Election
présidentielle 2012
observations
& réflexions
I V
18 Octobre .
17 Novembre 2011
la première étreinte ? ou l’entrée en liturgie
habituelle ?
J’ai une idée qui
me pousse comme un boulet : je ne veux pas voir la perte de mon pays
Georges
Clemenceau – déclaration gouvernementale . 17 Novembre 1917
Les faits…
14 Octobre – Standard & Poors abaisse de AA à AA- la notation de l’Espagne
18 Octobre – Moody’s
met la France
sous surveillance pour trois mois, Laurence Parisot et Valérie Pécresse
insistent sur le risque politique que représente notre pays dans la perspective
d’un retour à 60 ans pour l’âge légal de la retraite. – François Hollande en
Espagne pour y rencontrer le président du gouvernement, Jose Luis Zapatero. – Claude
Guéant fait l’éloge public de Bernard Squacini, directeur central du
renseignement intérieur, mis en examen pour avoir fait surveiller un
journaliste du Monde et apparaissant le 8 Novembre dans l’affaire du
Wagram – convention de l’U.M.P. sur le malentendu entre François Hollande et
les Français, chiffrage du programme socialiste : 250 milliards de
dépenses supplémentaires et 126 d’impôts en plus.
16 Octobre – au second tour
de « primaires citoyennes », François Hollande est désigné candidat
socialiste : 56,6% des suffrages exprimés sur 2,8 millions de votants
18 Octobre – le soldat
« franco-israëlien » Gilad Shalit est transféré en Egypte par le
Hamas
20 Octobre – élections syndicales dans la fonction publique d’Etat et
hospitalière – début des manifestations
catholiques intégristes contre la pièce de Romeo Castellucci au théâtre de la Ville (« sur le concept
du visage du fils de Dieu ») – à Syrte, mort violente de Mouammar Khadafi –
en Espagne, l’ETA (fondée en 1959) renonce à la lutte armée qu’elle avait entamée
en 1968
21 Octobre – les ministres
des Finances de la zone euro demandent aux banques d’effacer 50% de la dette
grecque
23 Octobre – Tunisie,
élections législatives : Ennahda, parti islamiste de Tached Ghannouchi,
emporte 89 des 217 sièges de la future assemblée constituante
24 Octobre – en
Grande-Bretagne, 82 députés conservateurs réclament un referendum sur le
maintien du pays dans l’Union européenne ou la renégociation de son
appartenance
26-27 Octobre – à Bruxelles,
sommet des 17 Etats membres de la zone euro : le Fonds européen de
stabilisation financière est abondé à 1.000 milliards d’euros, plan d’aide à la Grèce
28 Octobre 2011 – en écho à
l’entretien télévisé de Nicolas Sarkozy insistant la veille sur l’importance de
la convergence franco-allemande, Bruno Le Maire annonce que le programme de
l’UMP dont il est nommément chargé, sera en partie conçu en liaison avec la CDU
30 Octobre – par 107 voix
dont celle de la France,
contre 14 et 52 abstentions, la
Palestine est admise à l’UNESCO ; les Etats-Unis
suspendent aussi leur participation financière
31 Octobre – le Premier
ministre grec, Georges Papandreou junior annonce un referendum sur le plan
d’aide européen mais il est lâché par son ministre des Finances Evangelos
Venizelos et par le vice-Premier ministre Michalis Chryssohoïdis
1er Novembre –
Mario Draghi succède à Jean-Claude Trichet à la présidence de la Banque centrale européenne
2 Novembre – coktail-
molotov incendiant partiellement les locaux de Charlie-Hebdo. à la suite d’une
couverture « Charia hebdo » saluant les élections tunisiennes d’une
caricature de Mahomet
3 Novembre – l’UMP organise
un « atelier » sur « une Europe forte et protectrice »
3-4 Novembre – sommet à
Cannes du G 20, d’abord dominé par le cas grec, puis par celui de
l’Italie ; Georges Papandreou renonce à son referendum ; le FMI met
l’Italie sous surveillance ; commisération des pays émergents pour l’Union
européenne ; la BCE
baisse ses taux ; toujours pas de taxe sur les transactions financières
4 Novembre – tentative
manquée des indignés sur le parvis de la Grande arche
5 Novembre – Jean-Pierre
Chevènement, à nouveau candidat à la présidence de la République
7 Novembre – Alain Lambert,
U.M.P., ancien ministre du Budget dans le gouvernement Raffarin, évoque un
appel de 40 députés à une candidature d’Alain Juppé, alternative de celle de
Nicolas Sarkozy
8 Novembre – fondé sur les
investigations de services secrets occidentaux, un rapport de l’AIEA confirme
que l’Iran élabore une arme nucléaire
11 Novembre – en Grèce, à la
suite d’un accord entre Georges Papandreou et le chef de l’opposiktion Nea
Demokratia Antonis Samaras (le 6 Novembre), se met en place un gouvernement de
coalition présidé par Lukas Papademos, ancien de Goldman & Sachs et ancien
vice-président de la B.C.E.,
et élections anticipées ; l’extrême-droite en fait partie mais pas
l’extrême-gauche
12 Novembre – Nicolas Sarkozy
est prié de ne pas venir en Italie
14 Novembre – à Leipzig,
congrès de la CDU
proposant l’élection au suffrage universel direct du président de la Commission européenne
15 Novembre 2011 :
accord PS-écologistes pour une majorité parlementaire en 2012 mais pendant deux
jours polémique sur le libellé à propos du nucléaire et une intervention
d’Areva dans la rédaction socialiste – Michel Barnier, commissaire européen,
propose des mesures pour encadrer les agences de notation – Nicolas Sarkozy
discourt à Bordeaux sur le modèle social français, façon C.N.R. et de Gaulle,
que, loin de le trahir, il sauve – à New-York, début de l’évacuation du
campement Occupy Wall Street, square Zucotti
16
Novembre : Pierre Moscovici présente l’équipe de campagne de François
Hollande – Sea-France, à Calais, reçoit du tribunal de commerce de Paris un
sursis avec poursuite d’activité jusqu’à la mi-Janvier 2012 pour que se
constitue la coopérative des salariés repreneuse, mais les dirigeants empêchent
la reprise du service.
17
Novembre : Nicolas Sarkozy réaffirme l’option nucléaire de la France et assure qu’il n’y
aura pas de plan social chez Peugeot. Xavier Bertrand, ministre
du Travail assure que « sortir du nucléaire » coûtera 220 milliards
et 400.000 emplois. – l’Agence nationale de sûreté nucléaire recommande un
surcroît de vigilance
17-18 Novembre – en Italie,
Mario Monti, ancien de Goldman
& Sachs, lui aussi, et ancien
commissaire européen à la concurrence, obtient la confiance des deux chambres
et succède à Silvio Berlusconi (démissionnaire, le 12 après avoir perdu la
majorité le 8) à la tête d’un gouvernement de techniciens, dont il prend aussi
le portefeuille de l’Economie
18 Novembre – en visite à
Moscou, François Fillon oppose François Mitterrand à François Hollande à propos
du nucléaire
Le président
sortant, dont la re-candidature pouvait paraître douteuse, au début de
l’automne tant les sondages lui paraissaient contraire, et son gouvernement
sont minoritaires dans le pays et dans le vœu des Français, mais pas dans leurs
pronostics : c’est même une des raisons de l’inertie de ceux-ci. La
gauche, sous son nom et selon ses traditions et ses bilans de gouvernement,
n’est pas pour autant majoritaire. Le Parti socialiste et son candidat avaient,
putativement, ces dernières semaines deux avantages considérables à l’ouverture
de leur campagne : la démonstration – unique et sans précédent en France –
de démocratie directe qu’ont constituée les « primaires citoyennes »
et le ralliement de tous les hiérarques au plus voté, l’évident fiasco de la
présidence des G 8 et G 20 que Nicolas Sarkozy avait au contraire regardé comme
son tremplin décisif pour sa réélection. Il apparaît maintenant que François
Hollande est sur la défensive à propos du nucléaire, thème le plus délicat et
parlant qui soit, et que Nicolas Sarkozy n’est toujours pas mis en difficulté
sur son bilan, comme s’il n’existait aucune alternative à l’action qu’il a
menée depuis quatre ans et demi en exclusivité de mise en scène et de
responsabilité personnelle.
