Election
présidentielle 2007
observations
& réflexions
VII
Ces réflexions s'inscrivent dans une série, mais
elles naissent dans la circonstance particulière d'une recherche d'un chien
perdu à travers un territoire correspondant à un canton rural et touristique en
bord de mer. Je sillonne donc un pays précis – ce mot : pays courant en
politique aussi des années 30 à de Gaulle, et déjà aux débuts de « l'ordre
moral », Gambetta le préférant, contre Mac Mahon à celui de peuple –
pays-terroir, et pays-France avec la même force d'appropriation que nous sommes
probablement en ce moment à perdre. Et presque vingt-quatre heures sur
vingt-quatre, je me maintiens vigilant avec la radio. Double contact avec les
gens auprès de qui je me renseigne, mettant après mon chien la campagne
électorale dans la conversation, et avec ce qui est véhiculé publiquement de
nouvelles et de commentaires.
La campagne
s'accélère, semble-t-il, parce que des faits et des thèmes surviennent. Le
thème du chiffrage donne lieu à incidents dans les deux principaux partis. La
question posée par la suspension d'Alain Duhamel est double : internet comme
mode à la portée de tous pour prendre prise sur n'importe qui, selon des
procédés de prise de vue et de son de plus en plus malaisés à prévoir et
repérer ; la notion de réserve, d'objectivité et la déonotologie
professionnelle du journalisme. Les faits précédents avaient été principalement
les enquêtes de services spéciaux sur certains candidats à la commande du
ministère (ou du ministre) de l'Intérieur. La collecte de signatures va
certainement reposer problème. On voit mal comment le système pourrait se
justifier si Jean-Marie Le Pen, crédité de 10 à 13% des intentions de vote (23%
ebn avril 2006...), ne pouvait être parrainé. L'écart entre les intentions de
vote en faveur d'un candidat et la puissance résiduelle de son réseau
(Marie-George Buffet et le parti communiste) devient étrange, à moins que les
doubles appartenances deviennent loisibles (les communistes seraient alors très
en avance ou reviendraient aux régimes d'avant 1958), la composition de
l'équipe de José Bové semble dominée par des communistes, membres de la
hiérarchie. Le thème du deuxième porte-avion abordé par un biais en réunion de
Ségolène Royal, en revanche la mort de Maurice Papon ne donne lieu à
commentaires politiques que rares et décalés d'une douzaine d'heures. Le
résultat est une impression de confusion, de pointillisme à laquelle l'ensemble
des partis et des commentateurs contribue. Le mécanisme de la campagne présidentielle
en France s'enraye, il semble de moins en moins susceptible de construire une
expressionc claire de la majorité des Français, a fortiori de leur consensus
sur quelques points. L'ensemble des politiques ayant finalement adopté le
quinquennat, ce qui ne rend plus effectif un mandat présidentiel que de trois
ans et demi ou quatre ans, sauf extrême probabilité de la candidature du
président sortant et de a réélection, la France est en train de perdre un de ses derniers
instruments pour sa conscience et pour sa gouvernance.
1° L'opinion et les candidats
Les Français
semblent perplexes. Que 30% ou presque d'entre eux disent s'abstenir ou voter
blanc ou nul en est le signe. Les abstentions, au vrai, risquent d'être très
supérieures à ce chiffre, puisque l'abstentionnisme structurel est de l'ordre
de 15%. Il faudrait enfin tenir compte de ceux qui refusent de se faire
inscrire sur les listes électorales. Je crois que cette perplexité est surtout
dans l'électorat identifié à gauche. Une candidature « antilibérale »
aurait été appréciée ; le pullulement des candidatures de personnalités ou de
partis fait s'abstenir ; le choix socialiste aussi. Il a été le fait des
militants, nous ne connaissons pas encore le système américains des élections
primaires, où les électeurs sont sondés. Auraient-ils fait le même choix ?
