jeudi 22 mai 2008

Inquiétude & Certitudes - mardi 13 mai 2008

Mardi 13 Mai 2008

Vocabulaire des médias. A propos de la catastrophe en Chine, les bilans doublent en quelques heures. Le régime joue la transparence. Chez nous, c’est le pari gouvernemental. L’impression est donnée – mais pénètre-t-elle ? l’auditeur que je suis, que nous sommes – d’un total artifice, d’une mise-en-scène [1]. Dans le cas de la Chine, l’évidence est d’une splendide occasion saisie de diversion : on va montrer un pays à l’unisson de ses dirigeants, et le Tibet bouclé peut être oublié, la dictature surtout. Le Premier ministre chinois reprend les poses de Bush junior au 11-septembre, à ceci près que le président américain se terra quelques vingt-quatre heures tandis que celui-ci est aussitôt sur les lieux. Mais le vocabulaire est le même : le ressort national, le courage des survivants et la capacité du régime à répondre à la demande. Le reste du monde – ou plutôt « l’Occident » embraye : la compassion universelle qui fait oublier à qui l’on a à faire. Le système chinois ne demande que cela, ne rêve que de cela, l’oubli de son système. De la compassion pour les événements du 11-septembre est issu l’Afghanistan, puis l’Irak, puis Guantanamo et enfin le resserrement des réalités d’une alliance antiterroriste qui justifie toutes les atteintes aux libertés publiques et à la vie privée. De la compassion pour le 12-mai va surgir la foule des applaudisseurs pour l’ouverture des J.O. qui semblera un miracle de sursaut et de courage chinois, malgré le deuil qui… et que… Il est dit que les J.O. auraient été accordés après le premier échec de la candidature de Pékin, en contrepartie de l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce. Naïveté que d’attendre d’une économie de dumping qu’elle abandonne son principal avantage compétitif rien que pour satisfaire à sa signature. On peut me répondre que la C.S.C.E. et la conférence d’Helsinki en 1973 ont introduit l’Union soviétique dans un système l’amenant à d’autres valeurs et à la démocratie et à la détente. Pourtant en 1980… la Pologne et l’Afghanistan.

La loi de modernisation de l’économie, avant celle de modernisation du marché du travail et parallèlement à la modern,isation des nos institutions. Historiquement, les « temps modernes » ont précédé l’époque contemporaine. Ces textes sont tous régressifs. L’économie nous indique quelle devrait être notre diplomatie : nous efforcer de faire changer, consensuellement et pour le bon fonctionnement de la machine universelle, les règles du jeu. Les dérégulations pour la grande distribution se fondent sur une observation de lAllemagne.

J’assiste à la première de quatre demi-journées de colloque sur la fin de la guerre américaine du Vietnam (guerre et diplomatie, objectifs et stratégie de 1968 aux accords de Paris en 1973), puis cet après-midi, en ayant appris la tenue par hasard à mon exercice du matin, à la seconde partie d’une journée d’étude sur Mai 1958 et le retour du général de Gaulle au pouvoir.

Curieusement, les commentaires – en ce moment – portent plus sur un quarantième anniversaire d’événements dont je continue de ne voir, pour la France, qu’un seul élément décisif : avoir contribué à la rupture que fut le départ forcé du général de Gaulle (forcé dans une logique démocratique, que nous avons tellement perdu de vue dès son départ, que son successeur et ancien Premier ministre a aussitôt soutenu que l’homme du 18-juin était parti de son plein gré, libre donc de ne pas respecter l’essence de nos institutions…) que sur le cinquantième anniversaire dont nous vivons encore : le retour précisément de cet homme aux affaires et donc la fondation de la Cinquième République et la décolonisation pour le moins.

