Election
présidentielle 2012
observations
& réflexions
XIII
22 . 27 Avril 2012
Réfléchir
Un arc-en-ciel
s’est posé sur ma joue
notre fille Marguerite, poème au dos d’un
dessin pour sa maîtresse de CE 1 – jeudi
26 Avril 2012
Les faits… et les
dits…
résultats du premier tour
François Hollande 28,63%
Nicolas Sarkozy 27,18%
Marie Le Pen 17,90%
Jean-Luc Mélenchon 11,10%
François Bayrou
9,13%
Eva Joly
2,31%
22 Avril – dès la proclamation
des résultats « sortie des urnes » à 20 heures, Eva Joly et Jean-Luc
Mélenchon appellent à battre Nicolas Sarkozy sans condition, donc à voter
François Hollande – Nicolas Sarkozy reste à l’Elysée pour attendre
l’intervention de son rival contrairement, puis à la Mutualité exige
l’organisation de trois débats télévisés avec François Hollande au lieu d’un
comme l’habitude en avait été prise depuis 1974 – Marine Le Pen proclame le
Front national premier parti de droite et ne se prononcera pour le second tour
qu’au défilé du 1er Mai
23 Avril – François Hollande
refuse qu’il y ait plus d’un débat – à Quimper, le candidat socialiste estime
n’avoir pas à faire appel à des ministres d’ouverture car il y a suffisamment
de talents dans son seul camp
24 Avril – à Longjumeau,
Nicolas Sarkozy juge Marie Le Pen compatible avec la République et pas
répréhensible le vote pour le Front national ; il remet à sa place de
combattant du second tour Alain Juppé qui venait d’affirmer tout faire pour
éviter l’explosion de l’U.M.P. en cas de défaite de son candidat – à Hirson,
François Hollande assure aux électeurs du Front national que c’est le Parti
socialiste qui les comprend le mieux et peut les défendre – Marine Le Pen
laisse entendre qu’elle recommandera le vote blanc – Ziad Takheddine, à nouveau
interrogé dans l’affaire Karachi, affirme qu’un système de financement de
partis politiques et de personnalités a été mis en place en 1993-1995, qu’il
continue de fonctionner et appelle à chasser Nicolas Sarkozy – les salariés de
Technicolor, par l’intermédiaire du préfet de la région de Bretagne, en
appellent aux deux candidats pour sauver leurs emplois – François Bayrou écrit
à chacun des deux candidats du second tour
25 Avril – Néo-Sécurité en dépôt de bilan : 5000
emplois menacés – Nicolas Sarkozy, à France-Infos.
déclare n’avoir en rien changé de programme ni de ligne depuis ses dires aux Fig. Mag. sur ses valeurs, affirme qu’il ne
prendra pas de ministres du Front national s’il est réélu mais qu’on ne peut
diaboliser les électeurs de Marine Le Pen, auxquels il veut parler – en
conférence de presse dans le XVème arrondissement de Paris, François Hollande
annonce la périodicité semestrielle de l’exercice s’il est à l’Elysée et
confirme que le vote des étrangers aux élections municipales se fera pendant
son quinquennat. – A Cernay dans le Haut-Rhin,
26 Avril – à La Haye, Charles Taylor,
ex-président du Libéria, est reconnu pénalement coupable de crimes contre
l’humanité et de crimes au sens de la convention de Genève pour avoir soutenu
les rebelles dans la guerre civile au Sierra Leone (120.000 morts, les
enfants-soldats, les esclaves sexuels et des mines de diamants). – Patrick
Poivre d’Arvor, candidat à l’Académie française, n’obtient que 2 ou 3 voix sur
25 au premier tour de scrutin. – le parquet ne fait pas appel de la décision du
tribunal de Bobigny condamnant un policier pour homicide volontaire sans
légitime défense – lettre de François Hollande répondant à celle de François
Bayrou
27 Avril – sondage CSA : François
Hollande l’emporterait par 54% des suffrages exprimés –à Düsseldorf, des
économistes allemands et français lancent un appel à sortie de l’euro – lettre
de Nicolas Sarkozy répondant à la lettre de François Bayrou – CGT et FO
expriment leur crainte d’une suppression d 3.000 emplois par Carrefour
28 Avril – Angela Merkel confirme au Leipziger
Volkstzeitung que le traité de discipline budgétaire n’est pas renégociable
mais annonce un agenda-croissance pour le prochain sommet européen à se tenir
en Juin – DSK selon le Guardian attribue
à ses ennemis politiques l’exploitation de l’affaire du Sofitel – Médiapart apporte la preuve du fnancement
libyen pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 – publication du sondage BVA Orange fait le
26 : ordre de préférence des Français pour le Premier ministre de François
Hollande : Martine Aubry, Manuel Valls, Jean-Louis Ayrault – élection
d’une « Miss Black France » avec le soutien du Conseil représentatif
des associations noires (CRAN) – publication par Sud-Ouest le lendemain d’un
sondage sur le sentiment d’insécurité économique ressenti par 67% de l’ensemble
des électeurs et 81% de ceux de Marine Le Pen
. . .
