samedi 24 mai 2008

colloque - Pompidou en Mai 1968

Georges Pompidou et Mai 1968
colloque salle Colbert de l’Assemblée nationale
vendredi 14 Mars 2008
organisé par l’association des amis de Georges Pompidou


notes prises (BFF) en cours de séance, exposés et débats


conventions :
en vert - réactions et amorces de commentaires personnels pendant la séance
en rouge – je souligne l’importance que je crois du propos tenu



Le Fur

saluations,
très heureux et honoré, au nom du président Accoyer, de vous accueillir, surtout vous, Monsieur le Premier ministre
salle où se réunissaient les parlementaires de l’UNR, tradition
cette salle a connu le trouble en Mai 1968, le 30 Mai, le succès de Juin
mes souvenirs : ceux d’un enfant de sixième, les opinions se forgent vite pour devenir définitifs
Pompidou a tenu, dit François Mitterrand quelques années plus tard. « Je n’avais pas prévu les éénements encore moins leur gravité », écrira-t-il. Le système dont il était parfait représentant a été ébranlé. Distinctions qu’il fallait à l’époque jeter aux orties, qu’il faut retrouver aujourd’hui.
notre pays pour lequel la question de l’école est centrale.
a tenu la charge de Premier ministre, physiquement nuits sans sommeil, moralement dans situation où milieu politique, petit groupe de fidèles : Balladur, Chirac, Marcellin et bien d’autres

association à l’hommage : Maurice Grimaud et les forces de l’ordre
citations de Pour rétablir une vérité
Pompidou a tenu et à ce titre sauvé le régime et peut-être le pays
son obsession était d’empêcher la fusion entre les différents mouvements et oppositions
distance politique entre gauchistes et communistes, sociale entre milieux qui attendaient consommation et jeunesse gâtée
mit tout en œuvre pour que grève cesse et que tout rapprochement entre els deux mouvements ne se fasse pas
son génie fut d’imaginer une sortie politique, qu’il obtint contre de Gaulle
s’affranchir du statut de collaborateur, il exista. Mai 1968 lui permit de devenir un homme d’Etat
pas sans douleur

2 Avril 1974, rassemblé en famille, le film de la soirée l’hmme de Kiev, film fut interompu, des larmes dans les yeux de mon père, né en 1911, de souche paysanne, disparition d’une figure tutélaire
succès de Pompidou en 68 ne peut se comprendre sans empathie profonde entre Georges Pompidou et France encore paysanne et déjà moderne


Introduction

Bernard Lachaise
Professeur d’histoire contemporaine à l’Université Bordeaux III


la partie scientifique
remerciements : président de l’Assemblée nationale de nous accueillir dans ces murs
En Mai 1968, on y a vêcu quelques grands moments : 14 Mai discours de Georges Pompidou – 22 Mai rejet motion de censeure – murs de la salle où se réunissaient les députés gaullistes – la Marseillaise du 30 mai à l’issue du discours du général de Gaulle

Monsieur le Premier ministre Edouard Balladur a accueilli très favorablement le projet de colloque
ambassadeur Briottay secrétaire général de l’association des amis de Georges Pompidou
Mme Denise Esnous, la première à entendre parler de ce projet il y a deux ans
l’association Georges Pompidou dans le Cantal
Pr. Alain Pompidou et Henri Domergue
ouverture archives Georges Pompidou
collaboration précieuse de l’Association Georges Pompidou et Pascal Genest aux archives de l’Assemblée nationale
Sabrina Tricaud chargée de recherche association Georges Pompidou

assertions convergentes :
12 Juillet 1968 – bloc-notes de François Mauriac
Robert Poujade – « enfant de Mai »
Edouard Balladur – « c’est en 1968 que l’action l’a désigné pour entrer dans l’histoire à la suite du général de Gaulle »
point de vue de René Rémond – précédent colloque de 1999 – c’est en Mai 68 que Georges Pompidou s’est virtuellement présenté comme successeur virtuel du fondateur de la Cinquième République

colloques sur action sociale du président
le Mai du pouvoir
parution de livres
importance que Georges Pompidou a accordé à ce moment dans sa vie et ses souvenirs
« Il est des épisodes sur lesquels j’éprouve le besoin de m’exprimer : imaginations et racontars » - mémoires parus en 1982 (Mme Georges Pompidou et Alain Pompidou)
les historiens ont la chance d’avoir le témoignage personnel de Georges Pompidou
mais d’autres sources : méthode de confronter et croiser les sources (motivations, faits, conditions prises de décisions)
nombreux témoignages oraux recueillis par l’association Georges Pompidou et autres
archives écrites : celles de Georges Pompidou
reste un déséquilibre très fort – nous n’avons pas la version du général de Gaulle, mémoires d’Espoir inachevés

à lire les Mémoires d’Espoir et à avoir entendu la conférence de presse du 9 Septembre 1968, le Général n’aurait pas donné de révélations sur ce qu’il a vêcu et pensé en Mai 8, surtout de son Premier ministre, le portrait « p. 112 » du tome inachevé, la répétition de l’état des lieux, notamment la procédure référendaire et la trésorerie en devises, la tenue du franc, sont implicitement des critiques du successeur et l’indication de ce que pouvait être Pompidou à ses yeux, en dernière période – je ne crois pas qu’il aurait « brodé »
Mme de Boisdeffre – accéder à documents venant du général de Gaulle et de l’Elysée
témoignage Robert Poujade association Georges Pompidou
publications récentes : Jean Foyer, Marie-France Garaud et de journalistes : Jean Mauriac
archives écrites – agendas de Georges Pompidou et du général de Gaulle – lettres issus des papiers privés du Président

historiens de ce colloque appartiennent à génération différente – la plupart pas nés ou en sixième-cinquième pour le plus âgé
Georges Pompidou et Mai 68 - exposés par ceux qui ne l’ont pas vêcu
témoignages Edouard Balladur et Robert Poujade – Yves Guéna retenu par campagne – présence : Domergue, Servais, Garaud, Esambert

éclairages nouveaux

09 heures 29

montée à l’estrade de la jeunesse… universitaire



Sylvie Guillaume – présidente de séance
Professeur d’histoire contemporaine à l’Université Bordeaux III


remerciements
c/ Le Fur et à mes collègues universitaires – en 1968 baby boomer cf. Sirinelli – j’étais étudiante en France et déjà à Berlin en 1967, c’est là que la crise universitaire a commencé

analyses scientifiques des historiens, apport des témoins
Edouard Balladur, collaborateur proche, responsable affaires sociales = complémentarité


Analyse et gestion de la crise


comment a-t-il agi alors que surpris ? face à crise politique, toute confiance à Edouard Balladur, premier collaborateur – 20 minutes chaque intervenant

Laurent Jallabert
maître de conférences à l’Université de Nantes
« Je voulais traiter le problème de la jeunesse séparément » :
Georges Pompidou et les jeunes en Mai 1968


les jeunes en Mai 68 . problématique complexe – mémoire de Mai 68 et des librairies – mouvement de jeunes – question discutée
nature même de la jeunesse de Mai 68 – qu’est-ce qu’un jeune en Mai 68 – qui sont les jeunes qui manifestent ?
les jeunes perçoivent comment le Premier ministre du moment – aurai voulu présenter caricatures
façon dont le Premier ministre a géré la crise d’un point de vue de la jeunesse

rappel de ce qu’est la jeunesse
16-25 ans en Mai 68 = 8 millions d’individus, quantitativement importants
16% de la population
les moins de 20 représentent un tiers des Français
problème vif
place et rôle des étudiants ++ nombreux : 175.000 en 1958 et 630.000 dont 160.000 dans la capitale
ce qui a été mis en place depuis dix ans, est jugé insuffisant – problème insuffisanmment traité de l’aveu-même de Georges Pompidou le 14 Mai
jeunesse étudiants pas représentative de la jeunesse ? ce sont les étudiants qui sont dans la rue
se considèrent comme jeunes travailleurs intellectuels

comment les étudiants abordent-ils Mai 68 et quelle place réservent-ils à Georges Pompidou
il est épargné en comparaison du général de Gaulle, du ministre Alain Peyrefitte, des doyens de l’université, dont Grapin
pas pris à partie – dans les tracts et autres, Georges Pompidou est un peu absent
dans les premières semaines, il est physiquement absent de France – discours et manière y sont aussi pour beaucoup
slogans apparaissent à partir des accords de Grenelle et en
. liens entre Georges Pompidou et le grand patronat et les milieux bancaires (classique chez gauchistes) agent du grand capitalisme, l’homme de Rothschild
. l’homme politique, dans le combat politique quotidien – tracts et journaux
Georges Pompidou dans le combat est en train de prendre le dessus, le dauphin devient le roi
. fin Mai et début de Juin : Georges Pompidou l’homme du durcissement et de la répression
pas de dialogue avec l’Etat-policier, la figure de Georges Pompidou n’apparaît ainsi qu’au début de Juin ; auparavant c’était de Gaulle, Peyrefitte puis Raymond Marcellin
. Georges Pompidou slogan-tracts-inscriptions murales = Pompon-la chienlit (repris d’expressions du général de Gaulle et populaire) clivage au sommet de l’Etat à l’œuvre entre général de Gaulle et Georges Pompidou
image n’est pas forcément négative : général de Gaulle attire davantage les foudres

la question de l’âge Georges Pompidou/général de Gaulle
vingt-et-un ans les séparent – Pompidou ne veut pas être un candidat ayant passé 60 ans


quatre instants de la réponse de Georges Pompidou
. période de l’absence
Georges Pompidou en Afghanistan, n’a pas vu venir la crise
surpris à l’extérieur, mal informé – prend de la distance pas seulement géographique, mais intellectuelle
renseignements et informations le font réfléchir – répression du mouvement étudiant
dès le 10 Mai, il laisse entendre à Michel Jobert qu’il ordonnera la réouverture de la Sorbonne
réflexion – dipose d’une image positive, il apparaît vierge par rapport aux premiers moments, déferlement de la répression général de Gaulle et Christian Focuhet/Alain Peyrefitte
. retour avant 20 heures, trois heures après à la télévision il dit sa profonde sympathie pour les étudiants – les appelant à rejeter les provocateurs professionnels et contribuer au rétablissement du calme
épisode connu d’obtenir la réouverture de la Sorbonne – la sympathie, il est à l’écoûte, la façon dont il s’exprime – apaisement, pendant toute la crise, son mot fréquent, toujours repris dans la presse et les médias – son image devient positive, moins noircie que ministres
. de la Sorbonne à Grenelle : stratégie de gagner du temps
donner une image à la jeunesse, discours du 14 Mai, cf. René Rémond – réforme de l’université, le Parlement aura à prendre connaissance, pas de mesures dans l’urgence – légitimité de la crise
le problème de la jeunesse est un problème essentiel – c’est un fait de civilisation

Rien d’original, il en est en fait dans la ligne de tous les discours parlementaires de la mi-Mai, et surtout dans celle du général de Gaulle

Problème philosophique – changements, progrès technique, travail changé, mœurs – apporter des solutions – légitimité du mouvement et de la colère des jeunes

au vrai, voudra oublier (et faire oublier aux Français) Mai 68 sur le fond, sauf en ce que ce moment a été celui de sa montée sur le pavois – son quinquennat n’est pas imprégné des leçons de Mai

se dissocie complètement de la politique menée dans les premiers instants de la crise : Alain Peyrefitte, général de Gaulle
. le paysannat et ouvrier qui sait le prix du pain et de l’effort – opposé à jeunesse étudiante qui se cherche son rôle et ses responsabilités
distinctions très fortes entre majorité des étudiants qu’il juge en dehors du mouvement, et enragés, pillards – 14 Mai – provocateurs et enragés le 16 Mai à la télévision – 26 Mai éléments incontrôles, rien à voir avec les émeutiers
dépouillement des RG et rapports des préfets – informations dont dispose Georges Pompidou – globalement rapport 25 Mai parmi les 500.000 étudiants, seuls 50.000 participent activement – 60% des personnes arrêtées ne sont pas arrêtées, jeunes venant d’ailleurs
critiques très virulentes contre mouvements extrêmistes

l’enfance du conservatisme des gaullistes, c’est Georges Pompidou – latente pendant sa primature, mais explicite en Mai

favorable à l’UNEF et remerciant organisations étudiants
. durcissement après Grenelle – dénoncera la violence – déclaration du 28 Mai : résolution immédiate, création d’une mission d’information pour reprise activutés et élaboration réforme de l’Université – distngue étudiants du problème social
retour aux activités universitaires – discours ++ dur entre 28 Mai et 12 Juin (interdiction de mouvements dont celui du 22 Mars – à ce moment, les mouvements extrêmistes commencent de produire des textes très hostiles)

conclusion
face à la jeunesse, Georges Pompidou très méthodique et organisé – isole l’agitation étudiante du reste de la crise sociale, et dans le mouvement étudiant les gauchistes
la période est essentgielle pour Georges Pompidou dans son lien avec la jeunesse – pour comprendre la politique qu’il mènera étant Président de la République – la question de la jeunesse reste centrale et les conflits très importants


