mardi 4 novembre 2014

courriel à l'Elysée - maintenant un axe




-------- Message original --------
Sujet:
maintenant un axe
Date :
Tue, 04 Nov 2014 07:49:22 +0100
De :
Bertrand Fessard de Foucault
Pour :
"Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée"



Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

1° les drones sur nos centrales nucléaires. Il y a donc des drones à volonté et bon marché, alors que l'industrie européenne semble ne pas en exister encore, qu'il nous faut en louer ou en acheter très cher aux Etats-Unis et en tout petit nombre ... Ou bien EDF et le gouvernnement savent à qui sont ces drones et ce qu'est leur mission, et il faut que les Français le sachent aussi, ou bien c'est le baron Bic au-dessus de Paris il y a quelques décennies et la plaisanterie est douteuse ou bien c'est la démonstration que l'ennemi potentiel - il y a en a toujours pour une collectivité, un pays, une nation - a porte ouverte et ciel possible chez nous. L'ensemble est ridicule et dangereux. Crédibilité et esprit public. Avec en plus ce sujet biaisé du nucléaire dans notre opinion, l'agencement des partis à ce propos et notre parc énergétique pour l'avenir

2° le barrage de Sivens. Réactions si tardives des pouvoirs publics. Administrations fautives, gouvernement en improvisation - comme sur l'écotaxe, réagissant sur pression avec le bâclage d'une réunion aujourd'hui chez Ségolène Royal mais une annonce hier de la décision déjà prise. Celle-ci manifeste espoir de 2006 au printemps dernier, s'est gâchée dans cette participation et cette pratique au gouvernement actuel : très dommage.

3° les manifestations de ces jours-ci, mort de Rémi Fraisse. L'expression du Président si tardive. Faute que les partis politiques aient du contenu mental, de la structure à offrir pour une militance autre que de placer des candidats, il y a la place pour la conviction, et face aux erreurs et aux blocages des pouvoirs publics en fonctionnement et en décision, il y a le plus vaste espace virtuel et physique pour la mobilisation. Il y a donc eu
la manif. pour tous, mais qui a fait fiasco malgré la présence à tant de reprises de millions de personnes "dans la rue", fiasco puisque le dessein d'exister en mouvement politique pour les municipales n'a pu se réaliser. Il y a les écologistes, les "verts" et ces sensibilités parfaitement mises au jour et exprimées par René Dumont dès 1974 avec implicitement une foi démocratique. Et Eva Joly, même si peu votée en 2012, est marquante. Les générations passent, ce nerf d'une ambition spirituelle et d'une application très universelle et prévoyante, demeure. Le parti actuel qui prétend les représenter n'est sans doute pas à même d'écrire tout et toute suite, ni même de diriger ou canaliser ou provoquer ces mouvements et protestations. Mais l'ensemble produit, dans notre pays, les seuls militants et les seuls parcours vraiment politiques actuellement - au sens noble et plein de la politique, actuellement une politique indignée (cf. Stéphane Hessel). Il est donc logique que le livre de Duflot soit exemplaire de calme et de lucidité sur notre affaissement en gouvernement, en délibération, en démocratie : son exigence, cette exigence vont grandir encore. Même en politique "politicienne", il est impossible de ne pas y répondre.

4° la vie politique est en effet dérisoire ces mois-ci, il n'y a plus aucune conviction dans la gent dirigeante, c'est Sigmaringen d'un chateau l'autre, moins il y a de pouvoir d'Etat, plus il y a de concurrents, l'ensemble aboutit à un tel vide et la "maison France" est en tel délabrement sans institutions sincères : le dialogue social, la liberté d'expression et de vote au Parlement, ce qui est traité (comptabilité nationale et réforme territoriale) est tellement secondaire et adjacent, que le djihad, l'émigration de la jeunesse titrée sur d'autres "marchés" de la carrière et de la rémunération, ou l'errance...  deviennent des comportements-types

5° l'affaire de la SNCM montre que plus encore que la politique, l'économie est devenue autiste et irresponsable. Comment comprendre une Europe qui sanctionnerait une entreprise parce que l'Etat national a cherché à l'aider ? comment comprendre un actionnariat et le propriétaire d'un outil concessionnaire de service oublic qui réclame à sa propre entreprise de lui rembourser un prêt et la met par le fait en liquidation : de l'infanticide ! comment admettre un gouvernement qui ne sait pas organiser la continuité territoriale entre le continent  et la Corse ?

6° les importations de volailles sont passées en dix ans de 4 à 40% de notre marché... comment s'étonner des faillites en Bretagne pour cette filière. Qui réfléchit à cela et qui organise la relève d'un système qui s'inventa il y a quarante-cinquante pour rendre prospère une région qui ne l'était pas ?

Je ne dis pas ici - pour ne pas vous encombrer davantage - combien il crève les yeux que l'Europe ne peut fonctionner selon l'intergouvernemental franco-allemand et une Commission en vase clos : vous le savez bien vous-même d'erxpérience et de responsabilité... avec un Juncker qui n'est plus un homme de conviction et d'imagination, mais de pouvoir,  et avec une "brêle" pour occuper la place française dans la Commission ... combien il crève les yeux que notre politique étrangère n'est plus pensée depuis longtemps, que nous sommes surpris au Mali, en Centrafrique, au Burkina, comme nous l'avons été en Côte d'Ivoire... ou vénaux pour la Mauritanie... cela dans un moment où les démocraties sont défiées au Proche-Orient, aux frontières orientales de l'Europe et dans un silence certain à l'ombre de la Chine, de l'Altaï à la mer qui porte son nom.

Parce qu'il est dans la fonction, le Président peut encore tout. Peut entraîner.

Il peut choisir pour le pays une pratique participative et institutionnalisée de la direction économique et sociale par la planificaiton, rendre à l'Etat les moyens de ses missions, donner aux Français l'exemple d'une personnalité politique capable de révision de vie. Ce serait immédiat pour nous tous, et c'est nécessaire pour que les dérisoires anticipations de 2017 et de 2022 s'attellent au présent, aident au déchiffrement de notre époque.

Bien entendu, je serai à l'écoute le jeudi 6. Et d'ici là à votre disposition et à celle du Président si telle réflexion qui serait la sienne et la vôtre, peut m'être demandée pour développement.

Ci-joint ce que j'ai confié par la poste à Isabelle Sima pour le chef de l'Etat, et qui développait un courriel vers vous la veille : démissionner pour surprendre et tout recommencer.

Chaleureusement en pensée avec vous. Tout reste toujours possible. Après un président extravagant, il nous faut maintenant un président d'exception, tout simplement parce que l'expérience d'un échec en presque tout, et surtout en phase avec les circonstances et avec l'âme des Français, peut servir à la conversion. Cela peut même se dire, s'expliquer. Je l'espère pour jeudi.

Plus d'épave, dont DSK nous donne à répétition exemple navrant, mais un axe.

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