vendredi 9 mai 2008

réfléchir à l'après-Bush - notes de 1992 & 2003

Le Canard enchaîné évoque un télégramme de notre ambassadeur à Washington : Pierre Vimont, notre ancien représentant permanent à Bruxelles (Coreper) et surtout directeur du cabinet du ministre sans discontinuer pendant tout le second mandat de Jacques Chirac, directeur donc à beaucoup de sens du terme de Dominique de Villepin, Michel Barnier et Philippe Douste-Blazy...
Je lui adresse les deux notes ci-jointes - comme regard différent sur les Etats-Unis, et donc sur notre relation souhaitable avec eux - et j'en fais également part au président de la République.
Dans la seconde, il est déjà - référence 2 - question du sénateur MacCain, que je considère depuis le début de la campagne présidentielle en cours, comme le vainqueur plus que probable. Sans doute du même "camp" politique que Bush junior, il a un recul, une expérience et une culture qui lui permettront - à la Nixon - de regarder presque tout : autrement, ce qui ne signifie pas un renversement des tendances, mais présage la possibilité que se réouvrent de vrais dialogues. Opposés sur tant de sujets, Maurice Couve de Murville et Dean Rusk, de 1963 à 1968, en tête-à-tête (le ministre du général de Gaulle était mieux que courant en anglais et n'a jamais communiqué pour la montre), étaient parvenus à s'entendre sur le fond, à circonscrire les désaccords et à être, ensemble et finalement, efficaces.
Cas d'école - le différend grave entre la France et les Etats-Unis à la fin de 1944 : sauver Strasbourg de toute évacuation alliée. Conclusion du général de Lattre de Tassigny (Histoire de la Première armée française . Rhin et Danube - Plon . Décembre 1949 . 670 pages) p. 358
Ainsi achève de se régler une crise dramatique. Elle prend fin par un resserrement de nos liens d'amitié et de confiance avec nos alliés américains, liens que l'action va porter à un degré jamais atteint d'intimité. Jamais, en effet, la solidité de la coalition, et son efficacité, ne serontplus remarquables qu'en ce mois de janvier 1945. Car si les Américains ont pu, au cours de ces journées anxieuses, constater notre résolution, ils ont pu aussi apprécier notre loyauté. Et nous, nous allons pouvoir admirer leur magnifique 'fair play'.
Résolution...


VERS UNE AUTRE ALLIANCE FRANCO – AMERICAINE
rédigé d’abord à Boston, en 1992

argument


Les circonstances périment les dogmes :
Les trois phases de l’attitude française analogues à celle des Etats-Unis – le multilatéral
La concomitance d’émergence de nécessités nouvelles

I – Les Etats-Unis en crise d’hégémonie
- La crise d’identité
l’alternative d’une société pluri-culturelle
- La crise de stratégie
la disparition du partenaire et du vis-à-vis
le rang par d’autres moyens ?
- La crise des moyens pratiques
les erreurs d’intervention désormais sans alibi
la redondance des cadres multilatéraux

II – La France en crise d’expression
La question d’Allemagne révèle les deux pays
- le front européen
successives manières de le tenir, chance actuelle
- les grands espaces traditionnels
la fin des souverainetés extra-hexagonales
la francophonie plus gouvernementale que répandue
- les positions nouvelles
la nationalité française des deux bords atlantiques
l’apport méditerranéen

III – Les conditions de l’entente nouvelle
L’ambiance déjà acquise ; faits anciens et récents ; affinités personnelles
- un principe d’intelligibilité pour chacun
la France au clair de la question d’Allemagne
l’universalité réelle de la France est contestable
- une architecture mondiale
pas d’autres partenaires que ceux-ci
- une nouvelle nationalité
accord politique sur le rameau franco-américain
la France et le grand large
L’intérêt en soi d’explorer l’apport d’une relation enfin motivée bilatéralement
et le souci américain de garder leur compétence politique, juridique et militaire en Europe.




