lundi 20 octobre 2014

réflexion suscitée par la une du Monde - fin : III



III - Remède


Il faut résolument revenir à l’esprit et aux dispositions d’origine de nos institutions, telles que fondées et pratiquées par le général de Gaulle, et qui – factuellement – ne furent pas trahies par ses trois premiers successeurs, puisque la proposition du quinquennat présentée par Georges Pompidou n’a pu aboutir par la voie parlementaire, que l’épreuve d’une cohabitation envisagée par Valéry Giscard d’Estaing lui fut épargnée, qu’enfin le Programme commun de la gauche ne fut pas appliqué, dans ses dispositions constitutionnelles, par François Mitterrand et que le testament de celui-ci en ce domaine institutionnel, ne fut déposé au Parlement par Pierre Bérégovoy, Premier ministre, que pour la forme, c’est-à-dire la veille de la fin de la législature de 1988-1993 pendant laquelle la gauche aurait pu opérer des révisions (sans d’ailleurs suivre le « rapport Vedel »).

C’est donc sur les révisions et la pratique de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, et sur les trente premiers mois de la sienne que François Hollande doit revenir.

J’énumère sans – ici – justifier ni commenter.

1° découpler les élections à la présidence de la République et à l’Assemblée nationale, soit en revenant à la traditionnelle durée du mandat présidentiel (sept ans depuis 1873), soit en abrégeant celle du mandat législatif (quatre ans sous les Troisième et Quatrième République), sans attendre qu’une dissolution ou un empêchement définitif, l’opère. Revenir sur l’interdiction d’accomplir deux mandats présidentiels de suite car ce serait s’engager à l’avance à discriminer, au détriment de l’intérêt national dans de graves circonstances d’urgence, la seule personnalité qui serait reconnue d’expérience et de consensus ;

2° réécrire les articles 11 et 74 de la Constitution en sorte que le referendum ne soit plus à la discrétion du Président ou du Parlement quand il est proposé par une part appréciable des électeurs inscrits ;

3° instaurer la représentation proportionnelle à l’Assemblée nationale, sans mixage ou dosage de précaution avec l’actuel mode de scrutin, les prérogatives présidentielle et gouvernementale sont assez inscrites dans les mœurs (et dans la lettre de la Constitution) pour que ce changement ne fasse pas revenir aux régimes antérieurs. Il conviendra cependant de faire en sorte que les modalités d’application n’aboutissent pas à ce qui constate pour les scrutins européens : la députation au Parlement européen étant à la discrétion des partis et un moyen de « caser » les aparatchiks des machines politiques et les recalés du suffrage universel national ;

4° instaurer pour tout scrutin dans l’organisation des pouvoirs publics nationaux et locaux un quorum, faute duquel il ne serait pas valable ;

5° prendre en considération pour ce quorum le vote blanc, distingué désormais du vote nul ;

6° ce qui permet l’abstention motivée et le refus d’opiner selon seulement ce qui est proposé, et par conséquent légitime l’instauration du vote obligatoire à peine de pénalités financières ;

7° revenir à l’obligation du retour devant les électeurs pour tout membre du gouvernement désirant siéger de nouveau Parlement ;

8° instituer la possibilité pour les électeurs de faire revenir périodiquement devant eux tout élu en cours de mandat ;

9° faire coincider la majorité pénale avec la majorité politique ;

Nous pourrions aussi explorer ce qui contraindrait les partis et leurs candidats encore plus qu’à la sincérité : à un travail préalable les engageant dès leur accession au pouvoir, et les mettant à même de critiquer et proposer de façon précise tant qu’ils n’y arrivent pas.

10° prise en considération prioritaire par la nouvelle législature des propositions de loi déposées par l’opposition et rejetées ou non débattues, dès que celle-ci devient majoritaire ;

11° réinvention de la « planification souple à la française », le plan économique et social (mise en commun des projets et de leurs anticipations, de leurs desiderata aussi par l’ensemble des acteurs publics et privés, économiques et sociaux) devenant l’instance de négociation et éventuellement de gestion des investissements et des financements à faire avaliser par le législateur (Parlement ou referendum) comme c’est déjà le cas pour l’UNEDIC – réinvention que le rythme quinquennal imprimé au pays et aux partis depuis 2002 suggère fortement et dont il donne la possibilité ;

12° institution d’un gouvernement « technique » de consensus en fin de mandat présidentiel (deux ou trois mois avant son expiration) en sorte que les processus électoraux soient politiquement veillés, qu’une appréciation des liasses de propositions de loi déposées pendant les années précédentes soit donnée aux électeurs contradictoirement à celle des candidats, qu’enfin un quitus non contraignant mais destiné à demeurer dans la mémoire nationale et celle immédiate des électeurs, puisse être décerné par une instance compétente mais non candidate au président sortant – davantage de temps donné à la passation de pouvoirs et de service grâce à l’arbitrage et à la continuité permise par ce gouvernement de transition, donc la fin des improvisations en quelques heures pour la formation du nouveau gouvernement et des découvertes de l’état réel du pays en finances et en affaires « réservées », donc aussi la possibilité pour le président élu de voyager et se faire connaître à l’étranger sans avoir à mordre sur l’agenda de ses premières semaines d’exercice du pouvoir.

C’est combiner là deux pratiques observées. Le « gouvernement de service » en Grèce, confié souvent au gouverneur de la Banque centrale et n’expédiant que les affaires strictement courantes pendant la campagne électorale. Les trois mois de préparation de son gouvernement de voyage à l’étranger du « président élu » au Brésil. Pratique à peine moindre aux Etats-Unis. Au lieu des quinze jours dont dispose le nouvel élu en France et du recel d’abus des prérogatives présidentielles par le président sortant, s’il se représente…

13° accessibilité pour tout candidat à l’élection présidentielle des listes de personnalités habilitées à en présenter : concrètement et au minimum, l’accessibilité en forme de fichiers électroniques des adresses institutionnelles de ces élus./.   

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