Pourtant le
régime à abattre et le cours à changer sont en pleine lumière.
L’arrêt de la Cour d’appel de Paris
déboutant les contestataires d’un marché de gré à gré signé entre la première
directrice du cabinet à l’Elysée et un ami personnel du président régnant, a
pour motivation l’immunité pénale mise en place pour Jacques Chirac et ses abus
à la mairie de Paris. C’est consacrer l’irresponsabilité d’un omni-intervenant.
La plus haute hiérarchie policière ayant ordonné de chercher les sources du
journal Le Monde quand celui-ci rendait compte des audiences et de
l’instruction dans l’affaire Bettencourt, mettant en cause le président régnant,
est maintenu et même mis à l’honneur.
Le cours à
changer s’identifie quand un collège restreint de chefs d’Etat ou de
gouvernement (le G 20) voue aux gémonies un Premier ministre, décidant hors son
sein, de consulter son peuple par referendum sur les conditions posées à l’aide
international et quand – sans qu’en trois ans rien n’ait été mis en place
contre les dumpings chinois, les spéculations financières et les paradis
fiscaux, pas même l’amorce d’une taxe sur les transactions financières ou d’une
généralisation de la prohibition des opérations de bourse à découvert – les
changements de gouvernement en Grèce et en Italie portent au pouvoir certes
d’anciens très hauts responsables européens, mais qui sont en même temps des
anciens de Goldman & Sachs.
La compétition
présidentielle devrait donc être d’abord éthique, elle devrait dégager des
exigences dans l’ordre national et dans l’ordre international, discerner et
faire discerner des repères et des références. Elles sont – pour moi –
archi-simples. La démocratie chez nous, ce qui suppose la décision populaire
fréquemment sollicitée quelle que soit la complexité des matières : l’art
politique consistant à éclairer un débat et non à l’empêcher par l’échange
d’invectives entre les acteurs sur scène. L’émergence européenne par une
novation institutionnelle donnant à un président de l’Union la légitimité et le
pouvoir vis-à-vis de nos partenaires et concurrents, et vis-à-vis des classes
politiques nationales.
Jamais depuis
1958 et la refondation française par le général de Gaulle – celui-ci fort d’une
légitimité le dispensant de toute élection, acquise par sa correspondance le 18
Juin 1940 avec l’appel et le sentiment profond de Français conscients de
l’abîme où nous tombions – jamais depuis ces deux dates, notre pays n’a couru
le péril de mort où il se trouve actuellement. La chance pour la France veut que ce péril
soit commun à tous les pays européens, même si peu évoquent la Grande-Bretagne
puisque celle-ci est hors zone euro, et beaucoup croient l’Allemagne
invulnérable. On n’est jamais fort – entre peuples et pays, dans une période et
une conjoncture données – que de la faiblesse ou de la tolérance des
autres : Hitler, la Chine
même si ce n’est pas comparable, le démontrent. L’ensemble des Européens des années
30, et pas seulement les Allemands, et les Allemands sans doute moins que les
autres, sont responsables de la montée en puissance du nazisme et de ses
abominables victoires. Nous avons édifié le cynisme chinois en tolérant par des
règles valables seulement entre économies analogues un dumping social sans
précédent historique, désindustrialisant l’Europe et particulièrement la France, et en cautionnant
par notre commerce avec Pékin en tous registres, du sport à l’investissement
technologique, un régime d’asservissement et d’annexion : exodes rural
puis urbain, sort du Tibet… Quoique les Etats-Unis soient autant en ruines que
nous, leur crédibilité demeure telle et le cours du dollar tellement répandu
deouis la Seconde
guerre mondiale que leur économie reste une valeur refuge, relativement à toute
autre, l’Allemagne en meilleure santé ayant la même rente de situation, borgnes
au milieu des aveugles.
Or, la
campagne présidentielle qui s’annonce garde les caractères du mandat
quinquennal qui s’achève : l’évident fiasco aussi bien du programme
triomphaliste de 2007 que de la gestion des crises internationales, y compris
stratégiques avec les « printemps arabes », les piteuses évacuations
de l’Irak, de l’Afghanistan et la honteuse pérennisation de l’impasse en
Palestine, se traduit bien par une impopularité – également sans précédent sous
la Cinquième République
– de ce qui est appelé déséormais « l’exécutif », mais ne laisse pas
présager sa faillite électorale. L’énigme reste complète d’un président
omni-présent dans les médias, dans les décisions et les processus de
nomination, de législation et qui ne recueille, dès le dixième mois de son
exercice du pouvoir, que bien moins de la moitié des opinions favorables chez
les sondés. Enigme aussi que son gouvernement reste crédible – à l’intérieur du
pays, car il ne l’est manifestement plus au dehors – pour continuer de
s’engager à échéance de plusieurs années après une élection présidentielle qui,
elle, est à échéance de six mois.
L’opposition
de gauche n’est pas parvenue – à ce jour – malgré le succès populaire et
médiatique des « primaires citoyennes » en elles-mêmes et par
contraste avec l’absence de délibération ouverte sur le candidat le plus
souhaité par les électeurs de la droite, à constituer une alternative reconnue comme
telle. Flou ou fouillis entretenus autant par cette opposition et ses propres
démêlés, plus tellement internes mais avec ses divers flancs extrêmistes ou
écologiques, que par les médias. Nicolas Sarkozy avait su faire souhaiter par
une majorité de Français dépassant de beaucoup la majorité qui se constitua sur
son nom au second tour en 2007, une rupture avec le cours de Jacques Chirac,
alors même que – rétrospectivement, c’est criant – le temps était calme, la
seule mouvementation politique était la perspective d’une succession ouverte à
un vétéran moins ardent à l’Elysée qu’il n’avait été pendant presque trente ans
à le briguer. Aujourd’hui, François Hollande rendrait plutôt émollients le goût
et l’envie de rompre avec tout ce qu’a détruit ou empêché Nicolas Sarkozy.
La raison en
est que l’opposition se laisse imposer un type de programme et un type de
personnage présidentiels, alors que la majorité sortante impose pour 2012-2017
une façon d’être et de faire en politique que son champion lui a inculqué
depuis 2007 et pour les initiés ou les pratiquants du jeu politique depuis 2002
au moins.
Ces
constatations équivalent à reconnaître qu’il n’y a pas de débat, pratiquement
pas d’élection mais que pour autant la France n’est plus dirigée – sans que ce soit
causé d’ailleurs par l’impopularité de ses gouvernants, mais au contraire par
leur peu de capacité – et qu’au moment où l’Europe se constitue autrement
qu’elle le faisait (fort mal) depuis les premiers élargissements des
Communautés puis de l’Union, notre pays est pour la première fois absent :
les apparences ne trompent pas.