2
Mai – débat radiotélévisé entre les deux candidats
6
Mai – second tour de l’élection présidentielle
18
Mai – sommet du G 8, à Camp David
20-21
Mai – sommet de l’OTAN, à Chicago
31
Mai – referendum en Irlande
10
Juin – premier tour des élections législatives
Ce que je pense
du résultat du premier tour de l’élection présidentielle et de la campagne qui
y a mené
Il est possible et je crois très utile de s’attacher à des
thèmes pour juger d’une campagne puis d’un exercice du pouvoir, de prendre
parti pour une ou un candidat de préférence aux autres, et en même temps de
rester objectif, c’est-à-dire d’essayer de comprendre et de juger du point de
vue du pays et de l’Histoire. Hubert Beuve-Méry et sa signature : Sirius…
I – La campagne n’a pas été bonne.
Chacun des candidats joue pour son compte, prétend
rassembler et écouter. Pour les électeurs et pour l’étranger qui observe, c’est
la somme des campagnes, et l’impression produite par le « collectif »
des candidats qui importent. Deux évidences de procédures et des lacunes
thématiques – considérables.
Les procédures. Comment ne pas souhaiter qu’elles soient réformées d’ici
la prochaine élection de même nature.
1° la candidature
du président de la
République à sa propre réélection doit ouvrir l’intérim de sa
fonction, automatiquement et selon la Constitution (même si
le résultat pourrait être obtenu par une démission à n’importe quel moment du
mandat par le président en exercice soucieux de raviver le débat et de faire
confirmer dans des conditions d’égalité parfaite sa légitimité et la préférence
des Français pour lui ou pour elle, si nous avons enfin une femme à notre tête,
ce que je crois bon pour notre image dans le monde et pour une ambiance plus
collégiale, moins autoritaire dans l’exercice du pouvoir et la répartition des
rôles publics). Un gouvernement de consensus serait formé par les partis
représentés au Parlement. Le président par intérim – président du Sénat, selon la Constitution –
veillerait à cette formation, à la neutralité des pouvoirs publics et des
médias pendant la campagne. Ce délai, cette respiration pour le pays et pour la
haute fonction publique, servirait à établir le bilan du mandat effectué par le
sortant de nouveau candidat, donc à donner aux citoyens une vue non polémique
du travail accompli. Il servirait aussi, puisque le gouvernement serait de
consensus, à dessiner l’accord minimum sur les fondamentaux entre partis et candidats,
en sorte que se préparerait déjà la rédaction et la votation d’un plan de
développement économique et social d’une durée équivalent à celle des mandats
présidentiel et législatif, tant qu’ils coincident (la restauration du
commissariat général au plan tant pour la confection de ce genre de document
que comme lieu de négociations sociales à moyen terme, et de combinaisons des
projections et des investissements du public et du privé, est d’urgence surtout
en période de « crise »).
Faute de cet intérim, le bilan du sortant est oublié au
moins par celui-ci, et il y a quotidiennement un recel d’abus de
fonctions : le sortant se drape dans le tricolore et invoque sans cesse sa
dignité et son devoir pour éluder non seulement l’égalité des chances et de la
présence en médias, mais même une réelle mise en jeu personnelle. Nous venons
de le vivre en conclusion d’un quinquennat déjà consacré à la présence
médiatique du président de la
République plus qu’à un travail de fond, lequel suppose la
rareté de l’intervention et la discrétion, la distinction surtout entre la
communication et la réalisation.
2° l’accès aux
listes et coordonnées électroniques nominatives des personnalités habilitées à
présenter une candidature à l’élection
présidentielle doit être libre et aisé pour tout candidat. J’ai testé cette
accessibilité. Ce fut passionnant, et ce sera tranché en Conseil d’Etat,
puisque j’ai demandé au ministre de l’Intérieur que ces listes, leur mise à
jour et leur accessibilité soient confiées au Conseil constitutionnel :
celui-ci n’est-il pas juge de la régularité et du nombre de ces présentations,
dites « parrainages » (appellation inadéquate, car il ne s’agit en
rien d’une caution morale ou politique).
Les lacunes. Elles sont, selon moi, évidentes.
Nous ne nous en sortirons que par un sursaut européen. La solidarité financière et la crédibilité de
l’Union, et donc de chacun des Etats, suppose – dans le fonctionnement européen
– la démocratie directe : élection du président de l’Union au suffrage
direct de tous les citoyens, prérogative de celui-ci d’appeler au referendum
pour les matières prévues par le traité. Celui-ci à refaire complètement
donc : que le prochain Parlement européen soit élu aussi comme Assemblée
constituante européenne. L’intergouvernementalité qui a caractérisé, loin des
peuples, tous les ravaudages de textes puis de financements et de soutiens aux
uns et aux autres, a manifestement fait fiasco.
La réinvention du
contrôle et du débat parlementaires est vitale. Le pouvoir exécutif doit
être contrôlé, les grandes questions doivent être débattues, même si elles sont
finalement décidées par referendum. Ces débats ne doivent pas être empêchés par
la certitude que les jeux sont faits d’avance et pendant cinq ans.
Considération du vote blanc, quorum pour la validité de tout scrutin, vote de
conscience dans la plupart des cas aux Assemblées.