Probablement. Le choix s'est fondé sur deux considérations. Opérer une
novation, une rupture avec la tgénération ayant déjà exercé le pouvoir à chacun
des trois quinquennats socialistes depuis 1981. Répondre à une opinion publique
qui, sondée cet été ou cet automne, prisait Ségolène Royal. Ses compétiteurs au
parti socialiste proposaient ensemble un autre critère, celui de la doctrine et
du programme. Il n'a pas été retenu. L'électeur, à mon sens, ne se déterminera
pas sur un programme, mais sur une personnalité. En cela, les militants ont eu
raison, mais les autres candidatures à gauche se fondent sur cette absence de
programme ou sur la moindre priorité attachée au programme. Ces autres candidatures
mettent évidemment à mal la candidate réputrée principale : elle ne joue pas à
plein sa fonction de rassembleuse et d'attraction au delà du parti, à droite,
au centre et à gauche. La non-priorité du programme – et le débat sur son
chiffrage – ébranlent plus encore la candidate qui acquiert, certainement à son
corps défendant, une image de spontanéiété excessive. Ce n'est plus le parler
vrai de Michel Rocard ou des « vraies gens » appelés par les médias à
intervenir à l'antenne, cela semble une improvisation décousue – si l'on est
attaché à la candidate – et démagogique si l'on y est hostile ou que l'on
raisonne. D'une certaine manière, les interventions trop ciblées de Ségolène
Royal ne lui acquièrent pas de nouveaux appuis mais rendent hésitants ceux qui
lui sont acquis.
Nicolas
Sarkozy a joué l'iconoclaste et le défi au président régnant puis sortant. Il
peut pratiquement tout se permettre puisque les propos les plus vifs ont déjà
été tenus sur presque tous les thèmes et que son attitude pro-américaine en
politique étrangère a été tellement affichée que toute nuance maintenant
semblera une concession considérable, alors même qu'elle ne lui coûtera rien.
Autant Ségolène Royal peut être incertaine des reports au second tour, autant
le ministre-candidat est certain des voix de Philippe de Villiers et surtout de
Jean-Marie Le Pen. A mesure de la campagne depuis un an qu'elle est
virtuellement ouverte – elle n'est toujours pas officielle même si les médias
cherchent à faire preuve de leur équité – Nicolas Sarkozy se renforce et
Ségolène Royal semble diminuer.
Un thème
changerait tout. Il est étonnant qu'à gauche – et chez Ségolène Royal – il ne
soit pas saisi. Il est tout simple et je l'ai « essayé » dans mon
parcours à travers hameaux et lotissements. Nous avons, pendant douze ans, les
conséquences moralement (et politiquement) débilitantes du laxisme de Jacques
Chirac et de ses équipiers à la mairie de Paris : le dédain des finances
publiques. Il est vrai pas sur des montants astrronomiques. Allons-nous avoir
les cinq ou dix ans prochains, à notre tête, quelqu'un qui dédaigne
manifestement les libertés publiques et le droit des gens : c'est la question
du cumul des prérogatives du ministre de la police et du renseignement et d'une
candidature. La vie publique a été empoisonnée cette année par l' »affaire
Clearstream dont on ne sait finalement
qui elle sert ni par qui elle a été montée. Entre-t-on dans un tel cycle ?
Prendre les choses sur ce thème principalement, c'est évidemment mettre en
cause le président sortant et le mode d'exercice du pouvoir, c'est se situer
sur le plan moral et non plus sur celui, qui sera de moins en décisif, de la
« bataille pour l'emploi », qui ne la mène s'il est au gouvernement ?
et qui la gagne, sinon la conjoncture qui n'est pas seulement la nôtre ? La
mise en examen de quatre collaborateurs de l'Hôtel de Ville, le vote prochain
d'une construction constitutionnelle du statut pénal du président de la République sont
pourtant deux occasions d'introduire ce thème et d'unir Jacques Chirac et
Nicolas Sarkozy, selon un mode très différent de celui qu'ils sont, sans doute,
en train de mettre au point pour exprimer le soutien du premier au second...
Continuité dans la distance prise sciemment avec le drroit de nos finances et
de nos libertés publiques. Quoi d'autre fonde un Etat, aujourd'hui ? Continuité
puisque ni le président de la
République ni le Premier ministre n'ont rappelé le ministre
de l'Intérieur à la bienséance (pourtant sympathisant du candidat, le Financial Times insiste sur la nécessité
de rendre ce tablier).
Un autre thème
a été saisi par François Bayrou. La nécessité d'un consensus pour résoudre les
grands problèmes du pays, et par conséquent l'inadéquation de l'alternance
droite-gauche qui, depuis vingt-cinq ans n'a rien rien fait progresser, ni en
démocratie, ni en résultats de gestion. Si le candidat de l'UDF est entendu au
point d'arriver au second tour, ce sera – après le départ du général de Gaulle
par respect du verdict populaire – le grand tournant du régime et sans doute
son implantation définitive.
