mardi 13 janvier 2015

courriel à l'Elysée - particularismes et bien commun



Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

quelques réflexions et suggestions depuis dimanche, depuis mercredi derniers.

Toutes dans le même mouvement, réduire les particularismes communautaires ou nationaux, quelles que soient leurs appellations, leur historicité, même leur légitimité jusqu'il y a peu de temps,  ainsi que pis les ambitions personnelles même justifiées par l'expérience, le talent, la fonction, car ne sont plus les vecteurs du bien commun

1° matériau pour une connaissance mutuelle des religions et de leur histoire et de leur contenu :
 l'enseignement du civisme, de la tolérance, de l'intelligence de ce qu'est une conviction surtout quand elle inspire un comportement ou donne censément sens à la vie humaine : il faut un matériau, notamment pour le milieu scolaire. Donc, rédiger ce matériau ou au moins le schématiser pour en faciliter développement et application selon les classes d'âge et les milieux de vie. Y procéder avec non seulement des professionnels de l'Education nationale et de la Santé (psychologie), mais
des représentants des religions et morales établies chez nous, y compris la libre-pensée et la franc-maçonnerie. Evidemment, l'accent sur les trois religions descendant d'Abraham et monothéistes. Y associer en consultation permanente des représentations des élèves. Sans doute, proposer immédiatement au milieu scolaire de débattre et synthétiser d'écrire le besoin et le résultat de ces comparaisons et études d'histoire et de contenu. Aboutir évidemment aux fondamentaux : sens de toute foi, intuition du sacré, dialectique du progrès, mouvement général de l'humain et du vivant vers l'espérance, la contemplation, l'action de transformer en bien. - Pas d'enseignants spécialisés pour véhiculer le matériau, pas non plus de succession des représentants de chaque culte dans les classes. Mais trouver et dire ce qui est commun à ces différents chemins de foi et de conception du vivant. - Assez naturellement démocratie et écologie s'intègreront. Service sera rendu notamment à chacune des religions pour échapper à une langue de bois qui n'a plus aucune prise sur les esprits et qui par conséquent n'incite plus ni à la tolérance, ni à la curiosité, ni au partage. - Il y aura lieu de prendre conscience et de montrer que chacune de ces voies de foi, de culte et de pensée peut être enfermante et totalitaire, exclusive donc belligène, et qu'historiquement chacune y a succombé

2° matériau pour une histoire européenne, englobant et transcendant les histoires locales, régionales et nationales
A entreprendre au niveau de l'Union européenne, mais selon un processus autonome. Ce qui fait, même dans les guerres et surtout, les gloires et les fiertés, les culpabilités de chaque peuple peut trouver sa raison commune, son ressort. Il y a un patrimoine historique commun, une ambition commune aujourd'hui non plus de rivaliser même au plan statistique ou d'une vue de la politique ou de la sociologie qui serait à partir d'un pays particulier bon à imposer pour tous les autres, mais de contribuer à l'amélioration du monde. Bien saisir et faire saisir que le propre de l'Europe, sans précédent ni modèle, est sa diversité. Non pas subie mais aimée à condition que ce soit facteur de solidarité non en défense d'assiégés ou de victimes, mais en exemple de liberté. - Là encore de l'interdisciplinaire, du débat et de l'écriture en tous établissements d'enseignement.

Ces deux entreprises doivent se faire donc en commissions aussi efficientes que possible, avec un calendrier d'aboutissement et doivent produire du matériau véhiculable : écrits, multimédia.

Je suis disponible pour participer à ce qui en serait - dans ces deux exercices - le schéma d'envoi et de constitutions des groupes de collationnement  et de travail.

Je puis également, si vous me manifestez l'intérêt que vous auriez, vous et le Président, développer chacun de ces deux points en contenu et non plus en méthode.

Accessoirement ?

3° chez nous, réinventer la mise en commun des initiatives, projets et ressources en économie productive, financière et en gestion sociale : la planification qu'on disait souple et à la française de 1945 à 1997. Mise en commun et négociations permanentes, privé/public, dont ne tiennent lieu ni le Conseil économique, social et environnemental, ni les conseils d'analyse à Matignon. Je suis frappé de ce que l'on ressasse comme deux ans après le début de "la" crise, quand on la crut finie, la question d'un changement de société... c'est de changement de l'économie qu'il est question en urgence

4° évidences des courses individuelles pour l'Elysée. Rivalité médiatique du Premier ministre avec le Président, chaque jour accaparement de compétences particulières notamment de celles du ministre de l'Intérieur. Rivalité de Nicolas Sarkozy et d'Alain Juppé, le premier rééditant toute sa proposition idéologique de 2010-2012 vers le FN et le second se plaçant en glane du centre et du Parti socialiste, l'ensemble pariant sur la domination de Marine Le Pen et l'échec en popularité et en résultat du Président. L'urgence est autre : actualité la démocratie par le primat du peuple dans la décision. Il a montré dimanche que les prises de conscience sont son fait et ne doivent rien à la "classe politique". Laurent Fabius l'a assez bien dit, hier.

5° les étiquettes ou les soupçons d'appartenance qui dans l'opinion sont attribuées à certains dirigeants : origine juive, appartenance maçonnique, trahison ou privilège de telle conviction ou alliance doivent et peuvent se réduire dans la foi française et européenne, sans adjectif et sans génitif. L'explication d'un parcours ou d'une décision, d'une politique dans l'esprit du grand nombre et des citoyens ne doit se faire que relativement au bien commun. Lequel est à redéfinir en fond et en instruments.

Application immédiate : démarrage des 1° et 2° - abandon d'une spécificité de lutte contre l'antisémitisme pour ne combattre que ce qui englobe tout : le racisme qui commence déjà entre sexe dans tout couple et qui aboutit aux excès et fanatisme que nous savons. Ainsi, une structure policière, militaire, administrative rien que pour les synagogues et écoles juives serait une erreur dramatique, qui désignerait encore plus un objectif antisémite en le privilégiant. C'est l'ensemble de nos sites et de ce à quoi nous tenons - positivement - qui doit être physiquement et intellectuellement protégé (l'intervention de Boris Cyrulnik pourt la protection des musulmans).

Tout ce qui cette semaine va nous abreuver de débats, cérémonies, monuments risque de n'être qu'une recherche cultuelle. C'est de réflexion que nous avons besoin pour développer et mettre en pratique la prise de conscience silencieuse, émue et sereine de dimanche. Une seconde Libération, celle de l'amour de notre pays, qui n'a pas besoin de mots et qui a été spontanément d'âme.

J'ai admiré le dire de Martin Schultz à
France-Infos, hier matin : ces valeurs que la France a donné à l'Europe, il nous faut maintenant les cultiver et approfondir en Européens, à tous. Je vous redis de Gaulle, après-midi sans rendez-vous, les mains à plat sur sa table-bureau nue, sans lampe allumée malgré le soir venant : réfléchissant. Et réfléchir c'est recevoir pour rayonner.

Voeux de bonne journée.

N B excellents et très pratiques propos de Jean-François Forget sur la richesse et la précision de l'expérience des personnels pénitentiaires pour la psychologie des "extrêmistes". Il n'en est pas tenue compte : particularisme des services et administrations, au lieu du réflexion pour le bien commun.

Aucun commentaire: