samedi 24 mai 2008

Inquiétude & Certitudes - samedi 24 mai 2008


Samedi 24 Mai 2008


la bataille pour diriger le PS (suite)

le recul gouvernemental inenvisageable

la contagion du mouvement des marins pêcheurs : autres métiers et analogies européenne

la nouveauté du problème : la planète

le breton à l'école

Prier… il pleut, on est proche des jours les plus longs de l’année, les saisons se vivent à une vitesse accélérée mais la pensée, ce que je comprends de l’univers, de l’histoire et de l’amour, me font aller de plus en plus lentement, le bonheur et ses empêchements : le désespoir, et les emm… pratiques, ont le même nom , notre vie. Toujours les enfants, toi qui révèles aux petits les mystères du Royaume ! Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. Et quelle est la manière d’un enfant ? telle qu’elle nous est donnée à vivre et voir par notre fille, ce sont bien entendu la confiance, la créativité dans l’interprétation et la poétisation, mais aussi la liberté d’accueil et les sautes d’humeur, les rébellions de la personnalité, de l’identité, le ciment est au total le réflexe d’affection, d’amour, d’union. Et nous faisons, nous avons fait l’expérience du mouvement trinitaire. Notre fille nous veut ensemble, prend nos mains pour les joindre et fermer elle-même le cercle, elle donne le baiser à son tour que je viens de donner à ma femme, mais elle imite aussi les « grandes personnes », nous : en comportement, en compréhension du langage, en occupations, en maternage, elle veut conduire la voiture et planter des clous, faire la cuisine. L’enfant ne fait qu’un avec ce qu’il est et veut ne faire qu’un avec ses parents tout en revendiquant l’exercice de sa liberté, de son acquiescement et de ses goûts. Jésus soumis à Nazareth mais aux affaires de son Père à Jérusalem… le Royaume s’il ressemble aux enfants sera/est tout, sauf monotone. L’Eglise commente et fait attendre cette leçon évangélique par l’enseignement de Jacques sur la prière, elle est de demande pratique, elle est d’accompagnement de l’autre, l’enfant est sans cesse en prière, il communique tellement que le langage encore hésitant mais presque toujours surprenant n’en est qu’une part [1].


« Dernier baroud d’honneur », les manifestations cet après-midi contre les suppressions de postes à l’Education natiuonale. Commentateurs et gouvernants ont le même mépris pour les manifestants, considérés comme des figurants. Manifester moins efficace que bloquer des raffineries ou des ports ? alors que c’est infiniment plus civique, et hormis quelques embouteillages, ne gêne personne. Bertrand Delanoë fait son rassemblement à la Mutualité pour accompagner et commenter son livre, c’est-à-dire son ambition : une belle spontanéité serait que lui et ses spectateurs aillent rejoindre les cortèges. Martine Aubry et Lionel Jospin au premier rang : l’opération est claire, diminuer et empêcher Ségolène Royal. Il semble ne venir à l’esprit de personne que parents, lycéens et enseignants puissent faire changer le gouvernement d’avis. Woerth et Darcos rivalisent de « fermeté » : pas question de « reculer », pas de « retrait » des réformes, « aller vite ». Il n’y a que là-dessus : forcer les Français, que le gouvernement soit expert. Pour les chiffres macro-économiques, moins mauvais en 2007 que prévu, celui-ci parle de « bonne surprise » : c’est avouer qu’il n’y est pour rien.

Le mouvement initié, il y a quinze jours aux Sables d’Olonne, gagne l’Europe entière : des Ecossais aux Belges, aux Ibériques, on ne parle pas de l’Allemagne. On s’en prend nommément à Barroso. Mobilisation et dialectiques qui sont nouvelles et prometteuses : il est décisif qu’il y ait un mouvement social européen, il s’était esquissé à propos de la fermeture de Vilvorde en 1997 par Renault, il est en fait organisé par le statut de la société européenne, qui a mis trente ans à voir le jour, les comités d’entreprise de groupes. Ainsi, la démocratie serait reconnue et efficace à l’échelon européen – pour répondre factuellement à une critique majeure des opinions nationales – tandis qu’en France, tout serait brouillé, les détournements d’appartenance politique pour entrer dans le gouvernement des autres ou voter des projets de confort présidentiel. Mais – bien malgré lui – le président régnant va faire l’unité et la cohérence : le gazole à 40 centimes, semble-t-il, accordé en principe aux marions-pêcheurs, fait des envieux chez les transporteurs routiers et les chauffeurs de taxi : chacune de ces deux corporations se sait un pouvoir de nuisance absolu. Les heureux bénéficiaires font la comparaison entre Nicolas Sarkozy en Novembre – l’entretien radio-télévisé qui a fait le tournant du début de mandat : au lieu du bilan d’une épreuve de force sur les régimes de retraite qui avait plutôt bien tourné pour le gouvernement, grâce à Xavier Bertrand, le président s’est laissé entraîner à disserter sur le pouvoir d’échat, à dicter un projet de loi et aurait, entre autres, évoqué le gazole professionnel à 30 centimes le litre – et Michel Barnier avant-hier, un ministre ne peut faire de chèques en bois et d’exposer posément les pénalités et contraintes européennes. On n’est donc qu’au début de la question : comment pallier, sinon pour le consommateur banal, au moins pour les professionnels la hausse sans fin du prix du pétrole ? Les pays « riches » déstabilisés pas du tout sur le plan économique, mais socialement…

