Mardi 20 Mai 2008
à l'Assemblée nationale, OGM et Grenelle de l'environnement
un choix clair pour les socialistes
Tarek Aziz et la démocratie américaine d'exportation : état de droit
addiction à l'écran
Très bien dormi, m’éveillant, je vois la tête, le visage de ma chère femme, toujours endormie, tournés vers moi de confiance. Mon rêve dont j’ai perdu la consistance était au contraire une sensation de solitude sans compagne, et à mon éveil, la voici, elle. Dieu en soit béni. [1] Frères, d’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? Vous êtes pleins de convoituses et vous n’obtenez rien, alors vous tuez. Le plus pastoral et concret des apôtres entreprend une thérapie de groupe : Dieu veille jalousement sur l’Esprit qu’il a fait habiter en nous. Abaissez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera. Le contre-exemple est donné par les disciples en route avec le divin Maître – l’enseigneur : traduit souvent Chouraqui – ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. Jésus les reprend par l’affirmation du service, qu’Il poussera à toute conséquence et par ce que nous appellerions aujourd’hui un « geste fort » (le lavement des pieds) et aussi par l’exemple de l’enfant. Non pas « retomber en enfance », mais accueillir l’enfant. Permanence de cette leçon quand on a reçu la responsabilité d’en avoir, au moins un. Une… nous la jugeons sur son attitude relativement au cadre que nous lui donnons (ou infligeons), mais que voit-elle de nous ? comment se sent-elle accueillie ? Je n’en sais rien, nous ne le devinons que par la relation qu’elle nous donne d’avoir avec elle – déjà inexpugnable quoique si vulnérable. L’enfant – quelconque – que « prend » Jésus, – lui – est totalement disponible, il se laisse enlever et placer au milieu de ce cercle d’adultes La scène se passant « dans la maison », il doit être familier de Pierre et de sa belle-mère, un neveu du chef des apôtres ? Jésus doit le connaître bien : l’enfant est – ici – son complice, il l’embrassa et leur dit. Le psalmiste nous donne, en sus, l’attitude mentale qu’avait l’enfant : décharge ton fardeau sur le Seigneur, il prendra soin de toi. Mais ce matin, j’ai hâte d’avoir un abri, contre ce grand vent de tempête : hier, ce qui se faisait entrevoir a fui, m’a fui. C’est un tout autre commencement qui vient, peut-être.
Les projecteurs sont dans l’Assemblée Nationale. Avec cynisme, tandis que la majorité parlementaire rameutée vote en seconde lecture l’autorisation des cultures transgéniques, le président de la République est dans le Loiret « sur le thème de la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement ». Dès ce soir, devrait être abordée la révision constitutionnelle, en avance de huit jours. La propagande gouvernementale en fait un sujet délicat mais secondaire, elle expose que l’essentiel en est le renforcement du Parlement, accessoirement le président aura accès à la tribune mais aura le nombre de ses mandats limités. Le tout venant ne peut donc que se demander pourquoi ne pas acquiescer, l’ensemble des Français – peu citoyen – est d’ailleurs soucieux seulement de résultats, peu importent les moyens, et encore moins la démocratie ou le contrôle. Les socialistes jouent le referendum sur les O.G.M. où ils ne sont pas en situation de l’imposer alors qu’ils l’étaient sur l’Europe, et qu’ils le seraient sur la Constitution, mais on peut prévoir – en politique-fiction – que le referendum aurait été négatif sur le traité de Lisbonne mais qu’il serait positif sur les institutions. Je suis étonné que Nicolas Sarkozy ne joue pas cela, et pour qu’il ne le joue pas – alors que cela le renforcerait, ce dont il a besoin – c’est bien qu’il y répugne… Sur la Constitution, le Parti socialiste fait le chantage au changement de scrutin, ce qui est une fidélité au programme commun de gouvernement de 1972 et qui, aujourd’hui, me paraît pleinement justifié, c’est le chemin de la démocratie et d’une vie parlementaire où le gouvernement aurait à convaincre et où se justifierait alors le 49-3. La matière est législative : à vérifier, si c’est une loi organique, donc une majorité qualifiée à réunir, ou une procédure ordinaire. La Quatrième République, et d’initiative « gaulliste », a enregistré beaucoup de propositions tendant à rendre le referendum sur le sujet obligatoire.
