Election
présidentielle 2012
observations
& réflexions
XV
Comment je vois et ressens maintenant
chacun des deux candidats au second tour
de cette élection présidentielle
Ces deux portraits sont subjectifs, comme en
XI l’était la revue des dix candidats. Et c’est l’heure de les rédiger et
présenter.
Les tenter de nouveau maintenant et plus
longuement, surtout par des comparaisons et des rapprochements, n’est ni une
prétention de définitif historien ni elle d’un prophète. Il n’est – à l’instant
où je me mets au travail de cette écriture – ni certain que Nicolas Sarkozy ne
sera pas réélu, ni assuré que François Hollande l’emporte. L’histoire du
quinquennat s’achève est trop lourde d’obscurités ou d’empêchements de la
vérité pour qu’elle puisse s’écrire dès la chute. Il y faudra aussi les
mémoires de collaborateurs et peut-être un compte-rendu du président élu le 6
Mai 2007 et sanctionné (largement ou d’extrême justesse) le 6 Mai 2012. Quant à
l’histoire du premier quinquennat de François Hollande, elle est non seulement
putative pendant encore plus de quarante-huit heures, mais elle sera dominée
par deux inconnues : les évolutions internationales, l’empêchement ou pas
en France-même de gouverner sereinement et donc efficacement.
Ces portraits sont donc des instantanés, un
peu bougés par la longueur de la période considérée pour les dessiner. Ils ont
aussi la couleur des circonstances immédiates.
L’ordre d’exposé ne signifie ni préférence
ni répulsion.
I – Eux et leur campagne respective
Nicolas
Sarkozy
Nicolas
Sarkozy passe pour excellent en campagne électorale. Il passait aussi, à
l’entrée en lice, le soir du mercredi 2 Mai, pour un débatteur indestructible.
Conviction personnellement ressentie au point que dès le soir du premier tour,
le président sortant et candidat vit dans l’exercice sa chance principale et
réclama donc plusieurs débats, au moins trois, selon des thèmes il est vrai
logiques. Sur un mode impérieux, « nul le pourra éluder », etc… Or,
ni la campagne qui s’achève ni le débat qui a eu lieu n‘ont servi le candidat
ni mis en place une affiche seulement avantageuse (expérience, agenda,
résultats) du bilan des cinq années de son exercice du pouvoir. Certes, séparé
de peu de son compétiteur, Nicolas Sarkozy revient aujourd’hui de très
loin : Dominique Strauss-Kahn devait, au printemps dernier, l’emporter
maintenant à plus de 60% et Marine Le Pen, au moins selon un sondage d’avant
l’été, pouvait peut-être l’éliminer au premier tour. Cette remontée semble plus
le fait de la réflexion-même des électeurs que liée à la campagne du candidat.
Factuellement,
la campagne a été ratée et ses préparatifs tout autant. Censuré au printemps de
2008 pour l’étalage de sa vie privée et de son remariage, le président candidat
n’a pu – sauf une couverture de Paris-Match
– jouer d’une première à l’Elysée : une naissance. Ses mises en scène et
en évidence dans les concertations internationales qui lui avaient été très
favorables à l’automne de 2008, même si l’analyse de sa diplomatie notamment à
propos de la Géorgie
le diminue, n’ont pu être réinsérées ces dernières semaines puisque la crise de
l’euro. et l’organisation des solidarités avec la Grèce, l’Italie, l’Espagne
et le Portugal se sont – selon sa présentation – dénouée par la négociation et
la signature du traité de discipline budgétaire, le 2 Mars dernier, trop loin
encore du scrutin. Sans doute, un argument pour relativiser le premier tour de
scrutin a pu en être tiré : les gouvernements des pays en difficulté ont
été renversés, le président sortant garde ses chances. Dans l’esprit de ses
soutiens, mais joue-t-il les opportunités qui ne le déjugeraient pas. Anticiper
l’élection présidentielle en appelant François Bayrou à Matignon, il y a un an,
était certainement plus sûr électoralement que d’hésiter à y faire venir
Jean-Louis Borloo. Donner un porte-voix et un agent d’exécution gouvernementale
au Front national ne pouvait séduire leur chef : celle-ci veut le pouvoir
ou du pouvoir. Proposer des portefeuilles à l’extrême-droite nommément puisque
ses thèses sont dans la geste gouvernementale eût été logique dans la logorrhée
patriotique et anti-européenne de l’entre-deux tours. Au lieu de cela, en début
de cette semaine, Nicolas Sarkozy a refusé cette participation du Front
national au prochain gouvernement qu’il formerait s’il est élu et a affirmé
qu’il ne nommerait pas François Bayrou, Premier ministre. Le président de la République, aussi bien
que François Fillon, ministre des Affaires sociales en 2003, avait pu mener
malgré le handicap d’un Eric Woerth déshonoré à défaut de casier judiciaire, la
réforme des retraites en se donnant les apparences, avec Xavier Bertrand,
d’intenses et libres consultations des responsables syndicaux, eux-mêmes peu
flattés par la très faible participation aux élections professionnelles.
Pourquoi le 1er Mai, jouer deux coups : un rassemblement rival
de celui de Marine Le Pen, une prétention à organiser la vraie fête (le thème
initial était la célébration du « vrai travail ») par opposition aux
défilés traditionnels ?
