura rien pu, tout simplement parce qu’il ne se sera
pas donné les outils (nationalisation des banques, protectionnisme européen, emprunt
citoyen), sera autant de points de popularité perdue et sans doute
irréversiblement. Le gouvernement doit être révolutionnaire, c’est-à-dire ne
pas jouer selon les règles de ces vingt ans : ce n’est pas question de
forme (le dialogue, NS y a prétendu en recevant à tour de bras) ni même
d’écoute, c’est vraiment un jeu tout autre, avec des outils nouveaux. Le
dialogue ARTHUIS-SAPIN [2] montre que même si
l’Etat n’avait pas abandonné les outils qu’il avait encore il y a vingt ou
trente ans, il n’aurait pu pallier les méfaits d’une mondialisation qu’on a
voulu presqu’unanimement sans l’identifier et encore moins sans en prévoir les
conséquences. C’est vraiment « alien » en économie et en société. La France, par tradition et
par l’élection du 6 Mai, est en position de donner le signal de la novation. Le
seul signe que nous en prenions la posture est cette remarque fréquente de FH,
mais seulement allusive : une autre orientation de l’Europe.
Annexe III
notes de journal
le nouveau Premier Ministre, interrogé le mercredi 6 Juin 2012
TF1, 20 heures + 4ème fois que
l’on refond, en vingt ans, le système des retraites. Exposé des décisions du
matin. 110.000 au lieu de 150.000 selon la campagne. Le coût n’est pas de 5
mais de 3 milliards. – FH en voiture pour la commémoration du débarquement de
Normandie. Sous la pluie. FH passionné d’histoire. Vous jeunes de France… sauvez la paix. Consultation de Martine AUBRY.
Le Premier ministre, Jean-Marc AYRAULT, fond de
front de Seine, annoncé sur la réforme des retraites. C’est un engagement, que le président de la
République a pris pendant sa campagne, il est tenu. C’est
affaire de justice. C’est chose faite, c’est chose décidée. Nous connaissons la
réalité financière. Le visage de trois
quarts, légère asymétrie des yeux, le gauche plus ouvert, le jeu de main
seulement de la gauche aussi. Puis, les deux mains en couverture et non en
ouverture. Financement juste. – Vous
n’êtes pas inquiet d’être seul à faire cette réforme en Europe, alors que…
? – Nous avons rétabli la justice, la confiance nait en politique des
engagements tenus Mon rôle en tant quie
chef du gouvernement a été de mettre en œuvre cet engagement. – Martine AUBRY dit qu’on peut augmenter
davantage les impôts. – Ce qui est important est de lutter contre l’endettement. – MELENCHON… si une telle proportion ce
sont les 4 millions de Front de gauche qui ont fait l’élection de FH. – Comment
réagissez-vous ? Un coup de pouce au SMIC ? –Rattrapage
nécessaire mais réalité des entreprises.
Je suis pour l’écoute et la cohérence. Ma feuille de route est de mettre
en œuvre le projet du président de
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