Madame, chère grande ministre,
je vous ai souvent écrit
depuis 2010 et vous avez bien voulu me répondre, depuis des projets de
politique extérieure à défendre par notre candidat à l’Elysée (j’ai souhaité et
voté que vous le soyez) jusqu’à votre maintien désirable à la tête du Parti
socialiste.
Ce qu’il vient de se passer
– non pas les résultats des municipales qui n’apprennent rien sur
l’impopularité et le ressenti des erreurs et lacunes d’une politique voulue par
notre seul Président – mais bien le changement de Premier ministre (nommer son
propre rival pour le tuer par un échec à Matignon ? ou se mettre soi-même
la corde au cou ?) fait de vous, encore plus qu’en 2010-2012, un recours.
Le recours.
Vous êtes personnellement
significative et structurante en politique intérieure depuis votre
collaboration avec Jean Auroux, il y a maintenant trente ans, et votre action
dans le gouvernement de Lionel Jospin. Par votre père, vous incarnez et
manifestez une continuité pour que notre pays soit de nouveau l’inspirateur
d’un sursaut européen. Deux drapeaux, une même force.
Le pays est à bout parce
qu’il n’est plus animé depuis des années, que ses élites tant en politique
qu’en entreprise l’ont trahi ou le déserte et qu’il ne discerne plus la moindre
perspective, aussi bien pour qu’aboutisse la médication budgétaire à laquelle
se consacre – en simple directeur d’administration centrale – le président de
la République, que pour le très long terme de son avenir, de sa survie. Plus
que d’autres peuples européens, nous sommes humiliés par cette non-existence de
l’Union et autant que les autres lassés de cette non-démocratie dans le
fonctionnement d’à peu près tout à Bruxelles.
pour
Madame Martine AUBRY, ancien ministre, maire de Lille
Hôtel de Ville
place Augustin Laurent, 59000 Lille
03 20 49 50 00
La Cinquième République – avec le quinquennat, avec les non-démissions de Jacques Chirac en
1997 et en 2005, avec les abus de Nicolas Sarkozy – a perdu son âme et ses
spécificités originelles. Le système des partis est en déliquescence puisque
socialistes, U.MP. et centristes ont perdu leurs sources et n’ont plus d’identité
ni électorale ni spirituelle, que les frustrés se balladent du PC au FN, que
les jeunes s’absentent trouvant tout « glauque ».
Il y a donc à faire et à
être. Vous êtes politiquement intacte, et vous êtes disponible. Et vous êtes
habile et ne vous dispersez pas en courses à la communication.
En regard, je suis atterré
par ce que ces bientôt deux ans ont montré de l’élu du 6 Mai 2012. En vie privée, en
indécision à l’automne de 2012 à propos d’Aulnay et de Florange (le non-choix
d’une nationalisation temporaire, le manque d’autorité personnelle dans les
tête-à-tête avec Varin et avec Mittal), en inexistence dans le concert européen
et maintenant en totale inélégance (et imprudence) à lâcher un Premier ministre
d’une loyauté et d’une constance certaines. J’ai espéré et supplié par de
nombreuses lettres et des courriels, point par point, d’erreurs en occasions
manquées. A peine reçu mais pas accueilli pour le fond. Ce que bien des
Français doivent subir qu’ils cherchent à atteindre personnellement le
Président, ou pas.
Naturellement, il ne s’agit
pas de fomenter un putsch au sein des socialistes. S’il se fait d’ailleurs, il
sera spontané et d’ambiance consensuelle sans qu’il y ait nommément à y pousser
ou y mettre la main… Il s’agit, n’est-ce pas ? de préparer la relève, de
remettre au pouvoir et dans le mouvementla gauche, ses héritages, ses
générosités, son atavisme autant que sa capacité à inventer par la
participation de tous les siens, contagieuse – comme le furent nos primaires –
pour tous les Français de cœur et de bonne volonté civique, patriotique.
J’aimerais être en relation
directe avec vous, notamment par internet, et vous rencontrer dès que vous en
aurez la possibilité d’agenda.
Ci-joint, comment j’avais
vécu votre débat avec François Hollande, lors de la primaire et ce que j’ai
constamment proposé à ce dernier, depuis. Ci-joint également, un schéma pour le
changement. Il a été élaboré, en marge de l’écriture d’une politique-fiction à
bientôt paraître où le Président change complètement de cap, gouverne selon les nécessités et les vœux des
Français, et continue de s’appuyer sur Jean-Marc Ayrault. Je l’ai donné à
Bernard Combes et répétitivement à Pierre-René Lemas. Et la proposition de mon
emploi, joint aussi à la présente.
Sentiments très confiants, espérance, estime
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