Gilles Richard – IEP Rennes
professeur à l’Institut d’études politiques de Rennes

Georges Pompidou et la question sociale en Mai 1968

point commun avec présidente de séance – les indépendants et paysans, moi Pinay

négociations de Grenelle sont au cœur du sujet
Antoine Prost – synthèse colloque Mars 2003 – action et pensée sociale de Georges Pompidou
sources nouvelles
témoignages acteurs périodes
Edouard Balladur, Olivier Stirn, Friedman, Paul Huvelin, François Ceyrac
feuilles d’audience de Georges Pompidou pour 1968

. déroulement négociations Grenelle
la question ponctuelle de la hausse du SMIG – spectaculaire 35%
remarques sur la représentation patronale
Michel Jobert : Georges Pompidou a paru surpris et inquiet quand Paul Huvelin a accepté cette hausse de 35%
réactions probables de MD pas invité à Grenelle
surprise de Bergeron, jamais prise en compte par historiens
Matignon par Jacques Chirac a négocié avec CGT – accord sur SMIG à 2,70 au lieu de 2,25 dont 21%
Bergeron dit 3 FF et Huvelin accepte – André Bergeron dit avoir négocié avec François Ceyrac sur la base de ces 3 FF (Huvelin au courant par François Ceyrac)
pour la 1ère fois depuis 1946, patronat négocie avec syndicats – n’en a pas le droit staturaire alors, l’acquiert seulement en révision statuts de 1969 – indépendance de la CG PME (Gingembre – déjà reconnu indépendant et acceptée en tant que telle avec trois délégués – pour éviter l’erreur de 1936, seul trois organisations du grand patronat)
témoignage Paul Huvelin – instances du CNPF l’ont toujours suivi dans des concessions : « on n’a pas fait de folies » – la CGT - en fin de matinée CNPF accepte d’appliquer le conatsta, rien nque et tout le constat, mais Huvelin n’en avertit pas Georges Pompidou
période très difficile pour Georges Pompidou – sera déstabilisé par de Gaulle le 29, aurait été encouragé par cette annonce
. témoignage

. négociations contractuelles engagées en 1967
François Ceyrac indique que esprit de Grenelle est celui de 1967
contexte des négociations de 67-68 – élections législatives gagnées de justesse – réflexion engagée à Matignon pour mettre en oeuvre train de meures économiques et sociales – chômage commence de croître – intégrer l’économie française dans le Marché commun
aller vite – ordonnances, rapport François Xavier Ortoli
lettre 3 Août 1967 aux partenaires soxciaux pour les incitrer à n,égocier sur les effets du chômage
lien selon François Ceyrac – accord immédiat du CNPF à lettre Matignon, François Ceyrac devient vice-pdt CNPF
Matignon n’intervient pas, pas d’intervention légisaive non plus – culture du dialogue social réduisant conflictualité – accord paritaire du 21 Février 1968 indemnisation chômage partiel signé par CGT mais pas par CFDT
Premier ministre invite le 22 Mai pendant son discours – Jean-Marcel Jeanneney invite les syndicats formellement –
points ces accords sont contractuels-paritaires même si Etat fixe SMIG et promet projet de loi sur repésentation syndicale dans l’entreprise
différence avec 1936
Etat intervient sous conduite gouvernement favorable à CGT – en 1968 le contraire gouvernement favorable à CNPF – but ultime en 1936, amélioration condition salariat – en 1968, but ultume : voir s’éteindre la conflictualité très forte à l’époque


. vision sociale de Georges Pompidou depuis 1958
point fait en 2003 – Gilles Le Béguec, etc… + remarques très détaillées d’Edouard Balladur
la politique de « la nouvelle société », qui agaçait Georges Pompidou, ses aspects pratiques se situent dans politique élaborée depuis grève des mineurs en 1963
. concordance des vues sociales entre Georges Pompidou et François Ceyrac tous deux figures montantes
vision c/ visionnaire mais pragmatique
se sont connus en khagne à Louis-le-Grand fin des années 1920 – se retrouvent en 1958 quand Georges Pompidou est au cabinet à Matignon et François Ceyrac fait l’UNEDIC en Décembre 1958
François Ceyrac fait discrètement l’éducation sociale de Georges Pompidou avant 1962 – avec qui négocier et avec qui ne pas négocier dans les syndicats et au CNPF, mais sans jamais servir d’intermédiaire – repas copieux et conviviaux : « il pigeait vite » - concordance des philsophies politiques avec principaux dirigeants du patronat – charte libérale du CNPF en 14 points de Février 1965 – discours Georges Pompidou 27 Février 1969 devant comité directeur Chambres de métiers (reconvertir hauts fonctionnaires), libéralisme étroitement associé à système de relations sociales fondé sur la généralisation des négociations sociales

conclusion
limites de la pensée sociale de Georges Pompidou
but et méthode = dépolitiser le social en le désétatisant pour le contractualiser
différence avec Charles de Gaulle
Georges Pompidou a appliqué cette méthode en Mai 68 – morale provisoire de Descartes : diviser problème imppossible en divers petits problèmes solubles
22 Mai éeduire l’opposition,
29 Mai le social
30 Mai arrache à de Gaulle l’éclatement du combat politique entre 480 petits combats locaux
puissante montée des luttes sociales depuis 1967 – rebipolarisation de la vie politique depuis 1965 – évolutions des syndicats et mutation de la SFIO en PS ont enrayé en 1971 cette poliique

entre 1974-1976, entrée de la France dans le chômage de masse désengageant le social du politique
Georges Pompidou redoutait beaucoup le chômage de masse : « avec 500.000 chômeurs, la France entrerait en révolution », mais la révolution n’a pas eu lieu

Edouard Balladur – « à chaud »

quelques mots seulement pour ne pas y revenir dans mon intervention
. jamais entendu parler d’une négociation préalable entre Matignon et CGT sur augmentation SMIG imité à 20%
ce dont j’ai été le témoin, CNPF a accepté immédiatement augmentation 34%
M. Pompidou s’est retourné vers moi, le saviez-vous ? non ! Alors il faudra
était-ce une négociation postérieure entre FO et CNPF pour contrer la CGT ?
. pas possible de dire que Georges Pompidou n’ait pas été informé de la décision de mise en œuvre par le patronat des accords de Grenelle
conversation téléphonique avec Georges Pompidou : le réveiller à 10 heures du matin – l’informer que accords de Grenelle avaient été rejetés – dites bien qu’il faut les appliquer tout de même – donc pas de thèse du réconfort qui lui aurait manqué

ordonnances de 1967 – trois objets
emploi, protection sociale, participation
on recourait à la négociation, Etat y incitait
j’accompagnais Georges Pompidou à une coférence de pesse : point commun, disait-il, était l’appel au contrat et à la discussion entre les parties
lettre du 3 Août : cela a froissé certains négociateurs déjà, l’Etat n’a pas besoin de nous inciter – finalement le côté posiif de cette incitaton a débloqué

relations étroites entre Georges Pompidou et CNPF et Georges Pompidou et François Ceyrac ?
très excessif. CNPF très importante organisation syndicale, indications données, d’autres le faisaient, dont FO – connivence automatique entre CNPF et Georges Pompidou pour gestion sociale ? non
en revanche, sur le plan de l’économie générale : le Premier ministre le plus ouvert à l’ouverture des frontières et des esprits – c’était la philsophie d’une partie du patronat

Georges Pompidou a cherché à contractaliser la négociation sociale en l’émiettant

Léon Gingembre – avant sa mort – CGPM tournant dans Grenelle, mais Léon Gingembre a découvert l’acceptation de CNPF en séance

Edouard Balladur : nous aussi


Frédéric Turpin
Maître de conférences à l’Université d’Artois
Présentation par la présidente : Université d’Artois – brillante habilitation à la direction de recherche pour politique de coopération avec l’Afique subsaharienne

Mai 1968 : une crise de régime pour Georges Pompidou ?

crise étudiante et sociale devient une grave crise politique – crise de régime, du régime fondé par général de Gaulle
cette crise a-t-elle été analysée comme une crise de régime ?

Georges Pompidou : causes profondes cf. œuvres posthumes et discours 14 Mai
crise de civilisation
distingue deux questions

les universitaires en démarrage aujourd’hui

tout l’ordre social est en cause, y compris politique et institutiuonnel. L’Etat ébranlé : les remèdes sont à inventer
incapacité de l’Etat à répondre à crise multiformes : agitation des étidians, des groupuscules, social – opposition politique : Pierre Mendès France et François Mitterrand entend profiter de l’événement pour renverser de Gaulle – ce sera pour la Vème le 13 Mai 1958 de la IVème
pour Georges Pompidou (conférence de presse de François Mitterrand du 28 Mai) crise de régme seulement si opinion française se détache vraiment
motion de censure n’est pas une difficulté, puisque le Premier ministre en connaît l’arithmétique
je crois au contraire Georges Pompidou hanté par la censure possible et à découvert si de Gaulle n’est plus là pour signer le décret de dissolution – c’est en cela que la « disparition » du 29 Mai le traumatise : elle le désarme devant le Parlement

défection de René Capitant et dissidence d’Edgard Pisani
« théâtre d’ombres élucubrations toutes fondées sur l’élimination de mon gouvernement »

mon impression et mon angoisse de l’époque ne portaient pas sur le sort de Georges Pompidou mais sur celui du général de Gaulle : la chute du premier me paraissait mettre dans la plus grande difficulté le second

un nouveau gouvernement ? Michel Debré
pour Georges Pompidou, certitude que changement de gouvernement ne ferait qu’aggraver la crise et la transformer en crise de régime – le 29 Mai doit ressaisir sa majorité
Yves Guéna, ceux qui croient encore à de Gaulle et les autres, ceux qui soutiennent Georges Pompidou et les autres
« Ce n’est pas moi qui étais en cause », selon Georges Pompidou
regagner les faveurs de l’opinion publique et la majorité silencieuse, qui au début a manifesté beaucoup de sympathie pour les étudiants
laisser durer le mouvement et s’essoufler, attendre que les Fançais d’abord séduits et amusés, prennent conscience de l’absurdité de la situation. Alors agir fermement
chaque jour qui passe ajoute à la division des adversaires
mais risque d’apparaître attentistes et de donner sentiment de vide au coeur du pouvoir, ce qui aggraverait la situation
Grimaud : « vide préoccupant devant lequel l’opinion est désemparée »
désaccord entre les deux têtes de l’exécutif n’est pas public – mais divergence d’appréciation et de statégie
le Général saisissait mal les événements, absence.
échec provisoire du constat de Grenelle aggrave la crise mais lui donne un tour plus classique
annonce de sa candidature par François Mitterrand une fois le referendum perdu,

hommage que rend Mitterrand à de Gaulle puisqu’il ne doute pas que le Général se retirera si le referendum est négatif

gouvernement provisoire – la rupture politique les 27-28 Mai prend corps – Pierre Mendès France, le 29 Mai, prêt à assumer les responsabilités si la gauche entière les lui confie – poids du PC
champ classique : le danger communiste, le rôle du général de Gaulle et des gaullistes
recours à la dramatisation

campagne électorale : Georges Pompidou prétend que le PC est prêt à sortir de la légalité
la crise politique débouche en premier temps sur crise du régime et sa fin
climat délètère selon Georges Pompidou – disparition du général de Gaulle
plutôt que de parler de panique, pour Grimaud : mais désarroi, plus personne ne sait ce qu’il va se passer, tout est imprévisible – Edouard Balladur : les fonctionnaires ne croient plus au gaullisme
Georges Pompidou prépare la contre-attaque – 14 heures 35 quand de Gaulle a « disparu » : envoie Somveille à Grimaud pour lui donner son plan, de Gaulle reste à la tête de la République, mais l’Assemblée nationale est dissoute
ce qui a lieu
reconquête de l’opinion – manifestation du 30 Mai constitue le fait nouveau

la dissolution et non le referendum, - victoire de la statégie de Georges Pompidou sur celle de de Gaulle
la peur, lors de la disparition du général de Gaulle, est capitalisée par la manifestation très organisée du 30 Mai

mon souvenir de l’ « organisation » : on y allait comme à un enterrement, parce qu’il fallait faire ultimement et enfin quelque chose ; prévision qu’on serait très peu nombreux et que les communistes viendraient nous c… la gueule, j’y suis allé en chandail et salopette