Le front européen avait d’abord été tenu par la France dans l’invention de mises en commun franco-allemande qu’auraient englobé des institutions multinationales entre voisins immédiats : ce fut la Communauté européenne à axe franco-allemand, qu’aucun élargissement ne mit en cause, mais que périme dans sa forme actuelle l’unité des deux Républiques allemandes et la demande d’association de presque tous les autres Etats du continent. Il pouvait paraître que le front serait tenable d’une façon plus traditionnelle, par les politiques d’alliances et d’équilibre qui ont naguère si souvent réussi. Cela supposait une entente avec l’Union Soviétique, esquissée par de GAULLE autant en 1944 qu’en 1966 mais dont après lui ni les gouvernants français ni ceux de Moscou ne voulurent vraiment pour des raisons différentes, et reflétant en fait la réintégration de la France dans la concertation atlantique. Une troisième voie se présenterait aujourd’hui qui nonobstant les écrasantes responsabilités morales et diplomatiques encourues par la France entre les deux guerres mondiales envers des Etats qu’elle avait contribué à faire naître, et qu’elle ne sut pas protéger aux heures suprêmes, ferait de Paris l’intercesseur politique, financier et sans doute culturel face à l’attraction allemande atavique dans une région où l’absence de l’ancienne monarchie des HABSBOURG, laisse un vide dangereux depuis 1918. cette voie suppose – ce qui ne semble pas se réaliser – une stratégie nationale, et non pas collective, de la France regardant comme priorité et urgence décisives l’immédiate mise en place à l’Est de tous les arguments d’une présence active. Sans entrer dans des analyses et des propositions, pouvant faire l’objet d’une réflexion à elle seule, le temps – de semaine en semaine – travaille contre ce retour en force. Tandis que l’on conjecture des systèmes, des modèles, des actions de formation et que l’on discute des accords de siège ou de nouvelles institutions, la vie s’organise en Europe centrale et orientale, puisque les peuples se sont libérés. Ces spontanéités diverses font une éclosion culturelle et économique, constituant bien plus que l’ancien système à prétention totalitaire et centralisée, le terreau à partir de quoi tout poussera. La France n’y est pas présente, le voisinage allemand, la puissance économique et financière de Bonn, la part de marché prédominante immédiatement acquise après l’abandon de la « doctrine HALLSTEIN » et la conclusion des accords inter-allemands auront vite raison des craintes ataviques et même de ce que dans l’atmosphère confinée par le « rideau de fer » il était substantiellement resté de francophonie et d’attraction pour la vieille patrie de la liberté. La circulation des personnes, la contagion audiovisuelle feront pratiquement les affinités politiques et l’Allemagne s’augmentera encore de ce que la France aura négligé de s’associer par de rapides et très résolues alliances et conventions. Le risque est donc très actuel d’une France fondue dans la forme communautaire et de sa propre forme.




Les grands espaces traditionnels vont aussi faire défaut. Les formes néocoloniales de la présence française en Afrique sont en question très crue, et l’imagination n’est pas évidente de ce que seraient les moyens pratiques de se maintenir sur place tout en épousant les évolutions de démocraties et d’économies manquant totalement de maturité. Les évolutions politiques internes dans les Caraïbes, en Guyane et plus encore dans le Pacifique, malgré de substantiels répits qui sont à mettre entiers au crédit du second septennat de M. MITERRAND, engagent à terme le recul de la souveraineté française. Ce qui coïncide d’ailleurs avec la crise de nos industries faute de débouchés à mesure que s’éteignent les conflits et surtout que se convient la décélération des équipements militaires. L’Antarctique et la probable internationalisation de ses ressources et surtout des territoires qui depuis 1958 semblaient nommément affectés, participe du même mouvement et la transition vers l’occupation – qui peut être qu’à titre communautaire européen – des espaces intersidéraux risque d’être fort longue. La territorialité des actions françaises était l’un des deux principaux moyens pratiques pour Paris ; elle va bientôt faire défaut, plus certainement que lors des décolonisations ou pertes d’empires successives.

L’autre moyen n’est pas en meilleure disposition. Si les institutions de la francophonie font florès et tendent à aménager de substantielles ententes gouvernementales, c’est à la condition que la France accepte des compétitions nouvelles, ainsi celle du Canada, et parvienne à faire comprendre leur avantage à ses voisins européens partiellement francophones. Mais ces succès-mêmes n’enrayent en rien le déclin de la langue française dans la pratique mondiale : il ne s’agit pas de valeurs numériques absolues, mais de l’évolution des élites politiques, diplomatiques, artistiques et surtout de compétitions commerciales et audiovisuelles. Ce qui coïncide avec un évident affaiblissement de la créativité en France, qu’il s’agisse de mode, de littérature ou de toutes autres formes d’expression. Reflet sans complaisance d’une crisse plus profonde des structures d’intelligence française qui assimile mal la dérive en France-même des manières de diffuser la pensée et la parole et des manières de parvenir en situation d’influence. Une langue, une mentalité, une civilisation ne sont contagieuses qu’à raison de leur contenu ; il ne s’agit pas là de simple adéquation à l’époque, dans ses traits superficiels, mais plus profondément de la nécessité d’un apport au monde, et partant de l’originalité de cet apport. Bien avant le nivellement linguistique, se seront émoussés les saillants de la réflexion et de l’esthétique françaises, si une révolution culturelle – sans doute un retour à nos sources et à nos expressions classiques – s’avère décidément impossible.

Or de ces deux moyens traditionnels, l’Amérique, née du concours français il y a deux siècles, pourrait avoir quelque capacité de les améliorer dans l’intérêt des deux parties.