Planification et
aménagement du territoire sont des
institutions françaises, perdues de vue et de pratique : ce sont elles qui
rendent l’Etat communicatif, qui contribuent à la rencontre efficace et
documentée des partenaires sociaux entre eux et avec la puissance publique, qui
assurent la solidarité entre régions, collectivités territoriales, font les
libertés concrètes, garantissent la personnalité historique, géographique,
mentale de chacun de nos composantes.
Cela n’a été nettement dit ni défendu par aucun des
candidats.
II – Les résultats sont salubres
Le président
sortant est sanctionné, pour la première
fois un président sortant n’est pas le premier au premier tour, même si au
second (Valéry Giscard d’Estaing) il est battu. La popularité de Nicolas
Sarkozy au neuvième mois de son mandat est « tombée » au-dessous de
50% des sondés, et n’est jamais remontée au-dessus.
Il est sain que le
même président sortant garde ses chances de réélection. Elles me semblent
intactes. Un point et demi de différence avec son compétiteur principal. On
prévoyait à l’automne jusqu’à dix points d’écart au premier tour. Ce qui oblige
maintenant François Hollande à faire preuve d’un réel charisme, et Nicolas
Sarkozy d’une véritable habileté. Le premier pour rassembler, y compris des
électeurs qui lui sont hostiles à l’U.M.P. et au Front national. Le second pour
se rallier les électeurs de Marine Le Pen et de François Bayrou. Cela devrait
produire deux identifications. François Hollande, président de beaucoup plus
que la gauche, qui n’obtient en gros que 44% des suffrages, et donc œcuménique,
ce qui appelle une majorité parlementaire diversifiée, « plurielle ».
Nicolas Sarkozy opérant de fait la fusion de l’U.M.P. consentante avec un parti
d’extrême droite dont les thèses ont inspiré son propre exercice du pouvoir. Il
est possible que cette fusion fasse renaître – très opportunément – un centre
modéré et humaniste, européen et démocrate d’une part, et le mouvement du
gaullisme social d’autre part. Les deux manquent au pays.
Le vote blanc que devrait recommander Marine Le Pen va donc être
statistiquement considérable. Ce ne sera plus seulement, au second tour, la
réflexion de quelques citoyens exigeants et scrupuleux, ne voulant en rien
compromettre. Ce peut être massif, venir aussi des électeurs de François
Bayrou. Argument de plus pour légiférer en sorte que ce vote soit désormais
considéré comme exprimé et qu’il pèse par conséquent sur le culcul de la
majorité.
Il est excellent que le
Parti communiste, quel que soit son nom à l’avenir, réexiste et soit
puissant.
Question et certitude.
Le prochain
renouvellement de l’Assemblée nationale reflètera les résultats du premier
tour de l’élection présidentielle. Je le souhaite. Ce qui suppose – à défaut
d’une révision des lois électorales difficile à conclure en quelques jours,
sous l’impulsion du nouveau président de la République, si c’est le
cas – des ententes franches entre partis et une volonté des électeurs d’imposer
leur premier choix, celui du 22 Avril.
Aussi bien les sondages sur les motivations du vote que l’échec relatif de Nicolas Sarkozy,
montrent que les thèmes racistes de l’immigration de l’hostilité à l’Islam,
voire la critique des aides sociales aux démuniss et aux chômeurs (sur
lesquelles le président sortant voudrait une décision prochaine par
referendum !) ne caractérisent aucun électorat de quelque candidat qu’il
s’agisse. L’emploi et le pouvoir d’achat, le social et l’économique, dominent à
juste titre.
Pour ma part, ce qui me fait choisir, même par défaut, est
tout simple : la moralité de l’exercice du pouvoir, la recherche absolue
de la justice autant en équité qu’en distributivité, le souci constant
manifesté par celui qui va incarner la France pendant cinq ans de la grandeur de
celle-ci et de l’honneur des Français.
A dix jours du
premier tour de l’élection présidentielle, 37% des Français hésitent sur leur
vote et le « croisement des courbes » tant attendu par le président
sortant a semblé se produire au moins pour les intentions de vote le 22 Avril,
mais ne persiste pas.
I – Journal
Dimanche soir . 22 Avril 2012
Comme depuis
Mars 1967 – quarante cinq ans – j’ai suivi et noté la « soirée
électorale » à la télévision. Le verbatim dans un autre registre.
Je retiens
l’écart entre les résultats, encore fluctuants, et un sondage de l’IFOP que
j’ai reçu à 18 heures :
Je retiens
aussi l’immédiat appel à voter au second tour contre Nicolas sarkozy, donc pour
François Hollande, que lancent sans négociation ni préalable Jean-Luc Mélenchon
et Eva Joly.
Je note enfin
l’ultime carte que tente de jouer Nicolas Sarkozy : le corps à corps
télévisé, seul sport où il se croit certain d’affirmer une supériorité
écrasante, trois débats avec François Hollande. Les Français ont droit à la
vérité, à la clarté, nul ne pourra l’esquiver, etc… Economie et social,
société, politique internationale. Implicitement et sans s’en rendre compte, le
président sortant continue de prétendre à n’être juger que sur l’avenir, que
sur des capacités personnelles et nullement sur ce qu’il a fait et sur ce qu’il
a donné à voir de sa personnalité quand elle est au pouvoir.