Les propositions socialistes n’étant pas acceptées, la gauche aura-t-elle le courage de clairement – et sans exposé des motifs, sinon que de représenter les Français en grande partie – voter contre la révision dans son ensemble, de donner donc un coup d’arrêt au système présidentiel du caprice et de ramener le pouvoir actuel à une réelle considération du Parlement et de l’opposition. Le cynisme du pouvoir consiste à écrire des concessions qui ne sont pas faites en pratique depuis un an alors que les occasions ont été multiples d’appliquer avant la lettre les « améliorations » proposées, qui ne le sont que pour faire passer des dispositions de lourdes conséquences. Je crains beaucoup d’embrouilles et le vote – à la sauvette et dans la pénombre – de la disposition à laquelle tient tant, pour se pavaner, l’actuel président : venir en personne physique haranguer les parlementaires dans leurs enceintes constitutionnelles.
Sadam Hussein, condamné par un tribunal organisé par les Américains, présidé par un Kurde et jugeant rétroactivement selon un droit de circonstance édicté par un occupant agresseur (alors que probablement il eût suffi de lui appliquer le droit qu’il avait lui-même fait écrire. Et exécuté par l’occupant. Tarek Aziz, probablement à subir le même sort, alors qu’on lui doit certainement l’économie statisique de beaucoup de vies humaines. Son procès sans que ses avocats aient le visa d’entrée en Irak. Un Etat sur-puissant et prétendant n’avoir agi – notamment pour attaquer l’Irak – qu’en vertu de sa propre vertu et de ses propres valeurs, devrait, pour le moins, ne pas autant ressembler en les tuant à ceux qu’il tue.
Débat autour de l’expérience – tentée à Strasbourg – d’une décade sans écran pour les enfants d’une école. La psychologue de France-Infos. Claude Almos insiste sur le fait que l’enfant ne voit pas la même chose et ne comprend pas la même chose que l’adulte. Elle conseille la participation des parents et que ceux-ci par une proximité physique marquée rendent à l’enfant son corps quand il est ainsi requis, pris-absorbé-fasciné par ce qu’il voit-entend. Notre fille parle d’écouter un film sur son lecteur de DVD, elle y passe plusieurs heures par jour, la série des Dora et Diego est thématique avec constance : l’écologie, le commerce compasionnel des animaux et leur réunion en famille, elle est hygiénique puisque des gestes, des levers sont suggérés au petit spectateur. Quant aux Barbapapa, c’est aussi mon livre de chevet. Nous n’ « avons » pas la télévision, elle supposerait une antenne satellitaire, nous sommes donc indépendants, je manque des documentaires, ma femme rapporte des DVDs, de la médiathèque. Dans les années 1970, je regardais chaque soir la télévision mais en fond, lisant et annotant, ou rédigeant : des livres et mes articles de polémique et réflexion politiques. – Addiction à l’écritoire ? physiquement, c’est vrai, mais j’ai commencé de dactylographier à seize ans, et d’écrire un journal – d’abord très irrégulièrement et à la plume – au même âge. Addiction ? de Gaulle, chaque soir, aux nouvelles de vingt heures. A regarder, pas le héros obligé. Je rêve parfois de cesser d’(écrire, complètement, et de partager mon temps entre la lecture et une contemplation passive et heureuse de la nature – nous vivons à la campagne avec en fond de prés le mouvement de la marée animant un ria, l’océan à eux kilomètres à vol d’oiseau, précisément beaucoup d’oiseaux, les petits chanteurs, les grands migrateurs, les multiples pêcheurs – et une contemplation active, non moins heureuse, de ma femme et de notre fille, vivant, se construisant, me parlant, à vie. A mes côtés... et moi à tenter de veiller, de structurer. L’inconscient collectif politique des Français, bien saisi par la conclusion de l’essai posthume de Georges Pompidou [2]: saint Louis sous son chêne, le justicier efficace, ce qui a fondé l’Etat sans le nom, le bien commun mais sans que le collectif blesse les personnes.
Evoquer cela n’est pas rappeler le passé, mais se donner les éléments de raisonner ce que nous vivons aujourd’hui.
[1] - lettre de saint Jacques IV 1 à 10 ; psaume LV ; évangile selon saint Marc IX 30 à 37
[2] - Georges Pompidou, Le nœud gordien (Plon . Mai 1974 . 205 pages) acheté le vendredi 14 juin 1974, lendemain de sa parution, et lu d’un trait. Du même, l’autre livre, à propos du Général, donnant la compréhension mutuelle entre les deux hommes, est encore plus nécessaire : Pour rétablir une vérité (Flammarion . Juin 1982 . 296 pages) dans Paris, fut affichér pour sa promotion une image noir-et-blanc : l’homme du 18-juin cherchant le bras d’un civil détonnant, mais manifestement aimé, le Premier ministre au profil perdu si reconnaissable
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