dimension de crise du pouvoir gaullien et transition vers l’aprèsde Gaulle
Georges Pompidou est un gaulliste, personne ne peut en douter – il adhère au cadre institutionnel de la Cinquième République
comme Premier ministre, il a contribué à une lecture présidentialiste
système de Georges Pompidou analysant esprit des Français, divisions, brûlent vite ce qu’ils adorent
Leçn du passé – insitutions favorsient stabilité –peu de risques
mais réforme de 1962 : PR devient leur représentant personnel pour parler en leur nom et diriger – stature historique du fondateur de son vivant-même – cela pose problème de la stabilité des institutiuons – rapport particulier entre Français et de Gaulle : la France vit encore dans le mythe du héros, conditions de l’instabilité – c’est la thèse de l’opposition Pierre Mndès France /François Mitterrand
épuisement d’un régime illégitime et renversement sous preession populaire
volonté de rupture avec général de Gaulle – le départ du pouvoir du Général permettra de refermer parenthèse – ce qui tient par de Gaulle ne tiendra plus sans lui son analyse rejoint en partuie celles de ses opposants
fossé grandisant entre un homme et ses concitoyens
conclusions de Georges Pompidou ne sont pas celles de Pierre Mendès France, François Mitterrand ou Cohn-Bendit
Georges Pompidou croit dans les institutions de la Vème et regrette la propension française à mettre les institutions en cause dans toutes crises
les institutions doivent survivre à leur fondateur – ce n’est pas une crise de régime, mais celle du désamour croissant entre général de Gaulle et les Français
s’il y avait crise de régime, ce serait celle de la République
accentuation du rôle fonctionel et non plus personnel du chef de l’Etat
organisation de la relation gouvernement/assemblée, ce qu’il cherche à faire une fois à l’Elysée

excellent résumé du pompidolisme – mais qui contredit en partie la thèse d’un Georges Pompidou visionnaire et novateur d’une crise de civilisation : il prône un retour à la « normale »

conclusion
les Français veulent une normalisation de la vie politique française et non le plébiscite « moi ou le chaos » Charlot : passage du gaullisme héroïque au gaullisme quotidien en 1969


Jérôme Bozzi
professeur agrégé d’histoire
présentation par la présidente - prochaine thèse : les mouvements gaullistes entre 1968 et 1976

Georges Pompidou et les mouvements gaullistes

les mouvements gaullistes semblent avoir connu un flottement
malaise du groupe parlementaire et aphonie – profonde incompréhension des députés gaullistes pour les événements
citadelle de la rue de Lille à distinguer des
Association nationale d’action pour le soutien au général de Gaulle - Pierre Lefranc
UJP Robert Gerossmann
CDR
SAC

Georges Pompidou est-il l’instigateur du retournement de l’opinion gaulliste ?
a-t-il seulement donné son aval ?

l’UD Vème et le miroir de Mai
la logique des CDR
les tenants et aboutissements de la manifestation du 30 Mai

la plupart des députés sont déroutés
9 Mai – première réaction, communiqué de presse
crise passagère jusqu’à
Pierre Bas : assainir le Quartier Latin de la lamentable tourbe
10-11 Mai, nuit des barricades – l’UD Vème ne s’implique pas

entre 11 et 22 Mai, la plupart retourne dans circonscriptions
lel député Alduy laissant son suppléant faire le travail
Habib-Deloncle
Robert Poujade : décès inopiné du Chanoine Kir, tentative de recueillir sa succession comme député – absent, à Dijon
c’est en fait Charbonnel qui dirige le mouvement – à la fin de Mai, Charbonnel et Foccart se rendent ensemble à Matignon – le conseiller de Matignon répond : vous perdez votre temps, de Gaulle est f…
premier tract de l’UD Vème du 20 Mai – dans la foulée d’une réunion des députés – fermeté et être tenu au courant de ce que faite le gouvernement – René Galy-Dejean assiste à toutes les réunions du groupe gaulliste

discussion de la motion de censure
Albin Chalandon propose déjà ses services à Pierre Mendès France
certains veulent protéger de Gaulle et font de Georges Pompidou la cause
René Capitant préconise réferendum sur politique de de Gaulle sans les modalités de l’action ministérielle qui masquent la politique présidentielle ou la contrecarrent – politique gouvernementale en décalage avec aspiratons populaires Louis Terrenoire 21 Mai
le 22 Mai, René Capitant s’apprête à voter la censure, mais préfère démissionner
Edgard Pisani la vote puis démissionne aussitôt
la reconquête de l’opinion doit passer par d’autres canaux que l’UDVème

depuis nuit des barricades
Pierre Lefranc et Jacques Foccart pensent qu’il faut autre chose
Foccart
Jacques Beyle officieux chez Roger Frey, mais bras droit de Robert Poujade, invente les « comités de défense de la République » CDR
Jacques Godfrain secrétaire général provisoire – cèdera la place à Lancien
« amicales du 11 Novembre » et des anciens de la 2ème DB suivant Robert Galley

effectivement, conversation au haut des Champs-Elysées le lundi 27 ou le mercredi 29 avec un ancien de la 2ème DB : « s’il le faut, on recommence » - mais il était bien jeune (la quarantaine) pour avoir été à Koufra…

pas d’aval de Georges Pompidou mais n’empêche pas leur organisation
Pierre Juillet et Jacques Fvccard
Foccart, Robert Poujade, Philippe Dechartre, André Malraux - 29 Mai

Godfrain et Pascqua au SAC – Godfrain numérote lui-même les cartes – adhérents à l’UJP vient vers CDR – défense du siège de la rue de Lille – introduction dans la Sorbonne pour prévoir l’évacuation
héritage réseaux Résistance et RPF
Jacques Godfrain : le pouvoir perdu dans la rue, il faut répondre par la rue
le Général met son veto le 19 Mai – à Jacques Foccart
témoignage Anne-Marie Dupuy : conditions pour manifestations pas réunies
finalement feu vert
. échec du discours du Général, le 24 Mai
. rejet du constat de Genelle, le 27 Mai

Georges Pompidou donne son accord le 27 Mai – le lendemain de l’accord de Grenelleee
Foccart appuie pour le 31 Mai quelque chose conçu rue Solférino
idée Krieg : le 30 Mai place de la Concorde
Le Tac, Hautecloque, Préaumont, et quelques autres élus
Robert Poujade réplique à François Mitterrand qui fait « le don de sa personne au pays »

organisation de la manifestation sans coordination
Juillet appuie – Michel Jobert dit que Matignon n’a joué aucun rôle
beaucoup croit à l’échec – 25.000 personnes prévues par les RG
mais Grimaud minimise
. électrochoc du 29 Mai, la disparition du Général
. discours du 30 Mai
. capacité de mobilisation des réseaux

29 Mai : plasticage du journal La Nation
trois équipes – avancer le discours du général de Gaulle avant la manifestation
plus informelle
. Jacques Beyle fait imprimer et distribuer des tracts – puis fait déplacer horaires navettes des camions militaires entre banlieues et centre ville de Paris
. Paul Marie de La Gorce chez Fouchet répercute les informations des RG vers les réseaux
. Lefranc mobilise les anciens d’avant 1958
objectif commun – préparation manifestation plus qu’organisation
Georges Pompidou n’est pas au centre de la préparation – mais entourage au contact
Pierre Juillet a ses réseaux dans la famille gaulliste et le contact avec Foccart
Pierre Somveille, longtemps directeur du cabinet du préfet de police – a rejoint Matignon en 1967 – liaison radio avec le centre de commandement de la préfecture de police par une voiture ad hoc spécialement postée à Matignon

succès inespéré
16 heures 15 une centaine,
16 heures 30 diffusion par haut-parleurs sur la place de Concorde

Saint-Denis, puis Nungesser
Slogans : de Gaulle n’est pas seul, la révolution avec de Gaulle – Pompidou Giscard avec de Gaulle

oubli décisif dans ce reppel – je me souviens avoir crié « spontanément » mais cela avait dpû déjà etre crié : Pompidou courageux – reste que le cri principal était : vive de Gaulle – et souvent aussi : Mitterrand, c’est f… ou Mitterrand, c’est raté. L’ambassade de Turquie avait pavoisé aux couleurs françaises. Le Figaro fut hué

conclusion
UDVème peu présente – mais adaptée à une logique réticulaire et non partidaire sic
démarche de la Résisance, analogue à 1958
processus de réorgrnisation de l’UD Vème commencé, depuis 1967, par Georges Pompidou pas encore mené à terme
le Premier ministre ambitionne d’être le chef d’un parti moderne – non d’un système de réseaux
le succès du 30 Mai n’a été possible que par l’électrochoc du 29 mai et le discours énergique du 30 Mai

Bozzi : le seul communicant vraiment gaulliste et mettant en valeur de Gaulle

Edouard Balladur
ancien Premier ministre (de François Mitterrand)
& conseiller (depuis 1964) pour les affaires sociales à Matignon au moment des événements

présenté avec insistance et flagornerie comme le grand témoin essentiel – ce qui me paraît excessif pour reprendre sa propre expression quand il l’applique à d’autres

Georges Pompidou, consacré parce que la façon dont il a géré Mai 68 est une extraordinare réussite politique
notre pays pratique des émeutes, révoltes ou révolutions.
le gouvernement n’a plus – alors – de choix que de reconquérir Paris, ou de quitter Paris, ou de s’effondrer
chaque fois que Paris s’émeut, ou bien c’est noyé dans le sang 1848-1871 il oublie Février 1934 ou bien le pouvoir s’effondre 1830 . 1848
pour la première fois, graves événements à Paris, grève la plus longue de notre histoure : le pouvoir ne s’est pas effondré, le gouvernement s’est conduit humainement

réflexions présentées un peu en désordre
pourquoi Mai 68 – usage est de dire que personne ne l’avait prévu – mais Georges Pompidou très sensible à l’ambiance se dégageant des films de Godard représentant la jeunesse – inquiétudes dans milieux syndicaux et patronaux : mouvements de grèves non déclarés et leur échappant – en 68, la grève est déclenchée sans l’avis des syndicats et a duré contre leur avis

hier, je regardais la télévision sur Mai 68 - la vieille rengaine, société bloquée et étouffante – en fait, c’est toute la société européenne de l’époque
sorte d’éruption anarchiste, contestation de l’autorité ; deux autorités
refus de la société conservatrice : propre de la jeunesse, révolte contre les traditions
mais il y a un autre aspect expliquant l’échec de Mai 68 : révolte contre le marxisme, préfigure la critique des nouveaux philosophes contre le stalinismes, cf. Cohn Bendit contre les staliniens
mouvement libertaire contre la société existante et contre les solutions proposées par le maxrisme
la division était au sein de la révolte dès l’origine
la tenative des accords de Grenelle est de faire un pacte entre l’Etat et les organisations pour que chacun récupère son autorité

crise d’abord universitaire – on dit qu’elle a été ensuite sociale – la manifestation du 13 a été décidée à la suite de l’émotion de la nuit des barricades - la grève nes e déclenche que par le succès du 13 – elle devient politique et morale – le parxosyme est entre le 10 et le 24 au matin
la seconde nuit des barricades montre la lassitude qui commence

stratégie, position constantes de Georges Pompidou
ne pas recourir à la force, éviter toutes les violences, dialogue
que l’opinion d’abord très favorable – Ionesco leur aurait dit le 11 Mai, de sa fenêtre : ne vous fatiguez pas, dans cinq ans vous serez tous des notaires
« Il fallait laisser les Français se reprendre, jouer sur le temps » – toute la tactique de Georges Pompidou
Mai : le mouvement a été défait par ses divisions entre gauchistes et communistes, entre syndicats et étudiants, (les jeunes à Billancourt trouvent portes fermées), les politiques et les étudiants et grévistes

en 1968, personne n’a utilisé toutes ses armes
morts accidentelles, commissaire de police par inadvertence à Lyon, un noyé à Flins
du coté étudiants et syndicats : pas de violence extrême, pas d’armes à feu
violence n’a pas été contrôlée, simplement : personne n’en a eu la tentation – calcul ?
effondrement des élites ou prétendues telles – décorations, fonctions éminentes = presque plus rien, phénomène fréquent – ce qui prouve une chose c’est que s’il n’y a pas dans un régme contesté, un groupe qui tient, tout se délite – cela tient à quelques personnes

