Vendredi 9 Janvier 2014
La houle, la
tempête du cœur, les images et dialogues en salle de rédaction de Charlie-Hebdo., les
reportages d’hier soir, le témoignage de la compagne de Charb. ancienne
secrétaire d’Etat, la France
soulevée, dépassant toute communication et expression politiques ou organisées,
les rassemblements, manifestations, témoignages depuis mercredi après-midi…
beauté de notre âme nationale, de la famille de nous tous, natifs ou
sympathisants, Français de quinze cent ans ou du dernier siècle ou de ces
jours-ci, famille humaine… le chagrin, la puissance de notre communion. – Signé
la pétition [1],
alors qu’en principe, je n’en signe jamais, et couriellé à l’Elysée [2]qu’il
est impensable d’exclure qui que ce soit et quelque mouvement que ce soit des
marches de dimanche, qu’il serait bon que la participation soit sans sigle que « je
suis Charlie » et qu’enfin les autorités religieuses, sans ostentation,
soient dans les cortèges et, ce serait fort, le président de la République aussi. Réagi
aussi à l’anachronisme de la méditation, reçue ce matin, pour « la
neuvaine pour la France » :
les précédentes déjà trop à usage de dévotion en interne, celle-ci rédigée il y
a combien de temps ne participe en rien à la prière spontanée de tout homme, de
toute femme, de tout enfant de foi humaine, elle ne montre donc aucun chemin [3]– A
la boulangerie, un parent d’élève à notre école, nous parlons aussitôt de
Charlie, dont il était lecteur occasionnel, mais sa femme, par profession, très
régulière, l’amusement de le lire, la fierté et le pleur de maintenant.
Communion, il m’indique le rassemblement de dimanche à quinze heures à la Rabine. Edith nous y déposera
Marguerite et moi, puisqu’elle doit donner à ce moment-là avec notre seule
voiture, son soutien scolaire à Rohan (un Taleb… mère marocaine, père libyen,
pharmacienne et vétérinaire en Bretagne profonde…) : titre du Monde et dessin de Plantu, justes :
« le 11-Septembre français ». Le nôtre est exceptionnel parce que ce
qui a été voulu, et semble-t-il exécuté par de véritables experts entraînés des
années pour ce faire, a été nominal et très précisément motivé. Les massacres
et attentats, dont ceux ayant frappé l’Amérique en son orgueil et en son
invulnérabilité, sont d’une tout autre essence ; ils vivent la masse,
l’opinion, etc… Nous ne pouvons les rapprocher qu’avec les chrétiens d’Irak et
les Azidis, martyrs pour leur foi, là-bas, et les nôtres, nos chers… martyrs
pour l’identité française qui a toujours été une identité d’indépendance, de
liberté donc d’expression. – Parlé de ce que nous vivons en conduisant
Marguerite à Saint-André : aussitôt un exemple qu’elle me donne, peut-être
bénin mais si chaleureux, de solidarité. Dans la classe, quand quelqu’un perd
son stylo, tout le monde l’aide à le retrouver, tous sous les tables et la
maîtresse ne voit plus personne.
Messe du matin à
notre église paroissiale, comme chaque vendredi. Textes de Laudes puis de la
liturgie, je comprends comme jamais que nous ne pouvons être sauvés ni en
partie seulement, ni à petits frais : sauvés par participation ou vocation
réalisées à la divinité-même. La vie n’est pas petite ou en degrés et
qualifications divers, elle est une parce qu’elle est divine. Je m’aperçois aux
lectures qu’hier je me suis trompé. J’ai anticipé le lépreux et son dialogue si
direct avec le Sauveur. Je lis maintenant ce qui était proposé et a été vécu
par le monde en catholicité, hier [4].
Les deux
souverainetés, inséparables l’une de l’autre depuis tout commencement, depuis la Création et selon
l’Alliance : l’homme… tout être qui
est né de Dieu est vainqueur du monde. Or, la victoire remportée sur le monde,
c’est notre foi. Dieu, son Fils, Jésus
assis dans la synagogue de son village natal : Jésus referma le livre,
le remit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés
sur lui. Alors, il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce
passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre ». Jean commente : si quelqu’un dit : « j’aime
Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. Nous voici plongés dans l’actualité la plus
sanglante et la plus communiante – à cette heure, les deux frères djihadistes,
déjà abattus ? ou prenant des otages pour remplacer à mesure ceux qu’ils
tuent pour leur crédibilité ou leur sécurité atroces ? En effet, celui
qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit
pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime
Dieu, qu’il aime aussi son frère.
