jeudi 29 janvier 2015

lettre à l'ambassadeur d'Allemagne, lui demandant le texte du discours du président Gauck au Bundstag le mardi 27


Madame l'Ambassadeur,

le discours qu’a prononcé, le  mardi 27 devant le Bundestag, le président de la République fédérale, Monsieur Joachim Gauck, a aussitôt paru à ma femme, germanisante par son dialectique alsacien natal, qui l’écoutait et le regardait en direct selon vos médias, comme le plus important et le plus beau de ce que l’Allemagne a dit et affirmé depuis 1945.

Elle m’en a fait part, et nous aimerions en recevoir le texte intégral. Nous vous en remercions par avance.

Ce m’est l’occasion pour vous assurer de l’exigence de très nombreux Français que l’amitié instinctive entre nos deux peuples depuis des siècles et ces dernières décennies, quelles que soient les guerres, et quelles que soient l’extrême qualité ou la médiocrité de nos gouvernants respectifs – tout le monde de notre côté n’est pas le général de Gaulle ou François Mitterrand ou, quoique dans un moindre registre, Valéry Giscard d’Estaing – soit vraiment pratiquée et incarnée, cultivée, et marquée par des choix. En sus d’une amitié vraie, vécue entre les dirigeants comme ce fut.

Je pense à nos industries respectives et regrette qu’il n’y ait pas davantage d’Airbus industrie, comme cela fut inventé en 1969, mais ait été éludé, il y a peu d’années par Areva vis-à-vis de Siemens qui en était désireux, et refusé dans la recapitalisation d’Alstom, l’an dernier. Comment ne pas penser non plus à ce que nous gagnerions en indépendance – culturelle et mentale – européenne  si nous instituions – en dépassant la question de compétence des Länder chez vous – comme première langue étrangère obligatoire la langue de l’autre, nonobstant l’anglais… que le chancelier Adenauer et le général de Gaulle n’aient pas délibéré de le faire entreprendre par notre traité de 1963 … doit être « rattrapé ».

Quand le chancelier Kohl fut, bien petitement, mis en cause dans les financements de la CDU, nous avons été beaucoup de Français à lui marquer directement notre reconnaissance et notre sympathie pour tout ce qu’il a fait autant pour l’Allemagne que pour la fidèle amitié franco-allemande. Il nous semble, à ma femme et à moi quand nous suivions l’été dernier la commémoration des premiers combats sur « la ligne bleue des Vosges », il y a cent ans, que déjà le président fédéral Monsieur Joachim Gauck, incarnait remarquablement l’esprit qui nous unit.

Phoenix chez vous et France 2 chez nous, ont donné mardi soir d’excellents documents et évocations de la « shoah ». Il me semble que la responsabilité est partagée entre tous les pays et gouvernements européens de l’époque, et n’est pas seulement celle du douloureux peuple allemand, très douloureux à l’époque. René Capitant et Marc Bloch, à Strasbourg, avaient publiquement et clairement caractérisé ce qu’il était en train d’arriver dès les années 1925-1928, suivis par l’admirable Edith Stein chez vous donnant à Pie XI le sens et la tonalité de son encyclique Mit brennender Sorge. Le civisme et l’exigence de liberté d’expression dont vos compatriotes en général, font preuve depuis, nous frappent en France et particulièrement ce mois-ci, le cas qui est fait chez vous de ce qu’a subi tragiquement Charlie-Hebdo. Nous sommes donc vraiment ensemble.

Ci-joint, je vous prie de trouver l’état d’une recherche que je vais reprendre sur certains de nos gouvernants vis-à-vis de l’Allemagne. Il est possible que Roland Dumas, selon ma célérité ou pas, en préface l’édition. Ainsi que ce que j’avais donné au journal Le Monde tandis que j’étais affecté en Bavière : période de la candidature de Franz-Josef Strauss à la chancellerie fédérale, certainement mésestimée et à tort à l’époque.

à Son Excellence, Madame Susanne WASUM-RAINE,
Ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne,
à l'Hôtel de Beauharnais no 78, rue de Lille - 75007 Paris

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