Georges Pompidou redoutant les foudres de Michel Debré ? – il n’en est rien
Michel Debré m’a téléphoné, anormal que je ne sois pas convoqué – Georges Pompidou qu’on m’épargne ses états d’âme, je veux vivre seul

désastre économique de Grenelle ?
on traînait depuis 1963 dans un plan de stablisation
on ne prévoyait pas 35% de SMIG, mais une augmentation en deux fois : de 7% puis de 3% des salaires avant la fin de 1968
27 Mai, fin de l’apès-midi, réunion de ministres – Michel Debré en arrivant me dit : vous êtes content, vous avez détruit l’économie française – je lui ai dit que cela pouvait au contraire la relancer, et c’est ce qu’il s’est produit
le taux d’expansion français entre 1969 et 1974 a été comparé à celui du Japon à la même époque

démontrer que les manières contractuelles pouvaient apporter des satisfactions
redépart des organisations – cela a été rejeté certes par les salariés de Billancourt, mais a été appliqué dès l’après-midi – le lendemain, mardi après-midi Georges Pompidou que j’accompagnais en a discuté rue Oudinot avec les fonctionnaires
à Grenelle, tout le monde se levait à son arrivée
30 personnes, rue Oudinot, personne ne s’est levé, certains ont continué de parler en lui tournant le dos - le ministre lui-même à dû fermer les trois portes malgré que le Premier ministre ait demandé aux représentants du personnel de le faire
il m’a alors dit : allez vérifier que les clés ne sont pas sur les portes
dans le vestibule, un seul officier de police : elles n’y sont pas – observation en retour du Premier ministre : espérons qu’elles ne sont pas dans une poche
les fonctionnaires ont donné l’impression qu’ils avaient devant eux un Premier ministre n’ayant plus le pouvoir
convaincre que la Fance avait à sa tête un gouvernement et humain

autre reproche – il n’a pas usé de la force
la nuit du 24 Mai, il a passé la nuit dans le bureau de Somveille
il a donné plusieurs fois l’ordre pour que les ponts de Paris soient bloqués et qu’on empêche immédiatement toute érection de baricades contrairement à ce qu’il s’était passé le 11 Mai
c’est lui qui, dès dimanche-lundi 26-27, a décidé de faire rapprocher de Paris les fusiliers marins, les parachutistes, les chars avec passage par Clamart pour que cela se sache pendant la manifestation du 29 – de la Bastille à Saint-Lazare – ce qui était proche de l’Elysée

29 Mai, perdu le contact avec l’hélicoptère du général de Gaulle
– affolement dans l’opinion publique
il faut, ici, rappeler ce qu’était de Gaulle : héros de la guerre, qui avait réssité à tout, à l’O.A.S., qu’il quitte l’Elysée pour se rendre dans l’armée – sentiment de panique – récemment un dirigeant communiste a dit : nous nous sommes demandé si de Gaulle ne reviendrait pas à la tête de l’armée et ne mettrait pas les communistes en prison
calcul ? découragement ? quels qu’aient été ses sentiments, le général de Gaulle a alors porté un point final à la crise - un homme qui savait ce que parler ou écrire veut dire, cela voulait dire quelque chose le discours du 30 Mai

Georges Pompidou froissé – tout le monde le sait – de n’avoir pas été informé par le général de Gaulle – il lui a remis sa démission – j’étais le jeudi matin dans le bureau de Michel Jobert avec qui j’alternais
« Vous avez le droit de savoir, je vais démissionner. Je ne peux pas accepter que le généal ne m’ait pas tenu informé de ce qu’il allait faire. Je vais en informer Tricot »
Il voit de Gaulle après le déjeuner – ton lyrique que celui-ci affectionnait parfois s’il le jugeait utile – si vous partez, je pars aussi – vous n’avez pas besoin de referendum, vous avez gagné – je reprends ma démission si vous renoncez au referendum (le dit à Michel Jobert, à moi et à Pierre Juillet) – de Gaulle a repris son texte et écrit – c’est ce que voulait Georges Pompidou mais aussi l’oposition, ainsi prise au mot

30 Mai – Georges Pompidou est revenu, radieux sur le plan des sentiments et des motifs – sa relation avec de Gaulle comptait beaucoup pour lui – l’entretien s’était très bien passé – papier pour faire le gouvernement – ouvert la radio, le discours du Général – tout à l’heure au conseil des ministres c’était encore mieux, a fait Georges Pompidou
la manifedstation – y aller, tout le monde est à l’Etoile – non ! c’est le jour du Général, ce n’est pas le mien – fort intelligent

liquider Mai 68 ?
je déconseillerai de se livrer aux tâches impossibles
cela a tout changé : la morale commune, la vie en société telle qu’on la concevait au XIXème, l’apport de la famille à l’école et à l’usine, ont disparu
mouvement et idéologie naïfs, niais ? soit ! mais il en est resté quelque chose contre lequel on ne peut aller

désaccords graves entre Georges Pompidou et le général de Gaulle en Mai 1968 ?
inutile de cacher les choses

. à plusieurs reprises, ils sont successivement absents de Paris :
Georges Pompidou du 2 au 11 et le Général du 14 au 28 Mai – cela tombait mal
. le Général était attaché au rétablissement rapide de l’orde, il a demandé de libérer la Sorbonne et de l’Odéon, il était difficile de le convaincre de n’en rien rien faire ; Georges Pompidou était d’avis contraire
personne n’a cependant forcé la main du Général
. fallait-il réformer ? ils ne voyaient pas les choses de la même manière
Georges Pompidou trouvait ce que ce n’était pas le moment, que la société se reprenne d’abord, l’événement lui a donné raison – le Général a retiré son referendum sur la participation et il ne l’a pas réussi en 1969 – désaccord pas sur le fond, mais sur le moment – le Général voulait faire les deux choses en même temps

conclusion
Mai 1968 plus important par sa signification que par ses propositions : confusion et parfois infantilisme extrême – mais l’atmosphère et l’état d’esprit ainsi suscités, plus rien ne fut comme avant – dans toute notre histoire, c’est une réussite sans précédent – action conjuguée de Gaulle-Georges Pompidou (Baden-Baden : sans la disparition, les choses se seraient passées autrement) a été décisive : parce qu’elle en été de fait conjuguée

11 heures 47


débat

Alain Plantey
chargé au cabinet du général de Gaulle de suivre l’Education nationale
- puis ambassadeur à Madagascar en 1967


le nombre de ministres de l’Education nationale
J’ai vu le ministre, puis Jacqus Chirac – celui-ci : le Général se trompe, c’est plus grave – j’ai vu le Général maintenant son voyage en Roumanie
rentré à Madagascar : mes enfants me disent qu’il n’y aura pas d’école demain : ce sont les enseignants qui…

Henri Domberg
chargé des problèmes éducation nationale et culture
au cabinet du Premier ministre de 1962 à 1968
dès 1958, au cabinet de Jean Berthoin, puis d’André Boulloche, ministres

J’ai vu l’évolution de Georges Pompidou pour les problèmes de jeunesse
Deux faits
Jacques Narbonne, mon homologue à l’Elysée – livre consacré à de Gaulle et l’Education nationale
propos tenu par Georges Pompidou en ma présence : qu’on ne compte pas sur moi pour encaserner la jeunesse, position donc très libérale – notamment pour l’orientation, montrer le plus grand libéralisme – divergence avec Narbonne
pendant les années 1966 ou 1967, noter que le budget de l’Education nationale est devenu le plus important, dépassant celui de la Défense

événements de 1968
je les ai ressentis comme suit :
début par agitation universaite – ce n’est que vers le 10 Mai que l’agitation sociale proprement dite l’a supplantée – commencée en Mars-Avril, l’événement présageant toute la suite est le colloque d’Amiens – organisé par le recteur d’Amiens – propos incendiaires tenus – suivi d’agitation croissante

aurait-elle pu être évitée
que serait-il advenu si CohnBendit avait été expulsé, alors qu’il ne l’a été que tardivement
événements se sont polarisés sur les événements sociaux ; Alain Peyrefitte disparaît complètement à partir du 10 Mai

Raymond Crakovitch, historien

il ressort des livres d’Alain Peyrefitte (C’était de Gaulle) – partisans de Georges Pompidou, comme le ministre – favorables à orientation
or de Gaulle soutient ensuite Edgar Faure, qui est hostile à l’orientation
contradiction Georges Pompidou-Edgar Faure

Edouard Balladur

je ne crois pas, je suis certain que Georges Pompidou n’était pas favorable à la sélection – les réformes de l’Education nationale, il les a trouvées trop précipitées et pas assez réfléchies

Disco économiste étranger
gaulliste depuis 40 ans
pourquoi Mai 68 ? tous les indicateurs excellents
comment Georges Pompidou a-t-il réussi et conserver appareils productifs, après les accords de Grenelle, alors que les Etats-Unis prédisaient la faillite ?

Gilles Richard

c’est le propre des événements que de susciter des questions

Robert Poujade

Georges Pompidou était hostile à la sélection – j’étais rapporteur du budget de l’Education nationale en 1967 – dialogue avec le Premier ministre : vous avez parlé de l’orientation, cela vaut mieux


Amiral Chanine
au cabinet de Georges Pompidou

tout à fait par hasard que les blindés se trouvaient au Petit-Clamart – les blindés allaient en manœuvre à Mourmelon – grève de la SNCF, y sont allés par la route et pour revenir au quartier de Saint-Germain passent par Clamart – seuls ordres donnés par Georges Pompidou, les blindés de la réserve gouvernementale de Satory et faire venir au camp de Frileuse deux bataillons de parachutistes du sud-est

Edouard Balladur

les blindés de la gendarmerie


anonyme - au secrétariat général du Gouvernement

proximité avec le Premier ministre et son équipe
la modération du mouvement révolutionnaire de 68
l’émeute était à l’entrée de la rue de Varenne – il ne restait que deux jours de réserve de grenades
un des éléments libératoires décisifs de l’opinion : la libération des postes d’essence par Michel Jobert qui l’a fait décider au Premier ministre

question anonyme
la manière de travailler de Georges Pompidou avec les médias et l’ORTF

Edouard Balladur

ce n’était pas une époque de liberté de l’information publique
on a reproché à Georges Pompidou, président de la République, d’avoir dit que les journalistes doivent avoir conscience d’être la voix de la France – il y avait eu un incident diplomatique
tutelle très lâche
j’avais succédé à Michel Jobert au conseil d’administration de l’ORTF – réunion en Mai 68
que fallait-il dire ? le directeur des programmes absent depuis dix jours
comme on ne savait que dire : reprise du travail ? comprendre les pauvres qui … ? j’ai fini par avancer qu’il valait mieux ne rien dire puisqu’on ne savait que dire
le Premier ministre : « Il faut que les Français partent en vacances mais aussi qu’ils revoient Zitrone à la télévision »

une femme anonyme – Anne-Marie Dupuy ?

à propos de l’essence, réunion interministérielle entre le 24 et le 30 sur l’essence
certains pensaient faire réapprovisionner les pompes par l’armée
j’en ai parlé au directeur des carburants qui avait accompagné Georges Pompidou en Afghanistan ; réponse : si un seul dépôt autour de Paris prend feu – sur les sept – cela mettra Paris dans l’obscurité pendant une journée... Georges Pompidou s’est donc opposé à cette mesure

Frédric Tristal ?

Georges Pompidou a-t-il analysé ou réfléchi à chaud sur les conséquences financières de Mai 1968
le plan de stabilisation est dans la ligne de 1958 : les grands équilibres
le franc Pinayou le franc lourd est un des symboles de la Cinquième République : rupture et fragilisation

Edouard Balladur

le franc lourd a-t-il été fragilisé par accords de grenelle ou par les événements de Mai
l’automne de 1968 a vu le doute sur la stabilité politique de la France et quelques erreurs : l’impôt sur les successions, y ont ajouté – mais pas de crise monétaire en Juin-Juillet 1968
dévaluation minime en Août 1969 : 4 à 5% si j’ai bonne mémoire
cela à la suite de la grève la plus importante de l’histoire de France – et la presse commente : la plus importante en Europe au XXème
pas de mesures révolutionnaires pour en sortir à Grenelle

Jean-René Bernard
chargé des questions économiques et financières au cabinet de Georges Pompidou
et SGCI

après Mai 1968, les choses se sont très bien passées pendant quelques mois
libération totale des droits de douane intra-communautaires avec 18 mois d’avance sur le traité de Rome : le général de Gaulle l’avait promis
Tricot m’a demandé qui pourrait expliquer ce désarmement douanier au Général
le directeur général des douanes, non, c’est trop technique
je suis allé voir le Général vers le 15 Juin – vous allez me dire pourquoi il faut supprimer les droits de douane – cela donnerait une impression de sérénité, ai-je dit –
dévaluation de fait en Novembre 1968 refusée par le général de Gaulle – puis en Août 1969, très bien avalée par les marchés – petites maladresses techniques du ministère des Finances à l’automne de 1968 – petite inquiétude, peu de choses à côté de maintenant

les ministères n’existaient plus, mais grâce à Michel Jobert, nous avons pu compter sur un avion GLAM chaque jour pour Bruxelles, l’absence de la France aurait été remarquée.


