L'exhaustivité accessible des pièces et du déroulement de la révision constitutionnelle
Une durée de débats sans précédent, une mise en charpies du projet présidentiel : aussi
L'international : l'essentiel et l'accessoire
Nicolas Sarkozy, inlassablement hebdomadaire
Prier… les grands ordres religieux, ma lecture d’hier, tout n’est-il pas à reprendre ou à inventer quasiment ab initio en cette matière, puisque sauf exceptions, la vieille Europe, en tout cas notre France ne recrute plus ? Puis viens et suis-moi… ces paroles de feu qui me faisaient rougir, de même que toute allusion à nos assemblées de collégiens sur une vocation particulière, me paraissait directement adressée, ne remuent plus personne, ou sommes-nous dans la parabole du semeur et des ronciers, trop occupés ? notre psychologie à chacun devenue inapte ? La recherche de la perfection ou le mime de personnalitrés enviables et remarquables sont – à entendre les récits de vocation – les deux chemins fréquents. Il est clair que ces chemins sont très loin du seuil. Jésus le fait comprendre : posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer. S’il n’y a pas rencontre ou désir de rencontre, et rencontre d’amour, on ne va pas loin, on n’aboutit nulle part. L’attrait se bâtit cependant sur notre sensibilité. Ce mot de JL : je me suis fait jésuite, parce que cela me faisait plaisir… il est rare que Jésus appelle ses disciples, qui – eux – ont tout quitté pour le suivre, à la lettre et avant la formulation présentée aujourd’hui, mes enfants… La richesse handicape, un dénuement excessif, aussi. Vous allez obtenir votre salut, qui est l’aboutissement de votre foi. Je crois que chaque génération bénéficie des acquis de celles qui l’ont précédée, mais elle ajoute, les nôtres ajoutent peut-être une grande désinvolture et beaucoup de repli sur soi et de peurs autant de l’engagement que du dépouillement, mais elles ont l’intuition que les buts ne sont plus moteurs : perfection, salut ? soit, mais c’est la rencontre d’une personne qui est décisive. On se donne à quelqu’un et pas à quelque chose. Un de les scouts, il y a quarante-cinq ans, était choqué par le psaume… propter retributionem… aimer ou se consacrer : parce que… Non. Inconnu, indicible, invisible, Dieu sur-aimé. Un de mes moines aimés disait, il y a aussi quarante-cinq ans : Dieu plénitude d’attrait, il commentait il y a dix ans : notre bien commun, en communauté religieuse, certes pour tout le créé, le vivant. L’héritage qui ne connaîtra ni destruction, ni souillure, ni veillissement. La pièce n’est cependant pas à jouer demain. La rencontre du « jeune homme riche » est de maintenant, celui-ci ne demeure pas auprès du Christ mais s’en alla tout triste. Va… mais il est parti pour ne plus revenir. Va…puis viens et suis-moi. Mais va d’abord. Une sorte de mise en ordre, que la foi à elle seule, celle de l’évangile, l’espérance à elle seule, celle de Pierre et de l’Eglise, n’opèrent pas à elles seules [1].
A défaut du contrôle citoyen sur les débats parlementaires, et notamment sur ceux décidant du contenu de la révision constitutionnelle, la vigilance a – de nos jours – ses instruments. Contre le quinquennat – version 2000, alliance en principe contre-nature de Jacques Chirac avec Lionel Jospin – j’avais écrit par la poste aux députés et aux sénateurs censément « gaullistes ». Aujourd’hui, un courriel circulaire aux parlementaires par groupe de cent, n’entraine aucun frais et se réalise en une dizaine de minutes. Sont accessibles directement les discours du président de la République passant commande de la révision, les débats et le texte du rapport du « comité Balladur », les compte-rendus de travaux en commission des lois, trois séances avant l’examen dans l’hémicycle (cinq séances depuis mardi dernier), le texte du rapporteur (gros comme un manuel de droit : 629 pages) et des amendements (603, dont la plupart sont certes lapidaires, mais le total fait nombre). Cependant à mes circulaires (analyse de la commande présidentielle, critique du rapport Balladur, lecture annotée des références gaulliennes, de la lettre du président de la République au Premier ministre, du projet de loi déposé le 25 Avril), je n’ai guère qu’une dizaine de réponses électroniques ; du président de la République que quelques copier-coller me rangeant dans la foule supposée de ceux qui répondent à son souhait de débat national, du Premier ministre des protestations de gaullisme proférées aussi cette semaine au Palais-Bourbon, des présidents des deux assemblées ou du Conseil constitutionnel des accusés de réception dont les plus chaleureux viennent du Sénat, mais aucun courrier n’est circonstancié.
