vendredi 21 février 2014

l'Etat dégénéré - en rédigeant "changement de signe" - fiction politique... une lecture proposée au héros

en cours de rédaction

 



Note pour le Président – d’un extrême à l’autre . l’Etat



Trois évolutions en une trentaine d’années achèvent aujourd’hui de livrer l’Etat à ce qui est son contraire. Si l’Etat n’existe plus qu’en façade institutionnelle et en charge de lever l’impôt et d’entretenir des troupes, les Français ont perdu mille ans de vie collective, devenue nationale à force que progressait, s’intériorisait et s’approfondissait une conscience qui fit de notre pays une construction de plus en plus spirituelle, et pourtant heureuse matériellement, féconde en inventions et ingénieuse en toutes sortes de tattapages à chaque guerre ou bataille perdue, celles des militaires autant que celles de la finance. L’enjeu de la démocratie et des bureaux de vote est d’avoir prise sur un outil, sinon de se l’approprier. Le seul outil du bien commun et dont la définition, sinon les compétences, sont acceptables par tous, est l’Etat. S’il n’y a plus d’Etat, la démocratie est un ectoplasme. C’est ce qu’elle est en train de devenir chez nous, pour nous. Et nous le savons. Ce n’est pas affaires de corruption des uns ou de caisses vides, c’est une soumission à l’artifice d’un air du temps et aux libidos et avidités de quelques-uns.

La plus récente de ces évolutions a été permise par les deux autres. Elle a érigé en dogme politique, quoique jamais vérifiée, que le bien commun n’est pas réalisé par les hommes et par un outil institutionnel mais par des procédures d’autant plus efficaces qu’elles ne sont pas contrôlées et que leur application st universelle : libéralisme, mondialisme, une contrainte qui a su s’approprier des mots dont le sens originel est le contraire de ce qu’ils désignent aujourd’hui. Donc, les lois du marché, la rentabilité du facteur financier, le savoir-fare des hommes n’étant plus considéré ni comme un invstissement ni comme un patrimoine, et le salariat n’étant qu’un coût, plus du tout une juste rémunération. Le moins d’Etat, le plus de… quoi d‘ailleurs ? de production, de qualité ? de profit ? L’amenuisement des règlementations d’Etat laisse la place à la contrainte économique sans aucune protection, sans arbitrage. La « dérèglementation », la « privatisation » qui chacune engraissent une des trois activités désormais les plus courantes : le conseil, l’aide à la personne quand elle vacille, la garde de l’enfance quand l’illusion qu’un foyer gagne plus en mobilisant chacun des époux, oblige au recours d’aides extérieures. L’économisme cré davantage une économie artificelle que réelle et productive. Il n’y a plus ni référence ni organisation, plus de solidarité, il n’y a que l’individu face à l’argent à accaoarer, accumuler ou mendier. Il n’y a plus d’économie d’échange mais de force. Cette perversion de la vie sociale dont les dimensions étaient pourtant millénairement la matrice de toute économie est le résultat – moral et politique – d’un dépérissement de l’Etat que Marx n’entrevoyait que par le succès du communisme. Or ce l’est par le succès du capitalisme ou plutôt car le mot n’a plus son sens originel que par le succès de la spéculation.

Le sens de l’Etat, son service donc, l’honorabilité qui en résultait ont été millénaires en France. Louis XIV avait raison de dire « l’Etat, c’est moi » car il nommait ainsi et incarnait l’outil du désintéressement, du dévouement qu’était l’institution publique. Il y avait donc, il peut y avoir un esprit, une abnégation d’ordre sacerdotal dans la culture du bien public, laquelle n’a d’instrument que l’Etat. Organisation, législation, moyens financiers et sécuritaires, ressources humaines spéciales. Paradoxe, le symbole courant de l’Etat moderne en France : Richelieu, commence son testament politique par la vénalité des charges et offices qu’il fait plus qu’approuver comme état de fait : il en vante la fécondité. Louis XIV pensionnant à sa cour les résistants d’autrefois, est de la même école. La ressource humaine doit être libérée du goût de l’argent et stabilisée dans sa loyauté pour la cause publique qui va devenir de la Révolution de 1789 à la Résistance de 1940, une cause nationale. A l’affirmation de Louis XIV qui ne fut pas du tout entendue comme une prétention mais comme l’explicitation d’un donné légitime, répond la disponbilité totale du « grand » Carnot envers le revenant des Cent-Jours : « mais, Sire ! vous êtes la patrie ». Ainsi le haut fonctionnaire, le Prince de Casamayor, est-il en France le summum du serviteur et du fidéiste. Le commandement et la conception, les mises en œuvres sont assurés par lui pour compte apparemment de la gent politique, mais en réalité de la volonté nationale que la légalité démocratique exprime par ses représentants. Le grand serviteur inspire et écrit les lois même si elles sont proposées et votées par d’autres, bien en vue. C’est lui qui anime les régions, garantit les solidarités sociales et économiques entre endroits et modes de vie ou de rémunération. Les élus sont le visage de la République, il est celui de l’Etat. Le suffrage universel n’est un facteur d’incertitude que pour les carrières politiques, à peine pour les emplois dits à la discrétion du gouvernement. Il a non seulement l’esprit mais la connaissance, surtout pratique. Les légistes de Philippe le Bel après les Communes de Louis VI le Gros. Le peuple, le code et une conciliation évidente : le va-et-vient des applications, des lacunes, des réformes. Le sens de l’Etat c’est celui de l’investissement spirituel d’un peuple.

La fonction publique s’est dévoyée de deux manières. Elle l’a été par la famille politique qui d’origine devait le plus en répondre. Et elle l’a été par beaucoup de ses membres. Daubée notamment comme agent du service publique :enseignants, postiers : les fonctionnaires, ces nantis. Reniée par beaucoup de ceux qui recélèrent l’expérience et les relations acquises au nom de l’Etat et censément pour la chose publique.

La droite dirigiste, régalienne depuis toujours par opposition à une gauche libertaire, ne s’est convertie à la suppression de l’Etat que par une circonstance accidentelle pour le pays, mais décisive pour elle. Fusionnée et sans étiquette sous de Gaulle avec les civiques, les sans-partis et une grande partie des ouvriers, elle perdit sa place et ses places, son monopole de fait d’un pouvoir total depuis que les menaçantes perspectives de participation et d’abolition du salariat aavaient été dissipées par le referendum de 1969. Perdant ses places et ses places, elle se mit à haïr ses remplaçants plus encore qu’au temps de la concurrence électorale droite/gauche ouverte dès le départ du grand résistant. Elle ne vit pas – ou si elle le voyait, elle se garda de l’admettre – que la gauche après trois ans d’authenticité se ralliait à une certaine imitation, en tout cas s’arrêtait. Et la droite devint libérale en 1986, et la gauche à son tour l’est devenue sans l’afficher pendant son quinquennat législatif de 1997 à 2002, puis en s’en faisant gloire : critère, le réalisme… à partir de ces semaines-ci. Un Etat qui n’est plus que superficiel et donc des carrières qui ne sont plus que mineures tandis que les structures mentales qu’il avait exigées longtemps, sont devenues émollientes. Byzance et bien des puissances sont mortes ainsi, faute de colonne vertébrale.


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B.F.F. – vendredi 21 Février 2014

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