*
* *




reprise à 14 heures 36 avec film d’archives INA

la voix profonde et cuivrée de Georges Pompidou, sa jeunesse et sa virilité : le prendre de face, les sourcils
Georges Pompidou à l’Assemblée – costume clair

délégation de pouvoir remis par le président de la République avant son départ
enfin, le général de Gaulle s’adressera au pays le 24 Mai

jusqu’à présent, il est absolument fidèle

la discipline a en grande partie disparu, la télévision et la radio ont mis les jeunes dès l’enfance, dans …
… pour beaucoup supprimé le sens de l’effort
… quelques principes fondamentaux ancrés en soi, ce sur quoi pendant des siècles
Dieu est mort pour beaucoup et l’Eglise elle-même s’interroge
… non pas tant la jeunesse paysanne et plus inquiète que d’autres
la jeunesse étudiante est désemparée, les meilleurs s’interrogent
d’autres qui ne sont pas les pires… détruire, quoi ? ce qu’ils ont sous la main d’abord l’université, mais la société, non pas la société capitaliste… que M. Juquin demande
mais la société tout court qui…
je ne vois de précédent dans notre histoire que le Xvème siècle
à ce stade ce n’est plus croyez-moi… c’est notre civilisation elle-même

François Mitterrand

Qu’avez-vous fait de l’Etat ? qui est responsable ? il parle en se frottant le menton
Il dit « monsieur le président de la République » … il semble bien qu’il ait été dit dit que : l’ordre doit être rétabli

Georges Pompidou

Ma volonté d’apaisement… avec l’accord du président de la République qui s’adressera à vous dans quelques jours, j’ai … libéré… annoncé… mes appels n’ont pas été entendus…
Des groupes d’enragés, nous vous en avons montré quelques-uns…
Les bases mêmes de notre société libre… le gouvernement doit défendre la République et il la défendra… je m’adresse à vous avec calme mais avec gravité… écoutez la voix de la raison, nous sommes prêts à entendre toutes vos revendications
Françaises et Français, il vous appartient par votre sang-froid, quelles que soient vos préférences… le gouvernement fera son devoir, il vous demande de l’aider

L’occupation de Billancourt – la voix off du commentateur, la même que 1936 ou 1946

Georges Pompidou au sortir de l’Elysée – goguenard selon le visage que retiendront décidement et pour toujours, les Français
Si je puis vous résumer la pensée du président de la République, c’est la réforme : oui ; la chienlit : non

de Gaulle 24 Mai 1968
la voix vieille – qui articule trop

conférence rue de Grenelle - première arrivée dans le film Jacques Chirac, secrétaire d’Etat à l’emploi
énumération des arrivants dont Benoît Frachon
les voix off toujours 36 et 45 – pleurage des bandes avec le temps ?

C’est le caractère extraordinairement sérieux
Ces concessions, elles portent… je ne fais qu’énumérer
Vous m’excuserez de lire, après quelques trente heures de discussion ininterrompues, j’ai besoin de rafraîchir ma mémoire
maîtrise de la posture, assise, il lit avec lunettes, maîtrise de la voix

de Gaulle le 30 Mai – la voix vieille

la manifestation, l’aspect et les accents d’une fête nationale =commentaire
on n’entend que les vive de Gaulle

C’est à dix heures … du nouveau gouvernement Georges Pompidou
énumération : Chalandon (qui avait donné son soutien à Pierre Mendès France), Dienesch toujours là
René Capitant modeste et voûté

Georges Pompidou – en campagne électorale : les législatives – discours télévisé : le buste
il y a des moments où l’on croit rêver
chasser le président de la République que vous avez élu et le gouvernement légal
J’ai entendu Monsieur Mitterrand… et Monsieur Mendès France qui, c’est dommage pour lui
… en suivant la campagne électorale, je ne les reconnais pas… des agneaux… entre Républicains… est-ce qu’on prendrait les Français pour des naïfs ?

commentaire = La campagne à l’image du Premier ministre, c’est l’ubiquité

la photo. couleur du passage de relais de Georges Pompidou à MCM
Un homme seul au banc du gouvernement, Maurice Couve de Murville - son cabinet doit être constitué à la fin de la semaine

Georges Pompidou – en campagne électorale : la présidentielle – discours télévisé : le buste
J’ai trouvé Paris hérissé de barricades… un complot politique qui s’ébauchait, l’un se prenait pour le président de la République et offrait déjà à l’autre, c’était déjà M. Mendès France
… sans nous jeter dans la guerre civile… il fallait remettre la France au travail… les longues nuits de Grenelle, vous vous en souvenez, donné satisfaction aux travailleurs
… faire comprendre à la nation ce qu’il se passait
…jusqu’au jour où le chef de l’Etat, par un discours historique, renversa la …
Je n’aurais pas le droit de me dérober… je suis donc candidat

14 heures 57

Edouard Balladur avec Marie-France Garaud
Le pdt – professeur de cinquième en 68, promeneur des Champs-Elysées



président de séance
Gilles le Béguec

professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris X Nanterre



L’affirmation d’un « destin national » ?


Bernard Lachaise
professeur d’histoire contemporaine à l’Université Bordeaux III


Les relations de Gaulle – Pompidou en Mai 1968

le principal de l’histoire du mouvement gaulliste, le sujet difficile par excellence : les relations de Gaulle – Georges Pompidou

« Je ne changerai pas le Premier ministre, dont la valeur, le courage… »
cela résume-t-il la relation ? alors que ce sont les seuls mots qu’ait dit le général de Gaulle sur cette relation

Maurice Schumann – entretien association Georges Pompidou
malentendu Rome et Genève faisant que de Gaulle et Georges Pompidou…

les mots varient selon les acteurs, tous ont les mêmes tonalités :
faille, fissure, lassitude, tension, blessures, frottements
Michel Jobert et Marie-France Garaud – rien n’est plus comme avant entre les deux hommes

pas un sujet neuf, brûlant presqu’autant quarante ans après, que dans l’immédiat
déchirure : ceux qui défendent et ceux qui accusent – durable, lourde de conséquence, dans l’histoire du gaullisme

Les historiens doivent trouver des sources nouvelles pour trouver la vérité
nouveautés –
il manque la vision du général de Gaulle telle qu’il ne l’a pas écrite, et telle qu’on pourra l’avoir peut-être aux archives nationales dans les archives de la présidence de la République 1958-1969 – plus les papiers Michel Jobert et les papiers Christian Fouchet

de Gaulle n’en aurait pas dit plus qu’il n’en a dit et écrit, ou fait sentir de son vivant
le fond est dans l’entretien du 7 Juin 1968 puis la conférence de presse du 9 Septembre 1968

Georges Pompidou et le général de Gaulle
l’un et l’autre informés de ce qu’il se passait en France
Bernard Tricot : « les intermittences de l’Etat »
les deux hommes moins informés pendant leur absence à l’étranger
étude des agendas – heure par heure et parfois la nuit
différence fondamentale
général de Gaulle isolé relativement et en vase clos
Georges Pompidou très informé
les dépêches AFP les atteignant ensemble
les entretiens directs
l’information de Georges Pompidou est plus précise et en prise
. réunion du 18 au 26 Mai, le matin pour le maintien de l’ordre des ministrres
. Georges Pompidou reçoit beaucoup y compris avec le cabinet de l’Elysée – Foccart venant régulièrement, Tricot au téléphone et venant parfois
. beaucoup moins gaullo-centriques, reçoit plus varié ; de Gaulle ne voit que des gaullistes et des gaullistes historiques – Georges Pompidou beaucoup moins les interlocuteurs traditionnels
de Gaulle les fidèles – les ministres Christian Fouchet et Alain Peyrefitte
Tricot : de Gaulle avec l’âge était de moins en moins enclin à voir du monde

à vérifier, ou cela tient-il à la manière de Bernard Tricot, très différente en cela de celle de Burin des Roziers

les tensions de Mai 68 sont à situer dans la longue durée – sans remonter aux vieilles époques
mémoires Importune vérité de Raymond Marcellin « et couronnant le tout, il y eut Mai 68 »
. divergences : quatre dont deux dans la durée, et deux dans la gestion de la crise de 68

1° la fermeté ou la temporisation
de Gaulle reproche à Georges Pompidou de temporiser – il l’a fait depuis de longues années, cf. Foccart
2° la participation – depuis 1967, pression de de Gaulle sur le Premier ministre ; regret qu’il n’aille pas loin
la clé de la réforme pour de Gaulle au-delà
papier dans les archives Georges Pompidou – 3 Juillet 1968 avant le conseil des ministres : êtes-vous prêt à faire la participation ? mon Général, je ne sais pas ce qu’est la participation
3° la question de la solution à la crise par le referendum – ou les élections

l’accent du midi pour de Gole – comme contre la gauche ceux qui prononcent Mit’ran

lettre de Jacques Chaban-Delmas au général de Gaulle : pas de referendum, pour la dissolution vous n’avez pas besoin de me consulter, je suis pour – si le referendum pouvait être envisagé la semaine dernière, c’est devenu un argument de choix pour l’opposition – les élections vous fourniraient un clavier plus solide pour former un nouveau gouvernement – vous auriez perdu l’initiative au moment où le pays attend de vous … en le surprenant et en le rassurant
4° disparition du général de Gaulle le 29 Mai – trouble et fait désarroi de Georges Pompidou

tensions perceptibles
écrits immédiats de 1968 – regards réciproques – fêlures et entre personnes
. chez le général de Gaulle : Georges Pompidou a tout laissé filer, excessive prudence, manque de fermeté : reproche adressé plus au gouvernement qu’au seul Premier ministre

trop appuyé sur les mémoires de Foccart – eux-mêmes très discutables en termes de fidélité et de littéralité du propos

. général de Gaulle : le reproche du 11 Mai – retour de Georges Pompidou d’Afghanistan : Georges Pompidou impose sa solution en mettant en jeu sa démission : « il ne m’a pas laissé le choix… crise de régime »
. Georges Pompidou a souhaité son départ … il aurait envisagé et souhaité le départ
du côté de Georges Pompidou – j’ai essayé de tenir compte des arguments des uns et des autres
. la dissimulation… le laisser seul face à une situation dextrêmement difficile
. le sentiment de ne voir pas suffisamment reconnue son action en Mai 1968 : à qui revient la victoire ?

c’est mon époque et ma naissance à la conscience politique

les témoignages oraux montrent que la dégradation entre les deux hommes : Michel Jobert, Bernard Tricot, étaient …
mais les blessures n’ont pas conduit à la rupture – de Gaulle garde Georges Pompidou, il le garde – comme en 1966 et en 1967

pour la rupture,
il a fallu l’interprétation des élections de 1968
il a fallu le départ forcé de Georges Pompidou de Matignon, puis les déclarations de Rome et de Genve, les reproches pour l’affaire Markovic
mais ce n’est pas la rupture complète, cf. les correspondances Georges Pompidou/général de Gaulle au moment de l’élection présidentielle

Le président appelle à témoignages et débats ultérieurs


Sabrina Tricaud

chargée de recherche à l’association Georges Pompidou
présentée comme la cheville ouvrière scientifique de l’association
thèse sur les candidatures féminines de 1946 à 1968

Georges Pompidou, chef de campagne :
les élections législatives de Juin 1968

archives Peter Lang – trois volumes

ce que dit Georges Pompidou à général de Gaulle avant le CM
1er Juin – réunion stratégie campagne
1967 – engagement du Premier ministre, s’impose comme chef de la majorité
définit stratégie, candidatures, investissement dans le débat

. dissolution arrachée
23 Mai en conseil des ministres, de Gaulle propose le referendum – tour de table exceptionnel : Alain Peyrefitte et Olivier Guichard réservés – Georges Pompidou aurait tenu le langage suivant : pas favorable à dissolution couplée – risque que le referendum soit positif mais pas le renouvellement de l’Assemblée nationale

donc, fidélité totale de Georges Pompidou le 23
cf. l’accent du midi pour de Gole – comme contre la gauche ceux qui prononcent Mit’ran

les mémoires de Jacques Chaban-Delmas : Georges Pompidou devait faire signer le décret de dissolution avant le départ pour Colombey le 29 Mai – renvoyer les électeurs et les députés en émiettant la crise dixit Michel Jobert

la référence au métier d’historien, le travers des universitaires en France : référence à leur état de vie ou à une méthodologie obligée

l’apport personnel de Georges Pompidou : la dissolution,
celui du général de Gaulle : le voyage à Baden

comité des investitures
Jacques Chaban-Delmas, Michel Debré, Henri Rey, Raymond Marcellin, Jacques Foccart
Formation beaucoup plus restreinte qu’en 1967 – pas de représentants de la majorité
préparation de la campagne recentrée sur le cabinet : Edouard Balladur et Pierre Juillet – Pierre Somveille devenant directeur du cabinet de Raymond Marcellin : il participe aux réunions