I – Partis ou candidats ? programme
ou personnalité ? stratégies électorales
Michel Sapin –
sur la chaîne parlementaire, le soir du 16 Novembre – a parfaitement caractérisé
l’élection présidentielle sous la Cinquième République
en la disant à la fois de parti, de programme mais aussi de rencontre directe
entre le candidat et les Français. Mais plus que jamais cette acception ne vaut
que pour les opposants. Le président sortant n’est réellement exposé qu’à titre
personnel. Il dispose d’une supériorité écrasante dans la maîtrise des dossiers
parce qu’il les a lui-même constitués pendant son premier mandat.
Stratégiquement
pourtant, les principaux protagonistes – à l’heure actuelle – François
Hollande, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy sont à égalité, en ce sens qu’ils
n’ont pas les handicaps de leurs prédécesseurs aux élections présidentielles
récentes.
L’élection
présidentielle française est à deux tours mais tout se passe, cette fois-ci,
comme en 2002, comme si la place était à prendre par le premier tour, et dans
chacun des deux camps prévisionnellement en présence au second, toute l’affaire
est d’être reconnu par son propre camp.
Au Parti
socialiste, réputé largement en tête de tous les partis de gauche et même
d’opposition, la compétition pour l’investiture a été d’autant plus âpre que
les sondages promettaient l’élection présidentielle au candidat socialiste quel
qu’il soit ; la consultation valait entrée à l’Elysée. Il est miraculeux
que les échanges et la compétition n’aient pas par avance discrédité le
candidat investi ainsi. Sans doute parce que les débats n’ont pas été occultes
mais au contraire tout à fait publics, et principalement des débats de
programme. Les médias ont alors joué – ce qui était devenu rare – un rôle
positif. Les candidatures autres – délibérées plus ou moins par des instances
collectives : Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, ou auto-proclamées :
Jean-Pierre Chevènement – ne semblent pas devoir peser comme elles pesèrent
dans les élections précédentes. En théorie, François Hollande est donc en bien
meilleure situation que Lionel Jospin, surpris par Jean-Pierre Chevènement, et
que Ségolène Royal, contestée dans son propre parti. En réalité, il a à faire
avec un président sortant qui, bien plus impopulaire que ne l’était
relativement Jacques Chirac face à Lionel Jospin, est cependant crédité de bien
plus de voix au premier tour que n’en obtint jamais Jacques Chirac, en place ou
tentant d’y parvenir : 20% pour celui-ci, 23 à 26% pour Nicolas Sarkozy en
intentions de vote.
Le président
sortant a réussi – sans que cela soit très commenté – un chef d’œuvre
tactique : de Gaulle avait eu à sa droite Jean Lecanuet qui lui prit
beaucoup en 1965, Jacques Chaban-Delmas ne put être le candidat unique de la
majorité sortante et perdit celle-ci, Valéry Giscard d’Estaing à son tour
échoua du fait du compétiteur qu’était devenu son Premier ministre Jacques
Chirac, lui-même mis en difficulté par Raymond Barre en 1988 et par Edouard
Balladur en 1995. Jacques Chirac saisit, presqu’au dernier moment, le prétexte
de son état de santé (pas déficient en 2005-2007 de la même façon que depuis
l’ouverture de son procès en correctionnelle) pour ne pas se représenter pour
un troisième mandat, alors qu’en réalité c’était bien Nicolas Sarkozy et
l’emprise de celui-ci sur le parti présidentiel qui le lui interdisait.
François Fillon a été le premier écarté en étant maintenu à Matignon, Alain
Juppé, rival putatif, ensuite parce qu’il a accepté d’entrer au gouvernement où
que ce soit (la Défense,
puis les Affaires étrangères, rôles d’apparence sous Nicolas Sarkozy, sauf
quelques mérites de couloir pour obtenir la résolution 1973 au Conseil de
sécurité à propos de la Libye),
Jean-Louis Borloo a craqué dans des conditions pas dites mais qui se supposent,
Hervé Morin ne présente pas le moindre danger. Il s’est agi pour le président
sortant de ne pas être éliminé au premier tour, en n’étant que troisième.
Claude Guéant, depuis qu’il a été nommé à l’Intérieur le supplée très
avantageusement vis-à-vis du Front national et le dispense d’avoir à prononcer
à nouveau le discours de Grenoble (30 Juillet 2010) qui choqua l’épiscopat
français, et la Commission
européenne. Il lui permet même le discours de Bordeaux (15 Novembre 2010) dont
le thème aurait prêté à une stigmatisation des ressortissants allogènes, mais
qui a visé un adversaire – pas encore vraiment nommé quoiqu’il en soupçonne la
grande puissance virtuelle : les « indignés » et leur référence
Stéphane Hessel, d’où l’évocation insistante du Conseil national de la Résistance.
Marine Le Pen,
succédant sans difficulté à son père, souffre du même handicap que lui :
la solitude. Le système électoral pour le Parlement ne lui donne pas d’élus
notoires. Elle n’a pas de lieutenants d’audience personnelle, comme si le Front
national en excluait jusqu’à la légitimité. Elle souffre, moins que lui, d’une
image figée mais sa tentative de manifester, par un voyage aux Etats-Unis,
qu’elle peut disposer d’une expérience internationale, a échoué. Elle reprend
stratégiquement ce qu’exposa Bruno Mégret au lendemain des élections régionales
de 1998 si spectaculairement réussies par le mouvement extrêmiste : la
proposition d’alliances et de soutiens faisant intégrer par le Front national
le système des partis. François Mitterrand était demandeur de l’alliance
communiste, statistiquement, et n’y voyait aucun risque dès lors que le Parti
socialiste avait enfin nettement doublé dans les urnes le Parti de Georges Marchais.
Nicolas Sarkozy sera certainement demandeur pour le second tour si Marine Le
Pen ne l’en a pas écarté. Cette joute, aussi décisive pour le président sortant
que son face-à-face public avec François Hollande, ne se déroule que dans
l’implicite. A la clé, la réélection du candidat et des parlementaires, voire
des portefeuilles pour la candidate. Pour la véracité du fonctionnement des
institutions françaises, la « normalisation » du Front national est
nécessaire : le Parlement n’est pas pleinement représentatif s’il y manque
les soutiens du troisième sinon du second des candidats à l’élection
présidentielle dans l’ordre d’arrivée… Ses thèmes, s’ils n’étaient que les
siens, auraient peu d’efficience, ils sont devenus ceux de l’actuel
gouvernement : autant l’avouer, l’U.M.P. est en comportement, en idéologie
plus proche du Front national que des grands thèmes portés par le général de
Gaulle. Une alliance, contractée entre les deux tours, par Nicolas Sarkozy ne
pouvant explicitement gagner qu’avec les Le Pen, se paiera en participation
gouvernementale et en circonscriptions : rien de choquant, puisque la
collusion idéologique est évidente : l’U.M.P. l’a acceptée de son champion
dès 2007 et l’inscription au programme présidentiel de l’identité nationale. A
l’inverse, l’extrême-gauche est sur-représentée dans l’ensemble des
institutions nationales et locales : son candidat pour le Front de gauche,
Jean-Luc Mélenchon, transfuge du Parti socialiste, n’atteindra certainement pas
les scores auxquels Arlette Laguillier pour Lutte ouvrière était parvenue par
une prestation si mécanique qu’elle en était devenue très personnelle,
inimitable. Quant au successeur d’Olivier Besancenot, il n’a pas réussi. Leurs
pétitions et démonstrations sont désormais défendues au Parti socialiste par
Arnaud Montebourg, ce qui en périme l’autonomie électorale.
Les différents
« centres » qui, jusqu’à la candidature de Jean Lecanuet en 1965,
étaient répertoriés : « modérés », semblent avoir moins de
chances que jamais. François Bayrou a été le seul de ses champions à ne rallier
aucun des deux principaux blocs ni en 2007 pour peser au second tour, ni
pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, mais il n’y a rien gagné. Christine
Boutin ne revendique pas l’héritage chrétien démocrate ou sociale mais elle a
des troupes faute d’élus, Hervé Morin a des élus mais pas de troupes. Les
écologistes n’ont de chances qu’à la
proportionnelle et au scrutin de liste, donc à l’élection européenne. Daniel
Cohn-Bendit a raison de se demander s’il est nécessaire qu’ils aient un
candidat à l’Elysée. Le marchandage de sièges qui ne peuvent leur être concédés
que par le Parti socialiste est dangereux pour tous, c’est afficher que les
électeurs sont à tondre et ne discernent pas les personnalités et les
étiquettes, votant sur simple recommandation, c’est rendre artificielle la
relation entre un élu et ses électeurs. C’est pratiquer le jeu du parti
présidentiel sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy : disposer des
circonscriptions sûres comme des positions éligibles en scrutin de liste pour
placer des gens d’appareil, Benoît Hamon, ne pouvant se faire élire à Auray,
Cécile Duflot habitant en banlieue parisienne sans y rayonner personnellement.
Cette
appréciation proche de l’appropriation d’une circonscription et des électeurs
qui y votent, est plus voyante quand se « négocient » les places entre
partis dominants dans un camp et leurs satellites respectifs, mais la France est elle-même
considérée de la même manière quand s’évalue le rapport droite/gauche. Les
citoyens ne sont vraiment considérés par les partis qu’électeurs et donc
facteurs d’incertitudes pour la tenue de leurs fiefs respectifs. Il est apparu
depuis le général de Gaulle qu’une partie de l’électorat – étiquetable en
l’absence d’une personnalité forte – est sensible et ductile quand celle-ci
apparaît : Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac figent le rapport de
forces droite/gauche. Jean-Marie Le Pen au contraire le fait bouger, sa fille
peut-être aussi dans six mois : l’élection apparemment aberrante d’un président
sortant n’ayant obtenu en nom propre que 20% des suffrages exprimés. En
revanche, l’homme du 18-Juin ou François Mitterrand pour le programme commun de
gouvernement en 1981, pour la restauration d’une présidence arnitrale en 1988,
bouleversent les donnes habituelles. La droite n’a pas la nécessité de se
bouleversement pour que son champion l’emporte sauf rivalités de candidatures, la gauche en a
absolument besoin. Là est la question pour François Hollande : seule,
l’élection au terme des « primaires », puis éventuellement à l’issue
du second tour de la présidentielle, lui donne une équation personnelle. Sa
fonction de directeur général du Fonds monétaire international donnait à
Dominique Strauss-Kahn cet aura d’expertise semblant correspondre à la
situation : Valéry Giscard d’Estaing, ministre des Finances du général de
Gaulle puis de Georges Pompidou, avait bénéficié du même préjugé lors du
« premier choc pétrolier ». Martine Aubry présentait au contraire une
personnalité déjà très typée, grâce aux attaques constantes de la droite à
propos des trente-cinq heures : elle aurait apporté au processus électoral
la dominante d’un débat de programme, d’une mise en perspective d’alternatives
de politique économique, que ne parvient pas jusqu’à présent à produire le
candidat de la gauche et dont est, par hypothèse, dispensé le président
sortant. Nicolas Sarkozy – contrairement à 2007 – ne se présente pas en
candidat de programme ou d’engagements divers, mais en personnalité, ayant
selon ses soutiens et surtout selon lui-même, la capacité d’affronter quelque
situation que ce soit, puisque précisément la conjoncture économique et
financière a totalement changé et plusieurs fois pendant son premier
quinquennat, et surtout que la suite… est imprévisible.
II – Tous les outils manquent pour
construire, et surtout le peuple
La plus
évidente des caractéristiques de la crise actuelle n’est pas sa
« concentricité » : les printemps arabes à notre alentour, la
crise de l’euro. à notre périphérie, la mise en cause par des juges extérieurs
(agences de notation et Commission européenne) de nos manières de nous gérer,
interrogation sur ce que nous sommes devenus économiquement et socialement,
extraordinaire itinéraire d’introspection en une dizaine de mois seulement… elle
est l’imprévision de chacun de leurs développements. Ni les multiples conseils
et expertises dont s’entourent nos gouvernants, à organigramme public ou selon
des réseaux ou des influences d’initités, ni les métiers ad hoc d’économistes,
d’agents de renseignements, de diplomates, de comptables et sociétés d’audit
n’ont prévu – chacun selon son métier – les bouleversements au sud et à l’est
de la Méditerranée,
n’ont prévu la reprise en théâtre non plus américain mais européen de la crise
financière et économique, n’ont prévu la chute de D.S.K., les mûes
gouvernementales dont la série a commencé et qui atteindra peut-être la France et l’Allemagne. Il y
a une part de dissimulation certes : le rôle de Goldman & Sachs,
nouvelle « main invisible qui nous dirige » pour ce dernier
trimestre, après que c’ait été les agences de notation en corps au troisième
trimestre. Il y a les circonstances de la mort de Khadafi. Mais
fondamentalement des phénomènes aussi vastes et puissants qu’un doute sur la
solvabilité de la plupart des Etats européens, de leurs système de banques et
d’assurance, ou bien la contestation en cause de tous les régimes
arabo-musulmans, tous autoritaires et d’une longévité défiant la démocratie,
n’ont pas été prévus et, tandis qu’ils continuent de se développer, ne sont pas
identifiés. Les gouvernants ont le visage sur leur copie, et de perspectives
que la date du renouvellement de leur mandat. La France n’a pas fait
exception mais elle est atteinte bien plus que d’autres puisqu’elle passait
pour capillaire avec le monde arabe et pour plus que familière avec le Maghreb,
puisqu’elle continue de se targuer d’une réputation inentamée de solvabilité.
Les tests de solidité du système bancaire dans chacun des Etats membres de
l’Union à la fin de Juillet défiaient les avertissements du F.M.I. et le
rapport de l’Agence sur les réadio-réactions et la sûreté nucléaire, plus
dubitatif que les assertions gouvernementales en France, passe pour un élément
du débat électoral et pas du tout pour un avertissement, alors que –
contrairement aux simulations pour les banques qui omettaient les conséquences
d’une faillite d’Etat (la Grèce)
– il envisage nos défaillances en cas de tempêtes ou de séisme. La France a pourtant deux
institutions d’analyse et de prévision économiques : I.N.S.E.E. et
O.F.C.E. mais elle se défie depuis une quinzaine d’années de ce que peuvent
produire les concertations entre expertises et projets sectoriels : plus
de Commissariat au Plan, dédain des expériences des centrales syndicales selon
les éphémérides des professions et des entreprises. La seule planification qui,
en France, demeure est la stratégie de délocamsation de nos industries. Quoique
l’Etat donc les contribuables, les citoyens aient renfloué banques et
constructeurs automobiles à condition qu’ils aient des égards pour leurs
salariés, préservent l’emploi et reviennent à leur vocation première, B.N.P.,
Société générale et Crédit agricole suppriment des postes (on ne dit
plus : licencient) et Peugeot délocalise ouvertement, y compris la recherche.