Il m'apparaît
que si Ségolène Royal ne peut compter sur le report des voix de François Bayrou
au second tour que marginalement, en revanche, l'électorat de gauche ne pourra,
au second tour s'il y est, que préférer François Bayrou à Nicolas Sarkozy. Mais
– handicap majeur d'une vraie lucidité – François Bayrou est
« marqué » européen, ce qui est dirimant pour une grande partie de
l'électorat de gauche, qui reste dans la logique d'une réappropriation
nationale des principaux outils de gouvernement et de gestion de l'économie.
Système auquel renonça François Mitterrand en 1983-1984 – véritable tournant
des cinquante dernières années. De Gaulle y avait, avant lui, consenti dès 1958
en faisant en sorte que la
France puisse mettre en vigueur le traité de Rome :
démonstration capitale que lui fit Couve de Murville, premier reçu des futurs
ministres, avant le débat au palais-Bourbon.
2° Les candidats et l'opinion
Les gagnants
ont travaillé les médias bien avant la formalisation de leur ambition, et c'est
précisément leur succès dans les sondages et dans le commentaire qui les a fait
se lancer : Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. De tels succès ont même
artificiellement suscité des projets de candidature : celle de Nicolas Hulot,
qui n'a pas donné suite ; celle de José Bové aurait eu de l'impact, en 2002,
quand Seattle avait manifesté comme un fait nouveau et irrépressible
l'apparition d'un mouvement hostile à la mondialisation, mouvement précisément
mondial, elle n'en a plus aujourd'hui. Mais quand la pente est déclive ou
encore insuffisamment décidée : Ségolène Royal et François Bayrou, tout
attendre des medias à quelques semaines du scrutin, est illusoire. Une
« bonne prestation » au mieux stabilise les intentions de vote et
réalimentent les commentaires.
La
multiplicité des candidatures n'est pas nouvelle, mais leur statisme l'est. Ce
qui répondait à une part de l'opinion ou à son besoin en 1995 ou en 2002 n'est
plus forcément adéquat aujourd'hui : Dominique Voynet, Marie-George Buffet,
Olivier Besancenot, Philippe de Villiers vont faire beaucoup moins bien
qu'auparavant. Il est vrai que Jean-Marie Le Pen, pour la énième fois, et
François Bayrou, pour la seconde, sont présents et de façon marquante. Ils
répondent non à un moment de l'opinion, mais à une structure. L'existence d'une
forte extrême-droite – liée ou non – à la quasi-disparition de l'électorat
communiste en vingt ans, est devenue permanente ; la personnalité de Le Pen,
autant caractérisée par le rejet qu'elle inspire à l'établissement politique et
médiatique, que par le discours évolutif et très actualisé du Front national,
est-elle le seul facteur de cette pérennité ? Réponse en 2012. La tentative de
Bruno Mégret en 2002 montre que le fonds de commerce n'est pas aisé à acquérir,
alors que le « gaullisme » et ses épigones de plus en plus éloignés
de l'inspiration originelle et parvenu sans doute à son antipode, se prend
selon des techniques de force avoisinant le coup d'Etat. L'analyse de François
Furet selon laquelle l'enracinement de l'Etat en France – même si aujourd'hui
son démantèlement avance – est tel que les révolutions peuvent se faire sans
subtilité : il suffit de viser la tête. La pétition centriste est permanente en
France, mais n'a plus de poids parlementaire depuis 1958 : seule tentative,
celle de Valéry Giscard d'Estaing, mise à mal précisément par les deux blocs de
droite et de gauche, notamment par celui de droite.
Dans leur
ensemble, les candidats – surtout les « principaux » - tiennent un
discours fractionnant l'opinion en catégorie d'intérêts, des séductions
sectorielles. Ce qui abaisse la fonction présidentielle et la réduit à la
direction des administrations et des ministres ayant précisément charges
sectorielles. Seuls, les « petits » font oeuvre de synthèse. En ce
sens, la campagne actuelle est la plus réductrice qui soit. Elle suppose les
électeurs « intéressé » et non pas soucieux du bien commun.