Passons sur
les déceptions. Même si Jean-Luc Mélenchon obtient un résultat très moindre que
ce qui était prévu dans les derniers jours, il était parti de peu, aux
alentours de 5 à 7% et son score de ce soir suffit à refonder électoralement le
Parti communiste. Les deux extrêmes gauches n’existent plus, alors qu’Arlette
Laguillier trois scrutins de suite avait été marquante. Il a raison de dire
qu’il a mené seul le vrai combat, c’est-à-dire contre l’extrême droite. Marine
Le Pen ambitionne d’être le premier parti d’opposition au quinquennat
socialiste, doublant donc l’U.M.P. et son candidat. Statistiquement, ce peut
être vrai, mais si le rejet de Nicolas Sarkozy est massif , de l’ordre de
57% comme motivation du vote de l’ensemble des Français, le souhait ou
l’anticipation que Marine Le Pen accède jamais au pouvoir est de 6% : vote
protestataire s’il en est. Plus décisif, pour l’instant mais négligeable (ou
pas ?) pour l’avenir post-électoral, l’avance de François Hollande est
faible, un à deux points, les chiffres ont varié tout ce soir.
Psychologiquement, l’ordre de classement est important : il n’a jamais été
vu que le président sortant, même ensuite battu au second tour (Valéry Giscard
d’Estaing en 1981), ne soit pas en tête du premier tour … mais statistiquement
ce n’est pas important et ce fait ne présage pas forcément le second.
Prudence de
tous les autres candidats à commencer par François Bayrou dont le score est à
méditer. Il me semble que sa candidature a une signification différente à
chacun des scrutins. Il est probable que ce bas étiage est son minimum et qu’il
reflète un vote sur la personne, alors qu’en 2007 c’était une
instrumentalisation et un calcul pour battre Nicolas Sarkozy et qu’en 2002
c’était la question de savoir, alors à droite uniquement, si l’U.D.F. avait
encore de l’existence.
Lundi 23 Avril 2012
Le matin…
Les chiffres
sont revus. La participation jugée record hier soir avec 80% est ramenée,
quoiqu’au même chiffre, à la moyenne des élections présidentielles, celle de
2007 exceptée. L’écart est encore rétréci entre les deux premiers. Marine Le
Pen n’est plus à 20% mais à 18. La surprise constituée par son score tient à sa
campagne peu vibrante et peu entrainante. Son succès est celui des électeurs et
non de la candidate. Elle est l’instrument d’une forte protestation. Discussion
amorcée comme naguère : la montée du Front national ayant correspondu à
l’effondrement du Parti communiste. L’électorat de Jean-Luc Mélenchon et celui
de Marine Le Pen serait à peu près le même, le clivage sur l’immigration
faisant le va-et-vient comme cela a été observé à Marseille, à la suite du
rassemblement sur la plage du Prado.
Alain Juppé
sur France-Infos. est très
convaincant alors qu’il ne peut croire à ce qu’il dit. Premier ministre, il y
croyait mais ne convainquait pas. Reprise de l’argumentation de Nicolas Sarkozy
à la Mutualité :
les dirigeants en place sont balayés par la crise, le sortant l’est moins que
les autres, il n’y a pas de poussée de gauche, on est maintenant à un contre un
au lieu de neuf contre un, on est projet contre projet. Il confirme son
approbation de toute la gestuelle anti-immigration et élude la question de son
envie de redevenir Premier ministre.
Débat Laurent
Joffrin – Sylvie Pierre-Brossolette. Pour les deux, Nicolas Sarkozy a perdu,
est perdu. Il lui faudrait rallier en même temps 90% des électeurs de Marine Le
Pen et 90% de ceux de François Bayrou. Pour le premier, il a un mauvais bilan
et il est personnellement rejeté, pour la seconde il a fait une mauvaise
campagne et sa stratégie : celle de Patrick Buisson, anciennement
conseiller du Front national, est la mauvaise. 13% de ses électeurs de 2007
sont allés à Marine Le Pen, il était en tête pour le vote ouvrier, c’est
maintenant celle-ci. Surtout il a légitimité les thèses du Front national et
les a même souvent outrées.
François
Hollande refuse les trois débats, pourquoi pas quatre, cinq, six, autant
d’oraux de rattrapage et invoque une tradition républicaine.
Nicolas
Sarkozy, après réunion de stratégie, fait savoir qu’il maintient sa ligne. Il
donne rendez-vous pour le 1er Mai : rassemblement faisant de la
fête du travail une fête du vrai travail, le travail de ceux qui souffrent, de
ceux qui ne veulent plus que ne pas travailler paye plus que travailler. J’ai
aussitôt réagi : l’habileté et le culot serait d’aller s’amalgamer au
rassemblement de Marine Le Pen, de fraterniser entre militants pour faire
fusionner les électorats, et de grimper sur l’estrade pour s’imposer en
discourant à la suite de la candidate.