Le coup par
coup du gouvernement, avec comme porte-parole le Président lui-même, et celui
des syndicats devant les tribunaux. Action gouvernementale pour propagander sa
compassion pour les futurs ou nouveaux chômeurs, mais aucune efficacité car l’effet
de réseau – qu’a symbolisé la soirée au Fouquet’s – ne répond pas aux décisions
financières. Retour aux inventions, tentatives et probables fiascos que la
liquidation de Lip à l’automne de 1973 divisant le gouvernement d’alors (celui
de Pierre Messmer où le Premier ministre s’opposa au ministre de l’Industrie,
Jean Charbonnel) a inauguré il y a maintenant plus d’une génération.
Le président
sortant qui a échoué pour les derniers haut-fourneaux se contente d’annonce nuançant ou annulant, dans les termes
mais pas dans les faits, les décisions de Peugeot. Ce qui dès le début de son
quinquennat décrédibilisa Lionel Jposin : l’affaire Vilvorde ou la
conduite de Renault en Belgique, ne semble pas aussitôt chahuter Nicolas
Sarkozy à la fin du sien. L’opposition de gauche, tout à son calendrier de mise
en ordre de bataille pour le Partis socialiste, ou de traits d’humour pour
Jean-Luc Mélenchon, n’exploite pas et ne prend pas, quotidiennement, à son
compte les initiatives des syndicats de base dans les entreprises
menacées : une liaison maritime Calais-Douvres, le conditionnement de thé
et d’infusions en Provence, et les décisions juridictionnelles qui les
permettent, les suscitent. La vie semble dédaignée par la campagne
présidentielle qui commence.
Aucune introspection
dans la majorité sortante sur l’évident vau-l’eau budgétaire, sur la
contradiction entre des économies par dizaines ou centaines de millions
seulement et un nouvel emprunt de plusieurs dizaines de milliards dont la rue
de Bercy se félicite parce qu’il est encore à tel taux et atteste donc un
crédit intact. Alors que la coincidence de la durée des mandats législatif et
présidentiel : deux quinquennats se superposant et issus d’une même
majorité d’électeurs, permettrait une planification et une concertation à moyen
terme, la France
vit maintenant des ajustements monétaires à vue, selon les agences de notation
ou les admonestations de Bruxelles. L’opposition ne présente pas un plan
d’ensemble, mais seulement des mesures. Comme le gouvernement actuel, elle se
laisse dépasser par le pessimisme croissant des perspectives d’évolution
macro-économique.
L’abstraction
de l’une et le cynisme de l’autre ont la même origine. Le peuple se tait, le
mouvement social semble ne plus exister, le mondialisme a engendré une perte, à
toutes échelles, du sens de la solidarité : entre peuples, entre salariés.
Tandis qu’au contraire la collusion entre dirigeants à titre ouvertement
personnel, qu’ils soient politiques, économiques et financiers, s’intensifient.
Le peuple, notamment en France, où les armes ont été baissées en trois moi
seulement de manifestations de rue en 2010 contre la réforme des retraites, ne
se lève pas et soutient donc de fait les décisions gouvernementales. Et il est
à prévoir qu’il sera beaucoup plus remuant en cas de gouvernement de gauche. La
tradition dont hérite celui-ci est d’un découplage constant entre le mouvement
social et l’exercice du pouvoir. Cela commença avec la victoire électorale du
Front populaire dont les grandes réformes furent imposées au gouvernement de
Blum par une grève générale qu’il était le premier à déplorer. Ni en 2003
contre la première réforme Fillon ni en 2010 contre celle de Woerth, dont à
aucun moment la mauvaise foi voire l’honnêteté pour d’autres objets, ne furent
vraiment relevés à charge par les syndicats, n’a été donné l’ordre de grève
générale, seul de nature à faire bouger les lignes, puis les choses :
1936… 1968… La réforme dite Pécresse à l’automne de 2007 n’a pas fait appuyer
par le salariat la révolte des universités, étudiants et professeurs protestant
ensemble. Voyant plus loin que les contestaires, Nicolas Sarkozy et ses
exécutants ont au contraire su redouter l’entrée en lice des lycéens, celle des
chauffeurs-routiers, maintenant celle des « indignés » s’ils
parvenaient à « squatter » place de la Bastille, ceux de la
grande Arche s’étant avéré trop peu nombreux pour inquiéter qui que ce soit. Au
contraire, la gauche – aussi bien lors des mouvements et rafles des
sans-papiers en 1996 qu’à l’automne de 2007 – ne s’est pas manifestée et
persiste à ne pas compter sur le mouvement social pour arriver au pouvoir. Elle
le redoute au contraire comme l’épouvantail pour les électeurs hésitants.
1936, 1947,
1953, 1968, 1995 avaient chacun produit une énigme : la dialectique des
initiatives gouvernementales et des réactions salariales, étudiants,
syndicales, avec en point commun l’abstention des partis de gauche. 2010
inaugura un timide revirement de jurisprudence : les manifestants furent
plébiscités, en sondage, par une très forte majorité de Français, mais ce fut
sans suite et à droite ce ne fut pas vécu comme le désaveu du président régnant
et de ses ministres d’alors, seulement comme une prière qu’ils veuillent bien
considérer le souhait de leurs compatriotes. Le quinquennat qui s’achève a
multiplié ce qui eut passé naguère, pour une seule de ses
« réformes », comme d’inadmissibles reculs ou des défis : âge de
la retraite, maillage des sites et guichets des services publics à travers tout
le territoire, défausse systématique du budget de l’Etat.
Les médias,
par leur commentaire, ou les réseaux d’aujourd’hui en communication virtuelle
ne jouent pas encore ou toujours pas… en France le rôle qu’ils ont joué en
Tunisie et en Egypte, et surtout dans une Syrie fermée aux échanges avec
l’extérieur. Ils mettent plutôt en cause l’opposition de gauche – la réalité de
son unité interne, sa responsabilité dans le camouflage des addictions de son
champion jusqu’à la mi-Mai 2011, ses programmes, ses alliances, ses capacités,
son passé gouvernemental, l’authenticité de comportements de ses têtes
d’affiche – et au mieux, pour elle, comme cela s’est vécu pour les trois
émissions télévisés marquant les « primaires », ils sont ses
examinateurs. Avec très peu d’empathie, une ignorance des dialectiques
possibles et l’habituel vernis sur l’instant des dossiers, mais pas sur le fond
de ceux-ci. Encore moins que les politiques, ils envisagent un changement des
règles du jeu économique et financier. S’il n’y a plus de mouvement social, il
y a encore moins de prophétisme dans le journalisme. Alors que les prévisions
du Défi américain de
Jean-Jacques Servan-Schreiber se réalisent à la lettre, mais par les menées
chinoises et non les américaines, aucun livre ne sort qui devienne autorité
morale. Le cri de Stéphane Hessel est une révolte pas une explication ou une
apocalypse : Indignez-vous.
Il y avait eu,
parallèlement à la renaissance nationale du fait du retour du général de Gaulle
« aux affaires », le club Jean
Moulin, creuset de civisme aux ouvrages marquants (l’Etat et le citoyen) et prodrome d’une conscience
d’opposition, alternative à la fondation de la Cinquième République.