Moins
anecdotiquement, Nicolas Sarkozy a trop confondu pendant ses cinq ans de
présidence la communication et la décision. Une communication réactive, de
moins en moins réfléchie ces dernières semaines, au point d’avoir des aveux, et
non des démentis, à faire (Fukushima comme le pied du mur à Berlin). Une
politique pouvant satisfaire les électeurs du Front national, et même davantage
dans l’ensemble de la droite aurait été menée avec moins de démonstrations
médiatiques et à des niveaux d’exécution, non en discours présidentiel et en
démonstration ministérielle, qu’elle aurait eu une efficacité plus grande et
n’aurait pas été observable par autres que des experts en législation et en
respect de l’homme. L’affichage ni l’exécution n’ont été réussis et ils ne portent
pas bonheur, ces heures-ci après des années d’indulgence y compris celle de
Viviane Reding, commissaire européenne compétente, obligée de se rétracter pour
des comparaisons justifiables pourtant, et même de Benoît XVI. De Gaulle pour
résoudre les dilemmes algériens avait fait peu d’affichage et beaucoup de
consultations référendaires. Sa politique européenne, très serrée pour obtenir
le financement du Marché commun agricole, n’avait pas tenu compte du calendrier
de l’élection présidentielle, la première du genre au surplus. L’homme du 18
Juin fut mis en ballottage pas tant par la gauche – dès sa réélection, il y eut
l’appel des 22 personnalités en faveur de sa politique extérieure, et dès notre
retrait de l’O.T.A.N., les communiqués du Parti communiste français sur les
« aspects positifs » de cette politique – que par les agriculteurs et
par les catholiques : ceux qui lui devaient le plus, de la paix scolaire
aux montants compensatoires…
Encore Nicolas
Sarkozy, moins respectueux de l’indépendance du pouvoir judiciaire qu’il ne
l’est de la séparation du législatif et de l’exécutif, a-t-il pu
jusqu’aujourd’hui (nouvelle levée du secret-défense dans l’affaire Karachi, qui
est celle, entre autres, d’un financement occulte de la campagne présidentielle
d’Edouard Balladur dont il est le directeur, en même temps que ministre du
Budget…) éviter une mise en cause trop absolue dans de nombreuses affaires
scandaleuses, touchant presque toutes à des financements politiques. Sujet qui,
probablement, coûta la vie au seul Premier ministre qui ait résolument
entrepris de les moraliser et encadrer : Pierre Bérégovoy, très
opportunément et significativement, salué de mémoire par le compétiteur du
président candidat, le 1er Mai, anniversaire de son prétendu
suicide.
Le résultat,
au moins visuel, est le contraire de celui recherché par le sortant au moment
de déclarer sa candidature. Ne pas se faire juger sur les zones d’ombre ni sur
des aspects de sa personnalité discutables ni sur son accaparement de fonctions
qui ne sont pas constitutionnellement ni « normalement » les siennes,
et tout faire porter sur sa capacité et son énergie personnelles, sur son
expérience nonobstant tout bilan. La campagne de l’entre-deux tours a au
contraire porté l’attention sur l’instabilité de ses énoncés et de ses
orientations. Notamment en fiscalité, en relations personnelles avec Angela
Merkel, en convictions et projets européens. Il n’a plus repéré ce qu’il aurait
pu mettre en exergue, et qui ne fut dit qu’en passant lors du débat de mercredi :
l’absence de violences généralisées, d’effondrement de l’économie ou de l’une
quelconque des armatures du pays, le passage sans grèves générales ni blocus
(hors les quelques jours de rétention pétrolière) d’une réforme impopulaire et
jugée d’avance inefficace, de portée éphémère.
Tout s’est
passé comme si Nicolas Sarkozy s’était enfermé entre les mauvais côtés de son
personnage sans plus pouvoir exploiter ce qui l’avait longtemps servi. Il est
vrai qu’à choisir entre lui et d’autres, François Fillon et Alain Juppé au
moins, les électeurs de l’U.M.P. l’auraient repoussé. Les derniers jours de la
campagne l’ont isolé, les mises au point vis-à-vis du Front national se sont
faites par ses propres remises en place de compagnons de route de haut
rang : Alain Juppé, François Fillon, Nathalie Kosciuszko-Morizet.
Conclusion : le lapsus de Gérard Longuet, « nous au Front
national ». Cause de tout et résultat de trop de cumuls et
d’accaparements ? l’évidente fatigue du président sortant, voyante mercredi
soir. De Gaulle, au premier tour de 1965, n’avait pas, et de loin, utilisé tout
son temps de parole.