Les positions nouvelles que pourrait donner la France ne sont pas clairement identifiées, quoique la géopolitique les inspire à l’évidence. En fait, la timidité aveugle de deux façons l’énoncé des intérêts français. Le petit cap de l’Europe occidentale dispose de deux familles qu’il n’a pas encore choisies de mobiliser. Celle des fondateurs du Canada, qu’à deux reprises nous ne voulûmes pas réintégrer : la clairvoyance de VERGENNES ayant bien vu que le soutien à l’indépendance américaine était de l’ordre d’une politique d’équilibre en Europe face à l’Angleterre, et point du tout d’une guerre de revanche territoriale outre-Atlantique ; et la prise à témoin du Général de GAULLE pour le « Québec libre » n’ayant été suivi ni d’une continuité diplomatique et économique du côté français, ni d’une émancipation internationale de la Belle Province. Quel espace, quelles réserves à tous égards, quel point d’appui très évolué humainement et si bien situé stratégiquement peut cependant constituer le Canada d’origine……

***



Un principe d’intelligibilité peut désormais être constitué par chacun des deux partenaires pour l’autre. C’est manifeste de la part de la France, pour les Etats-Unis, en Europe et ce ne serait pas nouveau, mais ce serait enfin écouté, compris et raisonné. Ce fut déjà tenté aux tous débuts de la Quatrième République, quand malgré ses faiblesses économiques, ses dépendances militaires et surtout son inconscience de politique intérieure, la France résista le plus possible et concomitamment à tout début de réunification de l’ancien Reich et à la coupure en deux du continent : peine perdue dans les deux causes de la dernière conférence de Moscou aux accords réarmant la République fédérale. Ce fut surtout le geste, parfois grandiose, des onze ans de responsabilité du Général de GAULLE lui valant l’admiration autant que l’animosité, mais à coup sûr l’attention et l’intérêt constants des dirigeants et de l’opinion outre-Altantique. Les conditions sont tout à fait autres aujourd’hui, et d’une certaine manière par l’obsolescence des manières d’antan, les partenaires potentiels se retrouvent à égalité de … dénuement. L’initiative est à la France, comme elle a commencé de la prendre aussi bien dans ses propositions de Confédération européenne que dans les indications sur l’identité de celle-ci et donc sur la place – seulement extérieure – qu’y occuperaient les Etats-Unis. Mais il ne s’agit que d’esquisses encore et surtout il manque deux éléments : le premier que la France soit assez au clair avec elle-même sur la question d’Allemagne de façon à ne plus offrir la concurrence du flou ou de trois points de vues différents suivant les autorités gouvernementales ou présidentielles en cause depuis l’automne de 1989 sur ces sujets. Manifestement, l’Amérique n’a pas encore trouvé à Paris ce fil directeur qui ne peut cependant se dérouler ailleurs. Le second élément va consister dans la volonté explicite de concevoir avec les Etats-Unis leur rôle futur en Europe, étant exclu que l’Alliance atlantique demeure une structure d’avenir, étant évident que les négociations à « quatre plus deux » ne sont pas du tout de cet ordre. Il faut des propositions françaises, combinant les réalités territoriales nouvelles, les faits nucléaires encore inchangés, les imbrications financières et industrielles inter-atlantiques. Quant aux Etats-Unis, ils sont essentiels pour que dans un premier temps la France prenne conscience d’un fait qu’elle se dissimule depuis deux décennies au moins : à quel point elle a cessé d’avoir l’âme et l’intelligence universelles, à quel point elle s’est culturellement, mentalement et donc géographiquement refermée sur elle-même, sur des convenances actuelles du simplisme, de la stérilité, de la xénophobie et d’un matérialisme tout à fait contraire à os habitudes et à nos nécessités. Sans qu’il faille rechercher un modèle américain, il y a sans doute pour la France des leçons américaines à saisir aussi bien dans l’organisation de l’éducation secondaire ou des enseignements universitaires, que dans les approches de solution pour les coexistences et les mélanges d’ethnies et de cultures. Même l’expérience de l’échec peut ici servir, autant que cette référence moralisante qui – de loin – fait sourire, mais peut tout de même rappeler qu’aucun domaine, dans la constitution mentale d’un peuple, ne peut durablement être livré au seul empirisme ou aux politiques d’image au jour le jour.

Surtout, les Etats-Unis réintroduiraient la France, par un autre côté, sur des théâtres qu’elle connaît déjà mais dont elle s’est fait peu à peu, ou va bientôt peut-être se faire exclure, si les approches ne changent pas : l’Amérique latine, le Pacifique et l’Extrême-Orient. La complémentarité politique est ici très nette : le Nord est haï mais considéré par le Sud, dans l’hémisphère américain ; il n’en est évidemment pas de même pour la France ; le Japon défriche et achète les Etats-Unis mais n’a plus de curiosité – intense – que pour le fonds européen (les achats spectaculaires d’œuvres d’art notamment françaises ne sont pas seulement un plaidoyer insolite pour l’équilibre des paiements bilatéraux, mais une significative révérence en même temps que la manifestation d’une intelligence supérieure de ce qu’une action commerciale n’a de pérennité que politiquement et culturellement acceptée et en quoi les affinités révélées entre MM. NAKASONE et MITERRAND naguère, attendent leur prolongement). Pas plus qu’en Europe, il ne s’agirait d’actions ou de présences ostentatoirement concertées ou conjointes, mais d’approches discutées et comparées ensemble où l’intelligence des êtres et des choses est cherchée pour elle-même, comme élément de la décision politique ou économique.



Une architecture mondiale manque manifestement à la planète et l’on ne voit guère d’autres puissances la dessiner, la proposer que les Etats-Unis et la France, disposant chacun d’atavismes, de capillarités et surtout d’expériences concrète propres, que les différences actuelles de poids spécifiques rendent encore plus complémentaires. Cette expérience et cette façon d’être universel font encore défaut aux autres partenaires des rencontres « au sommet » entre Etats réputés les plus riches du monde. Surtout, l’entente franco-américaine, pour ce genre d’esquisse, serait la seul qui ne prête pas à méfiance généralisée : avec la Grande-Bretagne, les Etats-Unis resteraient en cercle restreint, avec le Japon ou avec l’Allemagne, ils s’excluraient à l’immense assemblée de ceux qui craignent la puissance trop évidente ou trop simple ; de même, l’entente franco-allemande n’a pu, surtout cet automne, constituer le discours organisant et assurant les différentes naissances et renaissances dans le Vieux Monde et même rétablie comme il est à souhaiter, elle ne saurait se passer de l’entente américaine pour être vraiment à l’échelle des questions qu’il faut traiter. Quant à l’entente américano-soviétique, non seulement elle va périr aujourd’hui faute de partenaire crédible et faute de consistance assez assurée territorialement et économiquement, mais aussi elle a fait les preuves de sa stérilité relative pendant les quelques vingt ans où elle eût tout loisir d’opérer.

Ce n’est pas le lieu ici de proposer cette architecture ; le dessein d’ailleurs excède la réflexion d’une individualité comme d’une nation seule ; mais d’insister sur l’identification résolue de cette tâche commune aux deux partenaires et d’urgente nécessité collective. Comme si trois quarts de siècle avaient été perdus en guerres aberrantes, en racisme honteux et en fantastiques dénis de justice économique et sociale, le XXème siècle commence tout juste. Les ambitions à ses débuts restent valables : comment organiser l’émergence et la réalité des nouvelles entités nationales et étatiques ? comment assurer la paix, les arbitrages, les échanges ? comment dépasser les champs habituels pour aller à la conquête des étoiles ou des divers inconscients individuels et collectifs ? La combinaison de l’esprit américain et de l’esprit français qui se sont parfois intensément et réciproquement fascinés, mais n’ont pas assez bénéficié comme entre peuples européens du voisinage physique ou du mariage sanglant des guerres et des éphémérides communs, devrait faire merveille, d’autant qu’à se pratiquer, ils découvriront leur complémentarité qu’au « siècle des lumières » on avait sans peine cultivée – précisément pour la Révolution. Les rédactions de la Charte des Nations-Unies, comme beaucoup de celles ayant inspiré le Pacte de la Société des Nations, la Déclaration universelle des droits de l’homme ou les grands textes sur le travail ont montré la fécondité de ce couple d’intelligence et d’idéaux. Sans entrer évidemment dans la question des ratifications ou de l’efficacité de ces textes, lot d’une autre et très différente époque.




Une nouvelle nationalité pour chacun des partenaires de cette alliance et solidarité retrouvées, serait sans doute le fruit le plus savoureux pour les Français comme pour les Américains. Il n’y a là aucun paradoxe. La France ne peut s’enfermer dans la seule Europe, si prodigieusement diverse que celle-ci redevienne enfin… et les Etats-Unis ne survivront pas s’ils deviennent un ensemble de communautés que bientôt sépareront la culture, la référence historique native et les clivages de chances et de niveaux de vie économiques.

Ce serait sans doute la partie la plus formelle – sinon la seule – de la nouvelle entente entre les deux pays, que de regarder comment faire revivre ou fructifier au maximum le rameau français ou francophone dans l’ensemble de l’Amérique du nord, dans la stabilité – bien évidemment – des ressorts et souverainetés de maintenant. Rien qu’aux Etats-Unis même, les franco-américains de la Nouvelle Angleterre et les surgeons de la Louisiane peuvent représenter un des éléments de contrepoids aux nouvelles ethnies, et correspondre quant à elle au plus profond et authentique de l’histoire américaine. Ils sont actuellement en déclin, sans doute faute du souci et de la sollicitude de l’ancienne mère-patrie ayant peu encouragé l’éducation francophone là-bas, mais surtout faute du maintien des structures qui firent la mémoire québécoise : la foi religieuse liée à la langue. Cela peut surprendre si les gouvernements des Etats concernés comme celui de l’Union y voient un particulier intérêt. Cette coopération colorerait d’un cachet moins suspect pour beaucoup la reprise plus vigoureuse de la relation franco-canadienne et l’ensemble s’inscrirait désormais dans l’exploitation maximale d’une des racines nord-américaines. Ce serait bien entendu le lieu d’échanges universitaires et scientifiques plus nourris qu’aujourd’hui et la nation américaine comme la fédération canadienne pourraient se trouver des points d’ancrage nouveaux en même temps qu’un répondant européen original et mature, traitant dans une optique d’Etat ce qui, pour d’autres origines nationales, est laissé à la communauté de langues ou aux destins individuels.

