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Election présidentielle 2012

observations & réflexions

10 – 19 Décembre 2011 . 5 – 9 Janvier 2012

L’orientation par l’échec

Les faits…

2 Décembre – affaire Karachi : un ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense assure que le ministre du Budget de l’épooque (Nicolas Sarkozy) a nécessairement donné son accord

7 Décembre – début d’un mouvement de grèves sur tous les sites d’Arcelor-Mittal en Europe – Gérard Longuet envisage l’arrêt de fabrication du Rafale, puisqu’il n’a encore jamais été vendu à l’étranger

– François Bayrou officialise sa candidature – en Russie, Mikhaïl Gorbatchev appelle à de nouvelles élections

8 Décembre – débat au Sénat et manifestation au dehors sur la proposition de loi accordant le droit de vote aux étrangers non citoyens européens pour les élections locales – Nicolas Sarkozy au chevet du gendarme tué à Vitrolles pour ses derniers instants - en soirée, la diffusion sur BFM des vidéos au Sofitel pendant les faits D.S.K. pulvérise les records d’audience…

8-9 Décembre – réunion du Conseil européen : ses décisions, la perspective d’un nouveau traité ad hoc pour la discipline budgétaire, la sécession britannique ne convainquent ni les agences de notation ni les marchés

9 Décembre – bénéficiant exceptionnellement du journal télévisé à 20 heures sur France 2, Nicolas Dupont-Aignan annonce sa candidature à l’Elysée

10 Décembre – en Russie, manifestations contre le truquage des élections législatives et le parti Russie unie, de Wladimir Poutine – convention socialiste à Paris pour entériner la liste des investitures : conflits entre fédérations locales et direction nationale (sorts de Ségolène Royal et de Jack Lang)

11 Décembre – Dominique de Villepin se porte officiellement candidat à l’Elysée, il est le 14^ème

12 Décembre – échec de la conférence de Durban censée ouvrir un cycle de négociations pour un texte succédant au protocole de Tokyo

15 Décembre – Areva dément un plan de suppression de près de deux mille emplois tandis que Peugeot-Citröen confirme le sien pour un nombre équivalent – Jacques Chirac, avec sursis, est condamné en correctionnelle à la peine maximum de deux ans de prison pour abus de confiance, détournement de biens publics et recel d’intérêt personnel dans l’affaire dite des emplois fictifs de la ville de Paris

22 Décembre – Ankara gèle sa coopération avec Paris, à la site du votre de l’Assemblée nationale

22 Décembre – le président sortant visite dans le XVème arrondissement de Paris les restos. du cœur

23 Décembre – Claude Guéant annonce une nouvelle circulaire sur les étudiants étrangers

25 Décembre – Chine et Japon s’accordent pour faire de leur monnaie respective celle de leurs échanges – François Hollande en Russie : il faut tenir compte de la démocratie

entretien tête-à-tête Nicolas Sarkozy - François Bayrou à l’occasion d’une

déjeuner tête-à-tête Martin Bouygues – François Hollande

27 Décembre – Arnaud Dassier, animateur sur internet de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, confirme qu’il ne reprendra pas ce rôle pour 2012

28 Décembre – Manuel Vals, directeur de la campagne de François Hollande, juste inopportune la nomination de Xavier Musca à la tête de la Caisse des dépôts

29 Décembre – Xavier Bertrand, ministre, évoque les pactes compétivité-emploi à l’allemande dont le dispositif serait soumis aux partenaires sociaux au « sommet social » du 18 Janvier

30 Décembre – Pierre-Christoph Baguet, député-maire UMP de Boulogne-Billancourt, assure qu’il n’a subi aucune pression de l’Elysée pour céder son siège à Claude Guéant lors du prochain scrutin législatif

1^er Janvier – à Metz, Nicolas Sarkozy réaffirme que l’axe franco-allemand est fondamental – Luc Ferry, dans le Parisien, juge extraordinairement mince le bilan d Nicolas Sarkozy

2 Janvier – à la suite des vœux présidentiels, le débat sur la « TVA sociale » reprend ; le 3, le gouvernement confirme que son vote sera soumis au Parlement avant la fin de la législature – CGT, CFDT et FO y sont hostiles, la CFE-CGC y ests favorable mais juge le calendrier irréaliste

3 Janvier – le Temps (suisse) indique que les révélations à la présidente de la Confédération sur les transactions passées par la femme du président de la Banque nationale de Suisse : Philip Hildebrand, viennent de la droite populiste – à l’insu de l’Allemagne et de la France, un Belge, Peter Praet est nommé chef économiste de la Banque centrale européenne – le chômage à son plus bas niveaua en Allemagne, depuis vingt ans – la Bundesbank fait savoir qu’elle s’opposera à tout financement des Etats par la Banque centrale européenne – le Times of India rapporte les vœux adressés sur internet par Ratan Tata au personnel de ses entreprises : austérité

4 Janvier – à Mérignac, François Hollande, dans son premier meeting de campagne dénonce les polémiques et appelle au combat ; il écarte toute polméique à propos de la révélationpar le Parisien de sa qualification du président sortant de « sale mec » – Bernadette Chirac estime qu’Hollande est courtois, mais rappelle qu’elle votera pour Sarkozy – les salariés de SeaFrance refusent « poliment » les propositions de Nicolas Sarkozy

4 Janvier – le nouveau Premier ministre grec, Lucas Papademos, met en garde contre un défaut de paiemengt « inctrôlé » de son pays, à défaut d’accord national sur les salaires

5 Janvier – selon CSA, 37% seulement des Français ont confiance en Nicolas Sarkozy – François Bayrou refuse à Eva Joly tout accord de désistement pour le second tour, au mitif que l’élection présidentielle n’est pas une élection de coalition – la nouvelle édition d’ « Indignez-vous » de Stéphane Hessel dépasse les 160.000 exemplaires – Marine Le Pen, lors de ses vœux, manifeste de l’inquiétude pour son recueil des cinq cent parrainages requis – les PME du bâtiment estiment à 10.000 les emplois qui seront détruits en 2012 – réussite de la première émission obligataire de l’Etat français en 2012 : 8 milliards d’euros – Airbus aurait livré plus de 530 appareils en 2011 – Petroplus annonce que toutes ses lignes de crédit bancaires sont coupées

5 Janvier – Barack Obama présente la nouvelle stratégie américaine : priorité à l’Asie mais plus de guerres de longue durée – Boeing anonce avoir livré 477 appareils en 2011 –

6 Janvier – Nicolas Sarkozy, à Vaucouleurs, donne une leçon d’histoire nationale pour le sixième centenaire de la naissance de Jeanne d’Arc et, répétant son discours électoral de Rouen en 2007, dénonce la récupération politique qui est faite de celle-ci ; pas de véritable réplique ni de Jean-Marie ni de Marine Le Pen rendant hommage à l’héroïne le 7 – relance de la polémique sur les circonstances de la mort en course-poursuite Antoine de Léocourt et Vincent Delory pris en otages au Mali – LCP diffuse une longue et très solide démolition de la thèse du suicide de Pierre Bérégovoy, par le responsable des renseignements généraux à Nevers au printemps de 1993 – Marianne met en ligne une enquête de Frédéric Martel sur la fondation de Carla Bruni-Sarkozy et sur l’action de celle-ci contre le sida

7 Janvier – Christine Boutin menace de ne pas soutenir Nicolas Sarkozy au second tour si elle n’obtient pas les parrainages nécessaires

8 Janvier – selon l’IFOP, l’écart se resserre entre François Hollande et Nicolas Sarkozy : 28 et 2% des suffrages au premier tour, élection à 54% au second – Dominique Srauss-Kahn aux vœux du maire de Sarcelles, y est ovationné – réunion interministérielle sur SeaFrance, mais sans éléments nouveaux – le Premier britannique, David Cameron, réitère son opposition à la taxation des transactions financières si elle n’est pas adoptée universellement – Paris Europlace s’insurge contre un cavalier seul sur la taxe Tobin : elle affaiblirait l’économie française si elle n’est au moins européenne – Air France.KLM annonce la présentation « en interne » de mesures d’urgence pour éponger les pertes – en Algérie, demande d’une mise en cessation de paiement par Arcelor-Mittal

9 Janvier – à Berlin, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ne s’accordent sur la taxation des transactions financières qu’à titre personnel pour la chancelière ; le traité de discipline budgétaire devrait être signé d’ici la fin de Mars – François Fillon estime que la diabolisation de Nicolas Sarkozy est infantile – les Etats-Unis cherchent à s’allier la Turquie à propos du nucléaire iranien tandis qu’Ahmadinejad commence par le Venezuela une tournée latino-américaine

…

22 Avril – premier tour de l’ élection présidentielle ; si nécessaire, un deuxième le 6 Mai

Paradoxe et continuité de la relation gouvernants-gouvernés en France. Un président sortant, qui ne recueille que 37% d’opinions favorables en diminution régulière, voit cependant son désavantage au premier tour de la prochaine élection se réduire de sondage en sondage : deux points de moins seulement que son compétiteur principal. La victoire de François Hollande au second tour sur Nicolas Sarkozy n’est plus que de 54%, il y a un mois elle était de 57%. La tendance est donc, sinon à la défaite du candidat socialiste, du moins à une élection disputée sans doute au point près. Marine Le Pen reste assurée d’être troisième au premier tour, mais elle est loin désormais d’inquiéter l’U.M.P. et de faire s’interroger les soutiens du président sortant sur leur choix au lieu de François Fillon ou d’Alain Juppé. Le Front national a peu de militants affichés (cent cinquante seulement pour écouter, au pied de la statue de Jeanne d’Arc, la faible réplique de Jean-Marie Le Pen au défi que lui a lancé, ainsi qu’à sa fille, le président es fonctions à Vaucouleurs). Le report de voix, tel qu’escompté à longueur du quinquennat, est certain. François Bayrou semble assuré d’être au moins quatrième au premier tour. S’il parvient au second tour, ce ne peut être que par un très grave incident de parcours au détriment soit de François Hollande – le « sale mec » ressemble, mais en moins dévastateur parce que plus habilement et sereinement démenti, à l’âge du capitaine selon Lionel Jospin en 2002 – qui ne semble pas compromis dans aucune des affaires en cours, sauf à lui reprocher toutes les gestions socialistes depuis 1981 quoiqu’il n’ait participé à aucune à un rang gouvernemental, soit de Nicolas Sarkozy pour qui tout dépend de l’étanchéité d’un système établi de très longue date : tant d’ « affaires » sont proches de le mettre en cause, sans compter une en cours de mise en évidence concernant sa femme, et il peut en éclater d’autres. Karachi et l’arbitrage en faveur de Bernard Tapie sont les plus dangereuses, mais les otages de Niamey manifestement tués par nos armes ont des cendres brûlantes. François Bayrou, ne pouvant savoir très à l’avance qui il aurait à affronter au second tour, est assez protestataire du bilan et de la manière présidentiels pour obtenir le report des voix socialistes, mais sans doute pas d’autres : il ménage donc déjà Nicolas Sarkozy en refusant que la campagne soit personnelle, il obtiendrait ainsi l’appui de l’U.M.P. comme Valéry Giscard d’Estaing bénéficia des voix « gaullistes » contre François Mitterrand en 1974. Mais tant qu’il ne dépasse pas les 12%, l’énigme reste théorique, elle serait décisive s’il devenait troisième avant les urnes. Nicolas Sarkozy ne peut grandir que par « syphonnage » des voix lepénistes et François Hollande qu’aux dépens de François Bayrou. Le débat n’est donc pas pour lui avec les écologistes ou l’extrême-gauche, et pour Nicolas Sarkozy, tout confirme la justesse de son pari de vingt ans. Le président sortant a donc des chances sérieuses d’être réélu quoiqu’il soit le premier, dans sa fonction, à n’être pas le favori des sondages : il a des réserves de voix, François Hollande aura du mal à en constituer, sauf à prendre la tête – non plus des sondages – mais de la campagne elle-même.

Il apparaît que les Français sont bien moins réservés envers un progrès européen et bien moins pessimistes pour l’avenir de l’euro. que les dirigeants de la politique et des entreprises françaises. Il apparaît aussi que les élites – et aussi les milieux qu’avait ménagés ou favorisés Nicolas Sarkozy d’entrée de jeu et continûment depuis 2007 – se tournent vers le candidat socialiste. Deux thèmes lui sont donc offerts : une crédibilité de bien meilleure performance que Nicolas Sarkozy en imagination et cohésion européennes, en imagination et novation françaises aussi.

La campagne bredouille puisqu’elle est polémique sur une succession de thèmes secondaires, notamment sur la question de ratifier ou pas un nouveau traité européen qu’un président, autre que le sortant, aurait à confirmer. Les faits auront décidé avant : la Grèce et l’Italie restent en risque de défaut de paiement, l’Allemagne ne cèdera pas sur la contention de la Banque centrale européenne à son seul rôle monétaire, excluant de devenir la banque renflouant les Etats, le traité de discipline budgétaire va être compliqué à écrire et les rodomontades françaises sur la TVA sociale et la taxation des transactions financières mises en œuvre, au besoin hors des autres Européens, ne faciliteront pas un consensus à vingt-six. Elles sont d’ailleurs ce qui commence de détacher de Nicolas Sarkozy les banques et les financiers, tandis que vont se multiplier les dénis de fidélité et d’efficacité dans le maintien de l’emploi par le maintien d’entreprises devenant soudainement célèbres : SeaFrance est l’affaire Lip, elle illustre le refus d’une imagination juridique et sociale du gouvernement sortant.

La campagne vaut donc – actuellement – par ses lacunes.

I – Interrogations en deçà des prochains scrutins : question de démocratie

La France n’est certainement pas en démocratie quand la justice est tellement l’objet de « verrouillages » et de mises en cause selon les affaires et selon ses décisions, quand la séparation des pouvoirs exécutif et législatif n’existe pas puisque la majorité présidentielle, conduite par le président personnellement, ne vote pas en conscience et n’a pas débattu du choix de son candidat. Elle ne l’est pas quand des sujets décisifs comme une réforme de la fiscalité de la consommation ou le financement de la protection sociale – on ne dit plus : sécurité sociale – sont traités au Parlement à deux mois du premier tour. Mais l’est-elle, sans qu’il y ait à considérer le bilan-même ou les manières du président sortant ?

1° il n’y a pas de campagne contre l’abstention

Cette lacune est-elle voulue ? Elle a été dénoncée par Nicolas Dupont-Aignan. L’abstention profiterait-elle à la droite qui, se sentant menacée, ferait le plein des voix tandis qu’à gauche