Dans la zone de la
prise d’otages, les élèves du lycée, évidemment confinés comme les salariés de
l’entreprise voisine, maintenant évacués, crient : « je suis
Charlie ». – Pour mémoire, ma chère femme me rappelle l’origine du
nom : après l’incendie au bal de Grenoble, quelques cent cinquante morts, Hara-Kiri avait
titré : « bal à Colombey, un mort », c’étaient les obsèques du
général de Gaulle. L’hebdomadaire fut interdit – à tort – et renaquit en
empruntant à l’homme du 18-Juin, l’un de ses surnoms dans notre opinion de
l’époque.
milieu de journée
Je ne suis les choses
que par la radio. L’homme de Montrouge, hier matin, qui assassine comme en passant
une jeune policière, aurait pris des otages, entré ou retranché dans une
épicerie kasher à la porte de Vincennes. Les deux frères, très identifiés et
ayant fait partie de réseaux pour le djihad en Irak et l’entrainement au Yémen,
sont dans une imprimerie, détenant le directeur de la petite boîte :
Dammartin, à proximité immédiate d’écoles et lycée. Réunions de crise sur
réunions à l’Elysée, avec les audiences données par FH aux politiques. Confusion
sur la participation ou pas de Marine Le Pen aux défilés de dimanche. Rien ne
bouge jusqu’aux environs de dix-sept heures : assaut, sans doute par le
toit, à Dammartin, puis – judicieusement synchronisé pour qu’un site ne venge
pas l’autre – assaut de toutes parts dans l’épicerie. Premières nouvelles, de
tués que les assassins. Pour dimanche, Rajoy, Cameron, Merkel s’annoncent. Messages
de Nettanyaou, sans doute après l’épicerie, mais pas mercredi matin, le roi de
Jordanie en symétrie, l’émir du Qatar.
Faisant des courses
dans mes villages, je mets chaque possible rencontre sur l’actualité. A ma
surprise, un lectorat de Charlie-Hebdo., en tout cas une image exacte de l’hebdomadaire,
une proximité avec lui et une connaissance visuelle sans forcément les noms des
dessinateurs ni encore moins des chroniqueurs. Pas de leçon politique. La France a donc changé de
sujet : les impôts, la politique, voire la honte de la dégénérescence ou
du démantèlement de notre pays, par la faute de ses dirigeants, ne sont pas de
mise.
19
heures 49 + Le technique. Côté assassins et terroristes, le génie du
renseignement pour la rue Nicolas Appert, l’imagination d’une floraison de
diversions par prises d’otages se soutenant les unes les autres et dispersant
nos forces, nos analyses, notre attention non à ce qui se « fige »
mais à ce qui naît ou peut naître. J’ai donc été étonné qu’il n’y ait finalement
que deux sites de confrontation. – A juste titre, cette possible, probable
interaction a été aussitôt comprise par nous et les deux assauts ont été
synchronisés. C’est notre côté, extrême qualité des commandements
opérationnels, des médias aussi, discipline sur le commentaire et sur l’information.
Apparemment, bonne relation entre la décision politique et l’appréciation-exécution
du policier. – Les dégâts. Vers cinq heures, c’étaient les trois terroristes
tués et les otages saufs. Malheureusement, ce n’est pas cela : cinq morts,
peut-être davantage dans l’épicerie kasher. – Début des commentaires, très clivés : du 2001…
guerre, barbares. Art de SARKOZY, ressentir le possible unisson : j’ai été
bouleversé par la réaction des Français, et alors instiller le poison : la
guerre. Qui évidemment conduit à cet amalgame que personne ne dit vouloir mais
dont peu prennent les moyens de l’empêcher. Langue de bois des politiques, et
très malheureusement insuffisance d’analyse et de finesse du langage de l’Eglise
en France (le pâle communiqué des évêques que je n’apprends que par une
circulaire de l’école de notre fille, donnant aussi des recommandations pour
parler aux enfants, message aussi de la ministre de l’Education, pas mal…) et
médiocrité des récitations des responsables religieux de notre Islam en France,
ou des protestations en défense de fidèles et croyants interrogés. En face, le
meilleur : nécessité d’une vigilance et importance décisive du
renseignement sur la durée, des mois et des années, et du renseignement
opérationnel. Je crois à cette posture-là, d’autant qu’elle est la seule
pratique. Parler de guerre sans aller nous-mêmes là où partent et meurent nos
concitoyens, avides de sens et d’une disponibilité mentale dont nous sommes
responsables, faute de les employer à tous les sens pratiques et spirituels du
mot, ne peut aboutir qu’aux pires conduites et enchaînements sur notre sol-même
et abîmer notre communauté nationale. Celle-ci vient pourtant de montrer –
spontanément et par intense admiration-reconnaissance pour les martyrs de la
rue Appert – ce qu’elle peut être : communion .