Il apparaît
que tout le monde a intérêt à la défaite de Nicolas Sarkozy. La gauche la veut,
évidemment, mais le total qu’elle représente dans le pays ne dépasse pas 44%
alors que les droites totalisent 49%. Marine Le Pen ne peut s’imposer comme le
premier parti de droite que si l’U.M.P. est battue en son candidat, des
alliances législatives sont facilitées. François Bayrou ne peut ressusciter une
U.D.F. conséquente en débauchant une partie de l’U.M.P. et en se ralliant tous
les centres, que si Nicolas Sarkozy plonge l’U.M.P. dans la défaite et aussi
dans la querelle des chefs, puisqu’il a imprudemment annoncé à l’avance qu’il
se retirera de la politique s’il est battu (parole aussi claustrante que celle
de Lionel Jospin à la même date il y a dix ans). Enfin, le peu de gaullistes
affirmés qui demeurent dans l’U.M.P. ou aux alentours ne peut provoquer des
assises du gaullisme en place d’un énième congrès du parti dominant, que si
Nicolas Sarkozy et l’ensemble de ses thèmes et stratégies sont désavoués.
L’après-midi…
Lers revues de
presse étrangères montrent que la
France reste crédible comme facteur d’un changement dans le
cours des événements même aussi irrépressibles que les actuels, apparemment. On
attend d’elle le scenario qu’elle aurait dû jouer au soir du referendum négatif
de Mai 2005.
La lecture
rétrospective du Canard enchaîné pour
les deux semaines où nous étions absents de nos bases, est éclairante.
Anthologie des changements de cap de Nicolas Sarkozy et notamment de ses
ralliements aux propositions fiscales ou européennes de François Hollande. Son
désaveu, pour suivre les sondages, de l’affichage d’un soutien par Angela
Merkel. La juste connaissance de cet électoral et de ce parti, par celui qui en
fut : Buisson, seul à prévoir à l’Elysée, le score de Marine, faute que le
président sortant – désormais dit président-candidat dans la généralité des
médias – ait suivi totalement ses conseils. Très importante observation :
les compte-rendus télévisés des meetings socialistes et U.M.P. sont fournis par
les organisateurs, les chaînes sont confinées, elles n’ont qu’un temps très
court pour filmer selon elles-mêmes, en sorte qu’aucune vue de grand angle –
effectivement – n’est produite qui permettrait d’évaluer la foule ou pas, et
que l’on n’a qu’une déferlante de drapeaux et d’enthousiasmes, de jeunes de
préférence, pour chacun des deux candidats.
A réfléchir…
la relation entre une candidature et l’attente des électeurs… fonction d’une
écoute par le candidat ? fonction d’un ralliement à ses idées, ses
propositions, sa personne. Les candidatures ne correspondant à aucun électorat,
même si elles sont sympathiques et énergiques, les quatre perdants en dessous
de 2% et même la démonstration par Eva Joly que l’écologie ne fait pas
inconditionnellement ni spécialement recette par elle-même.
La lettre d’un
Mardi 24 Avril 2012
Le matin…
Les affaires
qui se développent… Ziad Takhiedine,
convaincu de blanchiement d’argent (les rétrocommissions non versées au
Pakistan et en Arabie séoudite selon les montages d’Edouard Balladur) appelle à
chasser Nicolas Sarkozy et affirme qu’un système a été mis en place en
1993-1995 et qu’il persiste. Patrice de Mestre a peu de chances d’être remis en
liberté.
L’après-midi…
Les
prolongements des questions d’hier. Les médias qui sont attentifs à leurs
chiffres d’audience tiennent aux multiples débats : quatre, entre les deux
candidats « finalistes ». François Hollande a-t-il répondu une fois
pour toutes ? .
Une avancée
importante : Marine Le Pen qui réserve au 1er Mai ses
« consignes de vote » appellerait à voter blanc, ce qui suffit pour
faire battre Nicolas Sarkozy et qui poserait par son ampleur – j’avais voté
blanc au second tour de 2002 – la question de le compter séparément des
bulletins nuls, et par voie de conséquence d’instituer un quorum pour la
validité de tout scrutin.
On s’arrache
cependant ses électeurs. A Longjumeau, chez Nathalie Kosiuzsko-Morizet, le
« président-candidat » affirme que Marine Le Pen est compatible avec la République et que voter
pour elle n’a rien de répréhensible, tandis que François Hollande à Hirson
assure aux électeurs du Front national que les socialistes sont les plus
proches d’eux et aptes à comprendre leurs situations.
Les affaires
qui se développent… Ziad Takhiedine,
convaincu de blanchiement d’ar
A réfléchir.
Les deux nécessités françaises. L’Europe à réinventer… le contrôle et le débat
parlementaire à restaurer…
Mercredi 25 Avril 2012
Le matin…
Prétendant
parler aux Français, et chacun sur tout aux électeurs de Marine Le Pen, les
deux candidats, qu’on présente – inadéquatement – comme les deux finalistes, se
parlent surtout par médias interposés. Ce matin, Nicolas Sarkozy à France-Infos. assure que le premier tour
lui donne en tout raison. Le voici parti pour Mulhouse. Cet après-midi,
François Hollande donne une conférence de presse : il répondra à toutes
les questions. Jouanno indiquant hier soir que dans un duel législatif PS-FN
elle votera PS, se fait eng… par Nicolas Sarkozy. Réplique de François
Hollande : j’ai voté et fait voter pour Jacques Chirac en 2002.
