Mardi 21 Octobre
2014
07
heures 43 + Eveillé depuis six heures. Dans le même accablement qu’hier soir. Le
pays à la casse par des inconscients sans références, sans considération de qui
que ce soit et de quoi que ce soit, pas même de leur étiquette d’origine, les
autres camps ou bords de la politique : absolument muets. Dévastation et
vide, le matériel et le mental à l’unisson. Débat sur France Culture hier
en fin d’après-midi : les armements, Chine et Russie, nos ventes d’armes qui
continuent tandis que l’Europe est sans défense militaire face à la Russie, économique et
monétaire face à la Chine
et aux émergents, les traités qui avaient construits les équilibres puis des
dialectiques de contrôle et de désarmement sont vides désormais de substance et
de participation.
Sans
ordre apparent que de l’animalité au mauvais sens du terme, le monde se fait
tout autrement qu’entrevu et possible, il y a vingt ans… Le coche a été manqué
pour un vouloir politique européen, nous sommes désormais un conglomérat qui n’a
de consistance qu’en groupe de victimes des verbiages de vingt ans au moins. Je
ne discerne plus aucun cheminement vers des prises de conscience, vers l’apparition
de nouvelles entreprises reprenant le meilleur des anciennes. Nous ne sommes
plus dans le monde actuel qu’une pâte en travail mais par qui : Dieu ?
le diable ? Immobilisme dans le silence : l’ « Etat
islamique », ébola, les catastrophes sous le boisseau, ne pas
penser et ne pas voir, les éradications prétendues, les tactiques de l’oubli
que nous sécrétons ou que nous tolérons. Lecture des évangiles par SCORSESE,
hier soir : la dernière
tentation du Christ, dont nous lisons la recension et ne voyons que
quelques plans. Dessein, projet de cette œuvre : blasphème,lecture de
travers ou forme de prière contemporaine, au moins la recherche d’une explication
pour une personne qui… appelée Jésus, prénom d’indication par un tiers à sa
mère, mais qu’il ne se donna jamais lui-même. CHURCHILL pathétique de
créativité, de conviction et de combativité pendant quarante ans, marqué par la
haine et le mépris qu’éprouvait à son égard un père dont je ne sais rien, sauvé
par la littérature, l’alcool, le tabac et les appels et rappels de l’Histoire. Sans
doute, le seul homme politique couronné par le Nobel de littérature. Grandeur,
et en même temps cafard, car on ne voit plus rien surgir de ce genre, les POUTINE
et les innommables impassibles comédiens de Pékin glacent et nous condamnent. STALINE,
remarquablement donné en photographies et séquences hier soir, était catalogué.
On ne considéra pas longtemps HITLER, on continue depuis des années à croire
les systèmes russe et chinois fréquentables : les marchés légitimeraient
nos cautèles et nos prosternations ! Nous ne cherchons aucune antidote à aucun
de nos maux, nous ne nous élevons au-dessus d’aucune de nos impasses.
Et
puis, pour moi, continuant de comprendre (ou le croyant…) et de me mettre à
jour, toutes offres de service refusées en tous horizons et tous domaines,
depuis vingt ans et tandis que s‘effondre ma foi en l’aboutissement des mêmes
projets personnels censés dédiés au bien commun, je n’ai plus – nu – que l’humour
et la beauté tranquille de notre fille, que l’accompagnement de plus en plus
fraternel, dense et vrai de ma chère femme. Et que son propre regard sur autrui
et les événements, le monde. Ensemble hier après-midi à Saint-Joachim, les
vieillards, prêtres « selon l’ordre de Melchisédech » si cela s’applique
à eux qui ont suivi l’appel du Christ, alignés, fauteuils roulants, chaises…
pour les Vêpres, Edith me dit leur sourire, leur épanouissement, et maintenant
que chaque soir avec Marguerite nous sommes aux memento des vivants et des
morts, ses mentions spontanées, et auparavant quand j’annonce comme un éventuel
sacrifice que nous allions visiter notre vieil ami à son mouroir, elle me
reprend : mais non ! ce n’est pas un sacrifice, c’est de la bonté, et
elle y fut présente, attentive, curieuse de tout. Puis, les ânes venant aux
limites marquées de leur pré, et les tilleuls de plusieurs siècles certainement
puisque de cinquante mètres peut-être de hauteur, des allées en tunnel de
verdure pérenne. Le temps de la foi qui a toujours ses successeurs. Parvenir à
mettre en cohérence et résonnance ce qui me désespère et ce qui se montre si
lumineux. C’est notre même humanité.
Prière,
brièveté du passage d’évangile qui nous est aujourd’hui proposé. Le retour, la
gratification, la veille. Heureux les
serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller… Il
prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à
son tour. S’il revient vers minuit, ou plus tard encore, et qu’il les trouve
ainsi, heureux sont-ils ! … Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre
terre donnera son fruit. [1] La « dernière Cène » où le Maître,
le Christ, le Rédempteur place et sert ses disciples, et pourtant pas un ne
saura veiller, pas un n’avait été vraiment disponible à la révélation, que par
à-coups sans lendemain ni continuité, un seul sera au calvaire… Les égards de
Dieu sont gratuits, et pourtant le moindre de nos pas a son prix, sans compter
les héros qu’Il se choisit parmi nous. L’ambiance des noces autant que de la
passion : tout l’évangile est cela. Le plus concret pour le plus
incommensurabkle et le moins dicible : il voulait ainsi rassembler les
uns et les autres en faisant la paix, et créer en lui un seul Homme nouveau… en
sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la
paix, la paix pour vous qui êtiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Clé pour aujourd’hui… si nous sommes
accablés par une actualité dont seuls répondent les prédateurs et les
touche-à-tout de l’amateurisme sans conviction que leur propre paraître, c’est
bien parce que nous n’en voyons que les effets immédiats : le saccage, la
mort, la guerre sous les formes les plus insidieuses et mortifères. La réalité
est autre, il y a un dessein, celui de Dieu même et surtout si les termes et
moments nous échappent. En lui, vous êtes, vous aussi, des éléments de la
construction pour devenir par l’Esprit Saint la demeure de Dieu.
08
heures 30 + Edith me lit la dépêche : MARGERIE, Total, le cynisme
incarné mais moins dévastateur que nos gouvernants ou nos banques ou ce qu’il
reste d’industriels… « crash » en Russie. A ma mère, sur son lit de
mort mais avec préavis de trois-quatre mois, tandis que je prenais mes
fonctions à Almaty, je disais que l’état des avions pour les lignes intérieures
ex-soviétiques m’assurait que nous ne pouvons, elle et moi, savoir qui de nous
serait appelé à partir le premier… restez en tenue de service, et gardez
vos lampes allumées. Ces
hommes-structures et peu connus pour leur intime et leur vraie façon de
comprendre et de se comprendre. D’une certaine manière, nous connaissons mieux
Dieu que l’homme, notre Dieu que nos contemporains. Sans doute, parce que Dieu
se révèle tandis que l’homme se dissimule à mesure que nous l’exhaussons ou l’abaissons :
les fortunes et nominations, les mises en misère et précarité. C’est nous qui
dissimulons autrui, nous n’avons le regard de Dieu ni sur les autres, ni sur le
monde. Nous sommes aveugles, notre désespoir et notre inefficacité viennent de
là.
matin
La
mort, dans un stupide accident ( ?), de Christophe de Margerie, le PDG de Total, ayant succédé avec moins de discrétion mais peut-être encore plus d’ambition
pour l’entreprise que Thierry Desmarest, mon contemporain (Eric, son frère,
directeur du cabinet de l’un de ministres des Affaires Etrangères, après mon
éviction). Une question et une crainte : « que diable allait-il faire
dans cette galère ? ». Alors que nous sommes en blocus économique et
commercial avec Poutine, que l’une des plus importantes raisons sociales
française aille là-bas, n’est pas cohérent. Une crainte, quel que soit son
remplaçant : il m’étonnerait que Proglio ne fasse pas valoir sa
disponibilité puisqu’il vient de « perdre » l’E.D.F. Que des capitaux
étrangers s’introduisent et nous exproprient. Même crainte pour Areva, les quelques rares grands bien qu’il nous
reste.
soir
Il y a un côté police politique chez Valls, avec comme instrument
un parti socialiste qui ne se connaît plus lui-même et ne fait plus qu’un avec
la chute et les erreurs d’un président démasqué par un livre et détruit par les
chiffres (magistrat à la Cour
des comptes). Gérard Filoche, à bon droit, donne son opinion – négative – sur Christophe
de Margerie, négrier des temps modernes. Réplique du Premier ministre, avec l’habituelle
invocation aux principes républicains : on n’injurie pas un mort, on ne
critique pas un parangon du libéralisme
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