…
sans que l’heure ait été précisée… que vaguement : avant vingt heures… France
2, François HOLLANDE …
Une double
intervention l’une à Dammartin, l’autre à Vincennes. Je veux saluer le courage,
la bravoure, l’efficacité des gendarmes de tous ceux – Il est drôle, on dirait qu’il est triste… Marguerite – Ils ont fait
preuve… pour sauver des vies humaines, pour neutraliser les terroristes. La France même si elle a
conscience d’avoir fait face, même si elle sait qu’avec des forces de sécurité…
elle n’en a pas terminé avec les menaces dont elle est l’objet… vigilance, unité, mobilisation. Vigilance, à
l’Etat d’en faire la démonstration… faire en sorte que nous puissions vivre
tranquillement – toujours le stuck, le
peint, un décor différent, nu et gris, du contre-plaqué, au lieu d’un lieu de
travail, là où le Président travaille, réfléchit, reçoit. Pourquoi ne pas
parler debout, appuyé parfois sur un meuble familier, s’adresser et non pas
réciter. Assis, il dépasse à peine la table de conférence…, on ne voit pas même
l’entier du buste, et il a une gestuelle laide, les mains sont monotones, le
tic en port de tête comme s’il fallait remettre en place un chapeau, une perruque,
se donner le courage de continuer, le corps partiel bouge sans souplesse et
répétitivement, comme gêné et limité. Ce manque de prestance me frappe de plus
en plus : déplorable. Quant au ton ! – Je vous appelle aussi à l’unité,
notre détermination à lutter contre tout ce qui pourrait nous diviser : implacable
contre racisme et antisémitisme, car l’épicerie kasher est un horrible acte
d’antisémitisme. Rien à voir avec l’Islam. La force et la solidarité, en montrer
toute l’efficacité. Nous sommes un peuple libre – Il a les yeux d’un cocker, Marguerite – Face au terrorisme. Nombreux
chefs d’Etat ont fait savoir qu’ils seront là, pour le rassemblement de
dimanche. J’appelle tous les Français. Nous sortirons…
20
heures + Marguerite : on
ne le vit pas, on regarde la télévision… C’est leur faute à Charlie-Hebdo, ils
n’avaient qu’à ne pas faire ces dessins ni dire, c’est nul d’être aimé par des
cons. – Suite… pilotée par l’inévitable
DELAHOUSSE, faisant de plus en plus gamin, au lieu du présentateur allemand
(chauve mais au visage particulièrement présent et perspicace), sur Arte, divisant souvent son écran). La France touchée au cœur… , la liberté d’expression… hommage aux policiers
municipaux, nationaux… une épicerie kasher, actes antisémites, un tel niveau de
violence. Comme toute l’Europe, nous sommes confrontés…. CAZENEUVE, une expression parfaite, formellement pas beau, mais le
physique adéquat et de buste, sa taille encore plus petite que celle de FH ou
de NS, ne se ressent pas du tout. La physionomie est captivante, sérieuse, et
calme.
20
heures 38 + La fierté dans leur regard d’avoir soulagé les
Français. Risque réel, mais que les Français sachent que nous sommes préparés à
y faire face. CAZENEUVE fait ce soir son
entrée en grande politique, posé, très précis, ne disant que ce qu’il veut
dire, donnant conscience de la gravité des circonstances et de sa propre
responsabilité, ne jouant pas perso… constamment en référence et aux forces
dont il a le commandement, aux services, et tout autant au Président et au
Premier ministre : l’Etat, c’est nous, pluriel sans distinction des rôles
et hiérarchies. Enfin, quelqu’un… pour mon ami JMC, c’était la totale estime
aux Affaires Etrangères, alors que FABIUS... et ensuite l’homme-à-tout faire :
le Budget, assumé haut-le-pied. – Un expert peu présenté et dont je ne retiens
pas le nom, mais une physionomie très éveillée et observatrice. Citation d’un …
Publication de deux mille cinq pages par… l’après Al-Qaïda. Stratégie avant
le « fishing » : facebook, twitter n’existaient pas. Les tours de New-York, une erreur. Mais l’ambiance,
la prise sur des esprits. Parler de guerre de notre part est dangereux, la
définition de cette politique est un grand défi pour les Européens ces jours-ci.