Du côté français, ce serait la réappréciation que les alliances et les substances ne sont pas seulement continentaux et que la Communauté européenne elle-même et en tant que telle doit relever le défi que ses procédures non-écrites de cooptation et son intégration croissante qui vaut intense discrimination en défaveur des tiers, ne lui ont pas assez fait percevoir ces dernières années. Or s’il est difficile qu’un marché –surtout s’il est le premier du monde – soit ouvert à tous vents et à tout établissement, il importe en revanche que son évolution politique demeure à l’écoute et à l’échelle de tous les murmures du monde : la France sait assez bien l’Europe et pas trop mal les mondes méridionaux ; elle méconnaît les pays très développés dès lors qu’ils ne sont ni ses voisins ni ses consanguins. C’est sans doute par cela qu’elle s’est progressivement refermée de fait sur elle-même, l’empire colonial et l’acquis littéraire et artistique du premier tiers du siècle ayant fait illusion presque jusqu’à nos jours. A rouvrir son esprit à des apports aussi riches – sinon parfois plus – que sa propre substance, la France trouverait sans doute l’élan qui lui manque si nettement en ce moment pour accepter et structurer les quelques mues affectant sa nationalité. Une identité plus réelle, moins imaginée, et donc bien plus expressive et à terme, plus belle en surgira. A coup sûr. Une telle originalité dans un tel moment renforcerait à terme la conduite spirituelle et politique que paris continue d’ambitionner en Europe, et l’avoir ainsi permis à la France par leur nouvelle alliance, les Etats-Unis se donneraient une créance inédite : avoir à leur tour réensemencé l’Europe, d’une troisième manière, après qu’ils aient en 1917 payé la créance de LA FAYETTE, et en 1942-1943 contribué à ce que le Vieux Monde ne passe seulement d’un totalitarisme à un autre.

Les réflexions qui précèdent se fondent sur la conviction qu’aucune relation entre des peuples n’est vraiment fructueuse, si elle ne se situe dans la perspective la plus vaste et la considération des intérêts les plus vitaux. Les Etats-Unis et la France se trouvent actuellement dans cette situation historique analogue ; ils ne leur manquent plus que d’en tirer ensemble la conclusion. Une motivation bilatérale et politique. En tirer ensemble la conclusion. Motiver politiquement une relation bilatérale, que permet seulement aujourd’hui la péremption de tant de cadres multilatéraux et de tant de susceptibilités ou d’incompréhensions réciproques. Bref, un libre attrait – ce qui est rare dans la vie internationale. Parfois un peu honteuses ou politiquement occultes d’un côté, un peu désinvoltes ou peu informés de l’autre, les relations franco-américaines entreraient – pour le plus grand intérêt actuel de la communauté mondiale – dans une phase décidée pour elle-même.

Trois éléments militent pour le développement de ces réflexions. Leur coût politique désormais nul. Le tropisme certain, malgré l’intégration européenne, pour les mariages industriels et financiers franco-américains. L’absence – sans doute durable – pour chacun des deux peuples et des deux gouvernements d’un autre partenaire ouvrant autant de possibilités et représentant si peu d’inconvénients ou de risques… Une telle évolution est d’ailleurs – quoique peu perçue – aussi révolutionnaire que ce qui vient de se produire en Europe orientale et en Asie russe. Que la France ait assez continûment cultivé le legs du Général de GAULLE, malgré bien des lacunes, des timidités et des changements politiques et intellectuels internes pour que son indépendance d’orientation ne fasse plus de doute pour personne, à commencer chez elle. Que les Etats-Unis commencent de percevoir assez que leur rôle dans le monde et que leur ciment interne ne se maintiendront plus – à court terme , même – sans une mûe profonde.


A Boston, jeudi 26 Avril - jeudi 17 Mai
& à Vienne dimanche 3 – lundi 4 Juin 1990





LA POSTURE NUCLEAIRE AMERICAINE
&
SES CIBLES OFFICIELLES

OU

L’EUROPE DISSUADEE ?






La Nuclear posture review américaine révisée en 2002 vise [1] censément aussi bien des pays disposant de l’arme nucléaire que d’armes bio-chimiques, étant entendu que les Etats-Unis n’ont pas à leur panoplie ces dernières de la même façon.

Officiellement, il s’agit pour mémoire de la Russie – qui ne présente qu’une menace par accident involontaire de la part de celle-ci -, de la Chine – dans l’hypothèse d’une escalade à propos de Taïwan – et plus précisément de l’Irak, de l’Iran, de la Corée du nord, de la Libye, de la Syrie. Les binomes Inde-Pakistan, Argentine-Brésil sont oubliés parce que censés s’annuler mutuellement, la Grande-Bretagne est traditionnellement liée aux Etats-Unis, la France l’est depuis qu’elle a lié la mise à niveau de son arsenal au programme de simulation des essais nucléaires américains, Israël ne peut être désigné comme seul détenteur de fait d’armes de destruction massives au Proche-Orient, ce qu’avait tenté de démontrer un projet syrien de résolution.