L’indépendance aussi… Maurice Vaïsse puis Jean Charbonnel rappellent le contexte de 1958 qui n’était pas qu’algérien mais qui était surtout les caisses totalement vides – situation prétendue et ressassée aujourd’hui, mais dont nous ne nous sommes pas prêts de sortir, alors qu’en 1958 le courant de confiance et une politique de grand souffle, préparée dans le plus grand secret, et appuyée sur le jeu à fond de nos engagements européens dont l’encre, à l’époque, n’était pas encore sèche. Deux traits, montrant qu’aujourd’hui – dramatisé pour soi-disant excuser le président de la République et son gouvernement de ne pouvoir remédier à notre situation – n’a rien à voir avec ce que le pays vivait et subissait, son Etat plus encore, son indépendance sans plus aucun fondement, au printemps de 1958. Félix Gaillard recevait du président américain, Dwight Eisenhower, une mise en demeure le 10 Avril : « time is running out, c’est fini, vous n’avez plus le temps, décidez-vous », ce qui conduisit le jeune et très brillant président du Conseil à démissionner. Et l’ancien secrétaire d’Etat à la Coopération fait redondance à l’universitaire (qu’il est lui aussi) : nous sommes en 1996, je suis secrétaire d’Etat modeste, c’est le troisième gouvernement Pompidou. Nous ne sommes plus que quelques-uns à pouvoir en témoigner : Pisani, Foyer (il oublie Jean-Marcel Jeanneney) – quelques-uns à qui de Gaulle en Conseil des ministres présente son plan de quiter les structrures intégrées de l’OTAN – Messmer, ministre des Armées expose d’abord, puis Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères, puis Georges Pompidou qui fait la synthèse – et le Général conclut d’une manière souveraine – après avoir dit : si vous me suivez, vous aurez légué la paix à vos enfants, ce qui montre le sens de ce qu’il faisait – bien entendu messieurs – cela, je ne l’ai entendu qu’une fois dans les quinze mois où j’étais à ce gouvernement– si vous n’êtes pas d’accord, vous pouvez donner votre démission immédiatement – une main se lève, Edgar Faure : monsieur le président de la République (il était le seul dont il fut toléré qu’il ne dise pas mon Général) – Missoffe est à côté de moi : c’est y est, il s’en va – non, il reste, lui ai-je fait. Edgar Faure : Monsieur le président de la République, je vous remercie au nom de tous les présidents du conseil de la IVème République qui ont été humiliés et qui devaient aller faire leur fin de mois à Washington . A la sortie du conseil, je l’approche et il me dit : celui d’entre nous qui a enduré le pire, c’est Félix Gaillard.

Lien entre 1968 et 1958, il faut ne pas l‘avoir vêcu pour ne pas le voir. C’est dans le mouvement que les étudiants, les premiers, s’aperçoivent de l’idéal de leur cible, pas tant les bourgeois ou quelque ordre établi, moral ou enserrant, castrateur, que de Gaulle : dix ans, çà suffit, mot d’ordre ravageur pour l’homme qui avait incarné la France, de Gaulle au musée ! J’en ai, pour ma part, horriblement souffert car ce par quoi il a été remplacé – et le pouvoir actuel se prétend bien plus fécond et actif qu’il fut jamais – fait bien voir la taille et l’emprise qui étaient les siennes. Sur les événements, l’Histoire et nous. Les dix ans, c’était renvoyer à 1958 et pour Pierre Mendès France et François Mitterrand qui crurent leur heure venue et leurs prédictions réalisées, c’était bien plus que la sanction d’une certaine usure d’un homme et d’une stabilité gouvernementale sans précédent et qui n’a plus jamais eu lieu (personne en France après de Gaulle n’a eu pendant onze ans, sans interruption, la majorité parlementaire et la majorité directe de l’élection présidentielle et du referendum, permettant de pleinement gouverner le pays), c’était – selon eux – la vengeance des événements, l’illégitimité des conditions complexes d’une accession au pouvoir à l’occasion d’une révolte militaire punie alors par la rue et son soulèvement.

Ce jugement de Pierre Mendès France, prononcé devant l’Assemblée nationale [2] – parce qu’il a été démenti par les faits, qu’il est devenu paradoxalement le programme-même de ce rival de l’époque dans l’exercice immédiat du pouvoir en temps de crise, est, à mon sens, le plus bel hommage à de Gaulle. L’hommage conditionnel de 1958 doit être rendu en 1968-1969. Les faits sont désormais confirmés par les historiens, partie de cette journée d’étude.

Serge Berstein conclut les témoignages, exposés et échanges sur le retour du Général aux affaires.

Il souligne le fait que le 13-mai s’inscrit dans un processus de longue durée : contexte de crise de la République parlementaire, le cycle commencé en 1880 est terminé. La paralysie du régime lui interdit de régler les problèmes urgents qui se posent au pays. Les contradictions au sein des majorités successives conduisent à ajourner toute décision sur les problèmes les plus difficiles : les questions budgétaires dans la 1ère législature de 1947-1951 – puis pour la 2ème , sur la CED – et sur l’Algérie, depuis 1955 devenue le problème numéro un du pays. Entre 1955 et 1958, ce sont la décomposition du régime, l’éclatement et la divison des forces politiques, le malaise de l’armée, la montée de l’extrême-droite, donc la recherche d’un recours sauvant le régme et résolvant la question algérienne.

