Dimanche 25 Mai 2008
1958 . 1968 . 2008 : un pouvoir aujourd'hui comblé, qui pourtant fonctionne mal
le président perd son emprise sur son parti d'élection
les socialistes ont compris que le candidat doit aussi les diriger
Prier… après les trombes d’hier et tandis que dès l’ouverture des portes aux chiens, ce sont plusieurs oiseaux, hirondelles et moineaux qui se précipitent à l’intérieur. Tranquillité de chacun à son affaire, silence auquel le chant de quelques oiseaux donnent du relief, sorte de réponses de part et d’autre de la maison. [1] Histoire de la dévotion bien plus « importante » que celle de la liturgie, datation selon une époque et une société de ce que l’on appelait les « collectes », comment nos sensibilités selon les circonstances et aussi les modèles que nous nous infligeons modèlent notre cri vers Dieu, notre relation à Lui, la gangue dont il faut dégager nos mots pour que notre cœur, notre offrande, la nudité de nos mains et de nos apparaissent. Moi je suis le pain vivant… tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. Les Juifs se récrient comme sur l’Aréopage, les Grecs déserteront le discours de Paul quand il en sera arrivé à la Résurrection du Christ. Celui qui lmange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. Comme si l’Incarnation procédait de cette ultime raison, et était, par là, le moyen-clé de notre participation à la divinité, une commune et mutuelle demeurance. C’est mystérieux et sévère. Ce qu’on ne peut comprendre et voir, notre foi ose l’affirmer, hors des lois de la nature. Méditation laborieuse alors que le Veni sancte Spiritus est si fort et si limpide. Paul est attaché à cette constante démonstration du corps mystique et de l’unité, de l’union des chrétiens, des particiopants à ce banquet du nouveau roi. Tant que tu peux, tu dois oser, car il dépasse tes louanges, tu ne peux trop le louer. L’hymne un peu guindé, dont je ne sais l’époque : un XIXème des chasubles raides qui ne couvraient plus les bras du célébrant ? Il t’a fait connaître la pauvreté, il t’a fait sentir la faim et il t’a donné à manger la manne, pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pâin, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. La vibration dans les évangiles de toute citation implicite ou avouée de l’Ancien Testament, et la résonnance charnelle et directe que leur donne le Christ quand il les redit, se les appropriant. C’est lui qui, pour toi…
La fièvre commmémorative de Mai 1968 omet Mai 1958, alors que les « dix ans, çà suffit » firent à l’époque un lien meurtrier, et elle oublie surtout de comparer cette époque-là avec la nôtre. En 1968, la situation économique se dégradait certes, relativement aux années précédentes, mais le pays était sur une telle lancée que des augmentations de salaires très substantielles et dont le gouvernement Couve de Murville fit en sorte qu’elles ne soient pas annulées par une reprise de l’inflation, furent très bien supportées par l’économie nationale. Le passage à la dernière étape du Marché commun – droits de douane zéro – redouté même si la situation avait été calme, se fit sans protestations. Les syndicats étaient puissants, la presse écrite quotidienne florissante, les institutions firent leurs preuves, le président de la République et le Premier ministre malgré une distanciation intellectuelle grandissante mais qui ne se percevait pas dans l’opinion ni dans les commentaires, jouèrent chacun leur rôle. Un ou deux morts et sans que le lien direct avec les événéments soit frappant. Au Parlement, une voix ou deux de majorité depuis des élections législatives très difficiles pour la majorité de 1962 sortante en 1967. Aujourd’hui, un pouvoir ayant une majorité dans les deux chambres et que rien n’obligeait à vérifier si elle peut atteindre les trois cinquièmes d’une révision constitutionnelle, une opposition qui n’a pas su, un an après sa défaite, organiser sa revanche et celle des Français qui sont lassés des politiques actuelle, qui n’a ni chef incotesté ni programme de fond, des syndicats affaiblis par l’individualisme qu’imposent au travail le chômage et le patronat, un président jeune et impérieux – tout concourt à remettre le pays en état de gagner une nouvelle étape, après une décennie sinon quinze ans de prudences ou d’immobilisme.
Le paysage et les perspectives sont pourtant tout autres. En 1968, la question était qu’un grand nombre – travailleurs après étudiants – convainque le pouvoir en place de faire des réformes. Les réformes étaient souhaitées unanimement. On en attendait des remèdes, surtout en termes de cohésion sociale. Aujourd’hui, les réformes ne sont pas souhaitées, elles sont rejetées, le gouvernement les impose, dédaigne les manifestations d’hostilité et ne concerte rien. Pour la première fois, sous la Cinquième République, une majorité parlementaire, claire dans les urnes comme toutes les précédentes, même quand celles-ci furent étroites, pourrait se lasser du président régnant, l’user sans forcément le défier.
Deux ministres semblent prisés – du favoritisme comme on en taxa « l’Ancien régime » – particulièrement : les ministres de l’Education et du Travail. Jusqu’à présent, la contestation ne les incommodent pas. La garde des Sceaux, la ministre des Universités ont leurs batailles derrière elles, menées de la même manière. Michel Barnier a tranché. Il est le premier à indiquer – d’expérience – comment fonctionne l’Union européenne, il reste sur un terrain qu’avait voulu dominer Nicolas Sarkozy dont les promesses, non tenues, firent la revendication d’aujourd’hui. Pouvoir de nuisance réelle, contagion probable du conflit des marins-pêcheurs : question apparemment réglée. Mais Grandrenge ? mais les sites EADS ? mais la « carte militaire » ? et les aditions qui semblent ne pas tomber juste, sauf dans l’oubli médiatique quelques semaines durant pendant lesquelles l’attention va ailleurs : les financements de plan Atzheimer ou autistes, les garanties de réinsertion énumérées au « Grenelle » de Martin Hirsch, les budgets sur l’environnement. A avoir fait de plus en plus de la politique-gestion, au lieu de la politique-participation, l’ensemble des élus et gouvernants ont bâti leur précarité dans l’opinion, ils donnent constamment les thèmes et les points sur lesquels les accrocher.
Il me semble qu’une allumette suffirait à faire flamber ce qui est devenu une immense grange ouverte à plein vent.
Nicolas Sarkozy devenu circonscpect tandis que s’opèrent des changements chez les FARCs et donc que commence sans doute une nouvelle donne pour les otages, ne sait toujours pas l’être pour gouverner le pays. Il n’a pas su non plus convaincre sur les sujets auxquels il tient et c’est François Fillon qui, à l’Assemblée nationale, défend notre réintégration atlantique et la mûe des institutions. Le président actuel avait su assimiler la leçon de Jacques Chirac, parvenir en se rebellant contre le président du moment (pour l’époque, ce fut Valéry Giscard d’Estaing). Il ne se souvient pas de sa propre recette, le pouvoir – dans la Cinquième République dégénérative – se conquiert par l’appareil du parti. Ségolène Royal comme Bertrand Delanoë ont tiré la leçon de l’échec de 2007 : le candidat socialiste doit en même temps – à la Mitterrand – contrôler le parti et ses hiérarques. Nicolas Sarkozy perd, semaine après semaine, le contrôle de l’U.M.P., des élus, des militants. L’économie française n’est pas forte, mais le fonctionnement du pouvoir n’est pas mieux assuré.
[1] - Deutéronome VIII 2 à 6 passim ; psaume CXLVII ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens X 16 à 17 ; séquence Lauda Sion ; évangile selon saint Jean VI 51 à 58
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