3° L'absence de choix en
matière institutionnelle
Les candidats
sont tous révisionnistes, sans qu'ils précisent – ou sachent – eux-mêmes s'ils
situient cette révision par rapport à une lecture originelle de la Constitution de 1958
(fondée sur la pratique du général de Gaulle) ou par rapport à la pratique de
Jacques Chirac. Ce qui les met tous en porte-à-faux. Pratique et non évolution
de la lettre car les huit révisions opérées depuis 1995 ne changent rien aux
déséquilibres déplorés qui sont de cause sociologique et psychologique,
nullement institutionnelle.
Construire le
consensus qu'évoque François Bayrou ne se fera pas par un gouvernement d'union
nationale (c'est-à-dire des talents). La tentative a été faite et a échoué en
1988, cela n,'aboutit qu'à introduire au gouvernement des non-politiques faute
que l'opposition n'y délègue quelques-uns des siens. L'expérience de 1988 et de
2002 montre que ces non-politiques sont desservis avec efficacité par les
politiques et ne parviennent pas à entrer en politique pour en changer les
moeurs. Contrairement à ce qui fut vêcu et fonda en partie la Cinquième République,
à ses débuts : Maurice Couve de Murville, Pierre Messmer, Edgard Pisani,
non-politiques c'est-à-dire non-élus au début de leur carière gouvernementale
mais faisant l'ossature de l'exécutif gaullien.
Le consensus
suppose une pratique de la démocratie directe, donc du referendum, donc de la
responsabilité populaire du président de la République. Ce qui
est revenir à l'origine de notre régime. Ségolène Royal en a l'intuition mais
ne la développe pas, et n'en propose qu'un aspect avec sa proposition de mettre
les élus sous éventualité constante d'un retour devant leurs électeurs.La
démocratie directe n'exclut pas la démocratie représentative. S'il y a à
réfléchir sur le fonctionnement de nosn institutions et à imaginer, c'est à
propos du Parlement et du contrôle du gouvernement. La réflexion a été autre
jusqu'à présent, elle a visé à contrôler le président de la République, en
abrégeant son mandat et en faisant de sa réélection éventuelle ressort et la
précaution de son action. Cela laisse entière la question gouvernementale,
d'autant que le détail des programmes et des propositions de campagne des
candidats est d'ordre gouvernemental et peu présidentiel. Cette façon de
s'engager suppose aussi une cohérence entre le résultat de l'élection présidentielle
et le renouvellement de l'Assemblée nationale. On peut penser que Ségolène
Royal, élue, obtiendrait une confirmation parlementaire de sa victoire, tandis
qu'une campagne présidentielle mettant en difficulté Nicolas Sarkozy, sur le
plan de sa psychologie propre et sur celui de la sauvegarde du droit et de la
liberté, pourrait amener l'électorat à instituer des sauvegardes ou un
contre-poids, voire une certaine cohabitation. La diminution de la durée du
mandat présidentiel ne produit pas forcément la similitude politique des deux
élections, parce qu'elles se suivraient de très peu dans le temps, sauf
exercice du droit de dissolution.
Les
révisionnistes sont pour la plupart présidentialistes, ce qui est paradoxal car
d'une part c'est accentuer la division de l'opinion et de la classe politique
en deux camps artificiels, et d'autre part c'est aller dans le sens des excès
reprochés à Jacques Chirac. La critique de fond reste manquée : les
prérogatives présidentielles – effectivement considérables – tiennent à la
responsabilité populaire du président. Désavoué lors d'une dissolution ou d'un
referendum, il démissionne, quitte à se représenter. Jacques Chirac s'est
incrusté. Le mauvais fonctionnement des institutions lui incombe.
4° Le mauvais énoncé de la
question européenne
La principale
lacune de la campagne en cours est de mal situer la question européenne.
L' « Europe » pour les uns est responsables de tous nos maux et
le remède est de la quitter, de récupérer les prérogatives de l'Etat national
vis-à-vis de Bruxelles et de le restaurer dans l'hexagone (le service public,
la solidarité par la redistribution. C'est le discours de tous les candidats
sans perspectives de l'emporter. Pour ceux qui ont davantage de crédiblité,
l' « Europe » est souhaitable ou inévitable, il faut seulement
la modifier, sans qu'on dise en quoi ni surtout comment. Ce mutisme de fond
ouvre la bonne piste. L'Europe est non seulement inévitable – le monde étant ce
qu'il est devenu depuis la décolonisation et donc la libéralisation de toutes
les formes d'échanges et de communications, d'accessibilité (physique et
juridique) et de vulnérabilité (financière et sociale) – elle est souhaitable.