Mais entre le phénomène d’ébranlemnt d’un pouvoir politique – l’émeute algéroise du 13 Mai – et la solution créant un pouvoir politique nouveau – le retour de Charles de Gaulle – pas d’élément déterminant faisant déduire le second du premier. Lle premier événément crée un faisceau de possibles. L’événement – le second – qui s’est imposé, n’était pas forcément le seul possible.Le retour du général de Gaulle n’était pas inscrit dans l’événement du 13 mai. La comparaison avec l’émeute du 6 février 1934, même crise de l’Etat, même complot des éléments extrêmistes à condition de ne pas en faire une conjuration avec ébranlement et solution de remplacement clé en main. Même convergence enfin des manifestations pouvant créer l’événement : le lieu du pouvoir symbolique Palais-Boubon, Gouvernement général à Alger. Pourtant, dans le destin de l’émeute, deux différences esentielles : en 1934, les forces de l’ordre ne perdent pas pied et le pouvoir reste maitre de son lieu tandis qu’en 1958, l’armée en partie est du côté des émeutiers, le Gouvernement général est pris – c’est un 6 février qui a réussi – le gouvernement montre son désir de sauver la face, Salan proconsul par délégation du gouvernement de Paris ou conféré par mouvement insurrectionnel. Le recours proposé est Gaston Doumergue en 1934 tandis qu’en 1958 c’est le général de Gaulle. La véritable question, historiographique est de savoir le rapport entre les deux éléments : rapport entre le général de Gaulle et son entourage – puisque c’est à eux que bénéficie l’événement. Eléments : l’action militante des réseaux faite pour populariser le retour du général de Gaulle – pression sur les plus hautes autorités de l’Etat, sur le président de la République, sur René Coty. L’objectif essentiel est la solution de rechange. Depuis l’échec et la mise en sommeil du R.P.F. – de Gaulle se maintient en réserve dans le rôle du recours dans le cas d’une secousse de la République et de l’Etat. L’impase algérienne et tensions de l’impuissance sont les prodromes de cette secousse.

L’attitude de de Gaulle avant et pendant la crise ?
De Gaulle était-il au courant des multiples complots et les approuvait-il ? oui, pour l’information – intérêt évident du Général, il voit s’amonceler l’orage, mais il n’encourage ps Léon Delbecque et comme à Lucien Neuwirth plus tard, il tient un discours ambigu et tout excès allant les faire réprimer.

S’est-il montré solidaire de la dissidence ? De la part du Général et de son entourage immédiat, exclusion absolue de revenir au pouvoir dans les hélicoptères d’un pustch – ligne jaune à ne pas franchir jusqu’à quel point ? Le communiqué du 15 mai semble répondre au général Salan – mais rédigé avant – fait retomber sur le gouvernement la responsabilité de l’émeute et des agissements des militaires – le 19 mai, en conférence de prese, de Gaulle estome, avec logique, n’avoir pas à désavouer ce que le gouvenement lui-même n’a pas condamné.

Le Général a-t-il été au courant du plan Résurrection et a-t-il donné son feu vert, lui ou son entourage ? Pas de doute. Le général Dulac a rencontré de Gaulle et lui a fait connaître les conditions de l’opération ? On n’a que la version de Dulac, le feu vert de de Gaulle à Dulac est peu vraisemblable, il n’a pas confiance dans le savoir-faire limité des militaires. Alors, le feu vert donné par la rue de Solférino. selon le général Nicot de l’état-major du général Jouhaud ? problème d’interprétation – l’entourage immédiat : Jacques Foccart, Michel Debré, Olivier Guichard et Pierre Lefranc, seul ce dernier peut donner une réponse – mais il est absent. De Gaulle n’entendait pas revenir au pouvoir à l’issue d’un putsch militaire – mais l’a envisagé comme moyen de pression sur les autorités en place pour en obtenir la dévolution légale du pouvoir. Une lettre du général de Gaulle à son fils le 29 Mai – « je pense que je n’arriverai pas à m’entendre » – lui laisse entendre que cela pourrait se terminer par un coup de force militaire. Un second fer au feu : non pas arriver par un pustch, mais au bout de quelques jours, apparaître, après un début de putsch, comme arbitre si la dévolution du pouvoir n’a pas eu lieu – hypothèse qui restera pure spéculation. La menace de pustch a joué un rôle, mais le retour s’est effectuté par le verbe sur fond de crise : les communiqués et conférence de presse, les 15 . 19 et 27 Mai. Le 13-mai n’a jamais été considéré comme fondateur de la Cinquième République, c’est seulement le referendum donnant, le 28 Septembre 1958, la légitimité populaire aux nouvelles institutions.

