Monsieur le Président de la République,
je vous ai écouté avec attention mais tristesse, hier soir. Cette
jeune chef d’entreprise – que vous devriez prendre sur le champ comme ministre
de l’Industrie et du Commerce extérieur – a tout dit quand elle a débuter en
questionnant : « Quel gâchis, comment en est-on arrivé
là ? » Gâchis de l’espérance et du vote des Français, mais tout
autant gâchis de votre ténacité, d’un orgueil bien placé, d’une fonction qui
permet beaucoup. La situation, au point de vue des institutions, confirme d’ailleurs
que la clé de voûte pour la Cinquième
République et pour la France n’est pas le Président, mais bien le
peuple. Que celui-ci déserte et le Président est nu… quelles que soient ses
prérogatives
Il n'est plus possible de
tenir en l'état, nis vous, ni nous : votre courage et/ou votre orgueil
légitime, votre fonction-même n'y feront rien.
Les propos d'Anne Hidalgo
(dont il a été dit qu’elle fut si intime avec vous) ne sont pas admissibles : « rien
ni personne ne me fera changer de calendrier », à propos des JO et de
l'Exposition universelle (la fronde de Paris a des précédents, en dehors de la
période qui porte ce nom avec majuscule : Jacques Chirac a saboté pour ne rien
donner à François Mitterrand l'évidente exposition des deux centenaires de 1789
et de 1889). Les appréciations de Manuel Valls commentant pour le "recadrer"
- cela depuis l'étranger ! - le président de la République, c’est
encore moins admissible. Qui donc a placé ces deux personnes, d'ambition
peut-être mais vraiment peu inspirantes, là où elles se trouvent en ce moment ?
Les questions peu ingénieuses et peu efficaces des jourbnalistes se voulaient
contraignantes, elles ont surtout dévalorisé votre haute fonction
présidentielle.
Nos véritables enjeux n’ont
pas été mentionnés ni par ces gens de l’art ni par vous-même :
- le fonctionnement
européen se
délabrant de jour en jour (Juncker ancien ministre des Finances et Premier
ministre du Luxembourg, qui censurerait les pratiques de son pays, ces
pratiques qui constituent sa fortune et sa rentabilité ? les délais pour les
Etats qui doivent rallonger leurs cotisations budgétaires à l'Union ?
nous-mêmes puisque nous avons fait la faute initiale de ratifier un traité
budgétaire que Nicolas Sarkozy avait "négocié" mais n'avait,
précisément pas, à s'appliquer pour son premier mandat) = tout cela banalisé
- le partenariat transatlantique de commerce et d'investissement alors que les fonctionnements militaires transatlantiques n'ont pas été adaptés et que les négociations ayant conduit en vingt-cinq ans au traité de Marrakech ont des conséquences désastreuses = tout cela dans le secret
- le partenariat transatlantique de commerce et d'investissement alors que les fonctionnements militaires transatlantiques n'ont pas été adaptés et que les négociations ayant conduit en vingt-cinq ans au traité de Marrakech ont des conséquences désastreuses = tout cela dans le secret
Je reviens donc à ma
lettre du 28 Octobre dernier : démissionner, surprendre toute le monde, dans
tous les "camps". Vous porter candidat en disponibilité absolue
au bon sens populaire et au patriotisme tant national qu'européen. Changer
alors complètement de cap : l'Etat retrouvant ses outils et prenant le relais
pour la direction de l'économie le temps d'un quinquennat et de sortir de
l'idéologie dominante importée, le financement de la dette et des
nationalisations temporaires par l'emprunt citoyen (aidé par le moratoire des
dettes souveraines, secrètement décidé entre grands pays), la proposition de
démocratie directe en Europe et chez nous.
Vous, le président de la République et avec vous : la gauche, la vraie, pouvez encore gagner. Par surprise. L'affaire jouée et bouclée en pas deux mois, selon la Constitution.
Sinon, nous allons vers une disparition de toute autorité personnelle et fonctionnelle, qui sera désastreuse pour le pays et pour la vie publique et sociale.
Et il n’y a pas que vous
et nous, il y a cet immense combat entre des forces que vous aviez su qualifier
au Bourget naguère, et les Etats, c’est-à-dire l’outil dont disposent les
peuples pour avoir prise sur ce qui détermine pratiquement leur vie
quotidienne, et les fait approcher de la décision : la démocratie. Le dépérissement de l’Etat qui devait
couronner une société et une économie communiste abouties et fraternelles,
c’est maintenant… c’est l’objectif et l’œuvre du capitalisme tel qu’il est
pratiqué, et que les Etats le laissent pratiquer, se dépouillant à
plaisir ? (on appelle cela des réformes !) depuis des années.
Nous devons réagir, la France doit réagir. C’est
le seul combat maintenant, il justifie toutes les audaces. Vous pouvez encore
l’emporter. Soudainement méconnaissable. Mais je crois cela possible, en vous.
En espérance,
avec vous.
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