L’entreprise en cours est une première sous la Cinquième République – ce qu’ambitionnait celui qui a voulu sinon cette révision, du moins la révision – en ce qu’elle mobilise une grande partie des articles de la Constitution et en ce qu’elle se déroule en de multiples instances et à de multiples niveaux. Depuis 1958, hors le referendum de 1969 soumis à des consultations préalables très approfondies, pour sa composante de la régionalisation (au point que ces délais découplèrent la consultation des succès de la dissolution de l’Assemblée nationale et du maintien de la parité du franc), jamais une telle discussion n’avait autant duré : bientôt une année calendaire, ni surtout divisé les élus en deux camps tout à fait insolites qui ne correspondent à aucun clivage politique : ceux qui obtempèrent au caprice présidentiel et qui y voient une occasion d’obtenir des révisions partielles depuis longtemps espérées, même si celles-ci ne sont que des ébauches (referendum d’initiative populaire, exception d’inconstitutionnalité), et ceux qui préfèrent rehausser le Parlement dans la vie de nos institutions en en faisant l’opposant, sur ces sujets constitutionnels, aux vues et surtout au comportement de l’actuel président. La pierre de touche est le consentement ou pas à la venue du président de la République, en personne, devant le Parlement : consentement donné ce soir au Palais-Bourbon en première lecture, mais les critiques, très vives dans la majorité et dans l’opposition, ont certainement plus de résonnance que ce premier vote qui n’est pas à la majorité qualifiée.
A l’instar du « rapport Vedel » remis en 1993, celui du « comité Balladur » n’est en fait pas suivi ni par le projet gouvernemental ni par la commission des lois. On est donc dans une réforme qui change constamment de dimension et de libellés, et qui ne peut plus être avouée ou signée par un seul, le président de la République moins que d’autre. Restent que s’avouent des penchants pour un régime seulement présidentiel, qui iraient dans le sens de Nicolas Sarkozy, dans tous les camps, mais qui ne sont pas encore majoritaires. François Bayrou s’avère l’un d’eux, ce qui est conséquent : la représentation proportionnelle rime avec un Parlement où la question de majorité ne se poserait pas dans les termes du parlementarisme que nous connaissons (et dont nous ne savons pas, au bout de cinquante ans pourtant de pratique, vraiment tirer tout le suc).
Relations internationales. J’attache une importance particulière à la chronologie et à la teneur des premiers voyages à l’étranger du russe Medvedev : Kazakhstan, Chine et maintenant intense préparation du « sommet » Union européenne-Russie. Aussi grande quoique le terme soit bien plus longtemps à la discussion sur la réduction des gaz à effet de serre, et à la gestation d’un nouvel instrument politique et juridique, succédant à partir de 2020 au « protocole de Kyoto ». Enfin, à la conférence internationale sur le développement de l'Afrique (Ticad) organisée par le Japon du 28 au 30 mai à Yokohama et qui réunira 52 pays africains. Il y a deux ans, la Chine avait fait organiser une semblable convcertation continentale avec elle.
Surprise, le mouvement des marins-pêcheurs ne s’éteint pas, contrairement à l’ambiance et à la tendance de fin de semaine. La stratégie est d’empocher les 40 centimes le litre mais de pousser les choses désormais au plan européen, c’est-à-dire en suscitant la mise en branle de toute la profession dans l’ensemble de l’Union. Catalans et Portugais s’y mettent. On attend pour demain ou après-demain les Grecs, les Belges et les Néerlandais. Si les Sables-d’Olonne ont repris dès samedi ce qui fit croire au gouvernement (encourageant les médias en ce sens) que le mouvement s’apaisait dans la confiance aux dires de Michel Barnier, Guilvinec qui avait eu la visite surprise du président de la République en Novembre, tient au contraire bon : alors, on y avait entendu la promesse d’un litre de gazole à 30 centimes. Les aides promises ne donneraient qu’une assurance-visibilité de six mois. Il s’agit de l’avenir d’une profession entre les contraintes et régulations environnementales et les prix du carburant.
Imperturbablement, Nicolas Sarkozy tombé à 35% de popularité tandis que François Fillon reste au-dessus de 51% (IFOP-Journal du dimanche) continue de présenter, en province chaque semaine, des projets de loi, à débattre presque chaque fois sous quinzaine au Parlement. Les thèmes sont de plus en plus pointus, le débat technique toujours plus difficile à soutenir puisque le président de la République n’est pas interpellable, même si la révision constitutionnelle exauce son souhait de s’adresser aux parlementaires. Les conséquences et impacts pas toujours mesurés, ce qui fait des déceptions de plus en plus grandes pour des applaudissements de plus en plus maigres, et donne une sensation de pointillisme : il n’y a pas d’ensemble, que la manière du nouveau président, or celle-ci n’attache plus. Elle n’est plus même critiquée, au contraire des premiers mois… un certain état, une certaine mise à l’écart, un scepticisme qui a déjà tout conclu, s’installent chez nous. La suite est peu prévisible, sur le plan politique immédiat, et sur le plan général de la conscience qu’ont les Français d’eux-mêmes, de leur sort, du pays et des grandes évolutions de notre temps.
[1] - 1ère lettre de Pierre I 3 à 9 ; psaume CXI ; évangile selon saint Marc X 17 à 27
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