François
Hollande
François
Hollande a réussi, dans la partie officielle de la campagne, à contrer la
stratégie initiale du président candidat : celui-ci voulait en « cognant »
et en faisant « cogner », le mettre sur la défensive, flou,
inexpérience et incompétence, héritage du « socialo-communisme »
depuis cent sept ans, incapacité à dire et à choisir, aventurisme. Certains des
dires du candidat socialiste y avaient prêté, gênant même ses entourages sinon
les hiérarques du Parti. Il a su créer, au parti socialiste, dès son
investiture un unisson qui, au contraire, s’est fêlé sourdement ou
explicitement dans l’U.M.P. et chez les alliés de celle-ci. Il a su doser, dans
l’opinion publique et dans l’esprit de ses militants et sympathisants, des
électeurs traditionnels de la gauche aussi, un mélange de certitude dans la
victoire et de conscience qu’il sera difficile de l’obtenir : optimisme et
prudence. Enfin, à ces deux éléments d’ambiance très favorables dont Ségolène
Royal n’avait pas bénéficié, se sont ajoutés la forme et le fond des concours
qui lui sont venus d’Eva Joly et de Jean-Luc Mélenchon dans l’instant des
résultats du premier tour, et de François Bayrou au moment le plus adéquat, en
sorte que le candidat du Parti socialiste est devenu, sans négociations, sans
réorientation ou inflexion de sa ligne initiale, le candidat de toute la
gauche, puis l’homme du rassemblement bien au-delà d’une stature encore
manichéenne de champion de l’opposition. Il parvient enfin à ne jamais prêter à
une comparaison qui avantagerait Nicolas Sarkozy, écueil devant lequel avait
échoué François Mitterrand en 1974, faisant souvent valoir malgré lui Valéry
Giscard d’Estaing, puis échoua à son tour Jacques Chirac en 1988 donnant au
président sortant d’alors la possibilité d’être l’homme de « la France unie ».
François
Hollande présente trois différences avec celui qu’il veut renverser. La
première, il la doit à son parti – et à ce parti, tous ses écrits antérieurs à
la campagne et son petit livre Changer
de destin [1] rédigé ad hoc, rendent
hommage et attribuent son expérience du gouvernement et de la synthèse des
hommes. Ce sont les élections primaires, très ouvertes, à gauche, sans précédent
en France : une légitimité démocratique que n’a pas le candidat de
l’U.M.P. autoproclamé, mais critiqué de façon audible. La seconde est une
revendication de s’être préparé à notre plus haute magistrature, depuis
toujours. Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand étaient des
ambitieux, conscients de leur valeur et reconnus, poussés ainsi par leurs
entourages. Georges Pompidou s’était découvert une ambition à laquelle il était
formé et préparé par le plus prestigieux et expert des maîtres de la France contemporaine.
Jacques Chirac avait reçu une façon de légitimité par des mentors haïssant
Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, et par une militance durable
et solide qui ne lui fit défaut qu’à partir de 2005 quand lui-même déclina
manifestement. François Hollande « s‘y voit » et s’y est préparé.
Point de son caractère et de sa psychologie, sans doute à approfondir, mais la
révendication est écrite et répétée. Ce qui produit une grande stabilité
d’humeur et donne du fond et de l’indépendance à la course. La tendance jusqu’à
ces heures encore, selon les sondages, à la réduction de son avance sur le
président candidat, alors qu’à son investiture il n’était pas loin des dix
points d’écart, ne l’a manifestement pas affecté. Il s’est donc trouvé dans la
meilleure forme physique et mentale pour entrer dans le débat de
l’entre-deux-tours. La troisième est toute simple, si évidente qu’il n’a pas
même eu à la faire valoir : il n’a pas de passif personnel, pas de bilan à
défendre, pas d’affaires dont la révélation ou la poursuite pourraient le
gêner. Candidat à l’investiture de son parti bien avant que Dominique
Strauss-Kahn existe puis s’effondre à ce titre, il n’est l’héritier de
personne, l’ami de personne. C’est d’ailleurs ce qui m’a frappé dans son livre
de campagne. Le seul portrait étendu et flatteur – juste au demeurant – est
celui du général de Gaulle. François Mitterrand est mentionné sans plus, le
moment à l’Elysée mentionné sans plus. Lionel Jospin est attesté d’honnêteté
mais la compassion l’emporte sur l’admiration. Martine Aubry est la femme des
trente-cinq heures, lesquelles selon la droite a causé la déconfiture
commerciale, budgétaire, sociale de la France. François Hollande n’est
pas même résumé par sa proposition des 60.000 emplois à redonner dans
l’Education nationale ou la taxation à 75% d’une nouvelle tranche de revenus
imposable. Il n’est pas non plus l’élu local mettant en avant le travail
accompli, ce qui fut la présentation de Ségolène Royal dans la compétition de
l’automne dernier. Ni un parlementaire en vue.
C’est donc un
homme libre qui a fait campagne librement, sur ses propres thèmes. Il n’est
responsable que de lui-même, il est continu et n’a donc prêté à la discussion
que sur ce qu’il affichait. Il n’a attaqué le président sortant que sur la
manière de celui-ci d’exercer la fonction présidentielle, il ne fait de
contre-propositions marquantes qu’en processus budgétaire et en option de
politique économique, à faire valoir pas tant dans le cercle national que dans
le gouvernement conjoint de l’Europe financière et monétaire. Il n’a pas
répondu aux procès d’intention ou aux relevés de promesses que lui intentent
tardivement des propagandistes ultra. dans certains milieux catholiques. Il n’a
pas eu à modérer ce que le Front de gauche, par le charisme de Jean-Luc
Mélenchon, proposait. Précisément parce que l’écart, dans les sondages,
diminuait en sa défaveur, il lui a fallu conserver les intentions de
vote : en chercher ailleurs eût été périlleux. La déclaration de François
Bayrou parce qu’elle a eu lieu en toute fin de campagne l’a préservé de cette
faute.
Résultat,
fraîcheur de physique et de biographie dans sa confrontation avec Nicolas
Sarkozy qui se présentait au contraire bien plus lesté. De l’entrée en campagne
au Bourget à son livre de maintenant, François Hollande est plus questionné sur
lui-même que sur ce qu’il fera. Ses précédents essais n’ont pas marqué [2] et
l’autoportrait publié en Août 2011 [3], donc
avant les primaires socialistes, n’avait pas été commenté. Audace dans une
ambiance dominée par les revendications sociales et les discussions de
chiffres, par l’immédiat : intituler Le
rêve français un recueil de douze discours peu présents dans les médias
et dont sept ont été prononcés en province.
II – Eux et leur parcours, leur
psychologie
Points de
rencontre ? Le parti. Nicolas Sarkozy est au comité central du
Rassemblement pour la
République et délégué pour la jeunesse dès 1977. François
Hollande délégué à la communication du Parti socialiste en 1987. Le premier maire
de Neuilly à partir de1983, le second études à Neuilly et maire de Tulle à
partir de 2001. Tous deux passent par Sciences-Po.
mais le second seul en est diplômé, il y ajoute H.E.C. et a « fait »
au conseil d’administration de laquelle il a siégé, créant une association
Services publics. Le premier, avocat mais sans célébrité particulière. Le
second enseignant d’occasion comme beaucoup de hauts fonctionnaires en début de
carrière. Le premier, père de quatre enfants nés de trois unions, maire de
Neuill Le second père de quatre enfants
aussi mais de la même union. Une vie politique continue, chacun dans son parti,
plus laborieuse pour François Hollande, bien plus précoce pour Nicolas Sarkozy.
Celui-ci (né le 28 Février 1955) président de la République à cinquante
deux ans et quelques mois, celui-là (né le 12 Août 1954) s’il est élu ne le
deviendra qu’à près de cinquante-huit ans. Beaux quartiers de Paris et Neuilly
pour l’un qui ne les a jamais quittés, Rouen, Paris, Ussel, Tulle pour l’autre.
Tous deux descendants d’immigrés, au XVIIème siècle pour Hollande au patronyme
de fidélité, aux débuts de la « guerre froide » pour Nicolas Sarkozy.
Chez chacun, rôle décisif en affectivité et en référence de leur mère
respective.
François
Hollande
François
Hollande a une formation : l’E.N.A., les comptes (la Cour…), l’enseignement de
l’économie. Il a vu fonctionner François Mitterrand, il a partagé avec Lionel
Jospin le troisième quinquennat de la gauche. Il a « tenu » ensuite
le Parti socialiste. Dans ce parti, il n’est pas l’homme d’un clan. Ni ce
travail d’animation générale, ni la présidence du conseil général de Corrèze ne
sont vraiment étudiés dans sa biographie. Au contraire de Nicolas Sarkozy qui a
intéressé, sinon séduit, deux présentatrices [4] au
talent littéraire et à l’intuition psychologique reconnus, François Hollande ne
s’est encore attaché aucun observateur de grande notoriété. Georges Pompidou [5]avec
Merry Bromberger puis, surtout, Pierre Rouanet, avait été définitivement campé
par différence avec de Gaulle. La campagne de 1969 avait été d’avance
thématisée.
François
Hollande incarne un événement de l’histoire politique de la France contemporaine que
maintenant : celui qui aura renversé Nicolas Sarkozy ou celui qui, malgré
une bonne campagne, ne parvint à en venir à bout. Evénément électoral à faire
suivre d’autres plus consistants. Participer à une élection présidentielle, en
être le favori est certes important, ce n’est pas entrer définitivement dans
l’Histoire. Les choses ne commenceront que le 6 Mai à 20 heures. Mais sans que
cela soit apparu pour le grand public, il y a eu déjà des défis : ainsi,
si François Hollande n’avait pas été réélu en Mars 2011 à la présidence de son
conseil général de Corrèze, il ne se fût pas porté candidat. Le parcours est donc
secret, il ne semble caractérisé par aucune action de force mais non plus par
aucun échec. Il ressemble au physique et au discours. Pas saillant, mais
efficace par retenue.
Naissance
normande, père médecin, tranquillité familiale. Pas d’entrée dans la presse
d’anecdote ce que la rupture avec Ségolène Royal, juste en campagne
présidentielle de celle-ci, aurait permis, si cela avait été le moins du monde
désiré de part et d’autre. Pas de mentor. Max Gallo dont il a dirigé le cabinet
de secrétaire d’Etat à la
Communication au début du premier septennat de François
Mitterrand n’est pas une référence politique. Le seul président qu’ait encore
eu la gauche sous la Cinquième République,
ne l’est pas plus que de « grands ancêtres » comme Jean Jaurès, Léon
Blum et Pierre Mendès France. François Hollande n’a pas de parrain, il n’a pas
non de compagnons de route comme François Mitterrand en bénéficiant. Il est
probable que la campagne des primaires puis celle de l’entre-deux-tours lui
aient fait une ennemie, Martine Aubry, en partie pour le destin de laquelle
Jacques Delors ne fut pas candidat en 1995.