Au plus pressant en début de cette année de la crise irakienne, il a été dénoncé, même aux Etats-Unis [2], l’incohérence de se soucier autant de Bagdad et si peu de Pyong-Yang. Le régime de Sadam Hussein renversé, la Syrie a été menacée aussitôt mais sans plus, la Libye s’est vue élire à la présidence de la commission des droits de l’homme des Nations Unies, l’Iran a été soumis à forte pression par les 35 pays membres de l’Agence internationale de Vienne. Ni l’Iran ni la Corée du nord n’ont donné lieu à un recours américain au Conseil de sécurité. On voit bien pourquoi : l’Union européenne, divisée à propos de l’Irak, ne l’a pas été à propos de l’Iran, ce qu’a manifesté la visite des trois ministres des Affaires Etrangères britannique, français et allemand à Téhéran ; ni Séoul ni Tokyo ne souhaitent un conflit ouvert dans leur immédiat voisinage et il a été préféré par tous une négociation multilatérale, commencée à Pékin et dont on peut augurer qu’elle pourra se terminer à la manière dont les anciennes Républiques dites nucléaires de l’Union Soviétique ont vendu aux Etats-Unis les têtes nucléaires se trouvant sur leur territoire en 1991-1992.

Pourquoi donc l’Irak n’a pas été justiciable d’un aboutissement pacifique du cycle des inspections commencées le 27 Novembre 2002 et ponctué d’examens tous les deux mois en Conseil de sécurité ? Le secrétaire d’Etat américain a observé à Davos, en marge du Forum économique mondial, que prétendre fonder l’intervention américain sur le pétrole était une « bêtise ». Pourquoi les Etats-Unis n’ont-ils pas procédé comme avec l’Afrique du sud en 1989 tant sur le plan technique « plus simple » que le système des inspections en Irak, que politique : la fin du régime existant, celui de l’apartheid. Exemple que citait Condoleeza Rice, peu avant le dicours de son président sur l’état de l’Union [3].

Il apparaît bien que les Etats-Unis ont souhaité de longue date, pas tant renverser le régime de Sadam Hussein, que s’installer dans une position absolument centrale au Proche-Orient d’où il est possible de contrôler le maximum des Etats de la région sans plus y être stationnés comme ils l’étaient encore au début de Mars 2003. Ce n’est donc pas de désarmer l’Irak qu’il a été principalement question, mais bien de s’établir durablement et en maître, hors de toutes négociations pour obtenir des bases, par le simple fait d’une décision unilatérale d’occupation.

Les Britanniques ont donné implicitement la réponse. Le 18 Mars, soit l’avant-veille de l’attaque américaine dont il ne sera prévenu qu’après son homologue israëlien, Tony Blair aux Communes juge « malencontreuse et profondément dangereuse » la conception de Jacques Chirac d’un monde multipolaire. Bien mieux que José Maria Aznar [4], il plaide le 28 Avril pour une « puissance uni-polaire euro-américaine » ; « ceux qui craignent l’unilatéralisme américain doivent comprendre que le moyen le plus sûr de l’avoir est de créer un pôle rival de l’Amérique ». Dans cette logique, l’Union européenne est appelée à succéder aux Nations Unies dans la police de Bosnie, à l’O.T.A.N. en Macédoine, tandis que l’O.T.A.N., un temps recherché comme cadre de rechange au Conseil de sécurité pour l’intervention en Irak, vient épauler les forces proprement américaines en Afghanistan. Et c’est la confusion [5] que prévoit explicitement l’article 17 du traité sur l’Union européenne [6], d’une politique commune de sécurité et de défense avec les « obligations découlant du traité de l’Atlantique pour certains des Etats membres » tandis que « l’intégration éventuelle de l’U.E.O. dans l’Union » reste à décider et que les « sept initiatives » décidées par quatre des Etats-membres [7] n’ont encore rallié aucun autre pas plus que notre proposition d’une « gendarmerie européenne » propre à prévenir une crise ou à stabiliser une situation [8].

