dimanche 11 mai 2008

Inquiétude & Certitudes - vendredi 9 mai 2008

Vendredi 9 Mai 2008

Férier l'anniversaire de la proposition Robert Schuman

Liban

Birmanie

Un système qui a fait fiasco



Prier… avant d’aller à la messe. Le crachin s’est installé, il fait gris et surtout silencieux. Fête de l’Europe, l’anniversaire de la proposition SCHUMAN, qui en parlera et qui y pensera aujourd’hui ? Pont mais pas férié… fête de l’imagination constructive et de la paix. Racine chrétienne s’il en est : réarmement moral, personnalités catholiques ferventes de GASPERI, SCHUMAN donc, et ADENAUER qui en réalité avait exposé la chose dans Le Monde un mois avant notre ministre des Affaires étrangères, mais de l’Allemagne la chose pouvait paraître suspecte ou dangereuse. Le détail de l’histoire n’est pas toujours écrit, mais se reconstitue. Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. L’affectivité dans l’évangile ? alors que Jésus conseille aux femmes de Jérusalem de ne pleurer que sur elles-mêmes et pas sur lui ? qu’il dissuade Marie-Madeleine de l’étreindre, ce dont il ne l’avait pas empêché chez le Pharisien ? qu’il manque gravement à ses parents en restant au temple, alors qu’il n’est qu’enfant ? L’affectivité, pour Jésus, est bien plus totalisante que nos jeux de sentiments, pulsions et attachement. Elle est l’expression d’une consécration. Et ces consécrations ne sont pas discrètes, elles répondent à un envoi impératif en mission, en bouleversement du monde, avec à la clé un sacrifice certain de nous-mêmes, de notre vouloir, de nos délibérations pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. Mais ce serait s’arrêter à la seule humanité de notre destin limité. Puis, il lui dit encore : ‘Suis-moi’. C’est ce que vit Paul, par son appel à César, puisqu’il.est citoyen romain de naissance. Les vrais chefs sont emmenés. VALERY dit, un chef c’est celui qui a besoin des autres. Jésus eut besoin de Pierre, celui-ci lui manqua mais fut pardonné : indispensable ? aimé ! Jésus ayant aimé les siens, les aima jusqu’au bout… [1]

Proposition de Jean-Claude Juncker, relayée, chez nous par Michel Rocard – autant Pierre Mauroy a une autorité morale, discrète mais certaine dans le socialisme français et dans el socialisme international qu’il a présidé, autant Michel Rocard et Lionel Jospin qui ont chacun, ce qui n’est pas une coincidence, un mauvais rapport avec François Mitterrand, tentent, trop ouvertement, de reprendre un rôle pour leur fin de vie… –proposition donc de rendre férié dans toute l’Union européenne l’anniversaire de la proposition Schuman. En France, cela pourrait revenir, mais pas obligatoirement, à désacraliser le 8 Mai 1945. Pas nouveau, Valéry Giscard d’Estaing s’y essaya et recula.

Pas d’actualité « intérieure » qui puisse tenir devant deux drames. Pourtant attendus et logiques.