Notre identité, nos moyens sont à terme européens. La question est de savoir si
cette identité et ces moyens seront nôtres et dans le cas de la France s'ils nous
ressemblerons en sorte que l'Europe soit en tout notre projection, notre
passage national à une dimension nous remettant à la bonne échelle sans nous
faire rien perdre de notre substance et de notre esprit. C'est manifestement ce
que nous avons tenté de 1950 jusqu'en 1973-1974 (entrée de la Grande-Bretagne
dans ce qu'on n'appelait alors que « le Marché Commun »).
Depuis qu'a
été ouvert le cycle des élargissements – la question de Turquie si sensible en
2005 ne semble plus devoir apparaître dans l'actuelle campagne – les réformes
institutionnelles, rendues nécessaires par l'inflation de participants à toutes
les instances de décision et de délibération, n'ont jamais été substantielles.
Le projet de Constitution de 2004 va au maximum de ce que le ravaudage permet :
c'était à de muiltiples détails un grand progrès, ce n'est pas une mûe
correspondant aux enjeux. L'enjeu peut se résumer à ce que l'Europe, donc nous
et nos voisins intimes à tous égards, retrouve le pouvoir de décision pour tout
ce qui la concerne et qu'elle a manifestement perdu en stratégie, en commerce,
en patrimoine industriel et financier. Pour moi, la solution se dit en deux
réformes : un président européen de grands pouvoirs et élu au suffrage direct
par l'ensemble des peuples sans distinction d'Etats, la pratique du referendum,
également sans distinction d'Etats. L'aménagement de la délibération et du
contrôle peut se discuter et se moduler, s'écrire longuement ou se faire par la
coûtume. Sans intrusion d'une opinion publique européenne, nous resterons au
monde le seul ensemble polycéphale et muet, fasciné par la montée des autres et
par notre perte de susbtance organisée par une démission générale en faveur de
quelques intérêts ou selon des engouements idéologiques. La déconfiture
d'Airbus est exemplaire de l'incompétence des dirigeants et de la démission des
Etats qui ont consenti à une privatisation d'affaiblissement manifeste ; elle
met le seul projet concret qu'avait mené l'Europe en trente ans à une première
place mondiale, en situation d'être racheté par son concurrent Boeing. Une
telle actualité devrait faire raisonner et proposer les candidats.
La manière ?
Certainement pas en tentant en quasi-solitaire les actions que nous voudrions
que l'Europe entreprenne et ne commence pas (nous nous mettons à dos nos
partenaires et nous n'aboutissons pas). Très probablement celle de Robert
Schuman puis du général de Gaulle : une proposition concrète, faisant table
rase au vu des impasses, adressée avec les moyens d'aujourd'hui plus encore à
l'opinion qu'aux gouvernants ; une ténacité à tous crins pour que la
proposition aboutisse. Nous avons un bras de levier : le refus de ravauder le
projet de Constitution, quelles que soient les avancées qu'il ait pu
constituer. L'enjeu est tel, les choses évoluent de semaine en semaine si
désastreusement, que les précédentes solutions et les acquis sont dépassés,
périmés.
Ce sujet et la
manière de le traiter, de le présenter – aux Français mais à l’occasion de la
campagne suivie dans toute l’Europe, aux Européens – sont les seuls qui
répondent de tout. Une majorité de fond peut se constituer là-dessus. Nos
disputes nationales retrouveront alors un cadre qui ne sera plus de théorie ou
de protestation, mais auront leur point d’application : il en est temps.
BFF
– 18 II 07
disponibles sur
demande, les précédentes réflexions sur le même thème de l’élection de 2007
12 Novembre 2006
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Les paradoxes
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candidatures et de programmes
20 Novembre 2006
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Interrogations en
conclusion d’étape.
2 Décembre 2006
Les candidatures
Les procédés
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16 Décembre 2006
Les rôles-titres et les acteurs
L’électorat présumé
Les certitudes des
Français en forme de questions
Quel contexte ?
2 Janvier 2007
Le naturel des partis
Les clivages ne correspondent plus aux
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Le métier fait les moeurs
L’élection présidentielle est à un tour
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Février 2007
Les mises en campagne
Les modalités de la campagne présidentielle restent à inventer pour
l'avenir
La politique extérieure est le vrai clivage, il n'est avoué en tant que
tel par personne
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