J’aurais pu ajouter une réflexion, et un élément. En février 1934, pourquoi le maréchal Pétain n’est-il pas la solution ? il sera ministre de la Guerre, mais il n’est pas question qu’il soit président du Conseil, pas plus qu’en avril 1939 il soit élu à la succession d’Albert Lebrun. Barré ? place dans l’opinion publique ou dans les consciences, insuffisante ? auquel cas son immense popularité et son autorité morale en 1940 auraient d’autres sources, nouvelles ? par quelle alchimie politique et historique ? L’élémentt, c’est que des mémoires de témoins décisifs ne sont pzs fournis. Pierre Pflimlin a publié les siens, mais sans dout dire de mai 1958, ce silence il m’assuré – dans un entretien de jardin, mais long et tête-à-tête – pendant un voyage au Brésil, j’étais alors à notre ambassade. Quant à René Coty, ses carnets et notes sur le second semestre de 1958 existent, quelques pages furent publiées dans Le Figaro, il y a vingt ans au moins, la publication d’un volume entier, posthume, fut annoncé et n’a jamais eu lieu. Qui a la garde d’un tel document ?

Le soir, de retour salle Austerlitz aux Invalides, ce sont d’abord des images d’archives, de Gaulle à Phnom-Penh, mais filmé de trop près, ce qui donne un semi-profil filiforme, mais le verbe est parfait, la version est en couleur, il manque la foule et une carte de situation. Saisi par la camera des Viet Namiens du nord, le visage dans la pénombre d’Henri Kissinger, sept ans plus tard, un homme médusé, sonné par ce qu’il vient de signer, un arrêt de mort qu’il aurait juste entendu ou compris ne lui aurait autant décomposé puis figé ces traits qui étaient grossiers et en rondeurs. La statue d’un mort encore assis droit, les yeux, les épaules, les bras en parfaite symétrie de celui qui a été cloué au mur ou au tableau, l’insecte de démonstration. Mais sans que cela soit dit ce soir, il y eut aussitôt l’intention américaine de reprendre les hostilités et surtout les bombardements, puisqu’il n’y aurait plus de troupes à terre, au moindre preétexte qu’on créerait éventuellement. Kissinger dût avoir cette issue à l’esprit dès qu’il fit quelques pas hors de la salle pour aller secouer en s’esclaffant quasiment les mains de Le Duc Tho pour les cameras de l’avenue Kléber. De la pétrification au rebond joyeux : l’explication est là, l’idée de la suite lui était venue, le Watergate en a empêchée la réalisation.

Témoignages d’ambassadeurs. Celui des Etats-Unis au Laos et au Cambodge (John Gunter Dean) après un temps de Saïgon est caractéristique de l’Amérique contemporaine : quand on est à la retraite, on prêche et mime le contraire de ce que l’on fit étant au pouvoir, l’impétrant serait exception. Il réussit la conciliation au Laos et en laissa le testament au Cambodge, non suivi. Celui de France (François Bujon de l’Estang), de l’Elysée en conseiller diplomatique du général de Gaulle à l’ambassade de Washington en chargé de suivre les questions d’Indochine, parle d’or et avec clarté. Il décrit le traumatisme américain laissé par la guerre du Viet Nam et qu’à point nommé, cicatrise l’agression du 11-septembre, celle qui va permettre toutes les autres en parfaite bonne conscience, et avec le soutien de l’opinion au contraire de ce qui avait prévalu il y a quarante ans : il était alors notre ambassadeur. Question, comment la diplomatie avec de tels esprits ne parvient pas à marquer ? parce qu’elle ne conçoit pas elle-même notre politique extérieure pour la suggérer ou l’imposer au pouvoir, si celui-ci n’en a pas ? Couve de Murville ambassadeur aux Etats-Unis en 1955-1956, viré par Dulles parce qu’il conçoit une politique alternative de celle du gouvernement qu’il représente. Hervé Alphand au contraire ne comprend rien à ce vers quoi avancent son camarade de promotion et prédécesseur à Washington, et le général de Gaulle revenu aux affaires.