Evidence que
le rôle de l’Etat doit être remis au centre de la politique et de l’économie.
Les deux faillites en suspens : Technicolor et Néo-Sécurité en appellent à
lui via les deux prétendants à la couronne.
L’après-midi …
Les élections
anticipées aux Pays-Bas sont fixées au 12 Septembre, c’est bien loin : les
libéraux et la gauche sont donnés favoris.
Une de mes
amies, éminente historienne de la
France contemporaine et connaisseuse sur soixante ans de la
plupart de nos personnages politiques, m’appelle au téléphone.
Le soir
Mon ami Denis…
prêtre diocésain à la retraite, tenté de voter pour François Bayrou le 22
Avril, mais ayant choisi l’utile, dont Nicolas Sarkozy. récuse cependant et
avec force le vote chrétien pour ce dernier.
Le débat de
l’entre-deux tours : François Hollande n’a donc pas calé et Nicolas Sarkozy
et sa claque n’ont pas crié à la couardise et ne l’ont pas mis au défi,
« avec qui voulez-vous lutter ? », bateleurs des tréteaux de
foire… est fixé au mercredi 3 Mai. David Pujadas et Laurence Ferrari (une ex.
de Nicolas Sarkozy, ayant fait l’intérim concubinaire pendant que Cécilia
s’essayait à New-York.
François
Hollande, une salle du XVème arrondissement, donc pas au siège de son parti
(émancipation… mais frais…) donne sa première conférence de presse en posture
présidentielle. Selon France-Infos. cajole
les journalistes, avertit qu’il ne sera pas comme… etc… propose un rythme
semestriel. C’est celui du général de Gaulle, mais à celui-ci il persiste à ne
jamais faire allusion ni implicite ni explicite. Echec de fond ? aucun
écho sur ce qu’il a dit.
Jeudi 26 Avril 2012
Le matin…
Nicolas
Sarkozy traite en priorité le dossier de Néo-Sécurité. La question toute bête
n’est pas posée : pourquoi des services privés pour quelque chose de
régalien, la sécurité des endroits ouverts au public, vg. Disneyland. Les
syndicats de l’entreprise dénoncent l’opacité des comptes et les rémunérations
extravagantes des dirigeants.
Mon ami
Philippe…, pas plus que sa femme, n’est inscrit sur les listes électorales,
près de la quarantaine, cinq enfants, n’a jamais voté. Aurait voté peut-être
pour Nicolas Dupont-Aignan, trouvé bien à la télévision, mais plus probablement
pour Nicolas Sarkozy. Ne sait pour qui il voterait le 6 Mai, s’il le pouvait.
Fin de matinée…
Nicolas
Sarkozy qui affirmait n’avoir pas évoqué, expressis verbis « le vrai
travail » par opposition à … et que Ramadan avait appelé, le 15 Mars, à
voter pour François Hollande, a donné à France-Infos. l’occasion de rediffuser
les enregistrements correspondants. Le président-candidat, dont personne (notamment
le PDG de Néo-Sécurité) ne conteste la réactivité, n’est pas maître de ses
mots, encore moins d’une mémoire ad hoc : en fait, il ne travaille pas
assez préalablement ce qu’il devrait dire définitivement.
François
Hollande indique que le 1er Mai, quant à lui, il le vivra à Nevers
pour commémorer Pierre Bérégovoy. Je l’en félicite aussitôt. Puisse-t-il faire
ouvrir une enquête sur cette mort par assassinat, prétendûment par suicide.
Fin de journée…
Leçon pour la
« françafrique » ? Charles Taylor, ancien président du Libéria,
est reconnu pénalement coupable des crimes contre l’humanité commis par la
rébellion au Sierra Leone. La succession à la présidence de la République du Sénégal
pourrait dénouer l’affaire Hissène Habré, l’ancien chef d’Etat tchadien s’est
exilé à Dakar dont il n’a pas été extradé jusqu’à présent.
Statistiques
du chômage pour Mars : onzième mois consécutif de hausse. Pour la
catégorie A (celle de ceux qui n’ont pas travaillé du tout dans la période sous
revue), on compte près de 2.895.000 demandeurs d’emploi. Si l’on compte ceux
qui n’ont travaillé que quelques heures dans le mois on dépasse les 4.500.000…
Xavier Bertrand « se console » en observant que c’est la moindre
hausse trimestrielle depuis un an. Pain bénit pour le candidat de la gauche.
