jeudi 15 janvier 2015

courriel à l'Elysée - le moment qui ne se représentera pas



Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

sans être à court de voeux pour notre pays et celles et ceux qui le dirigent, je ne vais pas chaque jour vous argumenter, mais il me semble que l'unisson français et la solidarité notamment européenne sont tels qu'une façon de respiration ou de cri contenus depuis des années par les gouvernants, selon une incompréhensible timidité, pourraient maintenir changer la donne et faire entreprendre des processus décisifs.

1° un gouvernement d'union nationale, rétrospectivement, a été presque unanimement regretté quand l'exceptionnalité du scrutin présidentiel de 2002 été évidente. L'opinion souhaitait que la leçon fut aussitôt et grandement tirée. Faute que Jacques Chirac ait fait ce gouvernement d'union UMP-PS et non politiques (ou ce qui s'appelle "société civile"), l'immobilisme a fait la contagion de l'extrêmisme, le Front national imbibant aussi bien la stratégie électorale que toute l'ambiance, y compris législative et sécuritaire, de Nicolas Sarkozy. L'immobilisme en politique économique et de graves évolutions sécuritaires, insidieuses et pas forcément efficaces (l'éradication du "radicalisme" est bien plus affaire d'ambiance que d'espionnage) nous guette. Il faut ce gouvernement pour que 2017 ne se règle par concours entre le Président et son prédécesseur pour savoir qui aura la chance d'affronter Marie Le Pen au second tour. Celle-ci dimanche a eu la démonstration de son isolement. Les opposants de politique traditionnelle ont reconnu comme l'écrasante majorité des Français que les réactions du gouvernement avaient été adéquates. Voyons plus loin : les vraies réformes, l'invention d'une démocratie non formelle mais participative demandent la grande trève des batailles d'antan et le reclassement total des partis. Non plus chacun dans son coin à se rebaptiser pour correspondre à quoi et à qui ? Ce gouvernement d'union nationale aura à opérer la mûe consensuelle de notre politique économique et la nouvelle imprégnation de l'éducation nationale en termes de connaissances mutuelles : religions monothéistes notamment, vécu historique et culturel de la communauté des pays européens. La fin des belligérances mentales par ignorance.

2° l'établissement d'un service national universel et obligatoire pour filles et garçons donnera au pays la structure d'une défense opérationnelle du territoire et donc antiterroriste qui nous manque depuis 1995, à nos forces une capillarité retrouvée avec l'ensemble des Français, une ressource humaine décisive pour toutes les coopérations d'utilité générale dans notre pays et d'aide au développement et à la démocratie, principalement en Afrique, partout aussi où l'on nous est proche. Le service civique actuel est une caricature de ce qu'il faut faire, son emprise par volontarisme est trop faible et son champ d'affectation bien trop restreint. Dans ce cadre de dix-huit mois ou deux ans, les jeunes pouvant être entrainés au terrorisme se repèreront ou seront réinsérés.

3° l'UInion européenne manque, comme ces jours-ci le montrent, en politique industrielle et redressement de nos entreprises, cf. Air France KLM, en véritable mise en commun du marché intérieur, sans tricherie entre nous et en sauvegarde vis-à-vis des tricheurs du dehors, cf. les échalottes et le scandale de ces mises au rebut. Elle manque évidemment pour le militaire, pour la tenue des théâtres extérieurs, cf. notre limes en Ukraine et au Sahel. Le "pool charbon-acier" s'improvisa avec la déclaration Schuman en 1950 dans l'urgence américaine d'avoir à traiter le réarmement allemand malgré les peurs et réticences françaises : nous sûmes répondre par invention. Nous n'avons maintenant que la pression des défis, l'amoindrissement des Etats-Unis et cette propension dramatique de nous faire investir financièrement par la Chine. Cet appel à l'Europe de la solidité doit commencer par un appel à la démocratie directe (élection du président de l'Union au suffrage direct afin que l'unisson européen soit enfin manifeste au-dedans et au dehors, qu'il s'incarne) et la tenue historique d'un Conseil européen consacré à la sécurité physique et mentale.

Le Président est en situation de prendre ces trois initiatives très fortes. L'occasion, l'ambiance ne dureront pas et ne se renouvelleront probablement pas. Le présent du 7 au 14 a été traité par réaction, ce qui a montré aussi nos lacunes de la veille. L'avenir doit maintenir être traité vite et fort.

Voeux, donc.

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