Convaincant, même si la conviction est surtout fondée sur une aversion pour de Gaulle, Hubert Froment-Meurice témoigne de sa solitude au Quai d’Orsay dans sa foi à une troisième force au Vietnam du sud. Même solitude que celle de Jean Tu Tri, consultant au groupe de suivi des négociations de Paris par la République du Viet Nam (les sudistes de Thieu). Révélateurs pour ceux qui auraient encore besoin de confirmation, les représentants des nordistes à la conférence, autour de Le Duc Tho : implacables, idéologues.

Le passionnant du « métier » diplomatique, c’est d’avec des langues si différentes (pas seulement les mots mais les mentalités et les structures de chacun des pays) parvenir à parler des mêmes réalités, de la seule réalité et de part et d’autre finir par l’accepter. Alors, les solutions vont d’elles-mêmes.

Hillary Clinton serait contrainte d’abandonner, pas tant du fait de l’écart avec son rival, qui se creuse régulièrement – malgré ses victoires encore assez nombreuses – mais parce qu’elle a un déficit de trésorerie de vingt millions de dollars, et qu’elle n’a plus le crédit politique pour lever des fonds frais.

Prier… dans le dépaysement total de l’intelligence et des sensations, l’Ecriture comme un retour au pays et au foyer. Tout ce que j’ai croisé en idées, en personnalités, en évocations de pays et de situations. Sous le signe historique des apparitions de Fatima, il y a plus de quatre-vingt-dix ans, un Portugal que j’ai connu et que j’aime, une autre totalité. [3] Vous ne comprenez pas encore ? le mot de ce moine que j’aime : la prière de louange est la plus efficace. Les apôtres sont aveugles, y compris dans la conduite quotidienne de leur vie (ils jouent la scène de Marthe et Marie, en présence de Dieu, pourvoyeur de tout bien et de toute grâce). Face à ce compagnonnage divin décisif, qui sommes-nous et comment vivons-nous ? comment je vis ? Chacun est tenté par ses propres désirs qui l’entraînent et le séduisent. Nos addictions multiples… Il a voulu nous donner la vie par sa parole de vérité. Jésus insiste et nous fait récapituler ses bienfaits, non nos chutes et nos méandres : vous ne voyez pas ? vous avez le cœur aveuglé ? vous ne vous rappelez pas ? Toute notre vie est signe pour nous, toute ma vie est signe pour moi. Mon centre et ma continuité, la protection de qui j’aime et m’est confié, quand je dis ‘mon pied trébuche !’, ton amour, Seigneur, me soutient, quand d’innombrables soucis m’envahissent, tu me réconfortes et me consoles.


[1] - les tournures idiomatiques … dans le collimateur de la justice… épinglé par la Cour des comptes… décrocher son billet… le vocabulaire sportif au moins est révélateur de l’égotisme que doit afficher l’athlète : se faire plaisir… retrouver ses sensations… avoir l’envie… et après un discours politique, la relève par le commentateur qui décrypte ce qui était censément de style direct



[2] - Puisse l’Histoire dire un jour que de Gaulle a éliminé le péril fasciste, qu’il a maintenu et restauré leslibertés, qu’il a rétabli la discipline dans l’administration et dans l’armée, qu’il a extirpé la torture qui déshonore l’Etat, en un mot qu’il a consolidé et assaini la République. Alors, mais alors seulement, le général de Gaulle représentera la légitimité. Je ne parle pas de la légitimité formelle des votes et des procédures, je parle de la légitimité profonde, celle qu’il invoquait justement en 1940. Elle tenait alors à l’honneur du combat pour la libération du sol. Elle tient aujourd’hui, par delà les constitutions qui se modifient, à des principes qui datent de 1789, mais qui devaient avoir mûri très profondément dans les souffrances du peuple et dans l’effort des penseurs de l’ancienne France, pour avoir pu être formulés, dans le tumulte d’une seule séance, en une langue si belle ; à ces principes qui dominent nos lois, qui ont fait à la France une grandeur singulière, incommensurable, à ses forces matérielles, et qui survit à ses revers (son refus de la confiance à de Gaulle – Assemblée nationale 1er Juin 1958 JO DP p. 2578)

[3] - épître de saint Jacques I 12 à 18 ; psaume XCIV ; évangile selon saint Marc VIII 14 à 21

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