Nous y sommes, définir ce à quoi nous
faisons face et que nous n’avons pas encore su analyser en bonnes dimensions
depuis dix ans que c’est apparu, d’autant que cela avait commencé bien avant. Ou
bien une analyse trop globale : choc des civilisations, idéologies,
incompatibilités, ou trop détaillant chaque objet : les psychologies, les
financements, les réseaux, les théâtres… etc.
Charlie Hebdo. dont je comprends qu’il avait arrêté de 1981 à 1992… pourquoi ? ne
pourra repartir pour une raison la plus belle qui n’est ni le financement, ni
le lectorat potentiel : il est plus acquis que jamais, et il existait déjà
bellement, tous ceux à qui j’ai parlé cette fin d’après-midi dans les commerces…
en lisait quelques numéros par an, et s’en réjouissaient, journal collectif, on
se le passe, on le lit… inattendue, une dame dans l’ouest parisien, il y a dix
ans, ma femme me le rappelle, nous étions ensemble en voiture, à un arrêt d’autobus,
une dame à manteau de fourrure certainement couteux, lisant Charlie, ostensiblement déployé… tout simplement,
sauf surprise et providence, il n’y aura plus l’essentiel d’un journal qui n’est
pas tant son esprit que ceux qui l’expriment : cette pléiade n’est plus,
on ne la fera pas revivre par recrutement. Belle une de l’Equipe… un numéro de Siné, un ancien, contraint à
la sécession : ce n’est manifestement pas imitable. Ce que pourtant on
tente, Blake et Mortimer, bientôt Tintin. La plume, et le texte, le mot : Cabu, il y a quelques années. Le problème
n’est pas que les meilleures choses aient une fin, mais que les pires aient un
commencement. Nous devons à cette équipe
d’âge et de talents, de dons si divers, mais d’une telle cohérence, la
révélation ce soir aux Français qu’ils avaient en elle et par son travail l’expression
parfaite du meilleur d’elle-même qui n’est pas le cri du coq, mais le civisme,
sommet et respiration de l’humanisme, donc de la République au sens de
BLUM, JAURES et de GAULLE, le monarchiste. La République n’est pas
une absence de monarque ou une quelconque contraire de l’hérédité ou un mode
recrutement et censément de participation, mais un esprit, et elle a l’art et
le devoir de faire qu’il soit commun. Historiquement parfaite monarchie, la France peut et doit être
une parfaite République. Ce n’est pas vague ni incantatoire.
soir
Les éphémérides et les
questions fondamentales surtout s’il leur est apporté quelques réponses, qui – elles
– seront fondatrices.
Ephémérides. On est
passé du deuil, du chagrin, d’une union nationale très spirituelle, très
construite mais pas chacun : je n’aurais jamais cru que tant de gens (à
partir de trente-cinq-quarante ans, me semble-t-il) lisaient assez souvent Charlie-Hebdo.
et vraiment pour le plaisir… au suspense des poursuites et prises d’otages.
Personnalités très différentes des criminels : les deux frères, on n’a
plus parlé du troisième homme. En politique, les défilés de dimanche s’organise,
il semble que la question du Front national soit entrée dans un flou qui est
sans doute la bonne solution.
Questions de fond, à
approfondir. Guerre conventionnelle avec amis/ennemis, cibles et prisonniers ?
c’est certainement l’ambiance des criminels de ces jours-ci et des « djihadistes »
au combat là-bas ou prêt à partir de chez nous, portés par une drogue ou une
conviction, certainement pas par une analyse : le martyre. De notre côté,
ce ne peut être qu’une défense de notre jeunesse en mental et de nos biens et
personnes, soit visés – Charlie-Hebdo. l’était et les précautions,
manifestement, les renseignements aussi, ont été insuffisants – soit victimes
de hasard. L’outil n’est certainement pas la loi, ou de nouveaux arguments
législatifs comme réclamé : nationalité, Schengen, détention préventive. A
terme, il est évidemment d’occuper et employer la jeunesse oisive, mais plus
encore de rendre du nerf et du sens à la vie collective, des ambitions qui soient
sensibles autant que la nécessaire baisse du chômage. C’est de la politique.
Mais plus profondément, il faut que le « ménage » soit fait principalement
par les musulmans. Les Français musulmans chez nous pour condamner, éduquer,
veiller. Malheureusement, les enseignants religieux, le « clergé »,
annone, récite : aucune grande personnalité, aucune réelle autorité
spirituelle, et probablement guère de culture religieuse et même simplement
philosophique et littéraire parmi nos compatriotes réputés musulmans. Les Etats
arabo-musulmans au Proche-Orient pour sur le terrain détruire le daèch. Ce qui
suppose que nous mettions – OTAN, Occidentaux, Européens – au net nos relations
avec Israël et avec l’Iran. De tout cela, nous sommes plus que loin. Les
monarchies du Golfe jouent double jeu et financent les djihadistes en Afrique saharienne,
en économie pétrolière, en fournitures ou passages d’armes. Israël est sur la
ligne la plus dure depuis 1967 : colonisation, refus d’un Etat palestinien.
