Mercredi 30 Avril 2008
Les trois défiances. Compétence, idéologie, désintéressement.
Réformer l'existant plutôt que de gérer ce qui est reçu.
Jean-Louis Borloo
La presse et les droits de l'homme, la France comparable à la Tunisie.
François Goulard, Jean-François Copé et l'initiative constitutionnelle du président de la République
Prier, ces deux principales intentions que je porte… en dépendent nos équilibres d’âme. Notre histoire particulière et ce que propose, en cadre de vie, la liturgie des saints et des apôtres [1]. Le récit de Luc pour les débuts de la primitive Eglise est d’abord factuel, l’œuvre de ‘lEsprit-Saint n’est pas du domaine de l’interprétation, c’est un fait, une succession de faits. Le discours de Paul sur l’Aréopage est typique de toute évangélisation. Les Juifs étaient ou bien hermétique par système ou bien ouvert, par références aux écrits traditionnels de leur culture et de leur société. Les Grecs ont leur philosophie, Paul entre dedans mais ne peut les amener à la rencontre qu’il souhaite, et qui la pierre de touche. On se quitte mutuellement. De même que Jésus avait atteint quelques membres prestigieux des autorités juives, Nicodème notamment, de même Paul retourne Denis, et comme à Philippes, une femme d’influence. Il n’insiste pas et n’est pas non plus inquiété. Simplicité, détachement, une sorte d’aisance, un chemin. Comme Jésus lui-même, l’Apôtre laisse l’œuvre en début à faire par autre que lui : quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. L’interrogation de Pilate, qu’est-ce que la vérité ? L’atteignons tout entière dès ici-bas ? Sans doute pas, seule certitude, la personne du Christ lui-même : il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. La leçon se termine sur la réalité de ce qu’est-en soi une possession, Dieu lui-même ne possède rien alors qu’il est origine, puissance, supporte et aboutissement de tout et de tous, il ne possède qu’en partage, et pas des partages selon nos sociétés et notre condition humaine, des moitiés et des bouts, des possession par division et qui divisent : la difficile notion de bien commun… la commune appartenance de tout parce qu’on s’appartient l’un l’autre, la possession est donc amour. L’ultime vérité est de le pratiquer et d’atteindre ainsi la plénitude de vie. Le prêche de la primitive Eglise, fondé sur la résurrection du référent qu’est Jésus, est le prêche de la vie, attesté par le parcours personnel et incarné du Christ, passion, mort, résurrection, le tout dans notre histoire propre. La vérité est un fait. La vérité d’un fait. Et cela fonde notre confiance en Dieu, dont par le Christ nous connaissons l’identité. Les Grecs et les autres religions n’en perçoivent – ce qui dest déjà immense, mais ne garantit rien – que les « attributs », la conséquence logique, mais d’ordre de l’intelligence, du fait, la conséquence logique de l’idée de Dieu Le cartésianisme est un itinéraire humain, l’évangile est le chemin divin.
Les trois défiances. La compétence. L’idéologie. Le désintéressement.
