dimanche 9 novembre 2014

courriel à l'Elysée - actualité & tradition de haine depuis 1974 et d'affaires depuis 1995



-------- Message original --------
Sujet: actualité
Date : Sun, 09 Nov 2014 19:21:57 +0100
De : Bertrand Fessard de Foucault
Pour : "Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée"



Cher ami, Monsieur le Secrétaire général
,

un clou chasse l'autre, ni les Français ni le pouvoir dont vous êtes ne peuvent donc se concentrer sur notre situation nationale et les dysfonctionnements européens. Permettez-moi deux réflexions sur cette actualité et deux propositions pour la suite.
Et donc d'être long, pardonnez-le moi.


1° la démarche prêtée à François Fillon auprès de vous
.

Vivant les faits et connaissant les gens, ce qui n'est pas ma position, vous savez la vérité. Il faut certainement la dire, le plus sobrement possible.

Mais, l'édition de ce matin dimanche 9 novembre du Journal du Dimanche est troublante. Le démenti de François Fillon n'est ni factuel ni convaincant. C'est du Sarkozy : vous ne me voyez pas faire ceci ou cela. Il n'y a que de Gaulle qui pouvait répliquer : " un coup d'Etat ? mais il n'y avait plus d'Etat et vous voyez de Gaulle faire un coup ? "
. C'est la chronologie qui est évocatrice : déjeuner le 24 Juin et enquête demandée par le parquet le 2 Juillet. La contradiction entre les notes de Bercy faisant accepter les chèques de l'UMP parce que rien dans nos textes n'empêche qu'un tiers paye des amendes aux lieu et place du contrevenant, et les démarches du triumvirat de l'UMP voulant s'opposer à ce paiement, avec attitude double des commissaires aux comptes.

Il me semble qu'une fois établis les dires à table et les dires que vous prêtent les deux journalistes du Monde, c'est l'ensemble de notre psychose politique qui doit être caractérisée, dénoncée et assainie. Sarkozy et Fillon (lecture de leurs livres respectifs pour la campagne de 2007) ne se sont rencontrés puis réunis que par haine et mépris envers Chirac et pour arriver au pouvoir. Fillon pour rester à Matignon, alors qu'en sensibilité et en analyse de la situation, il était opposé à Sarkozy... a dû constamment, péniblement se contenir, d'où une haine totale dès ce moment. Vous-même au gouvernement et ayant un don d'empathie manifeste - que je vous ai reconnu dans une des lettres que je vous ai adressées pour tout autre chose, quand vous fûtes à l'A.M.F. - notamment votre compréhension jamais dite par un autre ministre ni par l'impétrant ni par les journalistes, de la dialectique intime du Président d'alors, vous avez dû le ressentir. Cette haine est anormale. De même que les habitudes prises du sans-gêne quand on est au pouvoir depuis Jacques Chirac à la mairie de Paris, il y a ces motivations affectives (la haine) pour les parcours politiques : la haine de Chirac pour VGE, la haine du RPR et de l'UMP inconditionnelle envers une gauche caricaturée puisque celle-ci est présentée comme socialiste et idéologique, ce qui n'est plus du tout le cas ni du PS ni du Président.

Dans ce climat d' "affaires" depuis 1995 (les appartements de la ville de Paris reprochés à Chirac et à Juppé dès leurs avènement respectifs) et de haine depuis 1974 (les "gaullistes" contre Giscard d'Estaing et Poniatowski, le souhait de François Fillon, sinon son dire, est vraisemblable. La victime peut être aussi bien lui que vous, que Sarkozy que le Président. La vraie victime, c'est une fois encore la politique et les politiques en France. Evidemment, vous êtes malgré vous, très "ciblé" par la notoriété de votre proximité de très longue date avec le Président, depuis le couple vécu avec Ségolène Royal, et de fonction aujourd'hui, notoriété renforcée par la collaboration que Nicolas Sarkozy a obtenue de vous, certainement à raison d'une compétence a-politique sur un sujet consensuel (l'Europe), mais de nature à troubler l'opposition de gauche d'alors, et la majorité de gauche d'aujourd'hui. Raison de plus pour que l'exposé de la vérité vienne de vous

Tout cela posé, il reste que l'intérêt de tout le monde - le pays et les candidats à la prochaine élection présidentielle - est que la justice tranche vite toutes les affaires mettant en cause de près ou de loin l'ancien président et prochain candidat. Et pas seulement à propos de Bygmalion ou des comptes de campagne, mais tout. Savoir s'il est éligible.