1er Juin
unité de candidature UDR
élargissement de la majorité aux Républicains Indépendants RI et aux Progrès-et-Démocratie moderne PDM – distinguer les « impeccables » (cf. manuscrit Edouard Balladur) des autres, suivant qu’ils n’ont pas voté la censure ou l’ont voté

déclaration Georges Pompidou 12 Juin 1968 :
UDR très ouverte et soutien à PDM et non RI ou non-inscrits Pierre de Montesquiou ou René Pleven – UDR a refusé à Valéry Giscard d’Estaing et Michel Ponatowski – présente ou soutient 482 sur 487 candidats
le Général participe – de Gaulle par Foccart : il émarge feuille par feuille les listes de candidats, et donne ses instructions
pas de points de désaccord entre le Général de Gaulle – sauf pour Jean Poudevigne – selon Foccart, trouver quelqu’un contre le député du Gard – le Premier ministre lui-même demande qu’il n’ait pas d’adversaires

24 Juin
Georges Pompidou déclare avoir passé la journée pour regarder résultats du 1er tour – les meilleures conditions du combat
le leader UJP, Robert Grossmann, doit se retirer face à Jacques Duhamel 2ème
Olivier Giscard d’Estaing et Michel Poniatowski
le Général parfois plus intransigeant que Georges Pompidou – pour les Républicains Indépendants

30 Juin – 47 à 49% - l ’UDR 270 élus + 22 apparentés
57 Républicains Indépendants + 4 apparentés
PDM 45
action personnelle de Georges Pompidou dans la campagne
Georges Pompidou dans les médias omniprésent - 5 déclarations, les 12, 18, 21, 25 et 28
de Gaulle le 28 avec Michel Droit et le 29 en direct
« le prestige du Général était atteint… les médias m’avaient mis en vedette » - Pompidou
le Progrès de Lyon – majorité large – concours au président de la République et au gouvernement
alternative entre totalitarisme et liberté
3 Juin Le Parisien – danger pour la République d’être renversée – savoir si l’on est pour l’entreprise totalitaire
René Galy-Dejean, son chargé en compagnie de Pierre Reynal, son suppléant
15-16 et 21-22 Juin Georges Pompidou dans sa circonscription : le bon sens pour sauver la République
« pour que je puise demain continuer à servir la République et l’Auvergne »

Georges Pompidou commente avec humilité : « l’étendue de notre victoire nous impose la discrétion »
Yvon Bourges : partout la victoire de Georges Pompidou
à la veille des élections, popularité au maximum
L’Express – pour la première fois, il abandonne la désinvolture du normalien

la journée de Georges Pompidou est le 30 Juin
Michel Jobert : contrefort du Général
les résultats préfigurent sa majorité présidentielle de 1969

. organisation de la campagne par le Premier ministre et ses collaborateurs

réplique

Robert Poujade

« joyeux bordel », l’expression n’est pas de moi mais de Georges Pompidou
son mot : « nous essayons d’écrire des choses clairement et après nous, certains cherchent à les raturer obscurément »


Mathias Bernard
professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Clermont Ferrand
présenté comme jeune professeur d’histoire contemporaine à Clermont-Ferrand,
beaucoup publié sur l’histoire des droites – très jeune doyen UFR

Le départ de Matignon

épisode du départ de Matignon

plusieurs manières d’interpréter
. interprértation du malentendu : rupture non souhaitée
. interprétation : les conséquences de Mai 1968, modifier le déséquilibre à la tête de l’Etat
. épisode parmi d’autres des relations souvent complexes entre président de la République et Premier ministre sous la Cinquième République

l’événement a beaucoup surpris l’opinion, y compris les cercles autour du pouvoir

j’ai enquêté là-dessus à fond… c’est même là le début de ma réflexion politique

Georges Pompidou a plusieurs fois manifesté à de Gaulle son intention d’abandonner ses fonctions, les 1er et 5 juillet notamment : pourquoi ?
. fatigue, lassitude : six années passées à Matignon, pression de Mai 1968 (le maintien de l’ordre, les critiques de la majorité)
. prise de distance à l’égard de l’Elysée : ingrat partage des rôles

Edouard Balladur que je vois pour la première fois de profil, il est assis, pas en représentation, attentif et congestionné, pas en forme et Marie-France Garaud, inchangée telle que je la voyais à Matignon en 1975

. la prise de conscience d’un destin national contrastant avec le relatif effacement du Général – possible succession : ne vaut-il pas mieux prendre du champ ?

aucun de ces facteurs n’emporte la décision :
Georges Pompidou revient sur sa décision, quoique trop tard

relativiser l’intention de Georges Pompidou de démissionner vraiment :
ne cherche-t-il pas être démenti ? ne sollicite-t-il pas une nouvelle et très nette investiture ?
la lettre des institutions : la confiance de l’Assemblée nationale ? la confiance du Président – aurait souhaité avoir un acte fort, confiance indiscutable

contradiction complète de ce raisonnement prêté à Georges Pompidou en 1968 avec son attitude vis-à-vis de Chaban-Delmas en 1972

influence de l’entourage, le pressant le 6 Juillet de rester – l’immédiat n’a pas été mis au courant des hésitations de Georges Pompidou – mais l’entourage familial, influence décisive

au total, une indécision
– aide-mémoire rédigé le 6 Juillet juste après sa démission « la mort dans l’âme… torturé… »

attitude du général de Gaulle – la décision première de Georges Pompidou convenait à Charles de Gaulle même si celui-ci est partagé – lui épargner des difficultéds – de Gaulle avait déjà envisagé de changer de Premier ministre dès 1967 : pas pour une question de personnes, mais selon sa conception des institutions – ne pas faire coincider la durée des mandats

risque de dyarchie – début 1967, il existe déjà – de Gaulle avait envisagé mais les successeurs potentiels ayant échoué, le remplacement a été différé
les événements de 1968 ont remis en cause les équilibres fragiles : Georges Pompidou plus présent, plus heureux, nouvelle génération de députés plus proche du Premier ministre que de de Gaulle – depuis les assises de Lille, Georges Pompidou a pris en mains les réseaux –
le général de Gaulle cherche à reprendre la main – le discours du 30 Mai consacre l’adoption de la solution Georges Pompidou
Charles de Gaulle accepte facilement la décision de Georges Pompidou

trois autres considérations
. la distance progressive entre les entourages des deux hommes : méfiance est apparue, et plus seulement distance – Tricot n’a rien dit sur le départ – BT a rapporté à Georges Pompidou des propos de Michel Jobert selon lequel, le 27 Mai, le général de Gaulle devrait partir
. le Pdt a pu juger le Premier ministre responsable de la crise de 1968 : ne l’a pa prévue et a rouvert la Sorbonne
à quoi bon cela ne servirait à rien, continuez à agir et rendez-moi compte à moi seulement RM 5 Juin
. marquer un changement de cap après Mai 1968 ; le simple retour à l’ordre ne sufit pas ; de Gaulle ne se veut pas conservcateur, il ne veut pas abandonner la posture du 24 Mai – condition posée à Georges Pompidou avant le CM du 30 Mai
le nouveau gouvernement ressemble au gouvernement précédent – la seule personne changée est le Premier ministre

de Gaulle sait depuis 1967 – cf. Philippe de Gaulle – que son Premier ministre est malade de quelque chose grave et peu connu : le sait-il par ce dernier ?
ce facteur est capital dans la décision des deux hommes : l’état de fatigue de Georges Pompidou, son redressement pendant l’été de 1968, mais « grossi » - le temps presse chacun, mais pour des raisons différentes

les conséquences à court terme sur cette démission
loin de consolider le président de la République, la démission de Georges Pompidou l’a affaibli
. la démission n’a pas été comprise par l’opinion – François Mauriac Bloc-notes 12 Juillet – publiée le 25 Juillet Le Figaro – incompréhension partagée part l’entourage du Premier ministre puis témoignage Pierre Messmer à l’association Georges Pompidou : la popularité énorme de Georges Pompidou dans la majorité parlementaire
. la démission n’a pas été mieux comprise par Georges Pompidou lui-même : ressentiment en privé puis publiquement contre le président de la République – lettre de Georges Pompidou à François Mauriac le 23 Juillet : désir du Général sans conteste de gouverner – au Général seul de signer les derniers actes de son pouvoir – Couve digne, etc.

la rupture aura plutôt lieu à l’automne
. sa démission a plutôt consolidé Georges Pompidou

l’image que j’ai de Georges Pompidou à l’époque n’est pas du tout celle d’un successeur avant peu, ni non plus d’un compétiteur – c’est un appui pour le gouvernement au Parlement et dans la majorité ; je me souviens même avoir pensé qu’il pourrait être chargé de la rue de Rivoli en remplacement d’Ortoli lors de la bourrasque de Novembre : Michel Debré avait bien accepté, avant lui, le poste
image et sympathie renforcées : victime d’une injustice, d’une ingratitude
c’est devenu un recours : l’homme d’Etat qui a montré ses qualités, il reste le chef de la majorité ; s’il n’est plus associé au pouvoir, il peut rassembler autour de lui – rassure, qui conserve une influence forte au sein du pouvoir (Chirac, Marcellin) – l’envisage publiquement en Janvier 1969

dès son départ de Matignon, il demande à son entourage de préparer Latour-Maubourg, il garde presque tout son cabinet

conclusion
comme tout acte manqué, ce qui est innentendable en Juillet 1968 (distension possible et concurrence entre les deux pôles de l’exécutif – ce qui aurait put être une crise de régime ou de l’exécutif – les deux hommes se sont séparés à temps)

importance non dite de la dépendance de Georges Pompidou vers le 27-28 Mai du PR ayant seule la signature de la dissolution – décisif pour l’immédiat
pour le long terme


Robert Poujade
membre du secrétariat national de l’UNR-UDT –
la direction collégiale de l’UD Vème . Juin 1967
secrétaire général de l’UDR de Juin 1968 à 1971
premier ministre de l’Environnement (gouvernements Chaban-Delmas & Messmer)


première fois qu’il s’exprime dans un colloque d’envergure nationale
les témoins sont souvent moins bons que les historiens – pondérer et comparer, susciter
Edouard Balladur a eu les deux qualités

au moment des événements, je suis un jeune homme, secrétaire général de l’UD Vème depuis trois mois et parlementaire depuis un an
le Général m’avait dit en propres termes qu’il dissoudrait l’Assemblée nationale à la première occasion
fragilité du régime que les événements aurait montrée

affaiblissement insidieux de l’image du Général dans l’opinion – et du syndicalisme
le Général ressentait le poids des années, hantise du « naufrage de la vieillesse »
mais beaucoup n’avaient pas encore l’intimité avec lui pour s’en apercevoir
j’ai essayé de croire à la vocation conjuguée de Pompidou et du Général
je n’avais pas pris la mesure de cette fêlure – le consensus de deux hommes que je croyais intimement liés
quelques paroles du Général jetées comme au poisson, il était expert dans l’art
comment vous dire ? ce qu’il me laissa entendre
Pompidou plus arrangeant
comparatif justifié quand on connaissait le Général
je ne m’inquiétais pas des mouvements d’humeur de Georges Pompidou quand je cherchais à lui faire dire ce qu’était, pour lui, la participaton
chaque fois que venait entre nous ce projet présenté non sans circonspection, il manifestait un scepticisme non déguisé : je vous souhaite bon courage, vous n’êtes pas au bout de vos peines

la fêlure était arrivée quand le changement ministériel a écarté Fouchet de l’Education nationale au profit d’Alain Peyrefitte ; convaincu selon Narbonne que la sélection a été le premier élément des événements de Mai
Georges Pompidou a –t-il vraiment obtenu du général de Gaulle la réouverture de la Sorbonne – entretin d’Alain Peyrefitte, le 2 Juin, avec de Gaulle – c’est le Général qui évoque deux fois dans cet entretien la crise de régime

tempéraments, distance prise par Georges Pompidou vis-à-vis du Général : il craint que le Général n’ait plus les réflexes pour faire face à une crise
le Général a changé – propos tenus par Louis Joxe rapportant à Eric Roussel, ceux de Georges Pompidou le 11 Mai : le Général n’existe plus

j’ai posé à Edouard Balladur la question : il est certain du contraire
Georges Pompidou a-t-il cherché à se substituer au khalife ?
mais qu’il ait envisagé la succession ? certainement, ni présomptuion, ni ambition
a-t-il joué un jeu trop personnel de la fermeté de loin et de la souplesse à son retour ? je n’en suis pas sûr
il justifiera sa décision – engagement trouvé à son retour qu’il fallait tenir
Christian Fouchet et Alain Peyrefitte disent que c’est aventuré
le Général aurait dit le 2 Juin : réouverture de la Sorbonne