Il y eut dans les années 1980 le club de
l’horloge : la matrice
néo-païenne et de prétention plus philosophique que sociologique, plus
analytique que propositif. La « droite décomplexée » allait en
naître. Depuis deux ou trois décennies, en même temps que s’est imposée la
dogmatique nouvelle d’un libéralisme qui n’est plus la liberté d’entreprendre
mais celle d’abstraire l’économie du salariat et de confiner le capitalisme
dans la spéculation et le chantage, plusieurs découplages se sont opérés,
isolant la politique de la vie et lui ôtant sa mission d’expression,
d’orientation et de synthèse qu’elle avait toujours joué quels qu’aient été ses
acteurs et leurs récitations. La nouveauté est aujourd’hui administrée par les
indididus qu’ont produit le chacun pour soi, la recherche de la notoriété et
une certaine cupidité sans que rien – ni rémunération ni parcours au culot et à
la cooptation – ne se justifie par des performances industrielles ou
commerciales et des intuitions stratégiques. La politique, plus professionnelle
que jamais, a de plus en plus besoin de mentors et de sous-traitants hors de sa
sphère et sans l’éthique que les citoyens lui croient encore.
Les forts
sentiments de rejet qu’ont été l’antiparlementarisme ou l’abstentionnisme
semblent maintenant relayés par une indifférence quasi-générale à la manière
abusive dont Nicolas Sarkozy a exercé une partie de ses fonctions – car la
principale, faire du peuple le juge, il l’a constamment éludée : ni le
traité de Lisbonne, ni la réintégration de l’O.T.A.N., ni la révision
constitutionnelle, ni le statut de La poste et partant la place du service
public, chez nous, malgré une pétition rassemblant autant que la primaire
socialiste, n’ont été traités par referendum. L’exercice hypertrophié de la
fonction présidentielle aurait pu monter une majorité de Français contre le
président revendiquant la décision mais n’aboutissant jamais à changer le sort
des victimes de leur employeur ou des différentes réformes gouvernementales,
quand celles-ci sont trop peu étudiées : ainsi du décalage entre les
indemnités d’attente de la retraite et le recul de l’âge de celle-ci. Il semble
au contraire que Nicolas Sarkozy, dont la chute dans les sondages avait
initialement reflété une désapprobation massive pour l’« étalage » de
sa vie privée, n’est plus critiqué que pour les politiques qu’il incarne mais
pas pour la responsabilité exclusive et explicite qu’il en revendique. La
révision constitutionnelle, par la jurisprudence du quinquennat qui s’achève,
est acceptée. Il n’est pas sûr que l’opposition à sa manière d’exercer la
présdence de la République,
soit un thème gagnant.
III – La catastrophe économique,
financière et européenne précèdera l’élection présidentielle française
Le scrutin
prochain est décalé de neuf-dix mois par rapport à ce qu’il est convenu
d’appeler la crise des dettes souveraines. Il ne sera donc pas curatif, il va
au contraire banaliser les programmes puisque les deux principaux dogmes
politiques – en France – dont la critique n’était que marginale jusqu’à cet
été, sont aujourd’hui mis en question : Nicolas Dupont-Aignan, Jacques
Nikonoff et maintenant Jean-Pierre Chevènement s’il persiste dans une
candidature sans sa crédibilité de 2002 se distinguaient par un souverainisme
prophétique. Celui qui avait suivi la ratification de Maastricht et avait
dominé les élections européennes de 1998 – l’alliance Charles Pasqua/Phjilippe
de Villiers – était forcément passéiste. Ses deux incarnations n’avaient pas pu
s’approprier le succès du non en Mai 2005. Cet automne voit se former un
consensus sur deux thèmes contradictoires parce que l’avenir ne va plus de
soi : abandonner l’euro. semble moins radical qu’aller à un rebond
fédéraliste en Europe pour tenir tête aux agences de notation, aux marchés, aux
grands concurrents émergents (spécialement la Chine). Les partis français sont cependant –
contrairement à ceux des années 1950 – très en retard sur ceux de l’Allemagne.
Notre voisine et partenaire décisive est divisée sur l’euro. et la solidarité
avec les surendettés (les « PIGS »), elle ne l’est pas sur une
avancée fédéraliste : le congrès C.D.U. de Leipzig a été aussi technique
qu’en cohérence avec des thèses jusques-là S.P.D. : accroître les
coméptences de la Cour
de justice pour sanctionner les mauvaises conduites budgétaires des
Etats-membres, élire le président de la Commission européenne au suffrage direct. Nous
sommes divisés sur les institutions européennes mais pas sur l’euro.
L‘évaluation a seulement commencé chez nous sur les avantages et inconvénients
de jouer d’un des deux thèmes sur l’autre. Autant, les principux Etats-membres
de l’Union sont déjà fixés : la Grande-Bretagne, qui n’est pas membre de la zone
euro., souhaite encore moins de fédéralisme qu’il en existe et l’Allemagne
penche pour une zone euro. restreinte.
Ni le
président sortant ni l’opposition de gauche ne posent ces questions ni ne
mènent le débat. Les tabous de vocabulaire demeurent dans les grands partis –
demeurer « crédibles » en tant gouvernants putatifs ou en possession
d’état. Ce qui peut faire valoir les néo-souverainistes.
Ce débat de
fond ne sera probablement pas mené, même si l’Allemagne y est prête. La
catastrophe sera survenue avant, aussi bien parce qu’aucun remède n’aura été en
quatre ans vraiment pris qui enraye les mécanismes de faillite et de
spéculation : nationalisation générale des banques, recours à l’emprunt
populaire direct au moins au niveau des Etats européen et au mieux à la
signature unqiue de l’Union (qui a enfin la personnalité morale en tant que
telle depuis le traité de Lisbonne), mutualisation des dettes, ce qui de facto
mènera les Etats-membres à adopter des mœurs fédérales : les budgets ne
leur appartiendront plus en propre… que par valorisation des agresseurs
commerciaux, monétaires, spéculatifs.
Le sauvetage
de la Grèce,
les probables sursis accordés aux trois autres pays du sud au bénéfice de leurs
changements respectifs de gouvernement, au moins en Italie et en Espagne,
assurent probablement un palier de stabilité jusqu’à la mi-Janvier : fonds
de pension, grandes entreprises, investisseurs en général en sont à fixer leurs
bilans annuels. En référence aux exercices précédents, celui de 2011 est déjà
assez exceptionnel en catastrophe pour les Etats et en bénéfices pour les
agents privés pour que ceux-ci n’en rajoutent pas. Tandis que les gouvernements
français, allemand et américain sont appelés à changer en 2012 et s’absorbent
chacun en politique intérieure, sinon à se faire valoir les uns par les autres,
les acteurs économiques et financiers, objectivement alliés aux compétiteurs de
l’Occident, devraient mesurer – bien tard – que leur prospérité dépend de la
résurrection de leurs victimes : la Chine sans commerce extérieur est en panne pour
le seul secteur qui chez elle se soit modernisé, celui de son capitalisme
sauvage. Que celui-ci entre en crise, comme beaucoup de signes l’indiquent, et
la pression sociale sur un régime politique dont personne ne sait à l’étranger
le degré de souplesse ou de rigidité, pourrait dévaster l’économie mondiale
bien plus sûrement que la crise des dettes souveraines : déjà la référence
au New-York Stock exchange n’est plus exclusive dans notre Europe si suiviste.
Quant aux parieurs et investisseurs financiers, le jeu qu’ils mènent n’est pas
du tout fondé sur l’évaluation des économies réelles, mais sur la comparaison
entre valeurs-refuges, obligations américaines, métaux. Les Etats-Unis sont
bien plus souffrants et malades que l’Union européenne – réellement – mais leur
signature reste préférée faute de mieux. Barak Obama a eu raison d’affirmer que
la décote américaine selon les agences de notation n’a aucune incidence sur la
capacité de refinancement du budget fédéral. Le débat sur les finances
publiques outre-Atlantique est indépendant de l’étranger et de ses évaluations,
il est de politique intérieure et de compétition présidentielle. Au contraire,
en France, il est à la discrétion de l’étranger et de notateurs privés.