Question au-delà : la biodiversité, les agro-carburants, les quotas de pêches. Le conflit des marins combinent les deux interrogations. Le prix du pétrole, le remplacement un jour du pétrole. Convergence : le vivant sur notre planète mis en cause. Après que le changement climatique soit maintenant avéré. Hier soir, dialogue avec une magistrate, sa conviction est que les problématiques politiques et économiques sont dépassées, que l’on entre dans des difficultés bien plus grandes au sein desquelles l’homme immergé se débat nu et sans antécédent ni jurisprudence. J’ai caractérisé un précédent du genre : la fin du paganisme et le triomphe politique du christianisme, des structures de pensée et donc des habitudes politiques et sociales n’y ont pas résisté longtemps en « Occident ». J’ai pour ma partt confiance que les générations à venir feront des percées technologiques que nous ne soupçonnons pas. Qui aurait prédit à la fin du XVIIIème siècle les inventions et les progrès depuis ? deux lignes, l’énergie avec ses dégâts, la conquête de l’espace avec ses débouchés et la mise en évidence probable de toutes nouvelles ressources.

Ecole de notre fille en journée « porte ouverte » : ce matin, je vais à la classe de breton, à laquelle elle ne participe pas (nous préférons l’allemand et accessoirement l’anglais, l’allemand étant immédiatement praticable à la maison puisque ma chère femme est alsacienne), mais je vérifie la pratique du débat relancé par l’éventuelle constitutionnalisation des langues régionales (proposition de Jean-Luc Warsmann, votée à la quasi-unanimité par l’Assemblée nationale avant-hier). J’avais – après la fusillade d’Aleria en 1975 – écrit pour Le Monde : les Français ont droit à la différence, avec des compétences à la carte pour des départements qui n’auraient pas forcément les mêmes substances démographiques et territoriales qu’aujourd’hui où tout doit rester analogue et comparable. Naturellement, cette consécration a valeur patrimoniale, elle ne saurait aboutir à la supplantation locale de la langue nationale. Celle-ci est à défendre concrètement dans des situations que nous vivons continuellement sur internet : les boîtes de dialogue, les en-tête de retransmission sont en anglais, alors que nos serveurs sont nationaux censément. L’enseignante a appris le breton par curiosité d’une culture, d’une civilisation qu’elle avait approchée par les instruments et la musique de folklore. Premier monument écrit, un Catholicon du XIVème siècle, mais elle ne se souvient pas du barde dont de Gaulle s’est réclamé à Quimper en Février 1969. Quant à l’assertion du recteur d’académie selon laquelle les bretonnants ne seraient que de façade pour intégrer plus facilement les I.U.F.M. de la région, elle ne tiendrait pas puisque les concours seraient les mêmes, les épreuves identiques et communes, le breton venant en plus, et les candidats devant avoir des résultats dans les épreuves communes supérieurs à la moyenne.

Rumeurs d’agence : le chef des FARC mort, et son bras droit. Mais rien sur les otages.

Cette fin de semaine, le Premier ministre au Danemark, Nicolas Sarkozy en Angola : les deux « têtes de l’exécutif » absentes du territoire métropolitain en même temps. Il n’y a qu’un précédent – lui-même répréhensible. Je ne sais plus de qui ni quand, dans la décennie, sinon lors du mandat précédent. Pour celui de Sarkozy, ce serait, je crois, la seconde fois.

Internet, video, télévision : deux enfants de onze ou douze ans violent la petite sœur de dix, dans l’ambiance d’un film pornographique ; trois jeunes (un garçon et deux filles) se rencontrent sur la « toile » et décident d’exécuter ensemble leur dessein suicidaire, sauvés de justesse ; entre ces deux âges, une agression sexuelle filmée et rediffusée, avec chantage à la mise sur un forum internet… Liberté de tout voir ? liberté de se suicider, parce qu’on dispose de soi, comme la liberté d’avorter ? je ne suis pas que ces mutations médiatiques soient la cause. On se suicide beaucoup entre douze et vingt-cinq ans, ce n’est pas nouveau. Les viols entre très jeunes, non plus.

Aujourd’hui, on cherche des repères ; en 1968, on en avait, mais qu’on ne supportait plus, qu’on ne supporta pas pendant quelques semaines.

[1] - épître de saint Jacques V 13 à 20 ; psaume CXLI ; évangile selon saint Marc X 13 à 16

Aucun commentaire: