vendredi 24 octobre 2014

courriel à l'Elysée - erreurs stratégiques





-------- Message original --------
Sujet:
au présent, deux erreurs stratégiques
Date :
Fri, 24 Oct 2014 08:31:30 +0200
De :
Bertrand Fessard de Foucault
Pour :
"Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée"


Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

hier je vous ai entretenu, espérant que vous en parlez au Président, du seul coup qui reste disponible à jouer sur l'ensemble de l'échiquier français et qui ne tient qu'à lui... pour reprendre les exemples dans notre passé, quand il est désastreux et au point tournant, c'est la délibération Pétain-Weygand, au débarquement américain en Afrique du nord. Le Maréchal prenant à tous risques physiques l'avion et atterrissant à Alger... Il a choisi de maintenir le cap du 17 Juin 1940 et a perdu. Ce fut la chance de l'homme du 18 Juin. Aujourd'hui, en ne jouant pas, c'est-à-dire en ne reprenant pas une totale initiative, le Président laisse sa chance, au mieux à l'imprévisible échappant à tous les acteurs politiques et même économiques (la relève des grands patrons ayant une vintraine-une trentaine d'années est en train de s'effectuer dans le désordre et avec probablement des fragilités dans le capital et le carnet de commandes de chacune des entreprises concernées).

Mais pour aujourd'hui...
le pouvoir en place mécontente autant les censeurs qu'il a accepté de subir depuis le soir du mardi 15 mai 2012, que les électeurs qui l'avaient porté où il se trouve encore, le 6 Mai précédent. Impossible d'avoir contre soi ces deux collèges à la fois, car s'ils sont contradictoires, leur poids - hostile - s'additionne.

Erreur stratégique : faire du "divisionnisme" au Conseil européen, ou du droite-gauche, en cherchant à agglomérer autour de nous et de nos mauvaises orientations une clientèle qui ne sera d'ailleurs pas fidèle et dont chaque élément se gouverne mieux que nous. C'est accentuer les fractures doctrinales, mettre la Commission en position arbitrale, ne pas faire porter les questions là où elle doivent avoir un début de réponse : politique, statut, fonctionnement de la BCE. Ce "fractionnisme" s'ajoutant à la menace de "sécession" britannique est le plus mauvais exemple qui soit, et met contre nous l'Allemagne avec laquelle nous n'avons plus le contact mental : c'est l'évidence depuis des années. La journée Sapin-Macron à Berlin n'a strictement servi à rien. Jean-Marc Ayrault placé sur l'échiquier européen, puisqu'il n'était plus voulu à Matignon, pouvait plaire rien que par la germanophonie.

Le Président doit comprendre que son mandat est de sauver le pays, pas de tenir un cap qu'il a été seul à décider et dont les itinéraires d'approche sont tous erronés. La balance des comptes et pourcentages, de même que la résorption du chômage seront des résultats : pas des moyens. La croissance n'est pas une mendicité politique, elle est une politique. Elle se "décline" simplement : moratoire des dettes souveraines, planification des années 1945-1980 attelant le dialogue social au progrès économique en négociation permanente et structurée, et pas par à-coups et conditionnements divers, financements par l'emprunt national et européen, et non par les marchés ni même les banques, nationalisations du système bancaire et des entreprises défaillantes pour un temps précis et remboursement au choix en numéraire ou en actions de ces banques et entreprises rendues au secteur privé, mais avec des directions et des stratégies "maison" renouvelées, ayant un autre esprit et n'étant plus dominées par des cooptés et des parachutés, donnant aux comités d'entreprise la part décisive dans la détermination de l'avenir et de l'ambiance.

Espérer dans le hasard et dans les autres ? non. Gouverner, présider, réfléchir.

Pas de bateau ivre, pas d'âme nationale en déshérence, pas d'Europe à huis clos.

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