Lundi 3 Novembre 2014
La bourrasque devient quotidienne à la même
heure, la pluie fait hésiter, la nuit, l’amour presque toujours se fait ets e
défait par le détail. Avant-hier, le poisson rouge : Tropique, rapatrié de
Strasbourg, nous divise, transfert en douce pour surprendre mes aimées, mais
hier, toilette de l’aquarium et une demi-heure de travail ensemble. – L’unisson
des générations : Marlène Jobert, ex-sylphide, partenaire de Lino Ventura
et de Charles Bronson et tant d’autres, aux heures de grande écoute hier soir
pour présenter les baisers du soleil :
écrit de mémoire pour ses filles, ignorant tout de l’actrice puis de la
conteuse de l’enfance, il n’y a plus ni grâce, ni taches de rousseur, ni
silhouette, tout est lourdeur, les yeux sont dissymétriques, l’enchantement
fut-il jamais ? mais il y a la voix et une certaine naïveté, bien plus
qu’un résidu de fraicheur… [1]Pierre
Daix n’est plus, les nouvelles littéraires.
La gauche avait de l’esprit et de la
plume quand il y avait le parti communiste. La tension des années 1960 autant
parce qu’il y avait de Gaulle, les tensions européennes, les porteurs de
pancarte outre-mer et de valises en traversée de Paris, que parce que les hebdomadaires n’avaient qu’une fonction : notre
vie collective animée, forte, fondée, discuteuse, critique, puissante..
La tempête tombe, prier pour que la grâce surmonte tout. Que l’Avent
soit attente. Attends le Seigneur, Israël,
maintenant et à jamais. Et qui
sommes-nous ? quelle est cette grâce qui nous fait dialoguer avec
Dieu ? Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard
ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me
dépassent. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est
en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère. C’est l’humilité, simple conscience acceptée
de ce que nous sommes, qui nous rend attentifs, réceptifs et donc en chemin. Ayez
assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de
vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres, recommandation d’expérience de Paul… si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on est
en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la pitié… et conseil pratique du Christ : tu
seras heureux parce qu’ils n’ont rien à te rendre. Bonheur de Dieu dans sa Création, puisque nous n’avons rien à Lui
rendre, qu’à offrir son Fils tel que Celui-ci se livra à nous dans son
Incarnation. Dieu sans vis-à-vis que l’homme, des pauvres, des estropiés,
des boîteux, des aveugles. – Le vent a
repris, la végétation, nos arbrisseaux murmurant, un oiseau passant, la
respiration de tout se retient. Jésus, une énième fois, chez un chef des
pharisiens pour y prendre son repas. Paradoxe
constant, puisque ce sont eux qu’Il charge le plus. Ces pharisiens :
nous ! moi ! Tant à faire et à être pour correspondre à ce que Dieu
attend de nous, de moi afin que les uns les autres… afin que les autres…
Hier
Submergé. Ce que je vis, ce dont je suis
gros, ce que j’échange, recevant et tentant de répondre et d’accompagner. Ce
que ce soir diffuse la télévision. La géopolitique de l’Afrique de l’Ouest. Au
cœur de tout, ou simple passant dans la vie, la « fête » de mémoire
aujourd’hui, les textes de l’Eglise, aussi forts (un texte de funérailles, un
dialogue avec les parents demandant le baptême de leur enfant) que ces poèmes
tibétains et de l’Egypte pharaonique, forts littérairement mais étant bien
autres que cette apparence, cette vêture. – Talentueuse, énergique, si jeune et
décidée, s’expliquant bien et dont les deux premiers romans dont je suis imbibé
ces jours-ci me passionnent autant pour ce qu’ils présagent d’un œuvre que pour
ce qu’ils disent d’une personnalité, interrogations dormant en moi en véritable
roman d’un récit qu’on donne en outil de rencontre. Mais, à quelques minutes de
mes précédentes émotions et pensées, le voici lui, dont se détache notre chien
que nous lui avions confié ainsi qu’à sa femme et à leurs filles, courant vers
moi… Ravagé de visage, victime torturée de maldonnes médicales faute
d’appareillages correctement posés et dosés devant par moment morphinomane pour
implorer quand il se dégage la présence de corps, de désir d’une épouse qui –
il me l’apprend – se dérobe depuis vingt-deux ans. L’amour et le martyre ont
ceci de commun que c’est la durée qui les fait. – Notre fille tandis que nous
nous absorbons dans Le dernier métro
monte me prier de redescendre dans sa chambre. Conversation autant que prière
du soir, mais elle dessine et danse d’une main si grâcieuse et tellement
évocatrice l’allée vers l’escalier intérieur, chacune des marches descendues
puis les pas dans le couloir jusqu’à sa chambre que je suis ému de tant d’art,
même si ce n’était notre fille, ma fille. Ce matin, il allait me falloir aller
seul à la messe. La fatigue des mille kilomètres. Je dis à mes aimées mon
regret, puis suis à partir, et la voici, légère, elfe. Du curé de Megève,
attachant et ingénieux en homélies, elle avait il y a près de trois ans
discerné le proche avenir : il fait
trop son intelligent et ce matin, de
notre recteur, pieux et saint en célébrant s’il en est, elle dit, au moment de
l’élévation : il a l’air lassé.
