Madame l'Ambassadeur,
le discours qu’a prononcé, le mardi 27 devant le Bundestag, le président de
la République fédérale, Monsieur Joachim Gauck, a aussitôt paru à ma femme,
germanisante par son dialectique alsacien natal, qui l’écoutait et le regardait
en direct selon vos médias, comme le plus important et le plus beau de ce que
l’Allemagne a dit et affirmé depuis 1945.
Elle m’en a fait part, et nous aimerions
en recevoir le texte intégral. Nous vous en remercions par avance.
Ce m’est l’occasion pour vous assurer de
l’exigence de très nombreux Français que l’amitié instinctive entre nos deux
peuples depuis des siècles et ces dernières décennies, quelles que soient les
guerres, et quelles que soient l’extrême qualité ou la médiocrité de nos
gouvernants respectifs – tout le monde de notre côté n’est pas le général de
Gaulle ou François Mitterrand ou, quoique dans un moindre registre, Valéry
Giscard d’Estaing – soit vraiment pratiquée et incarnée, cultivée, et marquée
par des choix. En sus d’une amitié vraie, vécue entre les dirigeants comme ce
fut.
Je pense à nos industries respectives et
regrette qu’il n’y ait pas davantage d’Airbus industrie, comme cela fut
inventé en 1969, mais ait été éludé, il y a peu d’années par Areva
vis-à-vis de Siemens qui en était désireux, et refusé dans la
recapitalisation d’Alstom, l’an dernier. Comment ne pas penser non plus
à ce que nous gagnerions en indépendance – culturelle et mentale – européenne si nous instituions – en dépassant la question
de compétence des Länder chez vous – comme première langue étrangère
obligatoire la langue de l’autre, nonobstant l’anglais… que le chancelier
Adenauer et le général de Gaulle n’aient pas délibéré de le faire entreprendre
par notre traité de 1963 … doit être « rattrapé ».
Quand le chancelier Kohl fut, bien
petitement, mis en cause dans les financements de la CDU, nous avons été
beaucoup de Français à lui marquer directement notre reconnaissance et notre
sympathie pour tout ce qu’il a fait autant pour l’Allemagne que pour la fidèle
amitié franco-allemande. Il nous semble, à ma femme et à moi quand nous
suivions l’été dernier la commémoration des premiers combats sur « la
ligne bleue des Vosges », il y a cent ans, que déjà le président fédéral
Monsieur Joachim Gauck, incarnait remarquablement l’esprit qui nous unit.
Phoenix chez
vous et France 2 chez nous, ont donné mardi soir d’excellents documents
et évocations de la « shoah ». Il me semble que la responsabilité est
partagée entre tous les pays et gouvernements européens de l’époque, et n’est pas
seulement celle du douloureux peuple allemand, très douloureux à l’époque. René
Capitant et Marc Bloch, à Strasbourg, avaient publiquement et clairement
caractérisé ce qu’il était en train d’arriver dès les années 1925-1928, suivis
par l’admirable Edith Stein chez vous donnant à Pie XI le sens et la tonalité
de son encyclique Mit brennender Sorge. Le civisme et l’exigence de
liberté d’expression dont vos compatriotes en général, font preuve depuis, nous
frappent en France et particulièrement ce mois-ci, le cas qui est fait chez
vous de ce qu’a subi tragiquement Charlie-Hebdo. Nous sommes donc
vraiment ensemble.
Ci-joint, je vous prie de trouver l’état
d’une recherche que je vais reprendre sur certains de nos gouvernants vis-à-vis
de l’Allemagne. Il est possible que Roland Dumas, selon ma célérité ou pas, en
préface l’édition. Ainsi que ce que j’avais donné au journal Le Monde
tandis que j’étais affecté en Bavière : période de la candidature de
Franz-Josef Strauss à la chancellerie fédérale, certainement mésestimée et à
tort à l’époque.
à Son Excellence,
Madame Susanne WASUM-RAINE,
Ambassadeur de la République
fédérale d’Allemagne,
à l'Hôtel de Beauharnais no 78, rue de Lille - 75007 Paris
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