jeudi 22 mai 2008

Inquiétude & Certitudes - lundi 12 mai 2008

Lundi 12 Mai 2008


Prier… [1] je vous salue joyeusement… quand vous butez sur toute sorte d’épreuves, pensez que c’est une grande joie. Le plus pastoral des apôtres définit la perfection (mythe d’adolescence, mirage de beaucoup de vocations religieuses, dialogue du « jeune homme riche » avec le Christ, et pourtant vœu et souhait divins pour nous). J’y vois plutôt la participation à la nature divine, par adoption, et non par effort de notre part, consentement plus que déploiement forcené d’énergie et de volonté, crispées. Pourtant, l’apôtre présente un itinéraire : L’épreuve, qui vérifie la qualité de votre foi, produit en vous la persévérance, et la persévérance doit vous amener à une conduite parfaite ; ainsi vous serez vraiment parfaits, il ne vous manquera rien. Itinéraire marqué par notre prière et les dons de Dieu. Seul éloge, celui de la stabilité, don suprême, celui demandé par Salomon, la sagesse. Qu’il demande avec foi, sans la moindre hésitation, car celui qui hésite est semblable au va-et-vient des flots de la mer agités par le vent. J’aime beaucoup l’épître de Jacques, elle est encore plus psychologique que pastorale. D’autres nous rejoignent par la force et la concision de l’exposé ou par la sensibilité, celle-ci démontre une connaissance de nos ressorts. A contrario, l’évangile nous montre ce qu’est une prière de provocation, qui évidemment n’est pas et ne sera pas exaucée. La foi fonde la prière, donne à celle-ci cette force qui touche le cœur de Dieu. Le psalmiste a une conclusion, qui n’est plus tout à fait pour nous plaire, le dolorisme d’antan n’est pas le nôtre, mais nos examens de conscience et retours sur notre vie, notre lecture de nous-mêmes gagnent à recevoir ces vérités : c’est pour mon bien que j’ai souffert, ainsi, ai-je appris tes commandements… Seigneur, je le sais, tes décisions sont justes, tu es fidèle quand tu m’éprouves. Que j’ai pour consolation ton amour.

Le fils d’un ami se marie avec une jolie créole des Seychelles. Notre ambassade là-bas ne délivre à la fiancée aux yeux verts qu’un visa de trois mois, juste le temps de publier les bans en France, de passer les visites prénuptiales, et d’avoir à revenir pour prolonger le visa autant de fois sans doute que nécessaire jusqu’à obtenir la nationalité française par mariage. Me trompant d’une lettre dans le nom de mon collègue à Mahé, mon intervention tombe à plat mais le préfet de là où je vis arrangera la chose. J’ai – de la même manière – pu régulariser la gouvernante africaine d’une vieille amie, grabataire et qui sans cette permanence, serait à l’hospice. Le filet a donc des mailles : cette jeune femme marocaine cancéreuse qu’on expulsait il y a un mois pour qu’elle se fasse soigner dans son pays d’origine, le ministre devant la tempête médiatique qui s’élevait un dimanche soir a réglé le problème. Les solutions pratiques ou la loi ? et quelle loi ? cette matière n’est-elle pas du domaine de la conscience de chacun des parlementaires au lieu de la discipline de parti, le gouvernement raidi se jugeant censuré si une virgule lui échappe ?

Et voici le mariage républicain, le lundi de Pentecôte, le lundi de Jean-Pierre Raffarin… pas 1.500 habitants, le maire, mécanicien de la marine, je crois, écharpe à l’épaule, cravaté, son adjoint aussi, qui faillit par le jeu des panachages ou au contraire des imprimés à cocher le supplanter, est là aussi : renouvelé pour la quatrième fois, l’édile aux cheveux blancs évoque la République, la fécondité des familles, ces deux biens de la France, l’avantage des mariages mixtes et de l’abolition par amour des préjugés, de l’exemple ainsi donné autant que l’avertissement face à des pouvoirs ou à des législations qui… et que… parmi les intimes, un garde du corps vietnamien – de profession – les milliardaires russes, ne dormant jamais deux fois dans le même lit, même et surtout sur la Côte d’Azur, et la fille adoptive de Jacques Chirac [2]. L’esprit de tolérance offensive de cet homme a gagné tout le monde, chacun a réclamé le texte, on a pris les adresses électroniques. Les manifestations pour les sans-papiers et l’immigration rassemblent depuis longtemps bien plus de monde que les convocations de Jean-Marie Le Pen.

Repas… une ancienne abbaye… une anse du Morbihan vers la rivière d’Auray, celle que remonta Benjamin Franklin, faite d’avoir pu atteindre Nantes… le garde du corps multiplie les sketches… un autre des invités, magnifique visage de pleine mer, aventurier affiché, homme aussi d’écriture autobiographique (plusieurs livres chez des éditeurs notoires) mais paraissant en semi-impasse, une autre orientale à ses côtés, raconte posément Bernard Moitessier. Course gagnée à quelques bords près, celui-ci s’efface pour laisser passer le second et lui faire donner le trophée. Il y a quelques décennies… C’est à cet homme que la France doit l’engouement national et son rang sportif pour la voile. J’imagine Nicolas Sarkozy, instruit par la campagne, logique avec l’attitude prostrée qu’il eut le 2 Mai lors de son face-à-face avec Ségolène Royal, cassé de timidité devant les meneurs de jeu, à imiter Louis de Funès dont il a parfois beaucoup… proche de la servilité comme dans les baise-main ou les salutations aux personnaités, ses félicitations au cardinal-archevêque de Paris ou le congé du président de la République Islamique de Mauritanie… Nicolas Sarkozy, donc, cédant à la vaincue sa place, le soir du dimanche 6 Mai, se mettant de surcroît à sa disposition, éventuellement comme Premier ministre. Toutes les forces et tous les camps ou bords de la France, « ensemble tout devient possible »…

Un tremblement de terre dans le Tibet historique, 9.200 morts : la Chine sous la main de Dieu ? après trois mois de répression et d’huis clos.

[1] - commencement de l’épître de saint Jacques I 1 à 11 ; psaume XIX ; évangile selon saint Marc VIII 11 à 13

[2] - mon camarade de promotion à l’E.N.A. Bernard Billaud, dans le livre le plus éclairant je crois, qui ait été écrit d’après nature sur celui qui nous a légué Nicolas Sarkozy : Bernard Billaud, D’un Chirac l’autre (éd. de Fallois . Mars 2005 . 537 pages), en donne le fait et les circonstances

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