Ce qui m’a permis de lui murmurer : tu sais, célébrer la messe tous les
jours de toute une vie, cela demande la foi. J’aurais dû ajouter : cela
suppose surtout d’en recevoir beaucoup. – Le silence de la nuit est maintenant.
Réplique de Bourvil à la question du bonheur : si je n’étais pas
heureux, je serai vraiment exigeant, et
parmi plusieurs, cette notation d’Alexandra N. : respirer me donnait
droit d’espérer (page 40 de son
manuscrit), ou bien : le bonheur est à portée de main pour ceux qui
savent attendre (p. 58), pouvoir ne
serait-ce que me projeter dans le futur
(p. 59). Qu’elle ne sache pas qui sont Romain Gary ou Emile Ajar ou quel
éditeur est Bernard de Fallois ? n’importe pas vraiment pas. Elle m’apprend
que j’en sais encore moins jusqu’à elle je confondais Nefertiti et Nefertari. –
Les cauchemars éveillés : je calme celui de notre fille, le corps mort de
son grand-père, le visage et le sourire de celui-ci submergeront et animeront
tout d’ici peu tandis que le mari de l’autre soir de celle qui fut
l’adolescente sous les saules, aux rives de ces étangs franciliens, niant toute
existence autre que la sienne : çà ne m’intéresse pas, continue de me
glacer. Comme la descente d’avion de notre président, arrivé en Alberta :
ne pas apprendre à descendre la coupée d’un avion si nativement on ne l’a
jamais su ! Laurent Delahousse, émule masculin de Claire Chazal, le
« normalise » dans son mauvais goût vestimentare, lui aussi la
chemise blanche et le costume noir pour le JT… Marguerite si sensible aux
lunettes et au maintien, à tout d’Eva Joly, m’apprend que Ségolène Royal,
imitant sciemment son ex. se teint maintenant les cheveux en noir : notre
fille le déplore, elle a su à mesure mes votes. Les deux chemins de
l’éternité : les vertus dites théologales, l’enfance d’un enfant quand
d’heure en heure depuis bientôt dix ans… Les rencontres qui tournent court,
ainsi deux ans de correspondance internet presque quotidienne rendue possible
par le pacte implicite de ne jamais se rencontrer autrement… ou la main que je
laissais par le griffon de mon adresse courriel et qui n’est pas saisie… ou
celle d’il y cinquante ans moins un an qui me dépêche son fils mais ne veut pas
correspondre… ou … ou … l’humanité qui partout tâtonne, les guerres et haines
sont nos apparences. Il y a tant de compréhensions, de pardons possibles :
ce soir, prier en en nous endormant. – On ne trompe ni Dieu ni son enfant ni
qui l’on aime. Ceux/celle qui ne vivent pas leur capacité de fraternité, quel
air respirent-ils, quelle eau les désaltèrera ? Et notre pays qui lache la
rampe parce que les causes et drames n’ont plus la vérité d’une guerre
d’Algérie avec ses chantres : Beauvoir, de Gaulle, Sartre. Il n’y a que
les morts par violence, Rémi Fraisse. Les politiques français ne savent pas que
même un pays émasculé peut faire naître des Ian Palach. Prier pour ceux qui
meurent ainsi, l’anonyme de Ouagadougou ce matin. Et ce soignant français au
front d’Ebola en Sierra Leone.