Nicolas
Sarkozy
Nicolas
Sarkozy n’a pas de structure familiale, ni en héritage, ni en construction
propre. Il a une revanche à prendre sur la société et la politique a été
jusqu’au soir possible de sa défaite, le 6 Mai 2012, le chemin le plus offert
pour se faire coopter, honorer, prier. Il a deux contre-exemples qu’il a
observé de très près pendant plus de vingt ans : Jacques Chirac et Edouard
Balladur. Il est forcément le concurrent du premier puisqu’il est son semblable
en beaucoup de points : la capacité de contact, de séduire en tête-à-tête,
l’évidente énergie et l’appétit de pouvoir, l’absence de scrupules, l’inculture
native. Il est le pur produit R.P.R., dégénérescence du gaullisme de conviction
en un mouvement où tout est structuré par le goût du chef, la facilité du chef,
donc le simplisme et le propos réflexe. Ses épigones à l’U.M.P. accentuent
cette dégénérescence. Du second, il tient sa carrière gouvernementale
fulgurante paarce qu’elle est aussitôt à des postes de décision : le
budget de l’Etat, la direction d’une campagne présidentielle. Cette dette est
ostensiblement reconnue pendant tout le quinquennat qui s’achève. Comme Jacques
Chirac, Nicolas Sarkozy a besoin de conseils mais d’une autre nature. Jacques
Chirac s’est laissé influencer et chambrer : Pierre Juillet, Marie-France
Garaud avant l’Elysée, Dominique de Villepin pendant le premier mandat. Le
président sortant a eu une plume publiquement identifiée par lui et par
celle-ci : Henri Guaino. François Hollande en a une, mais en
dialogue : Aquilino Morel, ayant déjà tenu cet office pour Lionel Jospin,
mais jusqu’à présent absent des médias.
Contrairement
à son adversaire et reproduisant en cela Valéry Giscard d’Estaing, dont il sera
immanquablement rapproché s’il n’est pas réélu, Nicolas Sarkozy croit en la
présence médiatique, en une incarnation par le seul président de la République de la
novation politique conforme au mandat reçu et aux nécessités du moment. L’Etat
est plutôt un empêchement aux réformes. A la manière dont Jacques Chirac
s’appuya sur l’administration municipale de Paris, le président sortant s’est
servi de la prérogative publique pour financer une campagne de cinq ans, celle
de sa réélection, et comme Jacques Chirac obtenant pour la première fois sous la République un statut
d’immunité, il a fait de l’Etat et de sa fonction le moyen de dissimuler ce
qui, en d’autres pays et sous les Républiques précédentes, l’aurait contraint à
démissionner. Nicolas Sarkozy a donc un parcours brillant et personnel, fait de
défis et de coups de force, contre la candidature de Charles Pasqua à la mairie
de Neuily, contre Jacques Chirac pour prendre le contrôle du parti
présidentiel, ce à quoi dix ans aauparavant Philippe Séguin n’était pas
parvenu.
Son exercice
du pouvoir est maintenant la partie la plus en vue de sa carrière, la plus
discutée évidemment. Exercice paradoxal parce qu’hormis la fiscalité, le
président sortant n’a pas conduit l’économie du pays, alors que
rétrospectivement ce domaine s’avère l’essentiel. La diplomatie du paraître,
domaine sans contrôle dans le comportement et l’action, sans repères de
jugement et d’évaluation pour l’opinion publique, a été le principal de son
investissement. Pourquoi n’en a-t-il pas – régnant – fait un livre et une
explication suivie. François Mitterrand avait publié à la fin de son premier
mandat, pendant la cohabitation avec Jacques Chirac, le recueil de ses discours
de politique étrangère. Le détail des événements et des négociations, le
mettant en valeur, aurait de la part du président de la République, intéressé
et peut-être mobilisé l’opinion déroutée par le foisonnement des crises, des
questions et des événements. C’est Marly qui se charge d’une synthèse assassine
quand le Président improvise un additif à l’année du Mexique en France :
évoquer Florence Cassez maintenue en prison. C’est un amateur ! Ancien
ministre de l’Intérieur, ayant un temps rompu avec Edouard Balladur pas assez
affirmatif d’une droite s’assumant comme telle, Nicolas Sarkozy aurait fait des
questions de sécurité, d’immigration et d’identité nationale le cœur de sa
stratégie de réélection. Il est patent que cela n’a produit ni résultats dans
la vie nationale ni résorption d’un électorat censément motivé d’abord par ces
questions. Ses dires et ceux du ministre de l’Intérieur ne lui ont donné que
l’approbation d’une infime partie de l’électorat : les catholiques
intégristes passionnément anti-Islam.
L’ensemble de
son parcours et sa pratique du pouvoir par confusion des fonctions et présence
médiatique inlaassable ont peut-être rendu Nicolas Sarkozy fondateur d’un
nouveau régime, selon deux logiques convergentes : l’importance des médias
audio-visuel, sans doute à son apogée car la prise de relais par l’internet
devrait redonner son importance au texte mais aussi à la rumeur, la primauté de
l’élection présidentielle depuis la coincidence en date et en durée de ce
mandat avec celui de l’Assemblée et la tombée en désuétude de la consultation référendaire.
Paradoxalement, Nicolas Sarkozy n’a pas fait lui-même la réforme
constitutionnelle qui aurait rendu compte de sa pratique et d’une novation dont
la légitimité et la cohérence peuvent s’admettre. – Personnellement et depuis
que j’ai été publié à partir de 1972 par le journal Le Monde, j’ai toujours été
hostile au quinquennat et persuadé que le ressort démocratique de la Cinquième République
est de mettre en cause le président de la République lors de tous les scrutins nationaux.
