Samedi 31 Mai 2008
Bernard Kouchner en Irak - un ministre différent même si ce n'est pas mon modèle
une politique extérieure cohérente - même si elle me déplaît en la forme et en son fond
une révision constitutionnelle qui n'a plus de père ni de fil conducteur que d'être une révision
conséquence de l'échec : le Parlement réexiste
conséquence du succès : à défaut de contrôle populaire, le contrôle parlementaire
Prier…[1] textes archi-connus, l’itinéraire de la Vierge, aussitôt en mouvement dès l’Annonciation, elle part vérifier ? ou elle part par affection pour sa cousine. L’important qu’elle part rapidement. Une jeune fille indépendante et autonome. Elle n’a pas parlé à Joseph, elle s’éloigne, refuge chez Elisabeth – ce serait dans nos mœurs de maintenant – le plus plausible et la bonne solution pour aviser : enceinte inopinément.Le texte ne dit pas non plus que Marie constate, au départ de l’ange, qu’elle est enceinte. Le diagnostic de grossesse est posé par celle que Marie visite et salue, et celui qu’elle porte en elle est idenifié et proclamé. Les deux femmes chantent un tiers, ne se concentrent pas sur leur gestation et leur propre attente, ni même sur la joie de se revoir l’une l’autre, elles chantent Dieu, le Seigneur, le créateur de tout, de leur enfant respectif et de l’histoire universelle. Comme pour les marxistes, l’histoire est forcément salvatrice. Mais au lieu de mettre les hommes à la remorque plus ou moins contrainte et instrumentée d’une dialectique éprouvée, l’histoire, selon les Ecritures, provient de noss origines et d’une initiative qui nous dépasse tout en nous laissant libres de consentir et d’agir. Voici le Dieu qui me sauve ; j’ai confiance, je n’ai plus de crainte. Ma force et mon chant, c’est le Seigneur : il est pour moi le salut. Notre attitude ne peut être que d’accompagnement de l’ouvrage divin : aux jours d’espérance, soyez dans la joie ; aux jours d’épreuve, tenez bon : priez avec persévérance. Quel que soit le paysage intérieur : la prière, la confiance.
Bernard Kouchner, pour la seconde fois en Irak. Prétexte, l’inauguration du nouveau consulat de France en Kurdistan irakien. Je dois reconnaître deux choses. D’une part, l’actuel ministre des Affaires étrangères, passant pour l’une des cautions de gauche du président de la République, alors qu’il n’a jamais été élu socialiste ni membre des instances dirigeantes rue de Solférino, donne à notre diplomatie un genre très inhabituel. Le ministre est peu à son bureau, beaucoup sur les points chauds. Il est certainement, depuis des années, celui qui passe dans les médias grand public le mieux et de façon œcuménique. Du fonctionnement du Quai d’Orsay et de nos ambassades, je ne sais que peu, et cela m’est particulier. En tout cas, l’homme sert bien Nicolas Sarkozy. Dans le même temps, les actes et déclarations de celui-ci ont la continuité et la cohérence qui font défaut en politique intérieure. Je suis en désaccord profond, fondamental avec ces actes et déclarations : le cavalier-seul, le court-circuit des gestations européennes, le rapprochement avec les Etats-Unis précisément sur ces « théâtres »-tests que sont l’Irak et l’Afghanistan. Et cette chaîne d’actes ne correspond à aucune perspective. Puisqu’en fait, le rapprochement franco-américain, à notre initiative, aura pour conséquence que la France ne se donne plus de perspectives en propre et adhère pour l’essentiel aux projections américaines, si incertaines soient-elles, quel que soit l’hôte de la Maison-Blanche. C’est une politique extérieure, quoiqu’elle me déplaise pour des raisons de fond et des raisons de forme. Les Républiques précédentes en ont eu la pratique, souvent honteuse. Celle de Nicolas Sarkozy est fière et se dit sur le ton du bon sens. Paradoxe, une politique solitaire ne fait pas notre indépendance, et le contre-pied de ce qui paraissait flou au candidat de l’U.M.P. dans la diplomatie de Jacques Chirac ne fait pas la clarté.
Mardi prochain, à l’Assemblée nationale, le vote en première lecture de l’ensemble de la révision constitutionnelle va présager les positions finales selon que des voix feront défection à l’U.M.P. et que le Parti socialiste acceptera globalement le texte ou non. En tout cas, ce texte n’est ni les discours d’Epinal, ni les rédactions du comité Balladur, ni même celui qu’a déposé François Fillon. Si la révision est manquée, les pouvoirs publics constitutionnels seront – par le fait-même – rééquilibrés. Le Parlement, par son refus, aura retrouvé un poids vis-à-vis de l’Elysée qu’aucune des retouches à la rédaction de Michel Debré ne lui aurait apporté.
Si tout ou partie du texte est finalement ratifié, faut-il persister dans un rappel à l’esprit originel de la Cinquième République, désormais complètement perdu de vue et n’ayant plus autant de bases dans la nouvelle rédaction ? esprit originel et logique du texte autant que du legs de la pratique du général de Gaulle que rappelait excellement Nicolas Dupont-Aignan, hier, à Parlons net sur France-Infos. Pas de pouvoir présidentiel sans sanction populaire de la responsabilité encourue. Je réfléchis que l’essentiel va devenir autre : s’il n’y a plus de contrôle populaire, sollicité spontanément comme moyen ultime de mobilisation des Français pour les grandes causes et sur les sujets difficiles, il faut un contrôle parlementaire. Donc, une séparation des pouvoirs exécutif et législatif, un Parlement que le président ne pourra maîtriser que par un parti à sa dévotion mais par aucun autre moyen, ni la dissolution ni les votes bloqués. Donc, un régime présidentiel forçant le président à négocier, avec ou sans truchement d’un Premier ministre. On en est proche et ce n’est pas très ragoûtant et cela ne donne pas lieu à de bonnes lois et à une sage révision constitutionnelle. Jamais sous la Cinquième République, un gouvernement n’a été aussi minoritaire à l’Assemblée nationale – dans les esprits, sinon déjà lors des scrutins.
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