L'ensemble de l'affaire est une conclusion, parmi tant d'autres possibles et à venir, de l'histoire d'une République malade depuis vingt ans.


2°  propos de Juncker

Le Monde (l'histoire du jour) daté du samedi 8. Propos controuvés et inadmissibles : " je suis président de la Commission, une institution politique, et je veux que les premiers ministres respectent cette institution ". Non, la Commission n'est pas une institution politique, elle est l'organe d'initiative et d'exécution du Conseil de ministres. Elle n'est pas démocratiquement composée, alors que le Conseil européen et le Conseil de ministres procèdent d'élections nationales, et que le Parlement européen est élu (malheureusement selon des circonscriptions nationales) par les citoyens européens. La Commission est certes approuvée dans sa composition, membre par membre, à commencer par son président, mais les nominations sont d'origine gouvernementale et de consensus en Conseil européen. Elle n'est pas élue, mais nommée. Jusqu'à présent. La prétention de Juncker évoque d'ailleurs la rivalité pour incarner l'Union : le président de la Commission ou celui du Conseil européen ?

Je crois qu'il ne faut pas laisser passer ce dire. Et profiter de ce que la question des facilités financières et fiscales procurées de toujours par le Luxembourg aux multinationales et aux fortunes, le met en difficulté comme ancien ministre des Finances de cet Etat. L'ensemble d'ailleurs de ces questions de paradis ou d'avantages fiscaux rappelle, évidemment, que l'Union bancaire est du "pipeau". Ou plutôt que cette Union travaille contre les Etats.

3° il convient que Jean-Marc Ayrault soit reçu et honoré par le Président. Il aurait fallu le "pousser" vers la présidence du Conseil européen : sa loyauté et sa germanophonie. Tandis que Pierre Moscovici aux "loyautés" si successives de DSK au Président, puis de la France à la conception qu'il a de sa position de commissaire, n'a aucun état de service ni une compétence dans son domaine à la Pinay : le charisme, à la VGE : le don de l'exposé "technique". C'est donc un manque à gagner pour la France.

4° communication. Le papier de Joseph Daniel (que je ne connais pas, mais vous peut-être) est intéressant (
Le Monde de cette date du 8). Il faut créer un certain événement. Valéry Giscard d'Estaing quand Jacques Chirac commence sa stratégie personnelle et démissionne de Matignon, rédige et publie Démocratie française. Un livre du Président serait une excellente chose. Je vous ai dit et je lui ai écrit ma disponibilité pour constituer le matériau et provoquer thèmes et justifications, cela sans apparaître en rien dans le travail fait. Contribuer au redressement du pays par la reprise de main du Président me comblera. Sous une forme écrite et apaisée, le Président pourra raisonner passé, présent et futur, se situer aussi dans notre histoire, enfin penser la gauche et l'exercice du pouvoir de nos jours et en notre nom.

Tout ce que j'entends dire ou reçois en internet et en papier me confirme que le pays est fatigué de n'être pas bien gouverné, de ne pouvoir être fier de ses dirigeants. Le désaveu vise tout ce qui est en vue chez nous, comme le Président l'est le plus, c'est évidemment lui qui est d'abord et finalement évalué. Il n'est pas pour autant tenu pour responsable de la débacle - affaires et haine que j'évoque plus haut en sont pour partie responsables surtout - mais il lui est demandé d'y remédier.

Chaleureusement.

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