Cette lecture, et surtout cette pratique dont les premiers successeurs du
général de Gaulle n’ont pas vraiment eu l’occasion (les jurisprudences
cohabitationnistes de François Mitterrand se justifient, selon moi, par le
déséquilibre flagrant entre gauche et droite pour la durée de leur exercice
respectif du pouvoir), n’ont manifestement plus cours. Seront-elles remises à
l’honneur par François Hollande ? – L’adresse au Congrès du Parlement,
loisible, n’a été pratiquée qu’une fois et vraiment pas pour un sujet décisif :
un simple emprunt aux banques précédemment renflouées. Le régime présidentiel
qui organise un véritable contrôle parlementaire indépendant du vouloir
présidentiel, n’a pas été instauré. Alors qu’il est pratiqué. Suivant que
Nicolas Sarkozy sera réélu ou que François Hollande, élu, se conduira malgré
ses appréciations sur le comportement du président sortant, d’une manière
analogue, poussé en cela par l’opinion publique et peut-être par la virulence
d’une opposition de droite refusant l’alternance au pouvoir, cette novation
coûtumière de nos institutions sera ou non validée.
Elle est, à
mon avis, l’apport – que je ne qualifie pas – de Nicolas Sarkozy à notre
histoire contemporaine, car il n’a rien fondé en politique économique ni en
relations extérieures : la réintégration dans l’O.T.A.N. n’est qu’une
apparence, nos pratiques depuis le 11-Septembre en tenaient déjà lieu.
III – Eux et leur programme respectif
Faizant
dessine la réponse du général de Gaulle à qui lui demande son programme :
il dessine une gigantesque silhouette, la sienne.
Ceux qui
semblent doctes et civiques : je me détermine selon les programmes. Valéry
Giscard d’Estaing qui est plus grand mort politiquement que vivant son
septennat (paraphrase d’Henri III contemplant le cadavre du duc de Guise)
conseillait en Février 2007 d’évaluer surtout la personnalité capable de tenir
parole. La clé de l’avenir français en ce moment est le syndrome de la
déception. Nicolas Sarkozy aurait déçu. A le lire d’époque [6], il
avait averti de ce qu’il ferait et donné une vue positive d’un tempérament
ulaginatif, libre de préjugé et de précaution, ébranlant les préventions – j’en
avais. Non, Nicolas Sarkozy n’a pas été abandonné en fin de mandat. L’opinion,
puis l’intelligence françaises l’ont quittées, avant même la crise, avant même
des erreurs fortes. L’état de grâce, une forte popularité les neuf premiers
mois du principat n’avaient pas été entamés ni par le bouclier fiscal, ni par
le campement libyen au palais Marigny, ni par la contestation de la réforme des
régimes spéciaux de retraites. L’étalage de la vie privée ? peut-être. La
baisse du pouvoir d’achat ? peut-être. Trop de densité, trop de présence,
trop de changements. Une manière de gouverner et de communiquer a soudainement
lassé, quel que soit l’objet. La sympathie qui n’avait été que superficielle,
n’a pas duré. Le président sortant était minoritaire depuis le printemps de
2008. C’est un tour de force qu’il ait pu figurer au second tour et qu’il lui
reste à quelques heures du scrutin des chances de l’emporter. Ce n’est
nullement affaire de programme, puisque toute la campagne, faute d’événement –
à la dramatique exception des tueries de Montauban et de Toulouse – a consisté
à « rebondir » sur des propositions de l’adversaire. En sorte que la
campagne pour la présidence de la
République en 2012 n’a exposé de programmes que de la part
des concurrents de Nicolas Sarzkoy. En ce sens, il n’y a pas eu un referendum
contre celui-ci ou une ligue, contrairement à l’argument de propagande produit
par l’U.M.P. Le candidat ne pouvait avoir de programme que la poursuite et de
sa manière et des politiques suivies depuis au moins un an :
l’intergouvernemental dans l’Union européenne, au mépris du traité, du
Parlement, de la Commission…
les mini-plans de rigueur budgétaire et fiscale avec comme test, non plus
l’évaluation publiée par les agences de notation, mais le taux d’intérêt à
servir aux marchés. Quant au thème propre à séduire, croyait-il, les électeurs
du Front national, il n’a pas été approfondi, simplement une statistique,
diminuer de moitié le flux légal. C’est cette façon de se présenter de nouveau
aux suffrages – sans programme que d’éviter la mise en œuvre du programme de
l’adversaire – qui aurait pu rendre référendaire la présente élection. Ce n’est
pas ce qu’il s’est produit.