La dégradation
de la France
ne mettra pas fin aux emprunts sur le marché mais il augmentera encore
davantage notre dette – ce que nous payons ne l’amortit déjà pas.
Le débat
électoral est donc de pure forme d’ici le scrutin présidentiel puisque les
ajustements budgétaires et l’augmentation de la dette, encore plus vite que
pendant les quatre premières années du mandat qui s’achève, hypothèquent au
moins les deux prochains quinquennats. La solution – en catastrophe – ne peut
être que le moratoire et il faudra le faire proclamer par l’ensemble des Etats
de la zone euro. Le bond fédéraliste ne sera pas délibéré mais il s’imposera.
La confrontation d’analyses courtes sur le passé économique, fiscal et
budgétaire du pays et la mollesse déjà constatée des propositions économiques
et financières vont être de plus en plus décalées par rapport à l’acélération
des nuisances sur notre système financier. Dans le même temps – les
suppressions de postes (qu’on refuse d’appeler des licenciements et des mises
au chômage) dans le secteur bancaire et dans celui de l’automobile, les deux
secteurs précisément aidés par l’Etat en 2008-2009 – la désindustrialisation va
se poursuivre crûment. Les Européens et le gouvernement français actuel sont
chaque fois en retard d’une analyse et d’un thème : celui du
protectionnisme commence seulement à avoir droit de cité, et il est encore peu
décliné dans ses possibles variantes, il eût fallu le choisir il y dix ans, au
lieu de signer le traité de Marrakech. La difficulté d’aujourd’hui et le remède
sont tout autres : les équilibres budgétaires ou l’ambition de revenir à
des équilibres sont-ils compatibles avec la démocratie, et celle-ci se
confond-elle avec les simples mécanismes constitutionnels pour adopter les lois
et les budgets ? La proposition de referendum en Grèce a montré crûment –
ce que laissaient déjà penser les conseils donnés par Valéry Giscard d’Estaing
à Jacques Chirac de ne pas soumettre le traité constitutionnel européen au
referendum en 2005 et les ratifications du traité de Lisbonne partout selon la
voie parlementaire, sauf en Irlande sommée de s’y reprendre jusqu’à alignement
ou exclusion – que les gouvernements ne sont plus capables de risquer
l’essentiel au suffrage universel. Ce serait acceptable s’il s’en dégageait une
instance fédérale européenne, délibérant en tant que telle. Ce n’est pas le cas
puisque le dialogue n’existe qu’entre dirigeants politiques et stratégies des
investisseurs comme des grands groupes industriels. En France, les entreprises
qui ferment et délocalisent sont soit des invesstissements étrangers réalisés
pendant les années de croissance mondiale et nationale (des entreprises
moyennes dont on a salué avec bonheur le rachat par des étrangers), soit nos
derniers éléments d’industrie en propre qui constatent que la croissance et
l’avenir sont ailleurs qu’en Europe… et qui ne rencontrent aucun vouloir
national ou européen vraiment résolus : comment en serait-il autrement
puisque dans leur domaine, juridiquement établi, les Etats ne parviennent pas à
résoudre ce qui leur est propre, les problèmes monétaires et institutionnels.
Pour enrayer
cette chute tant que nous vivons un bref sursis, il faudrait au moins le
prophétisme. Nicolas Sarkzoy en est à envisager de prononcer « un grand
discours » donnant ses vues européennes. Le Parti socialiste n’a pas de
programme en politique étrangère vraiment saillant ; il ne s’est fait
entendre, grâce aux « primaires » appelant des débats
radio-télévisés, qu’en politique économique et sociale, c’est-à-dire selon
quelques projets supposés concourir à une relance qui a fait déaut depuis 2007,
même quand les années n’étaient pas encore trop mauvaises. La France dans huit mois sera
donc victime doublement du poids et du succès comparatifs de l’Allemagne, et du
démantèlement de l’Union européenne provoqué par celui de la zone euro. Les
réponses allemande et française ont chacune été au-dessous des
nécessités : Berlin et l’opinion générale du Rhin à l’Oder mettent en
cause l’édifice institutionnel et monétaire actuel, la rue de Bercy a quémandé
l’entrée de la Chine
et des pays émergents dans le Fons de soutien. L’accord entre les deux
gouvernements sur quelques éléments de réglementation financière internationale
n’a pas d’effet d’entrainement sur une majorité des autres Etats-membres
(opposition marquée de la
Grande-Bretagne et de la Suède), ni a fortiori sur le reste du monde.
Aussi bien la France officielle que
l’opposition de gauche sont donc hors sujet depuis le début de cette année
alors que la présidence, nous étant revenue, des G 8 et G 20 devait mettre en
grande posture le président sortant, et que les sondages si dévarorables à
celui-ci devaient donner l’exclusivité de la parole française à l’opposition
par une anticipation générale de son arrivée au pouvoir sous peu. Hors sujet
parce que aucun des deux compétiteurs – occupé qu’est chacun à maintenir ou à
acquérir la dimension « élyséenne » - n’a vraiment maîtrisé le sujet
de l’époque.
Pourquoi ?
parce que la question n’est qu’apparemment économique et financière et que
l’identification qui a commencé de se faire du combat en cours à propos de la
capacité et de la légitimité des Etats en tant que tels pour maintenir et
améliorer les équilibres en tous domaines, devrait faire comprendre quel est l’enjeu
final : la société. La dégénérescence de la démocratie, réduite à de
simples formes ou à des invocations mensongères – la France en est l’exemple
depuis 2007, comme le montrent la multiplication des « affaires » et
la rigidité en regard d’une majorité parlementaire ne gênant jamais le
président ni le gouvernement (alors qu’en Italie, elle a su défaire le
« cavaliere » - devrait conduire à la confrontation sociale. Celle-ci
ne se produit pas ! Naguère, la question était de savoir combien de temps
les déploiements de force intimideraient les velléités contestataires, et même
insurrectionnelles : nos régimes au XIXème siècle étaient emportés par la
défection des troupes ou par la défaite militaire, 1814-1815 et 1870 ayant même
leur réédition en 1940 au lieu de 1934 avortement des schémas de 1830 et de
1848. Aujourd’hui, la question est inverse : comment n’y a-t-il pas
révolte collective alors que les détresses individuelles tendent à n’être plus
minoritaires, que les sujets de mécontentement grave (fonctionnement de la
justice, de l’école, de la police, de la santé) s’additionnent pour une
critique globale d’un « dépérissement de l’Etat » que Karl Marx
n’avait prévu, mécaniquement, qu’en faveur d’une démocratie directe, celle de
la dictature du prolétariat, et qui se réalise bien plus radicalement par le
transfert aux intérêts de quelques-uns, pudiquement qualifié de secteur
concurrentiel, des prérogatives et devoirs de service public. Des débats
apparemment quantitatifs comme celui portant sur les retraites ou sur la carte
judiciaire sont en réalité des mûes : la privatisation de fait d’une part
de plus en plus grande des régimes sociaux, la dérive possible des procédures
d’abord civiles et commerciales, puis pénales vers des systèmes virtuels pour
l’instruction et les audiences, et sécuritaires pour le traitement des
condamnés au-delà des peines infligées contradictoirement.