L’action gouvernementale est collectivement plombée, parce qu’elle n’inspire pas une estime de sa compétence. Les tons péremptoires d’aujourd’hui étaient déjà ceux du passé. Il est maintenant acquis que nous payons des erreurs d’urbanisme commises dans les années 1960, des erreurs dans l’agro-alimentaire depuis les années 1980. Aussi bien dans la stratégie des entreprises que dans les réformes gouvernementales, les syndicats, les usagers ont souvent une conscience plus claire des impératifs et des solutions ; ils sont mis devant le fait accompli, d’une décision mûrie et irréfragable comme répète Monsieur Perrichon, de retour du Mont-Blanc. L’idéologie est trop invoquée. Nicolas Sarkozy et François Fillon ont fait campagne sur la droite qui n’a plus peur de se dire la droite, qui n’a pas de complexe devant une gauche inexistante et stérile, sans la moindre proposition. Une idéologie de la pratique qui gagne, et qui méprise les principes et les valeurs, la solidarité, les acquis, qui culpabilise ceux qui y restent attachés, qui dénie toute fierté à ceux qui contestent et résistent. Pas d’égards sinon en rapports de force. Jusqu’à présent, le gouvernement se comporte comme s’il devait, certainement, et à tous coups arriver à ses fins sans être en échec dans la rue ou ailleurs. Quelle idéologie ? censément le libéralisme, c’est-à-dire la déréglementation, la compétition, plus de protection, plus de solidarité. La vie sociale, voire la vie des familles en est boulversée, la vie syndicale profondément affectée. Quant au désintéressement, il est suspecté. Multiplication des cas – soit dans la réalité ? soit parce que les medias en rendent davantage compte – de patrons abusant des biens sociaux, affichage des dirigeants avec des patrons emblématiques. Georges Pompidou sans doute l’avait fait à son époque mais le patronat semblait ne plus être celui du Comité des forges dans les années 1920-1930 et les « événements de Mai » qui firent sa naissance, sa consécration politiques même dans l’opinion française, lui donnèrent raison : le patronat était en situation psychologique de participer à des négociations sociales appréciées des syndicats de salariés. Aujourd’hui, le doute.
Le procédé de gouvernement : la réforme de l’existant et non pas la gestion de l’existant - refus (méprisant) de ce qui est reçu, déjà accompli par d'autres, l’existant étant appréhendé comme un cadre législatif ou des usages qui seraient la seule prise qu’ont l’Etat et donc les élus à la direction de l’Etat. Le contenu des réformes est un excès de comparatisme. Ce qui marche ailleurs, qui fait, croit-on, le secret de la prosperité économique ou de la paix sociale ailleurs, pourquoi ne pas le transposer chez nous ? C’est ce qui depuis une cinquantaine d’années – avec la décolonisation – et de plus en plus aujourd’hui se pratique avec les pays regardés comme étant en sous-développement. Transposons nos institutions et nos valeurs et l’on aura là-bas notre démocratie d’ici.
Les ministres. Le spécialiste d’un sujet, promu ministre, vg. hier le dégagement de Bernard Laporte. Le spécialiste de la communication politique et du maniement des organigrammes publics, à l’aise dans n’importe quel domaine d’application : Jean-Louis Borloo sur l’environnement, « vendant » assez bien d’immenses programmes d’invcestissement presque entièrement financés par la perspective des économies (surtout d’énergie) que ceux-ci permettront. Habituelle dérive du concept de loi : la norme confondue avec un engagement pluriannuel de dépenses.
La démagogie – quand elle ne vise qu’un seul personnage, le chef d’un Etat dont on quitte le territoire et à qui l’on a fait crédit sur fonds publics pour qu’il s’engage à acheter ce que les accompagnants ont rituellement à proposer – cette démagogie est de la bassesse. En quittant la Tunisie, Nicolas Sarkozy caractérise – cynisme ou inconscience ? – ce que vit la France en matière de presse et de droits de l’homme, que de progrès dans notre ancien protectorat en cinquante ans ! tout n’est pas parfait en Tunisie, c’est certain. Tout n’est pas parfait en France, c’est certain. Le président de la République nous nivelle donc par le bas. Les droits de l’homme et la situation de la presse en France sont donc comparables à ce qui prévaut à Tunis, sous la dictature du général Ben Ali. Il est vrai que les élites tunisiennes sont si proche de la France en formation et en exigences. Et que la Tunisie si elle est gouvernés comme elle l’est, n’est tout de même pas sous notre régime – qui n’est plus celui des partis, comme antan, mais celui de quelques grands patrons avec lesquels le pouvoir du 6-Mai-2007 est lié. Exclusivement…
Lueur ? François Goulard et un autre « député villepiniste » proposent le report à l’automne de l’examen de la réforme constitutionnelle. Jean-François Copé, de son côté, assure que le texte n’est pas acceptable en l’état.
[1] - Actes XVII 15 à 22 & XVIII 1 ; psaume CXLVIII ; évangile selon saint Jean XVI 12 à 15
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