Vendredi 27 Avril 2012
Le matin…
CSA :
François Hollande reste à 54% des intentions de vote. Nicolas Sarkozy n’arrive
donc pas à rallier l’ électorat FN ni en cinq ans d’exercice du pouvoir ni
en quinze jours de campagne. Contrairement à son image, il n’est ni audacieux
ni imaginatif. Ce que veut Marine Le Pen, c’est le pouvoir, pas les idées. La
donne ne peut être changée pour le sortant que s’il propose des portefeuilles
avant le 1er Mai. Sinon, il a perdu. En quoi cela seraut-il
choquant ? ce sont les thèmes que – lui – il véhicule et applique depuis
cinq ans, et notamment le discours de Grenoble qui sont nuisibles à tous égards
et inefficaces aussi bien électoralement qu’administrativement. Mais des
participations gouvernementales, au contraire. L’intégration est toujours
réductrice de l’adversaire.
J’ai manqué
l’émission de France 2 hier soir.
Sans que ce soit un débat, l’prganisation permettait le dialogue et la
comparaison. C’est plutôt celle des auditeurs que je fais. Un jeune cadet de
mon collège jésuite à Paris, qui lit mon journal intime pour Avril 1969, voit
en Hollande un nouveau Poher, et regrette que le règne courageux ait été si
court. Un de mes amis ici, ouvrier spécialisé – conscience de classe des années
30 et 50 – chez Renault puis Thomson, sa femme plus âgée que lui,
semi-grabataire, enfermé dans un mutisme qui n’est pas infirmité mais sorte de
mépris pour le courant, trouve au contraire que Hollande a réponse à tout. Il
s’en réjouit. Des goûts et des couleurs… Couve de Murville m’assura comme en
conclusion d’une vraie méditation et de l’expérience de toute une vie, il
venait à peine d’être quitté par le pouvoir : la politique est affaire de
sentiments.
L’après-midi …
Datée du 24, la
lettre de François Bayrou est sans éclat mais solide, les destinataires
répondent après deux-trois jours de réflexion. Hollande assez brièvement mais
certainement de sa plume pour l’essentiel et le ton. Sarkozy a donné à
écrire : vous avez bien voulu, etc… Il eût fallu parce qu’il est demandeur,
qu’il écrive bref, à la plume, chaleureusement mais sans prosternation. Il
récite son bilan et il est sidérant de l’entendre mettre à son actif la
libération du parquet ou des médias publics, voire le rôle du Parlement très
accru.
Samedi 28 Avril 2012
Le matin…
Je lis Changer de destin, le petit
livre de François Hollande, avec un a priori négatif, l’égotisme d’une
prétention à s’être préparé depuis toujours, les premières lignes confirme un
attachement au parti, comme si cela avait été cadre de vie et devait le rester.
Puis la conversion s’opère, celle de l’auteur en même temps que du lecteur. Il
y a une belle page de vraie compréhension du général de Gaulle, amenant la
question : pourquoi en public n’y a-t-il pas cette juste évocation. Une
page juste pour Lionel Jospin. Etonnement, pas de portrait de François
Mitterrand ni de bilan du moment à l’Elysée. Explication à l’honneur du
candidat, leorigine de son nom, la relation avec ses parents, ce qu’il reçoit
de sa mère, la qualité d’origines sociales aisée mais de métiers divers, et
sans ostentation, de très bonne formules. Des lacunes probables dans l’exercice
du pouvoir : la réticence à évoquer et donc à pratiquer le referendum.
Appellation juste et non péjorative : les conservateurs, qu’il discerne
dans le gouvernement de nos partenaires. Une plume personnelle.la siennetre
Dominique
Strauss-Kahn au Guardian accuse à peine implicitement Nicolas Sarkozy d’avoir
fait mener la danse autour du Sofitel. Média part publie des preuves
irréfutables du financement de la campagne de 2007 – celle de l’élu – par
Kahdafi. Dans tout autre pays démocratique, cela ferait flamber la campagne et
diriger vers la taule l’impétrant.
Le soir…
Autant le
Premier ministre de Nicolas Sarkozy réélu ne fait pas question, autant celui de
François Hollande donne lieu à sondages : Martine Aubry en tête mais à 16%
des questionnés, puis Manuel Valls, jeunesse et libéralisme, équation déjà
ressaseé avec Michel Rocard pendant quinze ans, enfin Jean-Marc Ayrault,
probable choix de l’élu du 6 Mai, et qui l’aurait été aussi de Ségolène Royal.
Un Gaston Defferre qui risque d’avori veilli avant d’aboutir. La question de
l’aéroport, rive droite de la
Loire, ne le montre pas très ouvert, mais sa présence en
scène parlementaire est excellente depuis une dizaine d’années que je peux le
discerner. – Les maires de Paris et de Lyon semblent n’avoir pas compté.
I I – Questions pas dites
Je les
énumère.
1° est-il
nécessaire qu’il y ait des grands rassemblements dans les grands endroits, dont
la location est hors de prix, une dizaine d’années de ma pension de retraite,
donc une vie de smigard pour une fête à huis clos ne faisant, je crois, pas
gagner une voix à l’extérieur du Zénit ou de Villepinte ou du Bourget…
2° comment
avoir des certitudes quant au sérieux des différents chiffrages fiscaux et
budgétaires ? faire une commande globale à l’INSEE ? préparer un
bilan de chaque mandat présidentiel à date constitutionnelle ?