L’Iran est d’une intelligence dont nous ne tenons pas compte, et nous avons
tort. La Turquie
que nous ne tenons plus en haleine avec une perspective d’adhésion à l’Union,
ne pense qu’aux Kurdes : elle est de facto avec Bachar et avec le daech, c’est
d’ailleurs par elle qu’arrivent les djihadistes européens. Quant à nous,
Bernanos nous pose la question : la liberté, pourquoi faire. Nous ne
savions ni nous gérer nous-mêmes, ni piloter la planète vers la justice et vers
la démocratie. Territoires immenses de la spéculation et de la dictature. Nous
ne sommes donc pas attrayants ni pour notre jeunesse ni pour les autres parties
du monde, pas loin d’être méprisés par notre art de manquer nos causes et de
nous méprendre sur les grands objets de relations internationales. Peu
courageux, peu perspicaces.
Reste l’espérance
européenne. Cette solidarité qui va spectaculairement et sans précédent, s’afficher
dimanche après-midi. Les gouvernements suivant les unissons nationaux. Embarras
analogues ou communs ? analyse et prise de conscience autant que de
moyens, ensemble. Il semble que nous le puissions. Les peuples le veulent, les
gouvernants commencent à vraiment le vivre.
[1] - Publié par le Monde de
1972 à 1982 et par la Croix
de 1972 à 1997, par l'Humanité, Combat, la Lettre de Michel Jobert, je suis journaliste
d’âme par engagement civique et volonté d’expression. J'ai rencontré
Charlie-Hebdo quand il était - tampax de Lolotte noué pour toute mémoire - rue
des Quatre Marches entre Notre-Dame et rue de Bièvre. Ce qu'il nous arrive est familial. Ils ont
été la France. Ils
ont été tués, nominativement et pour nous.
Sujet :
|
si ce n'est déjà convenu -
la marche républicaine est celle de toute la famille française
|
Date :
|
Fri, 09 Jan 2015 11:21:21
+0100
|
De :
|
Bertrand Fessard de Foucault
|
Pour :
|
Jean-Pierre Jouyet,
secrétaire général de l'Elysée
|
Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,
c'est certainement l'idée du Président et la vôtre, mais il est impensable qu'il y ait des exclusives dans les marches républicaines de dimanche, et notamment celle de Paris. Toute la famille française est invitée à participer et a envie de participer. Et que l'accompagne et se mêle à elle, tout sympathisant de la liberté et de la France.
En revanche, il convient que par considération mutuelle - et même amitié - rien ne soit de groupe ou de communauté ou de parti. Donc pas de banderoles identifiant les participants ou leur titre, les uns ou les autres, les chefs et les moindres... rien que "nous sommes Charlie" ou "je suis Charlie".
Il serait très fort que le Président lui-même soit dans le cortège - comme tout Français - et que les autorités religieuses, sans ostentation et comme tout Français, participent aux défilés parisien et locaux.
Ce sont des représentants de chacun de nous - la France - qui ont nominalement été assassinés. Deuil et manifestation sont familiaux parce que nationaux, spontanés, libertaires.
[3] - Je suis sidéré que le système de fabrication a priori ou
très décalé dans le temps pour ces méditations, aboutisse aujourd'hui à une
méditation hors des événements et à une prière totalement désincarnée. Non, ce
monde n'est pas en protestation, il n'est pas binaire, il est généreux, capable
de solidarité, cf. l'immense soulèvement d'une authenticité encore plus familiale
que nationale en réaction à la tuerie nominale du mercredi 7 janvier, rue
Nicolas Appert à Paris : Charlie-Hebdo dans lequel la France s'est totalement
reconnu, pas seulement rétrospectivement.
Dieu, dans le coeur et l'intelligence de
l'homme, est plus souvent implicite, voire innommé. Laissons sourdre la prière
du pays, la prière de l'homme sans que ce soit un paquet tout fait ou une
récitation. Précisément, cet aspect-là est celui que certains chrétiens - trop
systématiques et pas assez fraternels - reprochent aux adeptes et aux
hiérarchies d'autres religions et façons de croire.
Pleurer, c'est aussi prier et appeler. Donc
espérer
[4] - 1ère lettre de Jean IV 19 à V 4 ; psaume LXXII ;
évangile selon saint Luc IV 14 à 22
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