il manque le témoignage de Premier ministre

le Général avait-il déjà des résolutions de changer Georges Pompidou ? je ne sais pas
que se serait-il passé si la Sorbonne n’avait pas été réouverte
Georges Pompidou – au plus tard le 29 Mai – n’a-t-il pas pensé prendre le relais, qu’il était de son devoir de le prendre ?
témoignage de Boissieu pour Foccart – le Général veut faire remettre au Premier ministre une lettre avant son départ pour Colombey – lettre que, sur les instances de Boissieu, le Général reprit dans sa poche

le départ n’est pas une libération, mais un sentiment de déréliction et d’angoisse

le 27 Mai, désaveu si les accords de Grenelle sont rejetés – cf. les Rouanet

il naît un pompidolisme distinct du gaullisme – je dis non : je restais naïvement persuadé que général de Gaulle et Georges Pompidou étaient intimement lié, par nécessité
répondre à François Mitterrand - ils m’auraient demandé de ne pas faire dans le dentelle
j’ai communiqué mon texte à Matignon : à un conseiller, Michel Jobert, Edouard Balladur ? la réponse de Georges Pompidou montrait une parfaite concordance entre l’Elysée et Matignon

la construction de l’image présidentielle de Georges Pompidou
. le discours du 14 Mai : à ce stade ce qui est en cause la civlisation – a redonné au débat sa dimension, recadrer la crise en contexte international, dans l’histoire, élévation intellectuelle du propos – point important dans l’esprit des députés
qu’a pensé le Général ? il était à Bucarest, mais en entendant le Premier ministre, l’on n’est pas loin des réflexions du Général sur la crise

l’accord de Grenelle est fait avec l’accord explicite du Général
dons de l’homme – il échoue certes – mais il fallait absolument le tenter, il était convaincu de pouvoir renouer les fils de la négociation

la marge de négociation de Georges Pompidou pour constituer le nouveau gouvernement
Capitant, Morandat, Dechartre ne sont pas ses choix – je l’ai dit à Edouard Balladur, j’ai participé à cette composition
le 31 Maio Georges Pompidou m’a demandé de passer à l’heure du repas à Matignon
service à rendre au pays et à moi – prendre l’Education nationale – Alain Peyrefitte n’a rien compris à ce qu’il se passe (il est de la même classe préparatoire à l’Ecole normale que moi) – je réponds que j’ai une image de parti, de combat, je jouerai à contre-emploi – pas du tout, les hommes de caractère savent imposer confiance – j’insiste : erreur de casting
je cherchais un échappatoire ; je voudrais demander l’avis de ma femme – qui a les mêmes doutes que moi - je me suis précipité chez Pierre Juillet puis chez Michel Jobert – le Premier ministre tient à cette idée – restez – je compris que cela pouvait servir ; téléphone – nous étions seuls : c’était Galley, vous l’avez trouvé … il a conclu : vous aurez ainsi participé à une constitution de gouvernement à laquelle vous n’aurez pas participé

j’ai été surpris du départ de Georges de Matignon – et assailli de récriminations de la part des cadres parlementaires d’autant que…
je continue de croire que l’attelage pouvait continuer de fonctionner

il me reçoit le 5 Juillet – version soft : reprendre du champ, souffler, heureux de siéger au Parlement – son conseil : ne pas entrer au gouvernement dans l’immédiat, ce que j’ai dit à Couve – je ne connais rien aux Finances, vous croyez que Pinay en avait des connaissances ? vous consulterez Esambert – il m’a demandé de prendre avec moi sa secrétaire Anne-Marie Dupuy, qui s’est montrée très loyale

les déclarations de Rome et de Genève – j’ai dû assumer rue de Lille – exégèses difficiles
incontournable
ma conviction personnelle, le Général le savait certainement – j’étais avec lui respectueusement libre, le jeune homme entrevu
Malraux reçu une semaine après moi par de Gaulle – le même propos : après moi, Poujade, la France continuera bien sûr, sinon je serais désespéré : Pompidou, probablement à condition qu’il fasse son destin

conclusion
Mai 68 est la preuve de la qualité des institutions ; en sort vainqueur un couple, un homme qui retrouve son verbe charismatique et un homme qui indiscutablement alors construit son destin

la tenative de Robert Poujade de démontrer – et le souhait des présents à ce colloque – qu’il n’y ait pas séparation entre de Gaulle et Georges Pompidou


Débat – 16 heures 30

Edouard Balladur

deux ou trois choses

. la participation, sujet de désaccord souvent évoqué
l’ordonnance sur la participation en 1967 que j’ai rédigée – navette difficile entre Matignon et l’Elysée – Georges Pompidou m’avait demandé de l’expliquer moi-même à l’Elysée – il y va finalement lui-même, le Général lui dit que cela va très bien
que faire de plus ? extension à davantage que les entreprise de plus de 250 salariés ?– je l’ai fait comme ministre Finances
sujet passé au plan politique pour le referendum de 1969

littéralement, ce n’est qu’une partie – presque accessoirement – de ce que de Gaulle veut mettre en œuvre, la participation politique par sa propre pratique référendaire et par l’élection au suffrage direct du président de la République est déjà acquise – le point central (et qui fait l’opposition de Georges Pompidou depuis 1966) c’est la condition du salariat dans la marche de l’entreprise : information, participation aux décisions, et intéressement à l’augmentation des valeurs d’actifs, amendement Vallon qui est absent de ce débat

je n’ai pas assisté à la conversation du 11 Mai où Georges Pompidou met en balance sa démission
il est arrivé à Matignon goguenard : je vais vous montrer comment vous y prendre – s’adresse aux ministres – le Général, j’en fais mon affaire – il est revenu très vite, apaisé et détendu
la thèse de la démission est tout à fait improbable

les entourages ? il faut que les hommes politiques ne se déchargent pas sur eux
je n’ai jamais entendu dire que l’entourage ait reproché à Tricot d’avoir caché la destination du général de Gaulle – il est venu à 14 heures à Matignon, décomposé, ne sachant rien
on a dit que Georges Pompidou était prêt à prendre le pouvoir, dans cette prévision : la camionnette de la télévision à Matignon
or, ce jour-là : manifestation communiste, troubles graves à redouter, électricité coupée, l’armée assurait à Thiais les sépultures – dans la majorité, des propos pas aimables pour d’autres ont été tenus… certains ont dit : et vous ? il n’a pas répondu – y compris, dispositions en cas d’absence ou d’empêchement : il n’a pas répondu – il était tout à fait normal qu’il ait prévu de pouvoir prendre la parole si nécessaire

le malentendu de son départ
ce que j’ai entendu – aussi Michel Jobert et Pierre Juillet
une vraie lassitude - et aussi peut-être le calcul de ce qui serait avantageux, mais il ne l’a pas dit – il s’est finalement résolu : pas le droit de se retirer
il a donc appelé Tricot le matin du 5 ou du 6 – qui lui a répondu : très bien, je vais en rendre compte au Général – qui le rappelle au bout d’un quart d’heure, une demi-heure : le Général a dit, comme c’est dommage, je viens de faire affaire avec Couve

Henri Domberg

le discours du 14 Mai a été prononcé vers 15 heures – précédé d’un déjeuner auquel j’assistais avec Michel Jobert – Georges Pompidou nous en a donné la substance – l’impression que nous avons eue que le discours était improvisé – n’avait pas consulté spécifiquement – nous a donné l’essentiel, pas les termes, mais la substance du discours

Marie-France Garaud

en ce qui concerne son dernier propos, c’est comme cela que cela s’est passé

après avoir dit – finalement (à Pierre Juillet), je vais aller dire au Général que je vais rester –Pierre Juillet lui a dit : ce n’est pas une bonne idée – depuis 1967 il savait que le Général voulait changer – ne sentant pas ce désir que le Général veuille qu’il continue

on attache trop de part aux sentiments, ce sont des hommes poliiques, qui ont des raisons politiques
les institutions n’étaient pas politiques
le Général n’intervenait pas pour le détail, jamais le Premier ministre au banc du gouvernement – je donne une ligne et vous vous occupez de tout
le Premier ministre est dans une position sacrificielle, dans une crise comme 68, la suite de la carrière n’a aucune importance, le Général souhaitait que la crise soit arrêtée plus vite – Georges Pompidou, plus arrangeant, voyait les choses d’une autre manière – et le Général ne l’a pas empêché d’agir à sa manière – cette journée du 29 vue par la petite novice que j’étais – cette manifestation on ne savait pas ce qu’elle avait devenir
le Général : un militaire et un stratège – il n’avait pas la main, il fallait la reprendre – un certain nombre de décisions
il fallait ne pas se faire prendre : l’imbécile, se faire prendre – ne pas être piégé à l’Elysée ni dans Paris, que les… – pas d’otage, pas de vulnérabilité – la famille à Colombey et voir si les armées tenaient
que le Général ait eu l’intention de ne pas revenir et que Massu l’ait fait changer d’avis : je ne le crois pas – il voulait reprendre la main
Pierre Juillet : son père avait été le directeur du cabinet de Tardieu, le Général en faisait une référence
si il l’avait dit à Georges Pompidou, Pompidou n’aurait pas été inquiet, la France n’aurait pas été inquiète – c’était un coup – j’habitais rue Margueritte, je montais souvent chez Baumel – manifestation ? une bonne idée, on lui fait donner 10.000 francs pour l’organiser
Quel est l’imbécile qui a organisé cette manifesation – il y aura 250 personnes, on sera ridicule – Jacques Chaban-Delmas était là, Georges on y va – Georges Pompidou n’en avait pas envie – Chaban y est allé avec Pierre Juillet – au Rond-Point Chaban sort de sa voiture : Chaban-Chaban-Chaban… il aimait cela

fracture ? hyatus politique ? le Premier ministre n’a pas cmpris qu’elle était la situation ? il ne l’a compris qu’étant président de la République, la situation était inverse

le président de la République tient le pouvoir du peuple et de lui seul, il fallait reconstituer la confiance et la décision du peuple

je regrette que Georges Pompidou ne soit pas resté à Matignon parce que le referendum intelligent dans sa conception et très riche, a été préparé de façon épouvantable – Georges Pompidou était le seul à pouvoir le faire réussir

quand il a été candidat contre Poher, il a failli être battu

l’affaire Markovitch,. je n’en parlerai pas – Georges Pompidou ne voulait pas qu’on en parle
mais je veux dire que Capitant a été d’une loyauté parfaite
Arpaillange m’a rappelé de la campagne et j’ai lu les compte-rendus
il n’aimait pas Georges Pompidou mais c’était un homme d’honneur, il a été parfait

je suis extrêmement impressionné – l’intervention la plus marquante – l’utile et la vraie

Gilles Le Béguec, président de séance

le 29, le PCF avait deux fers au feu

Alain Pompidou

je n’ai pas l’habitude de m’exprimer en public

je veux m’exprimer sur les propos de Mme Garaud et sur quelques présentatuons des historiens au sujet de mon père – tenus ce matin et cet apré-midis, propos
depuis quelques mois avant 1968, tout convergeait pour mettre Georges Pompidou en situation d’exercer les responsabilités qui allaient se présenter à lui

j’étais à Matignon dans les salons privés de Matignon, le jour où le Général est parti, j’étais dans les salons avec ma mère, les collaborateurs de mon père étaient avec mon père – très vite mon père est arrivé dans ces salons, nous n’étions que trois, j’avais 26 ans – j’ai vu mon père : blanc et décomposé – ma mère : que se passe-t-il ? – tu vas mal ? – non c’est grave – le Général a disparu

ces quelques mots ont fait que les relations entre le Général et Georges Pompidou : tout a basculé
avant ce basculement, à aucun moment, peut-être a-t-il vu des choses ? mais jamais il n’a calculé ni organisé sa carrière pour prendre… conscience des événements
cet événement du départ du Général, quelles qu‘en étaient les conséquences pour le pays et non pour mon père – les relations entre mon père et le général de Gaulle depuis 1945, j’ai tous les documents là-dessus – les stratégies et les institutions politiques sont vraies et exactes – mais là : une rupture

témoignage poignant et décisif – lui parler personnellement et en confiance

Jacques Larché

au secrétariat général du gouvernement sous de Gaulle – sénateur et conseiller général depuis – Haute-Marne

raisons pour lesquelles Maurice Couve de Murville n’a pas été appelé en 1967 ? parce que battu – mettre un étudiant sur les conditions de l’élection ou de la non-élection de Couve de Murville dans le VIIème arrondissement

Georges Pompidou : je ne suis pas sûr – Olivier Guichard à ses côtés – de la nécessité que le Général soit candidat en 1965, il a été peiné mais pas surpris des résultats du premier tour – le Général n’a jamais eu l’intention de partir après le premier tour – communiqué proposé : une coalition hétéroclite, etc… – le terme « empêché » a été remplacé par « différé » au téléphone avec le Général

la nomination de Couve de Murville

deux textes au moment du referendum – texte en 15 articles préparé par Olivier Guichard – un texte scientifique, complexe préparé par un autre – en une demi-heure au cours d’une séance au Conseil d’Etat – régionalisation des délais
on n’a pas mis au referendum le bon texte

démarches auprès de Georges Pompidou pour lui demander de dire qu’en aucun cas… si échec du referendum, il ne se présenterait pas à la présidence de la République


Jacques Corbon
se présentant comme jeune préfet du Cantal en 1968

sagesse et calme des Cantaliens
convocation le lundi de Pentecôte – par Galy-Dejean m’ayant succédé à Matignon pour le Cantal – le Premier ministre m’attendait le lendemain
le problème dxs suppléants – Sagette avait battu à la fin de la IVème République : un ancien ministre indépendant – celui avait été élu député en 1967 – personnalité un peu douteuse par certains – le Général recevait tous les nouveaux préfets – il me reçoit et me questionne sur le Cantal, et ce M. Sagette (who’s who ? 1973 Jean Sagette, agriculteur, fédération des chasseurs, né en 1907 à Cussac) que faut-il en penser ?
J’ai trouvé le Dr. retrouver le nom de ce suppléant Cest vous qui allez faire l’opération, me dit le Premier ministre, vous lui direz qu’il n’est pas du tout certain qu’il occupera le siège – ou bien il envisageait de ne pas être reconduit, ou bien m’avouait-il sa propre perplexité ?