La
mondialisation n’a pas seulement bouleversé la géographie économique et changé
les lieux de croissance et ceux de risque, elle a imposé l’indivualisme. En
même temps que dépérir l’Etat se sont acentuées la perte des consciences de
classe et l’absence de critique des salariés sur le système d’entreprise ou de
collectivité nationale les régissant. Les réveils ne se font qu’à la barre des
tribunaux de commerce ou devant les prud’hommes. Significativement, les débats
– recommandés par Jacques Chirac aux maires quand fut abrogé le « service
militaire » pour les hommes – montraient que la guerre future pour les
adolescents de 1995 serait une guerre civile. Le schéma des émeutes en banlieue
ou des confrontations communautaires était alors esquissé. Stéphane Hessel
semble, aujourd’hui, l’émule d’Ivan Illitch et d’Herbert Marcuse parce qu’il
fait revenir à un autre schéma : la mobilisation pour un bien commun au
lieu d’une solidarité d’âge ou de communauté. Le bien commun, une certaine
éthique faisant occuper la place principale à Madrid puis l’espace le plus
voisin de Wall Street outre-Atlantique. Mais il y a déjà une troisième cause au
mouvement de masse : l’humiliation nationale, la Grèce est en train de la
vivre, plus consciente que le reste de l’Europe car la neutralité américaine et
la condescendance chinoise sont à la fin de 2011 une réponse inattendue,
stupéfiante aux ambitions du « réarmement moral » et des préambules
des traités fondateurs européens de 1951 et de 1957, et bien entendue à la
naïve et prétentieuse « stratégie de Lisonne » au début de la
décennie et de ce nouveau siècle.
Une explosion
sociale en France, comment ? les fermetures d’usine sont dispersées
géographiquement, les thèmes nationaux que furent les successives réformes des
régimes de retraite n‘ont produit que des contestations discontinues et
pacifiques, sans jamais la grève générale en 2003, en 2007 et en 2010. Les combinaisons
décisives d’un mouvement de masse par les étudiants et les lycéens, d’un
blocage des communications et transports de personnes et de marchandises, de la
grève générale n’ont pas eu lieu. Sans doute aucune ne se décrète froidement.
Les événements de Clichy et de Villiers-le-Bel montrent cependant que comme au
XIXème siècle, la mort d’hommes, surtout de jeunes, est explosive ; mais
ils sont restés circonscrits, et massivement contenus par la force et aussi par
l’empêchement des médias de répandre le choc dans les esprits. Il est probable
que l’approche de l’élection présidentielle fera attendre les uns et les
autres. Ceux qui comptent sur une victoire de la gauche pour changer le cours
qu’ils critiquent, ne voudront pas risquer la violence au lieu du bulletin de
vote. Ceux qui la redoutent n’ont évidemment pas de raison de contester les
gouvernants qu’ils veulent maintenir en place.
La
confrontation sociale sera donc postérieure à l’élection présidentielle, la
faillite financière, l’étranglement budgétaire, l’aggravation du chômage seront
antérieurs. Cette séquence probable contredit, fondamentalement, le débat
électoral puisque celui-ci se nourrit de la souplesse des échanges de
programmes et de critiques tandis qu’est de plus en plus rigide l’évolution
statistique du pays. Les dés sont pipés pas tant par la mauvaise foi des uns ou
l’infériorité tactique des autres ou encore une apathie générale des Français
malgré l’attrait de toute campagne présidentielle pour les médias et une partie
– celle qui s’exprime et qui vote – de la population ; ils le sont parce
que notre société et notre économie changent sans que nous en décidions
collectivement. Automatiquement ? ou du fait de quelques collusions ?
et, si oui, lesquelles ?
*
* *
La conclusion
s’impose : le projet de refondation doit anticiper l’exclusion du
président sortant pour assurer celle-ci et pour énoncer un avenir européen
autre que l’effet du poids allemand. Elle s’impose en raison, mais elle a
toutes chances de ne s’imposer ni dans le discours des concurrents pour
l’Elysée, ni dans les esprits.
Tout semble se
passer en ce début de campagne présidentielle, uniquement nationale même si la
coincidence sera de plus en plus forte avec des mûes gouvernementales au sud de
l’Europe et avec d’autres campagnes électorales en Allemagne et en Amérique,
comme une dévotion consensuelle à une machinalité du rite, à date fixée –
puisque personne n’a réfléchi à la nécessité d’avancer le scrutin pour nous
adapter aux urgences et traiter immédiat en termes d’un avenir conduit par le
nouvel élu ou par un président confirmé. Les G 20 et G 8 ont sacrifié à la même
liturgie depuis l’été, les ordres du jour ont été bousculés par les événements
sans qu’ils soient traités mais les novations n’ont pas pour autant été
exploitées ou palliées. Les « dirigeants de ce monde » et les
électeurs français ont perdu la sensation – longtemps régnante quand s’institua
l’élection du président de la
République au suffrage universel direct ou s’inventa,
d’initiative française (Valéry Giscard d’Estaing) la réunion des principaux
dirigeants de pays dits « occidentaux » - que la décision leur
appartient. Se réunir, délibérer pour les uns, voter en connaissance de cause
pour les autres est une belle parade mais n’a plus de sens. Qui sauvera la
société ? comment se déploiera l’évidence que le cours actuel entre les
nations est belligène et morbide ? quand l’immoralité du règne qui ne
s’achève qu’en principe, et l’exceptionnalité d’un tel abus de droit, de mœurs
et de communication seront-elles détestées comme elles devraient l’être dans un
Etat de droit ?
L’écart est si
grand entre la conscience générale mais non dite d’une gravité sans précédent
de la « crise » que nous traversons tous, sur notre planète bleue,
verte et blanche, et l’artifice des bavardages officiels comme du commentaire
courant, que – forcément – devrait éclater quelque chose. Certains peuples sont
passés en début de cette année d’assoupissements qu’on croyait pérennes et
qu’on jugeait bénéfiques aux tiers que nous sommes, la suite est devenue
incertaine. Les peuples européens doutent chacun de leur avenir propre mais
récusent généralement leur identité commune, la suite devrait être évidente
mais elle est manifestement ignorée par ceux qui devraient en décider ou au
moins l’opposer à la cécité de ceux dont ils briguent la place.
BFF – 18 X au 17 XI 11
disponibles par courriel sur demande,
les réflexions de même type sur l’élection de 2007 regroupées en
un seul volume qui va chercher son éditeur :
Journal d’une
élection ratée
et les trois premières d’une nouvelle série pour l’élection de
2012
2 . 3 Octobre 2011
Crise du dedans ou
crise du du dehors ? une élection sous-dimensionnée
Une élection à tant d’inconnues, qu’elle n’a pas de
précédent
–
quel débat ?
–
quel candidat ?
–
quelle enceinte et quelle scène : temps, lieux et partenaires ?
Une crise dont les éphémérides nationaux et
internationaux sont difficiles à lier
- manque de dialectique : la crise,
cause ou effet ?
- rôles erronés : la crise d’un
gouvernement ou celle de la démocratie ?
- discernement sans objet : la
crise de la volonté nationale ou la crise des consciences ?
11 . 12 Octobre 2011
La liberté de pensée
en voie de réapparition
Le révélateur des primaires socialistes
– les faits
– les réactions
–
l’initiative des thèmes a changé
la politique : deux manières ou deux fonds.
– deux militances se distinguent plus
clairement qu’avant
–
le décalage entre les opinions et les mouvements politiques
La VIème République ou un
retour à la Vème République ?
La politique étrangère absente du
débat ?
Conclusions à la suite du débat
Aubry/Hollande
15 Octobre 2011
Comme un pays se perd
La culture du chef
La seule voie qui permette des alternatives pratiques
et à terme : le choix
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