Le programme
de François Hollande, les soixante propositions plus précises en économie et en
social qu’en politique extérieure et en réorientation européenne, a donc été
l’axe de toutes les discussions de fond. Seule, Marine Le Pen a situé ses
propositions en regard du bilan de Nicolas Sarkozy. Les autres candidats ont
placé leur plan à côté de celui de François Hollande pour en critiquer un
élément ou pour en dépasser d’autres [7]: ce
qui était anticiper sa victoire, se situer soi-même plus en groupe de pression
qu’en concurrent. Ce qui a eu surtout pour effet de placer la gauche
parlementaire et gouvernementale qu’incarne le candidat socialiste au centre de
l’agencement des familles politiques françaises. Le débat sur les programmes, parce
qu’il a été faussé par l’absence d’un des principaux : celui de la
majorité sortante, a donc eu un effet différent de celui escompté. L’élection
ne sera pas l’adoption ou le refus d’un programme, elle est de consacrer un
nouvel état politique de la France. Une
émancipation des électeurs du second tour vis-à-vis de leurs choix au premier
et des attitudes publiées par leurs candidats respectifs. Il n’y a plus de
désistement, il y a la somme – aléatoire – des réflexions ou des réflexes
personnels. Ce qui rend le programme du prochain gouvernement – sauf le
calendrier de rétablissement des comptes publics, présenté par François
Hollande et, en société, le « contrat de génération » –
presqu’impossible à prévoir. Tout autant en politique extérieure. Libre de
continuer sans autre programme que de réagir à l’événement, Nicolas Sarkozy qui
avait proposé des changements en beaucoup de domaines durant sa campagne de
2007 ne donnera de programme à son second mandat que s’il revient à l’autonomie
du Premier ministre et du gouvernement par rapport à un président-arbitre.
Libre de tout engagement vis-à-vis de ses soutiens du second tour, n’ayant
proposé que de la raison et des chiffres plausibles pour la gestion, François
Hollande aura au contraire à jouer sa partie – celle de la France, celle de la gauche
– en Europe. Il ne la laisse pas prévoir innovante mais tenace et ponctuelle.
Ce n’est pas rien mais ce n’est pas une perspective, même à moyen terme.
IV – Eux et nous… et moi
Il est
difficile de mettre sur le même plan une relation des Français avec Nicolas
Sarkozy pendant cinq ans – déjà acquise – et que confirmerait une réélection et
celle à venir si François Hollande l’emporte. Tout au plus peut-on distinguer
que les Français sont en demande du second et qu’ils ont été l’objet constant
de la demande du premier.
La présence
médiatique insistante de Nicolas Sarkozy n’a pas été l’art d’amener à des
nécessités le consentement national, mais la tentative de se poser en
communauté de langage, en communion de réaction avec le tout venant. Elle n’a
pas eu pour but de convertir les Français à une mutation comme sut le faire de
Gaulle à propos de l’Algérie et des institutions, mais moins bien à une
politique étrangère dont certaines arrêtes heurtèrent : le Québec libre, la
réprobation de la guerre des Six-Jours, au point que les successeurs s’en
écartèrent nettement. Elle n’a pas été une pédagogie avec tout ce que cela
implique de paternalisme. Elle a été une constante justification. De Gaulle
expliquait des décisions ou en annonçait. Nicolas Sarkozy se justifie lui-même,
et généralement par l’affirmation qu’aucune alternative ne s’ouvre et que
l’indécision ou une autre décision que la sienne seraient scandaleuses et ne
répondraient pas à la juste attente de l’opinion publique. Seconde novation du
règne, le gouvernement d’opinion : les sondages tant sollicités, la
posture.
Avec les élus,
avec les syndicats, avec les grands corps de l’Etat, Nicolas Sarkozy a procédé
par des définitions, des interprétations, des qualifications interdisant le
dialogue et la discussion. La péremption des habitudes, des repères, des outils
a semblé un système que ne fondait pas une connaissance particulière de nos
institutions teritoriales, sociales, administratives. La démarche
intellectuelle n’a pas été une analyse de l’existant mais l’inventaire de ce
qu’il faut centraliser soit en droit soit en réseau d’amis.
Ainsi les
Français, qui n’ont été visités qu’hâtivement, pour la mise en scène et sous
une protection policière qui a souvent scandalisé, ne se sont sentis pour la
plupart ni compris ni considérés. Sans doute la campagne électorale détermine
des rapprochements avec un candidat par opposition à un autre, plus souvent que
par attirance positive, mais je ne crois pas qu’il y ait eu une assimilation
des Français pour leur président quinquennal, que nous nous soyons
majoritairement reconnus dans l’image donnée de la France dans le monde et
dans celle d’un personnage de recours et d’arbitrage dans l’enceinte nationale.
Le thème tardif d’un président protecteur contredit l’ambiance de contrainte
qui a prévalu sur des sujets communs à presque tous les Français, le régime des
retraites, la pérennité et l’universalité du service public. Certes, Nicolas
Sarkozy a constamment argumenté ses ministres et ses visiteurs selon sa
certitude de correspondre à la volonté répandue d’abattre des tabous. Volonté
utile si elle avait été discriminante et délibérée avec beaucoup. Elle a paru
un dessein systématique d’exproprier les Français de leurs acquis.
François
Hollande, dans son dernier discours de campagne, en plein air à Toulouse, alors
que celui de Nicolas Sarkozy, était en salle et pour la énième fois à Toulon…
il est vrai que Toulouse est « la ville rose »… a assuré qu’il serait
le même président que le candidat qu’il est encore pour quelques heures.
Souhait, vœu, j’y crois assez.