Pompeusement,
le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, tire la leçon des
événements de la semaine, le barrage de Sievens. Dix ans de procédures, des
instances en Conseil d’Etat, mais pas de débat démocratique. Des élus locaux
parlent de referendum local. A la fois, le pouvoir se délite, recule
constamment et c’est Ségolène Royal qui en fait le plus dans un domaine où
existe et va persister le seul parti qui en France a des convictions arrêtées et
compréhensibles pour tous, que l’on soit favorable ou non : l’écologie, à
partir de quoi la consultation, le débat, les procédures sont exigibles. Elle
reçoit les élus locaux et les « décideurs » demain. Il est d’ailleurs
oublié que c’étaient des décisions du département du Tarn ou de celui de
Haute-Garonne, et non de l’Etat. La rue ? pas clair, hier, des
manifestations dans plusieurs villes et même au Champ de Mars, « dans le
calme », mais où ? dans Paris, 75 interpellations.
Scenario
de 1968-1969 à de Gaulle et au referendum près… à la victoire électorale aussi…
Un successeur potentiel, une durée d’exercice du pouvoir jugée excessive :
au bout de trente mois… seulement. Et la rue... Hollande est considéré par 97% des Français
comme ayant échoué pour le chômage et 70% selon une autre commande font
davantage confiance à Valls pour des orientations économiques générales, qu’à
lui. Quelle cécité, puisque Valls a fait siennes les médications de Hollande :
compression des dépenses publiques autant que cela puisse apparaître, pas le
moindre début de réflexion sur l’absence de résultats. Le seul changement, c’est
le parler provoquant. Quant à l’excessive communication, c’est le genre de « l’exécutif »,
on ne dit plus « le pouvoir » ni « le gouvernement ».
début
d’après-midi
Burkina-Fasso.
Le lieutebnant-(colonel (nom que je ne mémorise pas encore) s’impose donc, le
calme est revenu, on ne précsie pas si c’est seulement par intimidation…
L’homme était inconnu il y a trois-quatre jours, carrière entière dans le
bataillon présidentiel, 46 ans, mais une formation étonnante : de
l’état-major en Chine, de la formation à Halifax au Canada et à Tempé aux
Etats-Unis, des études de gestion ! à Lyon, une participation aux missions
des Nations Unies en République du Congo. Donc, certainement quelqu’un qui a
intéressé beaucoup de monde, il est peut-être inconnu du public et des médias –
auxquelles il refuse de se livrer jusqu’à présent – mais certainement pas des
« services ». Il va donc être coriace, et pour que l’on soit plus
perplexe, il semble entouré presqu’exclusivement des gens de Compaore. – Si je
compare avec ma chère Mauritanie, son dictateur n’avait fait que l’Irak pour
avoir le moule de ce qui est le BASEP dont il est le commandant direct depuis
1987, sauf trois ans à un médiocre rang à Meknès, son second moment hors du
pays.
Les
prix littéraires. Emmanuel Carrère favori de tout et meilleures ventes depuis
avant l’été, a été « exclu » de la course à quelque prix que ce soit,
il les aurait remporté tous. Ce que j’ai –vaguement – retenu de son livre c’est
un thème phrasant autour des religions, sinon du seul christianisme. Le Goncourt vend en général 400.000 exemplaires, Marguerite Duras avec l’amant
avait vendu 700.000 exemplaires. Gallimard avec 34 prix Goncourt a
gagné plus que tous les autres réunis, Grasset vient ensuite, moins de la
moitié. Un Kamel Daoud, algérien, aurait donné une suite à l’étranger de Camus. Le Charlotte
que je veux acheter (un écrivain vit un amour posthume avec une jeune peintre,
tôt décédée et dont il découvre qu’elle a aussi écrit…).
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