Le vide du pouvoir – pas de président de la République depuis six mois – et l’illégitimité des deux camps l’un vis-à-vis de l’autre au Liban : les pro-Syriens, et les pro-Occidentaux pour ne pas s’avouer les seuls indépendantistes, provoquent des heurts tels depuis deux jours qu’on semble revenir trente ans en arrière, donc aux débuts de la guerre civile. Beyrouth coupée en deux, l’aéroport fermé parce que bloqué ? ou parce qu’inutilisable ? je ne sais pas les origines du Hezbollah, ni si son obédience censément iranienne (logistique et financement ? ou bien communauté politique et spirituelle chiite ?) recouvre-t-elle la sympathie syrienne ? Questions que je ne connais pas, mais y a-t-il vraiment un Liban ou la « grande Syrie » a-t-elle plus de fondement dans l’histoire et dans les esprits ? L’ancrage identitaire aurait supposé deux éléments qui ont fait défaut : la tolérance entre communautés assortie de l’enracinement dans le sol national des chrétiens (ce qui n’a pas été, émigration des francophones et des chrétiens défaisant la semi-parité au pays – sort analogue au Canada et en Belgique et en Suisse, les francophones toujours minoritaires et s’augmentant moins que leurs compétiteurs), et d’autre part une implication forte de la France (ce qui n’a pas été, là comme en Belgique, comme au Canada), forte et respectueuse, ce que nous ne savons pas faire ni être, dès que nous nous croyons en « position » de force, cf. l’Afrique que nous allons complètement « perdre » à force de croire la connaître : notre connaissance ne tenait qu’à une confiance spontanée qui nous fut longtemps accordée, du fait de la qualité de nos soldats et de nos administrateurs coloniaux, tous de vocation et souvent d’amour du pays. Je ne vois pas d’issue, et les choses sont plus personnalisées que jamais : la famille Hariri, à la fortune ne faisant pas bonne cause.
Notre réponse : Bernard Kouchner à France-Infos. qui s’était illustré la veille en méconnaissant les rapports pertinents sur les droits de l’homme et la liberté d’expression en Tunisie. Gestion de la crise libanaise en Juillet1958 par de Gaulle à peine revenu au pouvoir. Couve de Murville, très familier de ces questions, par son ambassade au Caire, encore fraîche dans son esprit (1950-1954).

La Birmanie. Plusieurs interrogations.
Si ce régime tient depuis cinquante ans ou presque (Ne Win, si j’ai bonne mémoire), c’est qu’il a été bien toléré, de nous, des Américains surtout, et des autres, sans doute à cause de la guerre du Vietnam ? La ThaÏlande sera un maillon faible, elle frise la dictature militaire depuis quelque temps avec l’habituel scenario (pakistanais) de l’accusation de corruption des civils. Comment avancer ou faire carrière dans un régime militaire ? sinon de devenir militaire soi-même et de corrompre les militaires des hautes sphères. Un peu le système du Parti communiste en Union soviétique, une caste dirigeante qu’elle soit déguisée en uniforme ou qu’elle porte le chapeau. Qu’avons-nous fait sérieusement cet automne ? les Birmans nous ont eus, ont eu « l’opinion internationale » à l’usure, va-et-vient d’un émissaire africain, a priori habile et ferme, mandaté par le secrétaire général des Nations Unies (qui ne s’est pas déplacé.

Le système ou plutôt l’idéologie dogmatiquement mondialement régnant, mais que l’Europe et sans doute la France sont seules à appliquer les prédications à la lettre comme tout néophyte copiant ce qu’il ne sait pas – la Russie et la Chine doivent toutes leurs forces économiques actuelles au tri sélectif qu’elles font de ce système et de cette idéologie importées, schizophrénie féconde dont le communisme leur a donné le bon usage – ce système et cette idéologie font évidemment fiasco, le redoublement de notre révérence, c’est-à-dire la dérégulation, la mondialisation nous enfoncent dans la crise mondiale et nationale, et nous persvérons. Tout le discours gouvernemental – quel gouvernement a autant parlé depuis des décennies, les discours complets de Nicolas Sarkozy en un an seulement, feraient le volume des œuvres choisies de ses deux prédécesseurs immédiats pour l’ensemble de leur règne respectif – tout le discours public consiste à assurer que l’on comble les Français en appliquant ce qu’ils ont élu le 6 Mai. Or, manifestement, ils ne connaissaient pas l’homme qui s’est révélé – parce qu’il est sur le pavois, au pouvoir, en vue – et du programme ils n’ont vu que l’énergie mais pas la lettre. Il ne leur reste aujourd’hui que du dogme et l’infatigabilité de leur président. Le dogme consiste à démanteler tout ce qui avait – depuis les débuts de la révolution industrielle et donc sociale – été d’expérience française, d’ajustements nationaux, par bribes, par conciliations et conflits finalement éludés ou résolus. Aujourd’hui, la plume règne, pour raturer tous les textes antérieurs, cela ne crée pas un emploi, cela n’invente rien de la posture à tenir solidairement entre Européens pour que changent les donnes et relations et paramètres du monde international actuel.

[1] - Actes XXV 13 à 21 ; psaume CIII ; évangile selon saint Jean XXI 15 à 19

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