Bien davantage que les Européens eux-mêmes, les Américains anticipent ce que serait, ce que sera une Union Européenne conséquente avec elle-même. Le contre-poids évoqué par le Président de la République et dont ne veut pas entendre parler le Premier ministre britannique ne peut être ni la Russie ni la Chine, mais l’Europe, celle-ci adossée au droit international et à une organisation du monde, certes à refonder mais dont les Nations Unies sont la matrice. L’anticipation américaine est politique, elle a produit la coalition explicite de huit pays, parmi les Etats-membres de l’Union et parmi les futurs adhérents du 1er Mai 2004 [9], contre la « vieille Europe », elle a failli empêcher par cette même coalition ou presque que la Convention européenne accouche du projet présenté finalement et selon les vues franco-allemandes au Conseil européen de Thessalonique. Le plan politique est virtuellement traité mais c’est la première fois que s’est manifesté aussi clairement l’empêchement américain ; naguère, la candidature britannique au Marché commun, le préambule allemand au traité de l’Elysée ou, il y a moins longtemps, la timidité française à déclarer obsolète une Alliance atlantique dès lors que le mur de Berlin était tombé et que le pacte de Varsovie s’était dissous, suffisaient ; au Conseil de sécurité, la France très notamment, mais aussi l’Allemagne, et dans l’Alliance atlantique celles-ci et la Belgique, ont gêné les Etats-Unis, les ont mis à nu comme cela ne s’était jamais fait que dans la rue et selon des manifestations du genre de celles contre la guerre du Vietnam autrefois ou contre la mondialisation depuis la réunion de Seattle. La Belgique particulièrement du fait de sa loi sur la compétence universelle faisant attraire Ariel Sharon et Tommy Franks devant des juridictions bruxelloises, a été contrainte de revenir sur celle-ci, à l’occasion de ses élections générales et de la formation du gouvernement « violet » de Guy Verhofstadt : il en allait, crut-on, du maintien du siège de l’O.T.A.N. dans le pays et de l’avenir du port d’Anvers.

Reste donc l’anticipation économique. Ministre britannique délégué aux Affaires Européennes, Denis MacShane écrit que « c’est le jour où l’Europe aura donné sa pleine mesure sur le plan économique qu’elle pourra traiter sur un pied d’égalité avec les Etats-Unis » [10]. La Grande-Bretagne, du fait récent de ses accords pétroliers avec la Russie, est le premier investisseur étranger dans l’ancienne Union soviétique et son grand argentier a eu raison, le 9 Juin, du vœu personnel du Premier ministre qu’elle rejoigne les onze pays ayant pour monnaie unique, l’euro.

Autant que l’occupation américaine en Irak, la dépréciation du dollar américain par rapport à l’euro. concourent à fragiliser la croissance d’un Vieux Monde qui n’a plus à vendre que ses services, qui ne peut plus soutenir du fait de l’élargissement de l’Union à l’Est son agriculture comme avant. Le fait qu’il y ait une zone, en Irak, sous commandement nominal de la Pologne, qu’il y ait dans les zones britannique et américaine, des troupes italiennes et espagnoles est aussi pernicieux pour une politique extérieure et de sécurité commune que le couplage des bourses et des valeurs européennes avec celles de l’Amérique et que la subordination de fait des indices européens aux parutions de statistiques macro-économiques américaines. La probabilité est d’une conjonction des vœux des grands entrepreneurs et banquiers européens et de l’hégémonisme américain, appuyé par le tropisme des fonds de pension outre-atlantique, et que cette conjonction fasse préférer aux évolutions actuelles de la parité dollar-euro. une parité quasi-fixe. Ainsi, se réaliserait – à la manière dont s’était volontairement satellisé le schilling autrichien vis-à-vis du deutsche mark – la subordination des autorités monétaires de Francfort à celle de la Federal Reserve.

Longtemps fondement de la subordination européenne, l’arme nucléaire américaine censée protéger l’ensemble du « monde libre » de part et d’autre de l’Atlantique, n’est plus aujourd’hui qu’une dissuasion nominale vis-à-vis de pays tiers que ne redoutent plus vraiment ni les Etats-Unis ni les Européens. En revanche, les opinions ne s’y trompent pas, ce sont bien l’Amérique ou Israël qui leur paraissent – à tort ou à raison - désormais des pays dangereux pour la paix du monde ; et ce dont vont se doter désormais les Américains ce sont des drones, capables de bombarder n’importe où sur la planète en deux heures ou des mini-bombes nucléaires [11]. Retour à des armements quasi-conventionnels si sophistiqués et coûteux qu’ils soient, retour aussi à des géo-stratégies ressemblant plus à celles de la fin du XIXème siècle que celles qui étaient prévisibles au seuil de « l’ère atomique » [12] et dont n’auront guère été justiciables que les crises du Cachemire ou, entre « super-Grands », celle de Cuba.

Il est clair que l’Europe ne comblera son retard économique et technologique qu’en se dotant d’un gouvernement économique, que l’euro. ne peut survivre aux entorses consenties au pacte de stabilité et aux baisses de taux d’intérêt outre-Atlantique que si la Banque centrale européenne fait explicitement partie de l’architecture d’un traité constitutionnel de l’Union, que ces deux piliers de l’union économique et monétaire ne peuvent plus s’édifier efficacement sans une gouvernance politique et dans laquelle les peuples se reconnaissent. Le vrai défi est là, au-delà des apparences diplomatiques ou sécuritaires qui auront dominé l’année 2003. Futuriste, tandis que l’anticipation américaine – par l’affaire irakienne – en sera restée à la Realpolitik.

