Mercredi 7 Mai 2008
La parole publique
Les conditions socialistes à la révision constitutionnelle
Medvedev et Poutine dans l'avenir, la question de Russie
Prier dans la surcharge, dans les appréhensions, dans l’espérance et dans la fatigue. Parmi la foule de ceux qui marchent ou qui souffrent et attendent, dans la solitude où me poussent, nous poussent ceux dont je voudrais la considération ou la simple présence, la réponse. J’ai veillé sur eux et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Ecriture soit accomplie. Le jansénisme a dû se fonder sur ce genre de texte, une prédestination effroyable. Jésus ne s’y attarde pas, ne nous y attarde pas : qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils soient comblés. Les fausses joies, illusions, façon de parler, mais les vraies erreurs, les addictions à quoi que ce soit ou à qui que ce soit, l’envoûtement par autrui. Ce qui caractérise l’attraction et la plén,itude divines, c’est qu’elles n’emprisonnent pas, on est toujours libre de s’éloigner de Dieu, de douter de Lui et les occasions ne manquent pas dans une vie, en ce sens notre faiblesse est facteur de liberté. Tandis que l’addiction, la culture du mal, l’effondrement intime de l’incrédulité, quand celle-ci n’est pas active recherche malgré l’obscurité où l’on se trouve par aventure ou de naissance (par imprudence aussi), de cela on peuit, je crois, ne jamais sortir. Alors, on est enfermé. La représentation de l’homme, tombé et désespéré, au plafond de la Sixtine, recroquevillé, la main au visage, le regard inverti, pathétiquement aveuglé. Consacre-les par la vérité… pour eux, je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité. Le soin, aussi pathétique que le désespoir du damné, que prend Jésus, que manifeste Jésus pour ses disciples, pour nous, alors qu’il va lui-même à la mort. Ton Dieu l’a commandé : ‘Sois fort !’, montre ta force, Dieu, quand tu agis pour nous ! Les adieux du Christ, les adieux de Paul. Veillez sur vous-mêmes… soyez vigilants… et maintenant je vous confie à Dieu et à son message de grâce. Le déchirement des départs, des séparations, la mort de ceux qui nous ont « élevés » à tous les sens du terme, et plus triste, voire terrible, ceux qui n’ont pas cette séparation parce qu’ils n’ont jamais ressenti, vêcu dans leur vie la portance et la sollicitude d’affections et de dévouements par le sang ou par l’adoption. Ou la consécration (l’état parental, certaines vocations à soutenir autrui, tel médecin dans ma vie, tel religieux, parfois telle femme, j’en sais une, totalement désintéressée et aimante, ou tel homme… l’état conjugal bien sûr aussi et souvent plus proche de l’idéal que les rancis et les pauvres d’affectivité l’imaginent et le daubent). Pour eux, je me consacre moi-même. [1] Prier à pleurer, prier à sourire, prière à respirer, prier pour vivre et en devenir contagieux.
La parole publique peut porter. Ségolène Royal analyse hier soir la troisième hausse depuis janvier du prix du gaz comme un soutien aux projets de fusion qui feront grossir Mestrallet et accessoirement Suez. Jean-Louis Borloo, qui proposa publiquement son concours à Lionel Jospin à la fin de la campagne du premier tour de 2002, tant il se disait éloigné de Jacques Chirac, a senti la maladresse de cette énième augmentation, d’autant qu’elle ne serait ressentie que par les ménages mais pas par l’entreprise, vue sa modiccité. Il décide en milieu de journée de ne pas suivre la recommandation du comité ad hoc : c’est politique et c’est habile. Mais cela n’a pas été concerté, Christine Lagarde annonce sa réserve ce soir, dans l’organigramme, c’est elle qui doit l’emporter. Donc, Nicolas Sarkozy doit arbitrer. Ou François Fillon.
François Hollande énumère les conditions auxquelles son parti joindra ses voix à la majorité parlementaire lors du congrès de révision de la Constitution. Pas d’extension des pouvoirs présidentiels (je suppose et espère qu’il analyse la volonté de Nicolas Sarkozy d’haranguer les parlementaires en personne depuis la tribune, pour ce qu’elle est : une augmentation de pouvoir), renforcement encore plus substantiel du Parlement et abolition du 49-3 (ce qui n’est conséquent qu’en cas de maintien du mode de scrutin actuel pour élire les députés), changement précisément du mode de scrutin (si la représentation est proportionnelle, la majorité parlementaire sera plus douteuse et le 49-3 retrouve alors sa justification) : les parenthèses sont de moi. Tel que, c’est bien et suffisant pour tout faire capoter. La question est que les socialistes doivent être modestes de manière à ne pas refaire, contre eux, l’union de la majorité parlementaire, pour le moment très montée contre le président régnant.
Président régnant qui imprudemment se découvre. Déjeuner des députés UMP à l’Elysée pour le premier anniversaire du mandat, une centaine des invités s’est dérobée, un des présents cafarde à la presse : Nicolas Sarkozy aurait critiqué Jacques Chirac dans sa manière de gouverner. Ce n’est pas nouveau, c’est en toute lettre dans Témoignage (comme dans le livre parallèle de François Fillon) mais es fonction, c’est nouveau et grave. Jamais, un président n’avait critiqué nommément son prédécesseur immédiat, même si les bords politiques étaient opposés. Culot ou inconscience ? surtout à deux mois de la réunion du congrès du Parlement.
Une Anne de Tinguy (sans doute : du Pouët, comme le parlementaire de la Quatrième, Lionel) est priée par France-Infos d’opiner sur l’avènement de Dimitri Medvedev et la relation à venir entre le nouveau président russe et son Premier ministre, pour le moment, obligé : Vladimir Poutine. Elocution douteuse pour une enseignante aux Langues-O. et à Sciences-Po., propos flou : elle ne comprend pas la Russie, même si elle enseigne la langue et l’histoire ou la civilisation, elle ne l’aime pas. Fonder la popularité de Poutine sur la hausse du niveau de vie par rapport à l’époque Eltsine voire Gorbatchev, est un contre-sens. Poutine est populaire parce qu’il correspond à l’image du pouvoir que se font les Russes depuis des siècles, et parce qu’il a largement enrayé le déclin international de Moscou. Le système a toujours fonctionné d’une manière autre que celle des organigrammes. Staline n’était que secrétaire général du Parti, sans aucune prérogative gouvernementale. Poutine a les services spéciaux et l’armée… et l’argent. Point décisif, il comprend parfaitement le rival-partenaire « occidental » : il aurait pu se maintenir, plébiscité par ses compatriotes, en révisant la Constitution pour se présenter une nouvelle fois, il a choisi le respect de la lettre de celle-ci. Manifestation d’intelligence et de force, le prochain mandat sera à nouveau le sien, s’il y avait la moindre difficulté avec Medvedev.
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