Lu
certainement par le président de la République quand il fut Georges Pompidou, Valéry
Giscard d’Estaing et François Mitterrand, reçu régulièrement par le principal
conseiller politique du second, admis fréquemment par François Mitterrand à le
rencontrer tête-à-tête avant comme après 1981, je n’ai plus jamais eu
l’audience présidentielle depuis l’entrée de Jacques Chirac à l’Elysée ni même
la correspondance ou la confidence d’un collaborateur attitré, écoutant et
recevant au nom du prince. Ayant échangé quelques lettres avec le député-maire
de Neuilly, plus substantielles de mon côté que du sien répondant davantage en
copier-coller mais lui ayant préféré Ségolène Royal, je pensais pouvoir
communiquer dans l’intérêt général à défaut de figurer dans un organigramme
très copieux. J’ai été ignoré quand j’ai rappelé au fait le président de la République légitimant
le coup militaire en Mauritanie par l’absence d’opposition au nouveau cours :
c’était aussi faux que son indication d’avoir téléphoné au président renversé.
Sans être ni
le premier mais pas le dernier, j’ai cherché depuis l’automne à entrer dans une
certaine confidence de François Hollande, plus candidat que futur président de la République, me sentant
familier encore de beaucoup de sujets, de ses références possibles à l’exercice
du pouvoir par la gauche avec François Mitterrand et Pierre Bérégovoy dont
j’avais été familier. Je n’y suis pas arrivé à ce jour.
Ce que j’ai
adressé à l’Elysée, aux personnalités d’opposition et aux députés de Mai 2007 à
Mars 2012 fait un gros volume. De notes de fond et de réactions par courriel.
Il sera sans doute édité. Il aura sa suite, publiée sans doute avant cinq ans,
si je ne reçois aucune réponse. Si au contraire, je suis admis à contribuer à
un nouveau cours, je n’en ferais pas état. Je crois que les conseillers du
prince, intimes ou lointains, mais conseillers quand même, ne valent
qu’anonymes tant que ne vient pas l’heure de témoigner fidèlement de la qualité
et de l’écoûte de celui-ci. Relation alors entre des Français, citoyens non
encartés et non cooptés, et l’élu du suffrage universel direct. Certainement,
je ne suis pas seul à chercher la communication, la participation. Le minimum.
Cette
fermeture des cercles du pouvoir et du
conseil est contemporaine à celle des médias pour tous ceux qui ne sont pas du
métier ou pas notoires. C’est notre époque ? ou ai-je tant vieilli ? depuis
le départ du général de Gaulle qui me motiva et fit ma continuité
intellectuelle en jugement et expression politiques, beaucoup plus qu’à mes
vingt-six ans j’avais pu le prévoir. La référence à cette date, qui fut une
rupture et le fondement d’un négationnisme dominant encore aujourd’hui, malgré
les apparences ou la caricature du contraire, n’est pas une recommandation.
Mais rien n’est jamais clos.
La relation
entre le pouvoir et le peuple est psychologique, qualitative, elle n’est pas de
masse, elle n’est pas statistique.Elle n’est pas que mémorielle, mais elle
n’est sûrement pas amnésique. Chacun des Français, pour un mandat aussi
personnalisé par celui qui l’avait reçu, a quelque fait, quelque mot à opposer
au président sortant. Une réélection assurée aurait supposé un adversaire de
gauche personnellement vulnérable et idéologiquement typé, rigide. François
Hollande n’est pas l’adversaire conforme./.
Bertrand Fessard de Foucault
après-midis du vendredi 4 & du samedi
5 Mai 2012
[1] - Robert Laffont . Février
2012 . 166 pages
[2] - dialogues avec Edwy
Penel en 2007, Devoirs de vérité
et avec Pierre Favier en 2009, Droit d’inventaires
[3] - Le rêve français . Discours et entretien . 2009-2011 (Privat . Août 2011 . 287 pages)
[4] - Catherine
Nay, Un pouvoir nommé désir (Grasset . Janvier 2007 . 479 pages) qui réussit bien moins pour L’impétueux .
Tourments, tourmentes, crises et tempêtes (Grasset
. Mars & Avril 2012 . 683 pages)
Yasmina Reza, L’aube,
le soir ou la nuit
[5]
- Merry BROMBERGER – Le destin secret de Georges
Pompidou (Fayard . 3ème
trimestre 1965 . 349 pages)
Pierre ROUANET – Pompidou (Grasset . Avril 1969 . 316
pages)
[6] - Témoignage éd. XO Juillet
2006 . 281 pages
Ensemble éd. XO Editions . Avril 2007 . 159 pages
Libre Robert Laffont . pocket . 1ère éd. Janvier
2003 – Août 2006 . 414 pages
publiés antérieurement à
la campagne:
La
République, les religions, l’espérance - entretiens avec Thibaud Collin, Philippe Verdin -
Le Cerf 2004
Libre – XO
éditions/Robert Laffont . Janvier 2003 & éd. Pocket Août 2006 . 415 pages)
Au bout de la passion, l’équilibre – entretiens avec Maurice Denisot – Albin Michel 1995
Georges Mandel, le moine de la politique – Grasset 1994 . introuvable
[7] -
deux exemples surtout, la bio-éthique censée mobiliser les chrétiens en faveur
du président sortant, le nucléaire amenant le candidat socialiste à motiver
bien mieux que les tenants de cette énergie les fins de ce choix
national : l’indépendance, et donc, bien mieux que les écologistes, les
précautions et investissements à mettre en oeuvre
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