L’antidote à l’hégémonie est donc double. Le succès, en écriture et en perception par l’opinion publique, du projet de Constitution européenne, ce qui suppose une forte implication des politiques nationaux et de ne pas craindre des ratifications par referendum : parvenir à réunir les citoyens européens sur leurss institutions au même degré qu’ils l’ont été à la fin de l’hiver dernier contre l’intervention en Irak… L’auto-critique des Etats-Unis, telle notamment que la pratiquent beaucoup des anciens collaborateurs des présidents démocrates [13] et certains des compétiteurs républicains de Goerge Bush junior, en sorte que de part et d’autre soient quittés simplismes et préjugés, réflexes et complexes. Dépassant leurs Etats-nations, les Européens sauraient inviter, pour une sécurité et une gouvernance mondiales, l’Amérique, aujourd’hui Etat-nation s’il en fut jamais, à se surpasser elle aussi [14]. L’enjeu : « préserver la chance extraordinaire qui nous est offerte de remanier le système international » [15] en nous gardant d’ « assimiler un accord de procédure à un réel progrès » [16]. La pierre de touche demeure la maîtrise de notre destin par nous-mêmes et chez nous : « l’idée de devenir une puissance mondiale à part entière n’est pas envisageable sans fondement régional » [17] . La Russie et la Turquie ont montré aux Européens leur anticipation, elles aussi, de ce fondement de notre envergure mondiale : à l’heure d’un choix qu’opéraient d’un côté Français, Allemands et Belges principalement et de l’autre tous ceux soutenant les Etats-Unis, Moscou et Ankara se sont opposés à ces derniers et ont rallié la « Vieille Europe », la première en Conseil de sécurité et la seconde en refusant le transit de son territoire.

La reconstruction est urgente, car le conflit israëlo-palestinien n’est pas résorbé et qu’en théorie, il n’y a plus que quinze mois pour réaliser l’Etat palestinien, tandis qu’en pratique l’édification du mur en Cisjordanie nie toute possibilité de confiance mutuelle, car à Hong-Kong qui manifeste chroniquement contre Pékin, et à Taïpeh qui n’exclut plus la proclamation d’une indépendance attentatoire à l’unité de la Chine, beaucoup signifie un possible réveil des géo-stratégies d’antan, celles précisément couvertes par la Nuclear posture review. Or, à ces vieux jeux – qui la divisèrent pendant plus de quarante ans – l’Europe ne gagne pas, tant elle est loin encore d’une politique extérieure et d’une défense communes avec des moyens qui lui soient propres. Il se pourrait alors que la commande si significative des 180 Airbus M-400 et la prochaine entrée en œuvre de l’Agence européenne de l’armement soient les événements véritables de 2003, parce que seuls annonciateurs d’avenir./.
Reniac, mardi 2 Décembre 2003

[1] - Le Monde du 29 janvier 2003, p. 2

[2] - le sénateur McCain, 5 Janvier 2003

[3] - Le Monde des 26-27 Janvier 2003, pp. 1 & 12

[4] - Le Monde du 11 Avril 2003 : « il n’y a pas d’alternative aux Etats-Unis pour la sécurité du monde »

[5] - ainsi, semble-t-il, des pourparlers sur une politique de défense « complémentaire » à l’OTAN tenus en Conseil européen à Bruxelles, les 16 et 17 Octobre derniers

[6] - signé à Maastricht le 7 Février 1992, version consolidée

[7] - sommet du 29 Avril à Bruxelles réunissant la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne et la France

[8] - réunion des 25 ministres de la Défense, les 3 et 4 Octobre derniers

[9] - Wall street journal du 30 Janvier 2003

[10] - Le Monde du 17 Janvier 2003, pp. 1 & 15

[11] - le Sénat américain a levé l’interdiction de les fabriquer, le 8 Novembre dernier

[12] - systématisées dans leur exposé par Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations

[13] - Pour le renouveau du partenariat transatlantique, Madeleine Albright, James Schlesinger, Warren Christopher, Zbigniew Bezezinski, etc… Le Monde du 15 Mai 2003, pp. 1 & 16)

[14] - Ainsi, au bout de la voie conçue initialement par de Gaulle pour permettre à la France de se passer de l’Amérique, tandis que l’Amérique rêvait d’intégrer pleinement la France à l’O.T.A.N., la coopération entre ces deux adversaires et amis séculaires – un peu analogue aux « liens spéciaux » de l’Amérique avec la Grande-Bretagne – apparaît comme la clé de l’équilibre. Elle l’était déjà, voici deux générations, lorsque Wilson s’était manifesté sur le sol français pour libérer l’ancien monde de ses égarements et fixer des horizons plus vastes que celui de l’Etat-nation. Henry Kissinger, Diplomatie (éd. Fayard . Novembre 1996 . 860 pages)

[15] - Henry Kissinger, La nouvelle puissance américaine (éd. Fayard . Février 2003 . 386 pages)

[16] - tendance reprochée à Koffi Anan par Madeleine Albright, Madame le secrétaire d’Etat, mémoires (Albin Michel . Septembre 2003 . 652 pages) p. 350

[17] - Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier (Bayard éditions . Octobre 1997 . 273 pages) p. 236

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