jeudi 22 mai 2008

Inquiétude & Certitudes - lundi 19 mai 2008

Lundi 19 Mai 2008

Le début des échanges d'amendements et compromis pour la révision constitutionnelle

Les 35 heures, jusqu'au-boutistes contre prévoyants



Prier…
[1] ne fais pas attendre le regard le regard d’un indigent, ne fais pas souffrir un affamé, n’exaspère pas un homme qui est dans la misère, n’ajoute pas au trouble d’un cœur irrité, ne fais pas attendre ton aumône à qui en a besoin, ne repousse pas celui qui supplie dans la détresse, ne détourne pas du miséreux ton regard. Une délicatesse sans pareil, comme si l’expression du cœur humain était désormais du passé. J’avais été frappé d’un mot de Blum rapporté par Fabre-Luce (ce dernier ne passant pas pour un tendre et caractérisant le président du Conseil du Front populaire ainsi : « Blum saisissait aux nerfs ») : le lait de la tendresse humaine. Qui l’a aujourd’hui ? même en famille. Devant les critiques et les avertissements concernant notre fille si vive et donc difficile à «tenir», je m’en tiens à ce que je crois essentiel, sa joie et son goût de vivre, sa curiosité sans cesse en éveil, sa capacité à regarder, contempler, mémoriser, s’émerveiller, mais surtout son affectivité, ses rebonds et sursauts d’amour, exprimés, chaleureux, confiants, tendres, oui… J’ai choisi entre les deux messes du jour, celle de saint Yves, breton du XIIème siècle, prêtre certes mais en fait avocat d’une acuité exceptionnelle. Le sage de l’Ancien Testament, homme logique et d’époque dialectique, raisonne ensuite : ne donne pas à un homme l’occasion de te maudire, car s’il te maudit dans l’amertume de son âme, celui qui l’a créé entendra sa prière. Clé des relations internationales, presqu’entièrement faites de ressentiments exprimés ou tus entre peuple, des relations sociales quand un pays tourne mal comme le nôtre, le traitement des problèmes affligeant ceux qui sont déjà en peine et empêchant de traiter ce qui les soulagerait réellement. Etre à côté de ce qui est demandé est encore pire que de directement et sciemment nuire. Clé des relations entre personnes même entre parents et enfants, entre époux. Nos manques, bien plus que des gestes. Manques d’amour plus graves et corrosifs que gestes de haine ou coups. Vendez ce que vous avez et donnez-le en aumône. Faites-vous une bourse qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne ronge pas. Mon expérience des déménageurs et garde-meubles prédateurs, en trente ans de nomadisme et des mites inexpugnables revenues avec moi d’Asie centrale. C’est le concret de l‘amour qui nous amène au réel de la relation à Dieu et à tous. Le surnaturel se fait au naturel, Il ne craint pas l’annonce d’un malheur ; le coeur ferme il s’appuie sur le Seigneur, à pleines mains, il donne au pauvre. La Bible entière, pour le « social », pour la « charité », ne donne pas de leçons ni d’analyses collectives, elle nous place en tête-à-tête et en situation d’urgence, urgence de ce qui est demandé, urgence de donner.

Un amendement au projet gouvernemental de révision constitutionnelle : inscrire dans notre loi fondamentale l’engagement de l’équilibre budgétaire et prévoir des lois de programmation annuelle. L’idée n’est pas nouvelle. Mais elle coincide avec la « menace » de nouvelles mises en garde de la Commission européenne sur nos déficits publics, ce qui la f… mal quand on prétend à l’occasion d’une présidence semestrielle de l’Union donner des leçons à l’univers et à nos partenaires, et tout imaginer de l’avenir en X discours fondateurs. Michel Sapin, dont j’aime la clarté et la sobriété dans sa critique de politique économique du gouvernement – ce fut le ministre de l’Economie et des Finances de Pierre Bérégovoy et « sa » ville (Argenton-sur-Creuse), comme sa maison en bord de rivière, respirent quand j’y suis allé un calme, un équilibre certains. Sa diction le confirme – distingue le texte, pas inintéressant, du contexte. Faire avaler la réforme constitutionnelle et donner à croire aux Français, sinon aux examinateurs que nos finances publiques ont cessé de se dégrader. Toute la semaine dernière pour indiquer que la « croissance » en 2007 avait été finalement plus « forte » que prévu : 2,1% et Christine Lagarde calculant même mieux que l’INSEE : 2,2%, et déjà au premier trimestre de cette année : 0,7%. L’essentiel de l’amendement est sa date de prise d’effet : 2010 pour les lois de programmation pluri-annuelles et 2012 pour l’équilibre budgétaire. Lionel Jospin avait, pendant son quinquennat, tout reporté à horizon 2002-2004.

Patrick Devedjian, censément à la tête de l’U.M.P., réclame, au nom de ses « troupes », le démantèlement complet des 35 heures et réclame la libre négociation de la durée du travail à l’intérieur de chaque entreprise. Libellé intéressant : il n’y aurait plus de durée légale du travail, on reviendrait à la situation à laquelle commença de tenter de remédier… la Monarchie de Juillet. L’ambiance est déjà au chantage dans bien des entreprises. Medias plus informés ou changement de fond ? la compétition individuelle à laquelle poussent toutes les « D.R.H. » et consentent les jeunes diplômés, annéantit la militance syndicale et la solidarité, chacun est seul – soi-disant pour « gagner plus », en fait pour être désarmé au moment du licenciement. Deux exemples ces semaines-ci : cette entreprise achetant la renonciation, à terme débattu, au droit de grève, cette autre (à Amiens où tout achève, pas seulement les urnes, de faire disparaître Gilles de Robien, l’Hervé Morin de l’époque Chirac) qui délocalise parce que le comité d’entreprise a refusé des diminutions de salaires et des augmentations de la durée du travail hebdomadaire. J’étudie le projet de loi sur la modernisation du marché du travail. Et celui sur la modernisation de l’économie. La modernisation est le nerf de tout exposé des motifs cette année. Formules de liaison : le moment est venu… il est temps de…

Patrick Devedjian vite désavoué par Xavier Bertrand, les 35 heures restent la référence, mais on aménage, et la loi ayant disposé en deux versions successives selon la taille des entreprises, s’y prête. Xavier Bertrand pelote-t-il les Français ou le président de la République, qui – notoirement – est fatigué du « patron » de l’U.M.P. Précisément, le ministre a parlé en co-adjuteur avec droit de succession à la tête du parti.


[1] - Siracide IV 1 à 10 ; psaume CXII ; évangile selon saint Luc XII 32 à 34

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