Bernard Lachaise

les entourages – Elysée et Matignon – s’accusant mutuellement
responsabilité et rumeurs
imaptience du Premier ministre : affaire complexe – les entourages n’étaient pas seuls – le propos de Joxe, des ministres gaullistes prenant position critique à l’égard du général de Gaulle

le 30 Mai, contact entre Bernard Tricot et Georges Pompidou à Matignon – selon les mémoires de Bernard Tricot – rumeurs dont il informe Georges Pompidou (échange Michel Jobert et Georges Pompidou, repris par Charbonnel et d’autres) – Georges Pompidou lui dit n’être pas du tout dans ce cas de figure – rabroue Michel Jobert ou lui fait comprendre que pas opportun

Gilles Le Béguec, président de séance

étudier le rôle des entourages n’est pas enfourcher les fantasmes


Bernard Esambert
au cabinet du Premier ministre : Georges Pompidou puis Couve de Murville – 1967-1979
à l’Elysée, 1969-1974

je suis honoré putativement d’être l’inspirateur et le professeur de Robert Poujade

anecdotes et environnement – ambiance à Matignon

benjamin du cabinet, depuis quelques mois – j’obéissais, je travaillais et restais moi-même – j’allais la nuit à la Sorbonne mais avec la permission de Michel Jobert à condition de lui rendre compte – note d’ambiance supplémentaire – nous campions à Matignon, y dormions une nuit sur deux ou trois – tous les métiers, téléphone, garçon de course… – ruche mais silencieuse : on y passait plus qu’on n’y marchait – le travail continuait – on faisait des notes avec des réponse de sa part, encouragment à agir dans telle direction

le matin du 29 Mai, j’ai ainsi passé la communication à 07 heures 30 de Bernard Tricot à Georges Pompidou, pour la première fois je ne me suis pas trompé de manœuvre

pour les jeunes entrants, c’était passionnant – nous n’étions pas au courant – nous subodorions – déjeuner de départ : propos du type de ceux qu’avait tenu un général américain, je reviendrai – propos sous une autre forme
plusieurs des memebres de l’entourage étaient partis battre la campagne – j’avais été rattaché à Edouard Balladur : nous recevions toutes les corporations, demandant des avantages pour bien faire voter leurs mandats, j’étais le scribe, Edouard Balladur recevait fort courtoisement sans rien céder sur le fond

Simone Servais
de 1962 à 1970, auprès de Georges Pompidou,
Premier ministre puis président de la République

à propos du referendum, pendant la campagne, dans son bureau à Latour-Maubourg, Georges Pompidou : si j’étais encore Premier ministre, j’aurais essayé d’obtenir
. ne pas associer les deux problèmes
. ne pas laisser un délai aussi long entre le discours du général de Gaulle et le referendum-même, les adversaires n’auraient pas pu se rassembler
. la veille du jour du referendum, mettre franchement son départ en cause


donc était loyal, selon ses collaborateurs

Olivier Stirn
concours sous-préfet.directeur de cabinet – cabinet de Louis Jacquinot, Jean Charbonnel, Jacques 1964-1968 – député du Calvados en 1968

fin 1968, je suis au bureau politique de l’UDR – j’y dit : s’il fait au referendum, le Général va le perdre – compte-rendu sténo ? le Général me convoque – vous êtes député gaulliste et vous vous répandez … – je ne me répands pas, surtout à l’extérieur, mais je vois dans ma circonscription… – je vous pardonne, sachez que quand je fais un referendum, les Français se déterminent pour des raisons nationales – il me raccompagne : de toutes façons, javais besoin de ce referendum… pour la confiance des Français et si je pars, beau départ

Eric Roussel
historien – édite les papiers et mémoires de Jacques Benoist-Méchin
auteur d’un Georges Pompidou, en deux versions sucessives selon accès archives privées
auteur d’un de Gaulle et d’un Mendès France


la confidence de Louis Joxe : selon Georges Pompidou, à son retour d’Afghanistan, de Gaulle n’existe plus, est f…
j’avoue avoir été étonné, je n’ai donné son nom qu’après sa mort, mais le propos se trouve dans le livre de Jean Mauriac

lettre que le général de Gaulle … et dont a parlé Boissieu qui devait… – Boissieu dit que cela n’aurait pas de valeur constitutionnelle – le témoignage du général Lalande l’accompagnant à Baden, cf. archives Vincennes – en entrant dans le bureau de Massu : je vous donnerai une lettre pour M. Pompidou

on ne parle pas du Nœud gordien, leçons à tirer de Mai 68




Conclusion

Jean-François Sirinelli
directeur du comité d’histoire de Sciences-Po.
(homme de l’autre génération, personnage de comédie,
semi-crinière, semi-chauve, en veston de velours noir)


. pour nous autres historiens, le temps de l’histoire pour Mai 1968 est arrivé
dès 1971, Adrien Dansette – reste fiable sur bien des points
le temps de la discipline n’était pas arrivé
les sources et archives publiques n’étaient pas disponibles
le temps des témoins plutôt que des historiens = matériau
les grands témoins d’aujourd’hui : décantés et réfléchis

vous avez vu comment l’historien travaille – au sein de la corporation – dignité des témoins et vigilance méthodologique
mais l’histoire est difficile à faire : très proche, quarante ans – pour l’administration de la preuve – histoire encore vivante – enjeux de mémoire, mémoires opposées et personne n’est propriétaire de Mai 68 – les grands témoins se sont investis
problème. du témoignage, mais aussi du for intérieur
la place du sentiment ? dans les périodes de crise, mais les crises laissent des traces sur les sentiments

. rôle de l’historien pour placer l’homme en situation
Georges Pompidou est en situation – mais décor et contexte, surtout de Mai – dès le 30-31 Mai, tout est joué, la crise est revenue sur l’agora – la crise multiforme et insaisissable est revenue au peuple et au débat
ampleur de la crise – pas seulement franco-française (régime ? lourde, brutale par son surgissement) à dimensions internationales : les acteurs de la première décade du mois de Mai ne jouent pas sur la même partie du jeu que les acteurs politiques : choc de culture poilitique, de culture générationnelle – au-delà de 40 ou 50 ans
cette ampleur est le nœud de la criuse – comment la gérer en régime démocratique et en état de droit – à aucun moment, l’état de droit n’a été suspendu
première crise de l’ère médiatique – auparavant Paris et ondes de choc : de la Grande Peur de 1789 à tout le XIXème, première crise vêcue dans l’instantané, en direct, image et son – ensuite le gouvernement fera en sorte que les barricades n’écoûtent pas – le transistor à l’époque, aujourd’hui le téléphone portable – la rue Gay-Lussac est dans les salle-à-manger dans la nuit du 10 au 11 – rôle de la radio. le 30 Mai
le son, et surtout l’image : l’ORTF est en crise, mais les programmes n’ont jamais cessé, il y a la grève certes, le programme du soir est un film, mais précédé d’un journal télévisé, filtrée peut-être canalisée, mais elle est là – elle donne l’image des acteurs dont Georges Pompidou – il y a des gens qui réussisent ou ne réussissent pas : le 24 Mai de Gaulle : j’ai mis à côté de la plaque, et le 7 Juin, réussite mais le propos est le même

Georges Pompidou issu du monde de l’imprimé, promu de la méritocratie républicaine – les médias, la tribune de l’asseùblée, mais dans les salle-à-manger
le politique gagne sa dignité et sa noblesse, mais confronté à crise intense et multiforme, répercutée par l’iumage
sans coercition, comment gère-t-on une crise telle ?

une crise de cette survenue aussi brutale et d’une telle brutalité – la République n’en a jamais connues, des journées ? des semaines – pas de violence extrême – dérapages et bavures incontestables, mais au regard de semaines de trouble et de trois semaines d’un pays tétanisé : 57 heures d’affrontement policiers – Mai 68 est un événement-Janus
violence bridée – mais les hommes d’Etat savent que l’histoire est tragique – la violence qui compte, celle qui tue, la violence tragique n’a pas surgi

qui est responsable de cette gestion apaisée ? Georges Pompidou nourri d’humanisme républicain – l’apaisement est un mot fort, le contraire de la guerre civile, il ne rétracte pas l’événement, le tragique reste possible
gagner du temps, le principe de Georges Pompidou inspirant son action : préserver la paix civile, jouer sur le temps – facle de reconsttuier le temps sans Georges Pompidou – dans un premier temps, les événements lui donnent tort, la cise s’amplifie, le 27 Mai – son traitement par la télévision – pas de télévision à midi – le journal télévisé du soir : les témoignages du soir sont enregistrés le matin, vers sept heures, la cogestion Séguy-Pompidou enregistrée alors et passe vers vingt heures – la radio intervient pour dire le contraire – qu’est-ce qui vaut : l’accord ou est-ce ce que dit Séguy ? l’entend-on sifflé, être récusé ? les médias tranchent, on entend les siffflets – les médias ont décrété l’échec alors que les accords commencent d’être appliqués

Mai 68 à bien des égards est anti-communiste, pas anti-marxiste
groupsucules anti-communistes – l’histoire jusques-là a retenu une version selon laquelle le PCF est ou absent, ou décalé, ou ridicule – or, à l’époque il est la principale force politique de gauche, un Français sur quatre vote communiste – un des acteurs principaux de Mai 68 disparaît de l’histoire – or, le 28, à l’Intercontinental, conférence de François Mitterrand, c’est important, mais le plus important est l’annonce que le PC soutient la manifestation CGT du lendemain – d’une part la dyarchie de la Cinquième et d’autre part le PC seul, sont face à face – auparavant, il n’était que dans les manifestations unitaires
la divergence des entourages respectifs a porté sur la menace réelle ou supposée du PC – dans l’entourage du général de Gaulle on est un peu inquiet, on s’interroge – l’entourage de Georges Pompidou est convaincu du légalisme du PC – force a été de constater qu’il a été légalisé par les événements

Mai 68 – dans notre vie politique française, moment de vérité pour nos personnages politiques
Georges Pompidou : septennat interrompu – pas de septennat de Georges Pompidou à Matignon
importance pour la suite de la carrière de Georges Pompidou
double moment de vérité pour la Cinquième République : régime tout jeune, dix ou six ans seulement – onction de 1965 : 85% de participants – il manque le test d’effort, la première crise de l’organisme : ce test est Mai 68 = réussite pour les institutions

mais crise au sein d’une société riche, portée par croissance conquérante, quasi-plein emploi
pas une révolution d’enfants gâtés, mais pays nanti

nous, historiens, nous établissons notre récit en donnant une rationnalité aux événements, tandis que les hommes d’Etat ont le nez dans le guidon – Foucault est professeur invité à Tunis, il écrit à un correspondant : pour moi, c’est un grand mystère
la journaliste Michèle Cotta – ses carnets récents : lundi 3 juin, Fabrice à Waterloo, je n’ai rien compris à ce qu’il s’est passé

nous ne sommes là ni pour tresser des lauriers, ni pour constituer un tribunal du peuple
force est de constater que Georges Pompidou a fait preuve d’un réel talent : oratoire, intuition des hésitations des autres et de l’événement – pur produit d’une forme d’humanisme républicain, id° Grimaud (anciens khagneux ?) hommes de dialogue et de culture = privilège de temps de paix ? non, ils peuvent contribuer à résoudre des problèmes de crise aigüe

17 heures 47

clôture – remerciements aux scientifiques – secrétaire général Alain Briottay - Denise Esnous secrétaire générale adjointe de l’Association – grands témoins, participants, intervenants ./.

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