3° stabiliser
intitulé et nombre des ministères, quitte à ce que la souplesse et les
circonstances s’aménagent en missions temporaires
4° la
publication des patrimoines : quand ? et commentée par qui ?
5° l’abus de
recel de la fonction présidentielle quand le sortant est candidat est deux fois
choquant : la candidature et l’exercuce de la fonction présidentielle sont
deux emplois à plein temps. Il a été manifeste, avec Nicolas Sarkozy,
confondant communication et décision, que la candidature a été la constante de
son mandat alors même qu’il ne se prêtait à aucun contrôle référendaire et à
aucune censure de son accaparement de tous les rôles. – J’ai multiplié l’énoncé
de l’évidente solution : la candidature du président sortant ouvre
d’office l’intérim et celui-ci serait en charge de l’impartialité des pouvoirs
publics et de la formation d’un gouvernement consensus faisant le bilan du
passé et préparant les consensus minima pour la suite.
I I I – Une certitude nouvelle
La campagne
est peu suivie pour ce que voudraient en faire partager les candidats. Les
insultes, les qualifications, les mélanges d’autisme et de commisération
n’agitent pas le public, puisque les Français sont considérés comme tels.
Second signe d’indépendance – que je considère comme de la maturité : les
« affaires » mettant en cause de plus en plus précisément, et de
toutes natures et de tous azimuts, Nicolas Sarkozy ne pèsent pas davantage sur
le jugement des Français. Enfin, la situation économique pas belle :
inflation des prix alimentaires, montée ininterrompue du chômage, notamment
celui des jeunes et des seniors, ne semble pas décisive pour décider l’opinion
publique. Les questions d’immigration et d’insécurité, fortement vécues par la
population, ne conduisent pas cependant à un jugement politique sur la
fiabilité ou les excès de l’un ou l’autre candidat. Le bilan ou les
jurisprudences de Nicolas Sarkozy ne sont pas non plus déterminants.
Alors ?
Tout se passe
comme si les Français allaient se déterminer selon des critères qui leur sont
personnels, que les sondages ne mesurent pas et dont les candidats n’ont que
vaguement conscience, Nicolas Sarkozy en souhaitant le corps-à-corps avec son
rival pour démontrer une supériorité énergétique, François Hollande en
communiquant (sobrement) sur lui-même pour « se faire connaître ».
Le face-à-face
de mercredi prochain 2 Mai – animé par des journalistes d’obédience
actuelle : David Pujadas, et une ex. du président sortant quand il fut une
première fois en déshérence de Cécilia – sera au plus un agrément pour les
télé-spectateurs. Je ne crois pas que cela les déterminera, et François Bayrou
aurait tort de se fonder sur cette soireé-là pour énoncer quelque
recommandation. Sa logique comme tout le comportement d’ensemble et de chacun
des Français en ce moment sont dans la liberté du discernement personnel. C’est
un immense progrès civique.
Je suis
partisan qu’il n’y ait plus ce genre de joute entre les deux-tours qui abaisse
la fonction présidentielle. Et symétriquement, je souhaite plus de fierté
« citoyenne » de tout et chacun face à l’élu qui nous présidera et
animera pendant cinq ans. La révérence pour Nicolas Sarkozy n’a rendu service
ni à celui-ci ni au pays. Il est bon que le pays soit sous tension civique
continuellement, c’est le ressort d’une lucidité, d’un inventaire et de
décisions. Les trois restent à prendre alors que la crise actuelle a maintenant
quatre ans de manifestation.
*
* *
Paraadoxe… les
partisans de Nicolas Sarkozy (ils se reconnaissent à cela dans les
conversations de badauds ou de commerce) disent : c’est f… ceux de
François Hollande (ils s’identifient ainsi dans les mêmes échanges) : rien
n’est joué.
Pour moi,
l’élection est faite, pas seulement dans ma décision propre, mais en
projection. L’inconnu est à deux entrées. Le sort de Nicolas Sarkozy qui avait
déjà commis l’erreur de limiter à deux les mandats présidentiels consécutifs en
sorte que sa réélection (sauf si cette révision postérieure à sa première
élection ne s’applique qu’au mandat à recevoir le 6 Mai) aurait donné le signal
de la guerre de succession pour 2017, va décider de l’avenir de l’U.M.P. A la
manière de Jacques Chirac laissant condamner ses collaborateurs ou compagnons
de route dans les diverses affaires de recel commises pendant sa magistrature à
l’Hôtel de Ville de Paris, le président sortant laisse tomber tout le monde.
Reclassements à droite, émergence de nouveautés en agencement des partis et en
nouveaux « destins » présidentiels ? La seconde inconnue est les
législatives. La prochaine Assemblée aurait été certainement corrective à
gauche d’une réélection de Nicolas Sarkozy. Mais il est possible qu’il y ait
une semi-cohabitation à subir par François Hollande. L’U.M.P. peut tenir, ne
serait-ce que pour le gagne-pain de ses élus. Et il y a de tels simplismes
contre tout gouvernement de la gauche.
sur
demande b.fdef@wanadoo.fr, les deux jeux
de notes sur l’élection présidentielle :
seize
pour celle de 2007 et treize jusqu’à présent pour celle en cours.
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